Remontons jusqu'en 1800 pour découvrir
l'évolution du quartier de Robien
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le secteur de Robien ne fut qu'un lieu
quasiment inhabité que l'on traversait pour aller de St Brieuc à Quintin,
première ville d'importance avant de rejoindre plus au sud Lorient ou Quimper.
La route de St Brieuc à Quintin est construite
vers 1750, elle supportait les diligences. Au 18e siècle Quintin
était un centre important de fabrication des toiles. Elles parvenaient jusqu’au
port du Légué où elles pouvaient alors être exportées.
Du centre ville de Saint-Brieuc les deux axes qui se dessinent sont :
La route de Quintin (qui deviendra la rue Jules Ferry). C'est le grand axe
qui traverse Robien.
La petite route de Quintin (rues Cuverville et Luzel de nos jours)
Un quartier longtemps traversé par deux grands axes
Mais en dehors de maisons le long de ces deux routes, vers 1850-1860, le
quartier de Robien n'avait pas d'existence en tant que tel. Il était éloigné du
reste de la ville, on n'y trouvait quasiment que des champs, des prés et très
peu d'habitants.
Il faut attendre l'installation de l'établissement des Sourds-Muets en 1855 et l'arrivée du chemin de fer, en 1863, pour que Robien se développe
progressivement.
Une autre étape importante est l’installation en 1873 de l'usine des Forges-et-Laminoirs qui s'élève sur de vastes terrains situés derrière la gare.
L’étude des plans successifs du quartier depuis 1801 nous apporte des
éclairages sur l'évolution de Robien et sur les grands axes de circulation du
quartier.
Retenons aussi que le quartier est limité à l'ouest par la vallée de Gouédic et
sera limité à l'Est quand le chemin de fer arrivera à Robien.
Cette analyse des plans nous permettra ensuite de bien comprendre le
développement des rues à Robien. Ce sera l’objet d’un autre article.
Les plans de 1800,1801,
1814, 1892, 1897 et 1902
PLAN DE 1800
Le premier plan mentionnant Robien pourrait être celui des routes de l'arrondissement de Saint-Brieuc, dressé en 1800. On y trouve dans l'ordre, en partant de Saint-Brieuc, une mention du lieu-dit "Le Tabour major" (premières maisons de ce qui deviendra la rue Jules Ferry) et Robien (sous entendu le manoir et les fermes attenantes).
|
Routes de l'arrondissement de Saint Brieuc en 1800. Plan de la B.N.F
|
PLAN DE 1801
Un premier plan cadastral de 1801, peu lisible, met en évidence la route de Quintin qui est
le grand axe qui traverse Robien, un secteur représenté sans aucune
construction. Même si la qualité de la reproduction du plan n'est pas très
bonne, on ne distingue que des champs et des chemins qui se terminent en
impasse. La petite route de Quintin (rue Cuverville et rue Luzel de nos jours) est également présente.
Sur un deuxième plan, non daté mais autour de 1800, on retrouve les mêmes renseignements utiles pour mieux comprendre à quoi ressemblait le quartier il y a deux siècles. L'axe majeur est indiqué gris foncé sur la droite, c'est la route de Saint-Brieuc à Quintin (elle deviendra la rue Jules Ferry). Dans la direction du Sud, on passe un lieu-dit "Belorient" et on traverse le ruisseau du Gouédic au Pont des Villemoisans.
Le deuxième axe est appelé "Chemin de Saint-Brieuc à Ploufragan" et traverse le ruisseau du Gouédic au Carpont.
|
Plan quartier Robien, grands axes, aux environs de 1800. 3 Fi301 Archives municipales.
|
|
Plan quartier Robien, grands axes aux environs de 1800. 3 Fi301 Archives municipales.
|
|
PLAN DE 1814
Un deuxième plan cadastral de 1814 nous donne une idée des deux grands axes qui
traversent Robien :
Le premier axe est« La petite route de Quintin à St Brieuc », la rue Cuverville de nos jours. Un deuxième chemin, parallèle, traverse le secteur
du Pré Tison et passe par la rue appelée "rue Luzel" de nos jours. Ce deuxième chemin est en fait le prolongement de la rue Cordière qui part du centre ville. Ce qui est appelé "chemin des talus" est de nos jours la limite de la voie ferrée, le début de la rue Cuverville.
|
Plan 1814.
|
Le deuxième axe est appelé « la Grande route de Quintin à St Brieuc » (rue
Jules Ferry de nos jours). C’est le prolongement du chemin des chèvres (qui
deviendra la rue de la gare).
|
Plan 1814. section D extrait du plan cadastral
|
PLAN DE 1892
En 1892 L’arrivée du chemin de fer a bouleversé le quartier qui s’est retrouvé
coupé du centre-ville dans l'axe central (route de Quintin appelée jules Ferry
de nos jours).
On retrouve une petite route qui conduit de Quintin à St Brieuc » (dans le
secteur du Pré-Tizon et de la rue Luzel).
La rue du Pré-Tizon perd de son importance puisqu'elle se voit coupée de la rue
Cordière dont elle était le prolongement. On remarque que la « Grande route de Quintin à St Brieuc » est appelée « Route
de Lorient » mais c’est bien ce qui deviendra la rue Jules Ferry. Elle est le
prolongement de la rue de la Gare, malheureusement coupée par la voie ferrée.
Il faudra attendre la passerelle en 1909 pour qu’une continuité soit établie
mais uniquement pour les piétons.
Pour rattraper "la route de Lorient", on a créé un boulevard le long
de la voie ferrée (il sera ensuite appelé boulevard Carnot)
Enfin, on a « Le chemin de Robien » qui deviendra la rue de Robien prolongé
plus tard par la rue Jean Jaurès.
|
Plan 1892
|
PLAN DE 1897
Sur ce plan de 1897, la route de Lorient est appelée « Route de Ploufragan ».
Le boulevard Carnot est indiqué, il permet d’accéder à la grande usine des «
Forges et Aciéries ».
Le chemin de Robien devient « La rue de Robien » On voit aussi « la rue des
Sourds-muets ».
|
Plan 1897
|
Premier PLAN DE 1902
|
Plan 1902. Archives départementales 22. Dossier 5M 89.
|
Ce plan a été édité pour répondre à la demande de construction d'un dépôt de carburant dans l'usine des Forges-et-Laminoirs. Le cercle donne une mesure de l'impact possible de ce dépôt sur les populations environnantes.
|
Plan 1902. Archives départementales 22. Dossier 5M 89. |
Sur cet agrandissement du plan de 1902, on retrouve les grands axes nord-sud avec le chemin du Carpont (rue Luzel de nos jours) et la route de Quintin (rue Jules Ferry de nos jours).
Dans les axes perpendiculaires, on a le boulevard Carnot et le boulevard de Robien (boulevard Hoche de nos jours). Le boulevard de Robien ne se prolonge pas encore au delà de l'intersection de la rue Jules Ferry.
On remarque aussi une immense zone appelée "Terrains labourés"
Deuxième PLAN DE 1902 (ou plutôt 1904)
Ce deuxième plan semble avoir été réalisé plusieurs années après le plan ci-dessus. Pour preuve, le nom de "boulevard Hoche" apparait alors que cette désignation n'est officialisée qu'en septembre 1904.
En 1902, dans les grands axes nord-sud, on a :
la Route du Carpont (ex petite route de Quintin, rue Luzel de nos jours)
la Rue Jules Ferry
la Rue de Robien
la Route de la Croix-Perron (appelée par erreur "Croix-Péran")
Dans les boulevards ou rues transversales on a : Le boulevard Carnot, la rue
Guébriant et le boulevard Hoche.
|
1902-1904
|
Sur l'agrandissement ci-dessous, on commence à voir comment le boulevard Hoche va se prolonger au croisement de la rue Jules Ferry et va rattraper la route construite au sud des Forges-et-Laminoirs. C'est ce que l'on appellera "le boulevard Hoche prolongé", avec de petites extensions qui viendront plus tard comme la rue de l'Ondine et la rue du Coucou.
|
Plan 1902-1904
|
Carte de 1908
|
Carte au 1/ 100 000 établie par le Ministère de l'Intérieur en 1908 (document Maurice Guéguen)
|
Sur
cette carte de 1908, en bas à gauche, on distingue les 3 axes qui traversent le quartier de Robien, avec les deux axes majeurs (rue Luzel et rue Jules Ferry) et un axe mineur (rue abbé Garnier). Quatre lieux-dits sont indiqués dans le quartier de Robien : "Pré-Tison, Pré Chénay, Bel orient, Robien".
Conclusion
Il y a deux siècles, nous avions déjà deux axes majeurs Nord/Sud à Robien,
qui sont aujourd'hui appelés la rue Jules Ferry et la rue Luzel. La rue,
appelée Abbé Garnier de nos jours, s'est développée plus tardivement. C'est
l'axe qui permet aussi d'aller vers Brézillet et Langueux, une voie de circulation qui ne
cessera de se développer.
|
Plan sans nom, d'avant 1900 signalant déjà l'importance de l'axe allant du Pont des Sourds-Muets vers Ploufragan en passant par la rue Jules Ferry (chemin de grande communication). |
Articles à consulter
La désignation des rues, cliquer ici Au nord, traverser la voie ferrée ici
Sources
1800. Routes de l'arrondissement de Saint Brieuc. Bibliothèque Nationale de France. Cote GE C-4919
1801. Plan géométrique de la ville et des
faux-bourgs de Saint Brieuc, donné au conseil municipal de la même ville par
l'ingénieur en chef des ponts et chaussées du département des Cotes du Nord.
Site des Archives municipales.
Plan avec les grands axes, aux alentours de 1800. 3 Fi301 Archives municipales
Plan de la ville de St-Brieuc et de ses environs en 1892, 1/15 000 / dressé par
Ch. Pichard, dessinateur. Disponible sur le site de la Bibliothèque
nationale.
Plan de la ville de Saint-Brieuc et du port du Légué / dressé par MM.
Sebilleau ; et Thomas.1897. Site des archives municipales
Plan 1902. Archives départementales 22. Dossier 5M 89.
Plan de la ville de Saint-Brieuc et des environs / dressé par M. Dalmar Jean.
1905 disponible sur le site de la Bibliothèque nationale.
Plan de la ville de Saint-Brieuc avec en légende les différentes routes,
chemins, chemin de fer et longueur classée pour les chemins de grande
communication, chemins d'intérêt commun, chemins de petite communication. Site
des archives municipales. Cote 5Fi367
Histoire de Saint Brieuc, page 117, J.B Illio 1931