vendredi 13 septembre 2024

Richard Waïda (1921-1978), boxeur

Richard Waïda est né le 4 juin 1921 à Duisbourg (Allemagne). Il est connu pour avoir fait carrière dans la boxe dans les années 40.


Famille
Ses parents, Joseph Waïda et Émilie Pauline Kittel sont polonais. Ils se marient en Allemagne en juin 1915 et obtiennent la nationalité française en octobre 1932. Ils ont alors quatre enfants : Rufin, Élisabeth, Richard et Émile (qui sera footballeur à Reims (portrait en cliquant ici). Émile est décédé à saint-Raphaël dans le Var en 2007.

 

Élément du dossier de naturalisation de Joseph Waida, père de Richard Waïda

Le décret de naturalisation de Joseph Waïda  parait au Journal Officiel le 9 octobre 1932.


 Au mois d’août 1944, son frère Rufin est exécuté à Verzenay (près de Reims), Son nom figure sur le monument aux martyrs de la Résistance de Reims. Son histoire est racontée sur le site Le Maitron (cliquer ici)

Rufin Waïda, site Le Maitron


Le parcours de Richard Waïda dans le monde de la boxe

Richard Waïda passe par l’école de boxe de Douai. Il y est au moins jusqu’en 1938/1939.
Il sera aussi élève de Marcel Thil au R.R.C (Ring Régional de Champagne) de Reims (voir la fiche Wikipédia du R.R.C ici).

Le 16 février 1943 L'echo de Nancy nous informe qu'il bat Wirisch aux points.

Le 11 octobre 1943, on apprend dans L'écho du sport que "Waïda (Reims), léger, a été déclaré vainqueur de Bedin (Cloche des Halles) après un match très serré."

Le 21 octobre 1943 Ouest-Eclair relate la demi-finale zone Nord du 23e Challenge de « L’Auto » à Paris. La Bretagne est représentée par cinq des meilleurs boxeurs dont Le Parc et Le Page de Saint-Brieuc. Un journaliste écrit : "En « légers », la victoire remportée sur le champion Waïda par le briochin Le Parc confirme, une fois de plus, la forme actuellement détenue par le poulain de notre ami Roger Le Bert."



Le 2 décembre 1943, il bat Egelthinger aux points à Nancy.

L'Echo de Nancy  dans son édition du 22 février 1944 nous apprend que Richard Waïda est engagé dans le quart de finale du championnat de France pour sa catégorie et qu'il vient de battre Garette aux points.

Richard Waïda devient champion de France de boxe (amateur), catégorie poids légers en mars 1944 en battant le grenoblois Maserati aux points. Ce combat est résumé dans le journal Le radical de Marseille : "Maserati fait d'abord une bonne impression de mobilité et de boxe pure. Mais au deuxième round, il est sévèrement touché. Il va à terre deux fois pour ! et 9 secondes. Le grenoblois se reprend un peu au dernier round mais il est nettement battu par Waïda, robuste et solide battant."

Journal Le Cri du peuple du 6 mars 1944

 
Le Matin 18 mars 1944

 Il passe professionnel en juillet 1944.

Journal Le Petit Parisien du 12 juillet 1944

Le journal L'Auto dans sa une du 13 juillet 1944 retient le nom de Waïda comme celui d'un espoir de la boxe qui devrait percer !


Vie personnelle

Richard Waïda a épousé Christiane Bernadette Poulet à Reims (date du mariage inconnue à ce jour). Ils auront cinq enfants : Michel, Philippe Richard (né en 1952 et décédé en 1975 à Reims, avis publié le 2 août 1975), Claire, Alain et Annie sont tous deux décédés mais leurs dates de naissance et de décès restent inconnues à ce jour.

Richard Waïda est décédé le 3 avril 1978 à Mérinville dans le Loiret. Christiane Waïda, née Poulet, est décédée à Reims en 2023 à l'âge de 96 ans.

 

Retour au sommaire de l'histoire du quartier de Robien ICI

 

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A lire en complément sur ce blog

La boxe à Robien, cliquer ici

 

Sources
Courriers échangés en septembre 2024 avec Fannie Jardon .

Articles de presse

Le radical de Marseille, sur Gallica, ici

L'Auto, 1944, ici

Site Généanet, fiche sur Richard Waïda, cliquer ici

Archives Reims Football, fiche sur Waïda Émile

 

vendredi 6 septembre 2024

L'histoire de la rue François Villon, ex Chemin de la Poudrière à Robien

 

Une rue à la limite du quartier Robien

La rue François Villon n’est pas très connue, elle est située à l’extrémité sud du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Les promeneurs l’aperçoivent sur leur droite quand ils descendent la rue Louis Blanc pour aller à l’étang de Robien. Elle est séparée de la rue Chapelain de la Ville Guérin par une mince bande de terrain.

Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF

Vue aérienne. Rue François Villon et rue Chapelain de la ville Guérin à St Brieuc. 

 

 

La poudrière

Cette rue s'est appelée "chemin de la Poudrière" ou "sentier de la poudrière". Ce nom de "poudrière" vient du fait qu'il y avait un entrepôt de poudre sur le côté droit du chemin, en montant de l'étang. Celui-ci était gardé par des militaires encore au début du siècle. Il fut abandonné par l'armée beaucoup plus tard.
Les habitants des premières maisons du secteur vivaient-elles en sécurité à côté de ce dépôt de munitions? Nous n'avons malheureusement pas de témoins pour en parler !
 
Nous ne savons pas non plus si ce dépôt contenait encore des munitions quand les premières maisons ont été construites...
Quelques maisons sont bâties dans cette rue sur le côté droit en montant. La poudrière se situait plus bas que la première maison. 
 
A l’origine ce terrain était assez plat, le roc le limitait côté nord.
Il faut aussi imaginer que le chemin de la poudrière n’était pas très large et qu’il n’y avait pas cet espace remblayé et aplani pour les besoins de stationnement de l’usine Saint-Brieuc Fonderie.
 
Le chemin donnait à pic sur le ruisseau du Gouëdic et un petit sentier y descendait en partant du sentier de la poudrière comme on le voit sur le plan ci-dessous.
On remarque aussi qu'un mention "Rue à créer" est déjà portée sur le plan à cette époque. Ce sera la rue Chapelain de la Ville Guérin, mais il faudra attendre 1959-1960.
 
Acte de vente avec mention "chemin de la poudrière". Document de Mme Bigot


Cette photo aérienne des années 40 montre bien la présence de la poudrière et du chemin la contournant.

Photo aérienne, années 40. Archives municipales.

 
 
Encore au début des années 60, des témoins oculaires se souviennent de cet édifice qu'ils décrivent comme une sorte de construction simple, en pierres, de taille moyenne (3 mètres de haut) et de forme plutôt cubique. 
 

Le lotissement de la Poudrière 1926

En 1926, Armand Béziers de Lafosse (né en 1894) vend un terrain à M et Mme Lejeune. Constant Lejeune est employé au chemin de fer et habite avec son épouse à Robien, au lieu-dit « Le Coucou ». 
 
Comme l’indique le plan dans l’acte de vente, dans cette « rue », il n’y a que trois parcelles : la maison située le plus en haut de la rue est celle de M. Mesléard, suivie de celle de M. Ernest Roy (la plus grande parcelle).
Ernest Roy possédait une scierie dans le quartier, rue André Gide, avant que M. Aubin la reprenne.
Enfin, la dernière parcelle de 300 m2 est vendue à M. Constant Lejeune. Ces terrains ont la particularité d’être situés sur deux niveaux : un niveau bas, au niveau du chemin de la Poudrière, et un niveau haut qui donne dans ce qui sera plus tard la rue Chapelain de la Ville Guérin. (voir la photo aérienne).
 

Plan avec la mention "chemin de la Poudrière". Document Mme Bigot


Ci-dessous, sur cette partie d'un plan de 1936 concernant le Lotissement de la ferme du Clos à Robien, on distingue un rectangle le long d'un chemin, tout en bas de l'image, c'est la poudrière  !

Plan 1936. Archives départementales 22. Dossier 5M 89.



Un nouveau nom en deux temps !

A la toute fin des années 50, des travaux d'assainissements des eaux sont entrepris par la municipalité dans ce secteur. Le chemin de la Poudrière est aligné et la poudrière détruite. 
Le 5 février 1959, une délibération transforme "le passage du Pont des Villes Moisans vers la Poudière" en lui donnant un nouveau nom : la rue des Villes Moisan.
Malheureusement, dans la même période une autre rue des Villes Moisan venait d'être donnée sur la commune de Ploufragan dans le prolongement de la rue Jules Ferry.
Les confusions étaient incessantes, des personnes se retrouvaient désorientées et au niveau du courrier le problème était insoluble. Edgard Soufflet, qui habitait dans cette rue et en subissait directement des désagréments, souffla à un conseiller municipal du quartier de donner le nom du poète rebelle François Villon.

C'est ce qui fut fait : le 9 avril 1963, une délibération du Conseil municipal, donna le nom de rue François Villon


Le site de la poudrière à l'heure actuelle.

De nos jours la végétation a tout envahi le site de l'ancienne poudrière et en particulier un gros chêne a poussé. La végétation et la terre, visibles aujourd’hui, sont le résultat de l’érosion et de terres des jardins de la rue Chapelain de la Ville Guérin.

Le bas de la rue François Villon à St Brieuc. Photo RF



La rue François Villon aujourd'hui

 
A l’heure actuelle il n’y a que 6 maisons dans cette rue mais seules celles des numéros 2 et 4 sont les maisons des années 20. C’est Mme Bigot, habitante actuelle du numéro 2 de la rue depuis 1991, qui a eu l’amabilité de nous donner connaissance de son acte de vente. Mme Bigot a su tirer admirablement profit de l’emplacement très particulier de sa maison et de son terrain sur deux niveaux. 
 

Maison de Mme Bigot, avant rénovation, 2 Rue François Villon
Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc. Photo RF

Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc, 2 Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF

 

 La plus proche de la rue Jules Ferry porte le numéro 12.

Les maisons aux numéros 10, 8 et 6 sont des maisons mitoyennes anciennes ayant été rénovées dans les années 70-80.

Juste derrière ces maisons se trouvait un groupe de trois baraquements en sapin, couvert de bitume, appartenant à M. Jean Jouy. Il en habitait un et louait les autres. Les bâtiments en péril ont été détruits entre 1980 et 1990.

 

Le saviez-vous ?


Le nom de Béziers Lafosse revient souvent dans l'histoire du quartier de Robien, pas seulement par le nom de la rue mais parce que la famille possédait une grande partie des terrains dans la partie sud de Robien.
Le terrain vendu, dans le cadre de ce petit lotissement de 1926 de la Poudrière, n’est qu’une petite parcelle (numéro 455 de la section D) de ce qui était avant appelé « La ferme du Clos » appartenant à Mme Louis Blaize depuis 1898.
M. Louis Blaize (père de M. Emile Blaize) l’avait acquis le 6 janvier 1857.
 
M. Béziers Lafosse est veuf en premier mariage de Mme Rose Marie Jarnouen de Villatray et en deuxième mariage de Mme Louise Marie Félicité Alexandrine Blaize.
Avec Mme Blaize il a eu deux enfants dont l’un est décédé (c’est le Sergent Béziers Lafosse qui a donné son nom à la rue). L’autre enfant est le vendeur du terrain. Il s’agit de Armand Édouard Hippolyte Béziers Lafosse (né en 1894), docteur en droit, juge honoraire, demeurant Pordic, villa Ker Joseph.
 

Acte de vente. 1926. St Brieuc. Photo RF


Le saviez-vous ?

Au numéro 2, au-dessus de l'ex Poudrière, se trouvait Théodore Bon, Facteur de Robien-sud et voisin d’Ernest Roy.


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Sources

Acte notarié de 1926, vente d'un terrain entre M. Armand Béziers Lafosse et M et Mme Lejeune. Document de Mme Bigot.

Les rues de Saint-Brieuc, leur histoire, leurs curiosités ». 1947, J. B. Illio.

Entretiens avec Mme Bigot, habitante de la maison du 2 rue François Villon.

 

Merci pour ses renseignements très précis à Dominique Soufflet, né en 1952 rue du Pré-Chesnay et arrivé dans cette rue en 1954, au numéro 12. Dominique fait également remarquer des erreurs de Google Earth sur la numérotation comme le numéro 6 après le 26 au croisement de la rue Chapelain et de la rue François Villon.

 

Délibérations du conseil municipal en ligne sur le site des Archives municipales : 5 février 1959 (rue des Villes Moisans), 9 avril 1963 (Rue François Villon).

 

Témoignage de Claudine Rizzo (souvenirs de la poudrière), mai 2020.

Renseignements fournis par Christian Pinçon à propos de son grand-père M. Ernest Roy.

 

 

 

 

jeudi 5 septembre 2024

Histoire de la maison Buffereau, architecte Michel Velly, 28 boulevard Hoche à Saint-Brieuc

Maison Buffereau, 28 boulevard Hoche. Photo RF Janvier 2024

Au numéro 28 du boulevard Hoche, derrière une palissade en bois noir, se cache une maison réalisée par Michel Velly, un architecte briochin des années 1980-1990. Elle est appelée Maison Buffereau, du nom de son propriétaire ; sa construction est de 1986. La première proposition de l'architecte était une construction avec un bardage bois extérieur mais c'était du "déjà vu" et la décision a été rapide : "On refait tout!".

Maison Buffereau, 28 boulevard Hoche. Photo RF 2022

La maison Buffereau a été construite bien en retrait du boulevard, à 15,01 mètres de la voie publique, pourquoi une telle précision ? C'est en fait pour ne pas être soumise aux contraintes des règles de l’urbanisme.


Les extérieurs

On comprend mieux cette volonté de ne pas être soumis à l'obligation de faire une maison "comme les autres" lorsque l'on découvre la façade sud, composée d’un carrelage extérieur blanc à modèle unique de 20 cm sur 20 cm.
La baie vitrée est dans la même proportion que la suite de vitrages rectangulaires.
Les deux terrasse en bois, au nord et au sud, sont constituées de quatre carrés identiques. Celui au sud possède un carré d’eau et celui au nord d’un carré de végétaux.

Extérieurs côté nord, quatre carrés dont un végétalisé. Photo RF janvier 2024

Sur le côté ouest, une butte a été créée pour rattraper la dénivellation entre les deux terrains mitoyens.

Le mur de clôture situé au sud a été volontairement démoli en partie sur le faitage et d’une manière irrégulière. Alors que ce signe extérieur de propriété est quasiment toujours tiré au cordeau, cette option radicale, choisie par l'architecte, est importante à mentionner.

Mur donnant sur le boulevard Hoche.


Et l'intérieur ?

Que se cache-t-il derrière cette énigmatique entrée en chicane qui ne laisse rien paraitre ? La porte d’entrée est à l'abri des regards et protégée des intempéries.

La première impression qui se dégage est le minimalisme. Pas d'accumulation d'objets, peu d'éléments décoratifs mais un ensemble cohérent épuré, en noir et blanc. 

La menuiserie intérieure pour le coin cuisine a été fabriquée par un artisan local, M. Fraboulet de Trévé. Les proportions sont celles d’un carré d’1,80 m sur 1,80 m.

Le salon est éclairé en lumière naturelle par les grandes baies vitrées. La cuisine, et le couloir, sont éclairés par des puits de lumière.

La construction tient compte de la contrainte d'un terrain tout en longueur.

La présence d’un mur aveugle, très haut en mitoyenneté (Établissement éducatif Roc’h Bihan), est également très importante. 

En fonction de ces contraintes, le choix se porte alors sur une enfilade, avec une salle de bain, trois chambres et un coin jeu pour les enfants à l’extrémité du bâtiment au nord.
Cette enfilade de chambres, quasi monastiques, est complétée par une autre enfilade, celle de rangements de plus de vingt mètres de long et soixante centimètres de largeur qui montent  jusqu’au plafond et sont cachés par des tentures.

 

La maison, objet d'étude

Cette maison atypique fait l'objet d'une fiche descriptive dans l'ouvrage Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours, une réalisation de l’École d’architecture de Bretagne.

Les auteurs soulignent l'importance du seuil avec le bassin et le caillebotis en bois suivant une trame précise, de la façade revêtue de carreaux blancs. Ils concluent : "Tout en s'insérant parfaitement au quartier, cette maison tranche radicalement avec la logique résidentielle connue."

Photo extraite de Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours.

La maison Buffereau est également présentée dans l'ouvrage Architectures en Bretagne de Philippe Bonnet-Daniel Le Couédic.



Une autre réalisation de Michel Velly

On retrouve des points de similitudes entre la Maison Buffereau et le projet conçu par Michel Velly pour la mairie du Foeil dans les Côtes d'Armor.

Michel Velly, mairie Le Foeil 1989-1995. Photo crédit Michel Denancé

Michel Velly, mairie Le Foeil 1989-1995. Photo Google Street 2009
Un Prix pour Michel Velly. 7 novembre 1994 Ouest-France


Petite confidence...

Une trame en architecture est un réseau constitué par la répétition d'éléments de dimensions égales, formant une sorte de quadrillage. La trame permet d’exprimer l’unité et la continuité entre espace interne et espace externe, permet d’établir les circulations, l’articulation et l’emboîtement des espaces selon toutes les possibilités. A l’époque où le groupe Supertramp était très à la mode, l’architecte Michel Velly était surnommé Supertrame !

 

L'art du paradoxe

Michel Velly aime manier les paradoxes en architecture comme quand il déclare partir du principe "Moins, c'est plus". C'est ce qui l'animait quand "il a balayé d'un coup de crayon toute fioriture" pour réaliser un vaste ensemble fonctionnel à Yffiniac en 1993.

Michel Velly sur le chantier à Yffiniac. 16 décembre 1993 Ouest-France


Conclusion

Il est assez rare de pouvoir découvrir une maison où l'on ressent une telle cohérence. Tout y est pensé, ordonnancé, réalisé avec soin. Mais cela n'a pas empêché l'évolution de cette habitation au fur et à mesure des années. Nichée à l'abri des regards, le long du boulevard Hoche à Robien avec ses maisons de ville, cette habitation ne s'inscrit pas dans la continuité.

Et le pari est totalement réussi par J.P Buffereau et son architecte qui ont fait le choix d'un geste architectural de rupture.

 

A lire dans ce blog

Maisons contemporaines, maisons d'architectes à Robien, cliquer ici

Abécédaire des architectes à Robien, ici

 

Vos remarques et questions avec le formulaire de contact en haut à droite du blog.

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Sources

Renseignements fournis par Jean-Philippe Buffereau, propriétaire de la maison du 28 boulevard Hoche (visite de la maison en janvier 2024). Un très grand merci pour toutes les précisions apportées ce jour-là à propos de ce véritable concept architectural.

Extrait d'une monographie de la collection de l’Institut français d’Architecture : Gros plan 10 - Michel Velly, édité en 1991. Maison du 28 boulevard Hoche. 

Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours. Analyse du patrimoine architectural et urbain. Réalisation de l’École d’architecture de Bretagne. Janvier 1994. Fiche RE.8.
 

Architectures en Bretagne. Philippe Bonnet-Daniel Le Couédic, éditions Palantines, page 310.

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc et la guerre d'Indochine

 

A peine sortie de la Guerre 39-45, la France se retrouve engagée militairement en Indochine à partir de 1946. Le guerre durera jusqu'en 1954 pour les Français, avant d'être continuée par les américains jusqu'en 1975.

Des habitants du quartier de Robien ont fait cette guerre, certains y sont morts...

 

Cet article s'attache uniquement à retrouver, à l'aide de la presse locale de l'époque et de témoignages, comment les habitants du quartier ont pu être concernés par cette guerre.


 

Ceux de Robien revenus d’Indochine

 

Dans son roman Chino au Jardin, Christian Prigent évoque ces anciens d’Indochine, comme Jean Courtray, l’ex para ouvrant son album de photos souvenirs et racontant Dien-Bien-Phu au printemps 54. Des histoires qui impressionnent et marquent l’imaginaire d’un enfant… Les tunnels, les bambous, l’hévéa, les rizières, Saïgon, Bigeard...

Et qu’a-t-il rapporté ce voisin de cette expédition militaire ? « L’avis de décès de l’empire français, le coup de mou sous sa forme chronique […] ».


Après la guerre, les retours sont difficiles...

 


 

Le quartier de Robien touché par la mort de jeunes soldats en Indochine. 

 

Trois jeunes, ayant des attaches avec le quartier, ne reviendront pas vivants de cette guerre d'Indochine. Il s'agit de Jean Vigneron, Georges Allenic et Jean Strobel.

 


Jean Vigneron

Le décès de Jean Vigneron le 15 janvier 1947 est annoncé tardivement dans l'édition de Ouest-France du 4 mars 1947. 

 

Jean Vigneron O.F 1950

 

Jean Vigneron est né le 28 mars 1925 à Paris. Il est le fils de François Vigneron (président du comité des Fêtes de Robien en 1949) et de Jeanne Thuret, domiciliés 10 rue Louis Blanc dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. 

Jean Vigneron était titulaire de la Croix de guerre et avait été proposé pour la médaille militaire.

Jean Vigneron était engagé en Indochine avec le 4e Régiment de Marche du Tchad (4e RMT) déployé en Indochine de 1945 à 1947.

Insigne du RMT


Une messe d'enterrement est célébrée en mars 1947 par l'abbé Vincent, assisté des abbés Carlo et Quéro, en l'église de Robien, à la mémoire du caporal-chef Jean Vigneron, tué par balle à Hanoï dans sa vingt-et-unième année.

 

"Des drapeaux de l'Union Nationale des Combattants et des prisonniers de guerre 39-40 rendaient les honneurs autour du catafalque".


4 mars 1947 Ouest-France

 

Ce n'est qu'en mars 1950 que la dépouille mortelle de Jean Vigneron est rapatriée d'Indochine. Une cérémonie religieuse se déroule à l'église Sainte-Anne-de-Robien le 6 mars 1950 avant l'inhumation au cimetière Saint-Michel. Un détachement de l'armée rend les honneurs, sous les ordres d'un ancien camarade de Jean Vigneron au 4e R.M.T, le sergent-chef Corlay.

 

 

Robert Guillermic
 

Robert Guillermic est né le 19 juin 1923 à Pontivy, dans le Morbihan.
En mai 1951, une cérémonie funèbre se déroule en l'église Sainte-Anne-de-Robien à la mémoire du sergent-chef Robert Guillermic, mort pour la France auprès de la ville de Hué au Vietnam, le 12 avril 1951, il avait 27 ans. Il combattait au sein du 21e Régiment d’Infanterie coloniale (21e RIC) et fut tué par l’explosion d’une mine.

Insigne du 21e RIC

Dans son édition du 2 mai 1951, Ouest-France rappelle l’engagement de Robert Guillermic comme résistant : « Guillermic avait en somme la vocation de l’héroïsme et du sacrifice puisque, après avoir accompli brillamment son devoir pendant la Résistance dans le maquis de Josselin et de Saint-Marcel (Morbihan), il est allé au devant d’une mort glorieuse sur la terre indochinoise ».
L’absoute a été donnée par l’abbé Lemordan, recteur de la paroisse, « devant une foule considérable. Ce fut un émouvant hommage en souvenir du disparu et un témoignage de sympathie et d’estime unanimes à l’adresse de la famille. » De nombreuses personnalités assistaient à la cérémonie.

 


Sources : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 278826 (Résistance), base des morts pour la France en Indochine, Fiche Généafrance ici, Ouest-France 2 mai 1951.

 

Georges Allenic

En octobre 1954, un service solennel est célébré en l'église de Robien à la mémoire du sergent Georges Allenic, fils de M. Allenic, président des gendarmes retraités.

Georges Allenic était né le 11 mai 1931 à Thiron (Eure-et-Loir). Il est le fils de Lucien Allenic, gendarme, et de Marguerite Lhermenier, domiciliés 76 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc

 

Lucien Allenic. Photo Hervé Bertrand


Georges est attiré par l'armée et à 18 ans, il rentre au centre de perfectionnement de l’École Militaire préparatoire d'Autun. Il rejoint le 7e Régiment de Tirailleurs Algériens (7e RTA). A 21 ans, il est volontaire pour l'Indochine où il est blessé en opération. 

Le 15 décembre 1953, son régiment est désigné pour aller sur Dien-Bien-Phu. pour son courage au combat, la Médaille militaire lui est attribuée. Le 7 mai 1954, il s'évade après la chute du camp retranché de Dien-Bien-Phu mais, huit jours plus tard, il est repris et fait prisonnier. Il fait partie d'un groupe de prisonniers qui, pendant trois mois, se dirigent vers la Chine. Après 700 kilomètres de marche, dans des conditions éprouvantes, il arrive dans le nord du Tonkin, au Camp 42, où il décède.

Officiellement, il est mentionné que Georges Allenic est décédé en Indochine "des suites d'une maladie contractée en captivité à Dien-Bien-Phu".

 

Le fanion de la Légion Étrangère rendait les honneurs. De nombreuses personnalités civiles, militaires et religieuses étaient présentes. On notait aussi une délégation des enfants de l'école des religieuses.

 

Le sergent Georges Allenic


Pour honorer sa mémoire, il est choisi comme parrain de la 125e Promotion de l’École nationale des Sous-officiers de Saint-Maixent (6/10/1987- 11/04/1988). Un insigne a été confectionné à cette occasion.

 

Insigne de la 125e promotion St Maixent



16 octobre 1954. Ouest-France




Jean Strobel

Au cours du service à la mémoire du sergent-chef Allenic, le recteur de la paroisse de Robien annonce que le sergent Jean Strobel est mort en captivité au mois de juillet 1954 à Dien-Bien-Phu en Indochine.

Jean Strobel est né le 13 avril 1929 à La Courneuve (75). Il était engagé avec son régiment le  

 

Diaporama à retrouver sur le site de l'amicale du 8e BCP (ici)
 

 

Le 8e BPC participe à l'Opération Castor en novembre 1953, prélude à la bataille de Dien-Bien Phu qui sera déclenchée le 13 mars 1954. Le 7 mai les troupes se rendent et presque tous les membres du régiment décèderont en captivité.

Insigne 8e BCP

Jean Strobel est le gendre de Mme Chauvin qui habite au 51 de la rue Jules Ferry. Le sergent Strobel, alors caporal-chef au 1er B.C.C.P à Charner avait épousé Éliane Chauvin, de Robien en juin 1952 et était parti un mois après en Indochine.


 
16 octobre 1954. Ouest-France


En septembre 1948, le décès d'un autre jeune homme va toucher le quartier de Robien. Il s'agit de Damien Joaquin, de la Ville Ginglin, fils de M. Auguste Joaquin, contremaitre à l'entreprise de bâtiment Rideau du quartier de Robien. Damien Joaquin était sergent-aviateur mécanicien. Il devait venir en permission pour se fiancer à Saint-Brieuc.

 

 

Saint-Brieuc et la Guerre d'Indochine

 

28 juin 1952 Ouest-France
 

Au mois de juin 1952, le bataillon des parachutistes, basé à la caserne Charner, est sur le point de partir en Indochine. M. de Chevigné, secrétaire d’État à la Guerre, passe les troupes en revue accompagné des officiers d'Etat Major, avant de repartir l'après-midi à Paris en avion.

Le bataillon de parachutistes est placé sous les ordres du commandant Bigeard.

La présence de Marcel Bigeard à Saint-Brieuc n'est pas un fait très connu. Pourtant, Marcel Bigeard est affecté le 1er février 1948 au 3e bataillon colonial de commandos parachutistes, sous les ordres du commandant Ayrolles, à Saint-Brieuc. Il prend le commandement du groupement de commandos parachutistes n° 2.

Après des campagnes en Indochine de novembre 48 à novembre 1950 au printemps 1951 et un passage à Vannes, M. Bigeard,  il revient à Saint-Brieuc en septembre 1951, comme Commandant puis Chef de bataillon en janvier 1952 à la tête du 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux (B.P.C).

M. Bigeard débarque à Haïphong à la tête du 6e B.P.C, le 28 juillet 1952, pour son troisième séjour en Indochine où il restera jusqu'au 25 septembre 1954, après quatre mois de détention suite à la chute du camp de Dien-Bien-Phu.

 

 

Défilé des troupes à la caserne Charner. Saint-Brieuc 28 juin 1952 Ouest-France

De nos jours, sur l'Esplanade Georges Pompidou à Saint-Brieuc, à l'emplacement de l'ancienne Caserne Charner, on trouve une stèle à la mémoire des bataillons de parachutistes basés à Saint-Brieuc.


Esplanade Georges Pompidou. Photo RF 2022

 

En Mai 1956, une cérémonie patriotique se déroule à Saint-Brieuc " A la mémoire de ceux de Dien-Bien-Phu".

 

7 mai 1956. Ouest-France
 

Un office religieux est célébré en l'église Saint-Michel à la mémoire des anciens de la Légion étrangère et de Dien-Bien-Phu. La messe est dite par le chanoine Auffray, curé de la paroisse, accompagné de l'abbé Levitaux, du Révérend-Père Radenac, ancien missionnaire en Chine et de la chorale Saint-Michel. A l'issue de la cérémonie, les autorités civiles et militaires se rendent sur les tombes des soldats inhumés au cimetière Saint-Michel.
 

 

Dans le quartier de Robien, d'autres voix se font entendre au moment de la guerre d'Indochine, il s'agit de celles des militants communistes qui critiquent l'engagement de la France.

C'est ce que nous allons voir dans cette deuxième partie.

 

 

Les opposants à la Guerre d'Indochine.

"Le Pont Henri Martin"


Le Parti communiste était très actif dans le quartier de Robien après la Seconde guerre mondiale. Son opposition à la guerre en Indochine s'est manifestée très tôt.

Le quartier de Robien en garde une trace que l'on peut découvrir sur le pont qui passe au-dessus de la route, dans le bas de la rue Luzel.

Vers 1965, Francine Gicquel reprend le bistrot au 65 rue Luzel, un peu après le petit pont de chemin de fer qui passe au dessus de la route. Roger Gicquel, le fils de la maison se souvient : "Quand les gens parlaient du bar de mes parents, on disait "Le bar des deux Ponts" et au début des années 50 sur le pont, c'était écrit avec du goudron "Pont Henri Martin" du nom d'un militant communiste, opposé à la Guerre d'Indochine".

Il faut croire que la peinture était d'excellente qualité car on voit encore ces inscriptions peintes en rouge des deux côtés du pont !

 

Dans le bas de la rue Luzel à Saint-Brieuc. Photo RF

 


 

Les combattants de la liberté. 1950

 

Une autre affaire concerne des habitants du quartier de Robien, il s'agit de la manifestation qui est organisée en gare de Saint-Brieuc le 11 mai 1950 pour s’opposer au départ d'un train de messageries, transportant trois canons du cuirassé Richelieu en partance pour la Guerre d'Indochine.

Deux cent personnes participent à l’action mais une dizaine est identifiée sur le moment par le commissaire de police. Dans ce groupe figure Jean Le Bars, un habitant de Robien, militant communiste et syndicaliste chez les cheminots. Il est le deuxième personnage sur la gauche de la photo, avec un long manteau, il était amputé de la jambe droite. (voir ci-dessous).


Les douze inculpés sont accusés d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État.

Ils sont arrêtés puis dix sont transférés à Paris et internés au Cherche-Midi pendant plusieurs mois. 

Emprisonné à la prison du Cherche-Midi comme neuf autres camarades dont trois femmes, Jean Le Bars est hospitalisé en novembre 1950 à l’hôpital central de Fresnes, puis remis en liberté provisoire, le 30 novembre 1950. 

 

En parallèle, la solidarité s'organise et l'affaire des combattants de la Paix a un certain retentissement sur le plan national. 

Les familles des emprisonnés de Saint-Brieuc sont invitées à la Fête de l'Humanité en 1950. Elles posent en photo sous un portrait géant de Staline...


L'Aube nouvelle. Archives départementales en ligne. JP 152

Les « Dix combattants de la paix de Saint-Brieuc » sont accueillis en héros à Saint-Brieuc les 3 et 5 décembre. 

 

Le procès commence le 22 janvier 1951 et le 26 janvier, le journal Ouest-France titre en première page sur ce procès.

 

26 janvier 1951 Ouest-France

 

Le journal développe un long compte-rendu dont voici des extraits :

 

"Lors du procès, successivement le président interroge les autres inculpés et pose à peu près les mêmes questions : «Avez-vous obéi à un mot d ’ordre ? ». « Vous êtes-vous intentionnellement placé devant la locomotive? ». « Avez-vous constaté des sabotages sur le convoi ? ». « Avez-vous chanté la Marseillaise ? ».

A toutes ces questions, les inculpés briochins répondent qu'ils ont eu simplement, spontanément, l’intention de manifester contre la guerre.

Les avocats de la défense insistent sur le fait que les manifestants ne pouvaient s’opposer à la marche du train puisque celui-ci devait stationner en gare de Saint-Brieuc plus d'une heure lorsque la manifestation a éclaté.

 

Seul Jean Le Bars reconnaît avoir désiré retarder le départ du train.

Les inculpés estiment que s'ils ont été les seuls arrêtés sur environ 200 manifestants, c’est en raison de leur appartenance à des «partis démocratiques » ou de leurs fonctions dans les syndicats.

M. Lejeune, résistant notoire et secrétaire de la Fédération départementale du Parti communiste, n’a pas été arrêté en même temps que ses camarades. Il se présente spontanément, devant le tribunal. Il déclare que, bien que recherché par la police, il ne s'est pas rendu à ses convocations pour demeurer libre et essayer de faire libérer ses compagnons".

 

28 janvier 1951. La Champagne, journal du PCF. .

 

Finalement, après un procès qui durera du 22 janvier au 4 février 1951, ces militants seront relaxés

 

 

Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.

 

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Sources

 

Site Mémoire des Hommes, Jean Vigneron, cliquer ici

 

Article Wikipédia sur le 4e Régiment de Marche du Tchad (4e RMT) dans lequel servait Jean Vigneron, cliquer ici.

 

MémorialGenweb, Jean Vigneron, cliquer ici 

 

Site Mémoire des Hommes, Georges Allenic, cliquer ici

 

Site Généanet, Georges Allenic, fiche de Hervé Bertrand (avec photo de Lucien Allenic), cliquer ici

 

MémorialGenweb, Georges Allenic, ici 

 

Site Mémoire des Hommes, Jean Strobel, cliquer ici

 

Histoire de l'amicale du

 

Ouest-France, 4 mars 1947, 6 mars 1950 (Vigneron), 16 octobre 1954. 


Chino au Jardin, Christian Prigent, éditions P.O.L 2021


L'histoire du Parti Communiste à Robien, cliquer ici

Correspondance en septembre 2024 avec Dominique Soufflet pour l'identification  de Jean Le Bars sur la photo, une physionomie proche de la personne qu'il voyait passer deux fois par jour devant la maison de ses parents rue François Villon. 

 

 



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