Quand on parle
de l’octroi, il s’agit du droit octroyé (accordé) aux villes pour lever
certaines taxes, notamment celles perçues à l’entrée des agglomérations sur des
denrées déterminées.
Par la suite le
mot octroi a désigné la taxe elle-même, l’administration chargée de la recevoir
et le local où on s’en acquittait.
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Initiales SB (St Brieuc) sur la maison d'octroi 78 rue Jules Ferry
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L'octroi à Saint-Brieuc
La question de
l’octroi n’est pas récente. Un document très ancien sur les octrois en Bretagne
date de 1579. Dans un mémoire du 21 juillet 1608, la ville de Saint-Brieuc
s’adressa au roi Henri IV pour obtenir l’établissement d’un octroi. En fait, la
ville le pratiquait déjà…Louis XIII accepta officiellement l’établissement d’un
octroi en 1617. Cette taxe constitue alors l’unique ressource dont la ville
dispose alors pour ne plus dépendre
totalement de l’évêque.
En 1743, on
plante des bornes à distance d’un quart de lieue sur les routes allant à Rennes, Moncontour, Quintin, Paimpol et Brest.
Plus tard, le 20 juin 1791, l’Assemblée Nationale
vota la suppression des octrois, considérés comme des taxes injustes. Le Directoire
les fit rétablir sous le nom « d’octrois de bienfaisance ».
En 1833 la ville
de Saint-Brieuc possède dix bureaux d’octroi aux entrées de la ville.
L'octroi, sujet de préoccupation du Conseil municipal de Saint-Brieuc
Le sujet des taxes perçues dans les bureaux d’octroi est un
sujet sur lequel le conseil municipal de Saint-Brieuc se penche régulièrement. En voici des exemples extraits des délibérations du Conseil entre 1850 et 1907 :
Le 23 avril 1850, le conseil municipal de Saint-Brieuc débat
de l’augmentation de la taxe des cidres, des vins, des alcools.
Le 5 juin 1874, dans une délibération du conseil municipal,
il est indiqué que la Mairie va « stimuler le zèle des agents par des
gratifications pour procès verbaux dressés pour fraude nocturne ».
Le 12 février 1892, on trouve une délibération sur la taxe à
percevoir sur les bières, l’octroi sera perçu sur le quart des bières
fabriquées par M. Mathonnet.
Le 17 décembre 1895, on apprend que les règlements et tarifs
seront affichés pour forcer les voitures à marcher au pas devant les bureaux
d’octroi.
Le 14 février 1896, le conseil supprime la taxe sur les
huiles.
Le 7 octobre 1898, augmentation des taxes sur les viandes et
le 17 mars 1899, augmentation des taxes sur les alcools.
Le 19 mai 1899, suppression de la taxe sur l’avoine des chevaux,
par contre les taxes sur le beurre sont maintenues.
Le 10 novembre 1899, les contribuables récoltant de
fourrages adressent une pétition pour ne payer que la moitié de la taxe qui
leur est demandée.
L'octroi dans le quartier de Robien
Ci-dessus, les 4 maisons d'octroi encore visibles dans le quartier de Robien : en haut à gauche, rue abbé Garnier, en haut à droite, rue de Trégueux, en bas à gauche, rue Luzel, en bas à droite rue Jules Ferry
En 1833, en ce qui
concerne le quartier de Robien, le huitième bureau d'octroi, sur les dix que possède la ville, est situé sur le chemin de Ploufragan, un
peu au-delà de la maison du Pré-tison, le neuvième est sur la Grand’route de
Quintin.
En 1863, un autre bureau d'octroi est installé sur la route de Lorient. Ce bureau se trouvait au lieu-dit « la
Croix Hingant », au débouché du chemin d’Yffignac (rue François Ménez) et
de la rue Gourien.
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Plan de 1867, archives municipales 3Fi 303.
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En 1893, construction
d’un bureau sur le terrain de la compagnie des chemins de fer, à l’entrée de la
gare de marchandises, boulevard Carnot.
Le 13 février 1907, le déplacement du bureau d’octroi de la
gare est acté. Sur le plan ci-dessous daté de 1922 on voit la localisation précise du bureau d'octroi dans le boulevard Carnot. Il est situé juste à l'entrée de la gare de marchandise et donne sur le début de la rue Jules Ferry.
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Plan 1922 3F0124 Gare et boulevard Carnot, archives municipales.
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Le 24 mai 1910, le bureau d’octroi du Carpont est en construction.
En 1910, par suite
de l’extension de la ville dans le quartier de Robien, les bureaux du boulevard
Carnot et de la Croix-Mathias ne sont plus en situation de sauvegarder les
intérêts des finances communales. La municipalité de M. Servain (1908-1912) décide de
faire édifier trois nouveaux bureaux à la Croix-Péron (1 rue de Trégueux), au Carpont et au 78 de
la rue Jules Ferry (carrefour de la rue Émile Zola).
La municipalité
de St Brieuc procéda à la suppression de l’octroi le 1er juin 1943.
Les maisons d'octroi dans le quartier de Robien aujourd'hui
Quatre maisons d'octroi sont bien identifiables dans le quartier de Robien à St Brieuc. Celle proche du Pont des Sourds-muets avait déjà fait l'objet d'un article dans le journal Ouest-France, les trois autres étaient moins bien connues.
Rue abbé Garnier
La maison à l'angle de la rue abbé Garnier et de la rue de Trégueux possède un très beau portail en fer forgé avec les initiales SB représentant les initiales de la ville de St Brieuc. On trouve ces mêmes initiales dans le quartier sur le portail de l'octroi de la rue Jules Ferry.
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Maison de l'octroi, bureau de la Croix-Péron, 1 rue de Trégueux, St Brieuc, Photo RF
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Initiales SB. Maison de l'octroi, 1 rue de Trégueux, St Brieuc, Photo RF |
Rue Jules Ferry
Au 78 de la rue Jules Ferry, se dresse la maison de l’octroi.
Cette maison date du début du XXe siècle, vers 1910. Comme pour celle de la rue de Trégueux son portail forgé porte les initiales de la ville de St Brieuc (SB). Au dessus de la fenêtre de droite, le mot OCTROI devrait figurer dans le rectangle.
En 1931, le recensement indique que c'est Maurice Debreux qui est l'employé de l'octroi. Il habite cette maison avec son épouse Anne, leur fils Bernard et leur neveu Georges Fine.
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Maison de l'octroi, 78 rue Jules Ferry, St Brieuc, Photo RF |
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Initiales SB. 78 rue Jules Ferry, St Brieuc, Photo RF |
La photo ci-dessous représente la maison d'octroi de la rue Jules Ferry dans les années 20 ou 30 au moment d'une cavalcade dans le quartier. Le mot OCTROI est bien visible au dessus de la porte. Par contre, il est difficile d'identifier le lieu exact de cette maison. En effet le numéro 27 de la rue Jules Ferry d'aujourd'hui ne correspond pas complètement et le numéro 78 (ci-dessus) n'est pas identique...
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Maison de l'octroi, rue Jules Ferry, années 1920-1930
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Rue abbé Garnier
Au 1 rue Abbé Garnier, juste à côté du Pont des
sourds, se trouve donc cette maison historique du
pavillon de l’octroi.
Cette maison date du XIXe siècle, un
plan de 1863 indique l'emplacement de l'octroi.
En 1901 dans le recensement de la population, on trouve le nom du recenseur de
l’octroi, il s'agit de Lucien de Robichon.
L'octroi de la rue Abbé Garnier a été en service jusqu'au début des années 40.
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Maison de l'octroi, 1 rue abbé Garnier, St Brieuc, Photo RF |
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Maison de l'octroi, localisation, 1 rue abbé Garnier, St Brieuc. 1863 3Fi 220. Archives St Brieuc
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Rue Luzel, le bureau d’octroi du Carpont
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Bureau d'octroi, rue Luzel. Archives départementales
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La photo ci-dessus, des années 40, permet de bien se faire une idée de la place qu'occupait le bureau d'octroi du Carpont en bas de la rue Luzel, au numéro 63.
Le bâtiment n'est pas mis en valeur car il est écrasé par le pont de la voie ferrée, comme on peut le voir encore de nos jours.
C'est une belle construction, sur le modèle des autres octrois de la rue Ferry et de la rue de Trégueux, construits eux aussi en 1910, avec des briques rouges qui soulignent les ouvertures.
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Ancien octroi Rue Luzel. Image Google Earth
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Sources
Article du
journal municipal de Saint-Brieuc, le Griffon, 1968 numéro 9, pages 19, 21, 22,
23, 24 (en ligne sur le site des archives municipales)
Délibérations du Conseil municipal de Saint-Brieuc, 1850 à 1907
Le patrimoine
des communes des Côtes-d’Armor, éditions Flohic.
Archives municipales, plans 1863 et 1867.
Plan 1922 3F0124 Gare et boulevard Carnot, archives municipales
Photo aérienne de la rue Luzel. Fonds Henrard, cote 26 Fi 358. Archives départementales.