La nécessaire construction de l'école Hoche
Au milieu des années 1930, la décision de construire une nouvelle école dans le quartier de Robien procède d’une analyse détaillée des effectifs
scolaires.
La situation est exposée au Conseil municipal le 13 juillet 1936 : l’école publique de
garçons de Robien « Ecole Guébriant » qui comptait 188
élèves en 1927-1928 passe à 197 en 1930 et 287 élèves en 1936.
Depuis la création de l’école, le nombre de classes est passé
à 5 mais s’est révélé insuffisant et il est devenu nécessaire d’installer une
classe de garçons dans la salle des fêtes de l’école des Filles pour pouvoir y
installer un maître supplémentaire.
En 1936, la situation est la suivante : 287 garçons, 6
classes, soit 48 élèves par classe. Le directeur annonce 300 élèves à la
rentrée prochaine.
La population du quartier ne va cesser d’augmenter avec les nouveaux
lotissements en cours. La municipalité table sur 400 élèves à l’école des
garçons dans un avenir proche.
Du côté de l’école des filles, l’effectif est passé de 259 en 1929 à 336 en
1932-1933. Il faut donc prévoir une dizaine de classes de filles.
Suite à la création de l’Ecole libre de filles, le nombre
des élèves est tombé à 315 puis est revenu à 336 en 1935 pour 7 classes, soit
48 élèves par classe. La municipalité a dû pour les filles, aménager une classe
dans la partie non occupée de la salle des fêtes.
En retirant les garçons du groupe scolaire actuel de
Guébriant, les locaux seraient très vite occupés par les classes de filles.
L'achat des terrains. 1936-1937
Ayant procédé à une analyse complète de la situation scolaire dans le quartier de Robien, le 13 juillet 1936, la municipalité s’engage dans
l’acquisition d’un terrain de 6000 mètres carrés appartenant à Monsieur Sébert,
et situé entre le boulevard Hoche et le sentier d’Yffiniac (qui deviendra la
rue François Ménez).
Le 23 avril 1937, la Ville complète ses acquisitions de terrains
en vue de la construction d’une nouvelle école. Elle achète un terrain attenant
à celui de M. Sébert, de 427 mètres carrés à M. Louis Feurgard, propriétaire, 7
rue Jules Ferry.
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Le Républicain. Mai 1937
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La guerre vient ruiner le projet. 1939
Malheureusement, la guerre 39-45 va tout bouleverser...
Le 8 septembre 1939, le Maire de Saint-Brieuc se voit obligé
de changer son projet de construction d’une nouvelle école boulevard Hoche. Il
en donne lui-même l’explication devant le Conseil municipal :
« L’afflux
de population scolaire provoquée par l’arrivée de nombreuses familles repliées
des régions frontalières et parisienne, et la réquisition par le service de
santé militaire des groupes scolaires Guébriant et Carnot, nous oblige à
prévoir d’urgence la construction de locaux supplémentaires pour nos
écoles. »
Un bâtiment en bois, pouvant servir de salle de classe, doit être
construit boulevard Hoche,« dans les plus brefs délais ».
Le 15 septembre 1939, la Ville engage
la Société Armoricaine d’Importation de bois du Nord dont les usines sont au
Légué, à construire une construction démontable, montée sur dés en béton. Le
bâtiment sera identique à la construction fournie par la même société pour le
bâtiment scolaire de la Ville Ginglin. Il comprendra trois vestiaires et trois
classes, le tout pour 180 m2. De l’Isover sera fixé entre les panneaux
extérieurs (passés à l’huile de lin) et les panneaux de doublage. La couverture
est en plaques ondulées.
Chacune des classes sera pourvue
d’un conduit de fumée en tuyau de fibro-ciment.
L’achèvement des travaux est fixé au 15 décembre 1939.
Les enfants des écoles publique de Robien pendant la Seconde Guerre mondiale
Les écoles du groupe Guébriant-Carnot sont réquisitionnées pour les besoins de
l’armée au début de la guerre 39-45.
Monsieur
Saindrenan est le directeur de l’école Guébriant pendant cette période.
Le
Conseil municipal fait le point le 15 mars 1940 sur toutes les mesures
qu’il a fallu prendre d’urgence.
La recherche de locaux de remplacement pour
recevoir les élèves du quartier de Robien a concentré toutes les attentions. La
municipalité a utilisé au maximum les locaux des écoles les plus proches mais
elle a dû se résoudre, à partir du 1er octobre 1939, à installer des
classes dans des locaux privés qui ne sont pas vraiment adaptés.
Ainsi une
classe s’est retrouvée maintenant dans les bureaux des Huiles Shell, rue Émile
Zola, une autre dans une dépendance du Café du Bon Coin, rue de Robien !
Rue Émile Zola le loyer payé par la mairie sera de 1500 francs pour l’année. De
son côté, M Le Bras, propriétaire du Bon Coin qui garantit la location d’une
grande pièce cimentée à usage de garage, avec un petit terrain vague devant le
local et accepte la somme de 1200 francs pour l’année.
Après six mois d’occupation, les locaux seront rendus à la
ville à partir du 31 mars 1940.
Les ennuis ne sont pas terminés…
Les écoles du quartier sont réquisitionnées par les troupes
d’occupation. La cantine ne peut plus fonctionner. Le service départemental des
réfugiés met alors à la disposition du matériel de cuisine au service de la
Ville. D’autre part, la Ville est autorisée par le service départemental des
réquisitions à occuper trois baraquements édifiés par ce service sur la Place
de Robien. Ils ont été aménagés pour un usage scolaire et fonctionnent depuis
le 1er octobre 1941.
Les écoles juste après-guerre
Guy Flageul est né en 1939, il se souvient de ses premiers
pas à l’école Guébriant et Hoche après 1945 :
« On
commençait à l’école Guébriant au début du primaire.
Mais après, on allait à
Hoche dans des baraquements provisoires, ce n’était pas des classes en dur.
Enfin, quand on était à l’âge du Certificat d’Études, on
retournait à Guébriant ».
Le projet est relancé. 1951
Le 9 juillet 1951, un projet de construction d’une école
primaire de garçons, boulevard Hoche, est présenté au Conseil municipal.
Le projet comprend 12 classes avec galeries, vestiaires,
lavabos ; une cour de récréation avec préau couvert et toilettes, une
grande salle commune pour les enseignements, péri et post-scolaires ; un
atelier de travail manuel ; une salle de sciences ; une salle de
dessin ; un réfectoire, un plateau d’éducation physique ; un appartement
de cinq pièces pour le directeur, un bureau de direction et une salle d’attente
pour les parents d’élèves, un logement pour le concierge de trois pièces avec
un réduit pour le rangement du matériel ; un abri à vélos.
L’entrée principale se fera par le boulevard Hoche mais une deuxième
entrée sera possible « du côté du chemin d’Yffiniac » (rue François
Ménez).
Le terrain étant déjà occupé par « une école en bois de
3 classes, un préau et des WC », les classes devront continuer de
fonctionner pendant les travaux.
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Ecole Hoche à St Brieuc, photo aérienne Musée de Bretagne.1971
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Les bâtiments seront construits en maçonnerie de moellons de
granit pu grès de la région, béton et béton armé, et les toitures seront en
ardoises.
Il est aussi signalé que les cheminées d’usine (Forges-et-Laminoirs) se trouvent à
proximité, côté ouest et que les vents chargés de pluie sont d’Ouest,
Sud-Ouest (voir sur la photo ci-dessus, en bas à droite, la cheminée des forges).
Trois architectes de Saint-Brieuc ont concouru (Le Saux, Le
Breton et Rolland), mais le gagnant du concours ouvert pour cette construction
de l’école Hoche est M. Guillou, architecte à Vannes. La décision est rendue au
conseil municipal du 31 mars 1952.
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Vue de l'entrée de l'école Hoche. Photo RF 2020
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Les filles et l'école maternelle restent rue Guébriant. Années 50 et 60
La première rentrée
de l’école Hoche ne se déroulera qu'en
septembre 1956 mais c'est une rentrée où les
classes maternelles et l’école des filles ne
déménagent pas dans la nouvelle école du boulevard Hoche, exclusivement une école de garçons (pour preuve la photo ci-dessous !).
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Classe de l'Ecole Hoche en 1959. Photo sur le site Copains d'avant.
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Les plus
grandes filles des classes de Cours Moyen rentrent
par le boulevard Carnot tandis que les maternelles, CP, CE1 rentrent par
la rue
Guébriant.
Ce n'est qu'au moment de la mixité dans les écoles que les filles rejoindront alors les garçons à l'école Hoche.
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Les écoles du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Google Map
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Ouest-France dans son édition du 19 décembre 1956 rend
compte du tour de Saint-Brieuc, en onze étapes, réalisé par le préfet des Côtes-du-Nord, accompagné par M. Victor
Rault, maire de la Ville ; M. Mazier, député et différentes personnalités.
Dans ces onze étapes, plusieurs menaient à Robien, un quartier en pleine
transformation avec tout d’abord l’école Hoche :
« Commencée en 1953,
l’école du boulevard Hoche est en cours d’achèvement. Les classes sont
d’ailleurs ouvertes comme purent le constater les personnalités auxquelles le
directeur, M. Le Bihan, fit les honneurs des lieux.
L’école du boulevard Hoche allie le bon goût au progrès de
la technique.
A l’entrée, près du logement du concierge, un gymnase
prolongé par la cantine. Une cloison mobile permettra de disposer
éventuellement d’une grande Salle des Fêtes. Partout de larges baies sur des
classes équipées d’un matériel moderne. L’école une fois terminée reviendra à
80 millions dont 70% à la charge du ministère ».
Les visiteurs se sont aussi attardés longuement dans la classe de Perfectionnement dirigée par M. Chartier.
L'article signale également que M. Pelerin de l’École des Beaux-Arts de Rennes est l'auteur des motifs décoratifs qui ornent l'entrée de l'école.
Signalons enfin que l'école Hoche accueille des élèves instituteurs, c'est ce qu'on appelle "Une école d'application". Et c'est le seul groupe scolaire qui possède, à l'époque, son propre gymnase.
Portrait : Louis Le Garlantézec
En 1967, Louis Le Garlantézec prend la direction de l'école Hoche. C'est une personnalité engagée dans la vie publique (syndicaliste, maire de Plougrescant de 1977 à 1983)
Il est nommé dans l'ordre des Palmes académiques, chevalier en 1957 puis Officier en 1962 avant d'obtenir la Médaille d'Argent de l’Éducation nationale en 1968.
Il prit sa retraite en 1970 en quittant son poste de direction à Hoche.
Biographie complète sur le site Le Maitron en cliquant ici
L'attachement à l'école
Les
parents sont attachés à leur école et sont impliqués dans la vie de ces
établissements scolaires. Ils se regroupent au sein d'associations, comme en 1959 au sein de l'école Hoche. Mais les parents des écoles Hoche et Guébriant sont toujours restés très proches et engagés dans des actions communes.
Les anciens élèves ne sont pas en reste sur ce qui est de l'attachement à leur école; pour preuve, plus de 200 anciens élèves sont inscrits de nos jours sur le Site Copain d'Avant pour l'école Hoche.
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1959. Création de l'association des parents d'élèves de l'école Hoche. Journal officiel
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L'école Hoche années 80-90
La question qui préoccupe les écoles a toujours été les effectifs et l'école Hoche n' échappe pas à cette règle.
Dans un article du 4 septembre 1997, le journal Ouest-France fait le point avec la directrice sur ce qui s'est passé entre les années 80 et la fin des années 90.
Le quartier de Robien se redresse, après avoir subi une lourde perte de population et un vieillissement. Des résidences sont construites et ainsi que de petits lotissements.
Traduction tangible du rajeunissement
du quartier : l'augmentation des effectifs de l'école Hoche. "En 1979, il y
avait plus de 250 élèves, commente Monique Tardivel, directrice de l'école,
après une forte baisse dans les années 80, le nombre de nos élèves s'accroît à
nouveau chaque année, jusqu'à créer un nouveau poste il y a deux ans. »
La
rentrée 1997 confirme cette augmentation qui va a contrario de la tendance
générale. " Le quartier se met à bouger, les parents d'élèves se connaissent et
s'impliquent dans les associations. Il y a à nouveau une véritable ambiance de
proximité. » L'école fait elle aussi preuve de dynamique, comme en témoigne ses
nombreux projets, notamment en 1997-1998 celui d'une exposition sur "L'école autrefois",
qui sera réalisée grâce à la découverte de matériel scolaire ancien conservé dans la
cave.
Des articles d'archives, en noir et blanc !
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Les élèves de Hoche récompensés. 1993 Ouest-France
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Les
élèves de l'école Hoche avait du flair en travaillant en 1993 sur le
"Choléra-morbus", pas si loin que ça du "Corona-virus" !
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16 octobre 2001. Les parents des écoles Hoche et Guébriant réunis pour des actions communes. Photo Ouest-France
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9 novembre 2002. Les parents des écoles Hoche et Guébriant réunis pour des actions communes.Photo Ouest-France |
Cet article est très loin de retracer toute l'histoire de l'école Hoche dans le quartier de Robien.
Si
vous avez des commentaires ou des documents à partager sur l'histoire
de l'école, merci d'utiliser le formulaire de
contact en haut de page.
A lire également sur ce blog
L'histoire de l'école Guébriant, cliquer ici
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Sources
Délibérations du Conseil municipal. 17-7-1936, 23-04-1936, 17-06-1937, 1-07-1937, 9-09-1938, 7-05-1951, 9-07-1951, 31-03-1952. Archives municipales
Délibérations du Conseil municipal du 15 mars 1940 et 6 septembre 1943.
Création d'association de parents d'élèves. 1959 et 2003. Journal officiel
Articles de Ouest-France : 19 décembre 1956, 1989, 28 novembre 1990, 1993...
J.B Illio, Histoire de Saint-Brieuc, 1931
Site Copain d'avant, Ecole Hoche, cliquer ici
Notice complète du directeur Louis Le Garlantézec, cliquer ici