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mardi 4 juillet 2023

Le lotissement des Forges-et-Laminoirs, boulevard Carnot à Saint-Brieuc. 1939

  

 

1939 Maison des Forges-et-Laminoirs


 

La politique de logement aux Forges-et-Laminoirs

Dès 1921, des logements sont construits par la direction pour les ouvriers des Forges (Archives départementales 109J14).

A la fin de l’année 1938, un document fait état du projet de logements des Forges-et-Laminoirs :

« La société des Forges-et-Laminoirs de Bretagne a entrepris la réalisation d’un programme de maisons ouvrières dans le but de lutter contre les taudis et de loger ses ouvriers dans de meilleures conditions d’hygiène.

La société des Forges-et-Laminoirs de Bretagne accordera à ses ouvriers la jouissance de ces maisons, moyennant une indemnité mensuelle variant de 20 à 60 francs par temps de présence et pour les charges de famille des ouvriers, aucune retenue n’est ponctionnée sur les salaires.
La première tranche de 6 maisons a été réalisée par ses propres moyens de financement. Une prochaine tranche de 12 maisons doit voir le jour.
 »

Archives départementales. 109 J 35

 

Un nouveau lotissement en 1939

Le 24 novembre 1939, la Société des Forges-et-Laminoirs de Bretagne et du Bourget, sollicite l’autorisation de construire une série de dix maisons ouvrières.

 


 

C’est l’entreprise de M. Yvon Scotta, successeur de l’entreprise Zocchetti, qui est chargée de ce chantier sur des terrains du boulevard Carnot, tout près de la maréchalerie de l’usine.

 



Plan d'ensemble du lotissement. Archives municipales

 

La photographie aérienne ci-dessous permet de se repérer dans le quartier de Robien après-guerre. On a :

Les bâtiments des Forges-et-Laminoirs (détruits et remplacés de nos jours par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie)

Les 10 maisons dont les premières de chaque rangée sont mentionnées avec le signe *

Les maisons des contremaitres, avec celles qui bordent la rue Luzel, en haut de la photo, et les trois autres sur le bord de ce qui est de nos jours le boulevard Vauban (pas encore tracé après-guerre)

 

Photo aérienne 1947. Archives municipales

 

Les plans du lotissement sont déposés, visés par le Directeur des travaux de la Ville et le permis de construire est accordé par la Mairie de Saint-Brieuc.

 

Plan. Archives départementales

 


Les dix maisons sont de taille modeste, sans étage, elles possèdent un petit sellier et des toilettes à l’intérieur.

 

Plan d'une maison du lotissement. Archives départementales


 

 

Les Forges-et-Laminoirs n'en sont pas à leur première construction, cette entreprise a fait construire dans le quartier de Robien, immédiatement avant-guerre, une centaine de logements ouvriers avec de petits jardins.

 

Qui y habitait ?

Dans la population du boulevard Carnot en 1936 (Recensement 1936 Vue 60), on trouve de nombreux ouvriers des Forges : au numéro 49, Marcel Gallouet, employé de bureau et Gabriel Devigne, fondeur. Au numéro 51, Alphonse Burniaux, forgeron; Roger Fürhrmann, lamineur; Pierre Sauzéat, manœuvre ; Lucien Sauzéat, fils, tourneur. Au numéro 53, David Peyre, électricien ;  Au numéro 55, Ernest Rass, contremaitre ; Au numéro 57, Jean Toqué, gardien.

Du « côté pair », on a onze travailleurs logeant à la même adresse, plusieurs sont venus de l'étranger : Paul Corack, manœuvre ; Albert Cosson, lamineur ; Léon Lucas, manœuvre ; Georges Trautmann (né dans la Sarre), manœuvre ; Oscar Lecoq, rattrappeur ; Ali Hamed Ben Barech (né au Maroc), manœuvre ; Hamed Ben Barech (né au Maroc), manœuvre ; Jean Odintzeff (né à Parlossk en Russie) ; Stephan Belak (né à Voyka) ; Casimir Gorniack (né en Pologne) ; Maurice Hachemis (né à Alger). 

Rue Luzel, on a aussi Nicolas Soroka, lamineur, né en 1905 en Pologne ; Ernest Maday, lamineur, né en 1915 en Hongrie, Louis Jaran, monteur électricien, né en 1885 en Suisse.  

En 1931, de nombreux travailleurs des pays de l'Est de l'Europe apparaissent également dans le recensement du boulevard Carnot où ils travaillent tous aux Forges-et-Laminoirs. Les approximations et erreurs de transcription de l'agent recenseur doivent être nombreuses mais cette liste est néanmoins intéressante : Ahmed Barech, 1894, Marocain ;  Ben Ali Barech, 1892 à Sousse, Marocain (ou Tunisien puisque Sousse est en Tunisie) ; Oscar Amed, 1898, Maratuil ; Oscar Lecoq, né en 1894 à Louvryl (ou Louvroil, une ville du Nord avec une forte tradition dans la sidérurgie), Belge ; Vincent Gorniack, 1888, Octelle, Polonais ; André Kadéralec, 1898, Mochow, Tchécoslovaque ; Stanislas Kerskinsky (ou Krzesinski ?), 1905, Uzorziju, Russe ; Antoine Moraviak, 1894, Konzyan, Polonais ; Jean  Odintzeff (ou Medintzeff ?), 1898, Parlossk, Russe ; Michel Palavoyky, 1890, Kortj, Polonais ; Jean Stanoviski, 1894, Michalof, Polonais ; Vincent Szalasky, 1900, Michadou, Polonais ; Georges Simonoff, 1898, Odessa, Russe.

Alors, et ce n’est encore qu’une interrogation, trouvait-on certains de ces travailleurs dans les maisons ouvrières construites sur le terrain des Forges ?

 

Sur la photo aérienne ci-dessous, en bas à gauche, on aperçoit les petites maisons du lotissement des Forges-et-Laminoirs.

 

Photo aérienne. Fonds Henrard. Archives départementales.

 

La vie dans ce petit lotissement

On sait peu de choses sur la vie dans cette petite cité. Le 20 décembre 1948, le conseil d’administration de la Société de Secours Mutuel des Forges-et- Laminoirs se réunit, plusieurs habitants du quartier de Robien en sont membres : président, François Urvoy, 52 rue Luzel ; vice-président Julien Bommersbach, 52 rue Béziers Lafosse ; Roger Bernard 13 rue Emile Zola. Dans le compte-rendu, on peut lire que la réunion s’est tenue « à la baraque des polonais ».

Sachant qu’il y avait des polonais et russes dans les travailleurs cité plus haut, est-ce que c’était une manière de désigner ce petit ensemble de maisons ?

 

Années 40. Le lotissement est sur la gauche de l'image.



 

La disparition de ce lotissement

De nos jours il ne reste aucune trace de ces dix maisons. Il est difficile de déterminer exactement en quelle année elles ont été détruites. Par contre on sait qu'à proximité, la destruction de certains bâtiments comme les bureaux, les vestiaires, les magasins, les armatures, une partie du parc matières premières, était déjà achevée en 1974.

On peut se faire une idée du type de maison ouvrière de cette époque en observant ici et là, dans le quartier de Robien, celles qui sont encore habitées de nos jours.

 

Maison ouvrière rue François Merlet, quartier de Robien

 
Maison ouvrière rue François Merlet, quartier de Robien



Le parc immobilier des Forges-et-Laminoirs

 

Le 17 septembre 1956, dans un document, la société des Forges-et-Laminoirs de Bretagne fait le point sur sa politique de logement.

« Les logements ont été construits pour fixer une main d’œuvre, en l’occurrence 300 ouvriers. En 1956, 90 ouvriers et employés sont logés par la société. Lors d’un décès, la famille reste dans le logement ».

Au total, en plus des maisons éparpillées dans le quartier de Robien, trois cités ont été construites : une cité de 10 maisons avec jardin, une cité de 5 maisons avec jardin et la cité Maréchalerie de 10 maisons de 3  pièces avec jardin.

 

Petit à petit, au fil du temps, ces maisons seront louées ou vendues à des personnes n'ayant plus aucun rapport avec l'entreprise. Le lotissement de 10 maisons sur le site de l'usine sera détruit.

 

 

 

D'autres articles dans ce blog évoquent les petits lotissements ouvriers de Robien

 


 

 

 

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Sources

 

Dossier 2 T 53 Archives départementales, le même dossier est également aux archives municipales (numéro 1079)

 

Photo aérienne, agrandissement d'une photo de 1947 des Archives municipales, référence 6 Fi 4282

 

 

 

 


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