Une
rue à la limite du quartier Robien
La rue François
Villon n’est pas très connue, elle est située à l’extrémité sud du quartier de
Robien à Saint-Brieuc. Les promeneurs l’aperçoivent sur leur droite quand ils
descendent la rue Louis Blanc pour aller à l’étang de Robien. Elle est séparée
de la rue Chapelain de la Ville Guérin par une mince bande de terrain.
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Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF
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Vue aérienne. Rue François Villon et rue Chapelain de la ville Guérin à St Brieuc. |
La poudrière
Cette rue s'est
appelée "chemin de la Poudrière" ou "sentier de la poudrière". Ce nom de "poudrière" vient du fait qu'il y
avait un entrepôt de poudre sur le côté droit du chemin, en montant de l'étang. Celui-ci était gardé par des militaires encore au
début du siècle. Il fut abandonné par l'armée beaucoup plus tard.
Les habitants des premières maisons du secteur vivaient-elles en sécurité à
côté de ce dépôt de munitions? Nous n'avons malheureusement pas de témoins pour
en parler !
Nous ne savons pas non plus si ce dépôt contenait encore des munitions quand
les premières maisons ont été construites...
Quelques maisons sont bâties dans cette rue sur le côté droit en montant. La
poudrière se situait plus bas que la première maison.
A l’origine ce terrain était assez plat, le roc le limitait côté nord.
Il faut aussi imaginer que le chemin de la poudrière n’était pas très large et qu’il
n’y avait pas cet espace remblayé et aplani pour les besoins de stationnement
de l’usine Saint-Brieuc Fonderie.
Le chemin donnait à pic sur le ruisseau du Gouëdic et un petit sentier y
descendait en partant du sentier de la poudrière comme on le voit sur le plan ci-dessous.
On remarque aussi qu'un mention "Rue à créer" est déjà portée sur le plan à cette époque. Ce sera la rue Chapelain de la Ville Guérin, mais il faudra attendre 1959-1960.
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Acte de vente avec mention "chemin de la poudrière". Document de Mme Bigot
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Cette photo aérienne des années 40 montre bien la présence de la poudrière et du chemin la contournant.
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Photo aérienne, années 40. Archives municipales. |
Encore au début des années 60, des témoins oculaires se souviennent de cet édifice
qu'ils décrivent comme une sorte de construction simple, en pierres, de taille
moyenne (3 mètres de haut) et de forme plutôt cubique.
Le lotissement de
la Poudrière 1926
En 1926, Armand
Béziers de Lafosse (né en 1894) vend un terrain à M et Mme Lejeune. Constant
Lejeune est employé au chemin de fer et habite avec son épouse à Robien, au
lieu-dit « Le Coucou ».
Comme l’indique le plan dans l’acte de vente, dans cette « rue », il n’y a que
trois parcelles : la maison située le plus en haut de la rue est celle de M.
Mesléard, suivie de celle de M. Ernest Roy (la plus grande parcelle).
Ernest Roy possédait une scierie dans le quartier, rue André Gide, avant que M.
Aubin la reprenne.
Enfin, la dernière parcelle de 300 m2 est vendue à M. Constant Lejeune. Ces
terrains ont la particularité d’être situés sur deux niveaux : un niveau bas,
au niveau du chemin de la Poudrière, et un niveau haut qui donne dans ce qui
sera plus tard la rue Chapelain de la Ville Guérin. (voir la photo aérienne).
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Plan avec la mention "chemin de la Poudrière". Document Mme Bigot |
Ci-dessous, sur cette partie d'un plan de 1936 concernant le Lotissement de la ferme du Clos à Robien, on distingue un rectangle le long d'un chemin, tout en bas de l'image, c'est la poudrière !
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Plan 1936. Archives départementales 22. Dossier 5M 89.
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Un nouveau nom en deux temps !
A la toute fin des années 50, des travaux d'assainissements des eaux sont entrepris par la municipalité dans ce secteur. Le chemin de la
Poudrière est aligné et la poudrière détruite.
Le 5 février 1959, une délibération transforme "le passage du Pont des Villes Moisans vers la Poudière" en lui donnant un nouveau nom : la rue des Villes Moisan.
Malheureusement,
dans la même période une autre rue des Villes Moisan venait d'être
donnée sur la commune de Ploufragan dans le prolongement de la rue Jules
Ferry.
Les
confusions étaient incessantes, des personnes se retrouvaient
désorientées et au niveau du courrier le problème était insoluble.
Edgard Soufflet, qui habitait dans cette rue et en subissait directement
des désagréments, souffla à un conseiller municipal du quartier de
donner le nom du poète rebelle François Villon.
C'est ce qui fut fait : le 9 avril 1963,
une délibération du Conseil municipal, donna le nom de rue François
Villon.
Le site de la
poudrière à l'heure actuelle.
De nos jours la
végétation a tout envahi le site de l'ancienne poudrière et en particulier un gros chêne a poussé. La végétation
et la terre, visibles aujourd’hui, sont le résultat de l’érosion et de terres des
jardins de la rue Chapelain de la Ville Guérin.
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Le bas de la rue François Villon à St Brieuc. Photo RF |
La rue François
Villon aujourd'hui
A l’heure actuelle il n’y a que 6 maisons dans cette rue mais seules celles des
numéros 2 et 4 sont les maisons des années 20. C’est Mme Bigot, habitante
actuelle du numéro 2 de la rue depuis 1991, qui a eu l’amabilité de nous donner
connaissance de son acte de vente. Mme Bigot a su tirer admirablement profit de
l’emplacement très particulier de sa maison et de son terrain sur deux niveaux.
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Maison de Mme Bigot, avant rénovation, 2 Rue François Villon
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Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc. Photo RF |
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Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc, 2 Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF |
La plus proche de la rue Jules Ferry porte le numéro 12.
Les maisons aux numéros 10, 8 et 6 sont des maisons mitoyennes anciennes ayant été rénovées dans les années 70-80.
Juste derrière ces maisons se trouvait un groupe de trois baraquements en sapin, couvert de bitume, appartenant à M. Jean Jouy. Il en habitait un et louait les autres. Les bâtiments en péril ont été détruits entre 1980 et 1990.
Le saviez-vous ?
Le nom de Béziers Lafosse revient souvent
dans l'histoire du quartier de Robien, pas seulement par le nom de la rue mais
parce que la famille possédait une grande partie des terrains dans la partie
sud de Robien.
Le terrain vendu, dans le cadre de ce petit lotissement de 1926 de la
Poudrière, n’est qu’une petite parcelle (numéro 455 de la section D) de ce qui
était avant appelé « La ferme du Clos » appartenant à Mme Louis Blaize depuis
1898.
M. Louis Blaize (père de M. Emile Blaize) l’avait acquis le 6 janvier 1857.
M. Béziers Lafosse est veuf en premier mariage de Mme Rose Marie Jarnouen de
Villatray et en deuxième mariage de Mme Louise Marie Félicité Alexandrine
Blaize.
Avec Mme Blaize il a eu deux enfants dont l’un est décédé (c’est le Sergent
Béziers Lafosse qui a donné son nom à la rue). L’autre enfant est le vendeur
du terrain. Il s’agit de Armand Édouard Hippolyte Béziers Lafosse (né en 1894),
docteur en droit, juge honoraire, demeurant Pordic, villa Ker Joseph.
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Acte de vente. 1926. St Brieuc. Photo RF |
Le saviez-vous ?
Au numéro 2, au-dessus de l'ex Poudrière, se trouvait Théodore Bon, Facteur de Robien-sud et voisin d’Ernest Roy.
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Sources
Acte notarié de 1926, vente d'un terrain
entre M. Armand Béziers Lafosse et M et Mme Lejeune. Document de Mme Bigot.
Les rues de Saint-Brieuc, leur histoire, leurs curiosités ». 1947, J. B. Illio.
Entretiens avec Mme Bigot, habitante de la maison du 2 rue François Villon.
Merci pour ses renseignements très précis à Dominique Soufflet, né en 1952 rue du Pré-Chesnay et arrivé dans cette rue en 1954, au numéro 12. Dominique fait également remarquer des erreurs de Google Earth sur la numérotation comme le numéro 6 après le 26 au croisement de la rue Chapelain et de la rue François Villon.
Délibérations du conseil municipal en ligne sur le site des Archives municipales : 5 février 1959 (rue des Villes Moisans), 9 avril 1963 (Rue François Villon).
Témoignage de Claudine Rizzo (souvenirs de la poudrière), mai 2020.
Renseignements fournis par Christian Pinçon à propos de son grand-père M. Ernest Roy.
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