vendredi 1 décembre 2023

Les associations de personnes âgées du quartier de Robien à Saint-Brieuc.

Les personnes âgées du quartier de Robien ont eu depuis longtemps l’habitude de se regrouper ou d'être regroupées "pour que l'on s'occupe d'elles". Il peut y avoir un peu de paternalisme dans cette intention mais on peut y voir aussi une marque de respect pour ceux qui ont beaucoup donné pour leur famille, leur entreprise, leur quartier, leur ville. Replaçons-nous également dans le début du XXe siècle où les personnes arrivées à l'âge de la retraite ne touchent aucune pension. Pour les plus modestes, et ils sont nombreux à Robien, une aide n'est pas mal venue.

Les noms qui évoquent cet âge avancé dans la vie ont varié suivant les époques.
Dans les années 50,
dans la presse on évoque : Les vieux du quartier, Les vieux travailleurs, La journée des Vieillards. Dans les années 70, le vocabulaire est plus neutre : Le Foyer-club du 3e âge, Le Foyer-club de Robien, Le Foyer municipal…

 

Le Parti Communiste sur le terrain

Après-guerre, le Parti Communiste déploie une activité conviviale et militante dans les bistrots du quartier.

Dans la presse, c'est à la fin de l'année 1946, que l'on apprend que la cellule "Debord", du quartier de Robien du Parti Communiste Français organise "un banquet des vieux et des vieilles de Robien" appelé aussi "Le Noël des travailleurs nécessiteux de Robien". Ce repas se déroule le 24 décembre au Restaurant Hamon, au 14 rue Luzel. Le journal L'Aube nouvelle du 28 décembre 1946 titre "Le Noël des vieux et des vieilles de Robien". 

Le parti ne cache pas ses intentions auprès de ce "public ciblé" comme on dirait de nos jours : "Ce copieux repas, dont nous sommes sûrs qu'ils garderont longtemps le meilleur souvenir, fut servi à tous ces braves vieux et ces braves vieilles, qui savent combien le Parti Communiste met de vigueur et de patience à les défendre. 

Marcel Le Guen le leur rappela à l'issue du banquet, dans une brève allocution qui émut jusqu'aux larmes les vieilles mamans qui se trouvaient là. Et ensuite on chanta les vieilles chanson du bon vieux temps, d'une voix chevrotante quelquefois, mais avec toute son âme et de tout son coeur.


Les années 50, les goûters de bienfaisance

Dans les années 50, les personnes âgées ne sont pas organisées pour avoir des activités propres, elles sont plutôt prises en charge par des oeuvres charitables. Par exemple, à l'opposée politique du Parti Communiste, La Ligue Féminine d’Action Catholique Française de Robien invite « les vieux du quartier » au mois de mai 1950.

Sur la photo ci-dessous de mauvaise qualité malheureusement, on parvient à distinguer plusieurs femmes avec leur coiffe bretonne.

"Les vieux de Robien". 12 mai 1950  Ouest-France


Ce jour-là, quarante-deux personnes sont présentes, surtout des personnes défavorisées. Le compte-rendu de Ouest-France fait que l’on s’y croirait : « Inutile de dire que la joie rayonnait sur tous les visages. Le repas touchant à sa fin, c’était le moment des chansons par les doyennes ayant voulu succéder aux dames du comité et à la petite Claudine Le Seignoux, 6 ans, qui s’était fait applaudir.
Ce goûter organisé pour la seconde fois comprenait le menu copieux suivant : apéritif, pâté, pain, brioche, chocolat, beurre, confiture, crème pâtissière, gâteaux secs, choux à la crème, vin, cidre, café arrosé, cigarettes pour les messieurs, oranges pour les dames.
Les vieux ont emporté en plus une boite de café et un kilo de sucre avec des cadeaux tirés au sort, offerts en partie par les commerçants du quartier. Une quinzaine d’absents ou malades recevront à domicile leur part de cette fête annuelle, par les dames de la Ligue Féminine, qui les visiteront avec leur amabilité et leur délicatesse habituelles.
»

 


Le 14 janvier 1953, la Ligue Féminine d’Action Catholique Française de la paroisse Sainte-Anne de Robien offre un goûter « aux vieux travailleurs du quartier » avec le concours du Foyer de la rue Madeleine et de la municipalité.

Le goûter des vieux travailleurs de Robien". 15 janvier 1953  Ouest-France


Le 25 octobre 1953, dans le cadre de « La Journée nationale des Vieillards », les vieillards de tous les quartiers de Saint-Brieuc sont invités à un vin d’Honneur par Les Louise de Marillac. L’inscription doit se faire chez les sœurs de Saint-Vincent de Paul.


En janvier 1955, on apprend que c'est la municipalité qui offre un goûter aux "anciens" inscrits dans les différents foyers de la ville (Bureau de bienfaisance, Ursulines, salle du Colombier à Gouédic, Ginglin, les Villages et Robien). Le maire Victor Rault se déplace et salue à chaque fois les doyens dans chaque foyer. (Ouest-France 10 janvier 1955)



La création du Foyer-club, 1960

En 1960, M. Poupard, le maire de Saint-Brieuc, vient chez Anne-Marie Le Hénaff, au 22 rue Bir-Hakeim, pour lui proposer de mettre en place un « Foyer-club » sur le quartier de Robien.  C’est la personne qui convient car elle a travaillé dans la couture, la restauration et elle aime s’occuper des autres. Elle relève le défi et comme elle s’explique dans un article de Ouest-France du 16 novembre 1994 : « Il a fallu tout créer, faire du porte-à-porte. » En 1962, le club compte déjà 350 adhérents, c’est un succès.  Son mari, Marcel Le Hénaff, un ancien cheminot devenu enseignant à l’institut des jeunes sourds, lui donne un coup de main. Alors qu’on lui a assuré qu’elle serait à la présidence pendant seulement deux années, 34 ans après elle sera toujours là mais elle ne le sait pas encore !

En 1960, les anciens de Robien sont donc regroupés autour de Mme Le Hénaff, la directrice bénévole, secondée par Mme Langlois et Mme Bric. Au programme : sorties, goûter, bals, carnaval…

A gauche, Mme Le Hénaff, photo du 19 mars 1980


Les années 70 du foyer-club

En mai 1970, les 250 membres du Foyer des anciens de Robien effectuent en car un voyage touristique dans le Finistère, principalement à Plouescat où un excellent repas a été servi au restaurant "La Caravelle". La journée s'est terminée à Plounévez-Moëdec avec un autre repas et des danses au son d'un orchestre animé par M et Mme Cadet.

Le Foyer des anciens de Robien. 22 mai 1970 Ouest-France

En mai 1972, Mme Le Hénaff organise la sortie annuelle du foyer municipal de Robien à Carnac, Quiberon et le golfe du Morbihan avec une halte pour un banquet le midi à l’hostellerie du Pays de Baud. Deux cent trente anciens participent à ce banquet musical. A la table d’honneur on trouve les doyens : Mme Bailly, 86 ans et M. Octave Fretois, 84 ans. En soirée tout le monde est reçu par M. A. Charles, député des Côtes-du-Nord, dans sa propriété de la Harmoye, où est servie une collation.

Dans les activités traditionnelles, on trouvait chaque année le mardi-gras. Par exemple, en mars 1976, soixante-dix personnes du foyer, costumées, défilent sur la place de Robien entrainées par l’accordéon de Mme Cadet. Un goûter clôture ce moment convivial avec les habitués du foyer.

Les anciens du foyer de Robien". 17 mars 1976  Ouest-France



En janvier 1977, plusieurs centaines de personnes âgées de Robien se retrouvent dans la petite salle du quartier pour un après-midi animé par Jeannine Cadet de l'Accordéon-club d'Armor. La crèche vivante grandeur nature, dont les personnages étaient des anciens eux-mêmes a eu beaucoup de succès. Des chants, des danses et un goûter ont mis une bonne ambiance...

Robien 8 janvier 1977 Ouest-France

En mars 1979, au moment du carnaval, une centaine de retraités se sont retrouvés salle de Robien avec des déguisements. La pluie a contrarié le défilé prévu mais tout le monde a dansé au son de l’accordéon.

Sur tout un week-end d’avril 1979, les anciens du foyer de Robien se retrouvent pour leur kermesse : « L’ambiance qui régnait dans la salle a prouvé qu’il n’était pas nécessaire d’être jeune pour s’amuser ». Cette sympathique petite fête était animée par M et Mme Cadet de l’Accordéon-Club d’Armor  qui ont fait danser sur des airs de tango, de marche et de valses. (Ouest-France 2 avril 1979)

La grande salle de Robien est parfois le lieu de rassemblement des différents clubs de retraités comme en mars 1980 où les 1500 adhérents des onze clubs de retraités participent au deuxième festival des retraités briochins. Plus de vingt numéros sont présentés.

On peut noter aussi que les anciens du foyer ne manquent pas d’accompagner leurs amis dans les cérémonies comme les Noces d’Or. Par exemple ils sont en nombre pour celles de M et Mme René Ramio, commerçants bien connus à Robien, mariés depuis le 28 mars 1932.

Les 50 années de mariage de M et Mme Ramio. 5 avril 1982 Ouest-France

 

Les années 90

En novembre 1994, Anne-Marie Le Hénaff laisse la présidence après 34 ans de bons et loyaux services alors qu’elle vient d’avoir 82 ans ! Renée et Robert Le Coq quittent également leurs responsabilités dans le club où ils étaient depuis quinze années.

16 novembre 1994 Mme Le Hénaff



En 1994, le foyer-club de Robien compte 190 adhérents. Les activités proposées sont des jeux de société, du tricot, des travaux manuels pour fournir des lots à la kermesse annuelle, des bals certains dimanches.

Les années 2000 à 2020

En 2004, les adhérents du club sont attristés par la disparition de Jeannine Cadet qui avait animé depuis tant d'années les moments récréatifs du club avec son accordéon.

Jeannine Cadet

En 2007, beaucoup d'émotion, dans la petite salle de Robien, où se réunissent chaque semaine, les adhérents du club de Robien, de l'office des retraités briochins. Françoise Langlois, 84 ans, cheville ouvrière du club depuis 1961, puis responsable depuis 1994, quitte sa « présidence ».

En octobre 2009, le maire, Bruno Joncour, honore une doyenne, Léa Le Couédic, 96 ans, du club O.R.B de Robien.

En 2015, un hommage est rendu à la doyenne de l’ORB, Julia Lavanant, 97 ans, du club O.R.B de Robien.

En mars 2015, le club de l'Office des retraités briochins de Robien fête les 100 ans de Cécile Marquer. "Née le 13 mars 1915, elle est adhérente de l'association depuis vingt-cinq ans. Elle y joue encore à la belote et ses stratégies de jeu sont redoutables pour ses adversaires ! Jusqu'à ses 98 ans, cette ancienne coiffeuse montait encore vaillamment les quatre étages de son immeuble. Elle a aussi eu quatre enfants, une fille et trois garçons. Outre Cécile Marquer, douze autres retraités du club de Robien ont entre 90 et 100 ans". (Ouest-France 20 mars 2015) 

Cécile Marquer, centenaire à Robien

En 2017 changement de présidence : Une passation de relais et de pouvoirs en douceur et dans la bonne humeur comme on le fait toujours à l'Office des retraités briochins. Après dix ans de bons et loyaux services à la tête du club de Robien, Anne-Marie Cramer passe le relais à Colette Balay, son « binôme » depuis six ans.

"Le club de Robien est un lieu de rencontre où les retraités partagent jeux, activités, animations... On y trouve écoute et solidarité. Ce sont les vertus qu'Anne-Marie a su cultiver pendant toute sa « gouvernance" . (Ouest-France 23 janvier 2017)

Colette Balais et Anne-Marie Cramer. 23 janvier 2017 Ouest-France
 

En 2022, un hommage est rendu par la municipalité à Nathalie Tronel, 97 ans, du club de Robien.




Et de nos jours ?

L’Office des Retraités Briochins (ORB22) regroupe tous les retraités qui le souhaitent au sein de leur association, forte de plus d’un millier d’adhérents.


Sur le site de l'ORB22, on note que Colette Balay et Françoise Tabouelle sont les deux référentes du club de Robien qui se réunit dans la petite salle de Robien, Place Octave Brilleaud.


Dans le quartier de Robien, ce club est un lieu de rencontre et un repas est organisé une fois par mois pour les membres.



 

Si vous avez des commentaires ou des documents à partager sur l'histoire des associations de personnes âgées à  Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.


      Retour au sommaire du blog ici

 
Sources
 
Archives de Ouest-Eclair et de Ouest-France 
 
Office des retraités, club de Robien, cliquer ici 
 
ORB22, cliquer ici
Office des Retraités, 6, bis, rue du Maréchal-Foch. Tél. 02 96 61 95 61. www.orb22.fr
 
 
 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...