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Les réservoirs de nos jours à Berrien. Photo RF janvier 2025 |
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la ville de Saint-Brieuc était presque essentiellement alimentée en eau potable par des sources. Onze puits publics et quatre cents puits privés fournissent le reste.
En 1862, un premier réseau de distribution est créé dans Saint-Brieuc à partir de deux réservoirs situés boulevard Charner où se trouve "La Fontaine Saint-Quay". Le réseau mesure alors 640 mètres et sera prolongé en 1864 jusqu'à une borne fontaine rue de Gouédic.
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Une borne fontaine |
Et en 1893, M. Mazelier, ingénieur, établit les plans définitifs de ce projet dont les canalisations font déjà plus de six kilomètres.(D'après un article de Ouest-France du 5 mars 1957)
En 1895 l'alimentation en potable est assurée en ville avec le réservoir de Château-Bily à Plaintel
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1896, registre du conseil municipa |
En 1922, on décide le pompage des eaux du Gouet dans le barrage de Saint-Barthélémy pour répondre à l’accroissement des besoins.
A
l'approche du XXe siècle, les différentes équipes municipales vont
prendre en charge ce dossier de l'eau mais ce long travail ne se fera pas en un jour
et aura tendance à s'étaler dans le temps à cause des aléas de l'histoire (guerre 14-18, crise économique de 1929, guerre 39-45...). La municipalité s'attachera à faire avancer le dossier des lavoirs publics pour les habitants des différents quartiers, par exemple à La Beauchée en 1927, aux Villages et à Cesson en 1933, à La Tullaye en 1933, au pont Chapet en 1949 etc.
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1928. Installation de canalisations à Saint-Brieuc. Archives municipales 6Fi871 |
Après 1945
En 1941, le service des eaux de Saint-Brieuc compte 98 kilomètres de conduites et 4 420 abonnés. Après-guerre, d'autres travaux sont entrepris. Et alors qu'une délibération avait été prise le 31 janvier 1952, sans effet, il faut attendre le mois de mai 1954 pour que le conseil municipal décide d’étendre l’adduction d’eau pour des quartiers qui n'en bénéficiaient pas encore pour différentes parties d'autres quartier, comme Robien, qui étaient encore mal desservies.
Dans l'édition de Ouest-France du 14 mai 1954, le 1er adjoint M. Mazier intervient sur ce sujet : "...Il s'agit de travaux importants dont la première tranche, la construction du réservoir de Berrien et la pose de canalisations pour desservir Les Villages, représente 125 millions...On pense que les travaux pourront commencer avant la fin de l'année. Il y a là une nouvelle qui ne peut que réjouir la population."
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Les réservoirs sur les hauteurs de Berrien dans le quartier des Villages. |
En décembre 1956, différentes personnalités se rendent sur le terrain aux Villages pour constater l'avancée du chantier d'adduction d'eau.
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Photo Ouest-France décembre 1956 |
Le 6 mars 1957, Ouest-France publie un article conséquent avec des photos et une carte pour expliquer comment la construction des réservoirs de Berrien va changer la vie quotidienne de nombreux habitants de Saint-Brieuc.
Le problème est simple : "Les quelque 100 kilomètres de tuyaux et la station de Château-Bily commencent à devenir trop modestes pour une ville comme Saint-Brieuc en pleine croissance... Le facteur principal de ce réseau reposera sur la construction de réservoirs sur le plateau de Berrien, derrière Les Villages".Dans une première phase, l'eau passera par la station de purification et de stérilisation de Château-Bily pour être ensuite refoulée dans deux réservoirs de six mille mètres cubes, construits au point le plus haut, à Berrien (cote 132). Dans une seconde phase deux autres cuves identiques seront construites à Berrien.
Les grands travaux commencent sur le plateau de Berrien où l'entreprise Limousin de Paris est au travail. "Son personnel spécialisé, aidé par la main-d'oeuvre locale, prépare les fondations des deux premiers réservoirs... De son côté l'entreprise Boudin-et-Chaussé, de Nantes, poursuit la pose des conduites en fonte de 60 cm de section qui alimenteront la ville Les ouvriers qui utilisent un matériel moderne, entièrement mécanisé, défoncent la Route Nationale 12 entre Saint-Brieuc et Les Villages. La circulation a dû être réglementée, le sens Guingamp-Saint-Brieuc est dévié par la route de l'aérodrome...Les briochins ne sont pas mieux servis que leurs voisins des Villages. Dans toutes les rues du Centre-ville les tuyauteries doivent être renforcées et doublées par des conduites de 30 cm."
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Sur la route des Villages, les travaux sont importants. 1958 |
Dans l'édition du 7 janvier 1958, on suit l'avancée des travaux mais aussi l'état d'esprit dans lequel on se trouve à cette époque où les questions climatiques sont déjà une préoccupation importante :
"La sécheresse de juillet 1957 avait ménagé une surprise désagréable aux briochins : coupures d’eau, baisse de pression, menaces encore plus graves qu’une pluie providentielle avait enfin écartée. Si la ménagère n’avait pas prêté la veille une attention suffisante à son journal et, si au saut du lit, elle n’avait pas pris soin de remplir sa lessiveuse, elle risquait non seulement de ne pouvoir « débarbouiller » ses enfants, mais d’être privée d’eau pour la journée. En quarante-huit heures, le liquide que l’on gaspille si facilement devenait précieux comme le sel, le charbon, le courant électrique et…le cidre des années de disette. Mais ces désagréments nous ne les connaitrons pas en 1958, à moins d’une sécheresse vraiment exceptionnelle. Deux des quatre réservoirs, prévus sur la colline de Berrien aux Villages, sont prêts à fonctionner. »
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Les deux réservoirs déjà construits en 1958. Ouest-France 7 janvier 1958 |
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Les conduites à l'intérieur d'un des deux réservoirs de Berrien. Ouest-France 7 janvier 1958 |
Les années 60
Petit à petit, différentes rues de Saint-Brieuc vont être approvisionnées comme par exemple en 1960 où le service des eaux réalise une extension du réseau d’eau avec 134 mètres de canalisations dans le boulevard Vauban.
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1960 Ouest-France Saint-Brieuc |
Dans une époque récente, il existait encore de très nombreuses fontaines, des lavoirs et différents bassins, ils ont été recensés par les service de la Ville (cliquer sur l'image pour agrandir).
Le saviez-vous ?
Près
du lavoir Saint-Jouan, non loin de l’École normale des garçons,
existait une fontaine dont l'eau pure faisait la joie des habitants du
quartier dans les années 40. Chaque jour, on y allait avec des bouteilles, des pots, des
petits seaux pour recueillir cette précieuse boisson qui, disait-on,
était très saine et très recherchée.
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L'eau de la Fontaine Saint-Jouan. Ouest-France du 3 octobre 1946 |
Dans le quartier des Villages, bien caché, on trouve encore la trace d'un grand lavoir de La Gravelouse construit en 1937.
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Le lavoir. Photo RF |
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Les trois sorties d'eau : le lavoir, le ruisseau du Gouessard et le trop plein des réservoirs de Berrien. |
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L'ancienne source |
Si vous avez des témoignages et d'autres renseignements sur ce sujet, merci d'utiliser le formulaire de contact, en laissant votre adresse mail svp.
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Sources
Recherches dans les archives de Ouest-Eclair et Ouest-France
Dossier des délibérations du Conseil municipal, archives municipales en ligne.
L'alimentation en eau dans le quartier de Robien, cliquer ici
Merci à Sylvie Boudon et Jean Richard pour la balade-découverte dans le quartier des Villages en janvier 2025.
Merci à Catherine Lemesle, journaliste à Ouest-France, pour avoir repris en les citant, des éléments de l'article du blog de l'histoire de Robien pour écrire un article posant la question : Pourquoi l’eau courante n’arrive à Saint-Brieuc qu’en 1910 ? Article en ligne (3 novembre 2023) pour les abonnés à Ouest-France en cliquant ici
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