samedi 15 mars 2025

Anaclet Wamba, champion du Monde de boxe, Sporting Club Briochin, rue abbé Garnier à Saint-Brieuc

Le boxeur Anaclet Wamba marque les esprits dans les années 90 avec des victoires et des titres au niveau mondial

Ce sportif d'exception est lié au quartier de Robien par son attachement au Sporting Club Briochin, le club de boxe de la rue abbé Garnier, et par les combats qu'il a livrés dans la salle de Robien.

Anaclet Wamba

Une enfance africaine

Anaclet Wamba est né le 6 janvier 1960 à Liranga en République du Congo et c’est dans son pays, à l'âge de 15 ans, qu’il décide de devenir boxeur après avoir assisté à Kinshasa, le 30 octobre 1974, au «combat du siècle » entre Georges Foreman et Mohamed Ali. 

D’abord boxeur amateur sous les couleurs du Congo, en 1980,  il participe aux Jeux Olympiques de Moscou et obtient la neuvième place dans la catégorie des poids mi-lourds : il a tout juste vingt ans.

Deux ans plus tard, il découvre la France et s’installe assez rapidement à Saint-Brieuc.

 

L'éclosion d'un grand champion à Saint-Brieuc

Charles Morin, le président du club de boxe, l'accueille rue abbé Garnier. Le premier combat de Wamba à Saint-Brieuc se déroule le samedi 13 mars 1982. La presse est dans l'attente de voir le boxeur fraîchement arrivé à Saint-Brieuc "qui possède, dit-on, une grande classe". Charles Morin espère beaucoup de cette nouvelle recrue : "Si nous pouvions le faire naturaliser, Wamba deviendrait très vite le chef de file du club".(Ouest-France 10 mars 82)

Effectivement, dans ses premières années chez les pros, Wamba reste invaincu lors de ses premiers combats.

Fin mars 1982, Wamba boxe à la salle Savidan de Lannion en mi-lourds contre Leroy de Pont-Saint-Maxence. Un mois plus tard, en avril 82, Wamba rencontre Michel Moukory, le champion de France depuis 1980, dans le nouveau hall de Brézillet et sort victorieux de cette rencontre.

Moukory 15 avril 82 Ouest-France

Dans un entretien à Ouest-France le 21 octobre 1982, "Charles Morin est persuadé (et il n'est pas le seul) qu'il tient là un boxeur de qualité : "J'aurai beaucoup de problèmes pour lui trouver des adversaires en France. Je devrai m'adresser aux Anglais ou aux Italiens..."

Le 27 novembre 1982, dans la salle du C.O.B, Wamba met K.O son adversaire professionnel Guy Telusson au premier round.

En février 1983, en quatre reprises de trois minutes, Wamba affronte Mohamed Zaoui, finaliste du challenge du journal L'équipe : cinquante combats et cinq défaites seulement.

Wamba à gauche. 5 février 1983 Ouest-France

En janvier 1984, plus de 1800 spectateurs assistent à la victoire de Wamba sur Maurice Gomis par abandon à la septième reprise : "La boxe se porte bien à Saint-Brieuc et Wamba, à l'annonce de la décision, reçoit une folle ovation". (Ouest-France 16 janvier 1984)

Wamba vainqueur. 16 janvier 1984 Ouest-France

Le 13 octobre 1984 à Saint-Brieuc, Wamba gagne aux points contre l'Allemand Louis Pergaud. "La boxe connaît un bon succès dans le département. Les réunions organisées par le S.C.Briochin ont attiré un nombreux public. Le motif de cet engouement : l'ascension d'Anaclet Wamba..." (Ouest-France 11 octobre 1984)

Le 24 janvier 1985, Ouest-France titre : « La rentrée très attendue de Wamba ».

24 janvier 1985. Wamba à gauche
En effet, Wamba n’a pas boxé depuis un bon moment et le public a hâte de le retrouver.  Après avoir battu Pergaud, le champion du S.C.B, entrainé par Albert Huet, affronte le britannique Andrew Gerrard le 26 janvier : c'est un adversaire de taille, susceptible de lui apprendre quelque chose dans l'art de la boxe. En effet, comme on peut le lire dans Ouest-France du 24 janvier 1985 : "Le briochin doit parfaire sa formation. Dans le domaine de la technique et de la vitesse d'exécution, il est à la hauteur. Il a acquis une certaine maîtrise. En garçon intelligent, il s'est très vite rendu compte qu'il fallait aussi de l'expérience pour s'imposer et que les bonnes intentions ne suffisent pas face à quelques vieux "renards" des rings !"

En avril 1985, Wamba est opposé au 7e poids lourd britannique Garside, lui aussi un redoutable rival. Un match nul aurait été logique mais Wamba est déclaré vainqueur sous les sifflets d'une partie du public !  Que s'est-il passé ? Wamba n'a pas été triomphateur, loin de là, il est même tombé au tapi  au 4e round et l'arbitre compta jusqu'à huit, le champion ne devant son salut qu'au gong qui déclara à la fin du match : "Ce dur combat m'a servi d'excellent entraînement avant de retrouver Pergaud samedi prochain à Brest. Je ne comprends pas très bien la réaction d'une partie du public mais cela va me servir de leçon : tant pis pour le spectacle si je trouve la possibilité de terminer dès le premier round, je ne laisserai plus cette petite chance passer." (Ouest-France, 22 avril 1985)

Garside-Wamba 22 avril 1985. Ouest-France

En 1985, Wamba gagne aux points contre Gerrard et sort victorieux de deux autres combats à Saint-Brieuc et Saint-Malo. Il est sur une belle série de dix combats sans défaite dans la catégorie des poids-lourds, avant d'aller affronter Horace Nottice au Royal Albert Hall à Londres, où il est battu le 16 octobre.

Wamba manque de combats mais s’entraîne deux fois par jour et continue de progresser.  Sa naturalisation semble en passe d'être réglée à la fin de l'année 1985 mais ne le sera effectivement qu'en fin 1987.

Photo publiée dans le Facebook Fan d'Anaclet Wamba, date inconnue

Wamba au niveau européen et mondial

En 1988, la carrière de Wamba se joue maintenant au niveau européen. Un combat doit l'opposer au Belge Yves Monsieur : quatorze combats et deux défaites ! C'est une première étape pour disputer un titre européen. Toujours licencié au Sporting Club Briochin, son professeur est devenu le parisien Dambrosio. Le 13 mars 1988, la salle de Robien est remplie pour voir le champion gagner aux points.

En février 89, Wamba boxe à Saint-Brieuc contre Siriki Sanogo, devant un public conquis. Comme le dit son professeur, Bernard Dambrosio : "Son public est ici. Voyez : la salle est pleine. Je dis chapeau. Quand on organise une réunion à Paris avec cinq combats pros, il n'y a pas autant de spectateurs ! " (Ouest-France 28 février 1989)

Wamba avec sa fille. 28 février 1989. Ouest-France

Wamba dominateur devant Sanogo 28 février 1989. Ouest-France

En avril 1989, un millier de passionnés de boxe assiste à la victoire expéditive de Wamba  contre l'Anglais David Muhammed, en douze minutes : "Un vent de passion a secoué les gradins de la salle omnisports de Plérin. Inquiets, mais jamais résignés, puis libérés, les supporters de Wamba peuvent être rassurés :  une chance européenne devrait lui être offerte prochainement."  (Ouest-France 24 avril 1989)

24 avril 1989 Ouest-France

L'ascension de Wamba se poursuit : le 12 novembre 1989, il devient champion d'Europe après son combat contre Angelo Rottoli, à Naples, en Italie, dans une salle pourtant toute acquise à l'Italien. Charles Morin aurait bien aimé organiser le combat à Saint-Brieuc mais les finances du club ne le permettaient pas.

En 1990, Wamba ne livre pas beaucoup de combats. Il rencontre John Held en janvier. Le 20 octobre, il bat l'Américain Crower dans la salle de Robien.

Affiche Wamba-Crower 20 octobre 1990. S.C.B

Le samedi 8 décembre 1990, Wamba affronte Duran à Ferrarra en Italie pour un championnat du monde. Mais, après un combat où Wamba semble devoir l'emporter aux points, les juges donnent l'avantage à l'Italien. 

Wamba abattu...11 décembre 1990. O-F
 

Une revanche est organisée six mois plus tard et, le 20 juillet 1991, Wamba acquiert son titre de champion du monde en battant Massimilio Duran à Palerme.

Après avoir atterri à Orly, Wamba, auréolé de son nouveau titre, vient retrouver Charles Morin chez lui à Saint-Brieuc. Poignée de main affectueuse. "T'as pas l'air content", lui lance Charles Morin. "Si, si, ça va" lui répond Anaclet. Le champion raconte que les jours avant le duel ont été difficiles, Duran multipliant les provocations dans la presse. Mais après sa défaite, Duran déclara que Wamba était vraiment un grand combattant. "Et à l'écart des discussions, la petite Jessica Wamba savoure le paquet de sucettes au lait offert par Marie Morin. A son âge, elle ne sait pas encore qu'Anaclet est un grand champion. Pour elle, il est encore mieux que cela : c'est son papa"...(D'après Ouest-France du 23 juillet 1991)

Chez Charles Morin. 23 juillet 1991 Ouest-France

Le vendredi 13 décembre 1991, Wamba remet en jeu son titre de champion du monde des lourds-légers WBC devant Duran. La chaîne Canal + retransmet la soirée en direct.

Wamba 13 décembre 1991 Ouest-France

Dambrosio, son entraîneur, est confiant : "Anaclet n'a jamais été aussi bien physiquement et dans sa tête". Et c'est effectivement Wamba qui conserve son titre ce soir-là... 

Charles Morin, président du S.C.B et Wamba. 25.11.1991 OF
 

Entre deux championnats du monde, Wamba est capable de répondre en toute simplicité à l'invitation d'une classe de collège qui mène une enquête sur le sport de haut niveau avec leur professeur Henri Boitard.

27 mai 1992 Ouest-France
Le 13 juin 1992, Wamba rencontre le russe Andreï Rudenko à Bercy et remporte le combat.

Après la victoire sur Rudenko. 15 juin 1992 Ouest-France
 

Anecdote

En octobre 1992, invité d’honneur au Parc des Princes où il devait donner le coup d’envoi de PSG-Metz, Wamba a failli manquer la cérémonie : il avait oublié son carton d’invitation. Le boxeur Jean-Claude Boutier est venu à la rescousse et tout est rentré dans l’ordre. Deux boxeurs de cette stature, ça ouvre des portes !

Le 16 octobre 1992, le champion du monde des lourds-légers  remet son titre en jeu à 32 ans avec l'ambition, en même temps, de conquérir l'Amérique. Pourtant, dans le privé, Wamba reste un homme discret : "Ni strass, ni paillettes. Anaclet élève ses enfants, retape des vieilles bagnoles et part plus souvent qu'avant à Paris pour s'entraîner." (Ouest-France 16 octobre 1992)

16 octobre 1992 Ouest-France

Dans ce combat, devant plus de 5000 personnes, Wamba ne fait qu'une bouchée de son adversaire Andrew Maynard, champion olympique des mi-moyens, en le mettant au tapis dès le premier round.

Wamba-Meynard. Photo Youtube.com

Les frères Acariès, qui le suivent, lui cherchent des adversaires aux États-Unis.


19 octobre 1992 Ouest-France

En octobre 1993, c'est la première fois depuis soixante ans que deux français s'affrontent dans un championnat du monde. Les frères Acariès, qui organisent les combats, choisissent la salle Marcel Cerdan à Levallois-Perret.

Wamba y affronte le jeune et talentueux champion d'Europe, Akim Tafer.

Tafer est certain de remporter la victoire comme il l'assure dans Ouest-France le 16 octobre : "Ce titre, je le veux et je l'aurai. J'ai beaucoup travaillé...Je sais que je vais souffrir. Ce sera l'efficacité de mon punch contre son jeu académique, mais je ramènerai le titre chez moi". Akim Tafer déclare aussi que Wamba est trop vieux, qu'il va l'envoyer en retraite pour qu'il s'occupe de ses enfants. Wamba est piqué au vif.

Wamba-Tafer 16 octobre 1993 Ouest-France

Wamba conserve encore une fois son titre devant Akim Tafer qui jette l’éponge au huitième round.

18 octobre 1993. Ouest-France

Tafer-Wamba Site Journaux Collection.com

Sur le plan local, en décembre 1993, Wamba est très suivi par le public sportif. Il remporte le Menhir d’Or récompensant le meilleur champion des Côtes-du-Nord. Plus de 50% des bulletins portaient le nom de Wamba, accueilli par une ovation lors de la remise du prix : « Si je suis champion du Monde c’est grâce à vous tous » lança le boxeur à l’adresse du public.

Très applaudi, comme Hinault, Wamba va recevoir son Menhir d'Or

Gaston Matthieu, l'ancien boxeur, et Wamba

En juillet  1994, « Wamba conserve son titre à l’arraché » comme le titre Ouest-France le 15 juillet.

Le briochin bat l’Américain Adolpho Whashington à Monaco, dans une salle avec pom-pom girls et jeux de lumière : une salle qui rappelle Las Vegas. Ce titre, il l'aura défendu à sept reprises, notamment contre les champions Andrew Maynard, John Westhgard ou le français Akim Tafer.

Wamba champion du monde. Publié le 17 mai 2005 Ouest-France

Fin de carrière

Le 3 décembre 1994, le dernier combat en Argentine contre Marcelo Dominguez, signe la fin de la prestigieuse carrière de Wamba : il a alors 36 ans. Ce jour-là, il conserve pour la dernière et septième fois son titre.

Son bilan est alors de 46 victoires (23 KO), d'un match nul et de deux défaites. En décembre 1994, Anaclet Wamba reçoit encore à Saint-Brieuc une distinction pour sa brillante carrière. 

23 décembre 1994 Ouest-France


Trouver un second souffle

Sur le plan sportif, la suite n'est pas facile pour le champion : il doit donner une revanche à Dominguez en juillet 1995 mais déclare forfait pour cause de blessure. Le 20 avril 1996, il perd son titre mais tente de revenir sur le devant de la scène dans un combat contre l'Argentin Marcello Dominguez. Finalement, Wamba est disqualifié pour avoir dépassé de 1,4 kg le poids autorisé dans sa catégorie : il ne peut pas combattre.

Pin's Wamba

Une page est tournée... Dans un article du Télégramme du 6 décembre 2001, on en sait un peu plus sur ce que devient Anaclet Wamaba après son retrait de la vie sportive :

"Ceux qui, durant dix bonnes années, n'ont pas manqué un seul de ses combats, et qui, curieusement, ne l'ont plus vu réapparaître depuis cinq ans, mais s'interrogent, émerveillés par la qualité des prestations qu'il livrait régulièrement et notamment dans l'antre de «Robien» qu'il enflammait en compagnie des G. Koffi et F. Laviso, autres professionnels briochins des années 84 à 90. Qu'ils se rassurent, il n'a pas totalement disparu. Grand voyageur, Wamba s'est éclipsé, c'est vrai, chez lui, dans son pays d'origine : le Congo. Périodiquement, il éprouve le besoin de se ressourcer, justifiant ainsi ses mouvements.

Wamba, à l'image de son frère prêtre, souhaite alors oeuvrer pour aider son pays, ses frères : "La terre congolaise est fertile, mais nous manquons de moyens et d'une assistance d'encadrement sous forme de coopération".  

En fait, Wamba investit de l'argent dans une affaire de photocopieurs au Congo mais le commerce tourne mal et il est plus sûr de rentrer en Bretagne. 

Photo publiée sur le Facebook Fan d'Anaclet Wamba

En 2003, on retrouve Wamba dans la presse locale : il a reçu trois coups de couteaux le dimanche 20 avril en plein milieu du marché de la Croix-Saint-Lambert à Saint-Brieuc. Blessé, Wamba retourne chez lui et revient sur le marché muni d'une carabine à la recherche de son agresseur. Heureusement, on parvient à le raisonner et il pose son arme. Son agresseur est condamné à quatre mois ferme de prison.(Ouest-France 14 mai 2003)

En 2004, à 10h30 du matin, après avoir bu sept verres de rhum, Wamba est contrôlé en état d'ivresse au volant à Saint-Brieuc. Il ne se souvient pas d'avoir percuté un arbre. Comme cette affaire s'ajoute à deux condamnations en octobre 2002 et 2003 pour conduite en état alcoolique, Wamba écope de quatre mois de prison ferme. Plus d'emploi, sept enfants, la prison : c'est trop pour l'ancien champion qui est K.O debout.  

Cette chute attire l'attention de Pierrick Baudais qui réalise un portrait très attachant d'Anaclet Wamba en quatrième de couverture de l'édition de Ouest-France du 17 mai 2005. On y découvre une force de la nature habitée par une personnalité d'une sensibilité à fleur de peau, meurtrie par les épreuves de la vie...


Anaclet Wamba 17 mai 2005 Ouest-France

Le journaliste rappelle que Wamba n'a jamais vraiment récolté les fruits de son succès sportif : il ne sait pas se mettre en avant, "c'est plutôt un taiseux. Un besogneux aussi. « C’est le boxeur le plus facile à diriger que j’ai eu à entrainer », confirme Bernard Dambrosio. Un bosseur habité d’une certitude : il faut usiner ce corps-armure pour mieux éviter les coups. Courir, gifler le parquet avec la corde à sauter. Et, entre la poire et le cordage, enchaîner les combinaisons. 

Cette discipline de fer, Anacalet Wamba se l’est imposée durant des années et lui seul sait pourquoi. Peut-être pour dépasser cette enfance où, dans les rues de Liranga, au Congo, il jouait à la boxe avec ses copains. « On fabriquait des gants en tissu qu’on rembourrait d’ouate. »

Sa reconversion dans une vie professionnelle, en dehors de la boxe, a été un échec et Wamba ne cherche pas à rejeter la faute sur les autres : "Seule certitude, onze ans après son dernier titre mondial, le champion vit aujourd'hui avec le RMI et se retrouve sans emploi."

Depuis cet article en 2005, les années ont passé mais Wamba ne semble pas être encore parvenu à trouver un nouvel équilibre.

On ne peut que souhaiter à l'ancien champion de retrouver un second souffle et le nom de Wamba fait encore rêver avec la nouvelle génération. Dans la famille Wamba, il faut compter sur la relève avec Nicolas, le fils, devenu lui aussi champion du monde junior, mais de full contact, en septembre 2004 ; puis champion du monde WKN de kick-boxing en mars 2014.

Nicolas Wamba à droite. 25 mars 2014 Ouest-France

Richard Fortat. Janvier 2025.


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Palmarès complet de Wamba chez les professionnels, cliquer ici

Pour découvrir toute l'histoire de la boxe à Robien, cliquer ici

 
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« La boxe a toujours été un jeu. En face de moi, j’avais un adversaire. Pas un ennemi »

Anaclet Wamba 

 
Sources 

Archives Ouest-France

Le Télégramme 6 décembre 2001

Wikipédia

Fan d'Anaclet Wamba. Facebook, cliquer ici
 
Anaclet Wamba, BoxerList (site Internet)
 
17 mai 2005 Ouest-France

 
 


jeudi 13 mars 2025

Les logements atypiques à Robien

Pour la plupart d'entre nous, une maison, c'est d'abord quatre murs et un toit (ou un plafond si on est en appartement!). C'est une manière conventionnelle de concevoir notre "chez-nous" alors qu'il existe tant d'autres manières de vivre qui sortent de l'ordinaire.

Une habitation atypique boulevard Hoche à Robien

Aucun doute, la maison occupée par Jean-Pierre Wilmart, au 113 boulevard Hoche à Robien, est bien une habitation atypique ! Elle est constituée de quatre anciens wagons SNCF rassemblés.

Vue d'ensemble des 4 wagons rassemblés. Photo RF

Au départ sur ce terrain se trouvait une maison traditionnelle dont il n’a été conservé que la cave et le petit escalier avec la rampe métallique.

Les pierres du sous-sol qui forment un grand rectangle sont donc celles de la maison initiale. On y a installé des traverses en acier pour poser les wagons. Ensuite le tout a été colmaté entre les wagons et un bardage bois a été réalisé pour donner jolie allure à la maison.

Plusieurs habitants ont été des artistes comme Henri Moinet (propriétaire de 1967 à février 2000 où il est décédé) ou Philippe Bertho, un briochin qui a réalisé de nombreuses œuvres visibles dans des galeries aux USA et l’affiche du festival Art Rock en 2014.

Visite de la maison

Entrons dans la maison par l’escalier que l’on peut voir en longeant le boulevard Hoche. Le premier wagon est une entrée, il a été séparé en deux pour y loger une petite salle de bain tout à fait fonctionnelle.

Le deuxième wagon appelé « Le wagon-restaurant » est un ancien wagon qui servait à transporter les patates et les choux bretons. Pour les spécialistes, c’est un « 25 mètres », nom de ces petits wagons de marchandise.

Le wagon-restaurant. Photo RF
Le troisième wagon abrite un poêle à bois, c’est « Le salon image et son ». Les souvenirs de Jean-Luc constituent un véritable petit musée. Un escalier en colimaçon conduit à l’étage où se trouvent un bureau et une chambre à coucher (attention aux poutres basses !).

Salon image et son. Photo RF

On redescend et on passe enfin dans le quatrième wagon, plus grand et plus haut de plafond, c’est un 25 m2, un ancien wagon frigorifique. Sa nouvelle affectation est celle du « Salon-bibliothèque ». On y trouve de nombreuses photos anciennes de l’atelier d’Henri Moinet dont un tirage assez extraordinaire d’un homme qui avait fourni sa photo de mariage en demandant de faire disparaître l’épouse et de la remplacer par une potiche ! Le résultat est spectaculaire mais une trace légèrement fantomatique laisse quand même apparaitre quelque peu l’ex-épouse !

Jean-Luc Wilmart est aussi un passionné de photo !

Les extérieurs

On sort sur la terrasse et le jardin où se trouvait un puits, maintenant tari. Un immense cerisier planté dans les années 60 par Henri Moinet procure toute l’ombre nécessaire. Le terrain était à l’origine beaucoup plus grand et la propriétaire l’appelait « Le Paradis ».

Juste sur le côté se trouvait « le café du dimanche » qui était bien en harmonie avec cette maison atypique. Jean-Pierre raconte qu’avant ce café, c’était un bâtiment industriel (une usine d’huile domestique ?) qui était devenu une sorte de loft pour des troupes de théâtre. Il l’appelait « Le Nid d’intermittents ».

Extérieurs de la maison. Boulevard Hoche. Photo RF

Portrait d'Henri Moinet. 4 septembre 1997. Article de Ouest-France.

 

Ceux qu'on appelle encore "Les gens du voyage"

La présence de "gens du voyage" n'est pas nouvelle dans le quartier de Robien, pour preuve cet article du journal Le Combat Social du 18 décembre 1937 où l'on retrouve le fameux stéréotype "des voleurs de poules"...
Le Combat Social du 18 décembre 1937.
Nous savons aussi que, tout en haut du Tertre Marie Dondaine, vivait la famille Blivet. Le recensement de 1936 nous apprend qu'Auguste, le chef de famille était rémouleur de profession. Il parcourait tout le département pour exercer son métier en porte à porte. Germaine, son épouse, était foraine et leur fils Claude était acrobate. Le travail de rémouleur ou dans un cirque amène à s'adapter : leur mode de vie les oblige à beaucoup se déplacer et donc à posséder un habitat mobile. 
M et Mme Blivet dans leur caravane sur le Tertre. Photo Ouest-France mai 1991
Depuis leur installation sur le Tertre qui date des années 30, la famille s'est agrandie mais ces habitants du quartier ont toujours cherché à adapter leurs conditions de logement, tout en restant fidèles au Tertre Marie-Dondaine. Les "gens du voyage" ont forcement un port d'attache.
Les baraques du tertre faisaient une vingtaine de mètres carrés, il n'y avait qu'un seul point d'eau pour toutes les familles. Aujourd'hui il n'est plus question de vivre ainsi : des mobile-homes offrent une meilleure qualité de vie.
Photo aérienne du Tertre Marie-Dondaine. Années 60-70. Archives municipales.
Patricia Blivet et sa fille Flavie sont interrogées en 2014 dans un article consacré au tertre Marie Dondaine. C’est l’occasion de faire le point sur les perspectives de la famille : « Nos arrière-grands-parents habitaient ici, témoignent Flavie et sa mère, Patricia. « Nous sommes des gens du voyage. Nous ne renions pas ce qu'on est. Mais on a toujours été sédentarisés. On veut rester ici en famille. Mes enfants sont scolarisés dans le quartier depuis la maternelle. »

Sur ce bout de terrain gravillonné s'entassent des caravanes, des fourgons et des mobile-homes. Il y a l'eau, l'électricité, l'eau, des sanitaires, des égouts... Un coin de paradis pour cette famille qui n'entend pas délaisser sa caravane au profit d'un appartement dans le parc social.

Dans le plan local d'urbanisme 2012-2016, la ville avait prévu la réalisation de "cinq maisons adaptées, de petites maisons de plain-pied avec deux espaces, un pour mettre la caravane et un second pour travailler".  Les familles peuvent ainsi disposer d'un lieu de séjour privatif afin de rester stationné sans durée limitée du séjour et aussi choisir les familles avec qui elles cohabitent.

Finalement, la ville ne s’est pas engagée dans la construction de ces logements et les familles concernées ont fini par réaliser différentes améliorations elles-mêmes. (D’après un article de Ouest-France publié le 26 février 2014)

Patricia Blivet et sa fille Flavie. Photo Ouest-France 26 février 2014

D'autres habitants dans des caravanes à Robien
 
Dans le chemin des Eaux minérales, pas loin du bas de la rue de Trégueux, d'autres habitants du quartier étaient des "gens du voyage" mais ils vivent à cet endroit depuis des dizaines d'années. Comme la famille Blivet installée sur le Tertre Marie Dondaine, ils se trouvent très bien dans cette vallée d'où ils n'imaginent plus partir ! 
Une ancienne habitante du quartier se souvient qu'il y a des dizaines d'années quand M. Nicolas habitait une caravane à cet endroit, au moment de son décès, la caravane a été brûlée selon le rite des gitans.
 
Ensemble de caravanes et mobile-home, Chemin des Eaux minérales

 
Les baraques en bois du tertre Marie-Dondaine
Des familles ont vécu, avant 1940, dans des baraques en bois sur le Tertre Marie-Dondaine. Jusqu'à 15 familles ont habité dans ces logements où les conditions matérielles étaient très difficiles. En 1993, Mme Herviou a été la dernière personne à quitter la caravane qu'elle habitait sur le Tertre.
D'autres articles sont consacrés à ces baraques du tertre Marie-Dondaine et à leurs habitants :
Les baraques du Tertre Marie-Dondaine ici 
Les habitants du Tertre Marie Dondaine, de nouveau réunis en juin 2019, ici
Le Tertre Marie-Dondaine, un site à découvrir, ici
 
 
Habiter dans un ancien local industriel ou commercial
Dans le quartier de Robien, de nombreux anciens locaux industriels et commerciaux ont été rénovés et transformés en habitation : garages, hangars, dépôt des P.T.T...
On peut aussi les considérer comme des logements atypiques.
Pour lire l'article consacré uniquement à ce sujet, cliquer ici

Boulevard Hoche. Ancien garage transformé, emplacement de l'ex Café du Dimanche. Photo RF

 
Conclusion 

Les belles carrières que plusieurs habitants du Tertre Marie Dondaine ont pu avoir par la suite, nous donnent une leçon de vie et un message d'espoir. On peut vivre dans des conditions très précaires et s'en sortir socialement. On peut vivre dans des baraques et garder sa dignité, grandir dans une ambiance familiale chaleureuse. 
C'est peut-être la conclusion de cet article (qui s'intègre lui-même dans une série de onze articles sur l'habitat dans le quartier de Robien).
Comprendre d'où vient notre patrimoine architectural, acquérir quelques bases dans ce domaine, c'est intéressant.
Mais que l'on vive dans  dans un immeuble, dans une maison d'architecte, une maison art-déco ou une maison ouvrière, le plus important reste peut-être ce que l'on y vit à l'intérieur et dans ses relations avec son voisinage proche.


Racontez-nous votre "habitat atypique"

Sur cette question des habitats différents, dans d'autres endroits de St Brieuc, comme au Légué, on aurait pu poser la question du voilier ou de la péniche.
On voit bien qu'il y a de multiples cas de figure.
Alors, à la suite de cet article, racontez-nous ce qui est votre "chez-vous" si vous vivez dans une maison qui ne rentre dans aucun classement : Yourte, mobile-home, chalet de bois, caravane, ancien wagon de train...
Dites-nous si vous êtes-vous satisfaits ou non de votre habitation et pour quelles raisons : matériaux, proximité de la nature, superficie, proximité de commerces et services, logement adaptée aux familles ou autre, économe en énergie ?

 

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Sources

Photo aérienne. Archives municipales. Merci à Sophie Ehouarn.
 
Recensement 1936. Archives départementales en ligne.
 
Plusieurs rencontres avec Jean-Pierre Wilmart en 2020. Un grand merci pour son hospitalité !
 
Entretiens avec Claude Corack, mars-avril 2020
 
Article de Ouest-France du 26 février 2014 (famille Blivet)

Pour les abonnés à Ouest-France, retrouvez l'article sur la maison de Jean-Luc Wilmart dans les archives du journal en cliquant ici
  
 
 

Prolongement
 
Nicole, qui habite en Indre et Loire, nous signale qu'il existe à Saint-Branchs, une salle de spectacle installée dans trois wagons soudés. Ils accueillent une centaine de personnes. C'est très fréquenté. 

On peut y voir du théâtre, écouter des concerts, des petits groupes de jazz de la région...

Site internet "Les wagons", cliquer ici


 

 


 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...