dimanche 22 décembre 2024

Le lotissement des cheminots rue Cuverville, quartier de Robien à Saint-Brieuc

 

Au début des années 1900, les maisons de cheminots de la rue Cuverville formaient un petit lotissement le long de la rue qui surplombait la voie ferrée. Les cheminots n'étaient qu'à quelques minutes à pied de leur lieu de travail. 

Une maison de cheminots de la rue Cuverville surplombant la voie ferré. Photo RF


Les premières maisons
 
Toutes les maisons de cheminots sont construites sur des terrains appartenant à la compagnie des chemins de fer de l’État.
Dans le recensement de la rue Cuverville en 1911, on dénombre déjà 7 familles de cheminots. 
 
Dans les années 20, plusieurs permis de construire sont déposés. On remarquera que plusieurs techniques de construction sont utilisées (bois ou fibrociment). Les dimensions restent très modestes dans tous les cas, la plus petite fait dix-huit mètres carrés et la plus grande, une quarantaine de mètres carrés.

M. Albert Piqueau, ferblantier aux chemins de fer de l’Etat, fait une demande de permis de construire le 10 mars 1926 (2T9) pour édifier « un petit chalet en bois de 2 pièces sur un terrain des chemins de fer de l’État, 18 rue Cuverville. »

Archives municipales. 2T9

 

Archives municipales 2T9


Archives municipales 2T9

Le 14 mai 19272 avril 1928, M Ménagé, chauffeur aux chemins de fer de l’État à St Brieuc, habitant 10 rue Jules Ferry, sollicite l’autorisation "de faire édifier une maison en bois à bon marché... Cette construction sera effectuée par la maison Gesbert et compagnie de Pont-de-Gennes, Montfort dans la Sarthe." (2T11). La maison sera au numéro 10 rue Cuverville.


Ménagé 2T11 archives municipales

 
Ménagé 2T11 archives municipales

Le 2 avril 1928, M. Yves Brouder, employé aux chemins de fer de l’Etat à St Brieuc, habitant 10 rue Jules Ferry, sollicite l’autorisation de construire « une petite habitation de trois pièces, en fibrociment, rue Cuverville ». Le terrain appartenant aux chemins de fer est devenu la propriété de M. Brouder par adjudication. (2T9)

 

Archives municipales 2T9


Archives municipales 2T9


M. Picault, habitant 8 rue Notre-Dame, effectue une demande le 2 avril 1928 afin de construire « une maison en bois » rue Cuverville.


Archives municipales. 2T12


Archives municipales 2T12

 

 
Le lotissement est complet !
 
En 1936, on trouve quinze familles de cheminots, logées dans les petites maisons SNCF. 
Elles sont alors situées aux numéros 2, 4, 6, 8, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26, 28, 30 et 32. 
 
Les noms de famille de ces employés des chemins de fer sont : Mallet, Foutel, Denis, Cléach, Lemoine, Réhaut, Le Ster, Le Hénaff, Ollivier, Le Gueut, Marric, Richer, Méléard, Frabolot…
 
 

La photo aérienne ci-dessous dévoile, au premier plan, une douzaine de ces maisons de cheminots le long de la rue Cuverville dans les années 40.

Photo aérienne années 40-50, Archives départementales.
 

 

Ventes des maisons au 14 et 28.

En juillet 1955, la S.N.C.F met en vente un baraquement au 14 rue Cuverville de 6 mètres sur 11 comprenant 3 pièces et un cellier avec une couverture en tôle ondulée.
 

L’opération est renouvelée en juin 1957 avec le baraquement du numéro 28 comprenant une cuisine, 1 chambre, 1 débarras et une toiture en carton bitumé. Le baraquement du numéro 30 est aussi mis en vente et comprend une entrée, une cuisine, 3 chambres, 1 grenier, doubles parois en bois, plafond et parquet en sapin, toiture en tuiles mécaniques. Démontage et enlèvement aux frais de l’acquéreur.
(Ouest-France 4 juillet 1955 et 17 juin 1957)

 
Annonce SNCF 17 juin 1957 Ouest-France

 

Le lotissement s'en va...

Yvonne Michel était une ancienne cheminote, elle est arrivée un peu après 1945 dans la rue Cuverville. Tout le monde était locataire de la S.N.C.F mais elle a eu la chance de pouvoir acheter le terrain de sa maison mais s’est battue longtemps pour y parvenir. Sa maison et celle de Joseph Prigent ont été les deux dernières à tenir debout.


Les pavillons jumeaux en pré-fabriqué sont la propriété de la S.N.C.F. Ils ont été agrandis et rénovés.
 

Robert Picault habitait à l’intersection de la rue Luzel, c’était un ancien mécanicien des chemins de fer. Il a connu les derniers temps des locomotives à vapeur. A la retraite, il n’a pas pu acheter le terrain sur lequel sa maison est bâtie et à sa mort la maison a été démolie, c’était la règle.

Plusieurs maisons inhabitées se sont écroulées dans les années 90 faute d'entretien et de consolidation, le fait de ne pas pouvoir devenir y était pour beaucoup. Ces petites maisons ont alors presque complètement disparu du paysage.

De nouvelles maisons poussent sur les emplacements libérés après voir été vendus.

L’annonce du décès de Joseph Legueut, à l’âge de 86 ans, est publiée le 7 janvier 1971, la cérémonie se déroule en l’église Sainte-Anne de Robien. On découvre dans l'annonce que ce retraité de la S.N.C.F habitait dans une baraque de cheminots au 22 rue Cuverville depuis les années 30. C'était un ancien combattant de 14-18 qui avait reçu la Médaille militaire et la Croix de guerre. 


La disparition de l'avant dernière maison

  

En mai 2010, l'outil Google Street proposait encore une vue de la maison de cheminots du 6 rue Cuverville avec un peu plus loin celle aux volets bleus au numéro 8.

 
Maison au 6 rue Cuverville. Image Google Street

En avril 2019, il ne restait que les fondations au numéro 6 !

 
Maison au 6 rue Cuverville. Image Google Street

Et en décembre 2020, plus rien ! Elle aurait disparu vers 2016...

 

Emplacement de l'ancienne maison au 6 rue Cuverville. Image Google Street

 

Le lotissement des cheminots aujourd'hui

 
De toutes ces maisons du lotissement, il n'en reste plus qu’une seule !


La dernière maison de cheminots du lotissement de la rue Cuverville. Photo RF

 

 

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Autres articles à consulter

 
Dans la rubrique "Habitat ouvrier à Robien et les lotissements ouvriers" :
 

 

Autres articles à consulter sur Les cheminots, la gare, la S.N.C.F

 
La Société Française et Entrepôts Frigorifiques (S.T.E.F), cliquer ici

Les cheminots de la paroisse de Robien et le syndicalisme catholique, cliquer ici

Les Résistants cheminots du quartier de Robien en 39-45, cliquer ici

La Cité des Cheminots", boulevard Paul Doumer, cliquer ici

Le lotissements des cheminots, rue Cuverville, cliquer ici 

Au nord de Robien, traverser la voie ferrée (ponts, passerelle), cliquer ici


 

Sources

 
Recensement 1911 et 1936, archives départementales
 
Photo aérienne, Fonds Henrard, Archives départementales, cote 26 Fi 358
 
Archives municipales, permis de construire 2T9, 2T12




vendredi 20 décembre 2024

Le Gall, récupérateur industriel, rue Jules Ferry et rue Lemonnier à St Brieuc

 

Une branche de la famille Le Gall a longtemps exercé dans ce métier de récupérateur en Bretagne, en commençant par Joseph Le Gall. C'est Philippe Le Gall qui le raconte dans un article de Ouest-France du 17 octobre 1995 : "Mon grand-père Joseph Le Gall a débuté en collectant de village en village, cartons, papiers, chiffons et peaux de lapin".

Dans les années 60, Ludovic Le Gall exerce la profession de récupérateur industriel et de vente de tôles ondulées neuves et d'occasion, il a pris la suite des anciens établissements Thomas, situés au 21 rue Jules Ferry.

M. Thomas est resté au moins jusqu'en 1958, date d'annonces passées dans Ouest-France au 21 rue Jules Ferry (6 octobre, 22 octobre, vente de tôles ondulées). 


La tôle d'occasion. Le Gall au 21 rue Jules Ferry

Ci-dessous, l'agrandissement de la photo du portail d'entrée des établissements Le Gall permet de lire :

Récupération industrielle

 J.Thomas

L. Le Gall successeur


L'activité de M. Le Gall a été déplacée plus tard, à quelques centaines de mètres, rue Lemonnier. 

Photo 1963. Musée de Bretagne sur le secteur de l'entreprise Rigot-Stalars dans la rue Jules Ferry.

A la fin des années 60 et dans les années 70, les établissements Le Gall font paraitre des annonces régulièrement dans la presse.

4 octobre 1969 Ouest-France

Annonce publicitaire. 1969. Le Griffon numéro 15

Annonce publicitaire. 1969. Le Griffon numéro 14


Le Gall 6 mai 1974 Ouest-France

4 juillet 1977 Ouest-France

Le déménagement de l'entreprise 1978

Une annonce parait encore en juillet 1977 avec l'adresse rue Lemonnier mais en juin 1978, la domiciliation change.

Le Gall 26 juin 1978

A la fin des années 70, la S.A Philippe Le Gall s'installe donc à Ploufragan et change de dimension. 

Une dizaine d'années plus tard, dans les années 90, elle emploie 26 salariés et réalise 50 millions de chiffre d'affaire en 1994. Les lois sur le recyclage des déchets sont passées par là... A partir de 1990, la société emploie également 5 salariés à Briec-de-l'Odet dans le Finistère.

Philippe Le Gall sur son chantier de récupération à Ploufragan

Ouest-France dans son édition du 17 octobre 1995 détaille le fonctionnement de l'entreprise à Ploufragan : "L'activité de la S.A Le Gall représente annuellement 40 000 tonnes de ferraille, 6000 tonnes de métaux non ferreux (cuivre, laiton, aluminium, zinc...) et 9000 tonnes de carton et papier. La récupération se fait dans les 100 bennes de l'entreprise...La S.A Le Gall a embauché 8 salariés depuis cinq ans. Quand un bateau rempli de déchets recyclables quitte le port de Saint-Brieuc pour le Portugal ou l'Espagne, Philippe a un petit pincement au coaur en pensant à son grand-père qui allait d ecommune en commune..."

Ce qui était un travail artisanal est devenu une véritable industrie cotée en bourse.

 

Rue Lemonnier

Après la fermeture de l'entreprise dans la rue Lemonnier, le bâtiment a été transformé en habitation, c'est une belle reconversion d'un local industriel et commercial dans le quartier de Robien.

Locaux de l'entreprise Le Gall transformés en 2 habitations. 8 rue Lemonnier à St Brieuc

 

Si vous avez d'autres renseignements sur l'entreprise ou sur la famille Le Gall, merci d'utiliser le formulaire de contact, en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre. 

 

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Sources

Archives de Ouest-France 17 octobre 1995 (ci-dessous)

Le Griffon, annonces 1969 


 

 

 


dimanche 15 décembre 2024

René Thomas, négociant dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. 1922-1930

 
Dans l'annuaire 1922, on trouve le nom de René Thomas, rue de Robien, négociant en graines et pommes à cidre, pommes de terre en gros et engrais, rue de Robien. René Thomas est le fils de M. Yves Thomas, négociant également, président honoraire de la Chambre de Commerce.

Yves Thomas, le père, habite au Légué, c'est un négociant en grains, graines, pommes de terre. Il possède deux établissements à Saint-Brieuc, l’un rue Jules Ferry et l’autre au Légué.

On sait peu de choses sur l'entreprise Thomas. Malgré tout, le 10 février 1924, on peut lire dans Ouest-Eclair :
"Louis Rio, employé de la maison Thomas, à Robien, s’est blessé au poignet en chargeant un camion de pommes de terre". Le docteur Héry a soigné M. Rio.

En 1925, un entrefilet évoque la générosité de René Thomas pour les enfants du quartier à qui il a fait distribuer des madeleines, des brioches et des friandises lors d'une fête.

René Thomas 24 juin 1925 Ouest-Eclair


En 1930, on sait que M. Thomas vend ses bâtiments et terrains à M. Stamp, un négociant en charbon qui possède aussi un dépôt au Légué. En 1944, M. Stamp a loué ses terrains à différents propriétaires qui y ont construit différents hangars et baraquements.
Ces terrains et constructions posent problème à la municipalité lorsque le projet de construire l’école Hoche fait surface, tout d’abord en 1936 puis après guerre.

En 1936, rien ne va plus, René Thomas fait faillite, et en 1941, il est arrêté par la police et envoyé dans un "centre d'internement administratif".

René Thomas 21 mai 1936 Ouest-Eclair


René Thomas 6 octobre Ouest-Eclair


Si vous avez d'autres renseignements sur la famille Thomas et son entreprise au Légué ou à Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact.  


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Sources

Compte-rendu du conseil municipal du 14 avril 1953

Jean Thomas, industriel, chiffonnier boulevard Carnot, Saint-Brieuc 1918-1955

 

Entreprise J.Thomas. Intérieur de l'atelier de récupération et tri des chiffons au Légué. L'illustration 1926

Jean Thomas est un marchand en gros de chiffons, installé dans le quartier de Robien, un peu avant 1920, au 14 rue Jules Ferry. A cet emplacement se trouvent différents bâtiments au fond d’une cour pavée. La Société Économique de Rennes y occupe d’autres bâtiments. Cette société a pris la suite des établissements Nicolas (négociants en vin).

L'entrée du 14 rue Jules Ferry sur la gauche de la photo

 

M. Jean Thomas s’occupait de la récupération, du triage et de la fourniture aux industries susceptibles de les utiliser, des chiffons, cordages, peaux, métaux, crins bruts, soies de porc, caoutchouc, os et déchets de toutes sortes.

 

La famille de Jean Thomas

Jean Mathurin Thomas est né le 16 mai 1887 à Lanfains (22). Il est le fils de feu Jean Marie et de Marie Louise Bresset, exerçant alors la profession de chiffonnière à Lanfains.

Il se marie le 6 juillet 1912 à Dourdan avec Thérèse Victoire Marceau (née à Dourdan en 1891). Ils ont eu un fils Albert, né à Alençon en 1913 et une fille, Marie, née à Saint-Brieuc en 1920.

Un second mariage a été contracté à Saint-Brieuc le 22 octobre 1938 avec Marcelle Berthier.

 

Les débuts de Jean Thomas comme chiffonnier

Les débuts de M. Thomas dans le métier sont racontés par un journaliste de L’illustration économique et Financière :

« M.Thomas s’installa à Saint-Brieuc en 1918, riche de l’expérience qu’il avait acquise, tant à Paris qu’en Normandie avant la guerre. En peu de temps, il sut imposer sur les places étrangères la qualité de la marque T.M dont il avait fait choix. Bientôt ses ateliers du Boulevard Carnot apparurent insuffisants et il en fit édifier d’autres au Légué. Esprit pratique s’il en est, M. Thomas dressa lui-même ses plans, harmonisant ingénieusement la disposition de ses bâtiments avec celle des lieux et dirigea la construction de son outillage. On peut dire que ses installations sont modèles et que l’effort de chacun est réduit au minimum ».

Le portrait est élogieux !

Chargement des ballots de chiffons dans un camion au Légué. L'illustration 1926

 

La suite de l’article décrit les procédés utilisés par les équipes de M. Thomas au Légué pour parvenir à la plus grande efficacité. Nul doute que les mêmes méthodes devaient être employées dans son atelier du quartier Robien : soin extrême apporté à la différenciation des catégories de chiffons, presse des chiffons triés pour constituer des balles chargées plus tard dans des camions, trains ou bateaux.

En 1926, la production annuelle de M.Thomas atteint les 10 000 tonnes en tenant compte des ferrailles et il emploie 200 ouvrières dont les plus jeunes sont formées au métier à partir de 13 ans.

 

 

La récupération, un secteur important de l’économie à Saint-Brieuc


En s’installant à Saint-Brieuc, Jean Thomas s’est inscrit dans une longue tradition de chiffonniers locaux. Les plus célèbres étaient la famille Presle.

Les établissements Presle de St Brieuc comptaient parmi les plus importants dans ce domaine dans l’hexagone et leur rayon d’action s’étendait dans tout l’Ouest de la France.

Ils furent fondés en 1858 par Auguste Gontrand, auquel succéda Presle et Gontrand. Ensuite Eugène Presle fonda les Établissements Presle et les confia plus tard à ses deux fils Émile et Louis. Les établissements comportaient de vastes magasins et ateliers à Saint-Brieuc, Vannes, Quimper, Dinan et Lannion.

Un grand atelier Presle se trouvait boulevard Charner et sa proximité était une bonne raison pour que des femmes du quartier de Robien y travaillent. 


Presle boulevard Charner. L'Illustration 1926.

 

Dans les années 1920, la production annuelle dépassait les 8 000 tonnes, soit 25 tonnes de matières diverses par jour expédiées en France et à l’étranger (chiffres de 1926).

 

Presle 1944. Dossier 3 L 147. Archives municipales.

 

C’est d’ailleurs M. Émile Presle qui était le président d’honneur la réunion annuelle du syndicat des Chiffonniers et Ramasseurs des Côtes-du-Nord le 10 juillet 1948 à Saint-Brieuc. M.Presle offrit le champagne à tous les présents. L’assemblée fut suivie d’un banquet d’une soixantaine de couverts à l’Hôtel de la Croix-Rouge « où un déjeuner copieux, arrosé de forts bons vins et cidre fut servi impeccablement. » (Ouest-France 17 juillet 1948)

 

1944. Familles Presle, Le Bigot et Gaudu. Fonds Gaudu. Archives municipales


On retrouve plusieurs personnes de la famille Presle sur cette photo. Elle a été prise en avril 1944 au château de Grénieux de Saint-Brandan, propriété de Mme de Callac. L'identification des personnes a été facilité par les notes prises par Jean Le Bigot.

1. Lucie Le Bigot-Presle ; 2.Simone Presle. 1922-1986, mariée avec Jean-Claude Gaudu, une fille Monique née en 1951 ;  3.Émile Presle (1894-1960) ; 4.Yvonne Presle, née Bouguen, épouse d’Emile ; 5.Henri Presle ; 6.Jacques Noël Le Bigot ; 7.Augustine Le Bigot, née Thomas ; 8.Marie-Thérèse Le Bigot, épouse Ferdinand Meuric ; 9.Denise Presle (épouse Le Coq)


  


Un vol en 1928

L'édition du 26 mars 1928 de La Dépêche de Brest s'arrête longuement sur un vol commis aux établissements Thomas. On y trouve des informations intéressantes sur cette entreprise, par exemple sur le type de peaux récoltées : taupes, loutres, écureuils, hermines, putois.

Le voleur avait eu la mauvaise idée de vouloir revendre certaines peaux à la maison Presle. Mais le commissariat fut immédiatement averti et l'individu arrêté... Un autre vol aura lieu en 1937 et sera journalisé (voir en fin d'article).

 

Vol chez Thomas. La Dépêche de Brest 26 mars 1928

L’évolution de l’entreprise dans le quartier. Années 30

M. Thomas est resté dans le quartier de Robien mais déjà avant la Seconde guerre mondiale, il trouve d’autres locaux de l’autre côté de la rue Jules Ferry au numéro 21 et habite à cette même adresse. 

Au début des années 30, son fils Albert, travaillait avec lui comme on le voit mentionné dans le recensement de 1931.

 

Recensement 1931. Archives départementales

 

On trouve la preuve de sa présence à cette adresse par les recensements de 1931 et 1936, et jusqu’en 1955 où il figure dans l’annuaire téléphonique.


Dans les années 30, Jean et Thérèse Thomas mettent en avant leur fabrique de fourrures, présentée comme la seule de la région. Elle se fait connaitre en passant des annonces dans la presse locale.

Le nom de leur société est La Pelleterie de Bretagne. Une marque a même été déposée, il s'agit de « Poilkidur ». Un magasin des fourrures Poilkidur commercialisait ces produits place du Martray à Saint-Brieuc.

La mode est alors aux accessoires en renard, avec des cols et cravates en tous genres : martres, fouines et putois.

 

Annonce Pelleterie de Bretagne, 19 septembre 1931. Ouest-Eclair

 

Annonce passée dans l'Annuaire téléphonique des Côtes-du-Nord 1934.

 
Annonce Poilkidur, marque des établissements Thomas à St Brieuc.

 

Une autre Pelleterie de Bretagne existe à Lannion mais le lien entre celle de St Brieuc et celle de Lannion n'est pas établi d'après les archives découvertes à ce jour...

25 septembre 1927. Ouest-Eclair


1er novembre 1928. Ouest-Eclair

 


L’entreprise Thomas pendant la Guerre 39-45

L’observation de quelques factures conservées aux archives municipales de la ville de Saint-Brieuc ne nous disent pas tout, loin de là, de l’activité de l’entreprise Thomas pendant la guerre 39-45. Mais malgré tout on peut en tirer quelques remarques.

Tout d’abord, le papier à en-tête renseigne sur le fait que l’entreprise s’occupait de la récupération de chiffons d’essuyage pour les machines, de vieux métaux, de vieilles matières et déchets divers pour les industries ainsi que de peaux en tous genres. D’autre part, elle pouvait réaliser la démolition d’usines et certainement récupérer des matériaux intéressants suite à cette démolition.

 

 

La première facture de chiffons de janvier 1940 montre que les ballots de chiffons pesaient  50 ou 100 kilos.

 

Thomas 1940. Facture. Archives municipales 3L 137

 

L’autre facture de janvier 1940 est spécifique aux métaux : surtout des ferrailles mais aussi en moindre quantité zinc, fonte, cuivre jaune, tôle à découper, essieux. 

 

1940. Facture. Archives municipales 3L 137

 

La fin de l’entreprise. Années 50

On sait peu de choses sur les dernières années de l'entreprise Thomas. 

L'année 1951 est marquée par un drame. Un article de Ouest-France du 8 juillet 1951 nous apprend que, malheureusement, M. Andrieux, 27 ans, fut jugé responsable d’un accident mortel. Le 17 avril, alors qu’il était au volant de la camionnette de son patron M.Thomas, il accrocha le vélo de Pierre Mahé, âgé de 20 ans, ouvrier aux Forges-et-Laminoirs.

 

M. Thomas est resté au moins jusqu'en 1958, date d'annonces passées dans Ouest-France au 21 rue Jules Ferry (6 octobre, 22 octobre, vente de tôles ondulées). 



 

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Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...
 
 
Ouest-Eclair. Accident. 30 mars 1926

 
 
 

Anecdote

 

Les chiffonniers attirent parfois la convoitise des voleurs. C'est ce que nous allons voir avec cette histoire qui se déroule en mars 1937, elle est relatée dans Ouest-Eclair : deux jeunes de Saint-Brieuc décident de se procurer un peu d’argent en commettant un vol. Ils escaladent le mur de deux mètres de haut du chiffonnier Eugène Méheut, rue Jules Ferry et font une provision de 12 kilos de plomb qu’ils vont scier. Ainsi espèrent-ils que les matériaux transformés ne seront pas reconnus. Jules S. donne un faux nom et se présente ensuite chez M. Thomas qui exerce le même métier que M. Méheut pour lui revendre le larcin.

« Seulement, M. Méheut s’était aperçu du vol et avait alerté ses collègues briochins. Un coup de téléphone de M. Thomas l’avertit qu’un jeune citoyen était au magasin, proposant du plomb. Le plaignant reconnut son bien et alerta la police qui obtint des aveux ».

Le tribunal condamna Jules S. à 25 francs d’amende et acquitta son complice qui n’ayant pas participé à la transaction avait choisi de dire au tribunal qu’il était chez sa mère ce soir-là.  

(D’après l’article de Ouest-Eclair du 12 mars 1937)

 

 

Sources

 

Etat civil, registre des naissances de Lanfains avec mention des deux mariages. Année 1887, vue 116. Archives départementales en ligne, cliquer ici. 

Ouest-Eclair, articles du 30 mars 1926 (accident), 17 juillet 1948 (congrès), 8 juillet 1951 (accident Andrieux), 2 novembre 1951 (vol). 

Ouest-France :  8 juillet 1951, 6 octobre 1958, 22 octobre 1958.

 

Annuaires téléphoniques des Côtes-du-nord 1934 (annonce). Archives départementales.


Recensements 1931 et 1936. Archives départementales.

 

Factures de 1940. Dossier 3L 137. Archives municipales

Facture Presle de 1944. Dossier 3L 147. Archives municipales

 

Deux photos sont extraites de L’illustration économique et financière, supplément au numéro du 18 septembre 1926.

 

Généanet, fiche sur Jean Thomas, cliquer ici 


Registre matricule, cliquer ici


 

L’histoire des chiffonniers du XXe siècle, et de leur manière de trier et de recycler, nous ramène à ce début de XXIe siècle où les concepts d’économie circulaire est d’actualité.

La concentration autrefois de nombreux chiffonniers industriels dans le quartier de Robien trouve aujourd'hui un héritage naturel dans l'engagement de ses habitants à en faire un Eco-Quartier vivant.

 

 

Chiffonniers, fourreurs, marchands de peaux. Quartier de Robien

Repères

 

1920. Chiffonnier : Mennou Albert, 29 boulevard Carnot

 

1932-1936. Fourreurs : La Pelleterie de Bretagne, Jean et Thérèse Thomas, 13 bis rue Jules Ferry

 

1932-1936. Peaux : Eugène Méheut, 33 bis rue Jules Ferry


1932-1936. Peaux : Pradat, 7 boulevard Hoche 

 

1948-1949. Récupération de peaux : Méheut, 81 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry ; Thomas, 21 rue Jules Ferry, Presle rue Luzel

 

1955. Chiffons : Thomas Jean,  21 rue Jules Ferry

 

1955.  Récupération de peaux : Pradat, peaux brutes, 47 rue Jules Ferry

 

1973. Récupération de chiffons et peaux : Méheut E,  35 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry

 

 


 

 


L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...