Les fêtes foraines se déroulaient traditionnellement dans le pays de Saint-Brieuc à partir du printemps. La fête de Pordic commençait, suivie par celle de Cesson le dimanche et lundi de Pâques. Les marchands forains se déplaçaient ensuite au Légué, puis à Robien pour terminer avec une grande fête foraine qui durait un mois entier sur la Place du Champ de Mars à Saint-Brieuc.
1939 à Cesson
Fête à Cesson 10 avril 1939 Ouest-Eclair |
Pour se rendre à la Fête de Cesson, des trains partent de la gare de Saint-Brieuc toutes les 15 minutes à partir de 13h30 et de Cesson, toutes les 15 minutes aussi de 13h30 à 19h. Une réduction de 50% est appliquée pour les enfants de 4 à 10 ans.
"Cesson est le point d’attraction des briochins le jour de Pâques…Cette année nous avons remarqué à l’arrivée au bourg par les chemins de Ginglin, de Toupin et de Langueux, une foule de promeneurs qui profitaient du beau temps…
Puisque le temps était superbe et les attractions nombreuses, il y eut évidemment de la gaité..." Extraits de Ouest-Eclair, 10 avril 1939
1940 à Cesson, l'inquiétude plane...
« La Fête de Cesson, le Pardon comme on dit encore, quoique cette assemblée ne soit plus qu’une fête profane et tout uniquement une fête foraine, la fête de Cesson donc a battu son plein, c’est bien de le dire, le dimanche et le lundi de Pâques, selon une tradition lointaine. C’est en tout cas une tradition qui n’est pas près de se perdre. Que de monde dans le bourg ! On eut dit que tous voulaient saisir cette occasion de s’amuser qui paraissait un fruit rare en notre époque sévère, devant un avenir voilé.
Le temps fut un peu de la partie : le soleil fut l’après-midi vainqueur des nuages sombres du matin. Aussi les forains ne firent jamais tant d’affaires, surtout dimanche. Tout tournait sans arrêt. On faisait la queue interminablement aux chenilles pour attendre son tour. Il en était de même aux balançoires tournantes dites « casse-gueule ». Le vieux et pathétique manège mixte de cochons, de chevaux, de voitures avait lui-même un honorable succès avec sa clientèle de bambins. Les cochons en avaient l’air tout fiers et ils « rosissaient » avec éclat.
Les confettis eux-mêmes étaient là, malgré la cherté du papier, mais c’était sans doute des vieux stocks qu’on liquidait. Quoi qu’il en soit, ils voltigeaient un peu partout, par petites pincées, et non plus à bonnes poignées comme autrefois : c’est l’ère de la vie chère et des restrictions !
Cela n’empêchait pas les demoiselles d’en être parsemées…
Il y avait là aussi des tirs, des loteries, des boutiques de jouets, de friandises et des clients pour tout le monde ! Les auberges et cafés regorgeaient de buveurs car, je vous le demande, peut-il y avoir une fête sans gosiers altérés ?
Une vieille Cessonnaise fuyait les bousculades en filant dans une rue plus calme.
-Non, non, j’irai pas à leur fête ! disait-elle à un passant, qué qu’j’irais faire là ? Regarder quoi, les machines qui tournent ? Ça m’étourdit ! C’est bon pour les jeunes… »
1950 à Cesson
Les préparatifs de la fête pascale de Cesson se déroulent toujours dans une grande effervescence : les industriels forains montent les manèges, les électriciens vérifient les lignes, les enfants se donnent rendez-vous sur la place du bourg, les cafés s'approvisionnent en boissons fraiches, en charcuterie fine et sandwiches. Le père Liscouët, l'un des doyens de la place et M. Jouyaux, dépositaire de Ouest-France, retrouvent les forains habituels comme les Décamps (voir le portrait en fin d'article).
"Les promeneurs ont défilé sans arrête à la fête en écoutant la musique des pick-up, les chants en vogue, les boniments des uns et des autres, pour soulever les éclats de rire, sympathiser avec le public, faisant oublier quelques instants nos soucis, au milieu de la poussière et du vent. La fête de Cesson reste, malgré la crise financière, la grande fête des familles briochines, celle de la jeunesse, et des commerçants du bourg et aussi celle des marins-pêcheurs qui ne manquent pas de choquer le verre de l’amitié".
(Ouest-France du 11 avril 1950)
Ci-dessous, Mme veuve Derrien, la doyenne des foraines briochines, vend des confettis à la jeunesse. Mme Derrien est bien connue avec ses jeux, son bazar, sa confiserie. Elle est accompagnée par ses filles.
Fête foraine à Cesson, Mme Derrien au centre. 11 avril 1950 Ouest-France |
1951 à Cesson
Autour du manège à Cesson. 27 mars 1951 ouest-France |
Jusqu'au
soir, la jeunesse a défilé devant les balançoires, les chenilles, les
loteries, les boutiques de bonbons, de gâteaux, de délicieux berlingots,
les petits bazars, les manèges d'enfants, les loteries et tirs,
envahissant les autos-tamponneuses, s'engouffrant au dancing ambulant,
lançant les balles de sciure et les confettis, tout cela dans une
atmosphère de fête foraine, dans le bruit des pick-up et divers manèges".
1952 à Cesson
A Cesson. Le Télégramme. 1952 |
En 1952, Le Télégramme évoque la fête foraine de Cesson :
"Un
soleil d'été, une chaleur douce, un dimanche de Pâques, avaient incité
les Briochins à se rendre en foule, à la traditionnelle fête de Cesson
qui obtint un succès considérable. On se pressait, on se bousculait sur
la petite place du bourg entre les manèges, les tirs et les loteries que
dominait placidement le clocher de l’église. La jeunesse joyeuse a pris
d'assaut les casse-gueule, les chenilles, les auto-tampons, tenté sa
chance à la roue de la fortune, rivalisé d'adresse au tir à la carabine.
Après s'être grisés de tours de manèges, les promeneurs s'évadaient
vers la vieille Tour ou vers les grèves, fuyant le bruit de la foule".
1953 à Cesson
"Les balançoires près du Pont de Cesson", 7 avril 1953 Ouest-France |
Monique Tanghe se souvient
"A l'époque ce manège avec des balançoires on l'appelait " Le casse-gueule ". A Cesson, Il était situé près de l'église, ce manège me fascinait mais j'étais trop jeune pour monter dessus".
Ce casse-gueule était placé Rue de la République et ensuite derrière l’église.
« A l’arrivée du bourg, sur un terrain ayant appartenu autrefois aux Chemins de fer des Côtes-du-Nord, il y avait le manège des balançoires et les autos-tampons de M. Décamp , nécessitant un vaste emplacement, étaient installées sur la route du cimetière ».
Sur la place de l’église on retrouve les tourniquets-loteries, les roues de la fortune, les bouteilles de vin, les étalages d’ours en peluche et de poupées bretonnes, les chanteurs ambulants, les diseuses de bonne aventure, la charmeuse de vipères, les étalages de cocardes et d’objets souvenirs.
D'après l'édition du 7 avril 1953 de Ouest-France
La course de petits chevaux. 7 avril 1953 Ouest-France |
1954 à Cesson
Des jeunes de Ginglin à la fête de Cesson. 20 avril 1954 Ouest-France |
1955 à Cesson
Une attraction à la fête de Cesson. 12 avril 1955 Ouest-France |
La foule dans la rue de la République à Cesson.12 avril 1955 Ouest-France |
1956 à Cesson
A
la fête foraine de Cesson. Une loterie particulièrement bien achalandée
retient l'attention d'un nombreux public. 6 avril 1956 Ouest-France |
1957 à Cesson
A la fête foraine de Cesson 23 avril 1957 Ouest-France |
Devant l'église, à la fête foraine
de Cesson 23 avril 1957 Ouest-France |
Édition de Ouest-France du 23 avril 1957 : "Favorisé par les vacances pascales et un temps printanier d'une douceur exceptionnelle, la fête foraine de Cesson a connu une affluence record".
Ce n'est pas à Cesson mais c'est le même manège...Photo publiée par Dominique Majean sur le Facebook Forains d'autrefois |
1960 à Cesson
Les manèges des avions en cours de montage à Cesson. 15 avril 1960 Ouest-France |
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1970 à Cesson
Fête foraine à Cesson 31 mars 1970 Ouest-France |
Souvenirs, souvenirs
"Nous allions toquer aux portes des caravanes afin de leur de mander s'ils voulaient de l'eau que nous allions chercher au niveau du café de la place Jules Verne afin d'avoir des tickets pour la fête. Je me souviens d'un jerricane plus lourd que moi, arrivé un peu usé à l'arrivée". Christian Lugrezi
"On aidait à monter ou démonter les manèges. Démonter c'était mieux, on trouvait quelques pièces à terre". Blaise de Tartos
"La famille Décamp était très généreuse, elle nous laissait des tickets gratuits en compensation du stockage de quelques pièces de dépannage dans un grenier de la ferme de mes parents. C’était la fin des années 40". Maurice le Vaillant
"Madame Deschamps était sympa, outre le paiement, elle nous donnait des tickets de manège. Ils en avaient plusieurs : chenille, auto-tampons (casse-gueule ?)... Avec ma sœur, on n’y avait pas le droit ! Pas assez sécurisé, et pas convenable pour des jeunes filles !
Dans mon souvenir, la chenille était devant l'église à droite, les auto-tampons, devant "La Providence", et le casse-gueule devant "L'économique", le manège des enfants à gauche de l'entrée de l'église". Christiane Gaillard
"Nous on allait chercher des boulets de charbon au niveau du tunnel pour vendre à M. Langlais qui habitait rue de la Tour et on pouvait s’acheter des tickets pour le casse-gueule". Yvonne Hervé.
Témoignages publiés sur le forum Facebook Cesson et le baie de Saint-Brieuc.
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