vendredi 4 octobre 2024

Des familles de forains en Bretagne : Chira, Drouet, Coéffic, Décamps, Figuier, Mouton, Hoffman, Audrouin

 

Cet article est lié au départ à l'histoire des fêtes foraines dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. Puis par extension aux autres fêtes foraines du secteur de Saint-Brieuc. 

C'est ainsi que des figures du monde forain d'autrefois ont été mises en évidence comme Joseph Mouton, dans les années 30-40 ou Aimé Greneux, très connu dans les années 50.

Mais il aurait été dommage de ne pas en profiter pour dresser le portrait de familles d'industriels forains qui se sont toujours déplacés dans toute la Bretagne et ont laissé des traces dans la mémoire collective.

 

La famille Chira 

Fête foraine Robien. Sammy et Allan Chira. Le Télégramme 15 juin 2001

Extraits d'un article du Télégramme du 15 juin 2001 :

 

"La fête foraine de Robien mène bon train depuis la semaine dernière. La place Octave-Brilleaud fleure bon la barbe à papa et les gaufres chaudes ! A peine les enfants sont-ils arrivés sur la place, qu'en un coup d'oeil, ils ont repéré les stands sur lesquels ils vont «se jeter». Les auto-tamponneuses pour les plus kamikazes, le tir au fusil pour les as de la gâchette et les p'tits canards pour les enfants.

La famille Chira, qui tient le stand loterie, baigne dans cette ambiance festive depuis quatre générations. Mercredi, nous avons rencontré Sammy (20 ans) et Allan (19 ans), les deux petits derniers de la famille". 

Viennent ensuite les souvenirs transmis par les parents et grands-parents qui exerçaient dans les années 1900 :

"Dans les années 1900 la fête était plus familiale, avec des bals et des vins d'honneur. Les grands-parents se déplaçaient en carriole tirée par des chevaux, dans la région de Rennes. Les Chira tenaient déjà les stands de loteries où on gagnait surtout des poupées espagnoles, en porcelaine et de la vaisselle.

Vers 1950, mes parents ont vendu la carriole et ont acheté un camion, beaucoup plus spacieux et confortable. Ce camion faisait office de stand. De par leur nouvelle mobilité, ils ont pu se déplacer hors du département.

Les années 60 ont vu apparaître les premiers manèges d'enfants, sans moteur. Les gens poussaient la machine ".

Notons que Georges Chira s'est marié à Saint-Brieuc le 7 décembre 1939. 



  La famille Drouet


Les Drouet : Marcel, le cousin; Steeve, le père; Steeve, le fils, et Louis. Photo Ouest-France

Un article du 2 novembre 2018, en page de Carhaix dans Ouest-France présente la famille Drouet :

"Louis Drouet est le doyen des forains sur cette manifestation, il est né en 1934. Si la guerre a marqué une coupure, c'est en force et en famille qu'ils vont revenir dès 1945. Il y a le Papy Roger, décédé depuis quelques années, qui tenait le manège pour enfants. Et Louis de dire : « Avec sa moustache, il avait l'air d'un dur et il savait calmer ce petit monde. » Ce manège, modernisé, est toujours là, à la même place. Louis se souvient de la queue qu'il y avait pour accéder au manège. 

La quatrième génération des Drouet arrive, et avec eux, c'est l'avenir des fêtes foraines qui est assuré.... Aujourd'hui, on ne peut rater les stands de la famille : la confiserie, un grand camion qui propose nougats fabriqués sur place, berlingots, chichis, barbe à papa...

Plus loin, à gauche, le manège enfants. Autour des stands de loterie, de canards à pêcher, de jeux modernes d'aujourd'hui. Steeve Drouet, fait tourner la machine.
"

Ci-dessous, Georges Drouet qui tenait un stand de tir dans les années 50.


 



 La famille Coéffic

Eugène Coéffic était un industriel forain bien connu dans le pays de Saint-Brieuc dans les années 50-60. Il était marié avec Augustine Névot, employée des postes à Yffiniac, d'ailleurs c'est à Yffiniac qu'est née leur fille Marie-Christine en juin 51.

Des recherches dans l’État civil font apparaitre un certain Eugène Coéffic, né le 20 décembre 1917 à Hennebont et décédé le 24 avril 2003 à Saint-Brieuc. Est-ce la même personne ? On a aussi Jean-Joseph Coéffic, dit "Petit Jean", forain, né en 1901 à Hennebont qui fait parler de lui dans la presse en 1924 en page Saint-Brieuc. Est-il en parenté?

Ce dont on est certain c'est que M. Coéffic avait un manège appelé Le Comet qui faisait le bonheur des amateurs de sensations fortes !

Le manège de M. Coéffic à Cesson
 

Un ticket de ce manège a été conservé par Fabrice Hamon (publié dans le Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc..." en décembre 2022)

Ticket du Comet à la Fête foraine de Cesson

 

La famille Décamps

 

Dans les années 50, Mme veuve Décamps, la plus ancienne des patronnes foraines, seconde encore son fils sur toutes les fêtes foraines de la région.

Dans la famille Décamps on est forain de père en fils. Les grands-parents sont venus de l’Anjou, se sont installés en Bretagne. Les enfants ont choisi à leur tour la région guingampaise et briochine et s’y sont fait estimer.

Au début 1900, les Décamps voyageaient avec des voitures tirées par des chevaux loués à M. Birien de Binic. Le démontage était difficile mais il y avait des spécialités. Dans les années 50, les fils suivent les traces  du père et du grand-père. Ils ont un matériel moderne, un éclairage électrique qui a remplacé l’acétylène.

Dans les années 50, on trouve plusieurs Décamps chez les industriels forains : Raoul Décamps, né en 1928, Jean Décamps et Michel Décamps. Sur une base de généalogie, on a Jean-Baptiste Descamps, né en 1851, marchand forain, nomade, marié à Pabu en 1882, cliquer ici.

Plus tard, un certain Jean-Baptiste Décamps, forain, est décédé à l’âge de 81 ans en novembre 1968.

L'origine du nom désigne une personne qui vient d'un lieu-dit le Camp (le champ).

(D'après l'article de Ouest-France du 11 avril 1950)

 

La famille Figuier

Lucienne Figuier et son mari Alex ont mené une vie de forains  pendant 45 ans, toujours en Bretagne, de foires en fêtes.

Au départ, ils avaient fait l’achat d’une affaire foraine : un stand de tir et un vieux manège de bois, à courroie, avec montagnes russes et voitures vintage.

Lucienne préférait rester toute la saison dans sa caravane, plutôt que de profiter de sa maison à Saint-Brieuc
Décédé en 1980, Abel Figuier était une figure du monde forain. Il était le cousin par alliance du célèbre clown Achille Zavatta. Il avait acheté un manège pour son fils Guy qui n'avait pas encore choisi ce métier. Lucienne et Guy Figuier ont continué à travailler sur les fêtes foraines jusqu'en 2013. (D'après Le Télégramme 30 juillet 1999)

Manège Figuier à Erquy vers 1975. Photo du site Mémoire d'Erquy

Guy Figuier recevant la médaille de la ville d'Erquy. Photo du site Mémoire d'Erquy
 
 
La famille Mouton

 Dans le livre Profession ? Forain, l'auteure Annie Lorenzo, s’entretient en 1984 à St Brieuc avec plusieurs personnes de la famille Mouton, en particulier deux sœurs célibataires : Georgette (45 ans en 1984) qui tient un stand de tir et Betty Mouton (40 ans) avec un stand de confiserie. Ces informations ont été mises en ligne sur son site par Joseph Lohou, un passionné de l'histoire de Callac.

Betty Mouton dans sa confiserie

Betty et Georgette Mouton dans le stand de tir.

La famille Mouton se déplace uniquement en Bretagne dans le Finistère et les Côtes du Nord. Les deux soeurs suivent une tournée établie à l'origine par leurs parents : Loudéac à Pâques, Callac en mai, Tréguier pour la Saint-Yves, Saint-Brieuc en juin, Guingamp en juillet, puis des petites fêtes à Goudelin, Pontrieux, Huelgoat, Rostrenen, Châteauneuf, Châteaulin, Landivisiau, Lesneven, Morlaix, Concarneau. Carhaix est la dernière étape en novembre. De novembre à mars, elles posent la caravane près d’une maison familiale à La Roche-Maurice. 

Annick Mouton


Dans cet entretien les sœurs Mouton ne cachent pas que toutes les fêtes ne se valent pas et Saint-Brieuc n’est pas la meilleure en 1984 car les marchands forains sont éloignés du centre-ville depuis quinze ans. En périphérie les boutiques sont
seulement ouvertes l'après-midi car dans la matinée il n’y aurait personne.
La famille voyage dans plusieurs caravanes : celle de l’oncle, des parents, celle des deux soeurs et  celle de la grand-mère qui est centenaire et  suit toujours partout.

L'aïeule de la famille, centenaire.

Les Mouton ont un livret de circulation et leur commune de rattachement est Carhaix. Au moment de cet entretien, Georgette et Betty pensaient abandonner le métier, ainsi que leurs parents qui avaient 74 ans. Elles envisageaient de faire les marchés...


La loterie de M et Mme Mouton


La famille Hoffman, dans la presse

1948-2017

 

La famille Hoffman demeurait à Paimpol (dans les années 40 et peut-être bien avant). Ces industriels forains avaient un manège de radio-skooters au début des années 50.

 

Dans Ouest-France du 18 juin 1948, on voit l’installation de la fête foraine de la Saint-Jean à Lannion, sur le quai d’Aiguillon. Et  "A tout seigneur, tout honneur, nous avons d’abord remarqué M. Hoffman qui est tout à fait chez lui à Lannion…et qui présente à nouveau sa couleuvre qui assure, avec les émotions du mouvement, des montées et des descentes vertigineuses, l’intimité fort heureusement limitée, sous la peau de son fantastique reptile… avec son grand cousin le monstre du Loch Ness qui se lancent l’un derrière l’autre dans une course folle…"

 

On sait aussi que chez les Hoffmann, on ne compte plus les passages aux Fêtes patronales de Châteaulin depuis la fin des années 40. 

Comme cela se pratiquait régulièrement dans le monde forain, on apprend qu’en 1956 à Plestin, "Charles et Louis Hoffman, propriétaires des autos-tampons et chenille, ont fait don au Bureau d’aide Sociale des sommes de deux mille et mille francs".

En octobre 1969, une messe dite par l’abbé Bidault est célébrée à Morlaix pour les industriels forains et leurs employés sur la piste des autos-tampon du radio-skooters Hoffman. L’abbé Bidault s’est adressé aux forains en louant leur action de "semeurs de joie dans une société parfois si triste". (Ouest-France 22 octobre 1969)

Dans les années 70 à Landerneau, M. Hoffman et son gendre M. Hervagault stationnent sur le quai de Léon avec leur « Modern Scooter ». Landerneau est aussi une ville où l’on peut confier à des usines locales du matériel forain à réparer.(Ouest-France 29 juillet 1974)

 

Dans l'édition du Télégramme du 15 août 2002, nous sommes avec William et Romuald Hoffmann, deux représentants de cette famille qui vient à Rostrenen depuis quatre générations, pas moins. William explique certains aspects du métier :

«Pour monter un manège comme les autos-tampons, il nous faut trois jours, en travaillant normalement. En été, nous parcourons la Bretagne, de pardon en pardon et souvent, montage-démontage, nous prennent cinq jours alors que nous n'avons que deux ou trois jours de fête effective». Quand on parle de famille chez les Hoffmann, ce n'est pas un vain mot, sur la fête de Rostrenen, pas moins de six attractions appartiennent aux frères, aux filles, aux neveux, à la cousine. Mais ils ne sont pas toujours ensemble, chacun peut travailler de son côté et sur certaine fête, ils se retrouvent pour leur plus grande joie.

 

Autos-tamponeuses à Rostrenen 15 août 2002 Le Télégramme

 

L'article se termine avec le portrait de Mme Hoffmann une figure de la fête foraine à Rostrenen : "Du haut de ses 80 ans, elle est toujours fidèle à ces rassemblements, même si on ne la voit plus beaucoup du côté des manèges. Beaucoup de Rostrenois, qui, très jeunes lui ont acheté quelques jetons, sont devenus des amis et ne manquent pas d'aller saluer «Gaby» à chacun de ses passages. Elle en a fait rêver des enfants et aujourd'hui, le flambeau est passé, ses propres enfants font maintenant rêver la nouvelle génération. Industriel forain, plus qu'un métier, une passion qui n'est pas prête de s'éteindre."

 

 

Plus tard, en 2006, William Hoffman (troisième génération de forains) est en photo, avec son équipe, au moment du montage de son stand d’autos tamponneuses qui nécessite dix-sept tonnes de matériel.

William Hoffman, au montage de son stand à Guingamp 28 juin 2006 Le Télégramme

 

Le 1er juin 2012, Jerôm Fouquet de Ouest-France s'entretient avec Nessy Hoffmann, aux commandes du Magic Dance : « Dans la famille, nous avons toujours le manège de mon arrière-grand-père appelé''chenille Couleuvre Paimpol'' », sourit Nessy Hoffmann, 24 ans. L'histoire de cette famille de forains est intimement liée à la ville depuis sept générations, soit près de deux siècles. Cette année, Nessy a posé son attraction sur le quai Neuf, à côté des auto-tampons qui appartiennent à son oncle. L'un de ses deux frères tient un manège pour enfants, l'autre un magasin de peluches. Quant à ses parents, ils font tourner le Water... où les familles, « emprisonnées » dans une bulle, peuvent marcher sur l'eau. Les Hoffmann sont forains de père en fils ou en filles (Nessy est père d'une petite fille d'un mois) environ huit mois de l'année, surtout en Bretagne. Les mois d'hiver sont consacrés à l'entretien du manège.

 

William et Nessy Hoffman. 1er juin 2012 Ouest-France

Pour chaque fête foraine, Nessy fait deux voyages pour amener le Magic Dance sur place. Deux semi-remorques, deux remorques et un camion sont indispensables, plus la caravane familiale. Deux grosses journées sont nécessaires au montage du manège contre cinq heures pour le démontage. Cela s'explique par le fait qu'il faut tout mettre de niveau pour le bon fonctionnement de la structure. « Souvent, des gamins donnent un coup de main, précise son ami William Ferrand. Pour les remercier, on leur donne une poignée de tickets pour qu'ils s'amusent sur le manège. »

 

En 2013, la presse évoque le nom de Charley Hoffman, gérant de la confiserie qui s’installe tout le mois d’août à Locmaria pour la fête foraine, et ce depuis 40 ans.

En septembre 2014, Ouest-France s'intéresse à Charlotte Hoffman et son mari, William Ferrand, qui s'occupent de la confiserie sur la fête foraine de Chateaulin. 

 

Confiserie Hoffman 2014 Ouest-France


En juin 2017, Le Télégramme publie une photo de Delia Hoffman, 36 ans, dans son stand de confiserie sur la fête foraine de la place du Vally à Guingamp.

Delia Hoffman, devant son stand à Guingamp 29 juin 2017 Le Télégramme

Et, toujours en 2017, Ouest-France, dans sa page de Saint-Nazaire, évoque le Dragon, tenu de père en fils par les Hoffman.

 

 

La famille Audrouin

 

M. Aristide Audrouin est né à Vitré le 12 avril 1857. A la fête foraine de Dinan, où il se trouve alors pour effectuer son service militaire, il fait la rencontre de Léonie Hodemon qui possède un manège de chevaux de bois et une confiserie. Il l’épouse le 29 juin 1878 à Vitré.

 

Pendant quelques années, les Audrouin sont sur la route pour présenter leurs attractions sur les fêtes foraines. Mais Aristide Audrouin est passionné par le théâtre. Il fonde Le Théâtre de l’espérance qui se déplace dans toute la France avec la roulotte tirée par des chevaux. Aidés par leurs enfants, leurs décors et leurs costumes font merveille dans La Nativité et la passion de notre seigneur Jésus Christ, une grande fresque théâtrale qui s’inscrit dans les spectacles joués depuis le Moyen-Age. 

 

Mais le cinéma commence à attirer le public et les Audrouin vont s’équiper à Paris pour présenter du cinéma ambulant et leur fils Amédée (né en 1883 à Dinan) dirige l’affaire : ce sera en 1901 l’Impérial Bioscope, une salle magnifique de vingt-cinq mètres de long, transportée par train ! 

Amédée Audrouin épouse Marie-Anne Bellec (née à Pontivy le 15 février 1886), rencontrée sur la fête foraine de Châteaulin et le couple fait tourner ce cinéma jusqu’en 1919 où Amédée meurt dans un accident.  

A noter que le cinéma de Dinard possède un ancien projecteur de l’Impérial Bioscope daté de 1913.

 

Revenons à Aristide Audroin : il a reçu les Palmes académiques pour sa carrière dans le théâtre et le cinéma et Léonie Audrouin a reçu deux médailles d’or du président Poincaré pour l’éducation qu’elle donna à ses 13 enfants. Ils sont décédés tous les deux en 1953 à Morlaix à l’âge de 94 ans.

 

De son côté, Aristide Audrouin fils, élevé dans cette famille de 13 enfants, est né en 1881 à Dinan et il a épousé à Rennes le 17 juin 1904, Mlle Léa Elisabeth Perrot, née le 25 janvier 1884 à Chartres. Pendant quarante ans, leurs chevaux de bois ont amusé les enfants à la fête foraine du Champ-de-Mars à Saint-Brieuc.

Aristide et Léa Audrouin habitent Dinan où ils sont en retraite et ils sont bien connus dans toute la Bretagne. Ils fêtent leurs noces de diamant à Dinan en 1938 et choisissent de fêter leurs noces d’or dans la chapelle de Nazareth à Saint-Brieuc en juin 1954 en compagnie de tous leurs amis du monde forain. 

 

Noces d'or Audrouin 19 juin 1954 Ouest-France

Les amis forains aux noces d'or Audrouin


Aristide est décédé le 8 avril 1972 à Dinan à l’âge de 91 ans et son épouse en août 1977 à Morlaix.

 

Notons aussi que Dominique Audrouin, ancien industriel forain, grand blessé de la Guerre 14-18, en retraite à Dinan, sera décoré de la Légion d’honneur en 1960 au titre militaire. 


Légion d'honneur Dominique Audrouin 27 août 1960 Ouest-France

Dominique Audrouin et son épouse ont fêté leurs noces d'or à l'église Saint-Melaine de Morlaix en octobre 1961

Noces d'or Audrouin. 25 octobre 1961 Ouest-France

Les amis forains aux noces d'or de M et Mme Audrouin.

Le fils de Dominique Audrouin, Marcel, également industriel forain, est né à Guingamp, sur la place du Vally le 26 avril 1916 là où ses parents vendaient des frites à la fête foraine ! Il était surnommé « Le marquis du Vally » et sa générosité était connue de tous. On le voit en photo en 1969 avec des jeunes de Grâces qui ont profité de plusieurs « demi-heures » sur ses manèges.

Marcel Audrouin au milieu des enfants. 24 janvier 1969 Ouest-France
 


Robert Audrouin, né à Morlaix en 1928, forain, a fait parler de lui en 2018 dans un article où sont révélés ses talents de poète et musicien autodidacte.

 

Dominique Audroin a eu la possibilité d’aller à la même école pendant les années de Guerre à Vannes. Il a pu ainsi obtenir son Certificat d’études.

 

« Je m’efforce de capter la beauté où elle se trouve et de lui rendre hommage dans un poème. » 

 

Robert Audrouin 10 avril 2018 Ouest-France

Mais dans les années 50, on trouve déjà la trace dans la presse de Robert Audroin, déclamant une poésie de son cru.

L'histoire se déroule en janvier 1953, les forains rassemblés à Brest ont eu l’excellente idée d’organiser une rencontre de football sur le stade de Ménez-Paul au profit du Bureau d’Aide Sociale de la ville. L’équipe des vétérans des forains était opposée à une formation de commerçants du quartier de Bouguen. Ensuite, une sélection des forains de l’Ouest affronta une sélection d’anciennes gloires de l’Association Sportive Brestoise. 

Dominique Audroin récita quelques couplets de sa composition, sur l’air d’une chanson en vogue à la gloire du football forain et de l’A.S.B. Lors du vin d’honneur servi à l’hôtel Vauban, on pouvait noter la présence de M. Bettencourt, doyen des industriels forains, M. Janselme, président du football forain, M. Motard, directeur sportif, M. Tricoire et M. Le Tallec, organisateurs. Les joueurs forains étaient ce jour-là : Figuier (Rosporden), Audroin (Lamballe), Lanos (Lamballe), Le Bigot (Rennes), Le Moine (Rennes), Cronier et Bozec (Angers), La Fosse-Chevaland (Lorient), Hoffman (Brest), Meudec (Morlaix), Audroin (Dinan) et les vieux Brestois Musset, Malmanche, Le Tallec (goal) Amalfi, Bugny, Pérès, Vincent, Tamic.

(D’après un article du 13 janvier 1958)


Sources :

Articles de Ouest-France

Article de Yannick Boulain dans Le Pays de Dinan, année 2019

 


Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur les familles d'industriels forains de Bretagne, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

Pour lire l'article sur les Fêtes foraines à Robien et dans le secteur de Saint-Brieuc, cliquer ici

 

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A lire en complément

Les fêtes dans le quartier de Robien avant 1945, cliquer ici

Les cirques sur le Champ-de-Foire de Robien, cliquer ici

L'histoire du Père Mouton, une figure du monde forain et des cirques, cliquer ici 

 

Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme.

Article Wikipédia, American Luna Park, ici

Site Généanet, famille Chira, cliquer ici 

Entretien avec Samy Courteaux, organisateur de American Lunapark à Saint-Brieuc, le 29 novembre 2022. 

Facebook de l'American Lunapark Saint-Brieuc, cliquer ici 

L'histoire du cirque Figuier, cliquer ici 

Site Mémoire d'Erquy, famille Figuier, cliquer ici 

Facebook "Forain d'autrefois", cliquer ici 

Article complet de Joseph Lohou, à propos de la famille Mouton, sur son site de l'histoire de Callac, cliquer ici 

 

 

vendredi 13 septembre 2024

Richard Waïda (1921-1978), boxeur

Richard Waïda est né le 4 juin 1921 à Duisbourg (Allemagne). Il est connu pour avoir fait carrière dans la boxe dans les années 40.


Famille
Ses parents, Joseph Waïda et Émilie Pauline Kittel sont polonais. Ils se marient en Allemagne en juin 1915 et obtiennent la nationalité française en octobre 1932. Ils ont alors quatre enfants : Rufin, Élisabeth, Richard et Émile (qui sera footballeur à Reims (portrait en cliquant ici). Émile est décédé à saint-Raphaël dans le Var en 2007.

 

Élément du dossier de naturalisation de Joseph Waida, père de Richard Waïda

Le décret de naturalisation de Joseph Waïda  parait au Journal Officiel le 9 octobre 1932.


 Au mois d’août 1944, son frère Rufin est exécuté à Verzenay (près de Reims), Son nom figure sur le monument aux martyrs de la Résistance de Reims. Son histoire est racontée sur le site Le Maitron (cliquer ici)

Rufin Waïda, site Le Maitron


Le parcours de Richard Waïda dans le monde de la boxe

Richard Waïda passe par l’école de boxe de Douai. Il y est au moins jusqu’en 1938/1939.
Il sera aussi élève de Marcel Thil au R.R.C (Ring Régional de Champagne) de Reims (voir la fiche Wikipédia du R.R.C ici).

Le 16 février 1943 L'echo de Nancy nous informe qu'il bat Wirisch aux points.

Le 11 octobre 1943, on apprend dans L'écho du sport que "Waïda (Reims), léger, a été déclaré vainqueur de Bedin (Cloche des Halles) après un match très serré."

Le 21 octobre 1943 Ouest-Eclair relate la demi-finale zone Nord du 23e Challenge de « L’Auto » à Paris. La Bretagne est représentée par cinq des meilleurs boxeurs dont Le Parc et Le Page de Saint-Brieuc. Un journaliste écrit : "En « légers », la victoire remportée sur le champion Waïda par le briochin Le Parc confirme, une fois de plus, la forme actuellement détenue par le poulain de notre ami Roger Le Bert."



Le 2 décembre 1943, il bat Egelthinger aux points à Nancy.

L'Echo de Nancy  dans son édition du 22 février 1944 nous apprend que Richard Waïda est engagé dans le quart de finale du championnat de France pour sa catégorie et qu'il vient de battre Garette aux points.

Richard Waïda devient champion de France de boxe (amateur), catégorie poids légers en mars 1944 en battant le grenoblois Maserati aux points. Ce combat est résumé dans le journal Le radical de Marseille : "Maserati fait d'abord une bonne impression de mobilité et de boxe pure. Mais au deuxième round, il est sévèrement touché. Il va à terre deux fois pour ! et 9 secondes. Le grenoblois se reprend un peu au dernier round mais il est nettement battu par Waïda, robuste et solide battant."

Journal Le Cri du peuple du 6 mars 1944

 
Le Matin 18 mars 1944

 Il passe professionnel en juillet 1944.

Journal Le Petit Parisien du 12 juillet 1944

Le journal L'Auto dans sa une du 13 juillet 1944 retient le nom de Waïda comme celui d'un espoir de la boxe qui devrait percer !


Vie personnelle

Richard Waïda a épousé Christiane Bernadette Poulet à Reims (date du mariage inconnue à ce jour). Ils auront cinq enfants : Michel, Philippe Richard (né en 1952 et décédé en 1975 à Reims, avis publié le 2 août 1975), Claire, Alain et Annie sont tous deux décédés mais leurs dates de naissance et de décès restent inconnues à ce jour.

Richard Waïda est décédé le 3 avril 1978 à Mérinville dans le Loiret. Christiane Waïda, née Poulet, est décédée à Reims en 2023 à l'âge de 96 ans.

 

Retour au sommaire de l'histoire du quartier de Robien ICI

 

Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

 

A lire en complément sur ce blog

La boxe à Robien, cliquer ici

 

Sources
Courriers échangés en septembre 2024 avec Fannie Jardon .

Articles de presse

Le radical de Marseille, sur Gallica, ici

L'Auto, 1944, ici

Site Généanet, fiche sur Richard Waïda, cliquer ici

Archives Reims Football, fiche sur Waïda Émile

 

vendredi 6 septembre 2024

L'histoire de la rue François Villon, ex Chemin de la Poudrière à Robien

 

Une rue à la limite du quartier Robien

La rue François Villon n’est pas très connue, elle est située à l’extrémité sud du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Les promeneurs l’aperçoivent sur leur droite quand ils descendent la rue Louis Blanc pour aller à l’étang de Robien. Elle est séparée de la rue Chapelain de la Ville Guérin par une mince bande de terrain.

Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF

Vue aérienne. Rue François Villon et rue Chapelain de la ville Guérin à St Brieuc. 

 

 

La poudrière

Cette rue s'est appelée "chemin de la Poudrière" ou "sentier de la poudrière". Ce nom de "poudrière" vient du fait qu'il y avait un entrepôt de poudre sur le côté droit du chemin, en montant de l'étang. Celui-ci était gardé par des militaires encore au début du siècle. Il fut abandonné par l'armée beaucoup plus tard.
Les habitants des premières maisons du secteur vivaient-elles en sécurité à côté de ce dépôt de munitions? Nous n'avons malheureusement pas de témoins pour en parler !
 
Nous ne savons pas non plus si ce dépôt contenait encore des munitions quand les premières maisons ont été construites...
Quelques maisons sont bâties dans cette rue sur le côté droit en montant. La poudrière se situait plus bas que la première maison. 
 
A l’origine ce terrain était assez plat, le roc le limitait côté nord.
Il faut aussi imaginer que le chemin de la poudrière n’était pas très large et qu’il n’y avait pas cet espace remblayé et aplani pour les besoins de stationnement de l’usine Saint-Brieuc Fonderie.
 
Le chemin donnait à pic sur le ruisseau du Gouëdic et un petit sentier y descendait en partant du sentier de la poudrière comme on le voit sur le plan ci-dessous.
On remarque aussi qu'un mention "Rue à créer" est déjà portée sur le plan à cette époque. Ce sera la rue Chapelain de la Ville Guérin, mais il faudra attendre 1959-1960.
 
Acte de vente avec mention "chemin de la poudrière". Document de Mme Bigot


Cette photo aérienne des années 40 montre bien la présence de la poudrière et du chemin la contournant.

Photo aérienne, années 40. Archives municipales.

 
 
Encore au début des années 60, des témoins oculaires se souviennent de cet édifice qu'ils décrivent comme une sorte de construction simple, en pierres, de taille moyenne (3 mètres de haut) et de forme plutôt cubique. 
 

Le lotissement de la Poudrière 1926

En 1926, Armand Béziers de Lafosse (né en 1894) vend un terrain à M et Mme Lejeune. Constant Lejeune est employé au chemin de fer et habite avec son épouse à Robien, au lieu-dit « Le Coucou ». 
 
Comme l’indique le plan dans l’acte de vente, dans cette « rue », il n’y a que trois parcelles : la maison située le plus en haut de la rue est celle de M. Mesléard, suivie de celle de M. Ernest Roy (la plus grande parcelle).
Ernest Roy possédait une scierie dans le quartier, rue André Gide, avant que M. Aubin la reprenne.
Enfin, la dernière parcelle de 300 m2 est vendue à M. Constant Lejeune. Ces terrains ont la particularité d’être situés sur deux niveaux : un niveau bas, au niveau du chemin de la Poudrière, et un niveau haut qui donne dans ce qui sera plus tard la rue Chapelain de la Ville Guérin. (voir la photo aérienne).
 

Plan avec la mention "chemin de la Poudrière". Document Mme Bigot


Ci-dessous, sur cette partie d'un plan de 1936 concernant le Lotissement de la ferme du Clos à Robien, on distingue un rectangle le long d'un chemin, tout en bas de l'image, c'est la poudrière  !

Plan 1936. Archives départementales 22. Dossier 5M 89.



Un nouveau nom en deux temps !

A la toute fin des années 50, des travaux d'assainissements des eaux sont entrepris par la municipalité dans ce secteur. Le chemin de la Poudrière est aligné et la poudrière détruite. 
Le 5 février 1959, une délibération transforme "le passage du Pont des Villes Moisans vers la Poudière" en lui donnant un nouveau nom : la rue des Villes Moisan.
Malheureusement, dans la même période une autre rue des Villes Moisan venait d'être donnée sur la commune de Ploufragan dans le prolongement de la rue Jules Ferry.
Les confusions étaient incessantes, des personnes se retrouvaient désorientées et au niveau du courrier le problème était insoluble. Edgard Soufflet, qui habitait dans cette rue et en subissait directement des désagréments, souffla à un conseiller municipal du quartier de donner le nom du poète rebelle François Villon.

C'est ce qui fut fait : le 9 avril 1963, une délibération du Conseil municipal, donna le nom de rue François Villon


Le site de la poudrière à l'heure actuelle.

De nos jours la végétation a tout envahi le site de l'ancienne poudrière et en particulier un gros chêne a poussé. La végétation et la terre, visibles aujourd’hui, sont le résultat de l’érosion et de terres des jardins de la rue Chapelain de la Ville Guérin.

Le bas de la rue François Villon à St Brieuc. Photo RF



La rue François Villon aujourd'hui

 
A l’heure actuelle il n’y a que 6 maisons dans cette rue mais seules celles des numéros 2 et 4 sont les maisons des années 20. C’est Mme Bigot, habitante actuelle du numéro 2 de la rue depuis 1991, qui a eu l’amabilité de nous donner connaissance de son acte de vente. Mme Bigot a su tirer admirablement profit de l’emplacement très particulier de sa maison et de son terrain sur deux niveaux. 
 

Maison de Mme Bigot, avant rénovation, 2 Rue François Villon
Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc. Photo RF

Jardin-terrasse de Mme Bigot, construit sur le roc, 2 Rue François Villon à St Brieuc. Photo RF

 

 La plus proche de la rue Jules Ferry porte le numéro 12.

Les maisons aux numéros 10, 8 et 6 sont des maisons mitoyennes anciennes ayant été rénovées dans les années 70-80.

Juste derrière ces maisons se trouvait un groupe de trois baraquements en sapin, couvert de bitume, appartenant à M. Jean Jouy. Il en habitait un et louait les autres. Les bâtiments en péril ont été détruits entre 1980 et 1990.

 

Le saviez-vous ?


Le nom de Béziers Lafosse revient souvent dans l'histoire du quartier de Robien, pas seulement par le nom de la rue mais parce que la famille possédait une grande partie des terrains dans la partie sud de Robien.
Le terrain vendu, dans le cadre de ce petit lotissement de 1926 de la Poudrière, n’est qu’une petite parcelle (numéro 455 de la section D) de ce qui était avant appelé « La ferme du Clos » appartenant à Mme Louis Blaize depuis 1898.
M. Louis Blaize (père de M. Emile Blaize) l’avait acquis le 6 janvier 1857.
 
M. Béziers Lafosse est veuf en premier mariage de Mme Rose Marie Jarnouen de Villatray et en deuxième mariage de Mme Louise Marie Félicité Alexandrine Blaize.
Avec Mme Blaize il a eu deux enfants dont l’un est décédé (c’est le Sergent Béziers Lafosse qui a donné son nom à la rue). L’autre enfant est le vendeur du terrain. Il s’agit de Armand Édouard Hippolyte Béziers Lafosse (né en 1894), docteur en droit, juge honoraire, demeurant Pordic, villa Ker Joseph.
 

Acte de vente. 1926. St Brieuc. Photo RF


Le saviez-vous ?

Au numéro 2, au-dessus de l'ex Poudrière, se trouvait Théodore Bon, Facteur de Robien-sud et voisin d’Ernest Roy.


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Sources

Acte notarié de 1926, vente d'un terrain entre M. Armand Béziers Lafosse et M et Mme Lejeune. Document de Mme Bigot.

Les rues de Saint-Brieuc, leur histoire, leurs curiosités ». 1947, J. B. Illio.

Entretiens avec Mme Bigot, habitante de la maison du 2 rue François Villon.

 

Merci pour ses renseignements très précis à Dominique Soufflet, né en 1952 rue du Pré-Chesnay et arrivé dans cette rue en 1954, au numéro 12. Dominique fait également remarquer des erreurs de Google Earth sur la numérotation comme le numéro 6 après le 26 au croisement de la rue Chapelain et de la rue François Villon.

 

Délibérations du conseil municipal en ligne sur le site des Archives municipales : 5 février 1959 (rue des Villes Moisans), 9 avril 1963 (Rue François Villon).

 

Témoignage de Claudine Rizzo (souvenirs de la poudrière), mai 2020.

Renseignements fournis par Christian Pinçon à propos de son grand-père M. Ernest Roy.

 

 

 

 

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