jeudi 26 octobre 2023

La famille Greneux, des industriels forains en Bretagne

Cet article est lié au départ à l'histoire des fêtes foraines dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, puis plus largement aux autres fêtes foraines du secteur de Saint-Brieuc et de Bretagne. 


La famille Greneux est une grande famille d'industriels forains depuis le début du 20e siècle et a de profondes attaches en Bretagne. Elle est associée par le mariage de M. Tricoire, industriel forain, avec Mlle Greneux.

Cet article est écrit à partir d'articles de presse, d'informations trouvées sur des forums Facebook et de recherches sur un site de généalogie, il ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire de la famille Greneux et ne demande qu'à être complété (merci d'utiliser le formulaire de contact).

 

Une figure du monde forain

 

Aimé Greneux en 1960. Photo Ouest-France

Aimé Greneux était la figure du monde forain en Bretagne et son porte-parole dans les années 50-60. Il était le doyen des industriels forains de Bretagne « dont il était aussi la figure la plus sympathique », peut-on lire dans l’édition de Ouest-France du 27 avril 1960. Il était connu sous le nom du « père Greneux » et propriétaire du « Grand stand de tir. Idéal Stand ».

 

Une longue carrière 1922-1960

Aimé Greneux fréquentait la fête foraine de Saint-Brieuc depuis 1922. Plus tard, il continua de venir avec sa fille et son gendre, M. Tricoire (peut-être à droite sur la photo ci-dessous?).

Aimé Greneux et toute sa famille. 24 juin 1955 Photo Ouest-France

Le 21 février 1926 dans La dépêche de Brest,M. Greneux, marchand forain, est mentionné comme donateur d'une somme de 50 francs pour les familles de deux navires naufragés à Douarnenez. Son collègue Mallemanche a fait de même.

Cette générosité, on en retrouve une autre trace le 23 décembre 1931, toujours dans La Dépêche de Brest, dans la liste des donateurs pour la fête de l'arbre de Noël des orphelins de l'Hôpital et de l'Assistance publique à Brest. et ses collègues forains ne sont pas en reste comme on le voit ci-dessous.


En septembre 1938, on note sa présence à la fête foraine de Lorient avec son "Tir idéal".


 

On trouve dans Ouest-Eclair une certaine Marie Prunier, épouse Aimé Greneux, décédée à La Baussaine (35) en décembre 1941.

Aimé Greneux avait son franc-parler comme on peut le lire dans un entretien à Ouest-France du 13 juin 1957 où il souhaite qu’on s’adresse à lui comme « industriel forain », pour éviter d’être comparé aux forains nomades et « romanichels ».


A. Greneux 13 juin 1957 Ouest-France

En juin 1958, on voit M. Greneux en photo sur la place de Robien avec les placiers MM Rumen et Kerharo.

MM Rumen, Kerharo et Greneux place de Robien. 5 juin 1958 Ouest-France

Au mois d’octobre 1958, on lui remet la Croix d’Honneur de Chevalier de l’éducation civique.

Remise de médaille A. Greneux. 6 octobre 1958 Ouest-France

M. Greneux est décédé subitement en 1960 à l’âge de 79 ans, à Douarnenez où il est enterré. Son décès et ses obsèques ont donné lieu à plusieurs articles élogieux, accompagnés de photos, dans Ouest-France.

Obsèques A. Greneux. 27 avril 1960 Ouest-France

 

 

A suivre, d'autres familles d'industriels forains 

en Bretagne :

 

La famille Audroin, cliquer ici

La famille Chira, cliquer ici

La famille Coéffic, cliquer ici

La famille Descamps, cliquer ici

La famille Drouet, cliquer ici

La famille Figuier, cliquer ici

La famille Hoffmann, cliquer ici

La famille Mouton, cliquer ici

L'histoire de Romain Mouton, appelé le Père Mouton, cliquer ici

L'histoire de la famille Tricoire, cliquer ici 

L'histoire de la famille Watrin, cliquer ici

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur les familles d'industriels forains de Bretagne, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

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Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme.

Facebook "Forain d'autrefois", cliquer ici 

Facebook "Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs", cliquer ici


 

La famille Drouet, des industriels forains en Bretagne.

 

Cet article est lié au départ à l'histoire des fêtes foraines dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, puis plus largement aux autres fêtes foraines du secteur de Saint-Brieuc et de Bretagne.

Cet article est écrit à partir d'articles de presse, de forums Facebook et de recherches généalogiques, il ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire de la famille Drouet et ne demande qu'à être complété (par le formulaire de contact).

 

Victor Drouet 

Pierre Victor Drouet est né le 6 septembre 1844 à Saint-Maur-des-bois dans la Manche (à vérifier). Il était marchand forain, domicilié en 1914 à La Chapelle-Cécelin dans la Manche. Il épouse Marie-Delphine Caussin.

Il était le père de Marcelle Pascaline Drouet, née vers 1890 à Lezoux dans le Puy-de-Dôme. Elle épousa Pierre Hoffmann et donna naissance à plusieurs enfants dont Marguerite Hoffmann en 1914 à Quimper.

 

Georges Drouet

Ci-dessus, Georges Drouet qui tenait un stand de tir dans les années 50.

 

En juin 1957, Ouest-France a la bonne idée de réaliser des "Interviews-Express" autour des fêtes foraines briochines. A travers les personnes interrogées, c’est le monde des industriels forains qui se dévoile un peu.

Georges Drouet est présenté comme un Brestois qui dirige le stand de tir Le Buffalo et vient à Saint-Brieuc depuis 1944. Il se dit très satisfait du règlement établi par la municipalité car les forains savent exactement à quoi s’en tenir.


 

Georges et Roger Drouet

Un article de Ouest-France du 28 juillet 1960 présente les frères Georges et Roger Drouet au moment des fêtes de de la Sainte-Barbe à Callac où ils sont connus de tous. Leurs parents seraient venus pour la première fois en 1898 avec leur cinéma muet sur cette fête, et ils les accompagnaient. Leur attachement à cette ville s'est concrétisé car, jusqu'en 1939, Georges et sa mère passaient la saison d'hiver sous les halles.

Roger et Georges Drouet en 1960
 

Georges et Roger Drouet à Plouescat. 19 octobre 1967 Ouest-France

 

Sur la photo ci-dessus, sont réunis sur la place des Halles de Plouescat (Finistère) et devant leurs stands, M. Georges Drouet, le doyen des industriels forains de la ville, son frère Roger Drouet, M. Le Prince (avec la grande écharpe blanche) et la célèbre reine Milin.

Roger Drouet était appelé Papy Roger et tenait un manège pour enfants. Louis Drouet se souvient d'un petit détail significatif : « Avec sa moustache, il avait l'air d'un dur et il savait calmer ce petit monde. »


Un article de Ouest-France daté du 19 octobre 1967 raconte que Georges et Roger Drouet viennent à la fête foraine de la Saint-Luc de Plouescat depuis l’année 1900. Une anecdote impliquant la famille Drouet est également évoquée, l'histoire se passe en 1924 : la municipalité venait de faire installer l’électricité et tout était prêt pour l’inauguration et tous les officiels étaient rassemblés sur la place où la fête foraine allait ouvrir. La nuit tombait et tout le monde attendait l’arrivée de « la fée électrique ». Mais une panne malencontreuse était en train de ruiner les efforts de la municipalité. On fit alors appel au groupe électrogène de M. Drouet, qui s’occupait également d’une salle de cinéma ambulant sous tente. Ce fut un succès complet. Toutes les lampes s’allumèrent à la grande joie de l’assistance. La famille Drouet avait sauvé la situation !

 

Bien des années plus tard, on retrouve d'autres membres de la famille Drouet dans la presse...

 

 

Louis Drouet

Louis Drouet en 2018

 

Un article de Ouest-France, en 2018, présente Louis Drouet, né en 1934, comme le doyen des forains de la Fête foraine de Carhaix. Si la guerre a marqué une coupure, c'est en force et en famille que les Drouet vont revenir dès 1945 avec un manège. Ce manège, modernisé, est toujours là, à la même place. Autrefois, il y avait pour accéder au manège et les forains avaient une habitude : "Le jour de la Toussaint, il y avait une tradition. On coupait la musique pendant les vêpres, c'était notre façon de marquer notre respect pour ceux qui sont partis".


Autre tradition, l'apéritif des forains. On allait le soir, par groupe, au café du centre, situé non loin de là, tenu par la famille Couzelin. « Je ne me suis pas sédentarisé, je reste en caravane. Je vais même vous dire qu'autrefois on restait hiberner à Carhaix, face à l'ancienne gendarmerie. Aujourd'hui, je me retire à Pontrieux. »

La quatrième génération des Drouet arrive, et avec eux, c'est l'avenir des fêtes foraines qui est assuré. Aujourd'hui, on ne peut rater les stands de la famille : la confiserie située à l'entrée, un grand camion qui propose nougats fabriqués sur place, berlingots, chichis, barbe à papa...

Photo parue sur le Facebook Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs.

 

Autour des stands de loterie, de canards à pêcher, de jeux modernes d'aujourd'hui. Steeve Drouet, fait tourner la machine.

(D'après un article de Ouest-France du 2 novembre 2018)

 


Le stand de la famille Drouet

 

Dans le forum Facebook Forain d'Autrefois, Alain François poste une photo du camion et du stand de confiserie de la famille Drouet sur la fête de Brest en 1992 et plus tard avant sa disparition.

Photo Alain François. Facebook Forain d'autrefois

Photo Alain François. Facebook Forain d'autrefois

Cette photo du camion a suscité une réaction :  "Je l'ai connu en couleur crème (moitie supérieure) et orange (moitié inférieure), bien plus jolie. Tous leurs convois étaient des mêmes couleurs, ils avaient un camion habitation qui tractait une remorque d'habitation briochine, un camion qui transportait le manège enfantin et qui tractait la confiserie et un autre qui tractait une remorque stand de tir".







Les Drouet : Marcel, le cousin; Steeve, le père; Steeve, le fils, et Louis. Photo Ouest-France 2018

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A suivre, d'autres familles d'industriels forains 

en Bretagne :

 

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L'histoire de Romain Mouton, appelé le Père Mouton, cliquer ici

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L'histoire de la famille Watrin, cliquer ici


 

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Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme.

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dimanche 22 octobre 2023

Marthe Mouton, née Calphas (1893-1984), épouse Camille Mouton, doyenne des forains en Bretagne


Marthe Mouton, née Calphas à l'âge de 100 ans. Photo Lorenzo Annick

Marthe Mouton, née Calphas, longtemps nommée « la doyenne des forains de Bretagne », vivra jusqu’à l’âge de 101 ans. Nous évoquons ici ses origines et sa vie. Cette lecture peut être complétée par un autre article sur "Romain Mouton, appelé Le père Mouton", ici et l'article actualisé récemment : "La famille Mouton, forains en Bretagne", ici.


La famille Calphas

Athanase Calphas (1837-1915) est né le 10 janvier 1837 en Turquie, il émige en Belgique puis arrive en France et s'installe à Paris où il pratique la photographie, une tradition qui sera suivie par trois de ses fils : Alcibiade, Alexandre et Ferdinand.

Son fils, Alcibiade Calphas, est né à Chrysopolis en Turquie le 16 juin 1863. Chrysopolis est alors sur la rive orientale de Constantinople (la ville est appelée Istambul de nos jours). Il exerce dans le domaine de la photographie et fréquente le milieu des forains de Paris. A Paris, il rencontre Anne Marie Perrine Richeux, née à Chateauneuf (Ille-et-Vilaine) le 8 août 1861. Avant leur mariage, ils vont avoir deux enfants : Émilie Yvonne, née le 1er avril  1881 à Paris 14e arrondissement et Marthe née le 17 septembre 1883  dans le 14e arrondissement de Paris. Alcibiade épouse Anne-Marie Richeux le 5 juin 1906 à Saint-Servan et il reconnait les deux enfants lors de cet acte de mariage. 

Acte de mariage 1906 Saint-Servan. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine

Signatures mariage Calphas-Richeux 1906


Émilie et Marthe vont connaître une vie sur la route, allant d’une foire à l’autre. Leurs parents se mettent à leur compte en exerçant la photographie en tant qu'itinérant. C'est l'histoire de Marthe, mariée avec Camille Mouton, qui est développée dans cet article...

Un autre fils d'Athanase Calphas, Ferdinand Mathieu, né le 11 avril 1865 à Anvers (Belgique), va exercer comme photographe itinérant dans l'ouest de la France (Normandie, Mayenne...). En 1906, il se fixe à Ernée en Mayenne (notice complète ici).

Son fils, Georges Calphas, né le 9 septembre 1893 à Mézidon dans le Calvados, va également exercer comme photographe. Un évènement va changer sa vie : lors d’une attaque par les gaz pendant la guerre de 1914-1918, il donne volontairement son masque à l'un de ses hommes et il est grièvement brûlé aux yeux, ce qui lui fera perdre la vue. Pour sa bravoure et son abnégation, il reçoit la Croix de guerre et la médaille militaire. Le 24 juillet 1920, Georges Calphas se marie avec Marceline Renoulin, née au Lude (Sarthe) le 9 septembre 1893, orpheline ayant grandi à Ernée. C’est là qu’ils se sont rencontrés, ont vécu  dans leur jeunesse et que 50 ans plus tard, ils fêtent leurs noces d’or.

Noces d'or Georges Calphas 11 août 1970 Ouest-France



La famille Calphas à Saint-Brieuc
Pour les parents Calphas la route s’arrête au moment de la guerre 14-18 quand les chevaux sont réquisitionnés. M. Calphas se met brocanteur 25 rue de Gouédic à Saint-Brieuc et vend des poneys pour promener les enfants. Alcibiade Calphas serait décédé en décembre 1920 à Saint-Brieuc selon certaines sources mais on ne trouve aucune trace dans les registres de décès entre 1919 et 1922 !
Calphas rue de Gouëdic 4 décembre 1919 Ouest-Eclair

Marthe est séparée de son mari, Camille Mouton, parti servir son pays dans les tranchées pendant la guerre 14-18. Avec ses trois enfants, elle campe sur la place Dugusclin de Saint-Brieuc et essaie de vivre avec quelques francs par jour.

La soeur de Marthe, Émilie, prend aussi ses attaches à Saint-Brieuc où elle se marie avec Ernest Morice le 17 mai 1916.

1916 Registre des mariages Saint-Brieuc Vue 54

Signatures des témoins au mariage. 1916

Mention de Marthe Calphas demeurent sur la place Duguesclin à Saint-Brieuc en 1916

Marthe Mouton, née Calphas (1883-1984)

Marthe Calphas voyage sur les routes de Bretagne avec ses parents, allant de fête foraine en fête foraine. C'est là qu'elle rencontre
Camille Mouton, sur la place à Carhaix, entre les manèges et les roulottes. 

Elle se marie avec lui le 25 novembre 1909 à Rosporden dans le Finistère. Camille François Mouton est né le 2 juin 1886 à Guingamp (et décédé le 24 mai 1970 à Tréguier), dans les Côtes-d'Armor. 

Camille Mouton. Registre des naissances Guingamp 1886. Vue 346. Mention de mariage avec Marthe Calphas. Archives départementales

La famille Mouton est bien connue dans le monde forain : Camille est confiseur et tient aussi une loterie foraine. Le père de Camille était Abel-Edouard Mouton (né en 1863), artiste dramatique puis marchand forain de 1893 à 1909.

Camille Mouton va vivre à une époque où les jeunes passeront de nombreuses années dans l'armée et à la guerre. Tout d'abord il est appelé à faire son service militaire en septembre 1907. Il y reste jusqu'en septembre 1909. Il est rappelé par le décret de mobilisation du 1er août 1914 et entre dans le Deuxième régiment de cavalerie légère à Pontoise. Il est évacué le 5 décembre 1916 et passe dans l'armée territoriale comme père de 4 enfants le 28 octobre 1917. Il repart aux armées le 13 octobre 1918 et enfin, il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 29 janvier 1919 où il se retire à Saint-Brieuc pour retrouver sa famille. Il est réformé temporaire et l’État lui verse une pension de 10% en raison de sa santé dégradée après ses années de guerre. Il est totalement libéré de ses obligations militaires le 16 décembre 1930 comme père de 6 enfants.
 

Camille Mouton, états de service, registre matricule 1906. site Grand Mémorial

 

Après leur séparation, de force, pendant la guerre 14-18, Marthe et Camille quittent Saint-Brieuc, où la famille était restée pendant quatre années sans circuler. Marthe Calphas et son mari Camille Mouton reprennent la route ; ils parcourent le Finistère (Carhaix, Landivisiau...), le Morbihan (Pontivy...) et une partie des Côtes-du-Nord (Loudéac...) de Pâques à la Saint-Martin, avec leur confiserie ambulante. Marthe évoque ainsi les fêtes de Carhaix sur le Champ-de-Bataille à la Belle époque : "De grands arbres, gigantesques, ceinturaient la place. Je vendais mes berlingots. Rémy donnait toujours du théâtre. Un cheval faisait tourner le manège de Descamps. Ah ! ces chevaux de bois ! Et le piano mécanique. Quelle poésie ne se dégageait-elle pas de ce rustre ensemble."(Ouest-France 12 mars 1970).

En 1957, Ouest-France dresse le portrait de cette famille qui fait rêver les petits et les grands depuis plusieurs générations : "La famille Mouton représente aux yeux des plus de 50 ans, ces confiseurs nés que nos yeux d'enfants admiraient en leur échoppe du quai de Brest au milieu des sucreries alléchantes, de leurs nougats tentateurs, de leurs délicieux berlingots. Et c'est avec la joie tempérée par la fuite du temps que nous avons retrouvé Mme Camille Mouton, à cette même place, près de ses enfants et petits-enfants, cinquante ans après." La conclusion de l'article est un véritable hommage : "Les mérites de la famille Mouton résident dans cette solidarité, cette constance et ce bel esprit de famille...".

La famille Mouton devant leur confiserie du quai Jean Moulin à Chateaulin. Camille Mouton à gauche. 31 août 1957 Ouest-France



Le couple Marthe-Camille a eu six enfants dont Édouard (1910 à Chateaulin-1995), Georges-Camille (1912-1999), Paulette (1917 à Pontivy-2013) et René (13 mars 1922 à Rosporden-2014). Trois d’entre eux ont continué le voyage, deux sont devenus sédentaires (un à Landerneau et l’autre à Paris). 

De son côté, Marc, appelé Marceau, né le 7 mars 1915 à Pontivy, a été mobilisé en 1939 où il intègre la 25e Division d'Infanterie Motorisée. Pendant ce qu'on a appelé "la Bataille de France", il est tué à Malancourt dans la Meuse le 15 juin 1940. 

Base Mémoire des Hommes.

Paulette est née à Saint-Brieuc et elle a exercé dans la confiserie. Elle est décédée à Morlaix le 21 avril 2013.
 

Le couple Mouton-Calphas fait l’objet d’articles dans Ouest-France à plusieurs reprises. 

Mme et M. Camille Mouton. 2 juillet 1965 Ouest-France
 

Tout d’abord Le 2 juillet 1965, la page de Ouest-France à Guingamp interroge M et Mme Camille Mouton, "un couple sympathique", en retraite mais qui continue de vivre le pardon de Guingamp avec les enfants qui ont pris la succession : "Les Vatrin, Hoffmann, Buffard, Mouton sont des noms sans lesquels il n’y aurait pas de fête foraine. Ils y viennent depuis des dizaines d’années et ont acquis le droit de se dire Guingampais". Ses parents tenaient le Théâtre Mouton qui donnait pendant un mois (le cinéma n’existait pas encore) de remarquables représentations dont se souviennent encore d’anciens Guingampais. Camille Mouton fut placé en nourrice à Saint-Agathon et fit ses études à l’école primaire supérieure de Guingamp. Il participa à la guerre 14-18 et se vit décerner la Croix de guerre et la médaille de Verdun.

Mme et M. Camille Mouton devant leur roulotte. 2 juillet 1965 Ouest-France

 

En 1966, au moment de la fête foraine de Morlaix, on trouve la famille Mouton avec ses installations qui regroupent une loterie, un stand de tir et une confiserie. Sur la photo Marthe Mouton est à droite.

"Le consortium Mouton (loterie, confiserie, tir)" 6 octobre 1966 Ouest-France Morlaix

Le 26 novembre 1969 dans la page de Concarneau, leurs noces de diamant sont célébrées à Concarneau, ce qui vaut une superbe photo de famille devant la roulotte !

"Tous deux ont le sourire, simple et tranquille, celui qui vient du coeur."

"Pour raconter cette aventure des gens du voyage arrivés presque au terme du soir de la longue et harassante journée, il faudrait la plume du poète, celle du vieux Max : "Ménage ton manège, manège ton ménage. Mets des ménagements au déménagement". Le père Mouton  a su faire l'un et l'autre, ce qui veut dire que le ménage est bon...Pas de falbala, pas de bruit, hier pour la fête chez les Moutons, le soleil était là, glorieux. C'était sans doute le plus bel ornement de ces noces de diamant..."

Camille Mouton et Marthe dans la roulotte. 26 novembre 1969 Ouest-France


Ensuite, Marthe Mouton est recherchée par les journalistes locaux qui veulent à tout prix rencontrer et photographier la doyenne des forains de Bretagne ! 

12 mars 1970 à Carhaix. Ouest-France

 Le 12 mars 1970, dans la page de Carhaix de Ouest-France :
« Une caravane aux couleurs chatoyantes que l’on devine entretenue avec le plus grand soin se distingue au milieu du parc abondamment garni en cette veille des grandes foires de mars sur la place du Champ-de-Bataille. Toujours coquette à 87 ans, accueillante à souhait, Mme Mouton reçoit le visiteur avec une franchise particulière. Elle vous fait pénétrer dans son domicile, un deux pièces à bonne température. Une place existe pour chaque chose et chaque chose est à sa place. M. Camille Mouton vous accueille avec un sourire « large comme ça » et sans plus attendre vous retrace les étapes de sa carrière peu banale. « Mes parents étaient des saltimbanques. Vous savez, ces hommes qui faisaient du théâtre sur la place, à la lueur des lampes à pétrole ». Mais bientôt, le théâtre forain qui eut ses heures de gloire ne fit plus recette. Il fallut, déjà à cette époque, se recycler, se reconvertir. "C’est ainsi que je devins marchand de berlingots. Un seul métier ne suffisant pas pour nourrir huit bouches, on monta une loterie".
 

12 mars 1970 à Carhaix. Ouest-France

Le 2 avril 1970, dans la page de Loudéac de Ouest-France, Camille Mouton est interrogé, il est alors âgé de 84 ans. 

La famille Mouton à Loudéac. 2 avril 1970 Ouest-France
 

Rappelant qu’il compte beaucoup d’amis à Loudéac, M. Mouton ajoute : "Je connais aussi fort bien les rivières loudéaciennes, j’y ai pêché une fois jusqu’à 120 truites !".  

Il poursuit sur la modernisation du matériel : "Notre principal travail, c’est le montage ! Ce n’est pas un travail de forçat mais il faut le faire et avoir la technique. Autrement, question de jeux, c’est la loterie principalement. Après elle, il y a les manèges enfantins, le tir, la confiserie…". Avec leurs caravanes, ils effectuent pas moins de 2000 kilomètres par an, uniquement sur les routes de Bretagne. 

Madame Mouton poursuit : "Mes parents étaient forains quand je suis née. Ils rayonnaient dans les environs de Paris et en Normandie à l’époque. Mais je suis en Bretagne depuis l’âge de 7 ans".
 

La famille Mouton à Loudéac. Dans l'atelier, on bosse ! 2 avril 1970 Ouest-France

En 1976, alors qu'elle atteint ses 93 ans, Marthe Mouton ne rechigne pas à raconter son histoire (c'est ce qui a servi à rédiger en partie cet article).


Camille Mouton, son mari, décède en 1980. En 1981, Marthe Mouton est photographiée aux Fêtes de la Sainte-Barbe à Callac.

Marthe Mouton 25 juillet 1981 Ouest-France


En 1982, Ouest-France se pose la question : Mme Camille Mouton est-elle la doyenne des foraines en Bretagne ? Dans cet article, elle raconte comment elle est venue pour la première fois avec ses parents forains aux fêtes de Chateauneuf-du-Fou en 1893 ! Le journaliste est étonné de sa vitalité et ajoute qu'elle a toujours le mot pour rire...


 

Marthe Mouton 31 août 1982 Ouest-France

En novembre 1984, la doyenne des forains décède dans sa 101e année sur la place du Champ-de-foire à Carhaix.


La doyenne des forains est partie mais la famille Mouton continue de faire les beaux jours des fêtes foraines en Bretagne...

 

A suivre

La famille Mouton, industriels forains en Bretagne, cliquer ici

Histoire de Romain Mouton(1850 Lafrançaise-1941 Saint-Brieuc), cliquer ici

 

Sources
Nombreux articles de Ouest-France et du Télégramme

Archives départementales des Côtes d'Armor, d'Ille-et-Vilaine, du Morbihan et du Finistère.

Site Généanet, Alcibiade Calphas, cliquer ici

Site portrait sépia, des photographes en France, cliquer ici

Photo en couleurs de Marthe Calphas dans "Profession Forains", Lorenzo Annick Paris-Éditions Charles MASSIN-1985; publiée sur le site de Joseph LOHOU(décembre 2009-février 2017)
 

Registre matricule Camille Mouton sur le site Grand mémorial, cliquer ici

Notice sur Athanase Calphas, photographe, cliquer ici

 

A suivre, d'autres familles d'industriels forains 

en Bretagne :

 

La famille Audroin, cliquer ici

La famille Chira, cliquer ici

La famille Coéffic, cliquer ici

La famille Descamps, cliquer ici

La famille Drouet, cliquer ici

La famille Greneux, cliquer ici

La famille Hoffmann, cliquer ici

La famille Mouton, cliquer ici

L'histoire de Romain Mouton, appelé le Père Mouton, cliquer ici

L'histoire de la famille Tricoire, cliquer ici 

L'histoire de la famille Figuier, cliquer ici

L'histoire de la famille Watrin, cliquer ici 

 

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Pour lire l'article sur les Fêtes foraines à Robien et dans le secteur de Saint-Brieuc, cliquer ici


L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

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