La cuisine centrale, un outil moderne
Le projet de mettre en place une cuisine centrale à St Brieuc date de 1951.
Ce projet est abordé dans l’édition de Ouest-France du 14 mars 1951 après le conseil municipal qui en a débattu. L’équipement est prévu pour fournir 1500 repas par jour. « Cette cuisine sera destinée à remplacer la cuisine actuelle (dirigée par M. Hamon) qui est insuffisante et installée dans les locaux de l’école Berthelot. Elle s’avère nécessaire pour la préparation des repas servis dans les cantines scolaires et dans les Foyers de Vieux Travailleurs. »
Mais la réalisation va demander quelques années entre les plans de l'architecte, le vote des budgets, l'achat du matériel (en 1952) et son installation, le recrutement et la formation des équipes. Tout est opérationnel en 1954.
L'équipe de direction de la cuisine centrale. Photo Archives municipales |
Chaque personne dans l'équipe a ses spécialités et utilise des machines adaptées.
Photo Archives municipales |
Cuisson. Photo Archives municipales |
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Les équipements représentent pour l'époque un progrès important. Tout est fonctionnel et l'hygiène est irréprochable.
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En 1954, la Ville a donc une cuisine centrale qui bénéficie de deux niveaux.
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Le premier est au niveau de la place Octave Brilleaud, c’est là qu’est la cuisine et le second est au niveau de la rue Abbé Garnier, c’est là où se situe la réception et le départ des plats. On voit le départ de la nourriture vers les écoles sur une photo d’époque.
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Ouest-France dans son édition du 19 décembre 1956 rend compte du tour de Saint-Brieuc, en onze étapes, réalisé par le Préfet des Côtes-du-Nord, accompagné par M. Victor Rault, maire de la Ville ; M. Mazier, député et différentes personnalités. Dans ces onze étapes, plusieurs menaient à Robien, un quartier en pleine transformation : l’école Hoche, la Salle de Robien et la cuisine centrale :
« La cuisine centrale retint l’attention de tous. Des employés chargeaient des bouteillons tout chauds dans une camionnette. Chaque jour plus de 2000 repas sont ainsi servis aux élèves des établissements scolaires, publics et privés de Saint-Brieuc.
Tout est propre, clair et net. Grâce à cette cuisine, des banquets monstres pourront être organisés dans la salle municipale de Robien. »
Un reportage complet en 1961
Le 27 septembre 1961, Ouest-France publie une page entière sur la cuisine centrale, sous forme d’un reportage, agrémenté de plusieurs photos.
« Notre enquête nous a conduit en début de matinée, à Robien, dans le bureau de M et Mme Deklunder, intendants municipaux, qui, depuis six ans, dirigent cette cuisine centrale. Ils en ont pris la direction quelques semaines après sa création… »
M et Mme Deklunder |
"Le chef M. Nogues, découpait d’appétissants rôtis de porc, sortant de vastes fourneaux…"
Le chef cuisinier M. Nogues |
"Près de lui, ses adjoints garnissent les plats qui s’alignent, près de ceux des légumes".
Une équipe uniquement féminine s'active autour des plats en cuisine. |
"Le pain est coupé. Les pommes du dessert sont empilées…Les assiettes par piles de douze sont placées comme dans un classeur. Un personnel de service reçoit le tout, qui est dirigé sur chariot vers l’ascenseur qui descendra les « bouteillons » vers le quai de départ, rue abbé Garnier, où des camionnettes conduites quotidiennement, par les mêmes chauffeurs, sont chargées en peu de temps".
Ci-dessous, les chauffeurs, avec leurs tabliers, qui amènent chaque jour les plats : Pierre, André, Petit Guy et Jean... que l'on voit ici avec le contrôleur Pierrot, reconnaissable à sa veste.
"Lorsque tout est prêt, et au signale du vérificateur, les véhicules partent vers leurs cantines respectives".
Le reporter de Ouest-France constate ensuite que le repas pris par les enfants à la cantine de l’école Hoche se passe sans problème…
« Les femmes de service rassemblent la vaisselle, de sorte que lorsque la camionnette revient, tout est prêt à embarquer pour Robien… La vaisselle se fait à Robien sauf pour les verres. Dans cette même vaste cuisine moderne, après les scolaires, cuisiniers et cuisinières préparent le repas du personnel municipal, dont la cantine se trouve à proximité, dans la petite salle de Robien.
Ils sont là, environ soixante « municipaux », et pour eux, la vie amicale continue : quelle que soit la fonction de l’un ou de l’autre, il n’y a aucune distinction entre les chefs de service et le personnel. »
En 1961, pas moins de 22 cantines scolaires briochines sont servies par la cuisine de Robien "ainsi que les repas de 30 vieux au Foyer de Cesson, et à une centaine d’enfants nécessiteux de dix écoles privées de Saint-Brieuc...
Les trois camionnettes effectuent le transport des repas chaque jour, sauf le jeudi et le dimanche.
Les plats disposés dans des emballages conditionnés sont conservés pratiquement à température constante, les mets chauds ne perdent qu’un degré à l’heure. »
Ce reportage, très complet, nous permet de mieux imaginer comment fonctionnait cette cuisine centrale de Robien dans les années 50-60.
Parole d'habitant
Guy Flageul habitait rue de Robien dans les années 50-60, il se souvient : "Monsieur Pinsart, dont la femme tenait les bains-douches, livrait les écoles avec les véhicules de la cantine centrale".
La cuisine centrale fonctionnera dans ses locaux de la rue Abbé Garnier jusqu’en 1965. En juin 1989, un nouveau déménagement conduira la cuisine centrale dans la zone artisanale de la Beauchée.
La réserve
Après le déménagement de la cuisine centrale en 1965, les locaux ont servi pendant des années comme réserve. De la nourriture et du matériel y étaient entreposés, ce qui n'a pas manqué d'attirer la convoitise.
Ainsi, on apprend que les réserves de la cantine municipales, rue abbé Garnier, ont été visitées pendant le week-end de Pâques en avril 1974. Les quatre auteurs de ces vols ont vite été interpelés et écroués. Ils s’étaient introduits dans la cantine en cassant un carreau. Leur butin était constitué de 20 kg de salami, 10 kg de viande de bœuf, 6 kg de pâté de campagne, 5 kg de beurre, des bouteilles de vin, des draps, des nappes et serviettes de tables… Les quatre complices ont transporté le tout dans des valises notamment à la consigne de la gare SNCF (pour le linge), dans une maison abandonnée de la rue Luzel et dans les alentours de l’étang de Robien. Ce butin a été en grande partie récupéré.
(D’après un article de Ouest-France du 19 avril 1974)
Les bâtiments après le départ de la cuisine centrale
De nos jours, nous voyons que l'aspect extérieur des bâtiments n'a pas été trop transformé.
L'ancien bâtiment. Photo RF 2020 |
L’ancienne cuisine centrale, c’est la maison de quartier aujourd’hui, dans sa
partie se trouvant au niveau du parking Octave Brilleaud. Mais il faut savoir qu'à l'automne 1990, le Comité de quartier a tout d'abord occupé l'appartement situé au dessus de la
petite salle de Robien. Ce n'était pas le plus pratique car l'accès se faisait
obligatoirement par la rue Abbé Garnier, ensuite il y avait deux étages pour y
accéder et le maximum de personnes pouvant s'y réunir était de 19.
Dans la partie au niveau de la rue Abbé Garnier se trouvent maintenant dans un bâtiment la salle de boxe et dans l’autre bâtiment, le club de reliure et le club d’aquariophilie ACARA.
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Archives municipales, dossier de presse des années 90 avec des articles de Ouest-France.
Archives municipales. Photographies anciennes de la cuisine.
Nombreux articles de Ouest-France : 14 mars 1951, 19 décembre 1956, 27 septembre 1961...
Merci à Stéphane Botrel des Archives municipales pour sa disponibilité et ses remarques avisées.