jeudi 15 juin 2023

René Tostivint, professeur (1903-1988) Roland Tostivint, céramiste, musicien (1933-2008)

 

A Saint-Brieuc, le nom de Tostivint évoque des personnes différentes suivant les générations : les plus anciens se souviennent de M. Tostivint, professeur de Français, ou de son épouse qui tenait une librairie rue Saint-Goueno ; les Tostivint ayant pris leur retraite rue de Trégueux dans le quartier de Robien. 

Pour d'autres c'est la vielle du fils, Roland Tostivint, qui résonne dans un fest-noz, ou ses céramiques que l'on admire...

 

René Tostivint

René Tostivint à Oran

René (Jean Charles Eugène) Tostivint est né le 16 décembre 1903 à Douarnenez. Sa famille est originaire de Saint-Pern (35). Son père, Eugène, est pharmacien et sa mère est Louise Bellom. Ils habitent rue Laënnec à Douarnenez.

 
René Tostivint se marie civilement le 10 août 1931 avec Yvonne Georgette Le Lay (née le 30 janvier 1912 au Mans, décédée en 2008 à St Brieuc). Le mariage religieux, au Temple protestant de St Brieuc est célébré par le pasteur Yves Crespin le 29 janvier 1942. Le couple aura trois enfants : Roland, Joëlle et Guy.
René Tostivint est tout d'abord un simple membre de la paroisse protestante de St Brieuc dès 1942 puis il prend des responsabilités en 1944 où il assure le poste de secrétaire. 
Mme Tostivint tient une librairie au 14 Rue St Goueno à St Brieuc. Elle sera remplacée par M. Charles Mesnier qui vendra des livres bretons.

 

 

Librairie Tostivint St Brieuc. D'après l'image de la collection du Musée de Bretagne

Librairie Tostivint St Brieuc. Collection Musée de Bretagne


René Tostivint exerce en tant que professeur d'histoire-géographie au Lycée de garçons à Saint-Brieuc où il exerce  depuis 1933. 

 

La photo ci-dessous est celle de la classe de 6e A2 du lycée Le Braz. On y voit tous les élèves autour de leur professeur, M. René Tostivint.

Le 7e au deuxième rang est Pierre Petit, un élève qui entrera dans la Résistance.

La classe de 6e de René Tostivint en 1937-1938.  Ouest-France, 25 août 1994

 

Puis, René Tostivint enseigne au Lycée Lamoricière à Oran, en Algérie, de 1945 à 1952. 

Photo Amicale des anciens élèves

D'après les souvenirs de Solveig Huck-Hansen, une paroissienne protestante de l'époque, la famille Tostivint serait revenue en France à bord du bateau "Le Sloughi". Ce navire reliait l'Algérie au port du Légué et transportait du vin.  

En effet, on retrouve René Tostivint et son épouse, de retour à Saint-Brieuc, comme membres adhérents de la paroisse protestante en 1963 au moment où la famille revient d'Algérie. René Tostivint devient membre du Conseil presbytéral entre 1964 et 1967. 

René Tostivint retrouve son poste de professeur d’histoire au collège Le Braz à Saint-Brieuc. Ses compétences professionnelles couplées à sa curiosité du monde protestant vont le conduire à écrire de nombreux articles sur l'histoire du protestantisme.
On lui doit également un travail de recensement des sujets ayant trait au protestantisme avec les archives municipales et avec les archives départementales des Côtes-du-Nord.
Il prend des responsabilités dans la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord dont il est le bibliothécaire dans les années 60. Il occupe aussi le poste de « Vice-président de la commission diocésaine d’Art Sacré" dans les années 70 (1978). 

En 1970, le pasteur H. Bosc venant faire une conférence à Saint-Brieuc sur la conversion d'Henri IV, Ouest-France fit appel à René Tostivint pour expliquer longuement aux lecteurs dans quel contexte Henri IV promulgua l’Édit de Nantes (Ouest-France du 10 avril 1970).

Il propose également des visites de la ville de Saint-Brieuc pour mieux en faire connaitre l'histoire.

En retraite, René Tostivint reste à Saint-Brieuc, rue de Trégueux dans le quartier de Robien.

Faitage de toit réalisé par Roland Tostivint sur le toit de la maison familiale

René Tostivint meurt le 10 juillet 1988 à St Brieuc et une cérémonie est présidée au cimetière de Saint-Malo, le 12 juillet, par le pasteur Guy Froment.

Bibliographie de René Tostivint

La Famille Gouyon de la Moussaye et le Protestantisme dans le Comté de Quintin. Saint-Brieuc, Editions Les Presses Bretonnes, 1973. Lien
"La famille protestante Gouyquet à Trédaniel, près de Montcontour", Société d’Émulation des Côtes-du-Nord, 1976, Tome CIV, pages 13 à 17.
Les anciens collèges de St Brieuc et le Lycée Anatole Le Braz (1848-1948). Complément 1948-1967.
Arnaud de Kerpezdron, pasteur protestant. Notre Lien n° 79-80 mai-août 1973.
 
 
Sources
Archives du Temple protestant de l’Église réformée de Saint-Brieuc : registre des membres, registre des mariages 1942, registre des décès 1988.
Archives de Ouest-France
Amicale des anciens élèves du Lycée Lamoricière à Oran (Algérie)
Photo Raphaël Binet, librairie Tostivint. Collections en ligne du Musée de Bretagne, pour la notice complète, cliquer ici
Archives du Finistère, année 1903. Lien pour accéder à l'acte de naissance
Fiche sur le site Généanet établie par Jules Casset
Gallica, bulletin de la société des professeurs d'histoire-géographie. 1933, page 139
 

 

Roland Tostivint 

Roland Tostivint 1959

Une éducation protestante

La famille Tostivint était également bien connue à Saint-Brieuc avec le fils, Roland Tostivint.

Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 rue Saint-Gouéno, il est baptisé au temple protestant de St Brieuc le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin, épouse du pasteur de Saint-Brieuc mort en déportation, était sa marraine

Roland est éduqué dans la foi protestante et participe aux activités des scouts unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur Erling Hansen ou André de Kerpezdron.


Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat 

Les débuts d'une carrière artistique

A Oran, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi. 

"Ce professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)

Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme

"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)

A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc.

Il rencontre R-Y Creston et René Salaun avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...

En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen, qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante. C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter son premier four.

 

Un céramiste réputé

Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.

Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."

Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France

Roland Tostivint, Foire-exposition. 4 septembre 1959 Ouest-France

Oeuvre de Roland Tostivint, Foire-exposition. 28 octobre 1970 Ouest-France

Roland Tostivint, 1er prix au stand de la Foire-exposition 1977 Ouest-France


Roland Tostivint s'installe comme céramiste rue Fardel, de 1958 à 1968, puis à la Chaumière de Binic de 68 à 85, avant de trouver un autre atelier sur Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.

 

A partir du milieu des années 60, alors qu’il était encore rue Fardel, Roland Tostivint s’est mis à la céramique sur plaques de lave.

Ci-dessous, pièce de fin 1969, variation sur le thème de l’Arbre de vie, produite dans son atelier d'Etables-sur-mer.

Arbre de Vie. R. Tostivint 1969. Photo Dominique Soufflet


Plat mural. 1978. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller

 

Coupe à fruits. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller
 

Dans ses productions, que l'on peut voir en plein air, on compte aussi un bon nombre de plaques de rues à Saint-Brieuc ou à  Saint-Quay-Portrieux, par exemple.

Rue du Chapitre à Saint-Brieuc. Plaque R. Tostivint. Photo RF

 
Au port, Saint-Quay-Portrieux. Plaque R. Tostivint. Photo RF


Roland Tostivint, joueur de vielle

Le 6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet engouement qu'il attribue au hasard : "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !" 

Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh

Alors qu'il n'a que vingt ans, avec ses amis R-Y Creston, René Salaun et Robert Hamon, il va parcourir les campagnes, participer à des mariages ou des kermesses et récupérer des airs auprès des anciens, en particulier à Saint-Carreuc où la collecte est fructueuse.
 
Roland Tostivint, Le Mai breton. 23 mai 1972 Ouest-France

 
Roland Tostivint. 6 mars 1992. Ouest-France

 
Les bistrots de l'histoire conservent des enregistrements de Roland Tostivint car c'était un joueur de vielle talentueux. 
 
Roland Tostivint a eu l'occasion de jouer à Robien, comme on le voit ci-dessous où avec ses amis vielleux il anime la deuxième édition de la Fête de la Musique dans ce quartier le 19 juin 1993.
 
Roland Tostivint, tout à fait sur la droite. Fête de la musique 1993. Journal du C.A.R


Une carrière bien remplie

En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...

Roland Tostivint, exposition. 10 février 1981 Ouest-France

Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.


Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France

 

La photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une sera offerte au Général de Gaulle.

Roland Tostivint. 2 septembre 1960 Ouest-France

Roland Tostivint par André Coupé

Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative."

Cette complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle des Pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de Kerpezdron.

Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France

 
Dans les personnes du milieu artistique qu'il côtoyait, on peut aussi citer Joël Babey, un céramiste de Plouha qui a beaucoup appris sur son métier quand Roland était à Binic ;  Étienne Huck, potier-céramiste, qu'il retrouvait à son atelier au port du Légué au moins une fois par moi; et dans ses dernières années, Christine Cocar, qui fabriquait des vitraux, rue du Maréchal Foch à Saint-Brieuc...
 
4 saints bretons en faïence. R. Tostivint

 
Une personnalité toujours présente dans les mémoires
 
Roland Tostivint décède en 2008 à l'âge de 75 ans. Le journal Le Télégramme s'en fait l'écho en dressant son portrait : "Il était une figure briochine et sa fine silhouette couronnée de longs cheveux blancs ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville, qu'il arpentait à pied, descendu de son appartement de la Tour d'Armor."
 
Denis Muller, un passionné d'art breton, collectionne ses oeuvres et honore ainsi sa mémoire : 
 
" Roland Tostivint fut l'artiste costarmoricain le plus puissant du XXe siècle, au moins  à l'égal de ses pères Mathurin Méheut (qu'il a rencontré à plusieurs reprises de 52 à 58) et R-Y Creston... Mais Roland Tostivint était non seulement un très grand céramiste, peintre, illustrateur, décorateur, architecte pour les  bâtiments de France, musicien, cavalier etc, mais il a également co-creé le Musée d'Art populaire de Binic.
 
Affiche R. Tostivint. Photo JL Muller

 
Roland Tostivint avait cinq filles, dix-sept petits enfants et deux arrière-petit-fils.

Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint... 

Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !

Plaque Roland Tostivint. Photo Richard Fortat



Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.
Nous souhaitons en particulier pouvoir présenter quelques photos de René Tostivint... 
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Livre illustré par Roland Tostivint


Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
 
Merci à Kristian Morvan pour l'autorisation de publier la photo de Roland Tostivint en vielleux et allez visiter le compte Facebook de Musik e Breizh, en cliquant ici
 
Nombreuses archives de Ouest-France
 
Article et photo dans Le Télégramme, 17 juillet 2001, cliquer ici
 
Site Oran-mémoire, les plaques en céramique de Bartholomé Jorba à Oran, cliquer ici 
 
Correspondance en septembre 2022 avec Denis Muller.
 
 
D'autres productions de Roland Tostivint
 
Affiches touristiques
 
1962. Document famille Tostivint. Photo RF
 
Le Goelo. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Saint-Brieuc. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Affiches d'expositions
 
1979 Musée de Binic.



Dessins et aquarelles
 
 Famille Tostivint. Photo RF


La tuilerie St Michel l'Observatoire en Haute-Provence




Terre
 

 


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