Quand on sait que chaque Français mangeait en moyenne presque un kilo de pain par jour en 1900, on peut mesurer l'importance d'une boulangerie dans un quartier comme Robien qui commence à se développer au début du XXe Siècle.
La première boulangerie est implantée vers 1906 dans le boulevard Carnot, au plus proche de la gare et des Forges-et-Laminoirs où se concentre l'activité.
La plupart du temps, les boulangeries vont se développer sur les grands axes comme le boulevard Carnot, le boulevard Hoche, la rue Jean Jaurès ou la rue Luzel.
En 1960, un arrêté municipal a réglementé la fermeture des boulangeries dans le but "d'assurer le ravitaillement de la population". Cette mesure exceptionnelle avait été prise car les boulangers avaient fermé leur boutique en 1959 pour prendre leurs congés payés ! On s'était alors rendu compte que les boulangeries étaient des commerces indispensables !
Au XXIe siècle, c'est le retour à la case départ : seule subsiste la boulangerie du boulevard Carnot tandis que certains commerces proposent de simples dépôts de pain.
Déjà ouverte en 1904, la boulangerie d'Ange Jéhanno dans le boulevard Carnot est sans doute la plus ancienne du quartier de Robien. Cette maison est située dans le recensement de 1906 au numéro 11, puis elle est indiquée au 13 bis, qui n'existe plus de nos jours...
Ange-Marie Jéhanno est né le 19 avril 1874 à Rohan (Morbihan), son père était déjà boulanger. Ange Jéhanno exerçait la profession de boulanger à Pontivy avant de venir à St Brieuc. Il se marie avec Marie-Jeanne Drumel, qui avait 17 ans au moment du mariage, le 20 janvier 1900 à Pontivy. Fernand, le fils, naît le 19 novembre 1900 à Pontivy.
La famille déménage à St Brieuc où va naître Madeleine-Louise le 11 février 1904. En 1906 la famille est constituée du père, des deux enfants et de Marie Boucher qui occupe la fonction de domestique. En effet, la mère des enfants est décédée le 18 février 1906.
En septembre 1906, un incendie manque de détruire son commerce.
Ouest-Eclair 17 septembre 1906 |
Il se remarie le 24 juillet 1909 à St Brieuc avec Marie Le Ray (née le 8 septembre 1882 à St Brieuc). M. Jehanno exerçait toujours en 1922.
Annonce 24 août 1917. Ouest-Eclair |
La boulangerie du 17 boulevard
Carnot
Au 17 boulevard Carnot, un autre boulanger, Pierre Rabin, et son épouse Florence, tenaient déjà une boulangerie en 1935 et ont continué dans les années 50.
Annonce 1935, bulletin paroissial |
En 1956, M. Dugué est le boulanger du 17 boulevard Carnot.
Au début des années 60 (on trouve des traces dans la presse de 1960 à 1965), le patron de la boulangerie-pâtisserie du 17 boulevard Carnot s'appelait Cocheril et il faisait la tournée quotidienne des rues éloignées en voiture avec sa 2CV.
M. Le Bris a pris la suite de M. Cocheril à la fin de l'année 1965 et jusqu'en 1977 environ.
On trouve ensuite M. Gauvin dans les années 80. Puis, c'est Georges Leroux poursuit l'activité de 1984 à1996.
Georges Leroux, boulanger dans le boulevard Carnot à St Brieuc. Ouest-France 16.08.1991 |
En 2005, M et Mme Ménard s'installent au 17 boulevard Carnot.
M et Mme Ménard. Photo Ouest-France 2005 |
La boulangerie du 20 boulevard Hoche
Juste après guerre, Jean Radenac, était connu dans le quartier de Robien pour tenir une boulangerie au 20 boulevard Hoche, en descendant sur la gauche du boulevard vers la Croix-Perron.
Jean Radenac |
Arrivé à St Brieuc, Jean Radenac demande une autorisation de travaux qui lui est délivrée le 26 novembre 1946 afin
qu'il puisse construire un four et un magasin d'une vingtaine de mètres
carrés attenant à son habitation.
Document trouvé aux Archives municipales. 2T59. Photo RF |
Le 20 boulevard Hoche à St Brieuc. Photo RF 2022 |
Demande de permis de construire de M. Radenac.1946. 2T59 |
En 1960, un certain M. Lucas tenait cette boulangerie mais Jean-Claude Radenac, 23 ans, a repris l'activité de son père vers 1961 puis il s'est marié et a tenu la boulangerie avec son épouse Marie-Thérèse (née Morzadec) qui se faisait appeler "Marité".
En 1973, on trouve M. Riou, boulanger au 20 boulevard Hoche.
Un article plus complet sur la boulangerie Radenac est à retrouver sur ce blog en cliquant ici
La boulangerie du 23 rue Jean Jaurès
En 1930, M. Buchon a été le premier à ouvrir une boulangerie dans cette galerie commerciale où l'on trouvait alors une épicerie, une quincaillerie, un tabac etc.
Francisque Buchon est né le 7 février 1912 à Pléhérel (22), fils d'un boulanger, devenu lui-même boulanger... Francisque Buchon s'est marié avec Berthe Lucas le 20 mars 1935 à Pléhérel. Mme Buchon était charcutière. Francisque Buchon est décédé à Saint-Brieuc le 23 août 1987.
M. Turquet avait sa boulangerie au 23 rue Jean Jaurès dans les années 1934-39.
En 1936, dans le recensement, on trouve Louis Turquet (né en 1911 à St Agathon), Marie Turquet (née
en 1904 à Bourbriac) et Albert Quéméner, ouvrier boulanger. En 1934, on retrouve une demande d'installation d'une cuve de 1500 litres pour
alimenter le four de la boulangerie.
On trouve aussi le nom de M. Lorvellec à la même époque rue Jean Jaurès, mais sans précision du numéro.
De 1941 à 1943, c'est Marcel Mézerette et son épouse Marcelle qui tenaient la boulangerie. Malheureusement Marcelle Mézette décède en janvier 1943 alors qu'elle n'a pas 60 ans.
M. Gelgon exerçait en 1948-49.
Michel Buchon et Bernadette (Rouxel) prennent la suite de M. Gelgon. Ils travaillaient déjà en 1952 et on les trouvait encore dans l'annuaire de l'année1985. Michel Buchon faisait la tournée quotidienne des rues éloignées en voiture. Le commerce était connu sous le nom de "Boulangerie Buchon".
Michel Buchon est le fils de Francisque Buchon (le boulanger qui avait ouvert en 1930). Il est né le 6 juillet 1935, s'est marié le 13 octobre 1958 avec Bernadette Rouxel, et il est décédé en 2012 à Ploufragan.
Yves Le Corguillé et Nicole (Le Piolet) ont ouvert en janvier 1990. Ils étaient les gérants de M et Mme Buchon
Valérie et Didier Viciot ont exercé d'août 2005 à juillet 2010. Ils étaient boulangers mais tous les habitants du quartier qui fréquentaient leur commerce se souviennent que leurs pâtisseries étaient aussi excellentes !
Boulangerie Viciot. Ouest-France 20 octobre 2005 |
Au moment du départ de M et Mme Viciot, les habitants du quartier ont voulu montrer leur attachement à ce commerce et dire merci aux propriétaires. Le journal Ouest-France du 6 juillet 2010 a rendu compte de ce moment :
La boulangerie de la rue Jean-Jaurès était donc devenue un endroit réputé. Apprécié. Les derniers propriétaires, Valérie et Didier Viciot, en place depuis cinq ans, ont dû, pour des raisons d'investissement, baisser le rideau.
« On est triste, c'était un endroit où le lien social a toujours existé, explique avec un peu de nostalgie, Charles Le Bret qui habite dans la rue voisine depuis 1955. On pouvait discuter et savoir les dernières nouvelles du quartier. Et puis le pain a toujours été bon. C'était comme refuge »
Hier, à l'heure de la fermeture, les habitués du fournil ont tenu à faire une petite surprise au boulanger. Ils ont déployé un grand « Merci » sur une banderole. « Pendant cinq ans, Didier et Valérie ont su rajouter un peu de levure au lien social, reconnaissent, avec humour les fidèles. Ils n'ont cessé de nous nourrir et d'aller croissant. On perd nos boulangers. Comment va-t-on faire ? C'est triste, mais nous leur souhaitons bon vent pour la suite. »
Photo Ouest-France 6 juillet 2010 |
Il n'y a pas eu de repreneur et le 23 rue Jean-Jaurès est devenu une simple maison d'habitation...
Boulangerie Viciot rue Jean Jaurès. Photo André Bougeard. 14 juin 2011 |
La boulangerie du 37 rue Luzel
Entre 1957 et 1964, M.Guy Calmé tenait une boulangerie au 37 rue Luzel, à l'angle de la rue du Pré-Chesnay. A cet endroit c'était commerçant, il y avait plusieurs bars, en face il y avait l'épicerie Chevalier et aussi un maraîcher.
On trouve le nom du boulanger Calmé dans les nombreuses annonces de Ouest-France qui donnent la liste des boulangeries de garde le dimanche. Guy Calmé a commencé à travailler jeune dans sa boulangerie, vers 17-18 ans.
Le journal Ouest-France a publié une photo de M. Calmé le 21 octobre 1960 à l'occasion d'un accident qui s'est produit à côté de Ploufragan. Un camion de l'Electro-entreprise est rentré en collision avec la voiture de M. Calmé que l'on voit sur la photo devant son véhicule endommagé.
Paroles d'habitants
"Je me rappelle du pain de 2 livres rond que M. Calmé fabriquait. Il était bien cuit et bon"
Témoignage de Josy Berthelot dans un forum facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc"
"En plus du pain on trouvait très peu de viennoiseries, des gâteaux mais classique et très peu de choix, beaucoup de bonbons en vrac, quelques bouteilles de lait, de la confiture, de la pâte à tartiner, du chocolat en poudre".
Témoignage de Morgane Poulain dans le forum facebook du Comité d'animation de Robien, 12 mars 2022
Par la suite c'est M. Marcel Blévin que l'on retrouve déjà comme boulanger rue Luzel dans les années 1960-70. Son activité a officiellement cessé en août 1998 après avoir travaillé 32 ans dans ce domaine.
Publicité Blévin. Journal du CAR 1994 |
En août 1998, un couple de boulangers arrivant d'Afrique du Sud a repris avec beaucoup plus de pâtisseries et une variété plus grande de pains (création officielle le 9 août 1998).
La boulangerie du 37 rue Luzel dépendait alors de la Boulangerie de l’Ecluse dont l’établissement était tenu par André-Paul Schils et se situait au 12 rue d’Armorique à Yffiniac.
L'histoire de ce pas-de-porte
Ce pas-de-porte a été créé en 1948 par M. Fernand Mary, mécanicien, qui a déposé un permis de construire le 29 juillet 1948 pour la construction d'une maison d'habitation et d'un magasin à l'angle de la rue du Pré-Chesnay, au numéro 2 et du 37 de la rue Luzel.
F. Mary 37 rue Luzel Permis 2T70 1671 F. Mary 37 rue Luzel Permis 2T70 1671 F. Mary 37 rue Luzel Permis 2T70 1671
La boulangerie, « Au Pain gaulois », 33 rue Jules Ferry
Photo RF 2022 |
La boulangerie, « Au Pain gaulois », dont l'enseigne est restée en place, a ouvert au début du mois de mars 2001 au 33 bis rue Jules Ferry, là où était l'ancienne charcuterie « Le Cochon rose ». Le fond de commerce a été repris par Nadine et Jacques Cherel, artisans boulangers à Plaintel.
Nathalie Edy épouse Chérel, qui travaille depuis 12 ans en boulangerie, est la responsable du magasin, elle explique que « Dans un premier temps, le pain vendu, façonné à la main, sera fabriqué à Plaintel ». (Article dans Ouest-France le 7 mars 2001).
Photo 2012 André Bougeard |
La boulangerie du 28 rue de Trégueux
Au 28 rue de Trégueux, à côté du bar le Chasse-spleen, on trouvait du pain dans les années 2010 (fabrication sur place ou juste un dépôt ?)...
Le saviez-vous ?
C'est à quelques mètres de l'ancienne boulangerie Radenac, boulevard Hoche, qu'est installé le fournil d'Emmanuel de Bressy, boulanger bio qui avait à un moment proposé de mettre en place une boulangerie participative !
E. de Bressy. Photo Ouest-France |
Si vous avez des documents ou des témoignages à partager à propos des boulangeries de Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.
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Sources
Annonces publiées dans le bulletin paroissial, dans Ouest-Eclair, dans Ouest-France.
Nombreuses mentions indiquant le commerce de M. Radenac comme boulangerie de service dans des articles de Ouest-France des années 45 à 50, 20 avril 1957 incendie (article complet ci-dessous), 12 avril 1961, 20 décembre 1966.
Famille Buchon, renseignements trouvés sur le site Généanet, cliquer ici
Famille Jéhanno, archives du Morbihan, commune de Rohan, commune de Pontivy, naissance Fernand, 19 novembre 1900, mariage le 20 janvier 1901, cliquer ici.
Remariage de M. Jéhanno avec Mlle Le Ray le 24 juillet 1909, cliquer ici
Article sur le projet de boulangerie participative, sur le site du C.A.R, cliquer ici
Témoignages recueillis dans des forums Facebook.
5 juillet 1960 Ouest-France |
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