L’établissement des bains-douches de Robien
est évoqué, et présenté par une photo, dans le cadre plus général de ce type d’établissements à Saint-Brieuc dans l’ouvrage Le Patrimoine des Communes des Côtes-d’Armor :
En 1933, le programme de la cité-jardin Ginglin comporte un établissement de bains-douches. La même année, un nouveau bâtiment est construit rue de la Tullaye, dans le quartier de Gouédic, combiné avec des lavoirs comprenant deux bacs individuels pour chaque laveuse et des bacs spéciaux pour les vêtements gras et le ligne des malades.
Quant aux bains-douches construits à Robien, ils comportent trente-huit doubles bacs, onze cabines de douche et une cabine de bain".
Les bains-douches, rue abbé Garnier. 1952
C’est en fait en 1952, seulement, que la municipalité fait une demande de permis de construire afin de doter le quartier de Robien de ce type d’établissement de bains-douches. L’emplacement choisi est au bout de la rue Abbé Garnier, proche de la Croix-Perron.
Il faut imaginer que de nombreuses personnes du quartier logeaient dans des maisons très petites (certaines n'excèdent pas 20 mètres carrés) où une salle de bain ne faisait pas partie de l'équipement de base. Par exemple, des habitants de la cité des cheminots, boulevard Paul Doumer, venaient utiliser les bains-douches.
En octobre 1952, les travaux de l’extérieur se terminent rue abbé Garnier et le bâtiment a déjà son aspect final.
Les bains-douches rue abbé Garnier, 23 octobre 1952 Ouest-France |
L'ouverture de l'établissement en 1953
Le projet est véritablement achevé en juin 1953 et le public peut alors bénéficier de ce service. On y trouve 38 doubles bacs, 11 cabines de douche, et 1 cabine de bain.
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Mme Pinsart tenait l'établissement et son mari, chauffeur du préfet, lui
donnait un coup de main le samedi. M. Pinsart a vécu jusqu'à 102 ans et a
passionné son auditoire à la maison de retraite de Trégueux avec les petites
histoires des bains-douches de Robien !
Allait-il jusqu'à dire, comme l'écrivain Christian Prigent, que le vrai nom de l'établissement aurait pu être "Les Bains-louches" !
Les bains-douches au moment de la construction. Photo Archives municipales |
Dans son édition du 11 août 1953, Ouest-France effectue un reporte très complet aux bains-douches de la rue abbé Garnier.
Le premier point très positif est mis en évidence : "Le choix de l’emplacement s’est révélé particulièrement heureux : il permet, en effet, à la population laborieuse de Robien, de profiter d’un élément d’hygiène indispensable".
Bains-douches rue abbé Garnier 11 août 1953, Ouest-France |
Le journal note que le succès est au rendez-vous : entre le samedi et le dimanche matin, environ 500 douches et bains ont été fournis. Ce succès est dû au besoin mais également à la bonne conception de l’établissement, calquée sur les installations les plus récentes de la capitale : l’entrée est accueillante, les cloisons sont revêtues de briques émaillées qui se nettoient très bien, la salle de douche est bien éclairée, de son guichet la gérante peut surveiller facilement l’accès aux douches, la chaudière à mazout est très performante et peut répondre à toutes les demandes aux heures de pointe.
« L’ensemble fonctionne de façon absolument automatique, sans intervention manuelle, rendant plus facile la tache de la gérante et économisant les frais de personnel…Tous ces détails contribuent à donner aux clients une impression agréable. »
Et en plus les prix sont modiques !
Quelques années après l'ouverture de l'établissement, des problèmes de fonctionnement sont observés par les utilisateurs. Ainsi la presse donne la parole à René Piriou qui a attendu plus de deux heures avant de pouvoir prendre une douche. Presque 120 militaires étaient devant lui !
11 février 1957 Ouest-France |
Au fil du temps, avec l’amélioration des logements dans le quartier, les bains-douches n’ont plus autant d’utilité. L’établissement finit par fermer.
Une nouvelle affectation pour le bâtiment des bains-douches.
Dans les années 90, le vestiaire des bains-douches est utilisé par le Secours populaire pour les braderies qu’il organise. Le reste des bains-douches reste tel quel, ce qui ne permet guère d’être affecté à un autre emploi !
Ouest-France 8 janvier 1988. |
Un centre d'hébergement dans l'ancien bâtiment des bains-douches.
En 2003, la ville de Saint-Brieuc décide de reconvertir ce lieu pour en faire un centre d'hébergement d'urgence.
Après deux années d'existence, en juillet 2005, la municipalité fait le bilan de ce lieu d'accueil. L’accueil des sans-abri fonctionne l’hiver entre le mois de novembre et le mois d’avril. En 2004-2005, 183 personnes y ont dormi au chaud sur une durée variant d’une nuit à trois mois. Le maire Bruno Joncour indique que le travail des trois médiateurs qui se relaient demande « de la patience, de la diplomatie et une autorité bien placée. » Joëlle Le Gagne, l’adjointe aux affaires sociales, ajoute que l’on se préoccupe aussi du devenir des personnes quand le local est fermé.
Bruno Joncour, le maire, 2e en partant de la gauche. 5 juillet 2005 Ouest-France |
Le centre d'hébergement évolue. 2011
Après d'importants travaux de maçonnerie,
d'électricité, d'isolation ou encore de couverture, le Trait-d’Union peut
ouvrir au 24 rue Abbé Garnier. Les travaux s'étalent entre les mois d'avril
2010 et février 2011.
On remplace les dortoirs par des chambres d'un ou deux lits. Le centre peut
accueillir 19 personnes en temps normal et 22 en cas d'urgence, comme lors
d'une vague de froid. Une extension du bâtiment au rez-de-chaussée est
réalisée. L’accès handicapé est opérationnel, même à l'étage en passant par le
parking Octave Brilleaud. Tout au bout du bâtiment se trouve la grande salle du
repas où se déroulent différentes animations.
Le Trait d'Union est l'exemple d'une belle reconversion d'un équipement
municipal.
L'ancien bâtiment des bains-douches. Photo RF 2020 |
Panneau signalétique du Trait d'Union. Photo RF |
Une œuvre de street-art réalisée par Yol en
2018 orne la façade sud du bâtiment du Trait d'Union. Le symbole de la main qui aide l'autre à s'extraire d'une mauvaise situation est en parfaite harmonie avec ce lieu.
Peinture murale de Yol. Rue abbé Garnier. Photo RF. |
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Le Patrimoine des Communes des Côtes-d’Armor. Editions Flohic. 1996
Photo M. Dhénaut. Le Patrimoine des Communes des Côtes-d’Armor. Editions Flohic. |