Le catch à Saint-Brieuc
Le premier gala de catch à Saint-Brieuc est organisé par le Sporting-Club Briochin le samedi 3 mai 1947 : « de l’inédit à des prix raisonnables malgré les frais élevés qu’occasionne un tel spectacle ». (Ouest-France 18 avril 1947)
Le 2 août 1947, un grand tournoi international de catch dont l’organisateur est toujours le Sporting-Club Briochin va voir s’opposer plusieurs vedettes dans la salle Duguesclin à Saint-Brieuc : Manuel, un combattant puissant ; Géo Freymond, le champion de France, « un magnifique athlète au jeu fin qui exclu toute brutalité » ; Aslan, appelé L’étrangleur, qui a participé à la finale du championnat d’Europe où il a été battu par le Suisse Zwalen ; Gabriel Laurrier, champion de France en 1945, « un ancien déporté qui a passé quatre ans en camp de concentration en compagnie de quelques Briochins. Sa constitution robuste lui a permis de résister à toutes les souffrances et de compter aujourd’hui parmi les meilleurs Français de sa catégorie ». Les lutteurs ne se feront aucun cadeau. (Ouest-France 2 août 1947)
En juin 1954, dans la salle du C.O.B, transformée avec ring et gradins, se déroule pour la première fois un combat international de catch féminin. Trois combats seront proposés avec des vedettes du ring. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre des festivités sportives organisées avant le passage du tour de France cycliste à Saint-Brieuc.
Le catch à Robien
Le catch était très populaire dans les années 50 et l'ouverture de la salle de Robien en 1956 correspond exactement à cette grande vogue...
Le 23 février 1957, Ouest-France annonce un premier gala de catch dans la salle de Robien, organisé par le Vélo-Sport Briochin. Les spectateurs s'y pressent pour apercevoir des têtes d'affiche des soirées de catch à la Télévision.
« Le combat
Charron-Bernaert sera le point culminant de cette réunion, car tout le monde
sait que l’ex-champion de boxe est le plus « charognard » des
catcheurs. » (Charron était appelé "La patate" quand il était boxeur.)
"Un choc sensationnel mettra aux prises l'ex-champion de boxe Robert Charron et le terrible belge Pierre Bernaert. Le terrible indien Inca, Peruano, champion d’Amérique du sud, rencontrera le scientifique champion de France Henri Lambert. Le rapide breton Henri Le Mao réceptionnera le souple champion de Paris, l'international Jetty Coster, tandis que le sournois Moïse Besch sera chargé de créer l'ambiance face à Jacques Coudert." (20 février 1957 Ouest-France)
Robert Charron, boxeur, photo Boxe-Time |
En mars 1957, le gala de catch dans la salle de Robien n’emporte pas complètement l’adhésion du public puisque la salle n’est qu’à moitié remplie : "L’ambiance n’eut pas à souffrir du manque de spectateurs. Ceux-ci (environ 800) firent du bruit comme 3000, créant l’ambiance indispensable à une telle soirée".
Le spectacle était de qualité d’après le compte-rendu de Ouest-France et le Comité des Cols bleus des Côtes-du-Nord avait bien fait les choses.
Notons le combat de Asselin contre Laroche : « Deux superbes gaillards qui firent admirer leur souplesse. Clés aux bras et aux jambes, étranglements, ciseaux au corps ou à la face, manchettes, bref, toute la gamme du vrai catcheur y passa. Laroche eut le tort de s’en prendre à l’arbitre. Celui-ci ne badina pas et renvoya le bouillant gitan dans son coin».
D’autre part, Von Chenok, le
champion d’Allemagne gagne contre Lambert, le champion de France :
« Von Chenok n’a pas volé son nom d’étrangleur ». (D'après l'édition du 18 mars 1957 de Ouest-France)
1959
Le 14 mars 1959 : "Une manifestation de catch qui s’annonce particulièrement fertile en drames et en émotions se déroulera ce soir à Robien. Le choc principal du gala mettra aux prises l’ex-pugiliste, le populaire Laurent Dauthuille, au dangereux Italien Serge Reggioro…"
L’Helvétique René Gerber rencontrera l’officiel champion du monde des poids légers, le Bourguignon Jean Rabut, véritable phénomène du catch aérien et acrobatique.
Ci-dessous, photo du catcheur Jean Rabut
Jean Rabut.14 mars 1959 Ouest-France |
1959
Le 29 avril 1959, à l’affiche : Gilbert Leduc, le catcheur le plus populaire contre Jacques Ducrez, plus connu sous le nom du Bourreau de Béthune, tout de rouge vêtu (photo ci-dessous).
Le bourreau de Béthune en costume |
Toujours en avril 59, on peut assister dans un autre combat à la confrontation entre le sympathique champion d’Europe Claude Montourcy et le matraqueur européen numéro un, Robert Gastel.
"Le martin-pêcheur Lorientais", la grande révélation de l’année, Jean Corne, rencontre le sympathique Roberto Ricetti, champion d’Italie.
1959
Gala de catch à la salle de Robien le samedi 26 septembre 1959 avec en vedette Jean Corne, le breton et champion de France opposé au jeune Santelli. D’autre part, Gaby Calderon ira à l’assaut du Bourreau de Béthune qui ne voudra pas décevoir après ses deux cent victoires.
A suivre aussi Géo Géret (appelé Barbe Rousse), vedette du catch à la télévision, contre le Polonais Yanneck Frysiuk (Jean Frysiuk).
Claude Montourcy, champion d’Europe va essayer de venir à bout de José Tarres, le poids-lourd espagnol surnommé « La Tête de cheval ».
Jean Frysiuk |
1960
Le samedi 7 mai 1960, le catch féminin est à l'honneur avec Léa Dewaert, championne de Belgique ; Caroline de Beaumont, championne de France ; Maria Apolski, championne Polonaise.
Caroline de Beaumont était appelée "Lady Caroline" ou "La Lady du catch" ou encore "La catcheuse écrivain".
Du côté masculin, on note aussi la présence de Quasimodo, « l’affreux sonneur de Notre-Dame ».
Catch à Robien. Annonce 30 avril 1960 Ouest-France |
Léa Dewaert, la blonde |
Au centre Dewaert et de Beaumont |
La catcheuse Caroline de Beaumont |
La catcheuse Lola Garcia |
1961
Le 7 novembre 1961, se tient un grand gala de catch à Robien avec de nombreux champions.
Au programme un match à quatre, par relais, une formule venue d’Amérique qui fait fureur.
Les Italiens Sergio Reggiori et Giacomo Guglielmetti vont affronter les Français Corn et Laroche.
On verra aussi Jean Bout, le champion du monde des mi-lourds, contre le Belge Jacques Van Dooren et Al Gamain affrontera le Sud-Américain Manclo Aguilar.
Enfin, le roi de la voltige, Jean Rabut, ex champion du monde, rivalisera avec Moussa Guechichi.
Catch à Robien 7 novembre 1961 Ouest-France |
Des années ont passé après le dernier grand gala de catch de novembre 1961 et le catch est moins en vedette. Les galas de catch ne sont plus organisés avec la régularité observée dans les années 60 mais à titre exceptionnel, pour des soirées caritatives extraordinaires.
1973
Gala de catch à la salle de Robien en mars 1973, au profit des Associations sportives des handicapés physiques.
Au programme, quatre combats dont un match à quatre, féminin.
L’attraction de la soirée est la venue de Klondyke Bill qui
annonce 208 kilos ! Le programme comporte également une démonstration haltérophilie avec Daniel Hardy, un athlète handicapé qui tentera de battre son record de France avec 135 kilos en développé couché.(Ouest-France 2 mars 1973)
1976
En février 1976, l’association des policiers briochins organise un gala de catch avec Zarak, bien connu pour sa cagoule rouge et jaune ornée d'un Z.
Zarak |
1977
En 1977, un grand gala de catch est proposé au profit
des œuvres sociales de l’Amicale de la Police.
« Pour cette soirée, l’amicale de la Police a fait appel à quelques-uns de ses catcheurs, et même des catcheuses, les plus connus.
On verra ainsi Mammouth Siki qui, à l’âge de 16 ans fut sacré Champion de Guadeloupe avant de faire carrière aux USA"…
Le clou de la soirée sera le match à quatre : les Celtes, opposés aux Parisiens. Il y aura aussi un combat de femmes entre l’espagnole Lola Garcia et la française Brigitte Born.
1994
En juin 1994, un gala de catch réunit 600 personnes dans la salle de Robien. L’association française des sclérosés en plaques qui organise cet événement souhaite alors renouer avec la tradition du catch mais le public ne viendra pas aussi nombreux que les organisateurs l'espéraient.
Le catch fait moins recette, pourtant le spectacle est toujours au rendez-vous :
« Qui n’a pas vu Yann Caradec, Le Breton volant, surgir de
l’obscurité drapé dans une cape aux couleurs du drapeau breton n’a rien vu. Et
le noir Canon-ball, le Barbare du ring, un franco-américain de 152
kilos, n’a pas déçu les amateurs de vrais méchants. Passons sur The Hell
Raiser, un masqué inconnu ressemblant trop à Casimir qui aurait trop mangé de
Gloubiboulga, pour retenir le flamboyant Flash Gordon, superbe dans une
combinaison d’un kitsch parfait.» (Ouest-France 21 juin 1994)
Le catcheur Canonball. Photo Ouest-France 21 juin 1994 |
Le retour du catch à Saint-Brieuc?
En octobre 2005, Ouest-France publie un article sur le retour annoncé du catch à Saint-Brieuc avec un groupe d'une dizaine d'amateurs bien décidés à relancer cette pratique. Tout est venu des retrouvailles de deux anciennes vedettes du catch des années 50, Guy Caviller et Théo Popoff (champion d'Europe des mi-lourds). Les membres de l'association Guy Caviller, huit lutteurs et deux lutteuses, s'entraînent sur le tapis de l'ASPTT, rue Paul Bert puis à La Méaugon.
En 2007, des catcheurs du club se produisent à Maroué. Après le décès de Guy Caviller, le président est Kévin Somme, alias Pedro Arenas sur le ring. White Crow, Jack Spayn et Théo Thispun (champion d'Europe des poids-légers) assurent le spectacle.
Malgré ses efforts, le club peinera à trouver son public avant de relancer cette activité en 2014 à La Malhoure (proche de Lamballe) avec Régis Béreschel et Alexandre Choron qui s'étaient connus au club de Saint-Brieuc. Ouest-Catch est le nom de leur club...
De son côté, Bretagne Wrestling Catch a essayé de proposer une autre approche du catch avec des combats scénarisés entre 2008 et 2012...
Popoff et Caviller avec leurs ceintures. 31 octobre 2005 Ouest-France |
Les sportifs de Ouest Catch.16 octobre 2014 Ouest-France |
Le saviez-vous ?
Le 4 février 1972, un grand gala de catch s'est déroulé dans la salle du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit avec L’ange Blanc (immense vedette du moment) contre Lasartesse et un grand match à quatre France-Japon avec le terrible Chéri Bibi, très grande vedette du catch à la télévision commenté par Roger Couderc.
Roger Trigeaud, dans la vraie vie inspecteur des impôts en retraite, portait le costume à rayures des prisonniers ! Le public se passionnait pour ce personnage du repris de justice cherchant le salut, tout droit sorti d'un roman de Gaston Leroux.
1972 Annonce Ouest-France |
Image R.Krafft |
Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur cette histoire du catch, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.
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Sources
Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France.
Portrait du catcheur Jean Corne, cliquer ici
Histoire du catch féminin par Michel Bezy, cliquer ici
Le blog de Bob Plantin, cliquer ici
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