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mardi 20 juin 2023

L’histoire de 100 ans de boxe dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, le Sporting-Club Briochin.

 

 

Le quartier de Robien, berceau de la boxe à Saint-Brieuc. 1900-1920

 

Cette tradition de la boxe à Robien ne remonte ni aux années 60, ni aux années 30 à la création du club de boxe, mais il y a encore plus longtemps, comme on peut le lire en 1957 dans un article de Ouest-France puis en 1972 dans le numéro 26 de la revue municipale Le Griffon
 
 
 
Léon et Alphonse Pierron
 
On  y apprend qu’un certain Léon Pierron, installé à Saint-Brieuc en novembre 1892, organisait déjà des rencontres de boxe au début du XXème siècle. Au départ elles se passaient  en ville dans son magasin de la rue des Bouchers, puis il transféra son entreprise boulevard Carnot dans le quartier de Robien. Son fils, Alphonse Pierron, devint un champion de boxe pendant la Guerre 14-18 et un entraineur de boxeurs. 
 
« Une première exhibition eut lieu en juin 1921 dans la cour des établissements Buvat, rue Jules Ferry, avec Frank Le Guen, Le Dortz et les frères Camard. » 
 
L'incroyable photographie ci-dessous a été prise par la photographe Jules Hamonet en juin 1921. On y voit, au centre, les frères Camard qui posent sous l'oeil des juges, parmi lesquels Paul Rouxel au centre et Alphonse Pierron, tout à fait à droite avec son canotier.

 
Combat de juin 1921. Photo Jules Hamonet, publiée dans Ouest-France en 1957

 
Cette photo figurait dans un article de Ouest-France du 19 décembre 1957 consacré à l'histoire de la boxe (ci-dessous).
 

 

On en sait un peu plus sur Léon Pierron, ce passionné de boxe qui était aussi à la tête d'une entreprise de transports et déménagements. Il la fonda en 1900, et l'installa au 11 boulevard Carnot. L'entreprise sera rachetée plus tard,en 1930, par Yves Le Bail.

Léon Alfred Pierron est né le 30 mai 1862 à St Aubin du Cormier. Dans sa vie il va avoir une carrière militaire avant de créer son entreprise à Saint-Brieuc. Il meurt en août 1917 à St Brieuc. Son fils Alphonse Pierron est né le 15 janvier 1896 à Saint Brieuc, il se marie le 4 octobre 1919 à Dinard (Saint-Enogat) avec Yvonne Hamon et décèdera le 14 décembre 1980 à Saint-Brieuc. C'est lui qui deviendra un champion de boxe. 

Au début de la guerre 14-18, il est déjà dans l'entreprise familiale et inscrit sur son livret militaire comme "entrepreneur de graissage et employé de transport, domicilié boulevard Carnot". A 19 ans, il est incorporé dans l'artillerie (11 avril 1915) et après avoir eu des problèmes de santé, il sera réformé à la fin de l'année 1918. 

Alphonse Pierron retrouve la vie civile et reprend l'entreprise familiale de transport. Il continue par la suite d'avoir une activité dans le domaine de la boxe mais comme entraineur et organisateur de combats comme on le verra à travers des articles de presse des années 20 et 30.

 

Léon Pierron en 1893. Photo famille Pierron

 

La première compétition de boxe à Robien. Juin 1921


Dans un article de Ouest-Eclair, intitulé "Les concours de la fête de Robien", daté du 15 juin 1921, on apprend qu'Alphonse Pierron, accompagné de M. Etesse ont proposé quatre combats de boxe aux habitants de Robien lors d'une fête où de nombreux concours étaient organisés dans diverses disciplines comme le tir, le palet, "les courses pédestres" ou "les courses de bicyclettes".

En ce qui concerne la boxe, le ring avait été installé dans la cour des Établissements Nicolas, rue Jules Ferry. 

L'article publié dans La Dépêche de Brest, également le 15 juin, précise que 600 personnes se trouvaient réunies pour assister aux combats de boxe :

"Les organisateurs MM. Pierron et Etesse sont vraiment à louer de l'essai qu'ils ont tenté lors de leur petite fête, de classer dans les attractions locales le beau sport qu'est la boxe anglaise. Sur un ring parfaitement installé dans la grande cour des établissements Nicolas et devant une assistance nombreuse et choisie, quatre combats du genre se sont sévèrements disputés."

 

Sur la gauche de la photo, la cour des Établissements Nicolas, rue Jules Ferry.


Ce jour-là ont combattu Callennec et Hélard (deux novices), Person, Lemée, Laurent, Levillain, Le Dortz et le fameux Camard (champion de Bretagne). L'arbitre officiel de la Fédération Française de Boxe est M. Corouge.

La conclusion de l'article est prometteuse : "En un mot, ce fut bien, et la première représentation laisse bien augurer de l'avenir de la boxe à Saint-Brieuc".

 

Boxe à Robien Ouest-Eclair 17 juin 1921

 

On avait vu que des combats se déroulaient rue Jules Ferry avec un certain Le Dortz. En juillet 1921, on reparle de Le Dortz dans une rencontre amateur entre boxeurs de Rennes et de Saint-Brieuc.

 

Boxe à St Brieuc. 4 juillet 1921. Ouest-Eclair


La boxe au patronage avec l'abbé du Mesnil
 
L'abbé du Mesnil

 
L’histoire de la boxe à Robien se poursuit en 1923 au moment où l’abbé du Mesnil est nommé vicaire de la paroisse Sainte-Anne-de-Robien. L’abbé est  très actif dans la patronage et voit dans la boxe un sport qu’il ne faut pas du tout négliger : Les cheminots qui peuplaient en majorité ce quartier étaient des hommes rudes qui ne rechignaient pas au coup de poing. L’abbé s’employa à maitriser et à discipliner leur force. Si ces gaillards voulaient s’affronter, qu’ils le fassent sportivement et dans les règles. C’est ainsi que naquit l’A.S.C.R (Association Sportive du Cercle de Robien) qui deviendra La Vaillante
 
Il fait s'entrainer les premiers boxeurs en plein air puis s'occupe de faire construire la première salle de patronage en 1923 où les boxeurs seront à l'abri. Jusqu'en 1926, date de son départ de la paroisse de Robien, il portera une attention constante à la boxe.
 

Ci-dessous, la section boxe de La Vaillante à ses débuts, avec en bas à droite le photographe de Saint-Brieuc André Lecker, né en 1908.

 
 
Photo François Thomas. St Brieuc de ma jeunesse. Editions Le Télégramme.

 
 

C’était l’époque glorieuse où tout combat digne de ce nom se terminait par un K.O. Une victoire aux points laissait le public sur sa faim. Les réunions pugilistiques de Robien permirent donc à quelques boxeurs de glaner un titre de gloire qui n’était pas usurpé.

Les anciens se souviennent du redoutable Jean Castel, surnommé « Le Roi du K.O », qui fut champion de Bretagne 1925, 1930-1931, finaliste du Championnat de l’Ouest, sélectionné olympique.

Castel et ses compères Le Mouëllic et autres Le Berre attirèrent jusqu’à 400 spectateurs dans cette modeste salle de patronage.
 
Devant tant de succès de la part des boxeurs formés au patronage, on n'imagine pas qu'ils avaient été habitués à tendre l'autre joue ! 
 
 
Illustration années 30. Ouest-Eclair


Un autre document raconte les débuts de la boxe à Robien. Et c’est le curé de Sainte-Anne-de-Robien qui dit tout le bien qu’il pense de ce sport et rappelle dans son bulletin de la paroisse, du 12 octobre 1924, tout ce qui a été entrepris par l’abbé du Mesnil depuis 1923 : 

« Dès son arrivée à Sainte-Anne, (il) s’est mis résolument à l’œuvre pour procurer aux jeunes gens les honnêtes distractions dont ils étaient avides, et surtout leur inculquer les principes qui font les citoyens intègres et les chrétiens vertueux. Tour à tour, le petit appartement attenant au presbytère, et destiné primitivement aux leçons de catéchisme, devient une salle de conférences avec projections, un cercle d’études, une classe de musique, un cours de préparation militaire et un ring où nos jeunes athlètes s’entrainent, plusieurs fois par semaine, à la boxe. Ce dernier sport, je le sais, n’a pas encore rallié tous les suffrages : pourtant tous ceux qui sont épris de culture physique affirment qu’il est, avec le football, l’un des meilleurs moyens de développer non seulement les forces musculaires, mais encore l’esprit de décision et l’énergie de la volonté. ».

En décembre 1924, dans un gala de boxe (et d'escrime) à Saint-Brieuc, Le Mouëllic et Kiki Schumacher font match nul : "Nous devons féliciter Le Mouëllic qui, pour un  premier combat en public avec un adversaire déjà classé, a boxé avec un courage et un sang-froid admirables."(Ouest-Eclair 9 décembre 1924)

 


Les années 1925-1926

 

Le 12 février 1925 se disputent les championnats de boxe amateurs du département des Côtes-du-Nord. La réunion se déroule dans la salle du Cercle Sportif de Robien. Le journal La Dépêche de Brest précise que "la réunion étant strictement privée, seules les personnes munies de cartes d'invitation seront admises à pénétrer dans la salle".

Boxe à Robien, 12 février 1925.

 

Après de brillants succès aux championnats de Bretagne du 11 avril, l'Association Sportive de Robien organise, dans la salle de l’avenue de Robien, un grand gala de boxe le 16 mai 1925, une association « trop sportive et trop vivante pour se confiner dans ses lauriers » comme le souligne Ouest-Eclair.
Le journal tient à remercier et à féliciter « M. Pierron, président de l’Association Sportive de Robien et M. l’abbé Du Mesnil, directeur, qui se dépensent sans compter pour l’éducation physique de la jeunesse. C’est grâce à leur activité et à leur initiative que nos jeunes pugilistes se sont entrainés avec assiduité et ont pris goût aux dures exigences du sport". 

Boxe à Robien 1925 Ouest-Eclair

 

Au programme sept combats, avec trois champions de Bretagne et plusieurs autres boxeurs de classe, à noter en particulier : Le Mouellic (le kid Briochin, champion de Bretagne 1925) contre Kiki Schumacher, du Mans ; Pélisson, champion de Bretagne poids plume contre Hascouët, de la Brestoise ; Castel, Champion de Bretagne contre Canetti, de la marine ; Migaud, l’as des welters du Mans contre Payot, sélectionné aux Jeux olympiques.

Le dimanche 12 juillet 1925, plusieurs boxeurs de l’Association Sportive de Robien participent à une fête à Dinan qui va mêler exhibition de culture physique et boxe anglaise. On retrouve Castel qui vient de battre Canetti à Robien, Pélisson et Le Mouellic. (19 juin 1925 Ouest-Eclair)


En février 1926,  le championnat de boxe des Côtes-du-Nord se déroule dans la salle de l’avenue de Robien, sous la présidence du capitaine Harand.
Le Mouellic surclasse F. Durrieu, champion de Constantine 1925 et champion des Côtes-du-Nord 1926. J. Castel bat Georges Mallet et devient champion des Côtes-du-Nord.
J. Castel et R. Le Mouellic poursuivent la soirée en donnant une exhibition de boxe et les spectateurs assistent ensuite à la projection du film Carpentier-Siki.  L’Ouest-Eclair adresse en fin d’article un message d’encouragement : « Aux jeunes athlètes de Robien, nos félicitations sincères, leur souhaitant une grande assiduité au travail de culture physique qui leur permettra de se tenir en bonne place dans les différentes épreuves sportives de boxe et d’athlétisme ». (18 février 1926)





Le 27 mars 1926,  on monte d’un cran avec le championnat de boxe de Bretagne à Robien. En poids-mouche, trois jeunes de Saint-Brieuc combattent : Flageul, Lassale et Beau. En poids-plume, Le Mouellic « le jeune battant briochin » et Mallet, de Robien, dont c’est le premier combat. Jean Castel affronte André Brussel, vainqueur du grand prix de Paris amateur, sélectionné pour France-Allemagne.
La séance est agrémentée d’exhibitions de lutte libre et gréco-romaine. Un magnifique challenge de bronze est offert par les grands magasins Paris-France au meilleur club.



 

 Jean Castel
poids-léger, 
surnommé « Le Roi du K.O », 
à l'Association Sportive de Robien jusqu'en 1930
champion des Côtes-du-Nord 1926-1927,
 champion de Bretagne 1925-1926, 1930-1931,
 finaliste du Championnat de l’Ouest, 
sélectionné olympique.
 
 

Les années 30, Alphonse Pierron et la création d'une section de boxe au Stade Briochin.

 

On ne sait pas avec précision jusqu'à quelle époque les boxeurs ont continué de s'entrainer au sein du patronage paroissial de Robien.

Mais les boxeurs, entrainés par Alphonse Pierron, rejoignent le Stade Briochin en 1930

Ouest-Eclair du 30 janvier 1930 évoque cette affiliation dans un article : "Le Comité directeur du Stade Briochin vient de donner une nouvelle preuve de son activité par la création d'une section boxe.
Cette section fonctionne déjà depuis trois semaines sous la direction éclairée de M. Pierron, le sportif bien connu des Briochins, qui il y a quelques années, grâce à un entrainement méthodique des athlètes, parvint à former plusieurs champions.

 

On se souvient des soirées passionnantes, où tout Saint-Brieuc se pressait à Robien pour acclamer nos boxeurs locaux : les Moreaux, Fitger, Pélisson, Le Goff, Rolland, Castel, Mouëllic, Le Dortz, Lassale, Camard.

"Dès maintenant, en vue des championnats de Bretagne 1930, les boxeurs Castel Jean, champion de Bretagne 1925-1926 (poids légers); Mouëllic, Rogatien, champion de Bretagne 1925-1926 (poids coqs)... ont repris l'entrainement le dimanche matin au Stade Municipal".

 

Ouest-Eclair du 23 juillet 1930 reparle des poulains d'Alphonse Pierron à l'occasion d'une réunion de boxe qui doit se tenir à Mordelles (35) avec différents champions : "Pour qui connait la valeur des pugilistes qui s'entrainent, au Stade Briochin, sous l'énergique direction du professeur Alphonse Pierron, et les succès remportés dans le passé et encore tout dernièrement par les athlètes de cette section, il est évident que la lutte sera chaude". 

 

L'article mentionne également les belles victoires des briochins qui remportèrent cinq victoires sur cinq matchs lors d'une récente soirée organisée à St Brieuc : "Ce soir-là, Raymond Le Bert triompha de Chatelain, du Mans, très facilement". On apprend aussi que le champion du monde 1923 Eugène Criqui (appelé "mâchoire de fer") participait à cette soirée ! La présence de cette légende de la boxe permettait à elle seule de remplir la salle car tout le monde dans les années 30 connaissait et admirait le destin extraordinaire de ce boxeur.

Lors du gala de Mordelles au mois d'août, Le Bert de Saint-Brieuc rencontre le briochin Le Mouellic qu'il bat aux points. Un autre briochin, le jeune Denis, gagne son combat contre Charles Boyer de Brest.

Roger Le Bert 2 août 1930 Ouest-Eclair

 

La section de boxe du Stade Briochin va continuer pendant de nombreuses années à faire vivre cette discipline mais déjà une nouvelle page est en train de s'écrire...

 

 

 

Les années 30, la création du Boxing-Club Briochin et du Sporting-Club Briochin (S.C.B) en 1935.

 

Des boxeurs finissent, semble-t-il, par quitter le Stade Briochin pour fonder leur propre club et prennent ainsi leur indépendance.

Pendant l’été 1933, le Boxing-Club Malouin est créé et il a pour entraineur Monsieur Le Bert. Le samedi 9 décembre la séance d’ouverture du club a lieu dans la salle Cherdel, boulevard de la République. Plusieurs membres du Boxing-Club Briochin viennent s’adjoindre aux malouins.

En juin 1934, au petit casino de Dinard, un gala est organisé avec le concours des clubs de boxe de Saint-Malo, St Brieuc et Laval.


Boxe 30 juin 1934. Ouest-Eclair

Le 10 juin 1934, le Boxing-club Briochin (avec Alphonse Thomas, champion de Bretagne 1934) affronte le Boxing-Club Malouin. 


1935. Photo d'un combat de boxe en plein-air, à côté de Rennes.

 

Le 2 mars 1935, c'est le  championnat de l’Ouest, organisés par le journal Ouest-Eclair et plusieurs boxeurs de Saint-Brieuc y participent.

En Poids plumes, Larchevêque (Elbeuf) bat aux points Pinel Marcel, finaliste du championnat de Bretagne 1935 (St Brieuc)

« Ce fut un combat mené à une allure endiablée, les deux antagonistes ne se ménageant pas. Les trois rounds ne furet qu’une longue et violente bagarre qui souleva les applaudissements »

 

En Poids moyen, Csukay (de St Nazaire) bat par abandon au premier round Piel Albert, champion de Bretagne 1935 (St Brieuc)

« Csukay se montre d’entrée supérieur et son adversaire débordé abandonne au début du deuxième round »

 

1935, 2 mars Ouest-Eclair

 

La date officielle de création du club du Sporting-Club Briochin est le 22 novembre 1935 et la date de publication suit juste après, le 6 décembre 1935. C’est Le Bert, l’ancien entraineur du club de boxe de Saint-Malo qui est à l’origine de la création du club de Saint-Brieuc.

 

22.11.1935. Déclaration au Journal officiel

Dès 1936, la presse relate les exploits des boxeurs du Sporting Club. Le 18 juin 1936, c’est un succès pour le premier gala du S.C.B. Ce samedi 17 juin 1936, Leroux et Ruellan, Martin, combattent.

 

Annonce du gala de boxe du Sporting-Club. Ouest-Eclair 1936

Les deux boxeurs du S.C.B, Derriennic et  Le Brun gagnent leurs combats. Puis c’est au tour de M. Le Bert, professeur diplômé de la fédération française de boxe de donner une démonstration de boxe, suivie d’un combat d’exhibition. Ensuite Manivelle de Dinan rencontre Droniou de St Brieuc, puis  c’est au tour de Blouin (S.C.B) contre Tenu (Dinan).

 

Gala de boxe du Sporting-Club. Ouest-Eclair 1936

Mais les spectateurs sont impatients d’assister enfin à deux combats professionnels. Le premier est entre Louis Kessler, champion de la Marine en 1925, champion de France professionnel 1929-1930 (poids mi-moyens) et Nioche, du Central de Paris ; et le second combat oppose Guy Walls à Féodorovich (ou Nicolai Fedorovich ?).

Beaucoup d’attente de la part de tous les passionnés de boxe mais au final la conclusion du chroniqueur de cette soirée est la suivante : « Les combats amateurs plurent beaucoup au public qui, avec les « professionnels » croient toujours au « chiqué ». C’est peut-être vrai parfois. »

 

En novembre 1936, la presse continue de relater les exploits des boxeurs du Sporting-Club : « Les boxeurs du S.C.B battent les Levallois et les Malouins », titre Ouest-Eclair dans sa page sportive. C’est la deuxième soirée organisée à Saint-Brieuc et le succès est déjà énorme : 

« Une assistance très nombreuse et très choisie avait pris place dans la magnifique salle du cinéma Royal, gracieusement mise à disposition des organisateurs par ses sympathiques et sportifs propriétaires ». Le journaliste poursuit en indiquant la liste de toutes les personnalités présentes à cette soirée, notons en particulier : M. Meunier, sénateur et président du Conseil général ; M. Michel, député ; M. Poupart, conseiller général.

Dans un combat préliminaire, Ruellan (S.C.B) et Paul Corack font match nul : "après une bonne frottée, les deux protagonistes sont renvoyés dos à dos". Paul Corack est l'aîné d'une famille de boxeurs du quartier de Robien, il est né le 17 août 1917.

 

 

Ensuite Hamel (S.C.B), débute très bien et « au second round continue son travail meurtrier ». Logiquement il bat le lavallois Marcellier par abandon.

S’ensuit Derriennic (S.C.B) contre Rolland (Laval). « Ce combat mettait en présence deux costauds. Après un premier round d’attente, les gars se décident à mettre le nez à la fenêtre ». Derriennic (S.C.B) bat Rolland aux points. 

Héder (S.C.B) bat Buisson (St Malo) aux points, Auguste Droniou gagne lui aussi par une victoire aux points, Marcel Blouin (S.C.B) bat Marc (Paris), par abandon.

Les boxeurs du club se sont donc illustrés.

Mais le combat vedette entre professionnels oppose Alphonse Thomas à Salomon Rubin « le champion Juif ». (La presse de l'époque n'hésite pas à faire état de la religion de Salomon Rubin qui est avant tout un boxeur français)

Thomas emporte une victoire logique sur Rubin : «Thomas est toujours aussi mobile, mais semble plus maître de lui et cogne plus sec ».

 

Le 3 février 1937, ce sont les championnats de Bretagne à Saint-Brieuc où les boxeurs du S.C.B se distinguent car ils vont en finale mais malheureusement ils perdent tous par manque d’expérience : Corack en finale des poids-moyens, Sébilleau en poids-lourds; Derriennic en poids mi-lourds ; Blouin en poids coqs ; Droniou en poids-légers.

 

Le 3 mars 1937, « la première soirée pugilistique de la saison 1937, mise sur pied par la jeune mais très active société le Sporting-Club Briochin aux destinées de laquelle président les dévoués MM. Mazelié, Glémot, Hüe etc.  a obtenu le plus vif succès. » 

Celle-ci débute par un combat d’exhibition de Corguillé et Martin (32 kg) du S.C.B. « Ces deux super-mouches, élèves de Raymond Le Bert nous font assister à une bataille serrée et nullement déplaisante. Les attaques du droit, les ripostes du gauche, les crochets, les coups de pattes doublés, voire triplés, les esquives et blocages, les uppercuts, le travail au corps, tout y passe, et ces deux loupiots, espoirs du Sporting, sont l’objet d’applaudissements nourris à leur sortie du ring…Tous deux recevront une « breloque » offerte par Ouest-Eclair. »

 

Gala de boxe du Sporting-Club. Ouest-Eclair mars1937

Dans les combats préliminaires avec les boxeurs du S.C.B, notons Le Saulnier catégorie Coq ; Le Brun, Paul Corack, Ruellan en mi-moyens, Droniou. En combats vedettes, Marcel Blouin (coq du S.C.B) affronte Le Blay, espoir du Ring cadet de Paris dont la boxe n’est pas académique : « une boxe un peu spéciale, boxe coin de rue, quoi ! ». Le résultat est un match nul.

En professionnels, Alphonse Thomas (S.C.B) affronte H. Barras (Paris) en 10 rounds de cinq minutes. Après sa victoire, « à sa descente du ring, le sympathique et populaire Alphonse fut l’objet de frénétiques applaudissements. »

Pour la fête du lundi de Pâques à St Brieuc, 1937, sous les Halles, on peut assister à des combats de boxe avec le Sporting !

 

En avril 1937, Marcel Blouin se qualifie pour les demi-finales du challenge de « l’Auto », la grande compétition qui réunit 200 boxeurs. Marcel Blouin vient alors de battre Abramovitch, le champion parisien. C’est sa seizième victoire de la saison 1936-1937. Son professeur R. Le Bert (ex-champion de France militaire) et Pierre Héder (surnommé « La mitrailleuse ») ont bien contribué à ce résultat.

Le 28 juin 1938, paraît l’annonce du gala de boxe qui se tiendra à Avranches le 17 juillet 1938 avec de nombreux boxeurs de Saint-Brieuc : Morcel, champion maritime de la 2e région ; Le Saulnier, vainqueur du champion de Bretagne et du Maine ; Galliot, finaliste du championnat de Bretagne, Droniou, champion de Bretagne, ex-champion de l’Ouest. Marcel Matin, 13 ans, espoir de la boxe, sera présenté en match d’exhibition.

A l’affiche on trouve aussi : Alphonse Thomas, victorieux sur Biesmann, le champion de Belgique ; Salomon Rubin, le champion olympique ; Prokaska, le champion de Tchécoslovaquie ; Valentin Angelmann, le champion d’Europe.

 

Le 8 août 1938, un gala de boxe exceptionnel se déroule à St Brieuc avec le champion du Monde, Angelman. Dans les autres combats on retrouve les briochins Droniou, Pierre Héder (l'entraineur du S.C.B) et Marcel Martin qui n'a que 14 ans...


Gala de boxe. Ouest-Eclair 8 août 1938


 

Gala de boxe. Ouest-Eclair 8 août 1938

 

Un champion briochin des années 30 : Alphonse Thomas.

 

Alphonse Thomas, c’est une vedette des années 30 dans le monde de la boxe. Son palmarès est éloquent : 27 combats, 18 victoires, 2 défaites et 7 nuls.

Il fait ses débuts le 4 avril 1935 en professionnel. Mais auparavant, il avait obtenu le titre champion de Bretagne 1934 avec le Boxing-Club Briochin.

Ses premières victoires professionnelles sont remportées à domicile, à St Brieuc, comme  le 4 avril 1935, contre Young Siki et le 2 août 1935, contre Kid Arhur.

Le 22 septembre 1935, il se déplace au Central Sporting Club de Paris, est il est victorieux contre César Jeanneret. Le 16 octobre 1935, il enchaîne à St Brieuc avec une victoire contre Albert Biesmans, champion de Belgique.

Pendant l’année 1936, il est l’invité de nombreux combats au Central Sporting Club de Paris. Il est victorieux le 29 février 1936, contre Hajik Sandjack ; le 10 mars 1936 contre Kid Arthur ; le 10 octobre 1936 contre Ali Ben Said II.

Le 27 novembre 1936, il revient à St Brieuc, et remporte une victoire contre l’ex-champion olympique Solomon Rubin.

Alphonse Thomas va ensuite surtout effectuer ses combats à l’Élysée Montmartre à Paris, haut lieu de la boxe jusqu’en décembre 1938. Il remportera tous ses matchs (contre Paul Berth, Léon Benazra, Raymond Bavière) ou obtiendra des matchs nuls (contre Vaclav Prochazka, Gaston Maton, Augustin Carrio).

 

 

 

Les Années 40 : la boxe sous l’Occupation.

 

Championnat de boxe. Ouest-Eclair mars1942

 
Le 28 mars 1942, ont lieu les championnats départementaux de boxe à Saint-Brieuc, dans la salle du cinéma Le Royal. Les qualifiés vont au championnat de Bretagne.

Le Page (S.B.C) bat Fleury de Dinan en poids-moyens. Piriou (de Guingamp) bat Geffroy (S.B.C) en poids-plume. Par suite du manque de concurrents dans les autres catégories (n’oublions pas que nous sommes alors en pleine guerre), les boxeurs qui se sont présentés sont qualifiés d’office.

Le 21 octobre 1943 Ouest-Eclair relate la demi-finale zone Nord du 23e Challenge de « L’Auto » à Paris. La Bretagne est représentée par cinq des meilleurs boxeurs dont Le Parc et Le Page de Saint-Brieuc. En « légers », François Le Parc remporte la victoire sur le champion Waida. A peine âgé de 18 ans, Le Page dont c’était le premier combat officiel « s’est fort bien tenu devant le champion de France Mennegault, de Paris ». Le Sporting-Club Briochin se classe second à un point du premier. Les finales se déroulent à l’Elysée Montmartre.

Le 2 janvier 44, le championnat de Bretagne est organisé par le Sporting-Club Briochin : y concourent Léon (S.C.B) champion en coq ; François Le Parc, champion en mi-moyens, Le Page, déclaré champion car sans concurrent.

 

Championnat de Bretagne. Ouest-Eclair janvier1944

Qui dira que les boxeurs n'ont pas un grand cœur

Le 27 mars 1944, Ouest-Eclair fait le compte-rendu d'une soirée de boxe organisée à Brest, pour les réfugiés brestois. Dans cette ville qui a beaucoup souffert, ces manifestations sportives apportaient un peu de réconfort et permettaient de récolter des fonds. Plusieurs boxeurs de St Brieuc participent à cette réunion de boxe, pour la bonne cause.

 


En avril 44, les boxeurs de St Brieuc se font remarquer à Paris.

 

11 avril 1944. Ouest-Eclair




Un boxeur déporté

Alfred Fromentin, matricule 30623

Le destin d'Alfred Fromentin, un boxeur de Saint-Brieuc, a croisé celui du docteur briochin Erling Hansen. Alors que tous les deux étaient déportés en 1944 en Allemagne, Hansen a été nommé médecin du kommando du camp de Mülhausen où 600 hommes travaillaient dans une usine. Erling Hansen se souvient : "Il y avait un Briochin, Fromentin...Il était boxeur et un peu masseur. Le directeur de l'usine où travaillait le kommando souffrait de crampes. Je lui ai conseillé Fromentin. Après le premier massage, il ne pouvait plus marcher. Il était furieux. J'ai dit à Fromentin d'y aller plus doucement. Et pendant un mois, ça lui a fait une soupe supplémentaire".

Le docteur Erling Hansen
 

Malheureusement, l'aide apportée à Fromentin ne suffit pas à lui faire surmonter cette épreuve...

Alfred Fromentin est né le 15 mai 1917 à Saint-Brieuc (22). Il est sportif et pratique la boxe.
 

Alfred Fromentin, boxeur 1936

Un peu plus tard, il se marie avec Raymonde Brigaud (1923-2009) le 14 octobre 1939 à Saint-Brieuc. Après la naissance de leur fils Jacques, le 18 octobre 1940, ils s'installent dans le quartier de Robien rue Luzel.
Alfred Fromentin rejoint la Résistance et participe à des actes de sabotages à partir de février 1943. Recherché, il doit partir et tente de rejoindre le Royaume-Uni grâce à une filière d'évasion par l'Espagne. Le 6 juin 1943, arrêté par les soldats allemands dans un café à Oloron-Sainte-Marie (64), il est emprisonné à Bordeaux puis transféré au Fronstalag 122 de Compiègne (60). Il est déporté par le convoi du 28 octobre 1943 à destination de Buchenwald (Allemagne) où il arrive le 30 octobre 1943 avec le matricule 30 623.
Il est affecté au Kommando de travail de Schönebeck puis à celui de Mülhausen. Libéré en avril 1945, il revient épuisé à Saint-Brieuc dans sa famille et mourra en 1946 des suites de sa déportation dans un sanatorium en Allemagne. Son corps n'est rapatrié qu'en 1947 et ses obsèques donneront lieu à une impressionnante cérémonie à Saint-Brieuc.

Obsèques d' Albert Fromentin à Saint-Brieuc. 21 novembre 1947 Ouest-France


Tous les renseignements supplémentaires sur A. Fromentin pendant la guerre 39-45 sont à retrouver ici. Merci à Jimmy Tual qui a recueilli le témoignage de Jacques Fromentin en 2017, ce qui lui a permis d'écrire ce récit de la vie d'Albert Fromentin et de recueillir différents documents (photos présentées dans cet article).

 

Un champion des années 40 : François Le Parc, dit « Sassa »

Sassa Le Parc 1949, photo dédicacée en vente sur ebay

François Le Parc a longtemps combattu en amateur au sein du Sporting-Club Briochin qu’il avait intégré au début des années 40. Le 6 avril 1944, il est à l’affiche du combat vedette des mi-moyens à St Brieuc. Il bat Cada, champion d’Oran aux points, en trois rounds.

 

Le Parc 6 avril 1944. Ouest-Eclair

A l’époque il est déjà finaliste du challenge « L’Auto » et du critérium des as 1944. Il devient aussi plusieurs fois champion de l’Ouest. Dans un mémorable combat en plein air, au stade de Beaufeuillage, il fera match nul avec Charles Humez, qu’il rencontrera plus tard 

En 1947, à Paris, il remporte le « Critérium des As », équivalent au championnat de France.

Ses qualités vont lui ouvrir les portes de l’équipe de France amateur avec laquelle il affrontera en 1947 l'Angleterre, au stade de Wembley.  

 

Sa carrière professionnelle débute le 17 septembre 1947 avec une victoire sur Gines Lorente à St Brieuc. Il remporte deux victoires ensuite à Rennes sur Walter Momber le 14 mars 1948 et à Douarnenez sur Serge van Zandt  le 13 novembre 1949. Au Palais des Sports de Paris, il subit un KO face à Charles Humez, le 19 septembre 1949 mais son rival est une star de la boxe, quatre fois champion de France (45-46-47-48) et champion d’Europe, il comptabilisera 103 combats dans sa carrière dont 94 victoires, .

En 1950, Le Parc va livrer ses derniers combats : le premier à Lyon est une victoire le 10 mars contre André Vercoutter et le second est un match nul à Laon, face à Abdelkader Cheroughi. François Le Parc est décédé en juillet 1999.

 

Ci-dessous, l'article de Ouest-France du 9 octobre 1947évoque bien entendu les beaux combats de Le Parc mais aussi "Le petit Gaston Matthieu, 16 ans, a le 27 septembre enthousiasmé les quimpérois par son jeu subtil et précis."  Un peu plus loin "Un autre espoir, lui aussi âgé de 16 ans, s'est distingué le 28 septembre à Rennes, il s'agit de Coeuret Francis." De la graine de champions tout ça !

Le Parc et Mathieu 9 octobre 1947 Ouest-France


 


Les Années 50, "Les gladiateurs" : les frères Corack, Gaston Mathieu, Le Cozannet, Coeuret...

 

La salle de Robien, construite en 1956, devient le lieu incontournable de la boxe. Les combats s’y déroulaient en quinze reprises de trois minutes. Les boxeurs de Saint-Brieuc de l’époque ont réalisé des exploits qui faisaient vibrer le public. On peut citer Sassa Le Parc, Francis Coeuret, Gaston Mathieu, Alex Honoré, Jacques Duchêne (né le 19 octobre 1933, carrière pro commencée le 2 février 1957, 12 combats, 7 gagnés), Eugène Le Cozannet. Henri Corack, et ses frères Ernest et Claude, accompagnaient ces pros.

Les amateurs de combats de boxe, qui se tenaient donc dans la grande salle des fêtes de Robien toute proche, allaient à l’entracte boire un coup à l’angle du boulevard, au bar « Le Tourbillon ». Celui-ci faisait le plein ces soirs-là.

 

La famille Corack

Paul Corack est l'aîné d'une famille de boxeurs du quartier de Robien, né en 1917, il a boxé dans les années 30. 

Le 26 novembre 1936 lors d'un gala à Saint-Brieuc, deux boxeurs du Sporting s'affrontent : Ruellan et Paul Corack, "Après une bonne frottée, les deux protagonistes sont renvoyés dos à dos". (Ouest-Eclair 26 novembre 1936)

En 1937, on le trouve en finale des Championnats de Bretagne qui se déroulent à Saint-Brieuc dans la salle du cinéma Duguesclin, avec des boxeurs de Brest, Lorient, Dinan et ceux du satde et du Sporting de Saint-Brieuc. Ruellan du Sporting est battu finale des mi-moyens par Sanchez de Dinan. En poids moyens Paul Corack, du Sporting, rencontre Mercier de Lorient qui gagne sur abandon à la troisième reprise (4 février 1937 La Dépêche de Brest).

 

Mais plus tard, dans les années 50, la famille Corack qui habite sur le tertre Marie-Dondaine à Robien, va fournir au club une autre génération de boxeurs talentueux avec Claude Corack, poids mi-lourd, Henri Corack, poids lourd , Claude-Ernest Corack.

 

Claude-Ernest-Henri Corack

Claude Corack
 
C’est d’abord Claude Corack, né en 1940, qui se distingue dans la catégorie des poids mi-lourd. 
 
Dans un article publié en 2021, Claude Corack revient sur ses premiers pas dans la boxe alors qu'il ne faisait pas grand chose de positif dans sa vie. Dans les années 50, la salle de boxe, ce sont trente-cinq boxeurs dont deux professionnels parmi les licenciés : « L’odeur de sueur, de cuir. Ça m’a plu tout de suite. J’aurais certes préféré faire de l’escrime ou du vélo, mais on n’avait pas de fric. Peu importe, j’ai aimé. Au bout de six mois, il ne restait plus que quinze personnes au club. On cognait tellement qu’ils ne voulaient plus venir. Parce qu’entrer dans cette salle, pour Henri et moi, était déjà le début du combat. Il n’y avait pas d’échauffement. » (19 octobre 2021 Ouest-France)

Un extrait du 13 août 1953 dans Ouest-France évoque un combat de jeunesse de Claude  Corack, qui est comparé à son frère Henri : "Moins bien inspiré, pratiquant une boxe trop défensive pour n’être pas surclassé par l’espoir Lévêque, survolté, trépignant même lorsque son uppercut toucha juste à l’estomac, Corack mit un genou à terre au 2e round et c’est sur une vision identique que retentit le gong final".

Claude Corack est toujours resté amateur. Dans son palmarès on trouve : Champion de Bretagne poids moyen et mi-lourd de 1957 à 1960, Champion de la 1ère  Région militaire en 1960 et 1964, Vice-champion de France militaire en 1960, Finaliste du chalenge « L'équipe » en 1964 et sélectionné dans l'équipe de France militaire pour participer à France-Espagne. Les exigences du service dans les pompiers de Paris l'ont empêché d'honorer cette sélection.

La boxe a été une bonne carte de visite pour Claude Corack qui a souhaité intégrer le corps du régiment des Pompiers de Paris pour en faire sa profession. Sur le plan sportif, il a continué de boxer et a obtenu le brevet d'état de Prévôt (entraineur) de boxe en 1972.

 

Claude Corack. Photo famille Corack.

 

Claude Corack raconte comment il a conquis le titre de Champion de Bretagne et évoque le Championnat de France.

"J'ai pris le titre de champion en battant à Vannes le champion de Bretagne SIGWART de Brest. J'avais 17 ans et en 8ème  de finale du championnat de France, à Avranches, j'ai rencontré un certain MORIN, le champion de France qui totalisait plus de 200 combats. Je me suis incliné aux points. La presse de l'époque souligna que Morin avait fait preuve de beaucoup de coups irréguliers et que de tous les nouveaux, je fus celui qui méritait le plus cette promotion".

Claude Corack ne cache pas que la boxe c'était une revanche contre la société qui ne l'avait pas épargnée, lui et ses frères : "Quand on montait sur le ring et que l'on cognait, c'était la société que l'on avait en face de nous, on lui tapait dessus. On était comme des gladiateurs pour le public qui venait nous voir".

L'ambiance était dans la salle mais aussi en dehors : "La bagarre elle était parfois en dehors de la salle de Robien car il y avait à l'époque des cars qui venaient de toute le Bretagne. Et quand les 1500 personnes étaient dans la salle et que tout le monde ne pouvait pas rentrer, il n'était pas rare que les spectateurs déçus en viennent aux mains sur le parking".

 

 
Henri Corack (1942 Saint-Brieuc-2003 Trégueux), une belle carrière en amateur et une courte et brillante carrière professionnelle
 
Né le 28 février 1942, les débuts d'Henri Corack, alors qu'il n'a que 17 ans, n'ont pas été faciles, comme pour tout boxeur, on le voit dans cet extrait du 13 octobre 1958 de Ouest-France :
 "Henri Corack (17 ans) battu en maturité par le puissant Yougoslave Skriblin (22 ans), Gauche… au genou, grimaçant et l’œil vague, le jeune poids lourd prouva dans la dernière minute qu’il savait souffrir. Dans les huit précédentes, il donna amplement raison à ceux qui croient en lui".
Le 5 décembre 1958, Ouest-France parle d'Henri Corack comme de "la révélation de la soirée" à Rennes face à Adelime, triple champion de Normandie. Adeline sera sauvé du KO par son professeur qui jeta l'éponge. Le 8 décembre, il a sa première photo dans Ouest-France !
"Remarquable athlète, le protégé de Roger Le Bert, malgré ses seize ans et demi mena fort bien son affaire...Il a su toujours rompre et se protéger avec opportunité.
 
Henri Corack à droite. 8 décembre 1958


Février 1959, au Vel d'Hiv à Paris en demi finale du championnat de France amateur, Henri Corack est battu aux points, face à Coué de 11 ans son aîné. 

Henri Corack 28 février 1959

 
En mars 1959, au championnat de France amateur à Paris, Henri Corack subit une défaite contre Coué.
"Cet adolescent, et on le comprend, appréhendait ce tournoi qui réunissait des mastodontes de 100 kilos. Toute la semaine il fut inquiet, tant et si bien qu'il maigrit de plus de 3 kilos...Il était affaibli... Son élimination n'est toutefois pas à regretter. il n'a livré que sept combats et un titre de champion avec les obligations qui en découlent, aurait été pour le moins prématuré. Roger Le Bert en convenait, à 17 ans, Henri Corack a le temps d'attendre !" (Ouest-France 3 mars 1959)

 
Coué, à gauche et Henri Corack, à droite. 3 Mars 1959

Le 23 mai 1959, à Dinan, Henri Corack rencontre Michel Roger et fait match nul.
 
En octobre 1959, le gros titre est pour Gaston Mathieu mais la fulgurante victoire d'Henri Corack sur Michel Roger de Dinan, en deux minutes, figure juste en dessous. Michel Roger avait pourtant six kilos de plus que Corack : "Henri Corack prit la mesure d'un gauche, suivi d'un une-deux et, avant que le géant ne s'écroule, crocheta si fort du gauche qu'il avoua s'être fait mal. C'était fini. Trois knock-down laissèrent Roger meurtri et sanglant. L'éponge le sauva d'un K.O inéluctable et dangereux.
La décision, la froide détermination du jeune Corack, son efficacité grandissante, impressionèrent. Irrésistiblement, le succès du nouvel espoir de Lebert évoquait ceux de Francis Coeuret. 
Puisse Henri tirer profit des dures leçons de la boxe, et, comme son aîné, il fera courir les foules."

12 octobre 1959 Ouest-France

 
Le 7 novembre 1959, il combat pour le titre de champion de Bretagne.
 
En décembre 1959 à Evreux, il impressionne les officiels normands qui voient en lui le futur champion de France !

 Ci-dessous : "Cueilli par une "gauche-droite doublée", le Normand Lefebvre s'écroule au tapis".
 
Henri Corack à gauche 1er décembre 1959

A Angers en huitième de finales du championnat de France, il bat le Nantais Boué en trois reprises. Henri Corack affichait pourtant un poids de 43 kilos de moins que son adversaire.

Boué-Corack 8 décembre 1959

Dans la salle de Robien, fin décembre 59, Henri Corack combat contre Jacques Jubault et gagne en trois reprises.

 

En février 1960, au Palais des Sports de Paris se déroule le championnat de France amateur. Henri Corack, est en posture favorable : "Son style sobre, mais efficace, lui vaut d'être invaincu depuis la demie-finale 59", peut-on lire dans Ouest-France du 5 février 1960. Il était déjà le benjamin en 1959 et il sera aussi en 1960.




6 février 1960

Sa victoire contre Gikovski donne de l'espoir mais en finale, la dernière minute de son combat contre Syoz (23 ans) est fatale.

"Henri Corack, fatigué et handicapé a échoué en finale" titre Ouest-France dans son édition du 8 février 1960. Le journal fait référence à la blessure du poignet gauche qui a empêché le boxeur d'utiliser cette arme qu'il sait si bien manier habituellement.


Henri Corack à gauche contre Gikovski, 8 février 1960 Ouest-France


En juin 1961, Henri combat à Brest contre le Tchécoslovaque francovik.
En 1962, Henri Corack décroche le titre de champion de France militaire alors qu'il est au Bataillon de Joinville. 
 
Ci-dessous, photo d'Henri Corack, dédicacée au sergent-chef. publication dans le Facebook des anciens du bataillon de Joinville par Annette Dedeyn, le 8 octobre 2020.



 

Henri Corack, professionnel

Le premier combat  d’Henri Corack en professionnel se déroule le 1er novembre 1963, et c’est une victoire aux points contre Joseph Syoz à Guingamp ainsi qu'en décembre contre l'italien Giancarlo Bacchini, toujours à Guingamp

Puis, de janvier à mars 1963, le briochin enchaine une victoire au points contre l'italien Dino Biato, et deux autres contre René Goubelle et Max Brianto. A St Brieuc le 9 mai 1964, contre l’allemand Klaus Langhammer, il fait match nul. Le 9 octobre 1964 à Göteborg (Suède), il affronte le suédois Lennart Risberg, Champion d'Europe en 1956 et neuvième aux Jeux olympiques de Melbourne en 1956.  Mais Corack après avoir malmené Risberg perd aux points contre le suédois. 

 

Henri Corack. Photo famille Corack

Henri Corack achève sa carrière sur deux victoires, une à Guingamp le 24 octobre 1964 contre le martiniquais Henri Ferjules et l’autre à Lannion contre le luxembourgeois Ray Cillien, sélectionné aux Jeux olympiques de Rome en 1960.

On retiendra aussi qu'Henri Corack avait été sélectionné pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964 mais qu'il ne participera pas, malheureusement, à cette compétition.

 
Henri Corack. Photo famille Corack


Yves Corack
Yves, un autre Corack a pratiqué la boxe. Claude Corack fait le portrait de ce frère qui avait peut-être une grande carrière devant lui? : "Yves était parti vivre à côté de Paris, à Saint-Denis où il boxait pour le club de la ville. A mon avis c'était le meilleur des Corack. Il a rencontré le grand champion Marcel Cerdan en match d'exhibition. Cerdan avait demandé à son manager de faire signer un contrat d'exclusivité à Yves car il avait descellé des qualités chez mon frère. Ce dernier a refusé et il est resté dans son petit club".


 


Portrait de Gaston Mathieu, dit « Tonton », dit "Le roc breton".

 

Un autre boxeur fait les beaux jours du club, il s’agit de Gaston Mathieu.

Tonton, c’est une carrière commencée en amateur en 48-49, puis en professionnel en 1951 et achevée en 1960 avec 49 victoires (dont 12 K.O), 16 défaites et 3 matches nuls. Le boxeur emporte très vite la sympathie du public ; déjà le 4 février 1949, on peut lire dans Ouest-France : "Les organisateurs sont entrés en relation avec le chammion du Nord des poids plumes, André Chrétien serait opposé au populaire Gaston Mathieu".

Boxe 10 février 1949 Ouest-France

 

Tonton, ce sont donc de très nombreuses victoires entre 1949 et 1957 avec des combats qui se déroulent surtout devant le public de Saint-Brieuc. C'est lui qui est à l'affiche du premier gala de boxe organisé par le Sporting dans la salle de Robien qui vient d'ouvrir. Le combat Mathieu-Dabrowski en 10 rounds se déroule le samedi 13 octobre 1956. Mathieu est alors champion de Bretagne amateur et le parisien Roman Dabrowski est invaincu en 1955-56.

Gaston Mathieu 4 octobre 1956
 

En décembre 1956 à Brest, Mathieu conserve son titre de champion de France des welters devant le néo-dinannais Marcel Livet (Ouest-France 27 décembre 1956).

 

En février 1957 : "Ambiance nouvelle à la salle de Robien où le chauffage et l'air tamisé par la fibre de verre qui plafonne au-dessus du ring assurent un confort accru au public de la boxe..." 

2000 personnes sont réunies à Robien et voient Gaston Mathieu remporter son combat, aux points, devant le parisien Jean Santanbien.


Gaston Mathieu 4 février 1957

Mathieu qui vient de gagner contre Allain à Dinan et contre Medze à Rennes, va affronter Francis Granger.  La soiré va être volcanique et dans Ouest-France du 22 mars 1957, on peut lire  : "Il ne faisait aucun doute pour personne que notre ville possède les meilleurs boxeurs de Bretagne et cela depuis près de 20 ans. Aujourd'hui, nous sommes également certain qu'en dehors du Palais des Sports de Paris, rares sont les villes qui peuvent se permettre de présenter une affiche aussi intéressante que celle qui annonce le programme du super-gala de samedi soir." 


Gaston Mathieu 22 mars 1957



Après 1957, les adversaires deviennent plus coriaces comme Jacques Herbillon qu’il rencontre une première fois le 14 septembre 1957 et devant qui il perd aux points.

En décembre 57, il bat le Marseillais Bénédetto dans la salle de Robien où à l'annonce du verdict "plus de 2000 personnes hurlaient leur satisfaction et applaudissaient le vainqueur". (Ouest-France 7 décembre 1957)

Gaston Mathieu 9 décembre 1957

 

Le 28 avril 1958, dans le temple de la boxe, la salle Wagram à Paris, Gaston Mathieu du Sporting Club Briochin, récent vainqueur de Bénédetto, affronte Séraphin Ferrer, ex champion de France.

Cette victoire contre Séraphin Ferrer est un sommet de sa carrière. Le club de Saint-Brieuc a conservé précieusement une affiche de cette rencontre au sommet !

 

Ci-dessous, on notera que l'affiche conservée au club de boxe de Saint-Brieuc comporte une erreur sur l'année ajoutée à la main (1959). Le combat à la salle Wagram s'est bien déroulé en 1958 et un autre a eu lieu le 17 janvier 1959 à Saint-Brieuc où ferrer a pris sa revenche.

 

Affiche du combat Mathieu-Ferrer. Photo RF 2020



Un article publié le 30 avril 58 dans Le Monde donne un aperçu du combat : « La salle Wagram a connu hier lundi l'affluence des grandes réunions de boxe. La présence à l'affiche de Séraphin Ferrer, qui se produisait sur le ring de l’Étoile après six mois d'inactivité, expliquait en grande partie ce succès populaire. L'ancien champion de France affrontait pour sa rentrée le Breton Gaston Mathieu, considéré comme un espoir de la catégorie des poids mi-moyens. Le combat, dur et acharné dès le premier round, devait se terminer par un coup de théâtre… »

La rencontre est décrite comme « rude et implacable ». La domination de Ferrer est nette et « On restait stupéfait devant la résistance déployée par Mathieu, qui titubait sous les coups, mais restait debout ».

Mais alors que « Ferrer s'acheminait vers une victoire aux points, il abandonnait sans raison apparente au cours du neuvième round à la stupeur générale, en particulier de son manager qui ne s'attendait pas à un tel dénouement ».

L'article de Ouest-France décrivant le même combat montra la même stupéfaction quant à l'issue finale de la rencontre...

 

Mathieu-Ferrer 29 avril 1958. Ouest-France

 

Mathieu-Ferrer. 30 avril 1958. Ouest-France

Après cette victoire surprise, Gaston Mathieu obtient de combattre pour un championnat de France face à Jacques Herbillon dans la salle de Robien. Malheureusement il est battu aux points ce 14 juin 1958. Puis, en octobre dans la salle de Robien, il bat Kettani.

13 octobre 1958 Ouest-France


Le 17 janvier 1959, à la salle de Robien,  Gaston Mathieu et Séraphin Ferrer s'affrontent une nouvelle fois. Le journal Ouest-France de ce 17 janvier publie une photo où l'on voit Ferrer, au premier plan à gauche, regardant l'affiche du combat ramenée de la salle Wagram comme un trophée par Gaston Mathieu. C'est l'affiche présentée plus haut...

 


Mathieu-Ferrer 19 janvier 59. Ouest-France

Malgré les protestations d'une partie du public de Robien, le 17 janvier 1959, Gaston Mathieu est battu par K.O par Séraphin Ferrer au quatrième round. 
 
19 janvier 1959 Image Lelivre.com

 

19 janvier 1959 Ouest-France

En octobre 1959, Mathieu bat largement Jo Lemoine, de Plédran, dans un combat où son adversaire n'y croyait pas vraiment mais la vedette de la soirée est Henri Corack, un autre du Sporting. Corack impressionne malgré son jeune âge et il est promis à une belle carrière...


12 octobre 1959

 

Gaston Mathieu achève sa carrière à St Brieuc le 1er octobre 1960 sur une défaite devant César Fuentes : l'un des plus difficiles combats de sa carrière où il termina extrèmement éprouvé.

Gaston Mathieu, dernier combat, 3 octobre 1960 Ouest-France

 

 

Le saviez-vous ?

 

Le boxeur Gaston Mathieu est évoqué par Christian Prigent dans son livre « Chino aime le sport » P.O.L. Extrait

 

Ça va cognesaigner de/sur les pifs en

Escalier : paf ! Peignoirs : à dextre « Pan-Pan »

Herbillon (cœur tendre/poing dur) le Rémois

Râblé (avantage en allonge, sang-froid) ;

 

À senestre (vivats !) Gaston Mathieu dit

« Tonton » (crochet meurtrier, encaisse) qui

Pulse à 140 après les 21

Rounds (c’est super-costaud l’caillou briochin)

 

 

Anecdote 

 

Gaston Mathieu a laissé des souvenirs impérissables à de nombreux amateurs de boxe. Ainsi l’acteur Jean-Paul Belmondo, acteur mais aussi passionné de boxe, s’est un jour retrouvé avec deux personnes de la région de St Brieuc. Ils ont évoqué avec lui la boxe. En lui montrant une photo de Gaston Mathieu, Belmondo s’est exclamé « C’est Gaston ! C’était un très beau boxeur, j’allais souvent le voir salle Wagram avec Darry Cowl » (cité dans Le Penthièvre du 12 juillet 2019)

 

Belmondo devant la photo de Gaston Mathieu. Ouest-France Photo Céline Pilati

 

Anecdote

 

Au Chêne Doré, rue Jules Ferry, le patron du bar-restaurant louait aussi des chambres. Parmi les locataires, à la fin des années 60, on trouve Alain Victor, un Manceau qui travaillait à la SNCF et qui était surtout connu comme boxeur, plusieurs fois champion de France en catégorie poids-lourds. 

 


 

Un grand champion des années 50, Eugène Le Cozannet (1932-2012).

 

Eugène Le Cozannet est né le 22 mars 1932 à Paris et décédé à St Brieuc dans sa maison à Cesson en juillet 2012, à l'âge de 80 ans. Sur le plan professionnel, il avait d’abord travaillé à l’usine Chaffoteaux, sur l’ancien site du Légué et à terminé sa carrière à l’usine d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne. Mais c’est dans le quartier de Cesson, à Saint-Brieuc, qu’il avait choisi de passer sa retraite, plage du Valais.

En tant que boxeur, il commence à combattre le 8 octobre 1955, son surnom était « Coco ». C’était la coqueluche des années 50 dans le monde de la boxe, et pas simplement sur le plan local !

En mars 1956, Le Cozannet combat à Guingamp contre l'Espagnol Alvarez.

Le 27 décembre 1956, Ouest-France présente le combat de "notre Coco" opposé à Lambert. Le 29 décembre, la salle de Robien est prête à vibrer pour le champion qui vient de passer six mois en Algérie dans l'armée mais qui entend bien défendre son palmarès qui est alors d'une défaite contre 12 victoires. Un match nul sera prononcé à l'issue du combat.



 

Champion de France en 1957 

Le Cozannet se taille un très belle réputation en cette année 1957. Il a été le vainqueur de Botteau, Falou, Beurel, Abdelli, Galloin, Alvarez, Badji, Grignon, Hernandez, Belarbi, Colombet, Ferri, Tartari. Et deux matchs nuls avec Lambert et Tartari, enfin deux défaites face à Poinson et Delplace. 

En octobre, il bat Mohamed Meftah qui avait combattu pour le titre de champion de France, puis en novembre à Cherbourg, il bat aussi Dante Bini.

Son plus beau titre est celui de Champion de France poids Coq, obtenu le 21 décembre 1957 dans une salle de Robien remplie de près de 3000 personnes. Ce titre, il l’avait conquis contre Dante Bini, tenant du titre, dans une victoire aux points après un combat épique, un combat marathon en quinze rounds. Mais si l’on revient un peu en arrière, la victoire était loin d’être acquise. Au printemps 57, Le Cozannet avait eu deux doigts écrasés dans un accident du travail, il s’était demandé s’il pourrait continuer de boxer. Mais à force de ténacité il avait recommencé l’entraînement et tout semblait repartir du bon pied. Bien sûr, il y avait eu un signe encourageant avec une victoire aux points contre ce même Bini deux mois plus tôt à Cherbourg mais ce n’était pas un championnat de France.   

Alors ce moment dont il rêvait, il commença dans la douleur, Bini était meilleur technicien et au début du dixième round, le briochin était derrière aux points. Pourtant, il livre toutes ses forces et déborde Bini qui peine à finir le combat. Ces deniers moments impressionnent le jury qui donne la victoire à Le Cozannet. Bini conteste mais le public est en délire.

 

Les paris sur le combat de Le Cozannet  


Tableau comparatif ! 21 décembre 1957 Ouest-France

 

Ce combat de 1957 entre Le Cozannet et Bini suscite un intérêt énorme dans la presse bretonne qui attend enfin un champion. C'est l'occasion pour Ouest-France d'engager des paris et d'interroger toutes les anciennes gloires de la boxe locale. 

Et il y a du beau monde : Pierre Heder qui gagna son premier combat aux Sables-d’Or en 1928 contre Eono ; Marcel Pinel, champion de l’Ouest, élève de Louis Houeix ; Guy Frénée, champion de Bretagne, vedette des années 34-39 ; Sassa Le Parc ; Yves Le BorgneGaston Mathieu, le titi briochin ;  Louis Houeix, professeur de boxe ; Alphonse Pierron, « premier apôtre de la religion du ring » ; L. Le Restif, délégué de la Fédération Française de Boxe de 1921 à 1943 ; Martel, déménageur chez Kerfant ;  Alphonse Thomas, professeur de boxe ;  Roger Le Bert, conseiller technique de la Ligue de Bretagne, promoteur de la boxe dans l’après-guerre ; Francis Coeuret ; Louis Perrigault, vainqueur de Bel Kacem en finale des championnats en 1952 à Narbonne.












 

 

 

Un titre conservé jusqu'en 1959

Azzouz, l’autre challenger, refuse de rencontrer Le Cozannet dans la salle de Robien car il juge que les spectateurs influencent trop les arbitres. Rien n’y fera pour Azzouz, il obtiendra de boxer à Paris mais sera battu au Palais des Sports par Le Cozannet qui conservera son titre jusqu’en avril 1959, avant d’être finalement battu à Brest par Mohamed Zarzi. Son seul regret était de ne jamais avoir affronté Alphonse Halimi qui était l’autre vedette de l’époque.

 

Eugène Le Cozannet en combat contre Dante Bini. Photo Le Télégramme

 

Les grands combats

 

Eugène Le Cozannet a effectué 44 combats, remporté 25 victoires, vécu 16 défaites et 3 matchs nuls. 

Il a boxé dans de très nombreuses villes, en France et à l’étranger (Italie, Mexique, Belgique, Angleterre..). En France, on peut citer certaines de ses victoires :

A Saint-Brieuc, Le Cozannet gagne devant Bernard Botteau, le 8 octobre 1955 ; Raymond Beurel, le 19 novembre 1955 ; Mohamed Badji, le 7 avril 1957 ; Pierre de Souza, le 16 novembre 1957 ; Dante Bini, le 21 décembre 1957 ; Frédérico Scarponi, le 26 avril 1958.

Au Palais des Sports, il l’emporte sur  Abdelkader Azzouz, le 10 mars 1958 au championnat de France.

Salle Wagram à Paris, il remporte trois victoires sur  André Hernandez, le 13 mai 195, Belardi Rezzoug, le 3 février 1957 et enfin Moncef el Fehri, le 15 septembre 1957. 

Palais de la Mutualité à Paris, il est aussi victorieux sur Mohamed Meftah, le 4 mars 1956 et Ahmed Abdelli, le 12 février 1956.

 

Eugène Le Cozannet dans la presse

 

Dans les années 57, 58 et 59, le boxeur Eugène Le Cozannet va faire les grands titres de la page des sports de Ouest-France. Les photos sont nombreuses mais pas toujours d'une excellente qualité. Nous les reproduisons malgré tout car elles sont des témoignages de la carrière exceptionnelle de ce champion.

 

1957

Le Cozannet-De Souza 18 novembre 1957

Le Cozannet-Bini 21 décembre 1957

Le Cozannet à gauche 21 décembre 1957



Victoire de Le Cozannet sur Bini 23 décembre 1957


Le Cozannet de face, Bini de dos. 23 décembre 1957


 1958

 

 
Le Cozannet 20 janvier 1958

Le Cozannet 12 mars 1958

 
Le Cozannet 12 mars 1958




Le Cozannet et M. Thomas 9 juillet 1958

Le Cozannet vedette de la presse mexicaine. 21 novembre 1958

 

Le Cozannet battu au Mexique. 25 novembre 1958

Le Cozannet de retour de son voyage épique au Mexique. 29 novembre 1958

Le Cozannet de retour du Mexique. 29 novembre 1958

Le Cozannet de retour du Mexique. 29 novembre 1958


 
1959

 

Le Cozannet 11 février 1959

 
Le Cozannet 11 février 1959

Le Cozannet 16 février 1959

Le Cozannet 16 février 1959



Le Cozannet 10 avril 1959

13 avril 1959

Le Cozannet battu par Zarzi 13 avril 1959

La promesse de Le Cozannet 14 avril 1959


Un boxeur courageux, Roger Francis Coeuret

Coeuret à gauche. 6 mars 1950. Photo But et club
  

Roger Francis Coeuret est né le 12 février 1931. Il commence la boxe chez les amateurs et accède à la demi finale du championnat de France en 1949.

L'année suivante, en mars 1950 au championnat de France à Limoges, toujours chez les amateurs, Coeuret bat l'Algérois Harnaudi. C'est la première fois qu'un qu'un boxeur de Saint-Brieuc rapporte l'écharpe tricole de champion de France (photo ci-dessus).

Son retour à Saint-Brieuc est un triomphe.


 

L'édition de Ouest-France du 6 mars 1950 nous offre tous les détails de cette journée mémorable. Plus de 500 personnes ovationnent le champion à son arrivée boulevard Clémenceau à l'Hôtel Celtic. Sa famille est très fière, son grand-père qui est cheminot est là ; le docteur Boulard, président du club de supporters rappelle le déplacement de la délégation briochine qui portait le costume breton à Limoges ; le professeur Le Bert ne boudait pas sa joie de voir cette coupe d'argent massif d'une valeur de 5000 francs ; M. Fouillé, conseiller municipal annonça que le boxeur serait reçu à la mairie.

Coeuret à gauche, Le Bert à droite.17 avril 1951 Ouest-France

Puis avec l'équipe de France, sous la direction de Fernand Vianey, ses compatriotes et lui battent l'équipe de Belgique (photo de groupe ci-dessous). 

A Lyon, en 1951, Coeuret conserve son titre de champion de France.

En décembre 1951, il participe à Karlruhe à une rencontre France (militaire)-Allemagne et bat son rival G.Rink par K.O au 3e round.

Coeuret 13 novembre 1950. Photo But et Club

 

Coeuret chez les professionnels

Roger Francis Coeuret débute sa carrière professionnelle le 3 janvier 1953. Il fera 28 combats, dont 17 gagnés, 10 perdus et 1 nul. Son plus beau titre est celui de Champion de France.

Son premier combat professionnel est contre Juan Jose Mencia, le 3 janvier 1953 à St Brieuc et il débute par une victoire. Jusqu’en février 1954, il enchaine une série de 10 combats victorieux entre Saint-Brieuc, Guingamp et Rennes (et un seul nul). 

 

13 février 1954 Ouest-France

En octobre 54, il bat Robert Claude par arrêt de l'arbitre au second round.

Coeuret vainqueur 13 octobre 1954 Ouest-France

Puis il se frotte à de sérieux adversaires dans des grandes villes et là il subit des défaites comme à Bologne le 1er novembre 1954 contre Franco Cavicchi, à Manchester le 10 décembre 1954 contre Johnny Williams, au Cirque d’Hiver à Paris le 8 avril 1955 contre Bernardo Pacini, Salle Wagram à Paris le 22 décembre 1955 contre Michel Aubignat.

Ci-dessous, en avril 1954, il encaisse une lourde défaite contre à Guingamp.



En 56 et 57, il subit encore deux défaites par KO et raccroche les gants le 7 décembre 1957 après un dernier combat Salle Wagram contre Lepercq.

Francis Coeuret est décédé à l'âge de 88 ans le 25 septembre 2019 à Dinan mais la famille Coeuret continue de baigner dans le monde de la boxe. 

Sur la photo ci-dessous, on voit Michel Coeuret, le frère de Francis, remettant la coupe en 2013 à un jeune boxeur, Gaëtan Lestic.

 

Michel Coeuret, à droite. Photo Le Télégramme, édition du 4 mars 2013


 

 

Le premier combat dans la salle de Robien en 56

 

La première soirée de boxe dans la nouvelle salle de Robien se déroule le samedi 13 octobre 1956.  

Ce gala permet de réunir les finalistes des championnats amateurs de Bretagne et deux professionnels, Gaston Mathieu et Romain Dabrowsky.

 

Salle de Robien 4 octobre 1956 Ouest-France

 

 

L'assemblée générale du Sporting en 59

 

Saint-Brieuc bouge au niveau sportif à la fin des années 50. Le Club Olympique Briochin (C.O.B) lance son grand projet immobilier, piloté par l'architecte M. Le Méhauté. Le plus important patronage de Saint-Brieuc avec à sa tête le jeune et dynamique abbé de Couessin, n'a pas lésiné. 

L'abbé Couessin

On y trouvera : salles de conférences, salle de gymnastique, salle omnisports, salle d'entraienement de basket,  bibliothèque et le long de la rue Saint-Benoit on trouvera la conciergerie, le secrétariat, les salles pour les scouts, les Coeurs Vaillants, la Manécanterie...

Le C.O.B accueillera de nombreuses manifestations sportives quand le projet sera réalisé...

Projet de salle du C.O.B de l'architecte M. Le Méhauté. 3 octobre 1958 Ouest-France

 

En avril 1959 lors de l’assemblée générale du Sporting-Club briochin, le président Bagourd rappelle les trois galas de boxe organisés avec le Stade-briochin. Roger Le Bert, le professeur de boxe, « se réjouit de compter dans ses recrues trois champions de Bretagne amateurs, Henri et Claude Corack et Nabti, qui doivent affermir dans l’avenir l’ossature du club. Gaston Mathieu se voit attribuer à l’unanimité les remerciements mérités par son attachement sincère au Club de ses débuts… » (25 avril 1959 Ouest-France, photo ci-dessous).


25 avril 1959 Ouest-France

 

Le Sporting-Club Briochin dans les années 60-70

 

Les années 60 commencent bien pour les champions de Robien à l’instar d’Henri Corack, poids-lourd, qui devient champion de France militaire en 1962 et entame ensuite une carrière professionnelle. Mais globalement la période des années 60 est difficile pour le club qui est plus ou moins mis en sommeil.

Le comité et le bureau du sprting autour de MM Grandidier, président d'honneur, Bagourd, président et Argenton, vice-président. 29 avril 1961 Ouest-France

 


 


 

 

1972, une année à retenir

 

Le club de boxe s'installe rue abbé Garnier à Robien en 1972 dans des locaux laissés vacants par l'entrepôt des bus, fermé depuis 1963.

 

 

 

Itinéraire d'un boxeur des années 70, Yvon André, un demi-siècle au service de la boxe 

(Portait écrit à partir d'extraits d'un article de Ouest-France du 24 avril 2014)

 

Yvon André en 2014. Photo Ouest-France

Casquette vissée sur la tête, sa marque de fabrique, Yvon André entraîne trois fois par semaine les boxeurs du club au gymnase de Robien, depuis plus de quarante ans.

En 1972, il combat pour la première fois sous les couleurs briochines. « J'avais 16 ans et mon adversaire 22 ans. J'ai fait trois rounds et j'ai fini KO. » Un des seuls de sa carrière.

Il aime à le répéter « La boxe m'a énormément donné. J'ai voyagé, canalisé mon agressivité... Le sport fait partie de ma vie, mes enfants en font tous. Quand on est boxeur, on est connu et reconnu. Il fallait voir les yeux de mes gosses quand je leur parlais de boxe»

Son palmarès : 58 victoires en amateurs, 12 matchs nuls et 19 défaites. Sur ses 12 combats professionnels, il a décroché 8 victoires. En championnat de France, il n'a pu malheureusement dépasser les demi-finales. Titulaire du Brevet d'État, il a vu passer près de 2 000 gamins depuis ses débuts en 1988.

 

 

 

L’ambiance extraordinaire des combats à Robien, dans les années 1980

 

Emmanuelle Métivier a publié un article dans Ouest-France le 4 novembre 2018 où elle fait parler les témoins des années 80 qui évoquent avec enthousiasme l’ambiance de cette époque :

« Affiches, coupures de presse et photos à l’appui, les murs témoignent du passé du club. Il y a eu de grands champions, comme les tenants du titre national Alain Victor et Serge Jagot ou, grand parmi les grands, Anaclet Wamba, sept fois champion du monde. (…)

 

La salle d'entrainement rue abbé Garnier. Photo RF 2020

  « Dans les années 80, il fallait voir l’ambiance lors des combats à la salle de Robien ! Extraordinaire ! J’ai eu la chance de boxer en tant que professionnel à cette époque-là. » Le SCB a la mémoire longue et l’esprit de famille. Il n’oublie pas les passionnés qui ont œuvré à promouvoir la boxe à Saint-Brieuc, les Morin, Roquefort, etc., qui ont désormais des challenges à leur nom. « Le public briochin a été habitué à venir voir du super niveau. Quand cette génération de boxeurs est partie, il y a eu un vide. Il a fallu quasi recommencer à zéro. » 

 

 

Albert Huet, un grand entraineur de boxe des années 80 à Saint-Brieuc.

 

 

Albert Huet est né à Fougères le 2 octobre 1924, il travaille au dépôt de la SNCF à Saint-Brieuc  et, côté sport, il va signer sa première licence en 1943, au Sporting-Club briochin. Il déménage au Mans pour des raisons professionnelles. Il va y créer une section de boxe amateur et découvre Alain Victor, qui devient champion de France amateur des poids lourds.

Revenant à Saint-Brieuc en 1969, au service d'exploitation, il est 10 ans plus tard admis à la retraite et là il va se consacrer pleinement à la boxe.

 

Avec Charles Morin, le Président, et Gégé Le Glatin (son ami de toujours et l'entraineur du club avec Le Bert), il remonte le Sporting-Club briochin. Il fait venir à St Brieuc Alain Victor qu’il entrainait au Mans.

 

Les gens qui le côtoyaient, à la salle d’entrainement rue abbé Garnier, le décrivaient comme un « pédagogue exigeant et rigoureux, méthodique, très soucieux de protéger ses boxeurs, mais voulant vivre sa passion ». Il inspirait le respect à tous les boxeurs. C’était « Monsieur Huet ».

Albert Huet est décédé en août 1999 à Saint-Brieuc, il allait avoir 75 ans. Il était bien connu à St Brieuc et à Robien et on se souviendra que pendant près de cinquante ans, il  avait formé de jeunes boxeurs. 

 

 
Portrait de Charles Morin, ancien président du club de boxe de Saint-Brieuc. (d’après un article de Ouest-France du 20 février 2015)

 

Charles Morin s'est éteint à l'âge de 96 ans en février 2015. Cet ancien commerçant avait été le président du club de boxe de Saint-Brieuc. Avec son épouse, ils avaient d'abord débuté en ouvrant un petit café-épicerie à Cesson en 1943 ; après d’autres expériences professionnelles à Dinan et à Nantes, ils reviennent à Saint-Brieuc et construisent un magasin d'alimentation dans le quartier du Point du Jour. En 1961, Charles Morin, qui avait été chauffeur routier, reprend le café des sports à Saint-Brieuc. À la tête de l'association qui gère le Sporting-Club Briochin, Charles Morin a côtoyé le boxeur Anaclet Wamba qui fut champion du monde des poids léger en 1989.

 

Charles Morin. Photo Le Télégramme 2015

 

 

 

Les années 90, Anaclet Wamba champion du Monde.

 

C’est le boxeur Anaclet Wamba qui marque les esprits dans les années 90 avec des victoires au plus haut niveau comme. Ce champion est  né le 6 janvier 1960 à Liranga en République du Congo et c’est dans son pays, à l'âge de 15 ans, qu’il décide de devenir boxeur après avoir assisté à Kinshasa le 30 octobre 1974 au «combat du siècle » entre Georges Foreman et Mohamed Ali. D’abord boxeur sous les couleurs du Congo, il découvre la France et s’installe à Saint Brieuc où vit à depuis 1991. C’est M. Morin qui l’accueille au club de boxe. 

Wamba a été Champion du monde de Boxe, Lourds légers, en 1991 et en 1993. Il s'est emparé du titre mondial le 20 juillet 1991, à Palerme, en battant l’italien Massimiliano Duran. De nouveau Wamba bat Durab le 13 décembre 1991 au Palais Omnisports de Paris Bercy. Ce titre, il l’a défendu à sept reprises, notamment contre le champion Andrew Maynard et contre Jonh Westhgard ou contre le français  Akim Tafer.

Il met un terme à sa prestigieuse carrière en 1994 sur un bilan de 46 victoires (23 KO), un match nul et deux défaites.

 

A lire : un article complet sur la carrière et la vie d'Anaclet Wamba, en cliquant ici

 

Salle de Robien. Affiche Wamba-Crower


Son fils Nicolas Wamba, que ce soit en Kick Boxing, en boxe thaï ou en boxe traditionnelle, affiche également un beau palmarès. Tous les deux sont passés par le club de Boxe de Robien.

La vie du Sporting Club Briochin (S.C.B) est très riche dans les années 90, de nombreux galas de boxe sont proposés au public de la région de Saint-Brieuc. Par exemple, le 23 avril 1993, le public est invité à la salle de Brézillet pour voir Anaclet Wamba affronter Frank Swindell, champion USA 92.

Le 23 novembre 1996, la soirée à la salle de Robien offre aux spectateurs un combat professionnel avec le super mi-moyen Nicolas Lawinsky, du S.C.B avant une série de douze combats où les boxeurs du S.C.B affrontent des sportifs de Rouen, Lisieux, St-Nazaire et Brest.

 


Georges Koffi et Frantz Laviso, ont aussi rempli les salles de boxe dans les années 90 et à Robien, il pouvait y avoir jusqu'à  2 000 personnes. Les combats menés par les amateurs étaient aussi très appréciés. Citons Yvon André, Marc Ferga, passé plus tard dans l’encadrement, Gérault, Barbier, Renault, Héry et Huet.

 

 

 

La fresque des boxeurs, rue abbé Garnier à Robien. 1994.

 

A la vue de la fresque sur le pignon du Sporting club, on peut deviner quelle activité se pratique à l'intérieur !

L’artiste Jc-Ginger Poujoulet (appelé Ginger) est l’auteur de la fresque, en noir et blanc, « Le boxeur » qui orne le pignon de la salle de boxe, rue Abbé Garnier dans le quartier de Robien à St Brieuc. 

 

Fresque des boxeurs, rue abbé Garnier. Photo RF


Le boxeur représenté est Philippe Jouyaux, un briochin qui s’est illustré dans les championnats amateurs, au début des années 90. 

 

 

Trophée Philippe Jouyaux. S.C.B. Photo RF



Cette œuvre est réalisée en 1994 par Jc-Ginger auquel on doit également une autre fresque devenue célèbre, celle appelée « Les jambes », réalisée en 1991, visible depuis le parking Poulain-Corbion, proche de la mairie.

D'abord musicien, Ginger a aussi été officier dans la marine marchande pendant six ans, puis a commencé à faire de la décoration (premier essai dans un restaurant de Guingamp). Françoise Trabut, adjointe à la jeunesse à la mairie dans les années 90, lui propose alors de réaliser des fresques avec des jeunes des quartiers de la ville. Il travaille avec René Boizard, éducateur à la Protection judiciaire de la jeunesse et monte ce projet avec six jeunes pré-délinquants.  Après avoir laissé une dizaine d’œuvres dans les rues, Ginger est parti en Argentine où il a réalisé des fresques et des décors pour des publicités.

Cette fresque a été inaugurée en décembre 1994. L’adjointe Françoise Trabut rappelle à cette occasion que ce projet se situe aussi dans le cadre de la prévention de la délinquance. Le boxeur Philippe Jouyaux, un des deux boxeurs servant de modèle, était présent aux côtés de l’artiste.

 

Inauguration de la fresque. Françoise Trabut, Abderak Guaga, Jc Ginger et Philippe Jouyaux. Décembre 1994. Photo Ouest-france


 

Les années 2000

Le public était conquis par les "vedettes" dans les années 90 mais faire vivre un club était une autre affaire. Plusieurs démissions dans les dirigeants du S.C.B ont poussé Yvon André et Marc Ferga à prendre plus de responsabilités.

 

Yvon André. Photo Le Télégramme

En 1990, Yvon André (ancien boxeur professionnel totalisant 50 ans dans le monde de la boxe) et Marc Ferga créent l’école de boxe, pour les 8-15 ans afin d’assurer la relève, dans une période où il ne reste plus dans le quartier qu’une petite dizaine de boxeurs. Les deux amis qui se connaissent depuis des décennies relèvent le défi pour construire un club solide en tenant compte de leur expérience dans le milieu.

Cette école de boxe fait naître de nouveaux talents comme André, Lavigne, Lewinski, Philipotte, Almagro, Pierrot etc.
L’histoire plus récente du club s’écrit maintenant aussi au féminin avec des graines de championnes comme Eva Imbert (championne de France) et Cynthia Lawson. Beaucoup de filles sont maintenant adeptes de la boxe et fréquentent avec assiduité la salle de Robien.

 

Casques dans la salle d'entrainement du club de boxe, rue abbé Garnier. Photo RF 2020


Chez les pros, Anderson Prestot, champion de France en 2018 et champion d'Europe des poids-moyens en décembre 2018, formé au S.C.B, a devant lui une carrière prometteuse… D’autres prendront à leur tour la relève, dans ce club toujours bien vivant qui maintient cette vieille tradition de la boxe dans le quartier de Robien. 

 

Anderson Presto avec Yvon André, son ancien coach de St Brieuc. Photo Alfred Voirin. Le Télégramme 27.06.2018


 

 

L'essort de la boxe féminine

En 2006, Guy Sébilleau, muni de son brevet d'instructeur, prend en charge la section féminine qui vient d'être créée. Leslie Sibille et laura Briand sortent du lot et prouvent qu'elle peuvent briller dans ce sport.
 
6 avril 2006 Ouest-France

6 avril 2006 Ouest-France

 

 

Un film : Boxe ma vie boxe

 


Le film documentaire de Roland Thépot sorti en 2018 et produit 

pour France télévision est en grande partie tourné au club de Robien.

 



L'histoire, c'est celle d'une boxeuse qui va monter sur le ring pour un combat, elle n’a pas peur. Il faut dire que sur ce ring elle est un peu chez elle car toute sa vie n’a été qu’un combat jalonné d’épreuves. Ce soir, elle a deux entraîneurs attentifs et bienveillants à ses côtés, elle ne peut qu’être rassurée. Cette histoire se passe à Saint-Brieuc, une ville qui n’échappe pas à la précarité. Debout face à leur rêve de vie, ces gens ont reçu des coups, aujourd’hui ils apprennent à encaisser, à esquiver. A travers cette histoire, c’est aussi une image en creux de la ville qui se dessine.
 
Plusieurs extraits sont à retrouver :
extrait 1 en cliquant ici 
extrait 2 en cliquant ici 
extrait 3 en cliquant ici
 


 

 

Conclusion

 

Cet article montre combien sont étroits les liens qui unissent le monde de la boxe et le quartier de Robien à Saint-Brieuc. Ces liens sont plus anciens qu’on pouvait le croire puisqu’ils remontent au tout début du XXe siècle dans la cour des établissements Buvat, rue Jules Ferry. Puis, dans les années 20, la boxe se développe au patronage de la paroisse Sainte-Anne de Robien. 

Dans les années 50, le quartier de Robien apporte quelques champions à la boxe avec la famille Corack et avec l’ouverture de la salle de Robien en 1956, de grands combats de boxe se déroulent dans le quartier. 

Enfin, l’installation du Sporting-Club Briochin (S.C.B) rue abbé Garnier, avec sa grande fresque sur le pignon, marque l’ancrage de la boxe à Robien. 

Il n'est pas étonnant que la boxe se soit développée au début du XXe siècle dans le quartier de Robien peuplé d'ouvriers. C'est dans le milieu ouvrier que les boxeurs étaient surtout recrutés et ce sport a longtemps représenté une possibilité d'ascension sociale.

 

 

 

Si vous avez des commentaires ou des documents sur la boxe à Robien, vous pouvez utiliser le formulaire de contact en haut à droite de la page. Merci d'avance.

 


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Sources

Ouest-Eclair, 1933 à 1944, éditions en ligne sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale.

Le Griffon, numéro 26. 1972. En ligne sur le site des archives municipales.

Les journaux locaux comme Le Télégramme et Ouest-France ont publié de très nombreux articles sur la boxe à St Brieuc. Leurs articles et photos ont été des supports très précieux pour la rédaction de cet article.

Le Télégramme, article du 26 octobre 1998

Le Télégramme 21 juillet 1999. Article sur François Le Parc. Cliquer ici

Le Télégramme, article du 1er septembre 1999, Albert Huet, ici

Le Télégramme, article du 6 décembre 2001 (Anaclet Wamba)

Le Télégramme, article du 23 février 2003 (combat d’Eugène Le Cozannet à Robien en 1957 et photo Le Télégramme)

Le Télégramme, article du 18 février 2010

Le Télégramme, 14 juillet 2012 (décès Eugène le Cozannet)

Le Penthièvre. Article du 17 janvier 2020

Le Monde, article publié le 30 avril 1958 sur le combat de Gaston Mathieu contre Ferrer

Entretiens, échange de courriers et de documents avec Claude Corack. 2019, 2020.

Correspondances avec Jean Pierron, à partir du site Généanet, et de sa fiche sur Alphonse Pierron,  ici

Livret militaire, Alphonse Pierron, classe 1916. Archives départementales 22 en ligne

 

A propos de  la fresque des boxeurs: articles de presse et Exposition « Just do paint » 2019, à l’Hôtel des Ducs de Bretagne. Kevin Magi, président du Comité de quartier du centre-ville de St Brieuc, en a assuré les visites.

Article "Portrait des boxeurs de métier. 1905-1914" ici 


A lire : un article complet sur la carrière et la vie d'Anaclet Wamba, en cliquant ici

 

Visite du quartier et rencontre au club le 2 mai 2022

 

Liens pour connaitre le palmarès complet de boxeurs célèbres de St Brieuc


Palmarès complet de A. Thomas, cliquer ici

Palmarès complet de Gaston Mathieu, cliquer ici

Palmarès complet de François Le Parc, cliquer ici

Palmarès complet de Francis Coeuret, cliquer ici

Palmarès complet de Jacques Duchêne, cliquer ici

Palmarès complet d’Eugène Le Cozannet, cliquer ici

Palmarès complet de Serge Jagot, cliquer ici

Palmarès complet d’Anaclet Wamba, cliquer ici

Palmarès complet d'Anderson Prestot, cliquer ici

Palmarès complet d'Henri Corack, cliquer ici

 

 

 

 

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