samedi 10 avril 2021

Les maisons en bandes à Robien, quartier sud de Saint-Brieuc

 

L'urbanisation du quartier de Robien, dans la partie sud de Saint-Brieuc, se traduit par le développement de lotissements de types « maisons en bandes ».


DES MAISONS EN ENFILADE
 
Ces ensembles de maisons en enfilade montrent une continuité dans les toitures et les décors.
Ces maisons à bandes proviennent généralement de programme de lotissement de maisons de villes.
 

Boulevard Hoche Saint-Brieuc. Photo RF




DES MAISONS MITOYENNES
 
En milieu urbain, ce type de construction est adopté car l’espace manque. La maison individuelle, séparée de plusieurs mètres de ses voisins ne peut être la règle. Les maisons en bandes sont toutes mitoyennes. Avec les maisons en bandes on obtient une plus grande densité de population.
Ces « bandes » peuvent être imposantes, de plusieurs étages, richement ornées et habitées par des familles aisées. Elles peuvent être aussi très simples quand ce sont des familles populaires à qui les constructeurs les destinent.

Rue Jean Jaurès Saint-Brieuc. Photo RF



Dans le quartier de Robien, l’architecture est souvent constituée de façades de pierres à bâtir en granit ou enduites. Les décors allient brique et granit et avec une référence plus ouvrière. Les briques portent la marque de la briqueterie Le Dû qui se trouvait au début de la rue Abbé Garnier. L'entreprise fournissait les chantiers du quartier et de tout Saint-Brieuc.

 



DES EXEMPLES RUE DE ROBIEN et BOULEVARD HOCHE

On trouve de beaux exemples de maisons en bandes dans la rue de Robien ou dans le boulevard Hoche. Des lignes élégantes constituées de briques ou de carreaux aux motifs géométriques soulignent parfois la marque du premier étage. On le voit très nettement sur les maisons des 14 et 22 de la rue de Robien.

Rue de Robien, St Brieuc décors géométriques. Photo RF


A l'arrière, ces maisons possèdent de petits jardins agréables, tout en longueur.
Rue Guébriant, les maisons en bandes ont la particularité de présenter des portes d'entrées qu'il faut franchir après avoir monté plusieurs marches.

Jardins à l'arrière de la rue Guébriant. St Brieuc. Photo RF


Boulevard Hoche, certaines portes d'entrées sont jumelles.

Portes jumelles 56 et 58 boulevard Hoche. St Brieuc. Photo RF


 
Dans une partie du haut de la rue Luzel, on peut aussi voir des maisons en bandes.
 

Rue Luzel à St Brieuc. Photo RF





LA RUE DE ROBIEN N'EST PAS LA RUE JEAN JAURÈS

 
Vous êtes-vous demandés pourquoi les maisons en bandes se trouvaient au début de la rue de Robien mais pas dans la rue Jean Jaurès  qui est dans le prolongement?
La réponse est simple, c'est la rue de Robien qui a été habitée en premier.  On trouve par exemple le nom de "Chemin de Robien" sur un plan de 1892, puis le nom de "rue de Robien" sur un plan de 1902. La proximité de la voie ferrée a joué un rôle important dans le développement de cette rue.

La rue Jean Jaurès n'a été crée que plus tard, au début des années 30. A cette époque est lancé un vaste programme de lotissement s'adressant à d'autres catégories de population que les ouvriers. C'est la raison pour laquelle plus on s'éloigne vers la sortie de Robien, plus on voit de maisons individuelles.


 

LES MAISONS EN BANDES DANS LES AUTRES QUARTIERS 

Il est intéressant de constater que dans le quartier St Michel à Saint-Brieuc, par exemple, on retrouve cette conception des maisons en bandes dont les façades sont généralement enduites avec décors de granit. Mais on retrouve également dans certaines rues typiques par leur homogénéité de belles maisons en bandes en briques.

 

 

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Racontez-nous votre maison

Si vous habitez "une maison en bandes" à Robien, racontez-nous son histoire :

connaissez-vous les dates de construction, l’architecte ? Avez-vous des plans ? Connaissez-vous les propriétaires successifs ? Est que vous avez grandi dans cette maison ? S’est-il passé des événements importants dans cette maison ? Est-ce qu’il y a eu autrefois un commerce à la place ou au rez-de-chaussée de cette maison ? Comment vivez-vous la mitoyenneté des maisons, des jardins ? Etes-vous satisfaits ou non de votre habitation et pour quelles raisons (éléments de caractère patrimonial, matériaux, jardin, superficie, proximité de commerces et services, logement adaptée aux familles ou autre, économe en énergie) ?



Sources
 
« Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine. AVAP » Document de Saint-Brieuc Agglomération (dossier Pdf en ligne)

Archives municipales et départementales.

Archives des journaux du CAR depuis juin 1984.Saint-Brieuc.

Étude de géographie urbaine. R. Huon 1946.

Avec les contributions de Didier Le Buhan, Michel Le Borgne, Xavier Pageot, Mary Simon, Guillaume Agouf...
 
 

 

dimanche 4 avril 2021

Jean Le Bigot, Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc 1960

 


 

 

Jean Robert Le Bigot est né à Saint-Brieuc le 5 mai 1915, il habitant rue Lesage à Saint-Brieuc, s'est marié en 1943 avec Françoise Coutret et il est décédé le 11 novembre 2003 à Saint-Brieuc.

Jean Le Bigot était connu dans sa ville natale comme négociant en grains, rue Jules Ferry, dans le quartier de Robien. Il travaillait avec Jacques, son frère et avait pris la succession de l'entreprise familiale en 1956. Peu après cette date, il a assuré une fonction diplomatique que beaucoup de gens ignorent.

 

Jean Le Bigot,  a pris ses fonctions de Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc, par décret du Ministère des Affaires étrangères, le 23 février 1960.  

 

 


 

Les raisons de l’attribution de cette fonction diplomatique à M. Le Bigot

 

Les critères qui président au choix d'un vice-consul sont le statut social des intéressés, la connaissance qu'ils ont du pays dont ils assurent la représentation et le réseau de relations dont ils disposent.

Il faut aussi savoir qu’un Vice-consul ne bénéficie ni d’un budget ni d’une rémunération. Par contre, il obtiendra la totalité du remboursement de ses dépenses administratives, avec les justificatifs, mais cela oblige l’intéressé à faire l'avance des frais.

Tenant compte de ces critères, M. Le Bigot, par la présence de son établissement au port du Légué, est très bien placé pour être en contact avec de nombreux marins danois. On voit d’ailleurs que dans les différents rapports annuels, envoyés par M. Le Bigot à l’Ambassadeur du Danemark, figure un état détaillé de tous les navires danois ayant accosté dans les ports du Légué, de Dahouet, de Tréguier et de Paimpol.

Les mouvements sont importants, ainsi on note par exemple que pour l’année 1963, 19 navires danois ont touché le Port du Légué.

 


 

Des renseignements doivent être fournis sur les importations et les exportations. C’est un domaine qu’il connaît très bien. Plus occasionnellement,  M. Le Bigot se charge de régler différentes formalités pour des marins. Ainsi M. Le Bigot s’occupe de prendre des billets de train pour deux marins, Palle Petersen et Erik Sorensen en juin 1967. Cet exemple illustre bien la contrainte imposée au Vice-consul qui doit engager des frais pour se faire rembourser plus tard.

Par ailleurs, le réseau relationnel de Jean Le Bigot est très étendu sur Saint-Brieuc et au-delà car il est issu d’une vieille famille briochine. Ajoutons enfin que son expérience du commerce européen fait de lui une personne tout à fait à même d’exercer une telle fonction.

Ajoutons enfin que St Brieuc est rattaché au Consulat de Nantes avec à sa tête Henry Villandre, une vieille connaissance de la famille Le Bigot. 

 

Extrait d'un courrier adressé le 11 avril 1960 par Henry Villandre à Jean Le Bigot

"Permettez moi, Monsieur le Vice-consul, de vous dire tout le plaisir que j'ai eu d'apprendre votre nomination... Votre nom me rappelle une famille, et singulièrement Madame Le Bigot, votre grand-mère ainsi que Monsieur René Le Bigot, dont j'ai gardé de très fidèles et vivants souvenirs".

 


 

 

Les taches du Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc

 

Le Vice-consul est chargé de s’occuper des ressortissants danois fixés en France ou ayant quitté le territoire français dans son secteur géographique, mais il faut avouer que ce dernier cas est très rare. Pour honorer sa tache, il fait le lien entre les services de la Préfecture et le Consul du Danemark en France.

 


 

 

M. Le Bigot intervient ainsi en novembre 1964 pour un marin danois accidenté sur un bateau chargé de charbon, le « Scantic ». Bent Nymann est hospitalisé à Saint-Brieuc et c'est à Jean Le Bigot qu'il revient d'assurer son rapatriement en train vers le Danemark.

On peut aussi demander à M. Le Bigot de recueillir les votes, lors des élections danoises, au Vice-Consulat de Saint-Brieuc, comme cela s’est passé en novembre 1966.

 

M Le Bigot est dans le groupe organisateur chargé de recevoir une délégation venue avec l’équipe de boxe amateur danoise. M Le Bigot est à l’accueil des Danois à 23h30 en gare de Saint-Brieuc et en fait le compte-rendu au Consul : « Les organisateurs avaient tenu à ce qu’une aubade, d’un groupe folklorique composé de quelques binious, bombardes et d’une Bretonne en costume régional, fut donnée lorsque les Danois mirent pied à terre à la gare de Saint-Brieuc. ». M Le Bigot offre ensuite le Champagne aux cadres de la délégation dans le hall de l’hôtel qui leur est réservé. Un toast est porté au Roi et à la Reine, et à la prospérité du peuple Danois. La soirée n’est pas terminée pour M Le Bigot qui doit se rendre à Guingamp car le directeur de l’équipe danoise a laissé sa caméra dans le train !

Le 5 avril 1964, se déroule le match international de boxe France-Danemark, à la salle de Robien, auquel assiste en particulier le chef du cabinet du Ministre des Sports Herzog. 

Les boxeurs danois ne remportèrent que deux combats sur dix mais l'ambiance était assurée dans la salle de Robien !

 

1964. Rencontre de boxe France-Danemark à St Brieuc

 

 

Pour parfaire sa connaissance du pays, M Le Bigot reçoit régulièrement des revues sur l’état politique, économique et social du Danemark. Il est mis au courant de la composition des  gouvernements, des émissions de monnaies commémoratives et même des conditions de voyages au Groënland ! 

Les évènements liés à la famille royale sont également très suivis par le corps diplomatique. Il faut dire que les liens entre les deux pays sont très étroits avec le mariage, le 10 juin 1967, du Comte Henri de Laborde de Monpezat avec la Princesse héritière Margrethe du Danemark (Reine du Danemark à partir du 14 janvier 1972).

 


Certains moments de la vie d’un Vice-consul ne sont pas du tout déplaisants comme cette invitation à se rendre à la Réunions des agents consulaires à Copenhague en juin 1964.
Le programme est le suivant :

Dimanche 14 juin, réception à l’Hôtel de Ville de Copenhague ;

Lundi 15 juin, conférence, déjeuner, conférence, banquet offert par le gouvernement ;

Mardi 16 juin, exposé sur l’agriculture et film, visite d’entreprises et « pour les femmes » visites de la Manufacture royale de Porcelaines ; déjeuner offert par les brasseries Carlsberg, Tuborg… Soirée donnée par Leurs Majestés le Roi et la Reine au château de Christiansborg ;

Mercredi 17 juin, excursion dans l’île de Seeland, visite d’exploitations agricoles, et « pour les dames » visite du château de Kronborg. Au retour présentation des dernières créations des fourreurs danois ;


Jeudi 18 juin : conférence sur la culture danoise, film, déjeuner offert au Palace hôtel, « pour les dames » un défilé de mannequins l’après-midi.

 

Précisons que M et Mme Le Bigot se sont rendus au Danemark en bénéficiant des services de l'entreprise de voyage Flageul.

 

 

1967. Documents pour le voyage au Danemark de M et Mme Le Bigot. Fonds Le Bigot

 

 

 

Documents 

 

1960. Document officiel de la nomination de Jean Le Bigot comme Vice-consul. Fonds Le Bigot

 

1963. État des navires ayant accosté au port du Légué. Document envoyé au Consulat du Danemark

 

1967. Courrier de Jean Le Bigot adressé à l'Ambassade du Danemark à Paris.

 

Si vous avez des remarques, des documents ou des témoignages sur l'entreprise Le Bigot et Jean Le Bigot, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.


 

 

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A lire sur ce blog

L'entreprise Le Bigot, 1894-1959, cliquer ici

L'entreprise Le Bigot, 1960-1980, cliquer ici

 

Sources

 

Fonds Le Bigot. Dossier 18 Z 465. Archives municipales.


 


 

 

 

 

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