dimanche 5 février 2023

Les commerçants ambulants, quartier de Robien à Saint-Brieuc. Titine de Cesson

 

 

Le poisson est tout à fait le type de produits qui se prête bien à la vente occasionnelle dans un quartier.

Dans les années 50, une certaine Titine, vendeuse ambulante de poissons, était connue à Cesson, en ville et à Robien. C'était un personnage haut en couleurs qui a marqué les esprits. Certains la désignent comme "Un monument", d'autres "Une légende" !

De son vrai nom elle se nommait Augustine Boulaire, mariée Buffard

 

Ci-dessous, "Sous la Tour, à Plérin, retour de pêche", carte postale ancienne, 

archives municipales de St Brieuc 8Fi147.


 

 

Qui était Augustine Boulaire ?

Augustine Joséphine Marie Boulaire est née le 17 janvier 1910 à Cesson. Au moment de sa naissance, son père n'est pas présent car il est en mer. C'est la grand-mère maternelle qui vient faire la déclaration. L'absence de sa signature est notifiée par les services de l'état civil en raison de son illettrisme.  

 


 

Elle se marie avec Eugène Buffard le 12 février 1931 à Saint-Brieuc, le couple aura 3 enfants. 

 

Mention du mariage sur l'acte de naissance d'Eugène Buffard

 

Le couple habitait au Valais (Cesson) dans les années 30.

 

Ci-dessous, recensement de 1931 Le Valais en St Brieuc, vue 742


 

Plus tard, on trouve une adresse plus précise au 157 rue de la Corniche à Cesson mais c'est celle de "Titine Baza". 

Augustine est décédée à l’âge de 65 ans le 17 mars 1975. 

Il faut noter que le patronyme Boulaire est fortement représenté dans les hameaux de Cesson. Par exemple en 1931, on en recense 8 à La Mardelle, 10 au Tertre de la Croix, 3 à La Douve, 4 au Chemin du Valais et 21 dans la rue du Valais. Au total 46 Boulaire, dont 3 Augustine Boulaire ! 

 

Maison (de Titine Baza) au 157 rue de la Corniche à Cesson.

 

Des souvenirs

 

Dominique Rault, de St Brieuc qui habitait en ville l’a connue : « Une brave femme qui avait le coeur sur la main... et pas la langue dans la poche. Quand elle avait quelque chose à dire à quelqu'un, elle ne "tournait pas autour du pot". Sa charrette était peinte en vert.

Elle vendait ses maquereaux sous le porche de la chapelle Saint-Guillaume. L'âne connaissait par coeur la route du retour vers Cesson, car parfois la journée avait été longue et usante..."

 

Certains croient de souvenir qu’ils l’ont vu se battre avec une autre femme de pêcheur, une véritable scène d’un album d’Astérix mais dont l’exactitude est encore à vérifier !

Huguette Kerbarh, née Colin, de la rue Fardel, se souvient plutôt que les poissonnières s’arrosaient les bottes avec des jets d’eau au moment du nettoyage des étals. Elle a aussi le souvenir précis de Titine pesant son poisson avec une balance romaine, « avant de l’envelopper dans du papier journal », ajoute Daniel son frère. Enfin, petit détail qui a son importance, "Elle présentait toujours ses maquereaux dans une corbeille en osier où les poissons prenaient une belle forme recourbée."

 

Monique Tanghe précise qu'il ne faut pas la confondre avec "Titine Baza" qu'elle a connue quand elle habitait le Valais entre 54 et 60. Titine Baza vendait des maquereaux devant les Nouvelles Galeries (appelé aussi le bazard) avec son bardot qui tirait la charrette.

 

Yann Gicquel raconte dans le forum des habitants de Cesson que "Si c’est la même Titine que j’ai connue ( j’ai appris qu’il y en avait deux), je l’ai vu se battre avec ma tante Marie Buffard. Mon oncle se prénommait François et  ils habitaient route de la corniche, à une maison l’une de l’autre.
Titine a été la première à avoir un triporteur scooter
."

 

 

A Robien, Mary-Noëlle Bourseul, qui habitait rue Cuverville au dessus du dépôt du chemin de fer, se souvient que sa grand-mère lui achetait du poisson à chaque passage.

 

Christine Quéré venait voir l’été sa grand-mère qui habitait rue Anne de Bretagne. Titine y passait en criant « maquereau-maquereau ». On l’entendait de loin.

 

Jean-François Garnier, qui habitait rue du Coucou, évoque ses souvenirs de Titine :

"Dans les années 50-60, parmi les marchands ambulants, dans notre coin de la rue du Pré-Chesnay et  du chemin du Coucou, passait toutes les semaines, Titine de Cesson qui  vendait les "maquereaux frais", de "Sous la Tour", s'il vous plait, poisson que son marin-pêcheur de mari ramenait dans son filet.

Titine arpentait le  quartier, assise sur la banquette de sa charrette, tirée par un âne. Sa  corpulence était telle, qu'elle prenait toute la largeur du banc. Les rares  fois que son mari l'accompagnait, il devait se faire tout petit pour  occuper un peu d'espace: faits réels ou souvenirs un peu moqueurs des enfants du quartier ? En tout cas, les poissons étaient frais et on aimait bien Titine de Cesson."

 

Ci-dessous, photo extraite du livre Saint-Brieuc de ma jeunesse de François Thomas aux éditions du Télégramme, page 56. La photo est légendée ainsi : A Cesson, après la pêche, on allait vendre les poissons au marché, à l'aide de petites charrettes attelées par des ânes.


 

Yvelyne Boulaire l’a bien connue puisque c’était sa tante (la sœur de son beau-père). C’est elle qui a pu indiquer à quel endroit se trouvait sa tombe à Cesson, une tombe très originale qui représente des voiles de bateaux.

Avec Augustine Buffard (1910-1975) sont enterrés Eugène Buffard, son mari (27 juin 1907 St Brieuc-1992) et Jean-Claude Buffard (1942-1993).


Cimetière de Cesson. Photo R.F 2022

 

Berthe Hamon, une autre marchande, a également à Cesson une tombe qui se remarque, avec un gros poisson noir.

D'après un commentaire de Pierre Perrin sur ce sujet dans un forum Facebook : Berthe Hamon est née le 18 décembre 1919, décédée le 11 octobre 1985. Son fils Louis ( Loïc) a fait façonner, par Pierre Le Galliou, le maquereau sur la tombe de sa mère.

Christian Lugrezi a connu Berthe Hamon car il étais ami avec son fils :  "Elle allait jusqu'à Saint-Brieuc à pied avec sa carriole vendre ses maquereaux sous le porche de l'église Saint- Guillaume comme plusieurs femmes."

 

Cimetière de Cesson. Photo R.F 2022



 

La vente de poisson dans les années 60

 

D'autres anciens habitants du quartier racontent qu’au début des années 60, il y avait aussi un marchand ambulant de poissons qui criait « maquereaux frais » sur sa drôle de mobylette-triporteur.

En effet, Titine était passée de la charrette au triporteur comme nous l'indique ce fait divers relaté dans Ouest-France du 10 avril 1959 !

 


 

Le véhicule de Titine était un Vespa avec une remorque découverte.

Robert Morin se souvient qu'il allait au bal à Bagatelle avec Jean Claude son fils, à 4 dans la benne et 2 dans la cabine.

Modèle de Vespa proche de celui de Titine

 

 

D’autres marchands ambulants à Robien

 

C'est également dans les années 60 qu'un rémouleur s’installe dans la cour de l’immeuble à côté du Square Barillot, rue Edgar Quinet.

Il y avait aussi des personnes qui passaient avec une charrette pour ramasser des peaux de lapins en criant " Peaux de lapins, marchand de chiffons".

 

 

Le saviez-vous ?


Dans le quartier de Robien, il n’y a pas eu que Titine pour s’approvisionner en poisson. En 1961, on peut se procurer du poisson tous les jours à Robien à la poissonnerie de M et Mme Nachez, 28 rue Aristide Briand. Ce commerce sera repris par M. Crocq dans les années 60.

En 2014, Laurent Trécherel, installé devant le magasin Spar rue Jules Ferry, a proposé une fois par semaine ses produits qui venaient directement de la criée de Saint-Quay-Portrieux.

 

Poissonnerie ambulante rue Jules Ferry. 2014. Site du C.A.R

 

Le saviez-vous ?

Le 7 octobre 2022, le Maire et plusieurs membres du conseil municipal de Saint-Brieuc étaient à Cesson pour inaugurer le square Rosa Le Mée, dernière vendeuse ambulante de poisson à Cesson.



 

Si vous avez des documents ou des témoignages à partager à propos de Titine de Cesson ou d'autres commerçants ambulants à Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page. 

 

Coiffe de Cesson

 
 

Des questions...

 

Un article daté du 24 août 1926 dans Ouest-Eclair fait état d'une certaine Augustine Boulaire qui avait de l'aisance dans le domaine de la navigation puisqu'on la retrouve à la deuxième place des régates du Légué en août 1926 dans la catégorie « canots montés par des femmes ». Marie Boulaire est à la première place… 

Mais est-ce Titine dont il est question dans cet article, on ne peut l'affirmer car les recensements de Cesson montrent qu'il y avait plusieurs Augustine Boulaire ! C'est ce qui peut entrainer des confusions... Une seule est née le 17 janvier 1910...

 


 

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Sources

 

Forum du 7 octobre 2021. Comme une bouteille à la mer, Claudie Rault avait lancé une discussion : « Qui a connu Titine, la marchande de maquereaux de Cesson dans les années 50-60 ? ». De nombreuses personnes ont répondu, certains témoignages ont été rassemblés dans cet article. 


Forum du 26-27 avril 2022 sur "Tu sais que tu viens de St Brieuc", avec en particulier les contributions de Monique Tanghe, Robert Morin... 

Si vous êtes passionnés par l'histoire de Cesson, n'hésitez pas à vous inscrire dans le groupe Facebook "Cesson et la baie de Saint-Brieuc".

 

Enquête auprès des services de la ville de Cesson.

 

Archives départementales en ligne, registres des naissances 1910, vue 11. 

 

Archives municipales, carte postale, Sous la Tour, 8Fi147

 

Recensement 1931, Buffard à Cesson, vue 742


Ouest-France, accident, 10 avril 1959

 

Annonces du décès dans Ouest-France du 19, 25 et 26 mars 1975

 

 

 

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