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1951. Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien. Photo parue sur un site de vente en ligne |
Ferdinand Poilane est né le 25 juillet 1921 à Varennes-sur-Loire dans le Maine-et-Loire (49) et il est décédé le 10 janvier 1989 à Ploërmel dans le Morbihan.
Ferdinand Poilane est connu car il dépose un brevet le 15 décembre 1951 pour protéger la
fabrication originale d’un nouveau type de baby-foot de son invention. Retour sur cette aventure...
L'esprit d'entreprise
Tout d'abord, on peut se demander comment et pourquoi Ferdinand Poilane est arrivé dans le quartier de Robien à
Saint-Brieuc et quel était son parcours professionnel pour se lancer dans une telle entreprise ? Ferdinand
Poilane était assureur à Saumur avant d'arriver à Saint-Brieuc en 1950 comme le confirme cette annonce du 22 avril 1950. M. Poilane
s'occupait de l'assurance "Le Patrimoine". Mais une nouvelle idée occupe son esprit : monter son entreprise.
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Poilane 22 avril 1950 Ouest-France |
Il installe son atelier dans le boulevard Hoche, dans un grand garage près de l’église. Son adresse de bureau est en même temps celle de la maison familiale toute proche, au 8 rue Guébriant, en face de l'école maternelle.
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La maison de la famille Poilane, à gauche sur la photo, au numéro 8. Photo RF 2025 |
L’originalité de M. Poilane est d’être un concepteur-assembleur et pas un simple revendeur. Il assure aussi la livraison et l’entretien des appareils.
Au sujet de la fabrication, Frédéric Couffignal, qui a mené des recherches approfondies sur le sujet indique : "Les baby-foot Poilane ont de très fortes similitudes avec des baby-foot
commercialisés par d’autres marques comme Chevillotte, EMA, Sodima (même joueurs, paliers, cendriers, monnayeurs (parfois siglés EMA), même technique de réalisation et d’assemblage des angles des pieds droits…Ces marques ont sous-traité la fabrication de leurs baby-foot à un atelier pas encore identifié.
En effet, il existe dans ces marques des baby-foot avec des
caractéristiques similaires à ceux de M. Poilane mais équipés de joueurs en bois et de barres traversantes. Ces modèles datent très probablement de la fin des années 40 ".
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1951. Détail de Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien. |
Des babyfoot Poilane. Images Frédéric Couffignal |
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1951. Papier à en tête de F. Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor. |
La première annonce publicitaire de la société Poilane paraît cette même année 1951 dans Ouest-France. Elle s’adresse aux propriétaires et gérants de cafés, restaurants et hôtels qui souhaiteraient s’équiper d’un « football automatique ».
Dans une autre publicité, l’inventeur parle de « football de table », on n'utilise pas encore le terme « baby-foot »
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1952, 13 novembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc. |
Le modèle de M. Poilane est appelé « Olympic-Foot ». Les qualités mises en avant sont :
La sécurité (les tiges chromées télescopiques suppriment tout danger d’accident)
L’encombrement réduit
Sa robustesse
Son silence (l’appareil est doté d’amortisseurs spéciaux).
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La photo de ce babyfoot Poilane correspond exactement au modèle présenté ci-dessous en 1952, on le voit en particulier à la forme des pieds. |
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Poilane 11 septembre 1952 Foire Expo |
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1952, 29 mars. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc. |
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1953, 12 décembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc. |
En 1953, la maison Poilane organise un tournoi de babyfoot, « La coupe Olympic-Foot ».
La gamme des appareils proposés s’élargit avec des « Billards-golf » et des « Ping-foot ».
Sur le plan technique, les billards (Select ou Olympic-Golf) sont livrés avec des pieds réglables et les tapis et bandes sont entièrement démontables. Cette innovation permet d’effectuer une remise en état en cas d’accroc.
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1952, 12 octobre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc. |
M. Poilane devient dépositaire des appareils Stella et commercialise des jeux qui ne sont pas fabriqués à Saint-Brieuc.
Ils sont proposés à l’occasion de la Foire Saint-Michel, où la maison Poilane tient un stand à l’automne 53 avec le Kicker Catcher, un jeu de comptoir « qui fait fureur en Amérique ».
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Le Kicker Catcher, jeu de comptoir. |
En mai 1954, on apprend que les billards Poilane sont disponibles à Brest au Bar Navarin, 123 rue Jean Jaurès qui sert de dépôt. D'autre part, Jean Kerneur tient le rôle d'agent général pour la marque Poilane.
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Poilane 17 mai 1954 Brest. Ouest-France |
En septembre 1954, Ferdinand Poilane expérimente une nouvelle
technique de vente à la Foire Saint-Michel de Saint-Brieuc avec le remboursement d’un appareil sur
dix par tirage au sort ! La même proposition est faite au niveau des
commandes. Le résultat ne se fait pas attendre et par voie de presse, le 28 septembre, la maison Poilane dévoile le nom du gagnant : M. Guyomard, café-tabac à Chatelaudren qui se voit rembourser intégralement du montant de son billard.
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1954, 16 septembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc. |
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Maison Poilane 28 septembre 1954 Ouest-France |
D'autres inventions
Une autre demande de brevet est déposée par Ferdinand Poilane en octobre 1956 et l’autorisation est délivrée en 1958. Il s'agit d'un jouet du genre sarbacane qui permet en soufflant d'éjecter un projectile léger constitué d'un parachute ! Le cube et le montage étaient réalisés par des détenus de la prison de Saint-Brieuc. Cette invention va avoir un certain succès mais fonctionnera deux ou trois étés seulement.
Ferdinand Poilane a également inventé une colle forte. La composition était à base d'acétone et son fils se souvient encore de l'odeur que le produit diffusait dans la maison familiale ! L'inventeur faisait sa démonstration dans les foires et marchés en utilisant des piles d'assiettes cassées !
Après la belle période dans le domaine des jeux, Ferdinand Poilane a repris un travail de représentant, dans un premier temps dans le domaine des huiles pour garages puis dans les engins pour le bâtiment comme les grues de chantier et enfin dans les machines à café.
Avec beaucoup de chance, on peut encore trouver un babyfoot Poilane. Une annonce parue sur un site de vente en ligne présente ce babyfoot comme un objet rare, en parfait état. Les cendriers sont présents, la caisse est entièrement poncée et vernie, quelques parties sont peintes en noir.
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Joueur d'un babyfoot Poilane |
Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau |
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Restauration terminée d'un babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau |
La demande de brevet a fait l'objet d'un versement du Conseil des prud'homme de Saint-Brieuc relatif au brevets d'invention, marques et modèles déposés. Elle a été déposée, avec deux photographies du babyfoot Poilane, aux Archives départementales des Côtes-d'Armor sous la cote 135 W 48.
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Photo du babyfoot Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor. |
Caractéristiques de l’appareil de jeu de football faisant l’objet du dépôt
(d'après une lettre descriptive sur papier à en-tête de M. Poilane)
Cet appareil
est construit en bois d’essences diverses, l’appareil s’ouvre par le milieu et il
est fermé par une serrure, il fonctionne avec des barres rentrantes
(télescopiques) chromées sur lesquelles sont fixés les joueurs en métal ou en
bois (à la demande du client).
Les amortisseurs sont en bloc mousses sphériques.
Sur le fond de l’appareil, où circule la balle, est collé un tapis, soit en linoléum, soit en caoutchouc ou en bulgomme ou toute autre matière.
Au bout de
chaque tube est fixé un embout en aluminium qui coulisse sur une tige d’acier.
Le nombre de joueurs est de 22 par appareil.
Les pieds de l’appareil sont démontables et fixés par des boulons.
L’appareil est muni intérieurement d’un système de couloirs sur lesquels descendent les balles, celles-ci sont bloquées par une trappe en bois ou en métal, cette trappe se déclenche par le fonctionnement d’un monnayer de marque et de modèle différents.
Cet appareil
est présenté en bois teinté de un ou plusieurs tons, il peut être également
laqué.
Fait à Saint-Brieuc le 15 décembre 1951
Le saviez-vous ?
Ferdinand Poilane était un champion de pêche à la ligne. Son nom est mentionné le 8 septembre 1953 dans une démonstration au cours de la Foire exposition de Saint-Brieuc. M. Poilane est présenté comme le champion de pêche au coup. En juillet 54 pour la demi-finale régionale comptant pour le championnat de France de pêche au coup, M. Poilane finit 58e.![]() |
Ferdinand Poilane 29e, 1er octobre 1953 Revue La pêche illustrée |
Ferdinand Poilane 6e du concours régional de pêche à Malestroy. 27 août 1954 |
Le saviez-vous ?
Jean-Louis Poilane, fils de Ferdinand, est né en 1946 à Saumur mais il a vécu dès 1950 à Saint-Brieuc où il a suivi le parcours scolaire suivant : en maternelle à l'école Guébriant avec Mme Le Rouzic, en cours moyen avec M. Le Garlantezec, une parenthèse avec le pensionnat à Quintin puis collège Racine.
Si vous avez des documents ou des témoignages à partager, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page, avec votre adresse mail pour la réponse.
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Sources
Ouest-France, annonces du 11 août 1951, 29 mars 1952, 13 novembre 1952, 12 octobre 1953, 16 septembre 1954.
Le 14 avril 2025, entretien téléphonique avec Jean-Louis Poilane, né en 1946 à Saumur (fils de Ferdinand) .
Correspondances en octobre 2022 avec Joël Corbineau, auteur de la restauration du babyfoot Poilane.
Archives
départementales des Côtes-d'Armor, dossier 135 W 48. 86.- Poilane
Ferdinand. 8, rue Guébriant. Merci à Vincent Le Gall pour la transmission des documents des archives départementales, fermées pour causes de travaux au moment de cette recherche.
Notice : Appareil de jeu
de football. Dépôt du 15 décembre 1951.Deux photographies (9 x 14 cm) d'un appareil de jeu de football en deux
exemplaires avec une lettre descriptive sur papier à en-tête.
Le Télégramme, article du 9 juin 2010, à l’occasion d'une exposition appelée « Quoideneuf » aux Archives départementales des Côtes d’Armor, en 2010. L'exposition était consacrée aux brevets des inventeurs et évoquait à ce titre l’invention de Ferdinand Poilane.
Site de l’I.N.P.I (dépôt des brevets), jouet de type sarbacane, Ferdinand Poilane, brevet ici
Merci à Frédéric Couffignal pour tout son travail sur les babyfoots, pour la transmission des articles de presse sur Ferdinand Poilane pêcheur. Frédéric est responsable du site, Le babyfoot français, n'hésitez pas à aller faire un tour, c'est passionnant (cliquer ici)
Ci-dessous, photo de la famille Louessard dans un café autour d'un babyfoot,à Mordelles vers 1950-1955, Musée de Bretagne, lien permanent vers la notice ici
D'autres personnes portant le nom de Poilane à Robien
Les personnes suivantes ne peuvent être rattachées à Ferdinand Poilane, mais curieusement elles ont aussi habité dans le quartier de Robien.
Ainsi, Philippe Poilane, son épouse Thérèse et leur fille Geneviève née en 1913 à Lamballe, habitaient en 1936 au 58 rue Jules Ferry. Dans le détail Philippe Marie Poilane est né à Fégréac (44) le 8 mars 1878, marié à Vanves (92) le 30 octobre 1902 avec Thérèse Le Baillif. Il était employé de chemin de fer, tout d'abord à Dieppe avant 1900 puis à Lamballe. Il est décédé le 10 mai 1953 à Saint-Brieuc.
Thérèse Rosalie Françoise Poilane, née Le Baillif, était l'épouse de Philippe Poilane. Le couple a habité Lamballe dans les années 1910 et au 58 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc dans les années 30. Elle est décédée en 1949 à l'âge de 79 ans à Saint-Brieuc (annonce le 2 septembre 1949 dans Ouest-France).
Geneviève Poilane (Geneviève Julia Fanny), est née à Lamballe le 20 mai 1913, fille de Philippe et Thérèse, marié avec Armel Poilane, décédée le 13 mars 1976 à Bégard à l'âge de 62 ans (Acte numéro 29)
Armel Poilane (Armel Louis Jean Marie), né à Sempigny dans l'Oise (60) le 14 octobre 1912 (acte de naissance page 111), mariée avec Geneviève Poilane le 15 janvier 1937 à Saint-Brieuc, décédé le 2 décembre 1975 à Saint-Brieuc à l'âge de 63 ans.
Marie Désiré Joseph Poilane, née le 24 avril 1890 à Fégréac, mariée le 12 février 1912 à Lamballe avec Auguste Passiot. C’est la sœur de Philippe Marie Poilane, employé du chemin de fer.Enfin, on a 6 personnes portant le nom de Poilane et décédées entre 1977 et 2022 dans le Morbihan, département où est décédé Ferdinand Poilane.
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