vendredi 15 août 2025

Roland Tostivint (1933-2008) céramiste et musicien à Saint-Brieuc

Roland Tostivint 1959
Une éducation protestante

La famille Tostivint était  bien connue à Saint-Brieuc avec M. René Tostivint, professeur de Français, ou par son épouse Yvonne Le lay qui tenait une librairie rue Saint-Goueno. Le fils, Roland, s'est illustré dans différents domaines artistiques.

Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 à Saint-Brieuc, rue Saint-Gouéno. Il faut savoir que son milieu familial protestant va le conduire à être baptisé au temple protestant réformé de Saint-Brieuc, rue Victor Hugo, le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin était sa marraine ; elle est l'épouse du pasteur Yves Crespin de Saint-Brieuc, mort en déportation

Dans ses jeunes années, Roland est éduqué dans la foi protestante et participe aux activités des scouts unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur Erling Hansen ou André de Kerpezdron. (Ci-dessous, affiche réalisée en 1987 par Roland Tostivint pour le temple de Perros-Guirec)

Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat 
Les débuts d'une carrière artistique

A Oran, en Algérie, où ses parents ont déménagé, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi : "Ce professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)

Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme
"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)

A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc. Il rencontre R-Y Creston et René Salaun avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...

En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen, qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante. C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter son premier four.

Roland Tostivint en tant que peintre a toujours admiré Robert Micheau Vernez pour la maitrise des couleurs. Ils sont devenus amis dès 1954 lors d'un colloque d'artistes et Roland Tostivint a beaucoup appris auprès de celui qui fut un maitre pour lui. Il avait aussi de qui tenir avec sa mère qui peignait et exposait...
Ci-dessous, voici un de ses rares tableau acquis aux enchères à St Brieuc. On y reconnait l'importance des couleurs qu'il souhaitait toujours vives et joyeuses. Il fait se rejoindre son goût pour la peinture et pour la musique bretonne.

Collection Denis Muller.

Un céramiste réputé

Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.

Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."

Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France

Roland Tostivint, Foire-exposition. 4 septembre 1959 Ouest-France

Oeuvre de Roland Tostivint, Foire-exposition. 28 octobre 1970 Ouest-France

Roland Tostivint, 1er prix au stand de la Foire-exposition 1977 Ouest-France

Roland Tostivint s'installe comme céramiste rue Fardel, de 1958 à 1968, puis à la Chaumière de Binic de 68 à 85, avant de trouver un autre atelier sur Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.

A partir du milieu des années 60, alors qu’il était encore rue Fardel, Roland Tostivint s’est mis à la céramique sur plaques de lave.

Ci-dessous, pièce de fin 1969, variation sur le thème de l’Arbre de vie, produite dans son atelier d'Etables-sur-mer.

Arbre de Vie. R. Tostivint 1969. Photo Dominique Soufflet
Plat mural. 1978. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller
Coupe à fruits. Roland Tostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller

 

Les plaques de rues de Roland Tostivint

Dans ses productions, que l'on peut voir en plein air, on compte un bon nombre de plaques de rues à Saint-Brieuc, de Binic, de Guingamp ou de Saint-Quay-Portrieux, par exemple.

Rue du Chapitre à Saint-Brieuc. Plaque R. Tostivint. Photo RF

Au port, Saint-Quay-Portrieux. Plaque R. Tostivint. Photo RF

Rue Notre-Dame Guingamp, 1962. Photo RF

Rue Fardel Saint-Brieuc, 1969. Photo RF


Plaque Roland Tostivint. Quai Surcouf à Binic, photo RF mai 2025

Plaque Roland Tostivint. Binic, rampe Le suave-Galerne. Photo RF mai 2025

Roland Tostivint, vitraux

Tout comme Robert Micheau Vernez qu'il admirait, Roland Tostivint s'est exercé également avec talent dans le vitrail. Sur la fin de sa carrière il a travaillé en collaboration avec Christine Cocar, maître vitrailliste à Saint-Brieuc.
On notera sur ces 2 belles réalisations la double signature CC et RT.

Collection Denis Muller

 
Collection Denis Muller.

Roland Tostivint, joueur de vielle

Le 6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet engouement qu'il attribue au hasard : "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !" 

Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh
Alors qu'il n'a que vingt ans, avec ses amis R-Y Creston, René Salaun et Robert Hamon, il va parcourir les campagnes, participer à des mariages ou des kermesses et récupérer des airs auprès des anciens, en particulier à Saint-Carreuc où la collecte est fructueuse.
Roland Tostivint, Le Mai breton. 23 mai 1972 Ouest-France
 
Roland Tostivint. 6 mars 1992. Ouest-France

Les bistrots de l'histoire conservent des enregistrements de Roland Tostivint car c'était un joueur de vielle talentueux. 
Roland Tostivint a eu l'occasion de jouer à Robien, comme on le voit ci-dessous où avec ses amis vielleux il anime la deuxième édition de la Fête de la Musique dans ce quartier le 19 juin 1993.
Roland Tostivint, tout à fait sur la droite. Fête de la musique 1993. Journal du C.A.R
Une carrière bien remplie

En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...

Roland Tostivint, exposition. 10 février 1981 Ouest-France
Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.
Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France

La photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une sera offerte au Général de Gaulle.

Roland Tostivint. 2 septembre 1960 Ouest-France

Roland Tostivint par André Coupé
Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative." Cette complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle des Pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de Kerpezdron.
Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France
Dans les personnes du milieu artistique qu'il côtoyait, on peut aussi citer Joël Babey, un céramiste de Plouha qui a beaucoup appris sur son métier quand Roland était à Binic ;  Étienne Huck, potier-céramiste, qu'il retrouvait à son atelier au port du Légué au moins une fois par moi ; et dans ses dernières années, Christine Cocar, qui fabriquait des vitraux, rue du Maréchal Foch à Saint-Brieuc...
4 saints bretons en faïence. R. Tostivint

Une personnalité toujours présente dans les mémoires
Roland Tostivint décède en 2008 à l'âge de 75 ans. Le journal Le Télégramme s'en fait l'écho en dressant son portrait : "Il était une figure briochine et sa fine silhouette couronnée de longs cheveux blancs ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville, qu'il arpentait à pied, descendu de son appartement de la Tour d'Armor."
Denis Muller, un passionné d'art breton, collectionne ses oeuvres et honore ainsi sa mémoire : " Roland Tostivint fut l'artiste costarmoricain le plus puissant du XXe siècle, au moins  à l'égal de ses pères Mathurin Méheut (qu'il a rencontré à plusieurs reprises de 52 à 58) et R-Y Creston... Mais Roland Tostivint était non seulement un très grand céramiste, peintre, illustrateur, décorateur, architecte pour les  bâtiments de France, musicien, cavalier etc, mais il a également co-creé le Musée d'Art populaire de Binic.
Affiche R. Tostivint. Photo J.L Muller
Roland Tostivint avait cinq filles, dix-sept petits enfants et deux arrière-petit-fils.
Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint... 

Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !

Plaque Roland Tostivint. Photo Richard Fortat


Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite, en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre.
Nous souhaitons en particulier pouvoir présenter quelques photos de René Tostivint... 
 
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Livre illustré par Roland Tostivint

Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
 
Merci à Kristian Morvan pour l'autorisation de publier la photo de Roland Tostivint en vielleux et allez visiter le compte Facebook de Musik e Breizh, en cliquant ici
 
Nombreuses archives de Ouest-France
 
Article et photo dans Le Télégramme, 17 juillet 2001, cliquer ici
 
Site Oran-mémoire, les plaques en céramique de Bartholomé Jorba à Oran, cliquer ici 
 
Correspondance en septembre 2022 et août 2025 avec Denis Muller.
 
 
D'autres productions de Roland Tostivint
 
Affiches touristiques 
1962. Document famille Tostivint. Photo RF
 
Le Goelo. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Saint-Brieuc. Affiche famille Tostivint. Photo RF

Affiches d'expositions
 
Affiche 1954, Mme Tostivint exposait à ce salon. Collection Denis Muller
1979 Musée de Binic.



Dessins et aquarelles
 Famille Tostivint. Photo RF


La tuilerie St Michel l'Observatoire en Haute-Provence


 
Terre


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jeudi 14 août 2025

Jacquette Morvan, née Le Normand (1866-1939), institutrice école Guébriant à Saint-Brieuc 1903-1921

Jacquette Morvan, née Le Normand, est née le 23 janvier 1866 à Loc-Envel (22).
Après sa scolarité primaire, elle obtient son Brevet élémentaire le 7 octobre 1885. Dans un premier temps elle est stagiaire à Bourbriac, nommée le 20 avril 1888. Elle se marie à Bourbriac le 28 août 1888 avec un instituteur, Jean Morvan. Elle va ensuite à l’école de Pordic à partir du 1er mai 1892. C’est dans cette classe qu’elle passe son Certificat d’Aptitude Pédagogique le 12 avril 1895.
Nomination à Saint-Brieuc 1903

Plan de l'école Guébriant, archives 22.

Le 11 septembre 1903 elle est titulaire adjointe au moment de sa nomination à l’école des garçons de Saint-Brieuc, rue Guébriant dans le quartier de Robien. Elle y restera jusqu’au moment de sa retraite en octobre 1921 ayant obtenu un peu plus de 33 années de service. Son mari est le directeur de l’école.
Son premier rapport d’inspection à l’école Guébriant date du 5 mai 1906, 51 présents sur 57 inscrits dans cette classe à 4 divisions (15, 16, 15 et 11 élèves) avec des cours communs exceptés en lecture, grammaire et calcul. L’inspecteur écrit en conclusion que l’état matériel de l’école est bon. Le mobilier scolaire est très convenable. On a dû suppléer au manque de matériel d’enseignement dans cette classe par des cartes faites à la main. » 


Dans le rapport d’inspection du 1er mars 1907, on note que 60 garçons sont présents sur 62 inscrits, les effectifs sont très lourds. Par comparaison, ans le rapport d’inspection du 11 janvier 1909, on note que 39 garçons sont présents sur 45 inscrits, ce qui est encore beaucoup !
Le rapport d’inspection du 10 janvier 1913 fait apparaitre que cette classe de Cours préparatoire est constituée d’élèves d’origines diverses dont certains sont passés par une classe enfantine et d’autres n’ont jamais fréquenté l’école. Sur 28 élèves présents, 21 ont un livre de lecture.

Quelques années après la Première Guerre mondiale, en 1921, Mme Morvan a pris sa retraite. Elle et son mari sont restés vivre dans le quartier de Robien dans une maison au 14 rue de Robien. Ils vivaient avec leur fille adoptive Célestine Dudoret-Morvan, née à Loc-Envel en 1893, devenue institutrice.


Recensement 1936 AD22

Maison du 14 rue de Robien à Saint-Brieuc. Google street-view
Jacquette Morvan est décédée en avril 1939 à l'âge de 74 ans.


Annonces 19 avril 1939 Ouest-Eclair

Sources 

Archives départementales 22. Dossier personnel des enseignantes 1T640

Recensement 1936, rue de Robien, vue 386 et 387, cliquer ici

Ouest-Eclair, 19 avril 1939

Généanet, fiche sur Jacquette Le Normand, cliquer ici

Généanet, fiche sur Jean Morvan, son mari, cliquer ici


A lire en complément

L'histoire de l'école Carnot et de l'école Guébriant, cliquer ici

 

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L’histoire de 100 ans de boxe dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, le Sporting-Club Briochin.

Le quartier de Robien, berceau de la boxe à Saint-Brieuc. 1900-1920 Cette tradition de la boxe à Robien ne remonte ni aux années 60, ni aux ...