mardi 14 novembre 2023

Jules Hamonet (1889-1952) et fils, photographes à Saint-Brieuc.

 

Archives municipales. Factures 3L137
 

Le photographe Jules Hamonet a exercé dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc entre les années 1910 et 1950, dans une période ou d’autres photographes souvent plus connus avaient pignon sur rue à Saint-Brieuc comme Delaunay et Binet, années 30 ; Maquin, Hamonic (également éditeur de cartes postales) et Waron, fin des années 40 ; Dhainaut, installé en 58…

Photo Delaunay 1960 31 mai Ouest-France

Chez les Hamonet, la photographie c'est une histoire de famille sur plusieurs générations : les parents et trois fils exerceront ce métier. C'est ce qui explique qu' il est parfois difficile de démêler quelles sont les photos du père ou des fils !

 

Jules Hamonet, père (1889-1952)

Jules Hamonet est né le 15 janvier 1889 à Langueux, son père est bourrelier et il a cinq frères. Il se marie le 10 janvier 1910 à Saint-Brieuc avec Francine Jeanne Quinio (1891-1979). Il est déjà inscrit comme photographe en 1910 sur l'acte de mariage.

Registre des mariages. Jules Hamonet. 1910 Archives départementales.





Le couple aura 5 enfants : René en 1913, Marcel en 1918, André en 1920, Rémy en 1926, René en 1930.

Après avoir fait deux années de service militaire dans le 71e Régiment d'Infanterie, Jules Hamonet combat pendant la Guerre de 14-18 dès le 4 août 1914. Il est blessé le 14 août 1916 à Verdun et il est hospitalisé à Lyon pour soigner ses plaies multiples dues à des éclats de grenades. Sa santé est fortement altérée et cela lui vaut d'être déclaré "réformé temporaire" le 18 août 1917 avec une gratification de 400 francs.

On sait qu'en 1920, au moment de la naissance de son fils André, Jules Hamonet, père, exerce dans un studio photographique au 48 boulevard Hoche à Saint-Brieuc. 


Facture Hamonet 1937

La maison Hamonet édite des photos sous un format carte-postale comme cela se fait beaucoup au début du XXe siècle. Ci-dessous, cette photo avec le personnel du magasin de confection Pincemin rue des Trois-frères-Merlin à Saint-Brieuc est sous format carte-postale (publié aussi page 19 du livre de François Thomas, Saint-Brieuc de ma jeunesse). 

Photo Hamonet Saint-Brieuc, non datée, en vente sur le site de Clément-Maréchal

 

Plus tard, Jules Hamonet exerce au 7 boulevard Hoche, c'est là qu'il va décéder en 1952. 

La maison du 48 boulevard Hoche

Ancienne maison Hamonet, 7 boulevard Hoche, image Google

 

Témoignage

Michel Dhainaut, né en 1933, était passionné de photographie depuis tout jeune. Habitant dans le quartier de Robien, il aimait venir chez Jules Hamonet après l'école : "Il y a avait le magasin du côté rue dans le bas du boulevard Hoche et par derrière se trouvait le studio. Le développement se faisait dans la cave. Il me montrait comment faire les retouches et j'ai appris les techniques de développement."

Plus tard Michel Dhainaut fera son apprentissage à Saint-Brieuc, avant de faire de la photo son métier. Il exercera à Paris, adhérent de la Société Française de Photographie, il aura la chance de côtoyer les grands photographes d'après-guerre, les Doisneau, Cartier-Bresson etc. avant de revenir s'installer à Saint-Brieuc et de travailler avec les éditions Le Flohic. Il réalisera avec eux un énorme travail sur la collection : Le Patrimoine des communes de France.

La rencontre avec Jules Hamonet aura constitué une étape sur son beau parcours professionnel... 

Livre photo de Michel Dhainaut.

La disparition de Jules Hamonet.1952

Pendant l'Occupation, la profession de photographe peut rendre bien des services pour confectionner de faux papiers à des résistants. C'est ce que fera Jules Hamonet d'après le témoignage de son fils René (Ouest-France 6 août 2013).

Jules Hamonet exercera jusque dans les années d'après-guerre et en 1948 il tient encore son studio photo.

Le 29 janvier 1952, son décès brutal à l'âge de 63 ans surprend et attriste de nombreuses personnes.

Sa nécrologie dans Ouest-France est élogieuse :

"Jules Hamonet était un Briochin connu, une silhouette sympathique, un excellent camarade, jovial, serviable, toujours à la disposition des amateurs photographes dans les réunions, connu dans toute la campagne de la région où il allait "tirer" les mariages et noces d'or."

Décès Jules Hamonet. 31 janvier 1952 Ouest-France


Jules François Aimé Hamonet, fils (1913)

En avril 1913, va naître un fils, prénommé lui aussi Jules, comme son père, et qui deviendra photographe, comme son père.

Registre des naissances. Jules Hamonet. 1913 Archives départementales.

 Anecdote

Un souvenir raconté par M. Jean Pierre le 8 janvier 1998 dans Ouest-France :
"Avec les fils du photographe Hamonet, on allait chasser les moineaux sur la colline de Brézillet".


Portraits individuels ou de groupes

Jules Hamonet, père, suivi par son fils aîné, se spécialisent dans les portraits en tous genres (photos d'identité ou artistiques). Ils réalisent les clichés en extérieur ou dans le studio du boulevard Hoche.

Ci-dessous, voici le portrait d'Alfred Dacquay, le vice-président des cyclotouristes de Saint-Brieuc, par Jules Hamonet. En tant que passionné de vélo, secrétaire puis trésorier de cette association, Jules Hamonet fils connait bien Alfred Dacquay ! Dans le milieu du cyclotourisme, Jules est surnommé "petit Jules Hamonet"

21 avril 1949 Ouest-France

 

Ci-dessous une autre photo de Jules Hamonet publiée dans Ouest-France en 1950 dans le cadre d'un article sur l'Amicale Cyclotouriste Briochine, une association qui lui est chère.

Photo Jules Hamonet dans Ouest-France 13 janvier 1950

 

Ci-dessous, un aperçu de différentes photos prises par Jules Hamonet pour illustrer les activités du club de cyclotourisme à partir de 1938 dans Ouest-Eclair et jusqu'en 1950 dans Ouest-France.


 

La photo ci-dessous évoque l'histoire de l'immigration italienne des années 1930  dans la région de Saint-Brieuc. Les Italiens de la ville et de ses environs posent en habit du dimanche. Une scène immortalisée... par le photographe Jules Hamonet.

Photo Hamonet. Le Télégramme 13 août 2014
 

Avant guerre dans Ouest-Eclair puis de 1947 à 1950, Jules Hamonet publie régulièrement des photos dans Ouest-France. Son goût pour les photos de groupes, au contact des gens dans les campagnes, peut s'exercer au travers de cette activité dans la presse. Cette activité semble avoir plus celle du père...

Photo Jules Hamonet 7 mai 1942 Ouest-Eclair


Photo de Jules Hamonet dans Ouest-France.16 juin 1949

 

Photos de sport ou photo de reportage

C'est à Jules Hamonet, père, que l'on doit cette photo d'un combat de boxe en 1921 dans la cour des établissements Buvat, rue Jules Ferry à Saint-Brieuc, preuve que la photo de reportage l'intéressait depuis au moins les années 20.

Photo publiée en 1957 dans Ouest-France

Jules Hamonet, dans Ouest-France, photographie le quotidien et les faits divers comme on le voit ci-dessous pour cet accident survenu à quelques pas de chez lui en 1938.

 

Jules Hamonet figure dans le répertoire des photographes professionnels en 1940, ce document est conservé par le Musée de Bretagne.

Image Musée de Bretagne


Un photographe pour l'histoire

Sa passion de la photographie conduit Jules Hamonet, fils, à photographier la Libération de la Ville de Saint-Brieuc le dimanche 6 août 1944. René, son jeune frère, évoque ce souvenir lors d'un entretien avec Ouest-France le 6 août 2013.

René Hamonet, frère de Jules, en 2013. Ouest-France 6 août 2013

René Hamonet, alors âgé de 13 ans, ne perd pas une miette de la scène historique qui se joue devant ses yeux. A ses côtés, son frère aîné Jules, photographe, capture l'arrivée des troupes alliées rue de Gouédic : "Jules photographiait, mon père filmait. Et moi, je suivais." Les deux frères n'échangent aucune parole ou presque avec les Américains à cause de la barrière de la langue mais "je me souviens d'un soldat qui nous répétait "no good", "ce n'est pas bien", en désignant les femmes tondues dans la rue."

Des Résistants à Libération de Saint-Brieuc 1944. Photo Jules Hamonet

Soldats américains à Libération de Saint-Brieuc 1944. Photo Jules Hamonet




Marcel et René Hamonet photographes

Deux autres frères Hamonet étaient photographes :

Marcel Hamonet est né le 30 avril 1918. Il exerce le métier de photographe très jeune avec son père, il est enregistré sous cette profession lors du recensement de 1936. Il se marie avec Simone Hamet en 1943 et le couple aura trois enfants Yann, Goulven et Gaël.

Acte de naissance Marcel Hamonet, fils de Jules. Archives départementales


On retrouve sa trace comme photographe au milieu des années, 32 et 60 rue Chateaubriand à Saint-Brieuc. Son épouse, Simone, travaillait avec lui. Marcel a eu aussi son magasin-atelier de photo au 3 rue de Trégueux, l'adresse mentionnée était parfois celle de la Croix-Perron, toute proche et bien connue des briochins. 

Ci-dessous, voici l'emplacement de l'ancien atelier photo Hamonet qui possédait une petite vitrine. Il a été remplacé par un bâtiment moderne où il y a eu un tatoueur, une clinique vétérinaire... 

C'est madame Hamonet qui s'est installé à la mort de son mari à cet endroit après 1952 pour continuer l'activité dans le domaine de la photographie. Elle assurait les prises de vues pour les portraits, photos d'identités. Elle s'occupait aussi de faire les retouches sur les photos.

Emplacement de l'ancien atelier Hamonet. Image Google-Street

En été M. Hamonet avait une boutique aux Rosaires (ci-dessous, on voit qu'il profite de ses périodes de travail aux Rosaires pour envoyer quelques lignes et une photo à Ouest-France, à l'occasion d'un concours de tir aux Rosaires, édition du 9 août 1955). 


Photo Hamonet 1955 Ouest-France

Marcel Hamonet a fini sa carrière à Quintin. Son épouse, Simone Hamonet est décédée en mars 2018.

Hamonet. Publicité 1965 Quitin Ouest-France

 
Hamonet. Publicité 1986 Ouest-France

 

René Hamonet, né en 1930 a également exercé dans la photo, il est décédé en janvier 2015 dans sa 85e année (en photo plus haut dans cet article).



D'autres photos de Jules Hamonet dans Ouest-France


 

Si vous avez d'autres renseignements sur l'activité du photographe Jules Hamonet ou sur la famille Hamonet à Saint-Brieuc, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

Le saviez-vous ?

Henri Moinet, un autre photographe a habité dans le quartier de Robien au 113 boulevard Hoche. Sa spécialité était le portrait. Il raconte qu'il prenait ses photos avec un Semflex, puis des amis artistes les retouchaient au crayon ou au pastel pour donner plus de relief...

Henri Moinet

 Le saviez-vous ?

Dans les photographes qui ont habité le quartier de Robien, on peut aussi citer Gaston Sévin, 12 rue Jules Ferry et M. Renouard. Leurs noms figurent sur une liste de demandes de commerçants et artisans pour maintenir, agrandir ou reprendre leur activité de photographe entre 1940 et 1945. 

 

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Sources

Archives de Ouest-Eclair et de Ouest-France (en particulier l'édition du 6 août 2013 avec l'interview de René Hamonet)

Archives municipales. Factures. Dossier 3 L 137. 

Archives départementales, série U. Registre du commerce de Saint-Brieuc n° 697

Généanet, fiche Jules Hamonet, cliquer ici

 

Site Généarmor, registre matricule, cliquer ici 


Collections en ligne du Musée de Bretagne, cliquer ici 


Cet article est cité dans "Portrait Sépia", un site dédié aux photographes, fiche sur Hamonet ici. D'autres photographes briochins sont à retrouver à partir du sommaire de Portrait Sépia.

L'histoire du vélo dans le quartier de Robien, cliquer ici

 

 

 

 

lundi 6 novembre 2023

Histoire de la rue du Coucou dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

 

Oh, le coucou, c’est le plus joli de tous les oiseaux.
Il annonce les nouvelles, il apporte l’écho.
Il boit de la rosée et siffle comme le vent
Mais il ne chante jamais avant le printemps.

Steve Waring.


Vue aérienne du secteur du Coucou. Années 40. Archives départementales

La rue du Coucou était appelée anciennement "Chemin du Coucou", on en trouve une première trace sur un plan de 1902. En 1927, on sait par un acte de vente que le chemin faisait trois mètres de large. Par une délibération du conseil municipal du 5 février 1959, le chemin est devenu Rue du Coucou. 

C'est une petite rue, comportant la Résidence Vauban depuis les années 50 et quelques maisons seulement. Elle est située entre la rue du Pré-Chesnay et le boulevard Hoche. 

Elle se fait discrète mais porte un si joli nom et cache tant d'histoires que l'on ne saurait la laisser dans l'oubli...

 Dessin de coucou 17e siècle. Nicolas Robert. Muséum national d'histoire naturelle (Paris) - Direction des bibliothèques et de la documentation. Fiche ici

 

Le saviez-vous ?

Dans les victimes du quartier de Robien pendant la Guerre 14-18, figure Jean Rouxel, rue du Coucou, décédé le 21 août 1914 et dans celle de 39-45 on peut évoquer Alfred Fromentin, habitant du Coucou, décédé en 1946 des suites de sa captivité dans un camp en Allemagne.

 

 

La famille Garnier arrivée en 1927 au Coucou

Rien de tel pour découvrir l'histoire d'une rue que d'écouter les habitants qui y ont vécu. Jean-François Garnier raconte : "Mes grands-parents paternels sont arrivés au "Coucou" en 1927. Mon père, Henri Garnier, avait 8 ans. Ils étaient catholiques pratiquant et Saint-Anne de Robien n'avait pas de secrets pour eux. Mon grand père était menuisier dans l'entreprise Rideau et ma grand-mère faisait des ménages. 

Henri Garnier (1887-1965) menuisier. Photo JF Garnier

Mon père, né en 1919, allait à l'école de la rue du Parc, fut gymnaste à la Vaillante, fit un peu de boxe, jouait du tambour dans la clique de la paroisse, a appris à nager dans l'étang de Robien et, après son brevet élémentaire, fut instituteur à l'école Saint-Joseph (qui deviendra l'école Sainte-Bernadette), en attendant son incorporation.

Nous habitions la maison aux volets bleus, maison jumelle de la mitoyenne. Mon père y avait rajouté une petite aile en 1957".

 

 

L’entrepôt Le Guével. 1932

A gauche de l'entrepôt Le Guével, la maison Rouxel 4 rue du Coucou.

Louis Le Guével (né en 1889) était commerçant rue Jules Ferry (ne pas confondre avec François Guével des vins Guével-et-Rio) mais possédait aussi un grand bâtiment qui lui servait d’entrepôt situé au Coucou. Son épouse, née Joséphine Martail était cabaretière avant son mariage. Peut-être a-t-elle repris le même type de commerce à Robien ? On sait qu'elle a tenu un hôtel à Saint-Brieuc...
On distingue cet entrepôt sur quelques photos anciennes.
Cet entrepôt est mentionné pour la première fois dans l’édition du 20 novembre 1932 de Ouest-Eclair. Monsieur Le Guével est venu déclarer au commissaire de police qu’un ou plusieurs individus s’étaient introduits dans  son entrepôt de vins et liqueurs situé au Coucou. Les malfaiteurs ont brisé un carreau pour pénétrer dans l’entrepôt et ont enlevé « une vingtaine de bouteilles de Calvados, Pernod, Vermouth, Byrrh etc. Le tout représentant une somme de 500 francs ».  Louis Paviot, un ancien employé de chez M. Le Guével a été soupçonné et la perquisition effectuée à son domicile a été édifiante : plusieurs bouteilles de Pernod se trouvaient à son domicile, ce qui a conduit à son arrestation.

Entrepôt Le Guével à l'arrière-plan

Entrepôt Le Guével à droite

Entrepôt Le Guével sur la gauche

Bien plus tard, en novembre 1957, le Conseil municipal décide de faire l’acquisition de cet entrepôt dans le cadre des travaux d’élargissement du boulevard Hoche et du chemin du Coucou, et de la création du boulevard Vauban. L’entrepôt est au carrefour de ce secteur qui va être profondément modifié.

 

Le saviez-vous ?

En 1932 et jusqu’en 1948, on note au Coucou la présence de la Société Générale des Huiles de Pétrole. En 1938, l'autorisation pour l'installation d'un dépôt de 20 000 litres d'essence avait provoqué une protestation des habitants et une pétition comportant 75 signatures.

19 février 1938 Ouest-Eclair

 

Le chemin du Coucou sur des plans

Une première indication mentionnant Le Coucou sur un plan date de 1902. On y distingue seulement deux bâtiments, dont la maison Rouxel, en retrait. La rue Luzel est encore appelée "Chemin du Carpont" et la rue Jules Ferry, "la route de Quintin".

Plan des Archives départementales. Référence 5M89

Sur un deuxième plan des années 30, on voit que d'autres maisons ont été construites, ainsi que le bâtiment Le Guével.



Les habitants du Coucou en 1936

Le Coucou en 1906, ce sont 5 maisons et 21 habitants. Cette portion du quartier de Robien est si petite que le nombre de maisons et d'habitants ne sera jamais très élevé...

La liste complète des habitants du Coucou en 1936 n'est pas très longue, la voici dans le registre de recensement où on dénombre 7 familles et 27 habitants. On a les familles Philippe, Gélard, Garnier, Leguilloux, Boscher, Rouxel et L'Hotellier.

 


 

La rue du Coucou dans les années 50

A quoi ressemblait la vie d'un enfant de la rue du Coucou dans les années 50 ? Voici les souvenirs de Jean-François Garnier. 

Rue du Coucou, Jean-François Garnier, scout.

"Dans les années 50, le Tertre de Robien était un de nos "terrains  d'aventure". Nous habitions chemin du Coucou, donc à proximité. Nous  allions sur le tertre faire voler nos cerfs volants de notre propre  fabrication, à la saison, ramasser les mures et monter sur la margelle de  la croix pour "voir la mer". Ne disait-on pas que c'était le point  culminant de la ville ? 

Dans la maison, nous avions un réservoir, récepteur des eaux de pluie, situé dans le rez de chaussée qui servait de cave, avec le lavoir attenant. Devant les établissements Lamandé, sur le trottoir, il y avait une pompe où nous remplissions brocs et sauts, n'ayant pas l'eau courante à la maison. 

Et lorsque  nous avions besoin de téléphoner, nous allions chez les propriétaires de la belle maison du tertre, chez les Connan, au 49 de la rue du Pré-Chesnay, qui tenaient le poste de téléphone public.".

Travaux rue du Coucou. Photo Famille Garnier 1957-1958

La photo ci-dessus est intéressante car elle est prise au moment du début des travaux dans la rue du Coucou en 1957-1958. Les haies de troène ont été rasées, ce qui donne une superbe perspective sur la maison de la famille Marcel Rouxel (de nos jours elle est cachée par les immeubles de la Résidence Vauban). 

 

L'école Hoche années 50

L’école Hoche a été construite au milieu des années 50, et a remplacé les baraquements qui abritaient les plus grandes classes de l’école Guébriant. Dans le quartier certains l’appelaient  "l’école du Coucou" en raison de sa proximité avec le lieu-dit.

Jeanine Herviou qui habitait sur le tertre Marie-Dondaine se souvient : « Quand j’étais à l’école rue Hoche, on revenait par le chemin du Coucou. Il n’y avait que des jardins dans ce coin là".

 

Les joueurs de palets du Coucou en 1957

Joueurs de palets au Coucou. Photo J.F Garnier
 
Joueurs de palets au Coucou. Photo J.F Garnier


Jean-François Garnier commente ces deux photos des joueurs de palets au croisement du "Chemin du Coucou", et de la rue du Pré-Chesnay en 1957 :

"Dans les années 50, les anciens du quartier, mon grand père Garnier, messieurs Fortis, Leclerc  (dit Mattow"), Lagadeuc passaient des après-midi à jouer au palets, sans être dérangés par la circulation, puisque dans le quartier, seul, monsieur Devalez, qui habitait au carrefour, possédait une voiture, une 203.
Les joueurs de palets se réunissaient dans ce qui est, actuellement le carrefour entre la rue du Coucou et la rue du Pré-Chesnay. Il faut se rappeler que le chemin du Coucou n'était pas goudronné, et que la maison en jaune au numéro 13 actuel, n'existait pas. C'était le jardin du père Dupuy, dont l'empreinte était moins importante que le devant du numéro 13. 

De plus, le chemin du Coucou était beaucoup moins large que la rue du même nom et les quelques propriétaires ont dû céder du terrain à la ville lors de la percée de la rue. Il existait donc un espace assez large pour jouer aux palets sur la terre, puisque les joueurs n'utilisaient pas de planches. Plus rarement, ils jouaient à la galoche. Au fur et à mesure que nous grandissions, mon frère, mes cousins et moi, participions au jeu. A préciser que le seul enjeu était le plaisir, jamais un centime n'était en jeu". 

 

 

Années 60

Dans les années 60, le mauvais état du chemin du Coucou est évoqué dans la presse :

"Le pittoresque chemin du Coucou est aussi celui des écoliers puisqu'il est emprunté par les élèves de l'école du boulevard Hoche pour qui, contrairement à ce que nous semblons insinuer, ce chemin est un raccourci.
il est aussi un lieu de passage fréquent pour les piétons. aussi ne manque-t-on pas de se plaindre souvent de l'état dans lequel il se trouve. Il faudrait à défaut de revêtement boucher les trous les plus importants.
" Ouest-France 4 novembre 1960.

La rue du Coucou va perdre de sa tranquillité quand la résidence Vauban voit le jour dans les années 60.

 

 

A ce propos Jean-François Garnier se souvient : " Avant 1964, la vue était tellement dégagée, que du vasistas de notre maison, nous correspondions en morse, grâce à une pile électrique avec Jocelyne et Jean-Luc Blanchard qui habitaient 21 rue Luzel

Photo de la rue du Coucou en mai-juin 1964 : à gauche la rue du Pré-Chesnay, au fond la rue Luzel, au premier plan on a le champ où la Résidence Vauban sera construite.

La résidence Vauban a été bâtie, du moins en partie, sur les terres de la ferme Rault qui donnait rue Luzel.".


 

Les maisons de la rue du Coucou

La maison de la famille Rouxel est bien cachée aux numéros 4 et 6 de la rue du Coucou.


Si on regarde attentivement, en hauteur on peut voir au niveau des épis de faitage, deux hermines et un triskell. C’est M. Rouxel, le propriétaire qui, en 2007, a fait réaliser ces épis de faîtage par Joël Babey un artisan de Plouha.

Maison Rouxel, rue du Coucou. Photo RF

Maison Rouxel, rue du Coucou. Photo RF

 

Au numéro 7, un pavillon a été rénové.

Avant-Après

On retrouve cette maison au premier plan dans cette vue en perspective de la rue du Coucou, avec une partie du Carré Hoche, les immeubles Comètes, Météores etc. et tout au fond la maison qui marque la fin du boulevard Carnot.


 La maison aux volets bleus était celle de la famille Garnier.

 

L'acte notarié concernant cette maison est daté du 29 janvier 1927, chez maître Caille, notaire à Saint-Brieuc. 
La maison de madame Gaudu est en construction, établie à l'extrémité ouest de la parcelle échangées de 55 cm de large sur 9 mètres de long.

Quant à la vente de la maison, la vendeuse est madame Veuve Gaudu, née en 1850, demeurant rue du Parc à Saint-Brieuc.
L'acheteuse est mademoiselle Jeanne Le Greneur, célibataire, cuisinière,
née le 27 mai 1880 au Leslay (22), demeurant 67 avenue Niel à Paris.

L'adresse indiquée est " Quartier de Robien, derrière les Forges et Laminoirs, au tertre Mordondaine". Le nom de Marie-Dondaine a certainement été déformé dans la retranscription car il n'y a aucune trace d'archive mentionnant un "tertre Mordondaine" !

Les terrains voisins appartiennent, à l'est, à M. Laguitton, au sud à M. Loisel et au nord à M. Chaye.
 
Le plan de la maison, en construction en 1927, évoque un bâtiment en ciment bétonné, mitoyen avec M. Chaye. Au sous-sol une citerne réservoir d'un mètre cube et un lavoir en ciment-escalier en ciment, à l'extérieur ; premier étage vestibule et 4 pièces ; au dessus 2 pièces mansardées et 2 petits greniers ; Fosse commune avec la maison Chaye, avec wc à hauteur de l'étage ; dans la cuisine sera mis une pompe Japy. Les cabinets seront couverts en ardoise et pour y accéder on mettra une échelle de meunier avec garde fou ; il sera mis une rampe de fer à l'escalier extérieur.
Le prix de la maison est fixé à 30 000 francs, le terrain 4 000 francs, soit un total de 34 000 francs.

Ci-dessous, deux photos montrant la construction de l'aile rajoutée à la maison Garnier en 1956-1957. Les ouvriers sont constitués de la famille elle-même et d'amis. Pas de bétonneuse, tout se fait à l'huile de coude. Au second plan de la première photo, on aperçoit l'usine Glémot, rue du Pré-Chesnay.

Chantier de construction d'une aile de la maison Garnier rue du Coucou. 1956-1957

Chantier de construction d'une aile de la maison Garnier, rue du Coucou.1956-57

Au début de la rue, au croisement de la rue du Pré-Chesnay, dans les années 50-60, il n'y avait pas encore de maison, on ne trouvait que des jardins. M. Mounier, qui vivait chez ses enfants rue du Pré-Chesnay, y cultivait un grand espace.

 

Le saviez-vous ?

Certains faisaient la confusion entre "Le chemin du Coucou" et ce qui était appelé "L'ancien chemin d'Yffiniac ", où donnaient les Forges-et-Laminoirs et qui aboutissait rue Jules Ferry, près du bas de la Passerelle. Le chemin d'Yffiniac est de nos jours la rue François Ménez.


 

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Si vous avez d'autres renseignements sur l'histoire de la rue du Coucou, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

Sources

Entretiens et correspondances avec Jean-François Garnier, ancien habitant du Coucou. Ancien travailleur social, Jean-François Garnier est devenu formateur. Docteur en sociologie, il a été chercheur au Laboratoire d’anthropologie et de sociologie  de l’université de Rennes 2.

Site Généanet, Henri Garnier (1887-1965), cliquer ici

Photo avant rénovation de la maison du n°7, merci à Morgane Loisel.

Recherches dans les archives de Ouest-Eclair et de Ouest-France 

Délibérations du Conseil municipal : acquisition de terrain 22 novembre 1954, Alignement 26 novembre 1956. 

Archives départementales, vues aériennes.






L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

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