Le pont de la
rue de Quintin ou Pont Pierre Sémard. 1863 et 1926
Le pont de la rue de Quintin à St Brieuc Carte postale ancienne. Collection Hamonic |
Le pont de la rue de Quintin est construit pour l’ouverture de la ligne en 1863. Il est en maçonnerie et granit, possédant toutes les qualités de solidité. Mais on le démolit en 1925 pour élargir la sortie des voies ferrées après la gare. On le remplace par un pont plus long, en béton armé, de type "bow-string" (pont à corde d'arc). Il est tout à fait semblable à celui que l’on peut encore voir à Guingamp, construit en 1924-1925.
Le Pont de la rue de Quintin est ouvert à la circulation le 26 août 1925.
Pont au-dessus de la voie ferrée à Guingamp. Image Google |
Ce nouveau pont traversant le quartier de Robien a permis que l’on fasse passer plus de voies de chemin de fer.
Avec le développement de la circulation automobile dans les années 70, la rue Pierre Sémard qui prolonge ce pont a posé quelques problèmes. Cette rue trop étroite a été élargie dans les années 80, après l’acquisition nécessaire de plusieurs immeubles par la municipalité pour procéder à un alignement des maisons.
Pont de la rue de Quintin à St Brieuc. Photo RF 2020 |
Portrait. Pierre Sémard |
Le Pont après rénovation en 2021-2022. Photo RF |
Le Pont Clémenceau, appelé ensuite Pont des Sourds-Muets. 1863
Pour accéder à la notice complète de cette formidable photo du Musée de Bretagne, cliquer ici |
Le Pont Clémenceau (des Sourds-Muets) a lui aussi été conçu dès 1863 mais c’est un pont de chemin de fer sur lequel passent les trains, les véhicules passent en dessous.
Pont des Sourds-muets (ex Pont Clémenceau) à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
Sur la gauche, le Pont des Sourds-muets à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
Avant 1900 et un
peu après, le pont permettait surtout que des charrettes, venant des fermes aux
alentours, puissent circuler vers le centre-ville et y vendre leurs produits. C'est ce qui explique la présence de la maison d'octroi, juste après le pont, où les taxes devaient être réglées.
Le pont des Sourds-muets à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
Les piétons l’empruntaient beaucoup avant la construction de la passerelle en 1909. Ce passage sous la voie ferrée était aussi fort utile pour rejoindre dans cette partie du quartier l’Institut des Sourds-Muets ou la briqueterie Le Dû.
En 1953, des travaux de consolidation sont engagés sous le pont des Sourds-muets (photo ci-dessous)
18 novembre 1953 O.F |
La passerelle piétonne Harel de la Noë entre la gare de Saint-Brieuc et le quartier Robien. 1909
La passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
Dans quel contexte cette passerelle est-elle devenue indispensable?
Reportons-nous à la presse de l'époque, en 1908, avec cet extrait d'un article du journal Le Réveil :
Rappel de quelques dates pour bien situer les questions abordées dans cet article :
Cette passerelle piétonne est l’œuvre de l'ingénieur Louis Harel-de-la-Noë (1852-1931).
Elle avait un but utilitaire en permettant de relier Robien à la ville dans le prolongement d'un axe majeur, la rue Jules Ferry.
Commencement des travaux. 24 août 1908 La Dépêche de Brest |
Avec un peu de chance, les habitants de Robien auraient pu avoir la chance d'utiliser cette passerelle au tout début de l'année 1909 mais c'était sans compter avec les petits problèmes de livraison ; déjà !
31 décembre 1908. Ouest-Eclair |
Les lecteurs de Ouest-Eclair du 27 février 1909 reprennent espoir en apprenant que la pose de la passerelle est enfin commencée.
En 1921, on se pose la question d'installer un éclairage sur la passerelle mais l'administration des Chemins de fer oppose qu'une source lumineuse pourrait aller jusqu'à causer des accidents sur les voies, ce que personne ne souhaite !
Passerelle Robien. 26 avril 1921 La Dépêche de Brest |
Un ouvrage d'art
La vue sur la voie de chemin de fer est assez spectaculaire comme on le voit ci-dessous. Mais cette passerelle était aussi un ouvrage d'art industriel au même titre que les passerelles de Gustave Eiffel. Cette construction démontre le savoir-faire des ingénieurs, des entreprises et des ouvriers de la métallurgie de l'époque.
La gare vue de la passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
La gare vue de la passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. Archives 22. 16 Fi 4878 |
La passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. |
Cette passerelle en aura vu en 100 ans !
Les régiments d'Infanterie du 71e et 271e partant pour le Front en 14-18.
Archives départementales 159 J 53 Fonds Salonne |
Une course poursuite à la fin de la Guerre 14-18 !
11 octobre 1919. Ouest-Eclair |
Des foules qui descendent du train (Carte postale de 1919)
Des trains à vapeur en gare de Saint-Brieuc, vus de la passerelle, dans le film de Raphaël Binet en 1932. A voir sur le site de la cinémathèque de Bretagne, en cliquant ici
Image du film de Raphaël Binet en 1932 |
Les régiments allemands prenant le train pendant l'Occupation dans les années 40...
Souvenirs d'enfance
A l’époque du cidre, des wagons de pommes étaient rassemblés sous la passerelle : « De beaux tas odorants, jaunes, rouges et verts. Pour certains gamins c’était tentant, "une sorte de marché distributeur". Du haut de la passerelle, les galopins lançaient une longue ficelle que terminait un couteau pointu. Es plus adroits pêchaient ainsi la petite provision de fruits mûrs à point qu’ils consommaient sur place ou qui devait leur faire tout le jour ». Extrait de Maurice Le Lannou. Saint-Brieuc. Édition du Champ Vallon 1986 |
La passerelle dans les années 2010
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Photo André Bougeard 24 juillet 2011 |
Des escaliers permettaient d'accéder aux quais. Photo André Bougeard |
La fin de la passerelle
Cette passerelle a rendu service pendant plus de 100 ans mais elle a été démolie début 2016 dans le cadre d'un vaste aménagement des parties Nord et Sud de la gare de St Brieuc.
Photo publiée dans "Tu sais que tu viens de St-Brieuc". Années 60 |
La passerelle 8 mars 2018. |
Dès 2013, le projet de démolition suscite des interrogations puis une forte opposition et les signataires d'une pétition pour la conservation de cet édifice sont actifs. Ces défenseurs du patrimoine pointent du doigt la contradiction qu'il y avait de valoriser les ouvrages d'art d'Harel-de-la-Noë et dans le même temps de détruire cette passerelle, un ouvrage emblématique de cet ingénieur.
Dans un premier article de Ouest-France paru le 20 novembre 2014, Yannick Giciquel, habitant de la rue Jules Ferry, lance un appel à ceux qui voudraient démolir cette passerelle.
Yannick Gicquel 20 novembre 2014 Ouest-France |
Lançant une pétition avec trois autres personnes du quartier dans ce qui est appelé le Cric (Collectif Robiannais d'Initiatives Citoyennes), le collectif mené par Yannick Gicquel recueille plus de 1000 signatures.
En parallèle, le comité de quartier de Robien, qui a accepté la démolition de la passerelle, est consulté depuis le début de ce chantier mais les informations ne lèvent pas toutes les zones d'ombres. Ainsi, le 24 novembre 2014 dans Ouest-France, Michel Sauvée, président du Comité de quartier, se pose de nombreuses questions : "On ne sait pas combien de temps va durer le chantier. On aimerait avoir une passerelle provisoire. On réclame aussi des précisions sur l'aménagement du parvis et du parking. Sera-t-il vraiment souterrain et sur deux niveaux ? Comment seront positionnées les barres d'immeubles?"
Le 18 avril 2016, jour du commencement de la déconstruction de la passerelle, Ouest-France fait le point avec Yannick Gicquel sur cette action. Le défenseur du patrimoine "estime qu'on malmène l'héritage et qu'on détruit la plupart du temps par ignorance". Pour lui, "on a laissé s'abimer cette passerelle puis on a dit que les réparations seraient trop couteuses et que l'urgence c'est la démolition."
Yannick Gicquel montrent les pétitions 18 avril 2016 Ouest-France |
La passerelle de la gare. Photo octobre 2014. Site du Comité d'Animation de Robien |
La passerelle, de la gare vers Robien. Photo octobre 2014. Site du Comité d'Animation de Robien |
Plan d'origine du pilier |
Réactiver une promesse presque 10 ans plus tard
"Le principe de le conserver avait été acté par les élus lors du projet de déconstruction de l'ancienne passerelle, rappelle Pierre Goréguès. La promesse date de 2012. Presque dix ans plus tard, l’idée de mettre en valeur ce souvenir architectural est réactivée par les défenseurs du patrimoine.
« L’endroit où ériger ce pilier est tout trouvé, dans ce petit parterre sur l’esplanade du boulevard Carnot », affirme Ludovic Le Moignic, conseiller municipal en charge du patrimoine. L’élu imagine une signalétique adaptée qui raconterait l’histoire de la passerelle construite en 1909 et l’histoire du quartier de Robien.
Créer un passé commun
L’un des historiens locaux, Richard Fortat, estime que « la valorisation du petit patrimoine permet de nous ancrer dans une histoire. Créer un passé commun incite à mieux s’insérer dans l’environnement où on habite, même si on est de passage. »
Passionné par le patrimoine local, Ludovic Le Moignic devrait mobiliser les énergies et les soutiens pour que ce pilier, « trace de ce qui a existé » retrouve une posture digne d’être remarqué.
Rappel des 3 endroits de passage
dans le quartier de Robien.
Autres articles à consulter sur Les cheminots, la gare, la S.N.C.F
La
Société Française et Entrepôts Frigorifiques (S.T.E.F), cliquer ici
Les cheminots de la paroisse de Robien et le syndicalisme catholique, cliquer ici
Les Résistants cheminots du quartier de Robien en 39-45, cliquer ici
La Cité des Cheminots", boulevard Paul Doumer, cliquer ici
Le lotissements des cheminots, rue Cuverville, cliquer ici
A propos de la passerelle piétonne. Journal Le Réveil 1908.
Fiche Wikipédia sur Harel de la Noë, cliquer ici
Biographie d'Harel de la Noë, cliquer ici
Le chemin de fer de Bretagne Nord. Jean-Pierre Nenning. JPN Éditions 2010
Site du Comité d'animation de Robien, octobre 2014, cliquer ici
Vous pouvez ensuite aller dans la rubrique Les lieux-phares puis Gare-sud et vous découvrirez d'autres photos de l'évolution de ce secteur de Robien, en particulier à l'automne 2014 où de nombreux travaux en ont totalement changé la physionomie.