Pour la plupart d'entre nous, une maison, c'est d'abord quatre murs et un toit
(ou un plafond si on est en appartement!). C'est une manière conventionnelle de
concevoir notre "chez-nous" alors qu'il existe tant d'autres manières
de vivre qui sortent de l'ordinaire.
Une habitation atypique boulevard Hoche à
Robien
Aucun doute, la maison
occupée par Jean-Pierre Wilmart, au 113 boulevard Hoche à Robien, est bien une
habitation atypique ! Elle est constituée de quatre anciens wagons SNCF
rassemblés.
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Vue d'ensemble des 4 wagons rassemblés. Photo RF
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Au départ sur ce
terrain se trouvait une maison traditionnelle dont il n’a été conservé que la
cave et le petit escalier avec la rampe métallique.
Les pierres du
sous-sol qui forment un grand rectangle sont donc celles de la maison initiale.
On y a installé des traverses en acier pour poser les wagons. Ensuite le tout a
été colmaté entre les wagons et un bardage bois a été réalisé pour donner jolie
allure à la maison.
Plusieurs
habitants ont été des artistes comme Henri Moinet (propriétaire de 1967 à février 2000 où il est décédé) ou Philippe Bertho, un
briochin qui a réalisé de nombreuses œuvres visibles dans des galeries aux USA
et l’affiche du festival Art Rock en 2014.
Visite de la maison
Entrons dans la
maison par l’escalier que l’on peut voir en longeant le boulevard Hoche.
Le premier wagon
est une entrée, il a été séparé en deux pour y loger une petite salle de bain
tout à fait fonctionnelle.
Le deuxième
wagon appelé « Le wagon-restaurant » est un ancien wagon qui servait
à transporter les patates et les choux bretons. Pour les spécialistes, c’est un
« 25 mètres », nom de ces petits wagons de marchandise.
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Le wagon-restaurant. Photo RF
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Le troisième
wagon abrite un poêle à bois, c’est « Le salon image et son ». Les
souvenirs de Jean-Pierre constituent un véritable petit musée. Un escalier en
colimaçon conduit à l’étage où se trouvent un bureau et une chambre à coucher
(attention aux poutres basses !).
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Salon image et son. Photo RF
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On redescend et
on passe enfin dans le quatrième wagon, plus grand et plus haut de plafond,
c’est un 25 m2, un ancien wagon frigorifique. Sa nouvelle affectation est celle du
« Salon-bibliothèque ». On y trouve de nombreuses photos anciennes de
l’atelier d’Henri Moinet dont un tirage assez extraordinaire d’un homme qui
avait fourni sa photo de mariage en demandant de faire disparaître l’épouse et
de la remplacer par une potiche ! Le résultat est spectaculaire mais une
trace légèrement fantomatique laisse quand même apparaitre quelque peu
l’ex-épouse !
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Jean-Pierre Wilmart est aussi un passionné de photo !
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Les extérieurs
On sort
sur la terrasse et le jardin où se trouvait un puits, maintenant tari. Un
immense cerisier planté dans les années 60 par Henri Moinet procure toute l’ombre
nécessaire. Le terrain était à l’origine beaucoup plus grand et la propriétaire
l’appelait « Le Paradis ».
Juste sur le
côté se trouvait « le café du dimanche » qui était bien en harmonie
avec cette maison atypique. Jean-Pierre raconte qu’avant ce café, c’était un
bâtiment industriel (une usine d’huile domestique ?) qui était devenu une
sorte de loft pour des troupes de théâtre. Il l’appelait « Le Nid
d’intermittents ».
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Extérieurs de la maison. Boulevard Hoche. Photo RF
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Portrait d'Henri Moinet. 4 septembre 1997. Article de Ouest-France.
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Ceux qu'on appelle encore "Les gens du voyage"
La présence de "gens du voyage" n'est pas nouvelle dans le quartier de Robien, pour preuve cet article du journal Le Combat Social du 18 décembre 1937 où l'on retrouve le fameux stéréotype "des voleurs de poules"...
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Le Combat Social du 18 décembre 1937. |
Nous savons aussi que, tout en haut du Tertre Marie Dondaine, vivait la famille
Blivet. Le recensement de 1936 nous apprend qu'Auguste, le chef de famille
était rémouleur de profession. Il parcourait tout le département pour exercer
son métier en porte à porte. Germaine, son épouse, était foraine et leur fils
Claude était acrobate. Le travail de rémouleur ou dans un cirque amène à
s'adapter : leur mode de vie les oblige à beaucoup se déplacer et donc à
posséder un habitat mobile.
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M et Mme Blivet dans leur caravane sur le Tertre. Photo Ouest-France mai 1991
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Depuis leur installation sur le Tertre qui date des
années 30, la famille s'est agrandie mais ces habitants du quartier ont toujours
cherché à adapter leurs conditions de logement, tout en restant fidèles au
Tertre Marie-Dondaine. Les "gens du voyage" ont forcement un port
d'attache.
Les baraques du tertre faisaient une vingtaine de mètres carrés, il n'y avait
qu'un seul point d'eau pour toutes les familles. Aujourd'hui il n'est plus
question de vivre ainsi : des mobile-homes offrent une meilleure qualité de
vie.
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Photo aérienne du Tertre Marie-Dondaine. Années 60-70. Archives municipales.
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Patricia Blivet
et sa fille Flavie sont interrogées en 2014 dans un article consacré au tertre
Marie Dondaine. C’est l’occasion de faire le point sur les perspectives de la
famille : « Nos
arrière-grands-parents habitaient ici, témoignent Flavie et sa mère,
Patricia. « Nous sommes des gens du
voyage. Nous ne renions pas ce qu'on est. Mais on a toujours été sédentarisés. On
veut rester ici en famille. Mes enfants sont scolarisés dans le quartier depuis
la maternelle. »
Sur ce bout de terrain gravillonné
s'entassent des caravanes, des fourgons et des mobile-homes. Il y a
l'eau, l'électricité, l'eau, des sanitaires, des égouts... Un coin de paradis
pour cette famille qui n'entend pas délaisser sa caravane au profit d'un
appartement dans le parc social.
Dans le plan local d'urbanisme 2012-2016,
la ville avait prévu la réalisation de "cinq maisons adaptées, de petites maisons de plain-pied avec deux
espaces, un pour mettre la caravane et un second pour travailler". Les familles peuvent ainsi disposer d'un lieu
de séjour privatif afin de rester stationné sans durée limitée du séjour et
aussi choisir les familles avec qui elles cohabitent.
Finalement, la ville ne s’est pas engagée
dans la construction de ces logements et les familles concernées ont fini par
réaliser différentes améliorations elles-mêmes.
(d’après
un article de Ouest-France publié le 26 février 2014)
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Patricia Blivet
et sa fille Flavie. Photo Ouest-France 26 février 2014
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D'autres habitants dans des caravanes à Robien
Dans le chemin des Eaux minérales, pas loin du bas de la rue de Trégueux, d'autres habitants du quartier étaient des "gens du voyage" mais ils vivent à cet endroit depuis des dizaines d'années. Comme la famille Blivet installée sur le Tertre Marie Dondaine, ils se trouvent très bien dans cette vallée d'où ils n'imaginent plus partir !
Une ancienne habitante du quartier se souvient qu'il y a des dizaines d'années quand M. Nicolas habitait une caravane à cet endroit, au moment de son décès, la caravane a été brûlée selon le rite des gitans.
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Ensemble de caravanes et mobile-home, Chemin des Eaux minérales
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Les baraques en bois du tertre Marie-Dondaine
Des familles ont vécu, avant 1940, dans des baraques
en bois sur le Tertre Marie-Dondaine. Jusqu'à 15 familles ont habité dans ces
logements où les conditions matérielles étaient très difficiles. En 1993, Mme
Herviou a été la dernière personne à quitter la caravane qu'elle habitait sur
le Tertre.
D'autres articles sont consacrés à ces baraques du tertre Marie-Dondaine et à leurs habitants :
Les baraques du Tertre Marie-Dondaine ici Les habitants du Tertre Marie Dondaine, de nouveau réunis en juin 2019, ici Le Tertre Marie-Dondaine, un site à découvrir, ici
Habiter dans un ancien local industriel
ou commercial
Dans le quartier de Robien, de nombreux anciens locaux industriels et commerciaux ont été rénovés et transformés en habitation : garages, hangars, dépôt des P.T.T...On peut aussi les considérer comme des logements atypiques.
Pour lire l'article consacré uniquement à ce sujet, cliquer ici
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Bld Hoche. Ancien garage transformé, emplacement de l'ex Café du Dimanche. Photo RF
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Conclusion
Les belles carrières que plusieurs habitants du Tertre Marie Dondaine ont pu avoir
par la suite, nous donnent une leçon de vie et un message d'espoir.
On peut vivre dans des conditions très précaires et s'en sortir socialement. On
peut vivre dans des baraques et garder sa dignité, grandir dans une ambiance
familiale chaleureuse.
C'est peut-être la conclusion de cet article (qui s'intègre lui-même dans une série de onze articles sur l'habitat dans le quartier de
Robien).
Comprendre d'où vient notre patrimoine architectural, acquérir quelques bases
dans ce domaine, c'est intéressant.
Mais que l'on vive dans dans un immeuble, dans une maison
d'architecte, une maison art-déco ou une maison ouvrière, le plus important reste peut-être ce que l'on y vit
à l'intérieur et dans ses relations avec son voisinage proche.
Racontez-nous votre "habitat atypique"
Sur cette question des habitats différents, dans d'autres endroits de St
Brieuc, comme au Légué, on aurait pu poser la question du voilier ou de la
péniche.
On voit bien qu'il y a de multiples cas de figure.
Alors, à la suite de cet article, racontez-nous ce qui est votre "chez-vous" si vous vivez dans
une maison qui ne rentre dans aucun classement : Yourte, mobile-home, chalet de
bois, caravane, ancien wagon de train...
Dites-nous si vous êtes-vous satisfaits ou non de votre habitation et pour
quelles raisons : matériaux, proximité de la nature, superficie, proximité de
commerces et services, logement adaptée aux familles ou autre, économe en
énergie ?
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Sources
Photo aérienne. Archives municipales. Merci à Sophie Ehouarn.
Recensement 1936. Archives départementales en ligne.
Plusieurs rencontres avec Jean-Pierre Wilmart en 2020. Un grand merci pour son hospitalité !
Entretiens avec Claude Corack, mars-avril 2020
Article de Ouest-France du 26 février 2014 (famille Blivet)
Pour les abonnés à Ouest-France,
retrouvez l'article sur la maison de Jean-Pierre Wilmart dans les archives du journal en cliquant ici
Prolongement
Nicole, qui habite en Indre et Loire, nous signale qu'il existe à
Saint-Branchs, une salle de spectacle installée dans trois wagons
soudés. Ils accueillent une centaine de personnes. C'est très fréquenté.
On peut y voir du théâtre, écouter des concerts, des petits groupes de jazz de la région...
Site internet "Les wagons", cliquer ici