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dimanche 3 décembre 2023

Les débuts de la télévision dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

 


Si la première émission de télévision date de 1935, jusqu’en 1948 la télévision ne diffuse même pas deux heures de programme par jour. Et dix ans plus tard, en 1958, il n'y a que 10% des foyers français qui sont équipés d'un poste de télévision.

Pour se faire une idée de la manière dont la télévision a fait son apparition dans le quartier de Robien, on peut faire appel aux souvenirs d'Emmanuel et Lucie Chuberre qui y sont arrivés en 1931

Emmanuel Chuberre a toujours aimé les appareils audiovisuels. A Saint-Brieuc, il a été successivement opérateur dans les cinémas Le Familia, Le Royal, Les Promenades.

Le 12 octobre 1948, Ouest-France raconte les exploits d’Emmanuel Chuberre en tant que radio amateur. Ils ne sont que deux autres avec M. Chuberre sur le secteur de Saint-Brieuc : M. Allain, rue de la Corderie  et Marcel Quinty, habitant Saint-Laurent, commis principal des P.T.T au central téléphonique.

Les 3 cartes de radios amateurs.

Les trois radios amateurs ont proposé une démonstration à la Foire-exposition qui n’est pas passée inaperçue. Leur station lançait des appels en public et recevait les réponses. En tout 361 liaisons ont été établies avec l’Europe et l’Afrique du Nord pendant la semaine.

Le poste ayant servi pour la démonstration à la Foire-Exposition

Après avoir bien exploré les possibilités des transmissions par poste radio, M. Chuberre se passionne pour la télévision. M et Mme Chuberre sont dans les premiers à posséder un poste de télévision dans le quartier.

 

La télé sur le rebord de la fenêtre 

Cette télévision familiale est souvent posée sur le rebord de la fenêtre de la famille Chuberre et elle attire les habitants émerveillés devant cette image venant de si loin. En 1953, le jour du couronnement de la Reine d’Angleterre Élisabeth II, leur salle à manger est pleine de monde…

Image du couronnement d’Élisabeth II à la télévision

Il n'était pas rare à l'époque d'aller voir la télévision chez des voisins, dans la famille ou dans un café.

Ainsi, Jean-Claude Rizzo, dont la famille habitait rue de l’Ondine se souvient du poste de télévision du patronage de Robien dans les années 50-60 :  

"Dans le foyer il y avait une télé où on voyait l’émission qui présentait le cirque « La piste aux étoiles ». Le feuilleton « Zorro » remportait aussi beaucoup de succès et on ne voulait pas en manquer un épisode".

 


 

Un incroyable bricoleur

Nous revenons à Emmanuel Chuberre, cette fois dans son costume de bricoleur de génie. Et là encore, Ouest-France qui est à l'affut lui consacre un long article, le 6 décembre 1955.

M. Chuberre. 6 décembre 1955 Ouest-France

M. Chuberre a réalisé la prouesse technique de fabriquer un poste de télévision par lui-même !

Quand le journaliste de Ouest-France vient le rencontrer à son domicile, tout n’est pas encore complètement terminé : « Ce poste sera au point sous une huitaine de jours quand je pourrai éliminer les parasites automobiles… Tenez, voyez l’écran bouger, voyez ces barres : ce sont des autos qui passent dans la rue. Cet appareil est d’ailleurs un appareil d’essai. Je n’ai pas voulu fignoler, ni faire un poste avec une belle ébénisterie. »

M. Chuberre montre ensuite l’antenne spéciale au-dessus de la maison, une antenne orientée vers Jersey qui permet de capter les ondes anglaises. M. Chuberre est certain qu’avec la télévision française les images et le son seront meilleurs.

Le reportage se termine : « Nous laissons M. Chuberre à son bobinage, à ses écrans, à ses lampes, à ses prises de courant, en jetant un dernier coup d’œil sur l'écran en promettant de revenir avant Noël, pour la mise au point."

4 novembre 1958 Ouest-France

Puis plus tard, la généralisation de la télévision a tout bouleversé : les gens sont restés plus enfermés chez eux, les mentalités ont changé. 

 

La maison de la famille Chuberre, rue Ferdinand Buisson


Constatant l'attrait constant des Briochins pour la télévision, en 1958, M et Mme Chuberre ouvrent un magasin de télé-radio, rue de la Gare : ils donnent ainsi une forme professionnelle à leur passion et en font profiter un plus grand nombre jusqu'en 1970 où ils prennent leur retraite.  

Annonce dans Ouest-France 24 septembre 1960

 

Annonce dans Ouest-France 5 mai 1961


Lucie et Emmanuel Chuberre le jour de leurs noces de Palissandre en 1992


A 88 ans, M. Chuberre continuait ses émissions de radio-amateur


 Souvenirs, souvenirs

Guylaine Quéméner, une habitante du quartier de Robien se souvient : "En cas de panne de télé, on appelait Monsieur Chuberre. Je me rappelle très bien ; et le soir on regardait "la Piste aux étoiles" réjouis ! "



Un relais télévision dans le boulevard Hoche en 1957

Si de plus en plus de foyers possèdent un poste de télévision, le problème de la diffusion et de la bonne réception des émissions persiste. 

Un article de Ouest-France du 21 février 1957 évoque à cet égard la mise en place d’un relais pour la télévision dans le boulevard Hoche, à proximité de l’école Hoche à Saint-Brieuc.

21 février 1957 Ouest-France

En 1957, il n’existe qu’un relais radio pour Saint-Brieuc permettant de capter « la chaine nationale ». Sa portée est assez limitée du fait qu’il se trouve encastré dans les maisons rue Lamennais et que son antenne ne dépasse pas 15 mètres de haut.

Le nouvel émetteur, placé dans le boulevard Hoche sera tout autre puisqu’il sera doté quant à lui d’une antenne montée sur un pylône de 35 mètres de haut, de plus dans le quartier de Robien qui est un point haut de la ville.

Photo aérienne de 1971 avec l'antenne de 35 mètres de haut.

Les Briochins reçoivent alors la télévision par le relais de Caen et « ce n’est pas fameux tous les jours, l’influence des circonstances atmosphériques est prépondérante. » 

 

Publicité, maison Mottais. 31 août 1959 Ouest-France

La population compte sur le relais de Saint-Pern/Bécherel pour obtenir une bonne réception des émissions de radio et de télévision. Il sera le symbole de l'arrivée de la télévision en Bretagne après son inauguration le dimanche 18 octobre 1959.    Doté d'une hauteur de 271m, il assurera la diffusion et la transmission des programmes télévision et radio pour plus de 1 100 000 habitants (Ouest-France 9 octobre 1959). 

 

24 juillet 1959 Ouest-France

Voici le programme de la seule chaine disponible de la télévision française le 30 octobre 1959...


Il faudra attendre 1961 pour que le Finistère puisse recevoir les émissions de télévision  sans problème après la mise en fonction du relais de Roc-Trédudon. (Ouest-France 4 novembre 1959)

 



A partir des années 60, la télévision ne cessera de se généraliser et de se banaliser...



Une histoire d'antenne

L'histoire suivante est racontée dans l'édition de Ouest-France du 9 mars 1971, l'incroyable résolution d'un problème de réception du poste télévision d'une habitante de Robien !

 

 

Claude-TV, un magasin de télévision à Robien.

DRD Electronic au 27 boulevard Carnot était un magasin et une entreprise de vente et réparation de TV-Hifi-ordinateurs, ouvert en 1996, puis sous le nom de Claude TV en 1998, avant de se déplacer en 2015 rue Émile Zola, toujours dans le quartier de Robien. L’entreprise se chargeait également de la pose d’antennes terrestres et satellites.

A noter que DRD Electronic avait été ouvert au 16 rue de la Gare dès 1989.

Magasin Claude TV 27 boulevard Carnot à Saint-Brieuc. Photo Eric Bergeronne 1999

Le véhicule de l'entreprise Claude T.V

Lorsque les nouvelles chaînes de télévisions sont devenues disponibles sur la TNT à partir de mars 2005, il a fallu s’équiper d’un boitier spécifique. Mais toute la population de Saint-Brieuc n’a pas eu accès à la TNT à cause des problèmes d’émetteurs. Deux nouveaux émetteurs ont été posés en 2008 pour étendre la réception sur presque toute la ville.  Dans cette période de la TNT, Ouest-France est venu interroger Eric Bergeronne, technicien chez Claude-TV, car cette technique restait mystérieuse pour beaucoup de personnes à cette époque(voir la photo ci-dessous). 

Les activités de Claude-TV, dans le boulevard Carnot, ont cessé en 2015.

Eric Bergeronne avec un boitier TNT dans les mains. 24 octobre 2007 Ouest-France



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Si vous avez d'autres documents ou renseignements à communiquer, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page, à droite


A retrouver sur ce blog
 
L'histoire du cinéma à St Brieuc (avec M. Chuberre), cliquer ici 
 
Les établissements Poiriers, fabricants de postes de T.S.F, rue Luzel en 1925-1926, cliquer ici
 
 
 
Sources

 

Articles de Ouest-France : 12 octobre 1948, 6 décembre 1955, 21 février 1957, 24 juillet 1959, 17 février 1992.

 

Correspondances avec Eric Bergeronne. 2021

 

Liste des diffuseurs Continental-Edison. 12 novembre 1958 Ouest-France

 

 


 

 

vendredi 25 novembre 2022

L’histoire de la rue Ferdinand Buisson dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

  

 

En 1931, Emmanuel et Lucie Chuberre ont vécu la naissance de la rue Ferdinand Buisson dans le quartier de Robien.

Emmanuel Chuberre était opérateur, successivement  dans  les cinémas Le Familia, Le Royal, Les Promenades. 

 

Lucie et Emmanuel Chuberre le jour de leurs noces de Palissandre en 1992


 
En 1945, M. Chuberre a travaillé pendant un temps chez lui comme artisan bobineur.
 
En 1958, le couple ouvrira un magasin de télé-radio, rue de la gare. 
 
Annonce dans Ouest-France 5 mai 1961


11 janvier 1960 Ouest-France

 

Laissons la parole à ces deux habitants des premiers jours de la rue Ferdinand Buisson et de cette partie du quartier de Robien :

« Lorsque nous sommes arrivés sur le quartier en 1931, il n’y avait que des champs avec des pommiers, pas de chemins bien tracés. Notre maison a été l’une des premières construites dans la rue.
Puis très vite, des terrains ont été achetés et des constructions sont apparues.
A cette époque, en été, les habitants se réunissaient dehors et partaient en promenade visiter les maisons en construction ; une dizaine de personnes, parfois davantage…
Le quartier a pris peu à peu ses formes actuelles : les habitants ont appris à se connaître et on peut dire qu’il y régnait une ambiance de village. Les commerces, nombreux, étaient un lieu de rencontre privilégié, créant ainsi un dynamisme important entre les habitants.

Puis l’arrivée de la télévision a tout bouleversé : les gens sont restés plus renfermés chez eux, les mentalités ont changé. »

 

Pourtant cette télévision posée sur le rebord de leur fenêtre attirait au début les habitants émerveillés devant cette image venant de si loin. Ils se souviennent que le jour du mariage de la reine d’Angleterre, leur salle à manger était pleine de monde…

 

La maison de la famille Chuberre, rue Ferdinand Buisson

 

La même maison de nos jours.

 

 

Une rue du lotissement Weill

 

La rue Ferdinand Buisson, et celles autour, se situent dans le cadre du Lotissement Weill, dont le projet est présenté au Conseil municipal en 1927. C’est le véritable commencement de l’urbanisation du cœur de Robien. Il est constitué par un immense quadrilatère, bordé au sud par le ruisseau du Gouédic, à l’ouest par la rue Jean Jaurès, à l’est par la rue Anne de Bretagne, et traversé en son milieu par la rue du Pont Chapet. L’ensemble est morcelé en 188 lots.

Le 19 février 1927, le Conseil municipal se saisit de la demande Monsieur Jules Weill qui projette donc de faire un lotissement de 7 hectares à Robien. Le Conseil fait quelques remarques :  

 

« Il y a lieu de ménager une place dans la partie basse de l’ancienne avenue de Robien, les arbres étant conservés… La rue de Robien prolongée ira jusqu’à la rue Jules Ferry…

La rue partant du square devra se raccorder à la rue Jules Ferry. Lorsque la Ville aura installé un collecteur d’eau, le lotisseur devra installer à ses frais des égouts dans toutes les voies du lotissement ».


La question des égouts posant problème, le Conseil remet à plus tard la décision d’imposer cette contrainte  à M. Weill.
La suite se passe le 19 mars 1927 et un accord est trouvé selon lequel le lotisseur prendra l’engagement de construire des égouts dans les voies du lotissement, si la Ville construit un collecteur dans les trois ou quatre ans.


Le temps que les travaux soient finis, le nom de la rue Ferdinand Buisson est donné officiellement par une délibération du Conseil municipal du 22 juillet 1932. Ferdinand Buisson est à cette époque une personnalité très connue et appréciée de tous les défenseurs de l'enseignement public. Il conçut les programmes qui suivirent les lois de Jules Ferry. Et d'ailleurs, la rue Ferry n'est pas loin, comme la rue Jean Macé, fondateur de la Ligue de l'enseignement. 

 

Ferdinand Buisson. Photo du site de l'Assemblée Nationale.

 

Beaucoup d’autres rues proches sont également nommées en 1932 dans le cadre de l’extension du quartier de Robien : Rue Anne de Bretagne, Rue Jeanne d’Arc, rue Denis Papin, Rue Aristide Briand, Rue Condorcet, Boulevard Paul Doumer, Rue Louis Hélary, Rue Jean Jaurès, Rue de la Paix, Rue Denis Papin, Rue Albert Thomas, Rue Emile Zola.

 

Le plan ci-dessous daté de 1935 montre bien par exemple que, dans les rues Aristide Briand ou Ferdinand Buisson, tous les terrains ne sont pas construits...

 

Plan 1935, densité de la population. Archives municipales 5Fi188

 

 

Vue aérienne de la rue Ferdinand Buisson et de ses alentours. Image Google

 

 

 

Les premiers habitants de la rue Ferdinand Buisson 

 

Dans le recensement de 1936, on trouve la liste des premiers habitants de la rue Ferdinand Buisson :

 

Côté impair

Au 3, famille Mathurin Jamet

Au 5, famille Morin, veuve Marie

Au 7, famille François Hamon

Au 9, famille Emmanuel Chuberre (né en 1904 à Noyal), Lucie son épouse (née en 1907 à Yffendic), Madeleine (née en 1928 à St Brieuc) et Jeanine (née en 1934 à St Brieuc)

Au 11, familles Yves Jégo, Arsène Léauté, Francis Bérel

Au 13, famille Louis Le Pape

Au 15, famille Eugène Gabriel

 

Côté pair

Au 4, famille Jean Guillerm

Au 8, famille François Le Tressoler

Au 10, famille François Gouézigou

Au 12, famille Lucien Minec 

 

 

M et Mme Chuberre ont fait l'objet d'articles à plusieurs reprises 

 

Noces d'Or de M et Mme Chuberre, 14 février 1977 Ouest-France

 

 

Noces de Diamant Chuberre, 60 ans de mariage. Ouest-France 16 février 1987

 

 

Noces de Palissandre, 65 ans de mariage. Article Ouest-France 17 février 1992



 

 
 
Des curiosités de la rue Ferdinand Buisson 


 


En flânant, vous trouverez de jolis exemples d'Art déco comme au numéro 6

 

 

 Le saviez-vous ?

 

La rue Ferdinand Buisson fait 170 mètres de long !

 


 

 Paroles d'habitants


 

"En cas de panne de télé, on appelait Monsieur Chuberre. Je me rappelle très bien ; et le soir on regardait "la Piste aux étoiles" réjouis ! "

Guylaine Quéméner


 

 

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Si vous avez des commentaires ou des renseignements sur l'histoire de la rue Ferdinand Buisson et de la famille Chuberre, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

Lucie et Emmanuel Chuberre

 
Mariage. Lucie et Emmanuel Chuberre

 


 
 
 
A retrouver sur ce blog
 
L'histoire du cinéma à St Brieuc (avec M. Chuberre), cliquer ici
 
 
 
Sources

 

Délibérations du Conseil municipal. Le 19 février 1927, 19 mars 1927 (vue 257), 22 juillet 1932. Documents en ligne sur le site des Archives municipales

 

Journal du Comité d’Animation de Robien. Archives. Mars 1991

 

Articles de Ouest-France, 14 février 1977, 16 février 1987, 17 février 1992

 

Plan 1935, densité de la population. Archives municipales 5Fi188 

 

Recensement de 1936, Vues 154-155. Archives départementales

 

 

 

Rue Ferdinand Buisson

 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...