Partie sud des ateliers municipaux 52 boulevard Hoche. Photographie aérienne 1978-79. Archives municipales |
Ci-dessus, il faut se figurer à gauche de la photo le boulevard Hoche et l'église Sainte-Anne de Robien en vis-à-vis de l'entrée du chantier que l'on devine derrière la maison blanche et, à droite de la photo, la rue Guébriant et son école.
Le projet des ateliers municipaux. 1935
En 1935 sous la Municipalité d’Octave Brilleaud, la Ville fait l’acquisition d’un terrain et de bâtiments le 11 juillet 1935 pour établir le chantier dit « de Robien », situé entre le boulevard Hoche et la rue Guébriant.
Une annonce passe dans la presse concernant cette vente le 7 juillet 1935.
Annonce. La Dépêche de Brest 7 juillet 1935 |
La description établie par le Service des travaux mentionne un ensemble de maison, bureaux et chantier d’une surface de 2 700 mètres carrés et d’une autre parcelle de 1 000 mètres carrés. Le tout appartient à Yves Laurent, entrepreneur, boulevard Hoche, au lieu dit « Les quartiers de Robien » à St Brieuc (section D, numéros 510 P et 511 P).
Dossier. Archives départementales |
Le plan général du chantier de Robien fait apparaitre que le terrain est assez enclavé.
Plan. Archives départementales |
Plan. Archives départementales |
Des écuries pour les ateliers municipaux
La Ville envisage de construire des écuries et ce qui
convient avec, à savoir des fosses à fumier !
Les chevaux sont les outils précieux des employés de la Ville comme on le constate avec la photo ci-dessous, prise dans la cour des ateliers municipaux après guerre.
Le service de ramassage des poubelles, avec les tombereaux, était entièrement localisé à Robien.
Photo. Dossier Archives municipales |
Ramassage des poubelles à St Brieuc avec le tombereau. |
Ci-dessous, on voit Honoré Le Hesran, un habitant de l'impasse du Pré-tizon qui travaillait avec les chevaux aux ateliers municipaux. Il était conducteur de chevaux au ramassage des ordures avec une charrette tirée par un cheval qu'on appelait alors "le tombereau". Les deux chevaux dont il était le titulaire s'appelaient Comique et Rapide.
Honoré Le Hesran à côté du cheval "Comique" aux ateliers municipaux |
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Honoré Le Hesran à côté d'un cheval des ateliers municipaux. Vers 1959 |
Honoré Le Hesran a été remarqué en 1956 par la Société Bretonne de Protection aux animaux pour l'attention qu'il portait aux chevaux dont il avait la charge.
De nos jours il reste encore un anneau qui servait à accrocher les chevaux.
Anneau pour les chevaux. Photo RF 2021 |
Un chantier plus long et plus coûteux que prévu.
L’entreprise Balzarini remporte le marché du chantier des ateliers municipaux. Elle doit effectuer différents travaux concernant aussi l’électricité, la peinture, l’installation de WC.
En 1936 les travaux commencent mais ils sont suspendus à la suite des importants mouvements de grève de juin et de juillet 1936.
Le 23 octobre 1936, le Conseil municipal doit revoir la facture présentée par l’entreprise. Une augmentation de 12 % est acceptée par la Ville.
Les toits en dents de scie sont caractéristiques de l'architecture industrielle du XIX et début du XXe siècle, ils sont appelés toits en shed (hangar). Ils permettent d'amener de la lumière dans les usines ou ateliers avec une partie vitrée qui permet de limiter l'éclairage électrique.
Ateliers municipaux. Photo aérienne, détail. Années 40. |
Albert Goupil, un artisan complémentaire des ateliers. 1937
Alors que les ateliers viennent à peine d'ouvrir, Albert Goupil, un sellier-garnisseur installé juste à côté au 40 boulevard Hoche va être amené à rendre de nombreux services.
Tout au long de l'année 1937, Albert Goupil travaille beaucoup avec les ateliers municipaux pour l'entretien des accessoires des chevaux : colliers, brides, courroies, selles, dossier de siège...
D'autres factures des années 40, conservées aux archives municipales, ne font que confirmer l'importance de son travail dans le domaine concerné.
1937. Albert Goupil. Facture 3 L 137. Archives municipales |
17 novembre 1946. Albert Goupil. Facture 3 L 137. Archives municipales |
Goupil. Officier du Mérite artisanal 30 janvier 1960 Ouest-France |
Les équipements des ateliers municipaux
Dans un courrier du 6 novembre 1941, le capitaine Etesse, des Sapeurs-pompiers, signale qu'un camion-citerne est localisé dans le chantier municipal (une borne incendie restera d'ailleurs dans la cour des ateliers jusque dans les années 2000).
A la fin des années 40, les employés municipaux disposent déjà, en plus des chevaux, de six camions.
Photo Fonds Salaün. Archives départementales |
Différentes machines sont installées dans les ateliers, comme cette scie à ruban dans l'atelier de menuiserie.
Scie à ruban. Photo Archives départementales. |
Tout en bas de la photo aérienne, ci-dessous, on reconnait le clocher de l'église Sainte-Anne de Robien.
Photo aérienne. Fonds Henrard. Archives départementales |
Une technique rare pour l'atelier de menuiserie.
Sol de l'atelier de menuiserie. Saint-Brieuc. |
Le sol de l’atelier de menuiserie est fait selon une méthode très particulière : le bois est découpé en pavés rectangulaires. Ils sont ensuite posés à la verticale alors que des lattes de parquet seraient posées à plat.
Cette technique du bois debout permet en
particulier d’amortir le rebond des outils quand ils échappent des mains et
favorise ainsi la sécurité des menuisiers. C'est aussi un sol très résistant aux chocs.
Cette technique est également utilisée pour faire des billots de boucher ou des pavés de rues en bois.
Sol de l'atelier de menuiserie. Saint-Brieuc. |
L'agrandissement du chantier. 1967
Dans sa séance du 10 novembre 1967, le Conseil municipal décide de faire l’acquisition de la propriété de la Société coopérative La Briochine, représentée par son président, M. Gustave Perrot, au 18 rue Guébriant. La propriété est contigüe aux chantiers de la Ville du boulevard Hoche et permettra d'effectuer des entrées et sorties du côté boulevard Hoche ou Guébriant.
La photo ci-dessous, de la fin des années 70, montre le chantier tel qu'il était à cette époque.
1.Entrée boulevard Hoche
2.Ancienne conciergerie, transformée en bureaux en 2018
3.Accueil, bureaux
4.Atelier de menuiserie
5.Menuiserie, dans la partie de gauche ; salle de repas-cafeteria, dans la partie centrale ; atelier de couverture, à droite (ancienne écurie)
6.Magasin
7.Locaux de stockage démolis en 2015
8.Réserve et stockage ; atelier serrurerie.
9.Ateliers plomberie-peinture-électricité ( sur le terrain donnant rue Guébriant)
10. Atelier maçonnerie et réserves diverses. Entrée rue Guébriant (entrée fermée par sécurité).
Un déménagement envisagé en 1985
Plan. Rapport d'étape PACT-ARIM. 1985 Archives départementales |
On a reparlé des ateliers municipaux en 1985 au moment où un projet de quartier pour Robien a été remis à la municipalité. C’était un « rapport d’étape » connu sous le nom de PACT-ARIM.
Ce
rapport contenait certainement le projet qui aurait totalement changé la
physionomie de ce quartier et lui aurait donné un air de village en créant une place sur les terrains dits des "chantiers de la ville".
Cette place devait donner du côté du boulevard Hoche, sur l'église, et de l'autre sur l'école publique rue Guébriant. Un bureau de poste et une maison de quartier devaient se retrouver à deux pas de la rue Jules Ferry.
Mais rien n'a été fait pour créer une place et les ateliers municipaux n'ont pas bougé !
L'évolution des ateliers municipaux
Quand on cherche à voir l'évolution des ateliers municipaux depuis leur création, tout d'abord, on note tout ce qui n'a pas changé ! Par exemple, l'entrée est identique, la maison du gardien sur le côté droit en entrant a juste été transformée en bureaux.
Entrée et cour des ateliers municipaux, boulevard Hoche. Photo RF 2021 |
Un magnifique blason de Saint-Brieuc, visible sur le pignon Nord, a été restauré car il devait dater des années de construction.
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Sur le côté gauche, un atelier n'a pas beaucoup changé et son horloge donne toujours l'heure exacte d'entrée aux ateliers ! L'horloge a été remplacée il y a quelques années mais on a conservé son entourage.
Atelier de menuiserie. Photo RF 2021 |
L'horloge à l'entrée. Photo RF 2021 |
En 2015-2016, un grand bâtiment a été détruit car il présentait des signes de fragilité. Il a été remplacé par un autre atelier avec un étage; on l'aperçoit de l'entrée dans le boulevard Hoche.
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A gauche, les ateliers de menuiserie et, au centre, une salle de repas. |
Dans les changements notables, il faut signaler que les ateliers municipaux ont gagné beaucoup de place quand, en 1967, la Ville a acheté le terrain voisin donnant sur la rue Guébriant. Une percée dans le mur permet de rejoindre l'autre terrain.
Le passage vers le terrain donnant sur la rue Guébriant. Photo RF 2021 |
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Au niveau des effectifs il y a beaucoup de changements, les effectifs sont passés de 80 à 40, des années 80 jusqu'à nos jours. On comptait jusqu'à 29 menuisiers en 1985.
Tous les corps de métiers sont représentés : serrurerie, peinture, plomberie, électricité, maçonnerie, menuiserie, couverture.
Il existe aussi un service de maintenance, un magasin pour les livraisons, des bureaux d'études et un accueil-secrétariat.
Une impressionnante photo avec une cinquantaine d’employés des ateliers.
Des exemples de chantiers menés par les ateliers municipaux
Les employés des ateliers de la Ville font de nombreux chantiers en intérieur mais aussi quelques petites extensions de bâtiments, le remplacement des fenêtres bois par exemple sur l'Hôtel de Ville (fabrication à l’atelier) et tout remplacement de fenêtres bois dont la fabrication est réalisée en régie.
Beaucoup de réalisations concourent à la réussite de diverses manifestations culturelles, sportives ou citoyennes comme pour les élections.
Un autre type
de chantier plus exceptionnel peut être cité en exemple, celui du remplacement
du vieux campanile (petit clocher) sur la toiture de l'Hôtel de Ville. Il a été
entièrement refait à l'identique dans les ateliers municipaux.
État du campanile après le remplacement. Photo J.M Pouder |
Travail de l'atelier de menuiserie. Photo J.M Pouder |
Le campanile sort des ateliers pour être replacé sur le toit de l'Hôtel de Ville. Photo J.M Pouder |
Les ateliers municipaux continuent de s'adapter et de rendre de très nombreux services à la population. La qualité de leur savoir-faire est garante de la conservation du patrimoine briochin.
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Dans l'atelier de peinture, on prépare les chaises pour les écoles. Photo Ouest-France. 1997 |
Sources
Dossier 2 O 278-18. Archives départementales
Fonds Salaün 95 J. Archives départementales
Photographie aérienne. Fonds Henrard. Archives départementales
Photographie aérienne en couleurs. Archives municipales.
Photographies Honoré Le Hesran avec son cheval blanc (Comique) des ateliers municipaux. Document transmis par son petit-fils Stéphane Le Roux.
Acquisition de terrain. Délibération du Conseil municipal du 10 novembre
1967.
Merci à l'accueil, aux précisions apportées par Jean-Marie Pouder, responsable adjoint du service Patrimoine bâti de la Ville de Saint-Brieuc, et aux précisions de Gwendal Monnier.