dimanche 22 octobre 2023

Georges Mahuzier (1934-2014), chimiste et biologiste, universitaire, né à Saint-Brieuc


Georges Mahuzier est né à Saint-Brieuc en 1934. Il a vécu son enfance dans le quartier de Robien où son père a tenu une pharmacie de 1938 à 1945. Par la suite, il a effectué une brillante carrière comme professeur de chimie à la faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry, université Paris XI,  jusqu'en 2001 où il prit sa retraite. Il était membre de l'Académie nationale de pharmacie.

Acte de naissance Georges Mahuzier. 1915 Saint-Brieuc Vue 135. Archives départementales

 
Origines familiales à Saint-Brieuc

Le premier de la famille Mahuzier à s'implanter à Saint-Brieuc est Georges René Mahuzier (1877-1931). Né en Corrèze, il va se marier à Saint-Brieuc le 18 mai 1904 avec avec Marie Désury, une native de la ville. Georges Mahuzier exerce dans le domaine des finances publiques, comme son père qui était percepteur des contributions directes. Il mène une belle carrière dans les impôts et devient Receveur général des contributions directes à Rennes.

Georges René Mahuzier (1877-1931)


La pharmacie Mahuzier

Son fils, Yves Georges Mahuzier (1905-1945) est né le 30 juin 1905 à Saint-Brieuc. Yves Mahuzier se marie à Plestin-les-Grèves le 15 octobre 1932 avec Odette Cotrel. Le couple va avoir deux enfants, Georges et Josette.  
Yves Mahuzier ouvre une première officine à Saint-Brieuc, dès 1934 où dans le journal Ouest-Eclair on trouve la trace de "Danet et Mahuzier, pharmaciens". La pharmacie Danet se trouvait dans la rue Saint-Guillaume...

Puis en 1938, il ouvre sa pharmacie au 2 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien. Une première annonce indique cette adresse dans l’édition de Ouest-Eclair du 30 avril 1938. 

Pharmacie Mahuzier 28 août 1938 Ouest-Eclair


Quelques années plus tard, la pharmacie se déplace d’une centaine de mètres pour aller au numéro 41, à l’angle de la rue Jules Ferry et du boulevard Hoche. La famille Mahuzier composée de deux enfants, Georges et Josette, habite à proximité de l’officine, au 60 boulevard Hoche. Hélas, alors qu'il n'a que 40 ans,
Yves Mahuzier décède le jeudi 13 décembre 1945. La cérémonie se déroule à l'église de Robien et Yves Mahuzier est inhumé au cimetière Saint-Michel à St Brieuc. 

L'ancienne pharmacie Mahuzier au 41 rue Jules Ferry, photo prise en 1984.



Georges Mahuzier (1934-2014)
Orphelin de père, Georges entend poursuivre la tradition paternelle. Il passe d’abord ses deux bacs en 1951 et 1952 à Saint-Brieuc.

Résultats du bac à Saint-Brieuc 29 juin 1951 Ouest-France

Georges Mahuzier commence ses études de Pharmacie en 1953 à la Faculté à Rennes avant de préparer l’internat des Hôpitaux de Paris. Il est reçu en 1957 comme interne des hôpitaux de la Seine et travaille
à l’hôpital de Perray-Vaucluse sous la direction du Professeur Malangeau grâce auquel il acquit en 4 ans une formation complète de biologiste. 

Le professeur Malongeau
 

Interrompant sa carrière, il effectue 36 mois de service militaire en Algérie. 

A son retour en 1963 il est nommé sur concours, chef de laboratoire, à l’hôpital psychiatrique de Villejuif, il y restera jusqu’en 1970.

Hôpital psychiatrique de Villejuif


En 1971, il devient biologiste adjoint et en 1972 il succède au Professeur Malangeau en tant que Chef de service et effectue le reste de sa carrière à ce poste.
En parallèle, dès 1964, il s’engage dans une carrière universitaire de chimiste qui sera couronnée de succès. Il rédige différents ouvrages forts utiles pour les étudiants et les professionnels. Il est reconnu comme un spécialiste au niveau national du dosage des médicaments.

 
En 1972 il est nommé chargé de cours, puis Maître de conférence à l’université de Paris XI.
Agrégé à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Beyrouth,  il y enseigne la chimie de 1973 à 1975.
Revenu en France en 1975, il est nommé Maitre de Conférence agrégé à la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry qui est considérée comme la plus grande faculté de pharmacie en Europe. Il encadre les travaux de nombreux étudiants et favorise la coopération scientifique avec l’Espagne, le Vietnam.

Après une carrière exceptionnelle il prend sa retraite en 2001. Un de ses anciens élèves, en conclusion de l'hommage qu'il lui rend, le décrit ainsi : "De tout ce parcours se dégage une personnalité riche, attachante, ancré dans le réel au travers de ses fonctions de Biologiste, d’enseignant, de chercheur préoccupé du devenir de ses élèves".

 
Vie familiale

Sur le plan personnel, avec son épouse Catherine, Georges Mahuzier aura trois enfants Cerise et Bruyère, et Yves (1971-2005). La famille aimait se ressourcer sur l’Ile de Bréhat. C'est sur cette île des Côtes d'Armor qu'il décède accidentellement le 10 juillet 2014. Une annonce de son décès a été publiée le 27 septembre 2014 dans le journal Le Figaro.

Annonce Le Figaro

Son corps repose au cimetière Saint-Michel à Saint-Brieuc avec ses parents et son fils Yves.

Cimetière Saint-Michel à Saint-Brieuc.


Si vous avez des commentaires, des témoignages ou des documents sur la famille Mahuzier, merci d'utiliser le formulaire de contact.

 

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A lire sur ce blog pour prolonger

Les pharmacies du quartier de Robien, cliquer ici

 

Sources 

Généanet, fiche sur Mahuzier père né en 1877, cliquer ici

Généanet, fiche sur Georges Mahuzier, né en 1905, cliquer ici

Avis d'obsèques de Georges, universitaire, né en 1934, ici

Discours d'hommage à Georges Mahuzier, prononcé en 2016, cliquer ici 

Discours d'hommage au Professeur Malangeau par Georges Mahuzier, 2009, cliquer ici

Albert Mahuzier, explorateur, cousin de Georges, site cliquer ici

 

vendredi 20 octobre 2023

Etesse Frères, transporteurs, boulevard Carnot à Saint-Brieuc. Années 60

 

Anciens garages de l'entreprise Etesse. Photo R. Fortat

On sait peu de choses de l’entreprise de transports-déménagements des frères Etesse qui a fonctionné au milieu des années 60 dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. Leur garage se trouvait entre le boulevard Carnot et la rue François Ménez. Les deux entrées et sorties étaient possibles.
Au dessus d'une porte du garage, on pouvait lire : 

ETESSE Frères 

Transports Déménagements Entrepôts 

 

Sur l'autre entrée du bâtiment on pouvait voir que l'entreprise avait deux entrepôts, à Saint-Brieuc et à Paris.

Anciens garages de l'entreprise Etesse. Photo R. Fortat

Le 6 octobre 1966, l’entreprise fait parler d’elle dans Ouest-France. Au garage Boschet dans la zone industrielle rue Chaptal se déroule une présentation de nouveau modèles de camions : « Le clou de cette exposition fut la présentation par les Transports Etesse Frères de Saint-Brieuc, d’un semi-remorque Dorsey et de son tracteur Volvo, matériel poids-lourd très moderne, unique dans l’Ouest… Cet ensemble est destiné à transporter des fers de grandes longueurs, de la région parisienne à des entreprises métallurgiques et des quincailleries de la région.». Voilà qui indique une spécificité des transports Etesse en lien avec la métallurgie…

Transports Etesse Ouest-France 6 octobre 1966
 
Le 23 août 1967, l’entreprise Etesse fait de nouveau parler d’elle dans Ouest-France après la perte de contrôle d’un conducteur de cette société qui transportait 15 tonnes d’œufs.

Transports Etesse Ouest-France 23 août 1967



Si vous avez des remarques à partager ou des renseignements à communiquer sur l'entreprise Etesse, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

  

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A lire dans ce blog sur d'autres entreprises de déménagement (et transports) Ricard autocars, Le Brun, cars Manche-Océan , Famille Reux , Henri Demoulin

 

Sources

Archives de Ouest-France 

 

dimanche 15 octobre 2023

Le commerce dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc en 1938-1939

 


La galerie commerciale de Robien. Rues Jean Jaurès et Aristide Briand


 

L'année 1938-1939, c’est le boom des épiceries car la population est en augmentation. Un nouveau modèle commercial est proposé à Robien avec un ensemble de commerces, très rapprochés, avec une unité architecturale. Cette galerie commerciale de quartier est très attractive. Dans la liste qui suit, on y retrouve l' alimentation, Carpier, produits « Unico », rue Aristide Briand ; la boucherie, Marie, 28 rue Aristide Briand et la boulangerie, Turquet, 21 rue Jean Jaurès. La première pharmacie s'installe dans la rue Jules Ferry.

 


Alimentation

Bougeard Mlle, 34 rue Luzel

Briand, 105 rue Jules Ferry

Carpier, produits « Unico », rue Aristide Briand

Carré, veuve Ange Carré, 47 rue abbé Garnier

Corman, 60 rue Jules Ferry

Gascogne, rue Jules Ferry

Gicquel, le Carpont

Landais, 11 rue Jules Ferry

Magadur, 22 rue de Robien

Le 22 rue de Robien, ancienne épicerie

Maro, 90 rue Jules Ferry

Milonnet, 31 rue Anne de Bretagne

Morel, le Carpont 

Nouvel Berthe, économique, 17 rue Jules Ferry (en 1936)

Philippe, boulevard Hoche

Société économique, Raymond et Suzanne Vaucaret,19 rue Jules Ferry

Thomas Jean, 26 rue de Trégueux

Union économique briochine, boulevard Carnot



 

 

Beurre-Oeufs-Volaille

Jean Gabon, marchand de beurre et de volailles, 31 rue Jules Ferry.
Un fait divers impliquant Jean Gabon, commerçant à Robien, nous donne deux petites indications intéressantes : M. Gabon vendait ses produits sur le marché de Pontivy chaque lundi et il possédait une Torpédo !

Jean Gabon 5 mai 1937 Ouest-Eclair

Boucher

Loridon Albert, 9 rue Jules Ferry (en 1936)

Bazin Francis et Madeleine, 46 rue Jules Ferry

M et Mme Bazin, bouchers

 

Communier, rue Jules Ferry

Marie, 28 rue Aristide Briand 

Rault Marc, la Croix Perron

 

Marc Rault, boucher

 

Charcutier

Hubert, rue Jules Ferry

 

Chicorée

Ernest Jugan et Simone Bertrand habitent boulevard Carnot. Simone Bertrand tient une boutique de l'enseigne Chicorée Williot au 29 boulevard Carnot.

 

Williot, facture. Archives municipales 3 L 142

 

Boulanger

Lorvellec, rue Jean Jaurès

Rabin, 17 boulevard Carnot

Turquet, 21 rue Jean Jaurès 

 

Annonce publiée en 1935 dans le bulletin paroissial de Robien

 

 

Bureau de Tabac

Des habitants de Robien font une pétition en 1936 pour obtenir la création de deux bureaux de tabac, l'un dans la rue Luzel et l'autre au bout de la rue Jules Ferry en allant vers Ploufragan, "l'accroissement considérable de la population et l'extension, non moins considérable, de l'agglomération dans le quartier de Robien semblent justifier pleinement les demandes des intéressés..."

Tabac à Robien 15 mars 1936 Ouest-Eclair

 

 

Cafetiers

Auffray, rue Jules Ferry

Bougeard François, 10 rue Jules Ferry

Boulain Pierre, 3 rue Jules Ferry

Briand Joseph, 99 rue Jules Ferry

Café-restaurant de Robien, rue Jules Ferry

Callanec Charles, rue abbé Garnier

Caro, rue Luzel (nouveau)

Garel, veuve, Croix Perron

Hellio Yves, 2 rue Jules Ferry

Hillion L, 60 rue Luzel

Jouan Pierre, 28 Jules Ferry

Lainé Aimé, 33 boulevard Carnot

Mme Le Coq, Au bon coin, 3 boulevard Carnot

Le Dily Mlle, 14 Luzel

Lorent-Benoist, boulevard Carnot (nouveau)

Magadur Mme, rue Jules Ferry

Maro, rue Jules Ferry

Montfort, 12 Luzel (nouveau propriétaire)

Morvan JM veuve, 26 rue abbé Garnier

Péron Jean, boulevard Carnot

Rault Marc Croix Perron

Rouxel veuve, rue Robien

Steunou Yves, 6 rue Luzel

Thomas J L, Croix Perron

Tréhorel Louis, boulevard Carnot 

 

Annonce publiée en 1934 dans le bulletin paroissial de Robien

 

 

Coiffeur

Eugène Glo, 29 boulevard Carnot 

Le Croguenec Joseph, 37 rue Jules Ferry (en 1936)

Henri Marie, 15 rue Jules Ferry (en 1936)

 

Salon de coiffure 29 bld Carnot


 

Conserves (fabricants)

Conserveries de Bordeaux, boulevard Carnot

Saupiquet, rue Luzel

 

Cycles

Dadin, rue Jules Ferry (et vendeur de pneus Michelin)

 

Garages

Lassalle, rue Jules Ferry

Ranjouan, 6 boulevard Hoche

 

Matériaux de construction

Robert, boulevard Carnot

 

Menuisier

Collet F, boulevard Carnot

Lemoine, rue Jules Ferry (Grand pont)

 


Pharmacie

Mahuzier, 2 rue Jules Ferry, en 1938 l'adresse indiquée est le 2 de la rue Jules Ferry puis l'officine est déplacée à l'angle de la rue Jules Ferry et du boulevard Hoche.

 

Pommes de terre en gros

Laguitton, boulevard Carnot

Le Bigot, 31 boulevard Carnot

Société fermière bretonne, 4 rue Guébriant

 

Restaurant

Jouéo, Mme, Hotel-restaurant « Tout va bien », rue Jules Ferry (nouveau !)

 

 

Paroles d'habitants

Les premiers habitants de la cité H.B.M fréquentaient la galerie commerciale de la rue Jean Jaurès.  Lucienne Le Guével se souvient : « Il y avait une supérette, une poissonnerie, une boulangerie, des boucheries, une épicerie, un bureau de tabac. »

Cité dans le journal Ouest-France du 21 novembre 1996

 

 

Si vous avez des remarques, des documents ou des témoignages sur les commerces à Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

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Autres articles à consulter 

 

Le lotissement Habitat à Bon Marché, la cité des cheminots, cliquer ici 

Les bars sont classés par rues et on retrouve les articles les concernant à partir du sommaire

L'activité commerciale du quartier est détaillée par décennie à partir du sommaire. 

  

 

Sources

Annuaire 1938-39, sélection des métiers. Archives municipales

 

 

 

dimanche 1 octobre 2023

Le Tertre Marie-Dondaine dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, un site à découvrir.


Le Tertre Marie Dondaine, dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc c’est un site à découvrir, un lieu remarquable sur le plan géographique, un lieu chargé d’histoire, un lieu d’avenir !

 

Affiche Coccolithes pour la fête organisée sur le Tertre en 2019.

 

Quelques repères géographiques

Saint-Brieuc possède plusieurs points hauts, appelés Tertres : Le tertre Notre-Dame (appelé autrefois le tertre Buette), le Tertre aux lièvres  au dessus du Gouédic, le Tertre Aubé (proche de Rohannec)...

Le Tertre Marie-Dondaine, dans le quartier de Robien est aussi l’un de ces lieux remarquables.

Sur un plan ancien de Saint-Brieuc entre 1814 et 1847, on voit que cette zone ne possède pas de propriétés bâties, elle n’est constituée que de lieux dits qui portent le nom des champs ou des prés avoisinants : Le Pré Chênaie, champ sur les sentiers, les Prés Sots, les Petits prés…

Le point le plus haut est évoquée par ce qui est appelé le « Signal du Pré Tison ».

 

Plan 1814-1847. Archives municipales.

 

Dans l’étude des noms de lieux (toponymie), lorsqu’on trouve un Signal, il s’agit le plus souvent d’un point en hauteur qui correspond au « Signal de Cassini ». Un signal indique un lieu qui a servi à faire des mesures cartographiques de l'époque et Cassini est le nom d’une famille de géographes qui, sur quatre générations, se succèderont pour établir une cartographie entière de la France, appelée Carte de Cassini.

D'après l'historien briochin Jean-Baptiste Illio, une pierre rectangulaire, appelée "Signal" aurait servi de repère dès 1715 puis en 1805 pour l’établissement de la première carte topographique de la France, appelée « carte de Cassini ». Chaque borne située sur un point haut matérialise ce qui est appelée « signal de Cassini ».

 

Quartier de Robien en 1814, dans "Histoire de St Brieuc, J.B Illio"



Ci-dessous, cette carte générale de la France montre les principaux triangles qui servent à la description géométrique de la France, levée par ordre du Roi par Messirs Maraldi et Cassini de Thury, de l'Académie Royale des Sciences. Elle est datée de l'année 1744. (lien sur Gallica en cliquant ici)

Le point "T de St Brieux" pourrait être le signal du Pré-Tison


Plus tard, en 1925, l’évêque préside l’inauguration d’une croix dressée en retrait de la rue du Pré-Chesnay, tout à côté de la borne de Cassini. Mais cette borne disparaitra malheureusement en même temps que la croix au milieu des années 60.

 

Pourquoi ce nom de Marie-Dondaine ?

Dans un article de Ouest-France, du 31 octobre-1er novembre 1995, le journaliste pose la question à Marcel Blivet, un ancien habitant du tertre.

M. Blivet semble être la seule personne à se souvenir de l’origine de ce nom. Il fait remonter cette histoire au temps où ses grands-parents habitaient rue Luzel et où Auguste, son propre père né en 1900, venait jouer sur le tertre : «A cette époque, il y avait une femme ermite qui logeait dans un talus. Elle s’appelait Marie. Comme elle était de forte taille, tous les enfants l’appelaient la Marie-Dondaine. Les parents en avaient fait une sorte de croque-mitaine et interdisaient aux enfants d’y aller ». 

Dans les années 1920, on trouve cette appellation dans plusieurs articles de presse.

Par exemple, le journal La Croix des Côtes-du-Nord fait le compte-rendu de la fête patronale du dimanche 26 juillet 1925 et mentionne qu'après la bénédiction "la procession se met en marche vers le tertre bien connu de la Marydondaine".

Ce n’est que par une délibération du Conseil municipal du 19 juin 1967 que le nom de Tertre Marie-Dondaine est donné à cet espace.

 


L’espace naturel se réduit et la population du Tertre augmente

A la fin du XIXe siècle, le quartier change, en partie avec l'arrivée du train et de l’impressionnante usine des Forges-et-Laminoirs. 

En 1884, l'historien Jules Lamare se promène dans les parages et regardant vers le sud il est séduit par le Tertre : « Au-dessus de cette usine, à côté de son réservoir, est le point culminant du versant sur lequel la ville de Saint-Brieuc est assise. On y voit encore la borne qui servit, au commencement de ce siècle, aux opérations du cadastre.

De cette hauteur, l’œil embrasse les riches campagnes de Ploufragan, de Trégueux et de Langueux. À droite, on peut suivre le train de Pontivy, longeant le bois des Châtelets, et gravissant les premières pentes qui conduisent aux montagnes du Mené ».

Le Tertre est progressivement habité au début du XXe siècle avec la création de la rue du Pré-Chesnay qui le borde au nord. Cette rue a d’ailleurs coupé le Tertre en deux parties quand elle a été prolongée vers l’ouest. L’usine Glémot, construite en 1934, a également beaucoup changé la physionomie du tertre en occupant un point haut.


Photo aérienne 1946. Annotations RF

Sur le plan géographique le Tertre Marie-Dondaine a été modifié à deux reprises. D'une part quand une petite ligne de chemin de fer a été créée pour relier l'usine Sambre-et-Meuse et d'autre part pendant la Seconde Guerre mondiale où le tertre a été arasé par les troupes américaines qui ont installé des batteries anti-aériennes. De nombreux rochers ont alors disparu.

La photo aérienne ci-dessous montre assez bien qu'il y avait deux parois avec une saignée pour laisser passer la petite ligne de chemin de fer. Par la suite, d'autres terrains au sud de la voie ferrée ont été arasés et c'est ce qui donne cet aspect de falaises de nos jours. Plusieurs bâtiments ont été construits sur ces emplacements, une fois les terrains aplanis.

Avant on accédait au Tertre par de petits sentiers en pente douce. L'aspect était vallonné  de la rue Émile Zola en direction du tertre.

 

Photo aérienne années 40. Archives municipales


"Falaise" créée artificiellement entre la rue Emile Zola et le Tertre Marie-Dondaine

 


Dans l'herbe au pied de cette "falaise", jusqu'en 2022, on trouvait encore des vestiges de la voie ferrée qui passait là. Ces vestiges ont disparu depuis octobre 2022 malheureusement.

 

Morceau de rail. Photo RF

Morceau de rail. Photo RF


Trace encore visible de la voie ferrée, rue Émile Zola
 

Quelques maisons ont également été construites en partant de la rue Luzel et en remontant sur une cinquantaine de mètres. Une scierie était également présente dans les années 30 et jusqu’à la fin des années 40 mais il n’en reste presque rien. A la même époque, on trouvait une quinzaine d’habitations (dont une dizaine de baraques construites par le propriétaire de la scierie) et aussi des gens du voyage logeant dans des caravanes et dans des constructions légères.

 

La baraque de la famille Corack sur le tertre. Photo Claude Corack

 

Les habitants du Tertre recueillaient l’eau de pluie pour leurs besoins quotidiens. Dans les  années 60, la vie était encore difficile mais les habitants du Tertre avaient à disposition un point d’eau potable. Ce robinet, installé par la municipalité, était accessible à tous.  Une nouvelle maison en dur a été bâtie, elle était en partie basse électrifiée. Les premiers habitants ont été remplacés par d’autres qui n’avaient pas connu la misère totale, tous étaient partis au début des années 90.


Les différents projets d’aménagement : le Tertre Marie-Dondaine résiste

Le tertre a été occupé au XXe siècle mais pas par des habitations en dur. 

Si ce tertre est toujours à l’état naturel c’est parce que les différents projets d’aménagement de cet espace n’ont pas abouti. 

Pour commencer, en 1965, Édouard Quemper, l'adjoint au Maire de l'époque chargé des sports, prévoit de créer des installations sportives sur le Tertre.

 

Plan paru dans le journal municipal Le Griffon. 1966 numéro 4.


 

Puis un projet de groupe scolaire est conçu par la ville de Saint-Brieuc, mais rien ne sera fait...

Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales

Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales

 

Un plan de la ville de 1980 fait apparaitre une rue Marie-Dondaine qui traverse complètement le Tertre.


 

Les élus en visite. 1985

Au début de l’été 1985, les élus sont conviés par le Comité de quartier de Robien pour effectuer une visite sur le terrain. Le journal Ouest-France fait un compte-rendu et souligne que tertre Marie Dondaine constitue un point noir sur lequel le comité veut des réponses concrètes. 

Ses responsables affirment : « Le terrain a besoin d’un assainissement complet. Il devient urgent de démolir les cabanes en tôle et de débroussailler. Avant tout, nous demandons le respect de la propreté. Il ne faut plus que le Tertre serve de dépôt d’ordures. Par ailleurs, une partie du terrain qui appartient à la Ville est occupé par des nomades. Nous avons demandé que les services municipaux y apposent des panneaux interdiction de stationner. »

Les élus en visite sur le tertre, Claude Saunier et son équipe. 1985

 

Sur la photo ci-dessous, on aperçoit une baraque qui tient encore debout et la caravane de la famille Blivet.

Les élus en visite sur le tertre, sous l'oeil attentif du comité de quartier. 1985
 

Une cabane du Tertre en 1985.

 


Le tertre vidé de ses cabanes


Photo aérienne. Archives municipales

Photo aérienne. Archives municipales


Une opération d'urbanisation. 1987

En 1987, est lancée la création d’une Z.A.C (Zone d’Aménagement Concerté) à vocation de logements, d’activités commerciales et de bureaux. Michel Fraboulet, l'adjoint à l'urbanisme, déclare dans Ouest-France qu'il espère bien alors "redynamiser le quartier et transformer son image de marque par un habitat diversifié...". L'opération immobilière pourrait voir sortir de terre  entre quarante et soixante-dix logements. Des échanges de terres, sans expropriation, ont été réalisés par la municipalité. 

Devant une cinquantaine d’habitants de Robien, M. Morel, l'architecte de la Ville, présente le projet à la maison de quartier, un projet globalement accepté par le comite de quartier. La concertation fonctionne, tout semble en bonne voie...

 

Ouest-France 1988.

 

Mais quelques années plus tard, le projet lancé en 1987 et affiné plus tard, n’arrive pas à se concrétiser. Cette Z.A.C finit par être abrogée au moment de la révision du Plan local d’Urbanisme en 2013.

Maquette du projet de lotissement en 1995. Archives municipales.Photo RF

Maquette du projet de lotissement en 1995. Archives municipales.Photo RF
 

Marie-Dondaine : le tertre sauvage. Ouest-France 31 octobre 1995.


Un nouveau projet de lotissement communal est envisagé en 2016 mais il est aussi abandonné par une décision du Conseil municipal le 22 octobre 2018.

Cette décision fait suite à la démarche de labellisation EcoQuartier obtenue fin 2017. 

Tout ceci a remis progressivement en question le projet initial de lotissement, pour laisser place à un scénario prévoyant la mise en valeur du site, par un espace ouvert et partagé.


 

Le tertre aujourd’hui : Un milieu naturel bien préservé en ville


Le Tertre, été 2019. Photo RF

Ce qu’on appelle de nos jours le Tertre Marie-Dondaine est en fait une parcelle non construite qui fait près de deux hectares et demi.

Ce qui est frappant, c’est ce vaste espace d’herbe qui change de couleur au grès des saisons. L’herbe verte la plupart du temps mais qui se transforme en herbes hautes et jaunies quand vient l’été. Au milieu du terrain, il y a ce bois avec des pommiers, des noisetiers, des pruniers, des ronces et si on regarde de plus près des iris, des orchidées des prés…

 

Allée d'arbres sur le tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Le haut du tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Le petit bois du tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Et si on se penche encore un peu plus vers la terre, que voit-on ? Des escargots, des limaces, des bourdons, des sauterelles…

La biodiversité n’est pas un vain mot sur le Tertre…

Depuis 2020, des aménagements ont été effectués en tenant compte de l'aspect naturel du site (présence de moutons, brebis et chèvres, ruches, bancs, reconstructions de murets...)

 

 

Le saviez-vous ?

Les anciens se souviennent des chasseurs de vipères du Tertre Marie-Dondaine. Dans les buissons et les talus de la butte, les plus courageux traquaient les plus venimeuses. Ces chasseurs improvisés les revendaient un prix d’or aux différents pharmaciens de Saint-Brieuc, intéressés par le précieux venin.


Un site à préserver

Ajoutons que, de par sa situation en hauteur, le site du tertre Marie Dondaine offre de nombreux points de vue sur la ville et les communes alentours dans cette partie sud de Saint-Brieuc

Vu d’en haut, le Tertre apparaît comme une curieuse petite tache verte au milieu des maisons et des voies de circulation, à proximité de bâtiments industriels imposants comme ceux de l’usine Manoir Industrie...


 

Une opportunité pour l’avenir du quartier

Le développement d’un quartier comme Robien ne peut se résumer pour les années à venir au développement de zones à construire. De nombreux logements individuels ou collectifs ont été réalisés et on peut s’en réjouir car ils permettent à une nouvelle population de se loger. 

Mais un quartier doit aussi préserver des espaces naturels, c’est ce qui sera laissé aux générations futures. Le tertre, c’est un espace de liberté où il pourrait y avoir des jardins partagés, des cabanes dans les arbres pour jouer ou pour lire, un espace de promenade, une petite ferme avec des animaux, des ruches, des pommiers, des œuvres d’art en plein air, une maison en bois comme dans les années 40, une buvette et de quoi faire à manger, des bancs, des lunettes panoramiques pour admirer la vue… Tout est encore à imaginer !

 

Ci-dessous, quelques images d'un projet d'aménagement du Tertre conçu par Bryan Morin, élève de BTS à l'école d'horticulture de St Ilan (22), sous la direction de ses professeurs Véronique Cadiou et Olivier Samica.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.


D'autres articles à lire au sujet du Tertre

Rubrique "Le passé ouvrier de Robien":  Les baraques du Tertre Marie-Dondaine ici

Rubrique "La paroisse de Robien", L'histoire du calvaire du Tertre Marie-Dondaine ici

Rubrique "L'habitat à Robien", Logements atypiques (les caravanes) ici

Les habitants du tertre, de nouveau réunis en juin 2019, ici

 

 

 

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Sources

Archives municipales, plan de 1804-1847

Site des Archives municipales en ligne. Collection du journal municipal Le Griffon.

Histoire de la ville de Saint-Brieuc, chapitre XII. Jules Lamare 1884

Histoire condensée et illustrée de notre cité gentille. Alain Le Duizet

Histoire de St Brieuc par J.B Illio, page 190. 1931

Histoire du Tertre Marie Dondaine. M. Claude Corack.

Article de Ouest-France juin-juillet 1985

Souvenirs de Marcel Blivet, recueillis dans un article de Ouest-France

Rapport sur l’EcoQuartier de Robien. Lisa Sherpa, 2018. Édition C.A.U.E

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019. Pour voir le site, cliquer ICI 

Projet des Coccolithes sur le site du Tertre en 2019. Pour voir le site, cliquer ICI

Rubrique "Tertre Marie-Dondaine" du site du Comité d'animation de Robien, cliquer ICI

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...