dimanche 8 décembre 2024

Les cirques sur la place de Robien à Saint-Brieuc, 1933-1961


La tradition des cirques est très ancienne à Saint-Brieuc mais concernant le quartier de Robien, c'est le Cirque Pinder en 1933 qui est le premier cirque à s'être installé sur la Place du Champ de Foire de Robien. Il sera suivi par tous les grands cirques durant les décennies à venir. 

La place avait été aménagée peu de temps avant pendant l'année 1932, c'est ce qui avait manqué pour que les cirques viennent à Robien plus tôt.

 

1933

Une première trace dans la presse fait état d'une Fête foraine sur la place de Robien durant trois jours les 10, 11 et 12 juin 1933, avec un bal le 11 et quelques jours plus tard, le 18 juin, la venue du Cirque Pinder. Dans la programmation annuelle des fêtes, le cirque Amar avait été pressenti dans un premier temps.

Dans les années 30, d'autres cirques viennent certainement sur la place de Robien sans que l'on puisse citer leur nom avec précision car on peut lire en 1937 un portrait de M. Mouton qui évoque la présence de cirques : "Avez-vous remarqué, dès l'arrivée d'un cirque place de Robien, un bon vieux briochin, toujours souriant, toujours aimable, saluant les artistes forains ? Avez-vous remarqué près de la gare, ce vieillard que l'on appelle le Père Mouton?

M et Mme Mouton 23 janvier 1937 Ouest-Eclair

Il est le troisième de neuf enfants élevés dans le cirque où il a exercé pendant plus de cinquante années comme directeur d'une troupe d'acteurs. Âgé de 87 ans, il connait parfaitement ce milieu et c'est ce qui fait dire au journaliste : "Notre interlocuteur nous témoigne sa joie de voir les cirques, de saluer les enfants de ceux qu'ils a connus jadis et de bavarder avec eux, en rappelant le succès de leurs grands-pères et grands-mères". 

Le portrait complet du Père Mouton est à retrouver dans un article qui lui est entièrement consacré en cliquant ici


1934

En 1934, le Cirque Figuier s'installe sur la Place de Robien. Plusieurs représentations sont données le 15 avril en matinée et soirée, puis en automne, les 21, 22 et 23 octobre.


1937

Le 25 mars 1937, Ouest-Eclair signale dans son agenda du jour  "Au terrain de Robien, en matinée et soirée : représentation du Cirque Amar."

 

1938

Le 3 août 1938 dans Ouest-Eclair, on apprend la venue à Robien du Cirque Bureau dirigé par M et Mme Glasner, "le cirque sans bluff".


Cirque Bureau 1934. Image Cirk75


En octobre 1938, le cirque Pinder avait prévu de donner une représentation mais le chapiteau sera déchiré à cause d'un ouragan.

Pinder à Robien 4 octobre 1938 Ouest-Eclair

 

1939

Une annonce dans Ouest-Eclair fait savoir que le cirque Amar donnera deux représentations le 1er juin 1939 à Saint-Brieuc, place de Robien. Le public peut aussi visiter "le parc zoologique" du cirque avec en particulier un bassin aménagé où l'on peut voir un hippopotame !





Pendant la guerre 39-45

 

Les cirques ambulants ont les pires difficultés pour continuer leur activité pendant la Seconde guerre mondiale. Localement, des forains ambulants stationnent en octobre 1940 à Robien, près du Pavillon Bleu, au 117 rue Jules Ferry.

Un journaliste de Ouest-Eclair passe un long moment à discuter avec "ces travailleurs". Il tient à montrer que ces forains « ont droit à leur place comme tous les Français. Ce sont de braves gens. »

Des enfants reviennent de l’école :« Moi, je ferai du cirque, je sais faire l’équilibre, dit un garçonnet bien dégourdi pour son âge, comme papa et mes oncles… »

 


La visite du camp de Robien se poursuit :

« La guerre pour ces gens a été encore plus pénible que pour d’autres. Il n’y a plus d’essence pour circuler, et d’ailleurs, à quoi bon s’en aller de la région où les évènements les ont surpris…

Voici une famille qui avait deux voitures, elle en a perdu une et il faut vivre à onze dans deux roulottes. Une bombe a coupé un jour, pendant l’exode, l’un des véhicules en deux et on se demande comment les parents n’ont eu aucun mal.


On entend de la musique ; c’est un jeune qui s’exerce voulant à tout prix reprendre le cirque plus tard. Les siens faisaient du cirque et du cinéma dans la région…

Celui-ci a fermé sa loterie, ses balançoires, cessé ses bonbons et son casse-boite ; celui-là a eu le chapiteau de son cirque enlevé et sa tente repliée, le matériel a été perdu, usé, et il faudrait une installation nouvelle, couteuse ». (Extraits de l'édition du 27 octobre 1940 de Ouest-Eclair)

 

Ainsi va la vie pour les gens du cirque et des fêtes foraines en cette fin d'année 1940 à Saint-Brieuc.

 

Après-guerre

Après-guerre, les années 50 et 60 représentent la grande période des cirques et Robien a accueilli tous ceux qui effectuaient leurs tournées dans l'Ouest de la France : Radio-Télé Circus en 55 et 56 et le cirque Amar en 56 et 58, avec son grand chapiteau à 6 mats, ses attractions et "la plus grande ménagerie du monde" !

 

 

1946

L'Aube nouvelle 4 mai 1946

 

1952

Le dimanche 31 août 1952, le cirque Bureau est à Saint-Brieuc sur la place de Robien pour deux représentations.


30 août 1952 Ouest-France

 

1953 

Le jeudi 6 août 1953, le cirque Pinder est sur la place de Robien  "Le plus beau chapiteau du monde"


Les riverains ont peut-être entendu les rugissements des lions géants de l'Atlas, des tigres du Bengale, des panthères noires ou des panthères des Neiges !

Ouest-France 6 août 1953

Le 11 août 1953 dans Ouest-France :
"Le grand cirque est passé. Il ne reste plus sous le chapiteau disparu que les traces de la ville flottante dont le règne fut éphémère sur la place de Robien.
Ainsi va la vie et le cirque lui-même subit l’évolution des temps modernes ; aux flonflons cuivrés de l’orchestre qui faisaient danser les chevaux en ronds, c’est une musique digne des plus grands music-hall qui souligne avec virtuosité les moindres gestes de l’éminent prestidigitateur…et les lions se plient aux exigences du dompteur sous la caresse d’un tango à la mode
".


1954

Le 16 août 1954, le cirque Amar, est à Robien : 12h, la parade de Buffalo-Bill ; 15h et 21h, représentations.

 

 

1955

Le 5 août 1955, Radio-Circus, patronné par Radio-Luxembourg, débarque à Robien. 

L'histoire de ce cirque peut être retrouvée en cliquant ici

 

Image du bloc-notes de Cirk75


5 août 55. Ouest-France

 

1956

Le 5 mai 1956, c'est le cirque Amar qui s'installe place de Robien et il va recueillir un gros succès, devant même refuser des places le samedi : "Le soir, la direction dut refuser des places et de nombreux spectateurs (en puissance) venus par cars ou voitures particulières s'en retournèrent "gros-Jean" comme devant..." (Ouest-France 7 mai 1956)


5 mai 1956. OF

7 mai 1956 Ouest-France


Au début du mois d'août 56, Télé Radio-Circus revient mais avec sa cavalerie anglaise, "son authentique tribu de peaux-rouges", ses acrobates, clowns, otaries, chimpanzés...

Les vedettes de la radio et de la télévision, Roger Lanzac, Marcel Lefort et Zappy Max, assurent l'ambiance. 

Zappy Max, image Cirk75

Pour retrouver l'histoire de Zappy Max, un article sur le blog de Cirk75, cliquer ici




31 juillet 1956. OF

1957

En 1957, la place de Robien va voir s'installer les cirques des Frères Bouglione, Pinder, Bostock Circus, Les trois frères Amar, Télé Radio-Circus et le cirque-zoo Jean Richard !

Le cirque-zoo Jean Richard retient l'attention de Ouest-France dans son édition du 5 juin : "Tout y est ordonné, propre, d'un goût incontestable souvent même marqué d'élégance... Si selon Mahomet, le paradis est sur le dos d'un cheval, Philippe Gruss et Alexis Gruss, doivent se trouver chaque soir au septième ciel... Numéro de grâce aérienne avec Hélène de Vernon... Et c'est après l’entracte, la présentation des fauves, les panthères félines et sournoises de Philippe Gruss ; les lionnes d'Abyssinie. Jean Richard lui-même pénètre dans la cage où sont introduits quatre lions du Soudan. Il nous présente avec la même autorité un groupe de quatre jeunes éléphants... "

 

1958 


Le 15 mai 1958, c'est au tour du cirque Amar de dresser son chapiteau sur la place du Champ de Foire de Robien.


« Le cirque Amar dressera son chapiteau géant à six mâts, sur la place de Robien… Des milliers de personnes se rangeront autour de la piste fleurant bon la sciure pour assister à ce merveilleux spectacle où le courage, l’habileté, l’audace se marient avec l’harmonie pendant que les vagues d’applaudissements déferlent des gradins et montent en vacarme vers la toile du chapiteau.

Cirque Amar 14 mai 1958 Ouest-France

Amar a réussi le tour de force de réunir des numéros que, sans exagération, on peut qualifier d’extraordinaires, les phoques savants de Sautevich, les poneys de Willy Méyer, les zèbres dressés de Otto Suskov, des éléphants dont l’un monté sur un tabouret tournant exécute sur une seule patte un numéro unique au monde.

Tigres et lions adultes feront parcourir des frissons dans l’assistance… »

Deux sportifs font aussi partie du spectacle : Halimi, l’ancien champion de boxe rejoue son combat et Jean Robic, l’ancien vainqueur du Tour de France dans un numéro sur « cycles Roll ».



C’est aussi sans compter sur le formidable numéro de Zavatta, « Le roi des clowns », qui n’est pas un inconnu à Saint-Brieuc car il était déjà venu il y a quelques années. Mais il a aussi vécu à Paimpol pendant l’Occupation allemande. Avec la famille Figuier, il s’était installé à Tournebride où il exploita lui-même un café-restaurant. Zavatta se livrait chaque jour à des pitreries avec son partenaire Jean Figuier. La guerre terminée, Zavatta redevint un grand clown alors que son beau-frère retrouvait son métier de dresseur de chevaux.

(D’après Ouest-France du 13 mai 1958)


Zavatta, photo Cirk75

Le cirque Amar, ce sont 400 personnes avec 120 véhicules (camions, tracteurs, voitures d’habitation, bureaux, fourgons…).

Notons enfin que la visite de la ménagerie est gratuite pour les vieillards et les enfants du Bureau de Bienfaisance.

 

1958

Le jeudi 17 juillet 1958, le cirque Bouglione est à Robien pour deux représentations, une à 15h et l'autre à 21h. Les amateurs de beau cirque ont la chance de voir réunis le cirque Bouglione, Radio-Luxembourg et Radio-Monte-Carlo. Le jeu "Le quitte ou Double" et le radio-crochet seront animés par des présentateurs vedettes.

 


1959


En juillet 1959, pour sa première exhibition en Bretagne, la troupe allemande Traber-Reuz, de renommée mondiale, avec ses quinze funambules, se produit sur la Place de Robien. Leurs pylônes sont installés sur le Champ de Foire de Robien car la Place Saint-Michel n’est pas suffisamment ample. Deux heures de spectacle avec ces spécialistes de l’auto et du moto-rodéo. Leur programme comporte des sauts au tremplin, des passages dans des cercles en feu. Ils évoluent sur un fil à 28 mètres au dessus du sol puis sur un grand pylône de 72 mètres de haut. Des clowns font aussi partie du spectacle et détendent l’atmosphère… 

 

En août, le public peut découvrir une attraction du cirque Amar, dix minutes de fou-rire avec Emilio, le vagabond funambule, l’une des 25 attractions du vrai cirque présenté par les frères Amar et qui a obtenu à Bordeaux l’Oscar du Cirque.(Ouest-France, 6 août 1959)


Cirque à Robien. Ouest-France, 6 août 1959


 

1960

Cirque Amar à Robien 4 juillet 1960. Ouest-France

 Encore une soirée "féérique"...



Le dompteur Maurice Cherey et ses lions. Ouest-France 2 août 1960

Les éléphants équilibristes. Ouest-France 2 août 1960


 

1961

Dans la presse locale, la dernière trace indiquant la présence d'un cirque sur la Place de Robien est celle du 6 août 1961 avec le cirque Amar. Ouest-France précise que le chapiteau à huit mâts permet d'accueillir 5000 spectateurs : "Trois heures de vrai cirque avec fauves, Jerry Landry, équilibriste au trapèze, Les Beppos, cascadeurs comiques, Joy Kay, célèbre contorsionniste, le jongleur Guy Bells". La ménagerie peut également être visitée avec des lions, tigres, panthères, loups, hyènes, bisons, yacks etc.

 

Ensuite les cirques seront localisés Place de la Liberté où un vaste espace peut également les accueillir. Pourtant Stéphane Le Roux en a des souvenirs dans les années 70 : « Avec l’école maternelle Guébriant, on allait voir la ménagerie des cirques sur la place de Robien. On était impressionnés par les fauves. »


Dessin d'André Coupé. 3 avril 1973 Ouest-France

 

Anecdote

"Il est arrivé un jour que la procession religieuse qui se déroulait dans le quartier se passait au même moment que celui où les animaux du cirque devaient aller se mettre au vert. Ils allaient boire et se reposer au bord du Gouédic. Et on a vu alors des éléphants traverser la procession ! ".  

Incroyable mais vrai ! Une anecdote de Jean-Pierre Corouge.

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

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A suivre :

Portrait de Romain Mouton, directeur de cirque, cliquer ici

Des caravanes pour le monde du cirque et forain, l'entreprise Lefeuvre à Saint-Brieuc, cliquer ici

 

Sources

Archives municipales, dossier de presse des années 90 avec des articles de Ouest-France. 

L'histoire de Radio-Circus est à retrouver sur le très bon blog cirk75, mis en ligne par un passionné de cirque, cliquer ici

L'histoire de Zavatta, blog cirk75, cliquer ici

L'histoire du cirque Bureau, blog de cirk75, cliquer ici

Circus parade, un site dédié au cirque et aux arts de la piste, cliquer ici  

 

 Les cirques à Saint-Brieuc

 

Les cirques ont toujours trouvé des endroits pour s'installer à Saint-Brieuc : Place du Théâtre, Place de Robien, Place de la Liberté, Place Poulain-Corbion...

 

Un cirque place du Théâtre à Saint-Brieuc. Carte postale des années 1900

La Place de la Liberté a toujours été un endroit de choix pour les cirques à Saint-Brieuc, deux exemples en 1933 avec le Cirque Bureau et en 1972 avec le Cirque Bouglione.

Le cirque Bureau à Saint-Brieuc 13 août 1933 Ouest-Eclair

17 juillet 1972 Ouest-France

Dans le cadre de "L'été en fête" en juillet 1995, le cirque nu s'installe Place Poulain-Corbion pour présenter deux heures de musique, de cirque et d'art dramatique. Le Cirque nu évoque une multitude de sentiments et d'émotions et le public peut passer de la gravité au rire...

 

En août 2015, le cirque Fratellini plante son chapiteau sur le parking du Géant Casino dans le quartier des Villages à Saint-Brieuc. Lors des quatre représentations, le public a pu y voir des numéros avec une douzaine d'animaux, des jongleurs, des clowns, de la magie et des prestations acrobatiques...


Le cirque Fratellini aux Villages à Saint-Brieuc, 16 août 2015 Ouest-France


Bien des cirques se sont installés au Parc des expositions à Brézillet, juste un exemple parmi tant d'autres avec le Cirque Médrano en février 2016.

Cirque Médrano à Saint-Brieuc, février 2016, photo Ouest-France



 

Jean Le Bigot, Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc 1960

 


 

Jean Robert Le Bigot est né à Saint-Brieuc le 5 mai 1915, il habitant rue Lesage à Saint-Brieuc, s'est marié en 1943 avec Françoise Coutret et il est décédé le 11 novembre 2003 à Saint-Brieuc.

Jean Le Bigot était connu dans sa ville natale comme négociant en grains, rue Jules Ferry, dans le quartier de Robien. Il travaillait avec Jacques, son frère et avait pris la succession de l'entreprise familiale en 1956. Peu après cette date, il a assuré une fonction diplomatique que beaucoup de gens ignorent.

Jean Le Bigot,  a pris ses fonctions de Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc, par décret du Ministère des Affaires étrangères, le 23 février 1960. 

 


 

Les raisons de l’attribution de cette fonction diplomatique à M. Le Bigot

Les critères qui président au choix d'un vice-consul sont le statut social des intéressés, la connaissance qu'ils ont du pays dont ils assurent la représentation et le réseau de relations dont ils disposent.

Il faut aussi savoir qu’un Vice-consul ne bénéficie ni d’un budget ni d’une rémunération. Par contre, il obtiendra la totalité du remboursement de ses dépenses administratives, avec les justificatifs, mais cela oblige l’intéressé à faire l'avance des frais.

Tenant compte de ces critères, M. Le Bigot, par la présence de son établissement au port du Légué, est très bien placé pour être en contact avec de nombreux marins danois. On voit d’ailleurs que dans les différents rapports annuels, envoyés par M. Le Bigot à l’Ambassadeur du Danemark, figure un état détaillé de tous les navires danois ayant accosté dans les ports du Légué, de Dahouet, de Tréguier et de Paimpol.

Les mouvements sont importants, ainsi on note par exemple que pour l’année 1963, 19 navires danois ont touché le Port du Légué.


 

Des renseignements doivent être fournis sur les importations et les exportations. C’est un domaine qu’il connaît très bien. Plus occasionnellement,  M. Le Bigot se charge de régler différentes formalités pour des marins. Ainsi M. Le Bigot s’occupe de prendre des billets de train pour deux marins, Palle Petersen et Erik Sorensen en juin 1967. Cet exemple illustre bien la contrainte imposée au Vice-consul qui doit engager des frais pour se faire rembourser plus tard.

Par ailleurs, le réseau relationnel de Jean Le Bigot est très étendu sur Saint-Brieuc et au-delà car il est issu d’une vieille famille briochine. Ajoutons enfin que son expérience du commerce européen fait de lui une personne tout à fait à même d’exercer une telle fonction.

Ajoutons enfin que St Brieuc est rattaché au Consulat de Nantes avec à sa tête Henry Villandre, une vieille connaissance de la famille Le Bigot.

Extrait d'un courrier adressé le 11 avril 1960 par Henry Villandre à Jean Le Bigot :

"Permettez moi, Monsieur le Vice-consul, de vous dire tout le plaisir que j'ai eu d'apprendre votre nomination... Votre nom me rappelle une famille, et singulièrement Madame Le Bigot, votre grand-mère ainsi que Monsieur René Le Bigot, dont j'ai gardé de très fidèles et vivants souvenirs".

 


Les taches du Vice-consul du Danemark à Saint-Brieuc

Le Vice-consul est chargé de s’occuper des ressortissants danois fixés en France ou ayant quitté le territoire français dans son secteur géographique, mais il faut avouer que ce dernier cas est très rare. Pour honorer sa tache, il fait le lien entre les services de la Préfecture et le Consul du Danemark en France.

 


M. Le Bigot intervient ainsi en novembre 1964 pour un marin danois accidenté sur un bateau chargé de charbon, le « Scantic ». Bent Nymann est hospitalisé à Saint-Brieuc et c'est à Jean Le Bigot qu'il revient d'assurer son rapatriement en train vers le Danemark.

On peut aussi demander à M. Le Bigot de recueillir les votes, lors des élections danoises, au Vice-Consulat de Saint-Brieuc, comme cela s’est passé en novembre 1966.

M Le Bigot est dans le groupe organisateur chargé de recevoir une délégation venue avec l’équipe de boxe amateur danoise. M Le Bigot est à l’accueil des Danois à 23h30 en gare de Saint-Brieuc et en fait le compte-rendu au Consul : « Les organisateurs avaient tenu à ce qu’une aubade, d’un groupe folklorique composé de quelques binious, bombardes et d’une Bretonne en costume régional, fut donnée lorsque les Danois mirent pied à terre à la gare de Saint-Brieuc. ». M Le Bigot offre ensuite le Champagne aux cadres de la délégation dans le hall de l’hôtel qui leur est réservé. Un toast est porté au Roi et à la Reine, et à la prospérité du peuple Danois. La soirée n’est pas terminée pour M Le Bigot qui doit se rendre à Guingamp car le directeur de l’équipe danoise a laissé sa caméra dans le train !

Le 5 avril 1964, se déroule le match international de boxe France-Danemark, à la salle de Robien, auquel assiste en particulier le chef du cabinet du Ministre des Sports Herzog. 

Les boxeurs danois ne remportèrent que deux combats sur dix mais l'ambiance était assurée dans la salle de Robien !

 

1964. Rencontre de boxe France-Danemark à St Brieuc

 

Pour parfaire sa connaissance du pays, M Le Bigot reçoit régulièrement des revues sur l’état politique, économique et social du Danemark. Il est mis au courant de la composition des  gouvernements, des émissions de monnaies commémoratives et même des conditions de voyages au Groënland ! 

Les évènements liés à la famille royale sont également très suivis par le corps diplomatique. Il faut dire que les liens entre les deux pays sont très étroits avec le mariage, le 10 juin 1967, du Comte Henri de Laborde de Monpezat avec la Princesse héritière Margrethe du Danemark (Reine du Danemark à partir du 14 janvier 1972).

 


Certains moments de la vie d’un Vice-consul ne sont pas du tout déplaisants comme cette invitation à se rendre à la Réunions des agents consulaires à Copenhague en juin 1964.
Le programme est le suivant :

Dimanche 14 juin, réception à l’Hôtel de Ville de Copenhague ;

Lundi 15 juin, conférence, déjeuner, conférence, banquet offert par le gouvernement ;

Mardi 16 juin, exposé sur l’agriculture et film, visite d’entreprises et « pour les femmes » visites de la Manufacture royale de Porcelaines ; déjeuner offert par les brasseries Carlsberg, Tuborg… Soirée donnée par Leurs Majestés le Roi et la Reine au château de Christiansborg ;

Mercredi 17 juin, excursion dans l’île de Seeland, visite d’exploitations agricoles, et « pour les dames » visite du château de Kronborg. Au retour présentation des dernières créations des fourreurs danois ;  Jeudi 18 juin : conférence sur la culture danoise, film, déjeuner offert au Palace hôtel, « pour les dames » un défilé de mannequins l’après-midi.

Précisons que M et Mme Le Bigot se sont rendus au Danemark en bénéficiant des services de l'entreprise de voyage Flageul.

 

1967. Documents pour le voyage au Danemark de M et Mme Le Bigot. Fonds Le Bigot

 


Documents 

1960. Document officiel de la nomination de Jean Le Bigot comme Vice-consul. Fonds Le Bigot

 

1963. État des navires ayant accosté au port du Légué. Document envoyé au Consulat du Danemark

 

1967. Courrier de Jean Le Bigot adressé à l'Ambassade du Danemark à Paris.

Si vous avez des remarques, des documents ou des témoignages sur l'entreprise Le Bigot et Jean Le Bigot, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

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A lire sur ce blog

L'entreprise Le Bigot, 1894-1959, cliquer ici

L'entreprise Le Bigot, 1960-1980, cliquer ici

Sources

Fonds Le Bigot. Dossier 18 Z 465. Archives municipales.

 


 

 

 

 

Les habitants du quartier de Robien à Saint-Brieuc et la guerre d'Algérie.

A partir de 1950, les jeunes appelés, à partir de leur vingtième année, passaient devant « le conseil de révision » et étaient jugés aptes ou inaptes au service militaire pour une durée de 18 mois, d'autres choisissaient de s'engager.

Au moment de la guerre d’Algérie, à partir de 1954 et jusqu’en 1962, certaines classes ont prolongé leur période de service militaire jusqu’à 30 mois. De nombreux jeunes gens du quartier de Robien ont été concernés par cet appel sous les drapeaux à cette époque...

Certains cherchaient des moyens d'y échapper. Alors que la guerre d’Algérie pointe, un copain de Claude, qui était aux pompiers de Paris, lui conseille de tenter les épreuves d’entrée. Claude, ce jeune de Robien, en âge de partir, raconte :  « Il y avait tellement de demandes pour éviter d’être enrôlé en Algérie qu’il fallait être sacrément sportif parce qu’ils pouvaient se permettre de trier parmi les candidats. J’en ai bavé, mais j’ai réussi, grâce à la boxe. Je suis donc entré dans le régiment des sapeurs-pompiers de Paris en 1959. »

En dehors des pages générales dans les journaux, la presse locale publiait régulièrement des photos des soldats en Algérie, éloignés de leurs familles. Ces photos ressemblaient plus à des équipes sportives qu’autre chose et lors des rares permissions, ces jeunes n’étaient pas très bavards. Peu de choses filtraient sur "les évènements d'Algérie" que l'on ne nommait pas encore une guerre. 

22 septembre 1956 Ouest-France


Dans l'article ci-dessus du 22 septembre 1956, on note le nom de Pierre Alleno de Saint-Brieuc.

Dans l'article du 2 septembre 1958, on note le nom de Bernard Bizeul de Langueux.

10 juillet 1959 Ouest-France

Ci-dessus, les aviateurs bretons, on a debout à gauche, Joël Douarin, fils de M et Mme Douarin, cafetiers rue du Port et à droite, Robert Lorand, de Saint-Brieuc, "le sympathique sportif briochin". Et ci-dessous (1960), on a Claude Campeyrot de Saint-Brieuc et Belloeil (1961).

4 novembre 1960 Ouest-France Claude Campeyrot de St Brieuc, en bas à droite

En bas à gauche, Belloeil de Saint-Brieuc. 6 décembre 1961 Ouest-France

L’irruption de la violence de ce conflit apparaissait dans la page de Saint-Brieuc de Ouest-France lorsqu’il y avait un mort au combat.

C'est ce que nous allons découvrir pour ce qui est du quartier de Robien.

 

Des habitants du quartier de Robien ont perdu la vie dans ce conflit.

Yvon Morin

Le décès d'Yvon Morin ne donne lieu qu’à un bref communiqué dans la rubrique des obsèques.

Yvon Albert Alain Morin, né le 19 décembre 1936 à Saint-Brieuc, a été tué à Alger en Algérie le 28 juin 1957 dans sa 21eannée. Yvon Morin était soldat. Ses obsèques ont eu lieu en l’église Sainte-Anne-de-Robien le mercredi 4 septembre 1957. Il a été inhumé au cimetière St Michel à St Brieuc.



Michel Robin

Michel Robin est né le 31 janvier 1935 à Saint-Louis au Sénégal.

Il a été tué le 16 avril 1958 à Afir Azazna en Algérie. Il était sous-lieutenant et entrait dans sa 24e année. Ses obsèques ont eu lieu en mai 1958 en l’église Sainte-Anne-de-Robien. Certainement en raison de son grade, une photo et un texte ont mis en lumière ce décès. 

Obsèques de Michel Robin, 31 mai 1958 Ouest-France

La messe fut célébrée par M. l’abbé Beaurepaire, recteur des Villages, assisté des vicaires Clogensou, aumônier militaire et la conduite au cimetière par M. L’abbé Lemordant, recteur de Robien. Les drapeaux des anciens Coloniaux, de l’Union Nationale des Combattants et de F.F.I rendaient les honneurs. On notait la présence de militaires comme celles du commandant Castel-Barou, représentant le colonel Le Moniès de Sagazan et du commandant Perrin, commandant le 2e bataillon du 38e R.I.T ou encore celle d'officiers de l’état-major. Des représentants des associations patriotiques, de la gendarmerie et de la police assistaient également  à la cérémonie.

 

La recherche ne fait que commencer sur ce sujet, alors si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite. 

 

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"Il est important de se souvenir, pas uniquement pour les appelés qui prennent de l’âge mais aussi et surtout pour leurs familles, enfants et petits-enfants, qui doivent connaître l’Histoire".

Armelle Bothorel, fille du général de la Bollardière. Ouest-France, Hillion, 18 mars 2022


Sources

Site Mémoire des Hommes, Yvon Morin, cliquer ici

Ouest-France, 3 septembre 1957, Yvon Morin

Site Mémoire des Hommes, Michel Robin, cliquer ici

Ouest-France, 31 mai 1958, Michel Robin

Ouest-France, 4 novembre 1960

Ouest-France 19 octobre 2021. Témoignage de Claude Corack sur la boxe.

 

 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...