jeudi 5 septembre 2024

Histoire de la maison Buffereau, architecte Michel Velly, 28 boulevard Hoche à Saint-Brieuc

Maison Buffereau, 28 boulevard Hoche. Photo RF Janvier 2024

Au numéro 28 du boulevard Hoche, derrière une palissade en bois noir, se cache une maison réalisée par Michel Velly, un architecte briochin des années 1980-1990. Elle est appelée Maison Buffereau, du nom de son propriétaire ; sa construction est de 1986. La première proposition de l'architecte était une construction avec un bardage bois extérieur mais c'était du "déjà vu" et la décision a été rapide : "On refait tout!".

Maison Buffereau, 28 boulevard Hoche. Photo RF 2022

La maison Buffereau a été construite bien en retrait du boulevard, à 15,01 mètres de la voie publique, pourquoi une telle précision ? C'est en fait pour ne pas être soumise aux contraintes des règles de l’urbanisme.


Les extérieurs

On comprend mieux cette volonté de ne pas être soumis à l'obligation de faire une maison "comme les autres" lorsque l'on découvre la façade sud, composée d’un carrelage extérieur blanc à modèle unique de 20 cm sur 20 cm.
La baie vitrée est dans la même proportion que la suite de vitrages rectangulaires.
Les deux terrasse en bois, au nord et au sud, sont constituées de quatre carrés identiques. Celui au sud possède un carré d’eau et celui au nord d’un carré de végétaux.

Extérieurs côté nord, quatre carrés dont un végétalisé. Photo RF janvier 2024

Sur le côté ouest, une butte a été créée pour rattraper la dénivellation entre les deux terrains mitoyens.

Le mur de clôture situé au sud a été volontairement démoli en partie sur le faitage et d’une manière irrégulière. Alors que ce signe extérieur de propriété est quasiment toujours tiré au cordeau, cette option radicale, choisie par l'architecte, est importante à mentionner.

Mur donnant sur le boulevard Hoche.


Et l'intérieur ?

Que se cache-t-il derrière cette énigmatique entrée en chicane qui ne laisse rien paraitre ? La porte d’entrée est à l'abri des regards et protégée des intempéries.

La première impression qui se dégage est le minimalisme. Pas d'accumulation d'objets, peu d'éléments décoratifs mais un ensemble cohérent épuré, en noir et blanc. 

La menuiserie intérieure pour le coin cuisine a été fabriquée par un artisan local, M. Fraboulet de Trévé. Les proportions sont celles d’un carré d’1,80 m sur 1,80 m.

Le salon est éclairé en lumière naturelle par les grandes baies vitrées. La cuisine, et le couloir, sont éclairés par des puits de lumière.

La construction tient compte de la contrainte d'un terrain tout en longueur.

La présence d’un mur aveugle, très haut en mitoyenneté (Établissement éducatif Roc’h Bihan), est également très importante. 

En fonction de ces contraintes, le choix se porte alors sur une enfilade, avec une salle de bain, trois chambres et un coin jeu pour les enfants à l’extrémité du bâtiment au nord.
Cette enfilade de chambres, quasi monastiques, est complétée par une autre enfilade, celle de rangements de plus de vingt mètres de long et soixante centimètres de largeur qui montent  jusqu’au plafond et sont cachés par des tentures.

 

La maison, objet d'étude

Cette maison atypique fait l'objet d'une fiche descriptive dans l'ouvrage Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours, une réalisation de l’École d’architecture de Bretagne.

Les auteurs soulignent l'importance du seuil avec le bassin et le caillebotis en bois suivant une trame précise, de la façade revêtue de carreaux blancs. Ils concluent : "Tout en s'insérant parfaitement au quartier, cette maison tranche radicalement avec la logique résidentielle connue."

Photo extraite de Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours.

La maison Buffereau est également présentée dans l'ouvrage Architectures en Bretagne de Philippe Bonnet-Daniel Le Couédic.



Une autre réalisation de Michel Velly

On retrouve des points de similitudes entre la Maison Buffereau et le projet conçu par Michel Velly pour la mairie du Foeil dans les Côtes d'Armor.

Michel Velly, mairie Le Foeil 1989-1995. Photo crédit Michel Denancé

Michel Velly, mairie Le Foeil 1989-1995. Photo Google Street 2009
Un Prix pour Michel Velly. 7 novembre 1994 Ouest-France


Petite confidence...

Une trame en architecture est un réseau constitué par la répétition d'éléments de dimensions égales, formant une sorte de quadrillage. La trame permet d’exprimer l’unité et la continuité entre espace interne et espace externe, permet d’établir les circulations, l’articulation et l’emboîtement des espaces selon toutes les possibilités. A l’époque où le groupe Supertramp était très à la mode, l’architecte Michel Velly était surnommé Supertrame !

 

L'art du paradoxe

Michel Velly aime manier les paradoxes en architecture comme quand il déclare partir du principe "Moins, c'est plus". C'est ce qui l'animait quand "il a balayé d'un coup de crayon toute fioriture" pour réaliser un vaste ensemble fonctionnel à Yffiniac en 1993.

Michel Velly sur le chantier à Yffiniac. 16 décembre 1993 Ouest-France


Conclusion

Il est assez rare de pouvoir découvrir une maison où l'on ressent une telle cohérence. Tout y est pensé, ordonnancé, réalisé avec soin. Mais cela n'a pas empêché l'évolution de cette habitation au fur et à mesure des années. Nichée à l'abri des regards, le long du boulevard Hoche à Robien avec ses maisons de ville, cette habitation ne s'inscrit pas dans la continuité.

Et le pari est totalement réussi par J.P Buffereau et son architecte qui ont fait le choix d'un geste architectural de rupture.

 

A lire dans ce blog

Maisons contemporaines, maisons d'architectes à Robien, cliquer ici

Abécédaire des architectes à Robien, ici

 

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Sources

Renseignements fournis par Jean-Philippe Buffereau, propriétaire de la maison du 28 boulevard Hoche (visite de la maison en janvier 2024). Un très grand merci pour toutes les précisions apportées ce jour-là à propos de ce véritable concept architectural.

Extrait d'une monographie de la collection de l’Institut français d’Architecture : Gros plan 10 - Michel Velly, édité en 1991. Maison du 28 boulevard Hoche. 

Saint-Brieuc, de l’après-guerre à nos jours. Analyse du patrimoine architectural et urbain. Réalisation de l’École d’architecture de Bretagne. Janvier 1994. Fiche RE.8.
 

Architectures en Bretagne. Philippe Bonnet-Daniel Le Couédic, éditions Palantines, page 310.

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc et la guerre d'Indochine

 

A peine sortie de la Guerre 39-45, la France se retrouve engagée militairement en Indochine à partir de 1946. Le guerre durera jusqu'en 1954 pour les Français, avant d'être continuée par les américains jusqu'en 1975.

Des habitants du quartier de Robien ont fait cette guerre, certains y sont morts...

 

Cet article s'attache uniquement à retrouver, à l'aide de la presse locale de l'époque et de témoignages, comment les habitants du quartier ont pu être concernés par cette guerre.


 

Ceux de Robien revenus d’Indochine

 

Dans son roman Chino au Jardin, Christian Prigent évoque ces anciens d’Indochine, comme Jean Courtray, l’ex para ouvrant son album de photos souvenirs et racontant Dien-Bien-Phu au printemps 54. Des histoires qui impressionnent et marquent l’imaginaire d’un enfant… Les tunnels, les bambous, l’hévéa, les rizières, Saïgon, Bigeard...

Et qu’a-t-il rapporté ce voisin de cette expédition militaire ? « L’avis de décès de l’empire français, le coup de mou sous sa forme chronique […] ».


Après la guerre, les retours sont difficiles...

 


 

Le quartier de Robien touché par la mort de jeunes soldats en Indochine. 

 

Trois jeunes, ayant des attaches avec le quartier, ne reviendront pas vivants de cette guerre d'Indochine. Il s'agit de Jean Vigneron, Georges Allenic et Jean Strobel.

 


Jean Vigneron

Le décès de Jean Vigneron le 15 janvier 1947 est annoncé tardivement dans l'édition de Ouest-France du 4 mars 1947. 

 

Jean Vigneron O.F 1950

 

Jean Vigneron est né le 28 mars 1925 à Paris. Il est le fils de François Vigneron (président du comité des Fêtes de Robien en 1949) et de Jeanne Thuret, domiciliés 10 rue Louis Blanc dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. 

Jean Vigneron était titulaire de la Croix de guerre et avait été proposé pour la médaille militaire.

Jean Vigneron était engagé en Indochine avec le 4e Régiment de Marche du Tchad (4e RMT) déployé en Indochine de 1945 à 1947.

Insigne du RMT


Une messe d'enterrement est célébrée en mars 1947 par l'abbé Vincent, assisté des abbés Carlo et Quéro, en l'église de Robien, à la mémoire du caporal-chef Jean Vigneron, tué par balle à Hanoï dans sa vingt-et-unième année.

 

"Des drapeaux de l'Union Nationale des Combattants et des prisonniers de guerre 39-40 rendaient les honneurs autour du catafalque".


4 mars 1947 Ouest-France

 

Ce n'est qu'en mars 1950 que la dépouille mortelle de Jean Vigneron est rapatriée d'Indochine. Une cérémonie religieuse se déroule à l'église Sainte-Anne-de-Robien le 6 mars 1950 avant l'inhumation au cimetière Saint-Michel. Un détachement de l'armée rend les honneurs, sous les ordres d'un ancien camarade de Jean Vigneron au 4e R.M.T, le sergent-chef Corlay.

 

 

Robert Guillermic
 

Robert Guillermic est né le 19 juin 1923 à Pontivy, dans le Morbihan.
En mai 1951, une cérémonie funèbre se déroule en l'église Sainte-Anne-de-Robien à la mémoire du sergent-chef Robert Guillermic, mort pour la France auprès de la ville de Hué au Vietnam, le 12 avril 1951, il avait 27 ans. Il combattait au sein du 21e Régiment d’Infanterie coloniale (21e RIC) et fut tué par l’explosion d’une mine.

Insigne du 21e RIC

Dans son édition du 2 mai 1951, Ouest-France rappelle l’engagement de Robert Guillermic comme résistant : « Guillermic avait en somme la vocation de l’héroïsme et du sacrifice puisque, après avoir accompli brillamment son devoir pendant la Résistance dans le maquis de Josselin et de Saint-Marcel (Morbihan), il est allé au devant d’une mort glorieuse sur la terre indochinoise ».
L’absoute a été donnée par l’abbé Lemordan, recteur de la paroisse, « devant une foule considérable. Ce fut un émouvant hommage en souvenir du disparu et un témoignage de sympathie et d’estime unanimes à l’adresse de la famille. » De nombreuses personnalités assistaient à la cérémonie.

 


Sources : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 278826 (Résistance), base des morts pour la France en Indochine, Fiche Généafrance ici, Ouest-France 2 mai 1951.

 

Georges Allenic

En octobre 1954, un service solennel est célébré en l'église de Robien à la mémoire du sergent Georges Allenic, fils de M. Allenic, président des gendarmes retraités.

Georges Allenic était né le 11 mai 1931 à Thiron (Eure-et-Loir). Il est le fils de Lucien Allenic, gendarme, et de Marguerite Lhermenier, domiciliés 76 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc

 

Lucien Allenic. Photo Hervé Bertrand


Georges est attiré par l'armée et à 18 ans, il rentre au centre de perfectionnement de l’École Militaire préparatoire d'Autun. Il rejoint le 7e Régiment de Tirailleurs Algériens (7e RTA). A 21 ans, il est volontaire pour l'Indochine où il est blessé en opération. 

Le 15 décembre 1953, son régiment est désigné pour aller sur Dien-Bien-Phu. pour son courage au combat, la Médaille militaire lui est attribuée. Le 7 mai 1954, il s'évade après la chute du camp retranché de Dien-Bien-Phu mais, huit jours plus tard, il est repris et fait prisonnier. Il fait partie d'un groupe de prisonniers qui, pendant trois mois, se dirigent vers la Chine. Après 700 kilomètres de marche, dans des conditions éprouvantes, il arrive dans le nord du Tonkin, au Camp 42, où il décède.

Officiellement, il est mentionné que Georges Allenic est décédé en Indochine "des suites d'une maladie contractée en captivité à Dien-Bien-Phu".

 

Le fanion de la Légion Étrangère rendait les honneurs. De nombreuses personnalités civiles, militaires et religieuses étaient présentes. On notait aussi une délégation des enfants de l'école des religieuses.

 

Le sergent Georges Allenic


Pour honorer sa mémoire, il est choisi comme parrain de la 125e Promotion de l’École nationale des Sous-officiers de Saint-Maixent (6/10/1987- 11/04/1988). Un insigne a été confectionné à cette occasion.

 

Insigne de la 125e promotion St Maixent



16 octobre 1954. Ouest-France




Jean Strobel

Au cours du service à la mémoire du sergent-chef Allenic, le recteur de la paroisse de Robien annonce que le sergent Jean Strobel est mort en captivité au mois de juillet 1954 à Dien-Bien-Phu en Indochine.

Jean Strobel est né le 13 avril 1929 à La Courneuve (75). Il était engagé avec son régiment le  

 

Diaporama à retrouver sur le site de l'amicale du 8e BCP (ici)
 

 

Le 8e BPC participe à l'Opération Castor en novembre 1953, prélude à la bataille de Dien-Bien Phu qui sera déclenchée le 13 mars 1954. Le 7 mai les troupes se rendent et presque tous les membres du régiment décèderont en captivité.

Insigne 8e BCP

Jean Strobel est le gendre de Mme Chauvin qui habite au 51 de la rue Jules Ferry. Le sergent Strobel, alors caporal-chef au 1er B.C.C.P à Charner avait épousé Éliane Chauvin, de Robien en juin 1952 et était parti un mois après en Indochine.


 
16 octobre 1954. Ouest-France


En septembre 1948, le décès d'un autre jeune homme va toucher le quartier de Robien. Il s'agit de Damien Joaquin, de la Ville Ginglin, fils de M. Auguste Joaquin, contremaitre à l'entreprise de bâtiment Rideau du quartier de Robien. Damien Joaquin était sergent-aviateur mécanicien. Il devait venir en permission pour se fiancer à Saint-Brieuc.

 

 

Saint-Brieuc et la Guerre d'Indochine

 

28 juin 1952 Ouest-France
 

Au mois de juin 1952, le bataillon des parachutistes, basé à la caserne Charner, est sur le point de partir en Indochine. M. de Chevigné, secrétaire d’État à la Guerre, passe les troupes en revue accompagné des officiers d'Etat Major, avant de repartir l'après-midi à Paris en avion.

Le bataillon de parachutistes est placé sous les ordres du commandant Bigeard.

La présence de Marcel Bigeard à Saint-Brieuc n'est pas un fait très connu. Pourtant, Marcel Bigeard est affecté le 1er février 1948 au 3e bataillon colonial de commandos parachutistes, sous les ordres du commandant Ayrolles, à Saint-Brieuc. Il prend le commandement du groupement de commandos parachutistes n° 2.

Après des campagnes en Indochine de novembre 48 à novembre 1950 au printemps 1951 et un passage à Vannes, M. Bigeard,  il revient à Saint-Brieuc en septembre 1951, comme Commandant puis Chef de bataillon en janvier 1952 à la tête du 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux (B.P.C).

M. Bigeard débarque à Haïphong à la tête du 6e B.P.C, le 28 juillet 1952, pour son troisième séjour en Indochine où il restera jusqu'au 25 septembre 1954, après quatre mois de détention suite à la chute du camp de Dien-Bien-Phu.

 

 

Défilé des troupes à la caserne Charner. Saint-Brieuc 28 juin 1952 Ouest-France

De nos jours, sur l'Esplanade Georges Pompidou à Saint-Brieuc, à l'emplacement de l'ancienne Caserne Charner, on trouve une stèle à la mémoire des bataillons de parachutistes basés à Saint-Brieuc.


Esplanade Georges Pompidou. Photo RF 2022

 

En Mai 1956, une cérémonie patriotique se déroule à Saint-Brieuc " A la mémoire de ceux de Dien-Bien-Phu".

 

7 mai 1956. Ouest-France
 

Un office religieux est célébré en l'église Saint-Michel à la mémoire des anciens de la Légion étrangère et de Dien-Bien-Phu. La messe est dite par le chanoine Auffray, curé de la paroisse, accompagné de l'abbé Levitaux, du Révérend-Père Radenac, ancien missionnaire en Chine et de la chorale Saint-Michel. A l'issue de la cérémonie, les autorités civiles et militaires se rendent sur les tombes des soldats inhumés au cimetière Saint-Michel.
 

 

Dans le quartier de Robien, d'autres voix se font entendre au moment de la guerre d'Indochine, il s'agit de celles des militants communistes qui critiquent l'engagement de la France.

C'est ce que nous allons voir dans cette deuxième partie.

 

 

Les opposants à la Guerre d'Indochine.

"Le Pont Henri Martin"


Le Parti communiste était très actif dans le quartier de Robien après la Seconde guerre mondiale. Son opposition à la guerre en Indochine s'est manifestée très tôt.

Le quartier de Robien en garde une trace que l'on peut découvrir sur le pont qui passe au-dessus de la route, dans le bas de la rue Luzel.

Vers 1965, Francine Gicquel reprend le bistrot au 65 rue Luzel, un peu après le petit pont de chemin de fer qui passe au dessus de la route. Roger Gicquel, le fils de la maison se souvient : "Quand les gens parlaient du bar de mes parents, on disait "Le bar des deux Ponts" et au début des années 50 sur le pont, c'était écrit avec du goudron "Pont Henri Martin" du nom d'un militant communiste, opposé à la Guerre d'Indochine".

Il faut croire que la peinture était d'excellente qualité car on voit encore ces inscriptions peintes en rouge des deux côtés du pont !

 

Dans le bas de la rue Luzel à Saint-Brieuc. Photo RF

 


 

Les combattants de la liberté. 1950

 

Une autre affaire concerne des habitants du quartier de Robien, il s'agit de la manifestation qui est organisée en gare de Saint-Brieuc le 11 mai 1950 pour s’opposer au départ d'un train de messageries, transportant trois canons du cuirassé Richelieu en partance pour la Guerre d'Indochine.

Deux cent personnes participent à l’action mais une dizaine est identifiée sur le moment par le commissaire de police. Dans ce groupe figure Jean Le Bars, un habitant de Robien, militant communiste et syndicaliste chez les cheminots. Il est le deuxième personnage sur la gauche de la photo, avec un long manteau, il était amputé de la jambe droite. (voir ci-dessous).


Les douze inculpés sont accusés d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État.

Ils sont arrêtés puis dix sont transférés à Paris et internés au Cherche-Midi pendant plusieurs mois. 

Emprisonné à la prison du Cherche-Midi comme neuf autres camarades dont trois femmes, Jean Le Bars est hospitalisé en novembre 1950 à l’hôpital central de Fresnes, puis remis en liberté provisoire, le 30 novembre 1950. 

 

En parallèle, la solidarité s'organise et l'affaire des combattants de la Paix a un certain retentissement sur le plan national. 

Les familles des emprisonnés de Saint-Brieuc sont invitées à la Fête de l'Humanité en 1950. Elles posent en photo sous un portrait géant de Staline...


L'Aube nouvelle. Archives départementales en ligne. JP 152

Les « Dix combattants de la paix de Saint-Brieuc » sont accueillis en héros à Saint-Brieuc les 3 et 5 décembre. 

 

Le procès commence le 22 janvier 1951 et le 26 janvier, le journal Ouest-France titre en première page sur ce procès.

 

26 janvier 1951 Ouest-France

 

Le journal développe un long compte-rendu dont voici des extraits :

 

"Lors du procès, successivement le président interroge les autres inculpés et pose à peu près les mêmes questions : «Avez-vous obéi à un mot d ’ordre ? ». « Vous êtes-vous intentionnellement placé devant la locomotive? ». « Avez-vous constaté des sabotages sur le convoi ? ». « Avez-vous chanté la Marseillaise ? ».

A toutes ces questions, les inculpés briochins répondent qu'ils ont eu simplement, spontanément, l’intention de manifester contre la guerre.

Les avocats de la défense insistent sur le fait que les manifestants ne pouvaient s’opposer à la marche du train puisque celui-ci devait stationner en gare de Saint-Brieuc plus d'une heure lorsque la manifestation a éclaté.

 

Seul Jean Le Bars reconnaît avoir désiré retarder le départ du train.

Les inculpés estiment que s'ils ont été les seuls arrêtés sur environ 200 manifestants, c’est en raison de leur appartenance à des «partis démocratiques » ou de leurs fonctions dans les syndicats.

M. Lejeune, résistant notoire et secrétaire de la Fédération départementale du Parti communiste, n’a pas été arrêté en même temps que ses camarades. Il se présente spontanément, devant le tribunal. Il déclare que, bien que recherché par la police, il ne s'est pas rendu à ses convocations pour demeurer libre et essayer de faire libérer ses compagnons".

 

28 janvier 1951. La Champagne, journal du PCF. .

 

Finalement, après un procès qui durera du 22 janvier au 4 février 1951, ces militants seront relaxés

 

 

Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.

 

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Sources

 

Site Mémoire des Hommes, Jean Vigneron, cliquer ici

 

Article Wikipédia sur le 4e Régiment de Marche du Tchad (4e RMT) dans lequel servait Jean Vigneron, cliquer ici.

 

MémorialGenweb, Jean Vigneron, cliquer ici 

 

Site Mémoire des Hommes, Georges Allenic, cliquer ici

 

Site Généanet, Georges Allenic, fiche de Hervé Bertrand (avec photo de Lucien Allenic), cliquer ici

 

MémorialGenweb, Georges Allenic, ici 

 

Site Mémoire des Hommes, Jean Strobel, cliquer ici

 

Histoire de l'amicale du

 

Ouest-France, 4 mars 1947, 6 mars 1950 (Vigneron), 16 octobre 1954. 


Chino au Jardin, Christian Prigent, éditions P.O.L 2021


L'histoire du Parti Communiste à Robien, cliquer ici

Correspondance en septembre 2024 avec Dominique Soufflet pour l'identification  de Jean Le Bars sur la photo, une physionomie proche de la personne qu'il voyait passer deux fois par jour devant la maison de ses parents rue François Villon. 

 

 



L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...