dimanche 11 août 2024

Les métamorphoses du Gouédic dans le quartier de Robien, dérivations, disparitions (busages)

 

Mystérieux Gouédic. Photo RF
 

 

Le Gouédic prend sa source à Ploufragan (où il est appelé La Prée), il longe le quartier de Robien et poursuit sa route vers le port du Légué... Jusqu'au port du Légué où il se jette dans le Gouët, il fait 11,5 km. Mais si on prend en compte tous ses petits affluents, son itinéraire total est de 38 km.

Le Gouédic marque la frontière naturelle du quartier de Robien au Sud et à l’Est.

Pour les rares habitants des siècles passés, juste au sud de Saint-Brieuc, la présence naturelle de l’eau, avec le ruisseau du Gouédic, va représenter un atout majeur. Sans rien y modifier, ils vont y puiser de l’eau pour différents travaux, amener les animaux pour se désaltérer, laver le linge au bord du ruisseau. Mais les choses ne vont pas en rester là...


Les métamorphoses du Gouédic

 

Au début du XXe siècle, la présence de l’eau dans le quartier de Robien n’est pas étrangère au développement d’industries qui en ont besoin, comme la minoterie Epivent puis l’usine Sambre-et-Meuse.

Le cours du Gouédic commence à se métamorphoser : on aménage des lavoirs, l’eau est puisée, une retenue d’eau est créée, Sambre-et-Meuse est autorisée à détourner le Gouédic, des remblais de terre et des travaux de busage sont effectués faisant petit à petit disparaître le ruisseau du paysage, les méandres sont rectifiés. Le ruisseau est sommé de couler en ligne droite et de rentrer dans les tuyaux prévus à cet effet !

Depuis une centaine d’années, les questions de l’entretien du Gouédic et de sa protection n’ont cessé d’être posées. C’est ce que nous allons voir avec les exemples qui suivent…

 

 

Prise d’eau 1911

 

Pour les besoins de sa minoterie industrielle installée au bout de la rue Jules Ferry, M.Epivent capte l’eau du Gouédic au niveau de ce qui est appelé « le ruisseau du Carpont ». Ces travaux ont été réalisés sans autorisation et le Préfet des Côtes-du-Nord s’en émeut officiellement par un courrier du 8 août 1911. La Commission Sanitaire du Canton midi de Saint-Brieuc est saisie du sujet. 

 

La minoterie industrielle de M. Epivent

Non seulement M.Epivent a établi une prise d’eau illégalement mais il y déverserait ses eaux usées ! La commission, après être venue sur place, rend son rapport au Préfet le 4 novembre 1911. Le ton est très favorable à l’industriel : « M.Epivent puise dans le ruisseau du Carpont, au moyen d’une pompe, l’eau nécessaire au fonctionnement d’un moteur à gaz pauvre ; cette eau est refoulée par une canalisation en plomb dans un réservoir placé à l’intérieur de l’usine ; les eaux après utilisation comme réfrigérant sont renvoyées dans le ruisseau par une autre canalisation en grès, ces eaux n’ont subi aucune souillure susceptible d’intéresser les membres de la Commission.  Ceux-ci n’ont pas qualité pour apprécier les droits de M.Epivent à puiser sans autorisation de l’eau dans le ruisseau, il restitue les eaux au point même où il les prend en égale quantité et en bordure de sa propriété

Le 18 novembre, un autre rapport allant dans le même sens, venant des Ponts et Chaussées, arrive sur le bureau du Préfet. Le subdivisionnaire rappelle que le volume d’eau puisé est « peu important » et que « la nature des eaux rendues au ruisseau après usage par l’usinier ne représente aucun danger pour la santé publique ». D’autre part une circulaire du Ministère de l’Agriculture indique qu’il n’est pas nécessaire de recourir à certaines réglementations contraignantes « lorsqu’une prise d’eau n’a pas pour effet de modifier sensiblement le débit d’un cours d’eau ».

 

Sur le plan ci-dessous du quartier de Robien aux alentours de 1875, nous voyons le cours du Gouédic tel qu'il sera évoqué dans cet article, du Pont du Carpont (aujourd'hui le bas de la rue Luzel) jusqu'au Pont de Brézillet (aujourd'hui le bas de la rue de Trégueux)

 

Plan archives municipales, vers 1875.

 

 

 

Nettoyage du Gouédic au niveau du Carpont. 1916-1919

 

Par un courrier du 28 juin 1916, M.Laguitton, négociant, signale que le ruisseau du Carpont « est encombré par des éboulements » et réclame qu’un arrêté soit pris d’urgence afin d’éviter que les eaux refluent dans sa prairie. Dans un premier temps, l’ingénieur des Ponts et Chaussées  a demandé aux deux riverains, M.Laguitton et le chef de section des chemins de fer de l’État de procéder à un curage et à un faucardage du ruisseau, ce qui a été fait, et les pierres et la terre ont été enlevées. Concernant l’entretien régulier du ruisseau, « il ne présente pas un caractère d’intérêt général » et  dépend des seuls riverains. C’est la réponse apportée à cette question par les Ponts et Chaussées le 14 juin…1919 !

 


 

Dérivation du cours du Gouédic et busage. 1927-1928

 

Par un courrier adressé au Préfet en décembre 1927, la Société anonyme des usines du Gouédic (autre nom de l’usine de M.Epivent) demande l’autorisation de dériver et de couvrir le ruisseau du Gouédic dans la parcelle qui traverse l’usine, « de permettre le remblaiement de la vallée abrupte du Gouédic ».

Une enquête d’utilité publique est ouverte au printemps 1928 et le 30 mai 1928, le Préfet autorise les travaux qui seront surveillés par l’ingénieur en chef du service hydraulique, M.Paul Augustin. C’est un aqueduc en béton armé qui sera construit, capable de permettre l’écoulement de toutes les crues, avec une pente de 2 cm par mètre. La hauteur de 3 m 20 permettra la visite de l’ouvrage. En Juin 1930 M.Epivent franchit une nouvelle étape et il est autorisé à construire un barrage réservoir sur le Gouédic en vue du refroidissement des appareils de condensation de son aciérie électrique (voir la deuxième partie de cet article, consacrée à l’étang de Robien).

 

Enquête 1927-1928. Archives départementales 84S 61

 

 

L'affaire du lavoir du Carpont. 1949

 

Le lavoir du Carpont est indiqué par une croix sur ce plan. Archives départementales 84S11

 

En 1949, le lavoir du Carpont a été le lieu d’un conflit entre des femmes du quartier de Robien et la S.N.C.F. Ces faits sont relatés dans le journal du Parti Communiste Français, L’Aube Nouvelle. Que s’est-il passé ?

Le journal explique que depuis 1947, l’état du lavoir du Carpont s’est beaucoup détérioré. La cause est semble-t-il due aux rejets de cambouis et d’eaux sales qui se déversent du dépôt S.N.C.F dans le Gouédic. Les fosses de décantation n’arrivent plus à « filtrer » les graisses, les huiles et le pétrole. Le résultat est simple pour les habituées du lavoir, « la moindre pièce de linge en ressort indétachable. »


Malgré les pétitions et les courriers, la situation était bloquée jusqu’au moment où « Le Comité de défense des laveuses du Carpont » a convoqué sur les lieux les maires et conseillers municipaux de Ploufragan et de St Brieuc ainsi que les chefs de dépôt et du district de la S.N.C.F.

Alors que toutes les femmes du Carpont sont rassemblées, au grand complet, Geneviève Thomas et Édouard Prigent (habitant de la rue de l'Ondine), du groupe communiste du Conseil municipal de St Brieuc, sont les seuls présents au jour convenu.

Des coups de téléphone sont échangés et le chef de district de la S.N.C.F accepte de recevoir une délégation composée d’une dizaine de laveuses et des deux conseillers.

L’ingénieur de la S.N.C.F. promet de remettre le lavoir en état et, dans la semaine, un technicien spécialisé dans ces questions est envoyé de Paris. Des décisions sont prises : le cours du Gouédic sera détourné, le lavoir sera alimenté par l’eau de la Ville, l’entretien du lavoir sera assuré par les services municipaux.

Le journal communiste termine son article dans une belle envolée révolutionnaire : « Lutter pour un lavoir, c’est lutter pour la Paix !! Ce que l’État refuse, le peuple doit l’imposer ! »

 

Plan 1949. Archives départementales 84 S 61

Plan du lavoir du Carpont 1949. Archives départementales 84 S 61

 
 

 

Paroles d’habitant, Claude Corack

 

« J'ai connu le lavoir avant le busage et après. On habitait sur le Tertre Marie Dondaine et ma mère lavait son linge à cet endroit. Il y avait souvent des histoires allant jusqu'au crêpage de chignon. Les mômes du tertre prenant partie, juchés sur le pont d'où on balançait des pierres pour éclabousser les lavandières. Le busage qui contournait le lavoir était conséquent, on y allait presque debout en reconnaissance. »

 

De ce lavoir qui existait toujours dans les années 1950, tout en bas de la rue Luzel, il ne reste rien. Maintenant tout est busé, mais l’eau continue de couler, elle file simplement sous la terre, en contre-bas de la rue Émile Zola !

 

Le cours du ruisseau busé ressort en contre-bas de la rue Émile Zola. Photo RF 2022

 

L'eau s'écoule en direction de l'Est. Photo RF 2022

 

Les suites administratives de l’affaire du lavoir du Carpont

 

Le 21 novembre 1949, un rapport de M.Etesse, l’ingénieur des Ponts et Chaussées, stipule qu’un accord a été trouvé entre la S.N.C.F et la municipalité de Ploufragan pour entretenir l’aqueduc de dérivation du ruisseau du Carpont, petit ruisseau qui se jetait dans le Gouédic, après être passé par le lavoir du Carpont et après avoir traversé les terrains de l'usine. Le lavoir est alimenté par de l’eau de la ville de St Brieuc mais la question de l’origine de la pollution n’est pas réglée… C’est le bassin de décantation utilisé dans le cadre des opérations de nettoyage des nombreuses machines du dépôt S.N.C.F qui pose toujours problème. Et cette affaire n’est pas nouvelle puisque le 21 août 1938, une délibération du conseil municipal de Ploufragan avait déjà protesté contre ces déversements. Les nombreux courriers échangés au fil des mois entre les différents interlocuteurs ne feront que souligner l’indispensable traitement de la cause de cette pollution.

Le 27 mars 1950, c’est autour de M. Coiscault, patron de l’usine Sambre-et-Meuse, de faire parvenir à l’ingénieur des Ponts et Chaussées une copie d’une lettre adressée à la S.N.C.F. Le patron de l’usine rappelle qu’une délégation du comité d’entreprise a rendu visite au chef de dépôt S.N.C.F et constate « une recrudescence des entrainements de mazout dans le bac en béton armé qui alimente les ateliers, après avoir été lui-même rempli par pompage direct dans l’étang »…Il poursuit en évoquant des dangers potentiels : « Nous ignorons d’ailleurs qu’elles peuvent être les conséquences lointaines ou immédiates de l’usage de cette eau dans les circuits de refroidissement de nos appareils et notamment dans notre four électrique et nos compresseurs de grande puissance ». 

La fin du courrier est très claire : "Nous regretterions de devoir vous rendre civilement responsable de tous accidents ou dommages qui pourraient résulter de cet état de choses…"

 

Courrier de l'usine Sambre-et-Meuse. 1950. Archives départementales

 

Le 7 avril 1950, le Préfet demande au Chef du service Voies et bâtiments de la S.N.C.F de Saint-Brieuc de lui faire parvenir les plans concernant les travaux de dérivation du Gouédic au lavoir du Carpont. Il demande également d’augmenter la surface du bassin de décantation utilisé dans le cadre des opérations de nettoyage des nombreuses machines du dépôt S.N.C.F. La situation semble avoir été résolue après ces derniers échanges.

 

 

 

Le déplacement du lit du Gouédic

 

Le 2 décembre 1959, le directeur de Sambre-et-Meuse écrit à l’ingénieur des Ponts et Chaussées, pour demander l’autorisation de dériver le ruisseau du Gouédic (appelé aussi du « Pas Jouha » dans ce courrier) qui fait un coude très prononcé dans la partie englobée par les terrains de l’usine. Le directeur fait observer que cela  « gêne considérablement l’extension future de l’usine en pleine évolution ».

L’ingénieur n’y est pas opposé mais il se montre très vigilant sur les modifications : « Le plan côté …montre qu’entre le point d’origine de la dérivation envisagée et celui situé à peu près au milieu de la dite dérivation, la pente du ruisseau sera inférieure à celle du ruisseau dans son lit actuel. » Et, petit rappel utile : « Le débit d’un cours d’eau, quel qu’il soit, est fonction à la fois de sa pente et de sa section ».

La prévention de tout danger est essentielle : « Il importe en effet d’éviter dans la mesure du possible, qu’en cas de fortes crues, la dérivation que vous envisagez de réaliser, aggrave le risque de submersion des terrains avoisinants entre le point de départ et le milieu de la dérivation. »

Dans son courrier du17 févier 1960, l’ingénieur des services hydrauliques valide les travaux envisagés avec les modifications apportées : « Les travaux prévus ne peuvent nuire au régime des eaux, les profils en travers de la dérivation projetée prévoyant un plus grand débouché pour les eaux qui s’écouleront dans le nouveau lit. De plus, le tracé du nouveau lit est acceptable. »

 

 

Un nouveau busage en 1968

 

Ruisseau du Carpont en contrebas de Sambre-et-Meuse. 1965. Musée de Bretagne

 

Quand on voit cette photo de 1965, on comprend pourquoi le petit ruisseau en contrebas de l'usine Sambre-et-Meuse peut se sentir menacé ! Il risque bientôt de disparaitre.Une solution va être trouvée mais le ruisseau deviendra invisible !

 

Pour permettre de continuer l’agrandissement et la modernisation de Sambre-et-Meuse, le 15 juillet 1968, le directeur de l’usine contacte le directeur de l’agriculture du département et le Préfet car il souhaite buser le ruisseau du Carpont pour combler cette partie de la vallée. 

Un premier tronçon est situé à l’intérieur des terrains de l’entreprise. Le busage prévu sera fait sensiblement en parallèle du lit du ruisseau avec des buses d’un diamètre intérieur d’un mètre quarante. Le directeur pense aussi nécessaire de créer dans la vallée une station de pompage destinée à remplacer celle de l’étang de Robien « dont l’état de vétusté est inquiétant ».

Le préfet accorde l’autorisation sans problème car il considère que le busage se fait entièrement dans la propriété de l’usine et n’est pas de nature à modifier le régime de l’écoulement des eaux.

 

Légende du plan. Busage en 1968. Archives départementales. 84 S11

Plan du busage projeté par Sambre-et-Meuse en 1968. Archives départementales. 84 S11

 

Plan du busage. 1968. Archives départementales. 84 S11



Plan du busage projeté par Sambre-et-Meuse en 1968. Archives départementales. 84 S11





D'autres tronçons transformés 

 

Entre le parking Pierre de Coubertin, en passant par le camping et jusqu'au passage sous la route de Trégueux, le Gouédic a subi bien des transformations là aussi...

Au niveau du camping des Vallées, un tracé beaucoup plus rectiligne a été donné et ses berges ne ressemblent plus à ce qu'elles étaient à l'origine.

 

Le Gouédic traversant le Camping. Photo RF

 

Au niveau de l'entrée du camping des Vallées (chemin du Petit pré), les méandres ont été supprimées, une petite prairie les a remplacées. Sur la photo ci-dessous, on distingue des bâtiments de ferme, appelés "ferme de Brézillet". Les eaux dérivées assurent l'irrigation des terres et constituent des points où les animaux vont s'abreuver.

Autrefois s'y trouvait un moulin (le Moulin de Brézillet) qui utilisait la force de l'eau du Gouédic. Dans les années 1930, ce moulin n'était déjà plus en fonction.


Le Gouédic aux abords de la ferme (ou moulin) de Brézillet. 1965. Musée de Bretagne


Le Gouédic aux abords de la ferme (ou moulin) de Brézillet. 1965. Musée de Bretagne


La prairie à la place des méandres. Photo aérienne Google

Une autre modification de taille est intervenue sur le cours du Gouédic, il s'agit de la création d'un étang artificiel. Mais ça c'est une autre histoire, et donc un autre article !



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Autres articles à lire dans ce blog sur le sujet

 

La création de l'étang de Robien, cliquer ici

Au sud du quartier, traverser le ruisseau du Gouédic, cliquer ici

Les maisons contemporaines et maisons d’architectes (pour la maison rue Louis Blanc), ici

L'histoire de la Minoterie Epivent, cliquer ici

L’usine Sambre-et-Meuse, ici

Les métamorphoses du Gouédic, partie 1. Dérivations, disparitions, cliquer ici

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Les secrets de la Fontaine des Eaux Minérales, ici

Les lavandières dans la vallée de Gouédic, ici 

Les carrières de granit, ici 

La fabrique de chapeaux Chevalier, ici 

Le Moulin du Chaix, ici
 

 

Sources

 

Dossier 84 S 11 Usine de Gouédic 1927. Archives départementales

Dossier 84 S 11 Rapport des ingénieurs, autorisations 1928. Archives départementales

Dossier 84 S 58 Usine hydroélectrique de Saint-Barthélémy. 1918-1972. Archives départementales

Dossier 84 S 60 (3) Le Gouédic : curages, autorisations de constructions, détournements, dérivations, barrage Epivent.  Archives Départementales des Côtes d’Armor.

Dossier 84 S 61 (4) ruisseau du Carpont. St Brieuc et Ploufragan. Barrage Epivent. Busage du Carpont par usine Epivent. Archives Départementales des Côtes d’Armor.

Journal "L’Aube Nouvelle". L'affaire du lavoir du Carpont. 1949. Archives départementales en ligne

 

 

 

 

 

 

 

lundi 17 juin 2024

Armor-Peinture, 28 rue Emile Zola à Saint-Brieuc. 1961


Origine de l'entreprise Armor-Peinture

Cette entreprise est née en 1961 de l’union de deux entreprises briochines, dont l'entreprise Hains, au moment de la réalisation des travaux de peinture du Lycée Fressinet qui se construisait à l'époque.
L'entreprise était domiciliée au 3 rue Waldeck-Rousseau dans les années 60 mais son siège se trouvait au 28 rue Émile Zola dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

L'entrée de Armor-Peinture 28 rue Émile Zola. Image Google street


Annonce 20 août 1966 Ouest-France

C'est Louis Morvan qui en a assuré la direction de l’origine jusqu’en 1972 où Henri Choron (voir son portrait en bas de page) a pris sa suite, après en avoir occupé depuis 1961 le poste de directeur-adjoint.
L'entreprise a connu un rapide développement.

Annonce. 30 mai 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Le Griffon numéro 26

1966. Remise de médailles.

Dans l'édition de Ouest-France du 26 décembre 1966 on apprend que M. Choron et M. Morvan, directeurs de la société Armor-Peinture, ont réuni le personnel pour un vin d’honneur autour de quatre employés qui sont alors récompensés :

René Hennique, 46 années dans la profession, médaille d’Or du travail 1966

Mathurin Le Duhault, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Georges Muset, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Théophile Le Flohic, 26 années dans la profession, médaille d’argent du travail.

Ci-dessous, les médaillés avec leurs épouses qui ont reçu un bouquet (Qui pourrait identifier ces personnes ?)


1972. Départ en retraite du directeur et remise de médailles.

Lors du départ en retraite de M. Morvan, le directeur, une remise de médailles d’honneur a  lieu et plusieurs personnes sont décorées : MM Charles Boga, Charles Boulain et Jean Camar (médailles de vermeil) ; MM Robert Hamon, Robert Gaudaire, Jean Le Menec et Henri Toupin (médailles d’argent).

En 1972, l’entreprise Armor-Peinture représente 145 salariés en Bretagne au sein du groupe national S.E.G.I.P

26 décembre 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Annonce Le Griffon 1978


1977. Médailles du travail

André Berthault, médaille d’argent du travail. 1977

André Corlay, médaille d’argent du travail. 1977

Maurice Pringent, médaille d’Or du travail. 1977

 

1979. Un mouvement de grève

En 1979, l’entreprise Armor-peinture emploie 115 salariés. Une très grande partie d’entre eux rentre en grève pour des revendications salariales : augmentation mensuelle et treizième mois. Pour le directeur M. Choron les revendications ne sont pas justifiées même si l’entreprise est en bonne santé. 

13 juin 1979 Ouest-France

La C.G.T conteste les chiffres avancés par le patron et argumente que certains ouvriers sont alignés sur les salaires les plus bas du bâtiment. Une semaine plus tard, le conflit s’enlise. La C.G.T dénonce l’embauche de personnels « prêtés gracieusement » par d’autres entreprises de peinture exerçant la même activité à Saint-Brieuc, Guingamp ou Dinan. Les chantiers sont ainsi poursuivis réduisant l’impact de la grève. Cette grève laissera des traces...
(D’après Ouest-France des 13, 20 et 23 juin 1979)

 
Le sport d'entreprise chez Armor-Peinture

Dans les années 70-80, une équipe de football d'Armor-Peinture est engagée en promotion de première division. On retrouve d’autres entreprises du secteur comme Chaffoteaux, Les Forges-et-Laminoirs, Mammouth, Olida…

En octobre 1979 : Unicopa bat Armor-Peinture 6 à 1
En 1982, en 16e de finale de l'Ouest Corporative à Loudéac : Armor-Peinture bat Olida 4 à 0

 

1980-2024. Un employé qui connaît le métier

En 1980, Pascal Josse est embauché comme stagiaire dans l'entreprise, puis de nouveau il réintègre Armor-Peinture en 1985 avant de partir à l'armée, et enfin en mars 1987. Il ne le sait pas encore mais en 2024, il figure encore dans le personnel et c'est le plus ancien chez Armor-Peinture, la première fois qu'il avait franchi la porte de l'entreprise, c'était il y a 44 ans ! il est sans discussion possible le plus ancien dans l'entreprise...(témoignage recueilli sur le forum Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc en avril 2024)


1980. Un accident du travail

En février 1980, Loïc Fleicher et Florent Clairenteau, deux ouvriers d’Armor-Peinture, sont blessés par une explosion de gaz alors qu’ils travaillaient dans les sous-sols de la BNP, place du Général-de-Gaulle à Saint-Brieuc.

Accident Armor-Peinture16 février 1980 Ouest-France
 

1983. Des innovations
Henri Choron, le PDG de l’entreprise, réunit des constructeurs et des architectes pour les entretenir de l’évolution des méthodes de traitement des façades. 

Armor-Peinture 8 mars 1983 Ouest-France
 

Jean-Louis Raymond, le directeur général, développe les questions relatives à l’imperméabilisation et à la protection contre le froid. En conclusion il a été rappelé que : « des solutions existent, les spécialistes d’Armor-Peinture ont des réponses, il suffit de les consulter » !


1985. L’entreprise communique sur la peinture publicitaire.

Armor-Peinture 8 octobre 1985 Ouest-France


Armor-Peinture13 décembre 1985 Ouest-France

1988. L'EuroFoot Cadets

En avril, Armor-Peinture sponsorise l’équipe du Standard de Liège durant l’EuroFoot Cadets qui se déroule à Saint-Brieuc du 5 au 8 avril 1988.


1988. Le chantier de la gare de Saint-Brieuc

Dans l’attente de l’arrivée des premiers TGV en gare de Saint-Brieuc, l’entreprise Armor-Peinture et La Celtique Industrielle mettent leurs efforts en commun pour rénover la gare et lui faire retrouver sa beauté de 1931 ! La technique employée, baptisée « Fluroc », ravale, renforce et assure la protection du bâtiment.

Armor-Peinture 9 septembre 1988 Ouest-France


1991. Les 30 ans d’Armor-Peinture
L’entreprise est dirigée par Jean-Louis Raymond en 1991 et emploie 140 salariés sur trois sites dont deux filiales à Rennes et Vannes.
Depuis 1989, la holding Armor-Management chapeaute une seconde société normande Techni-Peinture (ex Établissements Gagneux) qui compte 140 salariés entre Caen, Le Mans et Versailles.

Armor-Peinture 27 septembre 1991 Ouest-France
 

Un bouillonnant patron : Jean-Louis Raymond, PDG d’Armor-Peinture 

Jean-Louis Raymond 27 septembre 1991 Ouest-France

Jean-Louis Raymond a une formation d’ingénieur dans le BTP. Il devient ensuite conseiller en entreprise comme permanent de la fédération Nationale du Bâtiment.
Et comme il le dit : « J’en ai eu marre de dire comment faire : j’ai voulu réaliser moi-même ». Il reprend Armor-Peinture au début des années 80 et va y appliquer ses méthodes. Tout d’abord, les salariés travaillent par affinités, en cellules autonomes avec des moyens indépendants. Ensuite les salariés sont mobilisés car intéressés au développement de l’entreprise. Un tiers du capital est détenu par le personnel.
En 1989, Jean-Louis Raymond reçoit le prix de l’Aster 89 de la part de « L’association pour le progrès de la peinture » pour son sens de la « mobilisation des ressources humaines ».
Il envisage alors de créer un musée des métiers de la peinture. On le retrouve aussi à la tête de l’Agence de Développement Économique du pays briochin.

Dans les années 80-90, Jean-Louis Raymond est un personnage qui compte dans le milieu économique du secteur de Saint-Brieuc.
(D’après l’article de Christophe Violette de Ouest-France, 27 décembre 1991)

1993. Redressement judiciaire

Le bâtiment subit une grave crise en 1992. Le 2 février 1993, la société Armor-Peinture est mise en redressement judiciaire mais les emplois ne sont pas menacés. D'autre part, les trois sociétés normandes de Techni-Peinture (liées l’entreprise) sont en grosses difficultés et ont licencié. 

(Ci-dessous, le titre de Ouest-France du 3 février 1993)

Crise du bâtiment : un chef d'entreprise dans la tempête.
Armor peinture corrige le cap.

Le PDG d'Armor-Peinture 3 février 1993 Ouest-France

Armor-Peinture 4 février 1993 Ouest-France

1994. Changement de patron

En 1994, l’entreprise Armor-Peinture  est reprise par Jean-Yves Rousseau, l’ancien patron des établissements du même nom à Plélo. Sur le site de Saint-Brieuc, 108 salariés sur 114 sont repris. Dans les 6 salariés en moins, on compte 3 départs en retraite non remplacés et 3 personnes en congés de longue durée non réintégrées. Les unités de Rennes, Morlaix et Vannes sont supprimées et une trentaine de salariés sont licenciés.

Le nouveau patron hérite d’une société qui a toujours une très bonne réputation et dont les carnets de commandes sont pleins jusqu’en janvier 1995 avec les chantiers de l’IUT, la réhabilitation de la Croix Saint-Lambert, du centre Hélio-marin de Trestel…


L'évolution de l'entreprise

Après le départ de l’entreprise du quartier de Robien, l’entreprise s'installe dans de vastes locaux, en bordure de la voie express RN12 entre Saint-Brieuc et Guingamp.
En 2022, l'entreprise compte 80 salariés dont 3 conducteurs de travaux, un bureau d'étude composé de 2 personnes, 11 chefs de chantier, 9 chefs d'équipe, 50 compagnons, 1 chef d'atelier.


 
Henri Choron
Henri Choron à la fin de sa vie.
 
Depuis le début des années 60, Henri Choron a été à la tête de de l'entreprise Armor-Peinture, comme directeur adjoint avec M. Morvan puis directeur en 1972. C'était un homme d'engagement et aux fortes convictions comme le montre le contenu de cette demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance, remplie par l'intéressé en 1959 : étudiant au Lycée Le Braz jusqu'en 1942, il est réfractaire au Service du Travail Obligatoire (S.T.O) après avoir été appelé en juin 1942. Entré dans le maquis de Plésidy jusqu'à la Libération de Guingamp, engagé volontaire le 1er septembre 1944 au 2-71e Régiment d'Infanterie, combattant sur le front de Lorient puis avec les troupe d'occupation de l'Allemagne, démobilisé le 2 septembre 1946 et nommé caporal de réserve. 
Néanmoins, sa demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance ne va pas aboutir car il ne fournira pas les pièces justificatives exigées à cet effet.
Cela n'empêche pas Henri Choron d'avoir été décoré de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et d'être Chevalier national du Mérite Ancien maquis de Plésidy et de Coat-Mallouen. 
 

Dans la Résistance, après avoir été arrêté, il se serait échappé d'un train vers Lyon et serait rentré à pied en Bretagne. C'est ainsi que l'on racontait son histoire bien après-guerre dans la famille...  
Si on revient un peu en arrière, Henri Choron est né le 31 août 1922 à la Ville-Fréhour, Saint-Quay-Portrieux.
 
Etat-civil de Saint-Quay.

Son père Fernand Choron (article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici) est alors peintre-décorateur à Saint-Quay dans un premier temps, avant de s'installer à Saint-Brieuc rue Glais-Bizouin au début des années 30.
 
Annonce 9 janvier 1931 Ouest-Eclair

 
Jeu de l'oie des commerçants. 1931. Photo RF

1936 5 mars Ouest-Eclair

1936 16 mars Ouest-Eclair

Il se marie avec Yvonne Mazure.

Mariage Henri Choron et Yvonne Mazure

Homme engagé pendant la guerre 39-45 et, un peu plus tard, dans le courant du gaullisme social, Henri Choron se lance dans l'entreprise Armor-Peinture avec Louis Morvan. Leur but est de donner du travail aux ouvriers.
Après les grèves de l'année 1968, en juin 1979, Armor-Peinture est secoué par un long conflit social où les 115 salariés restent en grève pendant plusieurs semaines. Malgré les propositions d'augmentations de salaire de M. Choron, le conflit s'enlisera et la C.G.T continuera de réclamer un treizième mois en plus des augmentations. Le dialogue social n'est pas une chose facile et Henri Choron supporte mal cette "lutte des classes" exacerbée... (Édition du 23 juin 1979 Ouest-France)
Il continue de gravir les échelons dans le monde des entreprises et accède à d'importantes fonctions en juin 1981 où il est élu Président du Syndicat patronal du bâtiment et des Travaux publics des Côtes-du-Nord
Il a aussi été Président régional du Lions Club.
Yvonne Choron, Henri Choron et à droite sa soeur. Photo famille Choron-Hot

Yvonne Choron, son épouse née Mazure le 9 octobre 1922, va être très active mais plus discrète, occupant le poste de secrétaire de René Pléven, ancien ministre et Président du Conseil et un poste à la Préfecture.
La famille Choron habitait dans le boulevard Waldeck-Rousseau, dans une maison qui surplombe la vallée de Gouédic (actuel numéro 7).
Henri Choron aux U.S.A. Photo de famille


Après une vie bien remplie, Henri Choron décède en 2006, il avait 84 ans, et Yvonne en janvier 2017 à l'âge de 94 ans.
Avis dans Ouest-France 13 février 2006
 
A suivre : article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici
 
 
Témoignage de Nicole Quettier

"Mon père ainsi que mon oncle (qui est l’un des médaillés que je reconnais avec ma tante qui a un bouquet de fleurs sur la photo du 26 décembre 1966) ont fait toute leur carrière à Armor-Peinture anciennement l’entreprise Morvan. Ils sont restés dans l’entreprise quand M. Choron est arrivé et y ont travaillé jusqu'à sa mort pour mon père et sa retraite pour mon oncle. Mon oncle fait parti des médaillés sur la photo. Ils ont eu tous les deux une Médaille de vermeil. Ça me rappelle des souvenirs, mon papa a connu ma maman alors qu'il était sur un chantier au Val-André et mon oncle a connu ma tante (qui était la soeur de ma maman) alors qu'il travaillait sur le même chantier que mon papa. La plupart des noms cités me disent quelque chose, je les ai entendus à la maison quand j’étais petite". 
Témoignage recueilli sur le Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc" en avril 2024
 
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Sources

Recherches dans les archives de Ouest-France

Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales

A propos de la famille Choron : informations et portrait photographique fournis par Françoise Briand (avril 2024). D'autres informations ont été transmises par Anne-Marie Tatin, filleule d'Henri Choron (avril 2024).

Site Armor-Peinture, cliquer ici

Facebook Armor-Peinture, cliquer ici

 

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