mardi 19 mars 2024

Un bureau de Poste dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. 1905-2018

 

 

Carte postale avec la passerelle et le bureau d'octroi sur la droite.

 

 

La création du bureau de Poste à Robien 1905

 

Le 27 avril 1905, le journal Ouest-Eclair évoque pour la première fois publiquement l'autorisation d’établir "une recette auxiliaire des postes" dans le quartier de Robien. 

D'après un document conservé aux Archives nationales, ce bureau ouvre le 16 décembre de l'année 1905.

 

Archives nationales, cote AN 19830232-02

 

 

La nécessité d'un bureau de Poste de plein exercice. 1908

 

Le 6 avril 1908, Ouest-Eclair reprend ce sujet du bureau de poste de Robien : un rapport est présenté par M. Sébilleau. 

Ce bureau de poste devrait être pourvu du téléphone et du télégraphe et se situer au niveau de la gare de marchandises (appelée aussi Gare de la Petite vitesse), là où la passerelle piétonne va être prochainement construite.

Ce bureau de poste est effectivement créé dans l'année 1908 mais il ne dispose pas de tous les services qu’il pourrait rendre à la population comme l’explique le journal Le Réveil, en y ajoutant une petite pointe anticléricale au passage :

 

"L’extension de la ville de St Brieuc se fait actuellement du côté de Robien… Il existe un bureau auxiliaire des postes boulevard Carnot, bureau ne pouvant effectuer que la moitié à peine des opérations postales. Il n’est pas complet… Il n’émet pas de mandats pour les étrangers… 

Ce qui est plus grave, il n’a ni le télégraphe ni téléphone…On me dira « Il y a le télégraphe à la gare »… 

 

On se préoccupe de ce quartier dans certains milieux. On y construit une église. Une église ne sert que des intérêts particuliers. Tout le monde n’en a pas besoin et tout le monde aujourd’hui a besoin de la poste et surtout de profiter des progrès modernes… Il faut que le public qui paie, reçoive satisfaction… » 

 

En 1910, la question revient au niveau du Conseil municipal de Saint-Brieuc dans la séance du 12 janvier.

Le rapporteur de la commission qui a étudié le sujet constate que cette recette auxiliaire fonctionne bien. Elle effectue  un mouvement de fonds de plus de 100 000 francs par an, tant en recettes qu’en dépenses. Mais le gérant ne reçoit qu’une indemnité annuelle de 200 francs par l’administration, ce qui est jugé nettement insuffisant. 

La solution de confier cette mission au receveur du bureau d’octroi tout proche n’a pas été retenue.

L’administration des Postes exige d’autre part que pour passer d’un bureau annexe à un bureau de plein exercice, la municipalité doive s’engager à fournir un local adapté, ce qui n’est pas le souhait de la Mairie. 


Par contre la proposition est faite par les autorités municipales d’allouer une somme de 100 francs supplémentaires pour le gérant, à condition que le bureau reste dans le quartier de Robien.

 

Portrait de postières en 1924. Musée de Bretagne

 

Le 26 juin 1925, la question de l'indemnité de Mme Fichou est relevée de 900 à 1200 francs. La demande semble justifiée pour le conseil municipal en raison des opérations postales plus nombreuses résultant de l'extension du quartier. D'autre part il est mentionné que Mme Fichou donne entière satisfaction. 

 

La première trace de Mme Fichou est dans l'édition du 30 décembre 1912 de Ouest-Eclair où elle demandait déjà une augmentation de son traitement.


26 juin 1925. Registre du Conseil municipal

 

 

L'évolution du bureau de Poste

 

Ce petit bureau de poste à Robien n’a pas acquis un meilleur statut au fil du temps et semble être resté à l’état d’annexe.


La question refait donc surface en 1932 au Conseil municipal du 19 février avec comme rapporteur Monsieur Legarçon qui demande pour le quartier de Robien la création d’un guichet postal ouvert entre 12h et 14h, ce qui n’est pas le cas de l’actuel guichet et permettant d’effectuer toutes les opérations possibles. Il argumente sur le fait que la population de Robien est de 4000 habitants, que de nombreuses usines et magasins y sont installés.

 

La municipalité semble avoir trouvé le local idéal dans le groupe de magasins (la Galerie Commerciale) intégré dans le nouveau lotissement de Robien. Le local serait de 7 mètres de largeur sur autant de profondeur et permettrait d’accueillir confortablement les usagers de 8h à 19h.

La proposition recueille un large consensus avec une autre piste pour le local car M. Zocchetti, rue Jules Ferry, pourrait être intéressé par l’installation du guichet dans sa maison…


En 1935, on installe une cabine téléphonique à l'octroi de la petite vitesse boulevard Carnot et en 1936, une boite postale sur ce même immeuble du bureau d'octroi.

 

Plan indiquant le bureau d'octroi. 1922. Archives municipales 3Fo124

 

En 1943, le Conseil municipal du 23 juillet est amené à se prononcer, comme il le fait régulièrement, sur la demande des gérants de ces bureaux de poste qui souhaitent voir leur rémunération augmentée.

Le faible salaire est la raison de la fermeture depuis le 1er avril 1943 du bureau de Robien, "ce qui provoque les réclamations de nombreux usagers" comme il est noté dans le compte-rendu. Le Conseil porte la rémunération à 4000 francs en tenant compte du salaire et de l'indemnité logement.

C'est ce qui doit avoir décidé une personne à accepter cette tâche puisqu'en 1945 le poste est bien pourvu à Robien (Conseil du 21.09.1945).


Ensuite, on ne sait pas avec précision comment ce petit bureau de Poste a évolué après 1945 car les différents rapports du Conseil ne mentionnent plus la liste des bureaux...

 

Des habitants de Robien au début des années 60 n'ont aucun souvenir d'un bureau de poste dans le quartier...Il est fort probable que de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 2000, les habitants de Robien se passaient d'un bureau de poste. 

On sait par contre que les P.T.T avaient installé en 1966 dans le quartier de Robien, place Octave Brilleaud, "un bureau muet" (ça ne s'invente pas ! ) : "L'installation comporte un distributeur de timbres à 0,30 F, une boite aux lettres, un poste téléphonique à paiement fonctionnant avec des jetons qu'il faut se procurer à la recette principale, place de la Résistance."

Le premier bureau de ce type avait été installé en janvier 1961 place de la Gare. D'autres devaient suivre "sur la place du Champ de Foire à Robien, à la Ville-Bougault, au Point-du-jour et sur le Champ-de-Mars, près du Syndicat d'Initiative." L'article explique tout, même comment téléphoner ! Il faut dire que la communication n'est établie que si vous versez la somme qui vous est indiquée "par la standardiste du central des P et T". Pour cela il faut être muni de pièces de 10 et 20 centimes de nouveaux francs, seules admises par l'appareil. (Ouest-France 27 janvier 1961)

 

Bureau de poste muet. 27 janvier 1961 Ouest-France

Bureau de poste muet. 27 janvier 1961 Ouest-France


 

L'histoire récente du bureau de Poste, une nouvelle implantation en 2002

 

Le journal Le Télégramme dans son édition du 7 septembre 2001 présente de manière très complète l'installation d'un nouveau bureau de poste à Robien. Les responsables de la poste peuvent ainsi développer leurs excellents arguments montrant la nécessité d'un bureau dans le quartier :


"Depuis plusieurs années, la Poste souhaitait ouvrir un nouveau bureau à Saint-Brieuc, dans le quartier de Robien. La construction d'un immeuble (Le Carlina) rue Jules-Ferry, lui offre cette opportunité. Les travaux d'aménagement auront lieu à la rentrée, pour une ouverture prévue au printemps 2002.

 

Ci-dessous, l'immeuble en construction rue Jules Ferry

Rue Jules Ferry. Photo Le Télégramme. 7 septembre 2001

 

"Actuellement, le bureau de Poste le plus proche pour les Robiennais, est celui de la Résistance. Autrement dit, pas la porte à côté. 

Cette ouverture devrait donc être saluée par les riverains qui bénéficieront de nouveaux services de proximité. «C'était un projet que nous avions sous le coude depuis plusieurs années», explique Denise Rozec, responsable organisation et marketing de la distribution à la Poste.

Une plus-value pour le quartier

Cette implantation sera indéniablement un plus pour ce quartier en plein renouveau. «Les communes de plus de 10.000 habitants représentent 50 % de la population du territoire. Paradoxalement, ces zones sont moins bien équipées en bureaux de Poste (17 %) que le secteur rural. D'où la mise en oeuvre d'une politique de développement qui met les clients au centre de nos préoccupations. C'est-à-dire, être là où ils sont. Robien correspond à ces critères. Avec Balzac en 2000, ce sera la seconde création en un an à Saint-Brieuc».

 

La Poste sera locataire de ces locaux au rez-de-chaussée de l'immeuble Carlina. «Ils nous seront livrés courant septembre et ouvriront au printemps 2002. 160 m² aménagés à l'identique du bureau de la Résistance». 

 

Le choix du service public pour Robien s'est appuyé sur une étude d'urbanisme réalisée en 1996 par le cabinet Nazarenko, à la demande de l'ancienne municipalité, ainsi que sur une concertation menée auprès de la population. Cette étude anticipait le devenir de Robien et prenait en compte la création d'un petit pôle commercial rue Jules-Ferry avec un bureau de Poste. «Le projet se réalise à quelques numéros de rue près, c'est incroyable». 

 

4.500 personnes seront concernées par ce nouveau service (habitants, passage, salariés). Toutes les prestations postales et financières traditionnelles y seront proposées. Cette implantation portera à sept le nombre des bureaux à Saint-Brieuc : Résistance, les Villages, Liberté, Cesson, Croix-Lambert, Balzac et Robien"

 

 "C'était le bon temps" pourrait-on dire !


2008 La Poste de Robien, 17 rue Jules Ferry. Image Google Sreet

 

 


De l'installation en 2002 à la fermeture en 2018

 

Ce nouveau bureau de poste est donc installé en octobre 2002, au 17 rue Jules Ferry au pied d'un immeuble tout neuf et tout le monde est très satisfait. 

Les années passent et la Poste change la signalétique (voir ci-dessous

 

2016 La Poste de Robien, 17 rue Jules Ferry. Image Google Sreet

 

Petit à petit, les plages horaires sont plus limitées. Malgré tout, l'activité reste régulière et le guichet ne désemplit pas.

 

Mais parfois l'histoire se répète curieusement...

Alors que le quartier de Robien vient tout juste de retrouver une nouvelle passerelle piétonne après des années de travaux, en 2017 la direction de la Poste annonce la fermeture du bureau installé dans la rue Jules Ferry.

Le bureau de Cesson et celui de la Place de la Liberté sont aussi concernés par ces mesures de fermeture. Et pourtant, ils rendent beaucoup de services ces bureaux, les gens y sont attachés...

 

Ci-dessous, les usagers se font prendre en photo pour montrer leur désir de conserver leur bureau de poste à Robien

 

Affiche réalisée par le Comité d'Animation de Robien. 2018


Malgré la mobilisation de très nombreux habitants pendant des mois, la fermeture définitive a lieu le 13 juin 2018 à Robien. 

 

Un commerce reprend le service du courrier, puis un autre s'en charge mais toutes les opérations ne peuvent plus se faire : suppression des mandats postaux, des services de la Banque postale, du distributeur de billets...

Les priorités de rentabilité de la Poste auront eu raison de ce service rendu aux habitants pendant tant d'années... 

La boite aux lettres sera même enlevée en janvier 2024 !

 

2020 La Poste de Robien, 17 rue Jules Ferry. Image Google Sreet


 

Paroles d'usagers de la Poste à Robien

 

Propos recueillis devant la Poste le jeudi 25 janvier 2018

 

Je viens du boulevard Charner et avec la passerelle c’est très pratique. Si je vais à la Poste dans le centre ville il y a une côte pour remonter chez moi.

 

J’ai une entreprise à Robien et la Poste j’en ai beaucoup besoin.

Plus y a d’la poste, plus ça m’arrange !

 

Moi j’ai du mal à marcher avec mon déambulateur alors où je vais aller chercher mon argent si ça ferme ?

 

Je viens de Trégueux, ici c’est sympa.

 

Si l’agence ferme, je leur ai dit que je fermais mon compte à la Banque postale !

 

Je travaille dans le quartier, je n’y habite pas mais je viens à ce bureau car quand je rentre dans ma commune c’est fermé.

 

Je viens faire des mandats Western-Union pour envoyer de l’argent dans mon pays.

 

Je viens ici ou à Liberté alors où je vais aller si les deux bureaux ferment ?!

 

 

 

D'autres présences de la Poste à Robien

 

En dehors d'un bureau de Poste, cette administration a été présente dans le quartier de Robien à deux autres endroits.

A partir de 1932, Rue de l'Ondine, les P.T.T avaient un dépôt d'essence dans un bâtiment servant aussi de garage. Ce local a été transformé en maison d'habitation après sa fermeture. (voir tous les plans dans l'article sur l'histoire de la rue de l'Ondine, en cliquant ici



Un centre de tri annexe des P.T.T a été installé rue abbé Garnier en 1971. En effet, la municipalité est allée dans le sens de la demande des P.T.T qui, ne parvenant plus à assurer le tri des paquets dans le bureau de la Gare, cherchaient un local.

Les anciens garages des T.U.B, rue abbé Garnier, se trouvant vides, la municipalité a loué ses locaux avec un bail de 5 ans, comme l'indique le compte-rendu du Conseil municipal du 13 novembre 1970.

 

                Photo des anciens entrepôts des bus ci-dessous

 

Ancien dépôt de bus rue abbé Garnier. Archives St Brieuc 6Fi1630

 

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Sources

Autorisation et date d'ouverture en 1905. Document des Archives nationales cote AN 19830232-02, pages de 1896 à 1916. Remerciements à Dominique Reynaud pour la transmission de ce document particulièrement rare et intéressant.

Délibérations du Conseil municipal : 12 janvier 1910, mars 1910, 19 février 1932, 30 août 1935, 24 avril 1936, 23 juillet 1943, 21 septembre 1945, 19 septembre 1947, 22 octobre 1951, 1er février 1954, 13 novembre 1970.

Ouest-Eclair 6 avril 1908

Le Réveil 1908

Le Télégramme 7 septembre 2001

Site du Comité d'Animation de Robien

 

Photo de deux postières en 1924. Musée de Bretagne, notice complète ici 

 

Correspondances avec Christian Prigent, novembre 2021

 

 

 

 

 

lundi 18 mars 2024

Histoire de l'Electro-Entreprise, 53 boulevard Carnot, quartier de Robien à Saint-Brieuc. 1947

 

La Société Electro-Entreprise était déjà installée, depuis 1946-1947, au 53 boulevard Carnot dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

C'était une entreprise générale d'équipement électrique et de travaux publics. 


Boulevard Carnot. Photo 1978 Archives municipales


Des chantiers menés avec l’Electro-Entreprise

Dans la presse locale, le premier chantier qui fait référence à la Société Electro-Entreprise est celui mené en 1952, depuis 1947, à la Gare de Plaintel. Il est alors question de la Société Electro-Entreprise de Paris qui a construit « plusieurs réseaux et plusieurs postes de distribution dans la région de Saint-Brieuc. »

Le début des années 50 est le moment où l’électrification dans le monde rural bat son plein. En 1951 on a construit, dans le département des Côtes-du-Nord, 700 kilomètres de lignes à basse et haute tension et une longueur au moins égale est installée en 1952.

 

Électrification rurale. 17 avril 1952 Ouest-France

 

Electro-Entreprise est aussi associée à un autre chantier, celui-ci est mené par Gaz de France au port du Légué en septembre 1952. Quatre cuves de cinquante mètres cubes sont venues par voie-ferrée et sont hissées par grues puis chargées sur camions-plateforme de la Société Electro-Entreprise. 

 

Electro-Entreprise 16 septembre 1952 Ouest-France


En avril 1953, à La Méaugon, M. Lazzeri, directeur de l’Electro-Entreprise, a conduit les travaux de construction du deuxième poste transformateur de la commune.


Ci-dessous sur la photo : "Le groupe des jeunes filles qui ont confectionné l’arc de triomphe du poste de Seigneaux à Plouvara, avec au milieu d’elles, M. Touzé, maire de la commune". Sur la banderole est écrit : Honneur aux ingénieurs et constructeurs.

 20 avril 1953 Ouest-France

En 1953, 150 postes en tout ont été inaugurés. M. Lazzeri assiste à différentes réceptions, comme en décembre où M. Rault, maire de Trégueux, remercie les ingénieurs et ouvriers pour ce beau cadeau de Noël apporté par « la fée électrique ».

Les années 50, c’est une époque où l’installation d’un transformateur électrique est un événement. Lors de la mise sous tension en décembre 1955, une foule nombreuse est rassemblée à Plouguenast. La doyenne de la commune, Mme veuve Morel, 92 ans est présente. Elle est accueillie par le Conseiller général, le Maire, les ingénieurs EDF, M. Lazzeri. 

 

Avant la mise sous tension. 22 décembre 1955 Ouest-France

 


Portrait d’Athos Lazzeri, le directeur de l’Electro-Entreprise.

Par les différents articles de Ouest-France, on apprend donc qu'en 1952 M. Athos Lazzeri est le directeur de l’Electro-Entreprise. Pourtant cette année-là, c’est un jeune homme de 27 ans.

En effet, Athos Lazzeri est né le 11 août 1924 à Granville dans la Manche. Dans différentes sources, on trouve son prénom orthographié de plusieurs manières : Attosse Amilcale ou Attosse Amilcal.

Il se marie avec Louise Nivet et aura un fils, Gilles, qui deviendra médecin. Après une longue carrière dans l'entreprise, notons qu’en 1977, M. Lazzeri obtient la Médaille d’Honneur du travail en argent, promotion du 14 juillet.

Le nom de M. Lazzeri est souvent mentionné dans la presse mais on ne trouve que deux photos où il apparait (voir ci-dessous).

 

M. Lazzeri à droite. 18 octobre 1961 Ouest-France

 
M. Lazzeri à droite, portant un chapeau. 18 octobre 1961 Ouest-France

La cérémonie avant l’inhumation de Athos Lazzeri a eu lieu en  l’église Notre-Dame de Cesson le vendredi 18 octobre 2013 après son décès le 15 octobre.

 

 

Vol au siège de l’Electro-Entreprise à Saint-Brieuc.

En février 1957, un fait divers fait parler de la Société Electro-Entreprise. Le 6 février Ouest-France dévoile l’affaire. M. Lazzeri s’aperçoit de la visite faite dans ses bureaux le 4 février par « d’audacieux inconnus ». Des tiroirs sont fracturés, des serrures forcées. Tout le salaire des ouvriers, soit 3 millions de francs aurait dû se trouver là « mais un contretemps fit que l’argent n’était pas au rendez-vous. Ce détail peut faire penser que les individus qui se sont introduits étaient au courant des habitudes de la maison…L’alerte a été chaude pour M. Lazzeri qui a pris la ferme décision de mettre à l’avenir tous ses fonds dans des coffres forts.» 


                      Tentative de cambriolage. 7 février 1957 Ouest-France
 


Le 7 février, la capture des auteurs de la tentative de cambriolage est annoncée dans la presse. L’instigateur a été employé dans l’entreprise, il est sans travail, âgé de 22 ans, ancien d’Indochine, habitant 15 rue Luzel, père de quatre enfants. Ses complices sont trois jeunes de 17, 19 et 21 ans à qui il a soufflé son projet.

Les quatre jeunes ont d’abord passé la soirée au cinéma Le Royal puis ils ont mis le plan à exécution.  Ils ont emprunté le chemin du Coucou, se sont introduits dans le chantier voisin de l’entreprise Rideau en escaladant un grillage, ont escaladé un mur et ont pénétré dans l’Electro-entreprise.

Le procès est jugé en correctionnelle où l’instigateur écopera de 10 mois fermes et de 6 mois pour les autres.

 

 

Des chantiers de l'Electro-entreprise

En mai 1958, la fin du chantier de l'électrification de Plouguenast, où l'Electro-Entreprise a pris une bonne part, donne lieu à des festivités que l'on peine à imaginer aujourd'hui tant nous trouvons banal de bénéficier de l'électricité ! 

Le poste électrique est décoré par les nouveaux abonnés. L'abbé Duhault, le curé-doyen de la commune, bénit le poste électrique. Un banquet, présidé par le général Morin, Conseiller général et Maire, rassemble 170 convives pour conclure cette journée.

30 mai 1958 Ouest-France

 
L'abbé Duhault, curé-doyen au centre. 30 mai 1958 Ouest-France

1967 Le Griffon numéro 8


En 1971, quatre pylônes supportant des projecteurs sont installés au stade Fred-Aubert. Ces pylônes sont réalisés par une société de Troyes et équipés par l’Electro-Entreprise. Cet équipement permettra d’organiser des rencontres en nocturne.

 

Pylônes. 22 octobre 1971 Ouest-France

 
Annonce 17 juin 1972. Ouest-France

 


La fusion, absorption dans la C.O.M.S.I.P. 1973

En 1972, l’Electro-Entreprise recrute  mais en 1973 l’entreprise fusionne avec « Le Bon-Information » et « Consip-Automation ».  Au-dessus de ces trois entreprises ayant fusionné, on a la C.O.M.S.I.P (Compagnie pour l’Outillage et le Matériel Spécialisé dans l’Industrie du Pétrole) qui a son siège à Rueil-Malmaison et emploie 4400 personnes en France. 

 

COMSIP. Annonce 3 novembre 1973

 

Mouvement de grève en 1975

La C.O.M.S.I.P garde les anciens locaux de l’Electro-Entreprise boulevard Carnot mais la nouvelle direction nationale menace de supprimer 31 postes sur 54 à Saint-Brieuc. Pourtant le travail ne manque pas. Les ouvriers font entendre leur mécontentement en se mettant en grève. Ils vont participer à l’occupation des locaux du siège social à Rueil-Malmaison et informent la population sur le marché de Saint-Brieuc en octobre 1975.

22 octobre 1975 Ouest-France

Les grévistes feront preuve d'imagination dans leur lutte : une cantine fonctionne dans les locaux de l'entreprise et pour alimenter la caisse d'entraide, des commissions ont été mises en place. L'une des équipes a été chargée de ramasser des châtaignes qui ont été vendues sur le marché.

Mais les ouvriers cesseront la grève au bout de plusieurs semaines pour assurer le remplissage du carnet de commandes et ainsi démontrer la nécessité de garder les emplois...

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France


 

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 29 octobre 1975 Ouest-France

La COMSIP passe à CGEE Alsthom

En 1978, la COMSIP publie toujours des annonces dans la revue municipale Le Griffon (voir ci-dessous).

 

Le Griffon printemps 1978

 

Mais en 1980, la société est rebaptisée CGEE Alsthom, le centre de Saint-Brieuc est attaché à l'agence de Lannion.

 

Les anciens locaux de l'Electro-entreprise

Le Syndicat Départemental d'Électricité (depuis 2014 Syndicat Départemental d’Énergie) a occupé dès les années 90 (et peut-être avant?) les anciens locaux de l'Electro-Entreprise au sein d'un ensemble appelé "Espace Carnot". 

Sur la gauche, bâtiment moderne avant la CPAM, boulevard Carnot


 Le saviez-vous ?

 

D'après André Bougeard, un ancien ouvrier, L'Electro-entreprise aurait pris la suite des anciens établissements Le Bon, situés au Légué, sans doute en 46 après loi de nationalisation du gaz et de l’électricité et nationalisation des usines Le Bon & Cie.

L’histoire de la Compagnie Le Bon commence en 1847 par la création de Le Bon & Cie, société de production  et de distribution du gaz d’éclairage et d’électricité.Cette société possédait des filiales comme celle de Saint-Brieuc, au Légué.

 "Construite en 1863, l’usine de production de gaz du Légué était destinée à l’éclairage de la Ville de Saint-Brieuc. Le gaz était produit par combustion de houille et de charbon jusqu’en 1959 avant la réalisation d’une nouvelle usine, sur le même site, en 1960, pour la production de gaz de ville à partir de fioul et de propane liquide. Elle était gérée par la compagnie Le Bon jusqu’à la nationalisation après la Seconde Guerre mondiale, pour passer dans le giron d’EDF-GDF. La production de gaz a cessé en 1979 et l'usine a fermé".(Thibault Grasland, 24 juin 2019. Ouest-France)




 Quelques portraits d'employés

 

Au hasard des cérémonies de départ en retraite où des remises de médailles du travail, on retrouve les noms d’anciens de l’Electro-Entreprise :

Jean Thomas, de Saint-Alban, 31 années au service de la Société d’Installation des lignes électriques aériennes, devenue plus tard la COMSIP. En retraite en 1977.

 

Jean Thomas 15 novembre 1977

 

Fernand Gonot, de Ploufragan, conducteur de travaux depuis 1947 à l’Electro-entreprise puis à la COMSIP, 33 ans de maison, en retraite en 1980.

F. Gonot. 6 octobre 1980

Robert Groseil, entre en juillet 1971 chez Electro-Entreprise en tant que dessinateur. Il réalise les plans de recollement en éclairage public et réseaux BT. Dans la Comsip, il devient responsable du suivi des activités du centre de Brest.

R. Groseil et son épouse 29-01-2007 Ouest-France

 

Jacques Vandorme, chef de centre à la COMSIP en 1977.

 

Georges Canoville, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977

 

René Moreau, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977

 

Daniel Robert, COMSIP, à titre posthume médaille d’honneur du travail 1977

 

 
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Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France

Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales

Site Généanet

Entretiens avec André Bougeard