jeudi 9 mars 2023

Tous ces projets qui n'ont pas vu le jour dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

 

 

1936, une salle de spectacle pour l'Institution des Sourds-muets

Le Département des Côtes-du-Nord se propose d’annexer à l’Institution départementales des Sourds-muets, un bâtiment comprenant une salle récréative où puissent être présentées des séances de cinéma ou artistiques avec une petite scène et une cabine de projection. Dans les combles se trouveraient deux ateliers avec une réserve de matériel, l’étage serait accessible par un escalier extérieur. Le terrain appartient au département le long de la rue abbé Garnier.

1936. Archives départementales.


Le projet est envoyé au Préfet le 16 novembre 1936 par l’architecte départemental Jean Fauny. 

 


Une note manuscrite en bas de ce courrier indique l’intérêt de la préfecture porté à ce projet mais n’envisage pas sa réalisation de suite en raison de difficultés budgétaires sur l’exercice 1937. La situation politique et économique en 38-38 finira sans doute par faire passer ce projet aux oubliettes car rien de tel ne sera construit par la suite…
 

 

 

1960, des projets d'espaces verts et de rues qui ne se feront pas...

Le journal Ouest-France dans son édition du 20 janvier 1960 nous informe de l'abandon d'un projet : "Un espace vert était prévu en bordure de la rue Emile Zola, sur un terrain indispensable à l'usine Sambre-et-Meuse. Le principe de sa création n'est donc pas maintenu, d'autant qu'avec la proximité de la campagne, il ne se révèle pas nécessaire".

Un autre espace vert, en bordure du boulevard Paul Doumer est aussi réduit aux limites du terrain appartenant à la Ville.

Un projet de rue "ayant la forme d'un Y doit déboucher rue Emile Zola en partant du Tertre Marie-Dondaine. Le raccord avec la rue Emile Zola tombe sur les voies ferrées qui desservent différents établissements mais le projet est malgré tout maintenu à ce moment-là puis finalement abandonné...

 

1965-1970. Un équipement sportif et un groupe scolaire au Tertre Marie-Dondaine.

 

Le tertre a été occupé au XXe siècle mais pas par des habitations en dur. 

Si ce tertre est toujours à l’état naturel c’est parce que les différents projets d’aménagement de cet espace n’ont pas abouti. 

Pour commencer, en 1965, Edouard Quemper l'adjoint au Maire de l'époque chargé des sports prévoit de créer des installations sportives sur le Tertre. 


 

Plan paru dans le journal municipal Le Griffon. 1966 numéro 4.


 

Puis, en 1970, un projet de groupe scolaire est conçu par la ville de Saint-Brieuc, mais rien ne sera fait...

 

 

1970 Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales

1970 Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales


 

 

1970.  La Résidence des Forges, 400 logements et une école.


Un projet de résidence a failli voir le jour avant celui de la C.P.A.M, des plans sont déposés dès le mois de février 1970 par l’architecte F. Gross-Quélen, installé 2 rue Chateaubriand à Saint-Brieuc. Il s’agit d’un ensemble de 400 logements appelé « Résidence des Forges », avec 165 places de parking au sol et 400 en sous-sol. Une école maternelle est même prévue !

 

Projet de la Résidence des Forges. 1970. Archives départementales.


Projet de la Résidence des Forges. 1970. Archives départementales.

 


S’il s’était réalisé, ce projet aurait occupé tout l’espace entre la rue Paul Le Flem et le boulevard Vauban où se trouvent actuellement la C.P.A.M et la résidence Espace composée des trois bâtiments, de 21 mètres de haut, nommés Concorde, Comète et Mirage.

 

 

 

1985.  La Place de Robien.

 

Plan. Rapport d'étape PACT-ARIM. 1985 Archives départementales


 

En mars 1985, un projet de quartier pour Robien est remis à la municipalité. C’est un « rapport d’étape » connu sous le nom de PACT-ARIM.

Ce rapport contient certainement le projet qui aurait totalement changé la physionomie de ce quartier et lui aurait donné un air de village.

Il faut modifier en profondeur la physionomie urbaine : création d’une place sur les terrains dits des « chantiers de la ville ». 

 

Les symboles étaient forts : 

une place donnant d'un côté sur l'église du côté boulevard Hoche, et de l'autre sur l'école publique rue Guébriant.

Une place avec un bureau de poste et une maison de quartier à deux pas de la rue Jules Ferry qui aurait été reliée par un passage entre les deux immeubles de la Résidence du Clos de Robien.


 

Petit retour en arrière

L’étude a commencé en octobre 1984, placée sous la responsabilité de la Ville de Saint-Brieuc. Toutes les semaines un « groupe technique » s’est réuni avec des élus (M. Fraboulet, adjoint à l’urbanisme), un conseiller municipal du quartier (M. Hélard), des représentants des services techniques et administratifs, des représentants du Comité d’Animation de Robien, et l’équipe d’étude du PACT-ARIM deux urbanistes, un architecte et une spécialiste des questions sociales liées à l’habitat.

Tous les mois le « groupe de pilotage », avec le député M. Dollo, a traité un thème précis : circulation, commerce, industries, habitat…

 

Le constat

Le constat posé sur le quartier de Robien en 1985 est très juste : un quartier bien équilibré jusqu’au début des années 60, commençant à présenter des signes de vieillissement de la population, d’abandon de ses activités traditionnelles. Dans les années 70, les zones industrielles et commerciales ont amplifié ce phénomène.

Une population en déclin : en 1968, 4284 habitants et en 1982, 3169 habitants

 

Les solutions

Le développement de l’habitat est une nécessité, les créations d’emplois et le développement d’une offre de commerce de proximité aussi. La rue Jules Ferry est une sortie de ville qui doit être beaucoup plus attractive. Les entrepôts et ateliers vacants sont recensés et visités par des services qui peuvent aider une reprise (avec des aménagements)

 

L’habitat

Presque la moitié des habitations ont été achevées avant 1914, la même proportion entre 1914 et 1948 et entre 2 et 5 % après 1948.

La rénovation de l’ancien et des logements qui seront créés, devra être adaptée à tous les publics (handicapés, personnes âgées) 

 

Développement des services et de nouveaux commerces

L’étude met en évidence les besoins d’une maison de quartier, d’une salle polyvalente, d’une bibliothèque et d’un bureau de poste. Du côté commerce, malgré l'arrivée prochaine et annoncée de grandes surfaces sur Ploufragan et Trégueux, certains commerces auraient toute leur place.

 

Aménagements urbains et paysagers

Les rues passantes (Jules ferry et boulevard Hoche) doivent être élargies, plantées d’arbres, avec des ravalements de façades…

L’arrivée du TGV en 1989 doit permettre de changer le côté gare de marchandise.

Les espaces verts sont à développer du côté du tertre Marie Dondaine et de l’étang de Robien.

 

 


La résidence du Clos de Robien dans la rue Jules Ferry construite en 1999 : un passage


Les architectes Bruno Coycault et Jean-François Colleu ont conçu un immeuble en deux parties rue Jules Ferry en 1999-2000. On parlait encore de ce projet de Place de Robien et l'immeuble a été pensé en fonction de cette idée : « Le terrain jouxte les jardins municipaux où à terme une ZAC est projetée. Nous avions la contrainte de créer un désenclavement grâce à un passage qui reliera plus tard la rue Jules Ferry à cette nouvelle zone d'activité. D'où l'idée de construire la résidence en deux bâtiments. Ce porche devra être le signal de cette liaison piétonne. De plus, il nous a permis de créer une faille lumineuse pour éclairer les appartements ». 

 

Conclusion :  Finalement rien ne sera fait mais avec le recul, on se rend compte que cette étude était assez remarquable. Elle portait en germe une transformation globale du quartier de Robien. On parlerait de nos jours "d'intelligence collective". 

 


 

 

1988, 1995 puis 2004, un lotissement au Tertre Marie-Dondaine.

Plusieurs équipes municipales ont eu pour projet d'aménager le Tertre Marie Dondaine et en particulier pour y faire construire un lotissement. 

Dans son édition du 28 octobre 2004, Ouest-France, dans l'article qui suit, rappelle les faits et présente le dernier projet en date. Précisons que ce projet n'aboutira pas !

"La zone d'aménagement concerté est rédigée depuis 1980 ! Sans doute un record pour cette zone de près de quatre hectares, dont la propriété se partage entre la ville et des privés. Depuis 1980, la zone située près de l'ancienne usine du Mont-Carmel, à l'ouest du quartier de Robien, est toujours en friche. 

Les champs n'ont jamais été viabilisés par la société Prima Opéra, de la Côte-d'Azur. Celle-ci avait annoncé la réalisation de cinquante maisons de ville en 1988, qui sont restées à l'état de plans dans le fond d'un carton à dessins.

Le promoteur de Plérin, BC Partner's, vient de reprendre la maîtrise du site et va présenter un projet d'une centaine de logements qui se répartiront entre immeubles collectifs et maisons de ville. 

« La commercialisation ciblera le marché de l'accession à la propriété et celui des investisseurs. Ce qui permettra d'avoir des logements occupés indifféremment par des propriétaires ou des locataires », souligne Gilles Cadoudal, PDG de la société immobilière.

Le calendrier de l'opération est déjà fixé. Dépôt du permis de construire en mars 2005, début des travaux en octobre 2005 et livraison des logements, dix-huit mois plus tard".

 

Le projet de lotissement de 1995. Archives municipales


 

Ainsi va l'action municipale, des projets naissent puis restent dans des cartons, d'autres se réalisent alors que l'on n'y pensait plus...

Et on se plait à refaire l'histoire : 

Et si le Tertre Marie-Dondaine avait été urbanisé dans les années 70, il n'y aurait pas de moutons aujourd'hui !

Et si la Résidence des Forges avait apporté 400 logements de plus, des commerces en auraient profité.

Et si on avait fait la Place de Robien, les habitants auraient pu s'y retrouver pour des fêtes.

Avec des si, on aurait même pu mettre Robien en bouteille !


 

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