A Saint-Brieuc, le nom de Tostivint évoque des personnes différentes suivant les générations : les plus anciens se souviennent de M. Tostivint, professeur de Français, ou de son épouse qui tenait une librairie rue Saint-Goueno ; les Tostivint ayant pris leur retraite rue de Trégueux dans le quartier de Robien.
Pour d'autres c'est la vielle du fils, Roland Tostivint, qui résonne dans un fest-noz, ou ses céramiques que l'on admire...
René Tostivint
René Tostivint à Oran |
René (Jean Charles Eugène) Tostivint est né le 16 décembre 1903 à Douarnenez. Sa famille est originaire de Saint-Pern (35). Son père, Eugène, est pharmacien et sa mère est Louise Bellom. Ils habitent rue Laënnec à Douarnenez.
René Tostivint se marie civilement le 10 août
1931 avec Yvonne Georgette Le Lay (née le 30 janvier 1912 au
Mans, décédée en 2008 à St Brieuc). Le mariage religieux, au Temple protestant de St
Brieuc est célébré par le pasteur Yves Crespin le 29 janvier 1942. Le couple
aura trois enfants : Roland, Joëlle et Guy.
René Tostivint est tout d'abord un simple membre de
la paroisse protestante de St Brieuc dès 1942 puis il prend des
responsabilités en 1944 où il assure le poste de secrétaire.
Mme Tostivint tient une librairie au 14 Rue St
Goueno à St Brieuc. Elle sera remplacée par M. Charles Mesnier qui vendra des livres bretons.
Librairie Tostivint St Brieuc. D'après l'image de la collection du Musée de Bretagne
Librairie Tostivint St Brieuc. Collection Musée de Bretagne |
René Tostivint exerce en tant que professeur
d'histoire-géographie au Lycée de garçons à Saint-Brieuc où il exerce depuis 1933.
La photo ci-dessous est celle de la classe de 6e A2 du lycée Le Braz. On y voit tous les élèves autour de leur professeur, M. René Tostivint.
Le 7e au deuxième rang est Pierre Petit, un élève qui entrera dans la Résistance.
La classe de 6e de René Tostivint en 1937-1938. Ouest-France, 25 août 1994 |
Puis, René Tostivint enseigne au Lycée Lamoricière à Oran, en Algérie, de 1945 à 1952.
Photo Amicale des anciens élèves |
D'après les souvenirs de Solveig Huck-Hansen, une paroissienne protestante de l'époque, la famille Tostivint serait revenue en France à bord du bateau "Le Sloughi". Ce navire reliait l'Algérie au port du Légué et transportait du vin.
En effet, on retrouve René Tostivint et son épouse, de retour à Saint-Brieuc, comme membres adhérents de la paroisse protestante en 1963 au moment où la famille revient d'Algérie. René Tostivint devient membre du Conseil presbytéral entre 1964 et 1967.
René Tostivint retrouve son poste de professeur d’histoire au collège
Le Braz à Saint-Brieuc. Ses compétences professionnelles couplées à sa curiosité
du monde protestant vont le conduire à écrire de nombreux articles sur
l'histoire du protestantisme.
On lui doit également un travail de
recensement des sujets ayant trait au protestantisme avec les archives
municipales et avec les archives départementales des Côtes-du-Nord.
Il prend des responsabilités dans la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord dont il est le bibliothécaire dans les années 60.
Il occupe aussi le poste de « Vice-président de la commission diocésaine d’Art
Sacré" dans les années 70 (1978).
En 1970, le pasteur H. Bosc venant faire une conférence à Saint-Brieuc sur la conversion d'Henri IV, Ouest-France fit appel à René Tostivint pour expliquer longuement aux lecteurs dans quel contexte Henri IV promulgua l’Édit de Nantes (Ouest-France du 10 avril 1970).
Il propose également des visites de la ville de Saint-Brieuc pour mieux en faire connaitre l'histoire.
En retraite, René Tostivint reste à Saint-Brieuc, rue de Trégueux dans le quartier de Robien.
Faitage de toit réalisé par Roland Tostivint sur le toit de la maison familiale |
René Tostivint meurt le 10 juillet 1988
à St Brieuc et une cérémonie est présidée au cimetière de Saint-Malo, le 12 juillet,
par le pasteur Guy Froment.
La Famille Gouyon de la Moussaye et le Protestantisme dans le Comté de Quintin. Saint-Brieuc, Editions Les Presses Bretonnes, 1973. Lien
"La famille protestante Gouyquet à Trédaniel, près de Montcontour", Société d’Émulation des Côtes-du-Nord, 1976, Tome CIV, pages 13 à 17.
Les anciens collèges de St Brieuc et le Lycée Anatole Le Braz (1848-1948). Complément 1948-1967.
Arnaud de Kerpezdron, pasteur protestant. Notre Lien n° 79-80 mai-août 1973.
Roland Tostivint
Roland Tostivint 1959 |
Une éducation protestante
La famille Tostivint était également bien connue à Saint-Brieuc avec le fils, Roland Tostivint.
Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 rue Saint-Gouéno, il est baptisé au temple protestant de St Brieuc le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin, épouse du pasteur de Saint-Brieuc mort en déportation, était sa marraine.
Roland
est éduqué
dans la foi protestante et participe aux activités des scouts
unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des
personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur
Erling Hansen ou André de Kerpezdron.
Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat |
Les débuts d'une carrière artistique
A Oran, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi.
"Ce
professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à
Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux
Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)
Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme |
"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)
A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc.
Il rencontre R-Y Creston et René Salaun avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...
En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen,
qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante.
C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes
postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter
son premier four.
Un céramiste réputé
Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.
Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."
Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France |
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Roland Tostivint s'installe comme céramiste rue Fardel, de 1958 à 1968, puis à la Chaumière de Binic de 68 à 85, avant de trouver un autre atelier sur Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.
A partir du milieu des années 60, alors qu’il était encore rue Fardel, Roland Tostivint s’est mis à la céramique sur plaques de lave.
Ci-dessous, pièce de fin 1969, variation sur le thème de l’Arbre de vie, produite dans son atelier d'Etables-sur-mer.
Arbre de Vie. R. Tostivint 1969. Photo Dominique Soufflet |
Plat mural. 1978. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller |
Coupe à fruits. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller |
Dans ses productions, que l'on peut voir en plein air, on compte aussi un bon nombre de plaques de rues à Saint-Brieuc ou à Saint-Quay-Portrieux, par exemple.
Rue du Chapitre à Saint-Brieuc. Plaque R. Tostivint. Photo RF |
Au port, Saint-Quay-Portrieux. Plaque R. Tostivint. Photo RF |
Roland Tostivint, joueur de vielle
Le
6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années
consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet
engouement qu'il attribue au hasard : "Je
ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué
pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons
donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme
qui comportait cinq airs !"
Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh |
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Une carrière bien remplie
En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...
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Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.
Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France |
La
photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il
est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une
sera offerte au Général de Gaulle.
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Roland Tostivint par André Coupé |
Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative."
Cette
complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle
des Pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration
bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les
reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de
Kerpezdron.
Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France |
Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint...
Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !
Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.
Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
Nombreuses archives de Ouest-France
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