vendredi 17 mars 2023

L'histoire de la Croix-Perron dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

 

Un coin de campagne devenu un carrefour très fréquenté...


Les 5 rues qui aboutissent à la Croix-Perron. Photo RF

 

 

Les origines de la Croix-Perron

Aujourd'hui, la Croix-Perron à Robien est un carrefour très fréquenté. C’est une croix, située à proximité de l’actuel rond-point, qui a donné son nom à cet endroit de Robien.

La croix primitive a disparu, on ne sait pas à quoi elle ressemblait. En 1901, elle a été remplacée par un calvaire en granit des ateliers Balavoine. En 1911, le calvaire a été modifié et rehaussé par un support en granit où est inscrit "Mission 1911".


Le calvaire de la Croix-Perron. Photo RF



Annonce de la marbrerie Balavoine-Pincemin. La Croix des Côtes-du-Nord 1911

 

La proximité de l'église Sainte-Anne-de-Robien pouvait donner à ce calvaire des occasions d'être un lieu sacré pour les paroissiens. Ils ne manquaient pas de l’honorer, de le fleurir. Ce calvaire constituait le point d'arrivée ou de départ d'une procession comme on le voit sur une photo ancienne où la procession remonte de la Croix-Perron vers le boulevard Hoche.

La Croix-Perron est masquée en bas à gauche. Photo des années 20-30


Décoration du calvaire.


Jusqu’au début du XXe siècle, ce carrefour n’avait pas l’importance qu’il a de nos jours car dans ce secteur il n’existait que trois chemins qui y conduisaient. L’actuelle rue Abbé Garnier était le chemin de la Ville-Hesry, on trouvait aussi le chemin du Pont-Chapet et le chemin de Trégueux. 

 

La Croix-Perron, carte postale ancienne (1911).



Un plan de 1902 indique que la voie qui part du Pont des sourds vers la croix serait "La route de la croix Péran" (et non Péron ou Perron). C'est une simple erreur d'orthographe et ce plan en comporte d'autres (sur la gauche de l'image, on lit Guébrian sans t à la fin)

 

Plan 1902. Bibliothèque Nationale en ligne.

 
Il faut noter que pendant longtemps on écrira « Croix-Péron » avec un accent, ne vous étonnez pas si cette orthographe perdure.

 

La Croix-Perron devient un carrefour majeur

 

Longtemps considéré comme un petit coin tranquille, les choses changent quand la rue Guébriant (un ancien chemin) est percée en 1898 et où le boulevard Hoche est créé en 1900. Il s’agit à partir de ce moment de cinq rues qui aboutissent à la Croix-Perron.
Dans ce secteur, les chemins deviennent progressivement des rues, on passe d'une ambiance campagnarde à une ambiance urbaine. Les premières automobiles font leur apparition.
La rue Abbé Garnier est nommée en 1920, la rue de Trégueux en 1930.

 

Vue aérienne, image Google

Dans les années 30, à la Croix-Perron, il n'est pas facile de se déplacer dans cette rue mal entretenue, à entendre les plaintes des riverains relayées par la presse. 

La Croix-Perron 14 janvier 1938 Ouest-Eclair


Dans les années 70

Au début des années 70, la circulation n'est pas encre trop dense au niveau de la Croix-Perron. La zone de Brézillet n'est pas développée.

 
En 1972. Le Griffon numéro 26


Un rond-point remplace les feux

Depuis les années 2000, l'intersection, reliant le centre-ville à Brézillet, est régulièrement encombrée. C'est une rue très passante menant à La Croix-Saint-Lambert, à l'hôpital Yves-Le-Foll, à Brézillet, Loudéac et Moncontour...
Le trafic dans les rues de Trégueux et Abbé-Garnier atteint jusqu'à 7 500 voitures par jour. Le trafic, ne cessant d’augmenter, la municipalité conçoit des travaux d’aménagement.

Le Comité de Quartier s’est toujours préoccupé de ce secteur de Robien car les riverains ne sont pas sans faire remonter de nombreuses doléances. Par exemple les habitants de la rue Bir-Hakeim ont fait signer une pétition (plus de 250 signatures) demandant que des plots soient installés pour empêcher les automobilistes venant du centre ville d’emprunter cette rue comme un raccourci. Ils seront entendus par la mairie.
A l’automne 2009, le dossier est présenté au Comité de Quartier (tardivement puisque les travaux sont déjà en cours !). Ce projet de rond-point prévoit notamment un îlot central pour une meilleure insertion des bus dans le giratoire, des traversées piétonnes sécurisées. La zone de stationnement située près des feux fait l’objet d’une transformation en espace vert. Les trottoirs sont élargis et des pistes cyclables sont prévues sur les embranchements du rond-point, mais elles ne donnent pas entière satisfaction au comité de quartier.
Le rond-point de la Croix-Perron, qui remplace les nombreux feux, est mis en service en décembre 2009.

 

La Croix-Perron. Photo RF 2020

En mai 2015, la nouvelle plaque du rond-point de la Croix-Perron est dévoilée.

La nouvelle plaque dévoilée par le maire Bruno Joncour et au premier plan Didier Le Buhan et Louise-Anne Gautier. Ouest-France 8 mai 2015


La population de la Croix-Perron

Dans les recensements de la population, on apprend qu’en 1901, on a 90 habitants dans un habitat dispersé. On trouve beaucoup d’employés du chemin de fer, deux débitants de boissons Théophile de Gestin et Jean-Louis Philippe, un maréchal-ferrant François Perrot et un charretier Jean-Louis Chicoine.

En 1906, on recense 17 maisons et 130 habitants. Au numéro 8, on a l’épicerie de Marie et Catherine Cocheri, au numéro 24 le débit de boissons de Marie Morvan, née Glon et aussi celui de Jeanne-Marie Bresset.

 

Le saviez-vous?

L'écrivain Louis Guilloux raconte qu'il venait voir le philosophe Georges Palente dans sa petite maison, en descendant la rue de Trégueux sur le côté gauche, toute proche de la Croix-Perron.

 

La boucherie Rault, une institution

La boucherie Rault est une véritable institution de la Croix-Perron. M.Rault travaille d’abord, dans les années 20, dans une boucherie à la Croix-Mathias, au niveau du pont de chemin de fer. Puis, les Rault vont tenir le bistrot de la Croix-Perron au 2 rue de Trégueux (où se trouve actuellement « L’ours Herbivore »), tout en exerçant aussi la boucherie. 

 

M. Rault, tout à droite, devant la boucherie Le Coq, de la Croix Mathias où il travaillait avant de venir à la Croix-Perron. Photo André Bougeard.

Pendant ce temps, entre 1938 et 1940, M et Mme Rault font construire leur maison sur le trottoir d’en face. Une fois achevée, le rez-de-chaussée de cette maison permet au couple Rault d’avoir pignon sur rue, dans un secteur en pleine expansion. Cette maison est très intéressante à observer car elle présente des éléments d'architecture originaux (forme des ouvertures, ferronneries décoratives...)

Le fils, Marcel, reprend l’affaire de son père jusqu’au début de l’année 1991 où il cesse son activité.

Fondations de la Boucherie Rault. La Croix-Perron. Photo ancienne André Bougeard.


Construction de la Boucherie Rault. La Croix-Perron. Photo ancienne André Bougeard.


 Boucherie Rault. Photo RF 2020




Les bars de la Croix-Perron

Dans le recensement de la population en 1901, on apprend le nom de deux propriétaires de débits de boissons à la Croix-Perron : Théophile de Gestin et Jean-Louis Philippe.

En 1906, il s'agit de Marie Morvan, née Glon, débitante au numéro 24 et de Jeanne Marie Bresset, débitante. Ce sont, sans doute, les anciens propriétaires d'un de ces établissements mais on ne peut les situer avec certitude. Cela confirme tout de même ce que les anciens du quartier racontent quand ils disent que l’établissement au 2 rue de Trégueux « a toujours existé ». Toujours, peut-être pas, mais depuis plus de 100 ans, oui !
Avant les années 1940, à la Croix Perron, au numéro 2 de la rue de Trégueux, il y avait un bar. Cet établissement a été tenu par M et Mme Rault en attendant que leur boucherie-charcuterie finisse d'être construite juste en face, en 1940. 

Plus tard, c'était "Le Café du Champ de Foire", puis dans les années 70 et 80, ce bar s'est appelé "Chez Line", la patronne s'appelait Line Dabat, son mari s'appelait Fernand. 

Dans les années 2020, le bar est remplacé par le restaurant "L'Ours herbivore". 

Notons que le bar de la Croix Perron était le siège de l'Amicale des Médaillés Militaires de Saint-Brieuc en 1995.

Dans les années 1930, au carrefour de la Croix Perron à l'emplacement de l'espace vert, à côté de l'ex-salle de bains-douches, se trouvait "Le Café Morvan".
Plus tard, dans les années 1960, c'était une dame seule, Mme Baudet, qui tenait ce bistrot. Monsieur Morvan, le propriétaire était conducteur des travaux à la ville de St Brieuc. Il a vendu le terrain et la maison à la Ville pour procéder à la modification de tout ce secteur qui a beaucoup changé. Il ne reste donc pas de traces de ce bar qui a été démoli en 1972.

 

Le café Morvan de la Croix-Perron


 


Le saviez-vous ?

La Croix-Perron renfermait un secret découvert en 1995. En fait, le curé de la paroisse avait déjà évoqué dans le bulletin paroissial de l'époque, son souhait de mettre ce parchemin, avec les noms des donateurs, sous la croix.

Le mystère de la Croix-Perron 16 septembre 1995. Le Télégramme

Anecdote

Dans le quartier de Robien, du côté de la Croix-Perron, les premiers à avoir eu une voiture étaient le photographe Hamonet, le père Rault de la boucherie et D’Hooghe, un entrepreneur d’origine belge.

 

Autres articles à consulter

Les bars de la rue abbé Garnier, ici

L'établissement des bains-douches, rue abbé Garnier, ici

 

 

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Sources

Archives départementales en ligne. Recensement de la population 1901, 1906.
 

Les rues de St Brieuc. J.B Illio 1947.
 

Gallica, plans de la Bibliothèque Nationale en ligne (1902).
 

Merci à André Bougeard pour toutes ses informations et photos sur la boucherie Rault et sur ce secteur autrefois et merci à Dominique Rault pour les précisions apportées sur l'histoire de sa famille.
 

Ouest-France 11 novembre 2009. 

Le Télégramme 16 septembre 1995.
 

Journaux du CAR juin 1991, novembre 2009
 

Journal La Croix des Côtes-du-Nord, année1911 

 

 

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