La famille Audroin est l'une de ces familles d'industriels forains qui a la particularité d'avoir aussi exercé dans le domaine du Théâtre ambulant religieux, avant de se lancer dans le cinéma.
Aristide et Léonie Audroin. Photo Le Pays de Dinan |
Avant
d'explorer l'histoire du Théâtre de l'Espérance Audroin, voyons ce qu'était le théâtre
entre le XVe et le XVIIIe siècle, plus particulièrement en Bretagne : «
Au XVe siècle, on ne connaissait d’autres productions dramatiques que les Mystères, les Moralités et les Sotties.
La
représentation des mystères était exclusivement réservée aux membres de
la confrérie de la Passion, qui se contentait de mettre en dialogue des
scènes de l’Écriture ou des légendes empruntées aux Vies des saints…
La
plus ancienne représentation qui ait été signalée à Rennes eut lieu le
25 mai 1430, jour de l’Ascension, en présence du duc de Bretagne Jean V. »(1)
Le vendredi saint de l’année 1492, on joua à Vitré une représentation du Mistère de la Passion Nostre-Seigneur Jhesu Crist.
(2) Version du XIVe siècle du Mistère de la Passion. Publication B.N.F, ici
Les acteurs pouvaient s’inspirer de textes contenus dans les recueils de cantiques imprimés, avec « des scènes naïves en vers boiteux et à rimes indépendantes » (1), comme celui édité à Dinan en 1795 et réimprimé à la moitié du 19e siècle. Au fil des siècles et des rééditions, de nombreux ouvrages ont vu leur titre se modifier pour faire évoluer le Mistère du Moyen-Age vers des formes plus contemporaines.
Le Théâtre de l'Espérance
Aristide Audroin (1857-1953) est né à Vitré le 12 avril 1857. Il est cordonnier de profession mais à la fête foraine de Dinan, où il se trouve alors pour effectuer son service militaire, il fait la rencontre d'une foraine, Léonie Hodemon. Elle possède un manège de chevaux de bois et une confiserie. Il l’épouse le 29 juin 1878 à Vitré et adopte le mode de vie des gens du voyage.
Aristide Audroin. Photo Généanet |
Léonie Audroin (1953). Photo Généanet |
Pendant quelques années, les Audroin sont sur la route et présentent leurs attractions sur les fêtes foraines. Mais Aristide Audroin est passionné par le théâtre. Il fonde Le Théâtre de l’Espérance qui se déplace dans toute la France avec la roulotte tirée par des chevaux. Aidés par leurs enfants, leurs décors et leurs costumes font merveille dans "Le mystère de la Nativité et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ", d'après les grands maîtres de l'art chrétien.
Il est intéressant de voir, comme nous l'avons développé dans l'introduction de cet article, que les Audroin s'inscrivent directement dans la tradition des mystères, comme celui joué en 1492 à Vitré. Nous ne savons malheureusement pas à partir de quelle version travaillait la famille Audroin pour bâtir son spectacle.
Lors d'une représentation donnée en 1902, on apprend que les enfants sont âgés de 3 ans à 18 ans. La famille comptera jusqu'à 13 enfants ! Les jeunes acteurs prennent surtout des poses au milieu de décors constitués de tableaux peints.
C'est une grande fresque théâtrale qui s’inscrit dans les spectacles joués depuis le Moyen-Age.
Ci-dessous, un article du Journal de Paimpol,
du 18 mai 1902, invite le public à découvrir ce théâtre qui obtient un
grand succès partout où il se produit. En 1907, il est de nouveau à
Paimpol.
Audroin. 18 mai 1902. Journal de Paimpol |
Mais le cinéma
commence à attirer le public et les Audroin vont s’équiper à Paris pour
présenter du cinéma ambulant. Comme lorsqu'ils faisaient du théâtre, les Audroin cherchent à véhiculer des valeurs et pas seulement à distraire. Pendant la guerre 14-18, ils vont avoir l'occasion de développer le patriotisme. L'article de Ouest-Eclair du 25 juillet 1915 ne laisse aucun doute sur l'engagement des Audroin qui, de plus, "se proposent de donner des séances gratuites pour les blessés".
Cinéma Audroin 24 juillet 1915 Ouest-Eclair |
Aristide Audroin a reçu les Palmes
académiques pour sa carrière dans le théâtre et le cinéma. Léonie Audroin a
reçu deux Médailles d’Or du Président Poincaré pour l’éducation qu’elle donna à
ses 13 enfants. A cette occasion, le 8 janvier 1923 dans La Dépêche de Brest, on pouvait lire une évocation de la vie de la famille Audroin avec quelques lignes sur le théâtre : "Puis ce fut le petit théâtre, que les dinannais envahissaient pour voir cette délicieuse famille si bien élevée, jouer la nativité, la Passion, Saint-Antoine. Chaque année, pendant une période, le petit Jésus vivant était tout neuf". L'allusion fait référence aux nombreux enfants de Mme Audroin dont, chaque année, le dernier né figurait en enfant Jésus.
Aristide Audroin est décédé le 17 décembre 1940, ce qui a fait l'objet d'un petit article dans Ouest-Eclair.
Aristide Audroin. 17 décembre 1940 Ouest-Eclair |
Cet article ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire du Théâtre de l'Espérance de la famille Audroin et ne demande qu'à être complété en utilisant le formulaire de contact.
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Notes
(1) Le théâtre à Rennes, recherches d’histoire locale, notes et souvenirs. Lucien Decombe 1899.
(2) Illustration tirée d'une version très ancienne du XVe siècle : Mystère de la Passion, par Arnoul Greban, cliquer ici
Sources
Article, La famille Audroin, des industriels forains en Bretagne, cliquer ici
Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme.
Généanet, Aristide Audroin (1847-1940), père, cliquer ici
Les Mystères dans le théâtre, article de Wikipedia, ici
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