jeudi 1 février 2024

L'histoire du square Barillot dans le quartier de Robien à St Brieuc

 

Espace de jeux dans le square Barillot. Photo RF


L’origine du square Barillot

Les habitants de Robien connaissent tous le square Barillot mais ne savent pas forcement que ce terrain a été aménagé en jardin public dès 1954. 

Tout au long de l'année 1954, la municipalité a engagé différents travaux d’aménagement du square et a réalisé les premières plantations. Ce lieu est alors appelé "Jardin de Barillot". La même année, le service des jardins de la Ville mets en place des jeux, balançoires et tourniquets dans les parcs de Ty-Coat et des Promenades.

Les plantations ont été achevées en juin 1956.

Le 26 novembre 1956 , le Conseil municipal a entamé des discussions avec M. Méheut qui possédait des terrains dans le secteur du square. Le but était alors de faire déboucher la rue Camille Desmoulins sur la rue Jules Ferry. Cet accord a été conclu en février 1957 et le square Barillot a pu être agrandi.


Vus d'avion, le square et les jardins qui l'entourent forment une vaste zone de verdure au coeur du quartier de Robien.

Le square et les jardins qui l'entourent. Vue Google map

 

Léon Le Mée, un ancien du quartier, qui le tient lui-même d'un plus ancien arrivé dans les années 30, avance l'idée que le terrain aurait été donné à la ville à condition d’en faire un parc public. 

Plan 1938 ne mentionnant pas encore le square Barillot. 5Fi 190

 

On retrouve une trace d’un accord de ce type en 1931 entre la municipalité et M. Ignace, représentant de Weil, propriétaire. Mme Weil propose de vendre à la Ville un terrain de 2500 mètres carrés moyennant le prix de 3 francs le mètre carré.

Extrait du Conseil municipal du 23 décembre 1931

Ce terrain correspond à ce qui est devenu de nos jours le square Barillot avec les terrains et maisons qui l’entourent. D’autres terrains, en particulier bordant le Gouédic, sont cédés gratuitement, à charge pour la municipalité de conserver alors « le caractère de propriété privée à usage du public pour promenades, places, jardins, réserves plantées… » de ces différents lieux.

C’est sans doute cet accord qui a justifié la création du square.

 

 

Mais d’où vient le nom de Barillot ?

On peut dire que le nom vient de la désignation de la parcelle du cadastre qui contient ce parc. Le jardin public de Robien est construit en partie sur les parcelles 488 et 494 de la section D. L’ancien propriétaire était Sévère Auffray de Guélambert.

Plan cadastral. Parcelle 494. Lotissement Weill


Le nom de « square Barillot » vient du nom du lieu-dit mais sur des plans anciens on trouve les noms de « Barillo » ou de « Baricol ».

On trouve le nom de « Le Baricol » sur un plan de 1814 et cela deviendra « Le Barillo » sur le plan cadastral en 1847.

Plan de 1814 modifié en 1847. Archives municipales Cadastre 4

Pour remonter encore plus loin dans le temps, on peut se référer aux études de M. René Théophile Salaün qui a fait le point en 1970 sur la question de l’origine du nom Barillot. Il est intéressant de reprendre ses recherches sous les formes d’une version abrégée et d’une version presque intégrale pour les personnes qui voudraient tout connaître sur le sujet.

René Théophile Salaün explique donc que le nom Barillot vient du nom de la famille des seigneurs de Barillot qui avaient leurs terres au sud de Saint-Brieuc, avant 1535.  Ces terrains se situent de nos jours dans le quartier de Robien.

 

Le saviez-vous ?

L'origine du nom Barillot serait un diminutif du mot baril. Ce sobriquet désignait un homme petit et ventru comme un baril. Le nom de Barillot aurait pu aussi être attribué à une personne exerçant comme tonnelier.

 

Un square apprécié des habitants

Dans les années 80, le Comité d'animation de Robien a dû interpeler la municipalité, souhaitant "une surveillance énergique et renforcée" en raison de la présence de "clochards en état d'ébriété et débraillés non compatibles avec la présence de jeunes enfants".(Journal du C.A.R n°2 d'octobre 1984) 

L'ambiance dans le square Barillot évolue au fur et à mesure des époques. Voilà comment on parlait du square dans le journal du Comité de Quartier de Robien en novembre 1990 :

"Les petits y viennent accompagnés de leurs nourrices ou de leurs parents pour jouer dans le sable. Les plus grands viennent seuls avec leurs vélos retrouver leurs copains, se cacher dans les cabanes improvisées et les buissons touffus ; les adolescents se regroupent derrière les arbres à l’abri du regard des adultes, pour échanger leurs petits secrets…et faire pétarader leurs mobylettes.

Des liens se tissent dans ce petit jardin, lieu de rencontre privilégié pour les habitants du quartier".


Le comité de quartier a toujours œuvré pour faire entendre les propositions des usagers afin d’améliorer les équipements du square Barillot.

Ainsi dans les années 90, les nourrices se plaignaient de voir des morceaux de verre cassés éparpillés çà et là dans le sable et de devoir commencer par nettoyer le bac à sable pour éviter que les enfants ne se blessent. Après des courriers envoyés à la mairie, des poubelles ont été installées ainsi qu’un portail.

En 2010, l'ensemble du square a été revu, ce qui a donné lieu à "une inauguration" au mois de juin. Voilà comment Ouest-France présentait cette manifestation :

"En inaugurant le square Barillot, le maire, Bruno Joncour, a rappelé que « la rénovation de ce site est un atout important pour le quartier de Robien, mais aussi pour la ville ». Ce projet, en route depuis plus d'un an, s'est fait en collaboration avec la mairie, le Comité d'Animation de Robien, mais aussi avec la Bambinerie, collectif d'assistante maternelle du quartier." (21 juin 2010)

Bruno Joncourt coupant le ruban au square Barillot le 21 juin 2010 Ouest-France


Plus tard les jeux qui avaient vieilli ont été remplacés, un espace a été dédié aux chiens, des panneaux de basket installés.

Depuis des décennies, le Comité de quartier a fait de cet espace un lieu de rendez-vous de rentrée et de convivialité en y proposant des manifestions diverses (fête de la musique, théâtre, contes, peintures murales...)



Espaces de jeux. Photos RF 2021

Les gorilles de Dabanadadou Lélé. Photo RF

 

Les arbres remarquables du square Barillot : les séquoias.

On ne sait pas avec exactitude quand ils ont été plantés, sans doute en 1954 au moment de l'aménagement et des premières plantations. Mais on constate que les deux séquoias du square ont pris une ampleur assez considérable et qu'ils constituent un point de repère de plusieurs endroits du quartier. Ils ne sont pas de la même variété et cela se voit à leurs aiguilles très différentes. A gauche on a le séquoia géant et à droite le séquoia à feuilles d'if.

Aiguilles du séquoia géant

Aiguilles du séquoia à feuille d'if.

Les séquoias géants du square figurent parmi les arbres les plus impressionnants que l'on puisse trouver à Saint-Brieuc. 

Cet arbre, originaire du continent américain, peut pousser d'un mètre par an dans des conditions optimales. Il peut stocker jusqu'à 6 tonnes de CO2 par an.

En 2010 le square a été profondément remanié par les services techniques de la Ville. A cette occasion, l'association "Arbre à Lutik" a permis aux petits comme aux plus grands de découvrir le panorama exceptionnel offert du haut de la cime des séquoias !

Un séquoia géant du square Barillot. Photo RF
Le séquoia géant du square Barillot. Photo RF

Le séquoia géant du square Barillot. Photo RF


Les autres arbres du square

Un hêtre et un bouleau. Photo RF 2023

Un peuplier de très belle taille. Photo RF 2023

Plan du square Barillot avec le nom des arbres. Service espaces verts de la Ville

L’origine du square Barillot, version complète (d'après les notes de René Théophile Salaün)

Extrait des notes de R.T Salaün. Archives départementales

D’où vient le nom de Barillot ?

« La seigneurie du Barillot, qui n’est plus mentionnée en 1535, devait être située au sud de la ville de Saint-Brieuc, près du couvent des Cordeliers. Elle touchait à celle du Clos et de Robien et s’étendait jusqu’aux remparts. Notons que dans la vieille ville, près de la cathédrale, se voyait autrefois, à l’angle des rues St Gilles et des Trois Frères Merlin, une maison « des Barillots » qui s’élevait en face de l’ancien Hôtel Rohan".

La plupart des seigneurs dont les terres avoisinaient une ville ou un bourg fortifié, possédaient également, à l’abri de ses remparts, un hôtel ou une maison refuge, destiné à recevoir leur famille et leurs trésors en cas de guerre. Ils payaient leur droit d’emplacement pour ces maisons au seigneur du dit lieu.

Souvent ces maisons étaient bâties sur le territoire même du domaine qui touchait à la ville. Telle est ici la maison du Barillot, dans le vieux Saint-Brieuc que la seigneurie  de ce nom avoisinait au sud.

 

Au commencement du XVème siècle, c’est la famille Le Nepvou  qui  habitait Le Barillot (près Robien). Elle s’établit au siècle suivant au lieu noble de Karfort (plus anciennement Kerfo) dont elle porte encore le nom (A.F.B p 252)

On retrouve également la mention du Barillo dans l’accord convenu entre le sieur de Guélambert et le sieur Geslin de Trémargat  au sujet d’un petit terrain « qui était autrefois le vieux chemin de Quintin joignant la pièce des Quartiers à celle du Barillo ».

"On peut donc se demander si le Barillot n’était pas la propriété des Geslin de Trémargat qui ont quitté le manoir des Rues à la fin du XVIe siècle ?"

"En 1655, Escuier Christophe Favigo, sieur du Clos et y demeurant  et Toussaint Auffray, sont en procès pour un droit de passage que le sieur du Clos prétend avoir sur le Petit pré Barillot et sur une autre pièce de terre appelée « Les Cartiers » dépendants de la Métairie de Robien".

"En 1695, Messire Toussaint Auffray, demeurant le plus ordinairement en son manoir noble de Robien, donne a bail une portion de la maison du Port-Favigo à mademoiselle Christine Bagot, dame douairière de l’Estang faisant tant pour elle que pour noble homme François Damar sieur de l’Estang, son fils".


 

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Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...), merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

Les gorilles du square Barillot. Photo RF

 

 

Sources

Fonds Salaün, archives départementales. René Théophile Salaün signait de nombreux articles dans le journal municipal de St Brieuc Le Griffon. Il utilisait un pseudonyme Erthéach (RTH)

Conseil municipal du 23 décembre 1931, archives municipales.

Plan cadastral. Lotissement Weill. Archives municipales

Emplacement pour un square. Plan. archives municipales. Dossier 345w102 (aménagements, espaces verts).

Plan de 1938. 5 Fi 190 Archives municipales.

Plan du square avec le nom des arbres. Merci à Gaël Quintin du service des espaces verts de la Ville.

Articles de Ouest-France : 29 décembre 1954, 19 juin 1956, 20 février 1957 (compte-rendu d'une décision du Conseil du 26 novembre 1956), 24 février 1959,  21 juin 2010

Journaux du Comité de Quartier de Robien : novembre 1990, septembre 2010

Pour retrouver les actualités du square Barillot, visitez le site du comité de quartier et cliquez ici

 


 

 

 

L'histoire des pharmacies du quartier de Robien à St Brieuc. 1938-2017

 


C'est en 1938 que Yves Mahuzier va créer la première pharmacie du quartier de Robien, rue Jules Ferry à Saint-Brieuc.

Yves Georges Mahuzier est né le 30 juin 1905 à Saint-Brieuc, dans une famille où son père était parvenu à faire une belle carrière dans les impôts en devenant Receveur général des contributions directes à Rennes.

 

La Pharmacie Mahuzier, rue Jules Ferry

Yves Mahuzier se marie à Plestin-les-Grèves le 15 octobre 1932 avec Odette Cotrel.

Yves Mahuzier ouvre une première officine à Saint-Brieuc, dès 1934 où dans le journal Ouest-Eclair on trouve la trace de "Danet et Mahuzier, pharmaciens". 

Puis en 1938 il ouvre sa pharmacie d'abord au 2 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien. Une première annonce indique cette adresse dans l’édition de Ouest-Eclair du 30 avril 1938. 

Pharmacie Mahuzier 28 août 1938 Ouest-Eclair

 La famille Mahuzier habite à proximité, au 60 boulevard Hoche.

 

 (ci-dessous une annonce du 20 août 1945 dans Ouest-France)



Hélas, Yves Mahuzier décède alors qu'il n'a que 40 ans, le jeudi 13 décembre 1945. Il est inhumé au cimetière Saint-Michel à St Brieuc. 



Malgré ce décès, la pharmacie Mahuzier continue de fonctionner un temps et elle est mentionnée comme pharmacie de garde jusqu'en juillet 1946.

 

La pharmacie Mahuzier, une histoire de famille

Le fils du pharmacien de Robien, nommé Georges, né en 1934, a fait des études de pharmacie à Rennes à partir de 1953 et a construit une brillante carrière, notamment au Liban de 73 à 75 puis comme professeur de chimie à la faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry jusqu'en 2001 où il prit sa retraite (sur l'île de Bréhat). Sa soeur nommée Josette fait sa scolarité primaire à l'école Sainte-Bernadette. Georges Mahuzier est décédé le 10 juillet 2014. (Pour lire l'article complet qui lui est consacré dans ce blog, cliquer ici)


 

Le saviez-vous ?

Dans la famille Mahuzier, on trouvait Albert Mahuzier, né à Saint-Brieuc, célèbre explorateur, écrivain et conférencier ayant fait les beaux jours des premières séances de Connaissances du Monde dans de nombreuses villes en France.


 

La Pharmacie Tirel, 41 rue Jules Ferry

Le pharmacien Tirel  va reprendre, l’officine de Georges Mahuzier, rue Jules Ferry, fin 46 ou début 1947. La première trace dans la presse est celle de la pharmacie Tirel, rue Jules Ferry,  de garde le 31 octobre 1947.

Jean Tirel est mentionné comme pharmacien à Rennes au moment où il se marie à St Brieuc avec Jacqueline Mury (publication du 13 juin 1946 dans Ouest-France). Ce mariage a certainement coïncidé avec son déménagement à St Brieuc et avec la reprise de la pharmacie.


19 juin 1964 Ouest-France

Jusqu'au début des années 80, la pharmacie Tirel, 41 rue Jules Ferry est régulièrement mentionnée comme pharmacie de garde.



La pharmacie d'Annie Quarante-Rosé. 

Au 41 rue Jules Ferry en 1983.

1984. Pharmacie rue Jules Ferry. Photo de Mme Quarante

En 1983, Annie Quarante-Rosé reprend la pharmacie, toujours au 41 rue Jules Ferry. La photo ci-dessus, prise en 1984, représente la pharmacie telle qu'on pouvait la connaitre dans le quartier au moment où elle était tenue par M. Tirel et lors des premières années avec Mme Quarante. On peut remarquer la différence de niveau entre le trottoir et l'entrée de la pharmacie à laquelle on accède par plusieurs marches.

A noter aussi sur la droite de la photo, on aperçoit un hangar qui appartenait au transporteur Le Bail et quelques années plus tard une brocante s'y est installée.

 

La photo, ci-dessous, montre l'évolution de la pharmacie après les travaux d'aménagement des façades, et de l'intérieur en 1987.


Ci-dessous, une autre photo de la pharmacie après les travaux réalisés en 1987.


Pharmacie 41 rue Jules Ferry. Photo archives municipales

Cette pharmacie de Robien ne pouvait pas tellement compter sur une clientèle de passage comme dans le centre-ville. Les personnes venaient surtout prendre les médicaments prescrits par leur généraliste, à savoir le docteur Bardon de la rue Jean Jaurès, remplacé plus tard par le docteur Pilorge

Pochette publicitaire Pharmacie 41 rue Jules Ferry. Collection personnelle

 

La pharmacie d'Annie Quarante-Rosé.

Au 18 rue Jules Ferry en 1998.

A la fin des années 90, le quartier de Robien change et une vaste opération immobilière permet de voir sortir de terre une nouvelle résidence : Les Quartiers de Robien. Un local commercial est réservé au rez-de-chaussée, à l'angle du boulevard Hoche et de la rue Jules Ferry.

Ci-dessous, le carrefour de la rue Jules Ferry et du boulevard Hoche dans les années 80 avec l'emplacement des établissements Gaudu qui seront remplacés par la nouvelle pharmacie


Mme Quarante profite de cette opportunité et déplace la pharmacie en face d'où elle est installée, pour aller au 18 rue Jules Ferry. Tout cela intervient en août 1998. 

Pharmacie 18 rue Jules Ferry. Photo André Bougeard 2012
 


La Pharmacie de Robien. Mme Le Roux. 2010

Mme Quarante cède son affaire en 2010 à Mme Le Roux. La pharmacie prend alors le nom de "Pharmacie de Robien".

Photo RF 2022

En 2017, la pharmacie change de propriétaire.

Pharmacie de Robien. Photo RF 2021

 

Si vous avez des commentaires, des témoignages ou des documents sur l'histoire des pharmacies de Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact.

 

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Sources

Ouest-Eclair 1934

Ouest-France, 25 août 1945

Généanet, fiche sur Mahuzier père, né en 1877, cliquer ici

Généanet, fiche sur Yves Mahuzier, né en 1905, cliquer ici

Avis d'obsèques de Georges Mahuzier, universitaire, né en 1934, ici

Albert Mahuzier, l'explorateur, né à St Brieuc, fiche Wikipédia en cliquant ici

Photographies de 1984 et 1987, et renseignements fournis par Mme Quarante en février 2022.




L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...