jeudi 4 décembre 2025

Liste des accidentés du travail aux Forges-et-Laminoirs de Saint-Brieuc 1896-1974


Image du film de Rolland Savidan sur les Forges
Cette liste vient compléter l'article sur les accidents du travail recensés aux Forges-et-Laminoirs de Saint-Brieuc entre 1896 et 1974.

1896

Dionnet

1908

G. Philippe

1909

Jean Levé,

Camille Khan,

Pierre Hervé,

Jean Plévin,

Pierre Jézéquel,

Herbulot,

Albert Berger. 

  

Image du film de Rolland Savidan sur les Forges

1910

Pierre Gloquel

Marhic Chéri

François Robin

Jean Le Jan

1911

Jean-Marie Pouquelin

Pierre Jézéquel, 16 ans,

Ernest Rass

Jean Gaubert

M. Bourel, 15 ans,

Henri Lozach, 15 ans,

M. Lucas, 16 ans,

Louis Turpin, 15 ans, massier,

Ambroise Guillaume,

Mathurin Josse,

Jean Mordelet, 17 ans, massier,

Jean Le Trocquer,

François Hamon, 15 ans,

Paul Ténot,

Yves Etesse,

François Caret, 14 ans, massier,

Frédéric Courtel,  

Joseph Hinault,

Maurice Le Noir, 13 ans, massier,

Paul Névot,

Anatole Brigault, 18 ans,

Hector Vandenbergen,

Armand Champeaux,

Gaston Turpin,

Ernest Tournevache,

François Philippe, 18 ans,

Théophile David, 17 ans,

Guillaume Le Bellec,

Jean Le Quéré,

Gaston Pétra,

Guillaume Philippe,

Marcel Brigault,

François Thépho, 16 ans,

Louis Berthé,

Louis Balavoine, 18 ans,

Ferdinand Gayon,

Anatole Brigault, 15 ans,

Jean Le Gac,

Eugène Plaisance,

Pierre Hidrio,

Frédéric Bossard, 16 ans, ajusteur,

Joseph Dubosc,

Servant Cadiou,

Yves Guilloux,

Pierre Riou,

Ernest Rass,

Eugène Lamer,

M. Le Quéré,

Jean Le Gac,

Charles Olympia, 18 ans, releveur,

Ferdinand Gayon,

Joseph Hinault,

Alexandre Maros,

Henri Berger, 17 ans, dégrossisseur,

Joseph Gaubert, 19 ans, aide-cisailleur,

Louis Gillard,

Jean David,

Pierre Jézéquel, 18 ans,

François Collet

Arsène Gourio,

Henri Lozach, 15 ans, ébarbeur de boulons

Image du film de Rolland Savidan sur les Forges

1912

Jean Philippe

Henri Roland

Alexis Baldit

Jean Toyer

Jean Prudhomme

François Rebours, 17 ans, manœuvre,

Gaston Pétra, 16 ans, releveur,

Eugène Herlubot,

M. Lello

François Lubin, 17 ans, massier

François Léonard,

Antoine Guichard, 13 ans, dresseur

Pierre Gilard

Léon Brigault

Jules Glénot, 18 ans

Guillaume Plévin

Aimé Thébault,

Louis Fichon

Célestin Beloeil

Edouard Morlaix, 19 ans chauffeur

François Journy,

Jean Gaudu,

Jean Déhon,

M. Fichon,

Pierre Lucas, 17 ans,

François Burel

Eugène Pleslin,

Louis Urvoy, 16 ans

Constant Lemaître,

Louis Helinbacker,

Jean Perrin,

Jean Lemoine,

Pierre Oger,

Eugène Leveuzit,

Jean Corlais,

Louis Michel,

Pierre Jézéquel, 18 ans,

Alphonse Bruny, 16 ans, manœuvre,

Yves Kerhousse,

Eugène Herbulot,

Joséphine Jézéquel,

Maxime Choqueuse,

Oscar Le Coq, 19 ans, rattrapeur

Pierre Pincemin, 14 ans, chauffeur

Alexis Bourdet, 14 ans, dresseur

François Salas,

Anatole Brigault

Francis Moulin, 16 ans, chauffeur

François Le Gouyat,

François Le Gallic, 16 ans, taraudeur,

Lucien Hardouin, 15 ans, dresseur,

Jean-Baptiste Le Gac,

Emile Le Gaouyat, 14 ans, dresseur

Ange Plévin,

Jules Duvois,

Constant Préjeant

Gaston Turpin, 17 ans, traineur de billettes,

Hyacinthe Lesec’h, 17 ans, manœuvre,

Jean Morin,

Edouard Le Bahezre, 14 ans, chauffeur,

Charles Olympia, 1912

Paul Corack sur la gauche. Photo famille Corack

1913

Guillaume Le Baherre,

Yves Nicol,

François Marc, 18 ans, manœuvre

Henri Le Gorrec,

Pierre Le Clerc, 17 ans, manœuvre

Albert Carcho

Joseph Cloarec, 16 ans

Anatole Brigault

Adrien Tricot

Pierre Pétra, 14 ans, dresseur

Jean Galopin, 17 ans, massier

François Bidan, 16 ans, ébardeur

Joséphine Jézéquel, massière

Émile Kalm, 13 ans

Joseph Henault,

Marcel Brigault, 16 ans, releveur

Cyrille Dargent

Léonard Lemoine, 17 ans, crocheteur

Paul Perrat

Charles Creurer, 16 ans, dresseur

Victor Baudin,

Marcel Dubée, 14 ans, dresseur

Athanase Olivier

Klémer Chervanne

Jean-Marie Caret

Francis Bougeard

Louis Jean, 18 ans, dresseur

Jeanne Lemaître

Charles Olympia, 18 ans, rattrapeur

Emile Kalm, 13 ans, crocheteur

Léon Le Guen

Jean Guézennec

Pierre Branchu

Raoul Chapoulou

Jean Lemoine, 19 ans, dégrossisseur

Yves Beuvant, 14 ans, dresseur

Léon Kalm

Jean-Baptiste Le Roux, 18 ans, releveur

Maxime Choqueux

Henri Lozac’h, 16 ans, cisailleur

Louis Jégo

Toussaint Levé

Jean Lemoine, 19 ans, dégrossisseur

Guillaume Lemasson

Pierre Blévin, 17 ans

Eugène Garel

Yves Josse, 17 ans

Marcel Rouxel, 15 ans, chauffeur

Emile Kahn, 15 ans, dresseur

Joseph Cloarec, 16 ans, chauffeur

Emile Gaouyat, 15 ans, dresseur

Pierre Morel, 14 ans, dresseur

Louis Thomas

Yves-Marie Le Forestier, 14 ans

Victoire Auffray, taraudeuse


Ouvriers des Forges-et-Laminoirs de Bretagne en 1936

1914

Pierre Garel, 17 ans

Joseph Jean

François Laziou

Henri Rolland

Edouard André

Jules Duvois

Pierre Raffray

Henri Lozac’h, 17 ans

Marcel Rouxel, 15 ans, chauffeur

Mathurin Mahé

Yves Riguers

Jean Josse, 19 ans, dégrossisseur

Pierre Bouétard

Jean-Louis Lemoine

Louis Charpentier

Mathurin Mahé

Yves Rannou, 17 ans, massier, Ploufragan

Pierre Laporte

Jean-François Clément, 15 ans, dresseur

François Méléard, 17 ans, cisailleur, Ploufragan

Marcel Rouxel, 16 ans, chauffeur

Jules Desbois, 16 ans, cisailleur

(Sur le sujet des accidents, aucune information dans Ouest-Eclair entre 1914 et 1922)

M. Bau, à droite, ancien des Forges. Film Rolland Savidan

1922

Josse, demeurant boulevard Carnot

Le Blevennec, chauffeur

Clérambourg

Yves Jaffrelot

Guitton, demeurant rue Jules Ferry

Louis Laniné, manœuvre

1923

Georges Hirel , ajusteur, demeurant rue Luzel

François Lecorps, ajusteur

Théodore Le Petithomme, dresseur

Alfred Lelièvre, tireur de fer

Charles Causson, passeur de fer

Charles Faubert

Eugène Kernané


1924

Gabriel Monginet

Mohamed Tensi, demeurant boulevard Carnot

Pierre Branchu, demeurant 34 rue Guébriant

Boleslair

Mathurin Mahé

Paul Bin, contremaître, demeurant rue Jules Ferry

Albert Brinon

Robert Dussart

Pierre Kernané, cisailleur

Victor Le Bail, chauffeur

François Le Bail, 37 ans, chauffeur

Louis Morel, 22 ans, le Carpont.

1925

Marcel Ruello, chauffeur

Émile Hidrio, manœuvre

Oradjieff Karp, demeurant boulevard Carnot

Jean Janorsky

Roger Furhman, basculeur

Michel Polaryk, chauffeur, demeurant boulevard Carnot

Philomène Oger, demeurant rue Luzel

Charles Lemoine, boxeur, demeurant boulevard Carnot

Charles Fuhrman.

1926

François Le Gallès

Roger Fuhrman

Louis Benoit

1928

Pierre-Marie Poilpot, demeurant rue Jules Ferry


1966

Albert Le Béguec, demeurant 61 boulevard Carnot


1968

Bernard Robert, demeurant à Pommeret.


1974 

Jean Kerbeuf, demeurant 31 boulevard Paul Doumer

Mélanie Henry, ancienne des Forges-et-Laminoirs

 

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Prolongement :

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mercredi 3 décembre 2025

L’histoire de la Rue Eugène Lemoine (1920-1945) à Saint-Brieuc, un des 50 martyrs.

Rue Eugène Lemoine à St Brieuc. Photo RF 2020

La rue Eugène Lemoine est une petite voie perpendiculaire à la rue Luzel dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, desservant 17 logements dans le cadre d'un ensemble de logements sociaux, dont l'accès se situe au niveau des numéros 43 et 45. Le projet a été mené par Terre et Baie Habitat. On peut l'emprunter pour rejoindre à pied le bas du tertre Marie-Dondaine.

Résidence Eugène Lemoine. Photo RF 2020

La dénomination "Rue Eugène Lemoine" est issue d’une délibération du Conseil municipal en date du 26 octobre 2010.

Dossier du Conseil municipal de Saint-Brieuc. Document Léon Le Mée.
Sur la plaque, on peut lire : Rue Eugène Lemoine (né en 1920 à Saint-Brieuc-mort en déportation en 1945) Président fédéral de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne.

Plaque de la rue Eugène Lemoine. Photo RF

Qui était Eugène Lemoine ?

Eugène Lemoine. Photo diocèse St Brieuc

Eugène Lemoine est né le 6 janvier 1920 à Saint-Brieuc, fils de Léon Lemoine et de Marie Din. Avec sa famille il habitera dans 3 logements à Saint-Brieuc, tout d'abord 26 rue de Quintin, puis 12 rue Saint-Pierre et enfin 6 venelle des Champs Lorin près de l'église Saint-Michel.
Eugène est un ancien élève de l'école Saint-Charles à Saint-Brieuc, sa famille pensait qu'il rentrerait au séminaire. Mais en fait, il abandonne le collège, et donc l'idée d'aller au séminaire et devient apprenti menuisier, rue du Port à Saint-Brieuc. en dehors de son métier, il rejoint la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (J.O.C.) dès 1934. On sait qu'il militait en vendant le journal de la J.O.C auprès du public à Saint-Brieuc et qu'en juillet 1937, il se rend à Paris au Parc des Princes pour la grande célébration des 10 ans de la J.O.C.

Il prend de nouvelles responsabilités et en 1942, il devient dirigeant fédéral des Côtes-du-Nord de la J.O.C. 

Eugène Lemoine, photo restaurée
C'est un dirigeant exigeant, ainsi va-t-il déclarer le 7 février 1943 lors d'une journée de formation de responsables d'équipe : "Mes camarades, je vous demande de bien vous souvenir que vous êtes ici, non pas comme de quelconques figurants de réunions publiques mais bien en tant qu'authentiques représentants des jeunes ouvriers de nos territoires. Il est d'une importance capitale que les consignes données soient exécutées fidèlement et dans les délais demandés. La J.O.C n'est pas un mouvement de petits garçons, et je vous le dit tout net, le Comité Fédéral n'est pas disposé à laisser péricliter les sections , du fait de dirigeants  paresseux ou insouciants"

Eugène Lemoine fait équipe avec Armand Vallée, l’aumônier fondateur de la C.F.T.C du diocèse, qui sera arrêté, interné à Fresnes et mourra en mars 45 à Mauthausen.

Eugène Lemoine en Allemagne
En Allemagne
Le 15 mars 1943, Eugène Lemoine part de Saint-Brieuc pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O) et il est envoyé à Wittenberg en Allemagne. Il a choisi de partir avec ses camarades de la J.O.C pour être avec eux, alors qu’il n‘y était pas obligé étant soutien de famille depuis le décès de son père. Alors que l'évêque Monseigneur Serrand demandait aux jeunes catholiques de ne pas opposer de résistance à la demande des allemands de travailler pour leur pays dans le cadre du STO, la J.O.C n'a pas la même position. Elle dénonce ce système mais incite ses militants à accompagner spirituellement les ouvriers. L'action des jocistes ira souvent encore plus loin car beaucoup traduiront leur foi chrétienne en action politique sur le terrain.
Eugène Lemoine travaille dans une petite usine pour l'aviation mais son but est surtout que ses camarades conservent leur foi chrétienne. Pour cela, il organise des moments clandestins de prière. « C’était lui qui nous soudait », raconte L. Le Gall, membre de son groupe en Allemagne. Il effectuait aussi de fréquents déplacements le dimanche pour garder des liens avec les groupes catholiques des autres régions : Halle, Leipzig, Dresde…
Eugène Lemoine en Allemagne, photo restaurée. Diocèse de St Brieuc
Il est arrêté une première fois le 18 septembre 1943 par la Gestapo, emprisonné puis relâché. Le 3 décembre 1943, les autorités nazies décident d'interdire l'action catholique de France et donc la J.O.C. Il est arrêté le 30 septembre 1944 à l'usine, emmené au siège de la Gestapo, il n'est pas interrogé. Il est incarcéré à la prison de Wittenberg (Allemagne) puis transféré dans une autre prison. On le libère le 25 octobre 1944 en suivant ses activités : on va lui tendre un piège car il a aidé un prisonnier à se cacher. La Gestapo suit Eugène Lemoine qui, à peine libéré, apporte du ravitaillement à son camarade Normand. Eugène Lemoine est arrêté le 12 ou le 13 novembre 1944, ramené à la prison de Halle en Allemagne et  déporté le 20 ou le 21 novembre 1944 au camp disciplinaire de Zöschen à Leuna (Allemagne). 

Document de la base de données Arolsen, première ligne Eugène Lemoine
D'après la base de données Arolsen (voir ci-dessus), il serait décédé le 8 février 1945. Un autre document indique sa nationalité "Franzose", date de décès : 8-2-1945, cause du décès "enteritis" = entérite. (ci-dessous, dernière ligne du second document).

 

Son acte de décès est dressé le 4 avril 1946 par le Ministère des Anciens Combattants (dossier n°?, registre n°ECD2, acte n°205). Il fait partie des 50 "martyrs de l'apostolat" en Allemagne nazie.

Les traces de l'histoire d'Eugène Lemoine à Saint-Brieuc

Après-guerre, certains de ses anciens camarades ont témoigné sur le parcours d'Eugène Lemoine en Allemagne. Puis quand le jociste rennais Marcel Calo, mort dans les camps, a été béatifié en 1987, on s'est aussi souvenu d'Eugène Lemoine, en particulier ceux qui, devenus très âgés, avaient connu cette période et parfois la déportation. Tout cela a contribué à ce qu'on n'oublie pas ce qu'il avait fait...

Une plaque commémorative honore sa mémoire sur la tombe familiale du cimetière de l'Ouest à Saint-Brieuc (22).

Un livre a été écrit sur son histoire Eugène Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Editions François-Xavier de Guibert.

Un nom de rue lui a été donné dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc en 2010.

Eugène Lemoine

Eugène Lemoine dans la mémoire collective en 2025

Un dossier de béatification individuelle était à l'étude au Vatican depuis quelques années. Sa béatification a eu lieu à Notre-Dame de Paris, le samedi 13 décembre 2025 avec 49 autres martyrs, victimes du nazisme. 


La Maison du diocèse de Saint-Brieuc a organisé à cette occasion une exposition et une conférence publique donnée par Samuel Gicquel de l'Université de Rennes 2, le 5 décembre. Une large assemblée a participé à cette rencontre où on notait la présence de Monseigneur Moutel, évêque du diocèse de Saint-Brieuc-Tréguier et de M. Hervé Guillard, maire de Saint-Brieuc.

Le conférencier a apporté à la connaissance du public des documents originaux et a bien remis dans le contexte de l'époque ce destin individuel d'Eugène Lemoine.

Samuel Gicquel et Monseigneur Moutel à droite. Photo RF

Lieux d'habitation d'Eugène Lemoine à Saint-Brieuc.

Photo de classe de 1932 et photo de communion.

Lettre de la mère d'Eugène Lemoine le 21 mai 1945 demandant des nouvelles de son fils aux autorités.



Pierre de Couëssin parle d'Eugène Lemoine

Un article de Ouest-France du 31 octobre 2013 écrit par Marie-Claudine Chaupitre qui a interrogé Pierre de Couëssin au moment de la sortie de son livre.

Ce Briochin vous est peut-être inconnu. Pourtant Eugène Lemoine (1920-1945), très actif militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C), fit preuve d'un grand courage et mourut de son engagement, alors qu'il était enrôlé au Service du travail obligatoire (STO), au camp de Zöschen, en Allemagne, en 1945. C'est cette foi inébranlable et cet héroïsme que le diocèse de Saint-Brieuc veut faire reconnaître en demandant à Rome sa béatification. Le père Pierre de Couëssin connaît bien le jeune martyr. L'actuel recteur du sanctuaire Notre-Dame de Toute Aide à Querrien, qui fut lui-même aumônier national de la J.O.C, a été chargé dès 1988 par Mgr Kervennic, évêque de l'époque, de préparer le dossier d'Eugène Lemoine en vue de sa béatification. Pendant des années il a collecté des informations, rencontré des proches. Il en a rédigé un livre « Eugène Lemoine, Jociste mort à Zöschen ».

« Il a donné sa vie pour sa foi »

Quant au dossier de béatification, il attend au Vatican parmi d'autres : « Le Rennais Marcel Callo a été béatifié, explique le père de Couëssin. 51 autres jeunes martyrs attendent à leur tour cette béatification. Le dossier n'avance pas aussi vite que nous le souhaiterions. Je souhaiterais que mon Église, que j'aime, honore ses anonymes et mette en valeur cet homme. » Pourtant, à ses yeux, le jeune menuisier de Saint-Brieuc « a donné sa vie pour sa foi ». Tout jeune militant jociste au côté de l'abbé Vallée, Eugène Lemoine ne recule pas devant le STO qui envoie 200 jeunes Briochins vers l'Allemagne le 15 mars 1943. Soutien de famille depuis le décès de son père, il aurait pu demander une dérogation. Il préfère soutenir ses camarades en Allemagne.

Sur place, il écrit un journal de bord où il témoigne de sa foi profonde. Ses camarades ont aussi parlé pour lui. Comme Joseph Letournel : « En Allemagne, on se donnait rendez-vous en forêt. Eugène Lemoine animait la prière puis on repartait en petits groupes pour ne pas attirer l'attention. Il est mort pour sa foi au Christ. Son apostolat lui a valu son arrestation et sa mort. »

Les Nazis jugent suspects et rebelles ces jeunes qui refusent d'enlever leurs insignes de la JOC. Eugène est arrêté à deux reprises. La deuxième arrestation lui sera fatale. Eugène Lemoine est mort à 25 ans, « dans une infirmerie, un endroit effroyable qu'ils appelaient « reviers », raconte Pierre de Couëssin. D'autres jeunes qui l'ont croisé ont témoigné qu'il était à bout de souffle. » Dysenterie. Absence de soins. Agonie solitaire. D'après les archives allemandes, Eugène Lemoine est mort le 8 février 1945.


Extrait de son journal personnel. 1943 (dans le livre Eugène Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin). Après la lecture de "Quand les sirènes se taisent", un livre de Maxence Van der Meersch, le 11 septembre 1943, Eugène Lemoine note dans son journal personnel : "C'est ainsi que l'humanité monte vers son destin. Égoïste, bornée, cruelle, elle reste capable encore de rédemption puisque des êtres, en elle, savent souffrir pour un idéal, aimer la femme et l'enfant jusqu'à l'oubli d'eux-mêmes et vaincre au fond de leur cœur la haine pour faire le bien, sans espoir de récompense..."


 
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Si vous avez des commentaires ou des renseignements sur Eugène Lemoine, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre...


Sources 

La biographie d'Eugène Lemoine dans cet article est directement inspirée de la fiche qui lui est consacrée sur le site MémorialGenWeb. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici

D'autres renseignements viennent de la fiche établie sur le site Les Amis de la Fondation de la Résistance. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici

Base de données Arolsen, fiche ici

Article de Ouest-France du 31 octobre 2013

Renseignements fournis par Léon Le Mée, ancien président du Comité d'Animation de Robien de 1995 à 1997, membre actif de la paroisse de Robien dans les années 90 et après.

Eugène Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Éditions François-Xavier de Guibert. Les paroles d'Eugène Lemoine du 7 février 1943 sont extraites des pages 28 et 29 de ce livre.

Archives départementales 22, dossier 1R1960, fiche matricule

Aux archives du Diocèse, journal de bord d'Eugène Lemoine.

Conférence de Samuel Gicquel, professeur à l'Université Rennes 2, le 5 décembre 2025.

Pour retrouver la liste complète des 50 martyrs de la résistance spirituelle (laïcs, séminaristes et prêtres), cliquer ici

Autre article à lire 

Les associations religieuses de la paroisse de Robien (dont la J.O.C), cliquer ici



 

 

 


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