mercredi 6 avril 2022

Les établissements Méheut, récupération, rue Jules Ferry et Lemonnier à St Brieuc

 

Les Établissements Méheut étaient spécialisés dans la récupération de ferrailles, ils se trouvaient au 81 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien. Un grand hangar servait de lieu de stockage, il donnait aussi à l'arrière dans la rue Edgar Quinet. Un autre local se situait à proximité, rue Lemonnier.


Le hangar tout en longueur des établissements Méheut, 81 rue Jules Ferry. Années 70

 
Sous un autre angle, l'entreprise Méheut rue Jules Ferry. 1962. Photo musée de Bretagne

Ci-dessous, cette photo est prise en 2004 d'une fenêtre dans la rue Jean Jaurès donnant sur le square Barillot. On voit au premier plan, sur la gauche, l'arrière des établissements Méheut dans la rue Edgar Quinet. L'avant donne sur le 81 de la rue Jules Ferry. Un autre bâtiment derrière est en train d'être démantelé, il n'en reste que la structure métallique. 

2004. Photo Jean-François Aubry, rue Jean Jaurès.

 

Les débuts de l'entreprise Méheut rue Jules Ferry. Années 20-30



Eugène Jean Mathurin Méheut est né le 29 juillet 1905 à Ploufragan, son père était alors ajusteur-mécanicien.

Dans le recensement de 1931, on trouve Eugène Méheut, domicilié au 33 bis rue Jules Ferry et faisant le commerce des peaux.  


 
Recensement 1931, Eugène Méheut, rue Jules Ferry



Dans le recensement de 1936, Eugène Méheut est toujours dans la rue Jules Ferry, avec son commerce des peaux, mais au numéro 81. Ses deux fils sont Marcel, né en 1930 et Jean, né en 1935.

 


 

Un exemple de solidarité entre récupérateurs

 

Les chiffonniers attirent parfois la convoitise de voleurs mais la solidarité dans ce corps de métier n'est pas un vain mot. C'est ce que nous allons voir avec cette histoire qui se déroule en mars 1937, elle est relatée dans Ouest-Eclair : deux jeunes de Saint-Brieuc décident de se procurer un peu d’argent en commettant un vol. Ils escaladent le mur de deux mètres de haut du chiffonnier Eugène Méheut, rue Jules Ferry et font une provision de 12 kilos de plomb qu’ils vont scier. Ainsi espèrent-ils que les matériaux transformés ne seront pas reconnus. Jules S. donne un faux nom et se présente ensuite chez M. Thomas qui exerce le même métier que M. Méheut pour lui revendre le larcin.

« Seulement, M. Méheut s’était aperçu du vol et avait alerté ses collègues briochins. Un coup de téléphone de M. Thomas l’avertit qu’un jeune citoyen était au magasin, proposant du plomb. Le plaignant reconnut son bien et alerta la police qui obtint des aveux ».

Le tribunal condamna Jules S. à 25 francs d’amende et acquitta son complice qui n’ayant pas participé à la transaction avait choisi de dire au tribunal qu’il n’était chez sa mère ce soir-là.  

(D’après l’article de Ouest-Eclair du 12 mars 1937)

 

 

L'entreprise Méheut pendant la Guerre 39-45

Pendant la Guerre 39-45, de nombreuses entreprises voient leurs règles de fonctionnement changer. Les récupérateurs comme M. Méheut doivent par exemple s’occuper de la collecte des cheveux qui est devenue obligatoire. Les coiffeurs doivent se mettre en rapport avec M. Méheut, désigné par les autorités comme récupérateurs agréé. 


14 août 1943. Ouest-Eclair


Annonce. 8 février 1947. Ouest-Eclair



L'entreprise Méheut en 1948

Le 22 mai 1948, Eugène Méheut sollicite l’autorisation de construire des douches, WC, lavabos et vestiaires dans son établissement situé rue Edgar Quinet.

 


 

Plan de situation dans le dossier de permis de construire. Archives municipales. 2T68


 

Permis de construire. Archives municipales. 2T68


De nos jours on ne trouve plus la trace de ce bâtiment qui a été détruit pour laisser place à un petit collectif de maisons individuelles (photo ci-dessous).

 


 


Souvenirs, souvenirs

Erwan Lucas, dont la maman tenait le magasin Robien-Presse dans les années 70, se souvient :

"J'habitais juste en face de Méheut, le ferrailleur. Réveillé par la pince à tôle tous les mercredis matin ! Il y avait beaucoup de "clochards" qui venaient y vendre trois cartons et deux bouts de plomb. Ils allaient ensuite boire le gain dans les très nombreux cafés de la rue Jules Ferry".


La disparition de l'entreprise Méheut


Sur cette photo aérienne contemporaine, on voit que les Établissements Méheut ont disparu.

On trouve à la place un immeuble de trois étages sur la rue Jules Ferry et quatre maisons particulières rue Edgar Quinet.

 


 
Immeuble ayant remplacé les établissements Méheut, 81 rue Jules Ferry

 


 

L'entreprise Méheut au 8 de la rue Lemonnier

 

Au 8 de la rue Lemonnier, l'entreprise Méheut occupait un bâtiment commercial déjà dans les années 20 (1925), dont la première destination était le commerce des peaux de renards et la seconde la récupération de ferraille et autres matériaux.

 

Sur la photo ci-dessous, en haut de l'image on voit le bâtiment de la rue Lemonnier et en bas de l'image, le long de la rue Jules Ferry se trouve le deuxième local de l'entreprise Méheut.

 

Photo 1963. Musée de Bretagne

 


Le responsable de la société qui récupérait les ferrailles était Jean-Claude Méheut. Beaucoup plus récemment on note la création d’une entreprise Méheut au 16 février 1971 et sa radiation le 3 mai 1995.

 


 
Intérieur du bâtiment. Au premier plan, un fils Nicolas. Photo Ouest-France

 

Le bâtiment a été transformé en habitation, c'est une belle reconversion d'un local industriel et commercial dans le quartier de Robien. 

 

Locaux de l'entreprise Méheut transformés en 2 habitations. 8 rue Lemonnier à St Brieuc




 



 Parole d'habitante

 

« Dans le grenier de M. Méheut on trouvait de tout car il récupérait les ferrailles et le cuivre mais aussi des objets. C’est comme ça que j’ai acheté deux aigrettes avec des porte-encens et un ensemble de fers à repasser qui était entièrement démonté ».

Mme Quinio, habitante de le rue du Pré Chesnay, juin 2021

 

 

 

Fourneau, fer à repasser en fonte. Fabriqué entre 1875 et 1900 à Chambon-Lacroisade, breveté SGDG. Photo RF 2021


 

Marque sur le fourneau, fer à repasser. Photo RF



Aigrette, acheté chez M. Méheut. Photo RF


 

 

 

Si vous avez des renseignements pour compléter cet article sur l'entreprise Méheut à Robien, merci de laisser un message avec le formulaire de contact.

 

 

 

 

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Sources

 

Registre des naissances de Ploufragan, 1905, Eugène Méheut, vue 165, cliquer ici

 

 Permis de construire 2T68, dossier 1650. Archives municipales

 

Journal Le Griffon 1969

 

Article et photo de Ouest-France, 23 avril 1996.


Photo et courrier de Jean-François Aubry.

 

Site du Greffe du Tribunal de commerce 

 

L'entreprise Méheut rue Jules Ferry. 1962. Photo musée de Bretagne (agrandissement d'une photo du quartier de Robien autour de l'usine Sambre-et-Meuse)

 

L'entreprise Méheut, rue Lemonnier. 1963. Photo musée de Bretagne (agrandissement d'une photo du quartier de Robien autour de l'usine Rigot-Stalars)

 

Les chiffonniers de Paris. Antoine Compagnon. Gallimard. 2017



L’histoire des chiffonniers du XXe siècle, et de leur manière de trier et de recycler, nous ramène à ce début de XXIe siècle où les concepts d’économie circulaire sont d’actualité.

La concentration autrefois de nombreux chiffonniers industriels dans le quartier de Robien trouve aujourd'hui un héritage naturel dans l'engagement de ses habitants à en faire un Eco-Quartier vivant. 

 

Chiffonniers, fourreurs, marchands de peaux. Quartier de Robien

Repères

 

 

1920. Chiffonnier : Mennou Albert, 29 boulevard Carnot

 

1932-1936. Fourreurs : La Pelleterie de Bretagne, Jean et Thérèse Thomas, 13 bis rue Jules Ferry

 

1932-1936. Peaux : Eugène Méheut, 33 bis rue Jules Ferry

 

1932-1936. Peaux : Pradat, 7 boulevard Hoche 


1948-1949. Récupération de peaux : Méheut, 81 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry ; Thomas, 21 rue Jules Ferry, Presle rue Luzel

 

1955. Chiffons : Thomas Jean,  21 rue Jules Ferry

 

1955.  Récupération de peaux : Pradat, peaux brutes, 47 rue Jules Ferry

 

1973. Récupération de chiffons et peaux : Méheut E,  35 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry

 

 


 

 






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