mardi 20 mai 2025

Roland Tostivint (1933-2008) céramiste et musicien à Saint-Brieuc

Roland Tostivint 1959
Une éducation protestante

La famille Tostivint était  bien connue à Saint-Brieuc avec M. René Tostivint, professeur de Français, ou par son épouse qui tenait une librairie rue Saint-Goueno. Le fils, Roland, s'est illustré dans différents domaines artistiques.

Roland Tostivint est né le 30 juin 1933 à Saint-Brieuc, rue Saint-Gouéno. Il faut savoir que son milieu familial protestant va le conduire à être baptisé au temple protestant réformé de Saint-Brieuc, rue Victor Hugo, le 9 septembre 1945, par le pasteur Jean Scarabin. Jeanine Crespin était sa marraine ; elle est l'épouse du pasteur Yves Crespin de Saint-Brieuc, mort en déportation,

Dans ses jeunes années, Roland est éduqué dans la foi protestante et participe aux activités des scouts unionistes. Dans sa vie il mènera différents projets avec des personnalités du monde protestant de Saint-Brieuc comme le docteur Erling Hansen ou André de Kerpezdron. (Ci-dessous, affiche réalisée en 1987 par Roland Tostivint pour le temple de Perros-Guirec)

Affiche réalisée par Roland Tostivint. 1987. Collection R.Fortat 
Les débuts d'une carrière artistique

A Oran, en Algérie, où ses parents ont déménagé, il entre aux Beaux-Arts en 1949 (voir photo ci-dessous de Roland Tostivint dans son atelier à Oran). A la rentrée 1950, alors que s'ouvre un atelier de céramique, Roland Tostivint est le premier à s'y inscrire. Il y apprend le métier auprès d'un céramiste espagnol, Bartolomé Jorba, un réfugié politique espagnol, ami de Salvator Dali et de l'architecte Gaudi : "Ce professeur qui jouait de l'harmonium dans son atelier conseilla à Roland Tostivint de suivre son inspiration. Cela se traduisit par deux Premiers prix de céramique et un de décoration." (Ouest-France 10 février 1981)

Oran 1950 Photo publiée dans Le Télégramme
"Revenu dès 1952 à Saint-Brieuc en stop et sac au dos et sans autre richesse que sa Foi, il fit des étalages puis édita des cartes touristiques (une réussite aussi bien artistique que commerciale)... Son orientation est nettement prise : le folklore breton aussi bien dans la peinture que la création." (12 février 1957, Ouest-France)

A son retour à Saint-Brieuc, il est hébergé chez sa grand-mère, Mme Le Trocquer, bien connue elle aussi à Saint-Brieuc. Il rencontre R-Y Creston et René Salaun avec lesquels il retrouve ses racines bretonnes et rentre dans le Cercle Celtique de Saint-Brieuc. D'autre part, il remplit ses carnets de croquis : architecture, mobilier, broderies...

En 1954, le Cercle celtique se rend en Norvège sous l'initiative d'Erling Hansen, qu'il connaît aussi comme membre éminent de la paroisse protestante. C'est à ce moment que, pour payer son voyage, il édite des cartes postales dont la vente va très bien marcher. Il pourra même s'acheter son premier four.

Un céramiste réputé

Roland Tostivint devient un céramiste réputé à St Brieuc. Dès 1957 la presse locale se fait l'écho des différentes expositions et réalisations de Roland Tostivint.

Le 12 février 1957, Ouest-France présente un groupe de quatre artistes dont "le plus connu est sans doute Roland Tostivint. Par ses parents qui demeurèrent longtemps à Saint-Brieuc, par sa grand-mère, une des Briochines les plus dévouées à la cause de l'Art, mais aussi par lui-même, puisqu'il est le seul à avoir déjà pu tout quitter pour cette activité artistique."

Roland Tostivint, Foire-exposition. 12 septembre 1958 Ouest-France

Roland Tostivint, Foire-exposition. 4 septembre 1959 Ouest-France

Oeuvre de Roland Tostivint, Foire-exposition. 28 octobre 1970 Ouest-France

Roland Tostivint, 1er prix au stand de la Foire-exposition 1977 Ouest-France

Roland Tostivint s'installe comme céramiste rue Fardel, de 1958 à 1968, puis à la Chaumière de Binic de 68 à 85, avant de trouver un autre atelier sur Binic. Outre ses travaux, il a remis au goût du jour les épis de faîtage : ceux qu'il a réalisés pour le château de la Roche Jagu sont les plus connus.

A partir du milieu des années 60, alors qu’il était encore rue Fardel, Roland Tostivint s’est mis à la céramique sur plaques de lave.

Ci-dessous, pièce de fin 1969, variation sur le thème de l’Arbre de vie, produite dans son atelier d'Etables-sur-mer.

Arbre de Vie. R. Tostivint 1969. Photo Dominique Soufflet
Plat mural. 1978. RolandTostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller
Coupe à fruits. Roland Tostivint. Collection famille Muller. Photo JL Muller

 

Les plaques de rues de Roland Tostivint

Dans ses productions, que l'on peut voir en plein air, on compte un bon nombre de plaques de rues à Saint-Brieuc, de Binic, de Guingamp ou de Saint-Quay-Portrieux, par exemple.

Rue du Chapitre à Saint-Brieuc. Plaque R. Tostivint. Photo RF

Au port, Saint-Quay-Portrieux. Plaque R. Tostivint. Photo RF

Rue Notre-Dame Guingamp, 1962. Photo RF

Rue Fardel Saint-Brieuc, 1969. Photo RF


Plaque Roland Tostivint. Quai Surcouf à Binic, photo RF mai 2025

Plaque Roland Tostivint. Binic, rampe Le suave-Galerne. Photo RF mai 2025

Roland Tostivint, joueur de vielle

Le 6 mars 1992, Ouest-France consacre un article aux trente-sept années consacrées à la vielle par Roland Tostivint. L'artiste revient sur cet engouement qu'il attribue au hasard : "Je ne connais rien à la musique. En 1954, le docteur Hansen m'a embarqué pour un voyage en Norvège. Avec Bernard Gauçon de Langueux, nous avons donné une représentation quotidienne pendant un mois avec un programme qui comportait cinq airs !" 

Roland Tostivint avec sa vielle. Facebook Muzik e breizh
Alors qu'il n'a que vingt ans, avec ses amis R-Y Creston, René Salaun et Robert Hamon, il va parcourir les campagnes, participer à des mariages ou des kermesses et récupérer des airs auprès des anciens, en particulier à Saint-Carreuc où la collecte est fructueuse.
Roland Tostivint, Le Mai breton. 23 mai 1972 Ouest-France
 
Roland Tostivint. 6 mars 1992. Ouest-France

Les bistrots de l'histoire conservent des enregistrements de Roland Tostivint car c'était un joueur de vielle talentueux. 
Roland Tostivint a eu l'occasion de jouer à Robien, comme on le voit ci-dessous où avec ses amis vielleux il anime la deuxième édition de la Fête de la Musique dans ce quartier le 19 juin 1993.
Roland Tostivint, tout à fait sur la droite. Fête de la musique 1993. Journal du C.A.R
Une carrière bien remplie

En février et mars 1981, une grande exposition rétrospective se tient au Foyer d'Action Culturelle : "Roland Tostivint, 30 ans de chroniques". Elle permet de mesurer l'étendue de son travail. Il a participé ces dernières années à de nombreuses expositions internationales où il représentait la Bretagne : Munich, Tokyo, Londres...

Roland Tostivint, exposition. 10 février 1981 Ouest-France
Deux de ses statues ont été offertes par la Ville, l'une au Général de Gaulle lors de son passage à Saint-Brieuc en 1960, l'autre à la ville jumelle d'Alsdorf en 1970.
Visite du Général de Gaulle. 2 septembre 1960 Ouest-France

La photo ci-dessous est celle de Roland Tostivint, dans son atelier où il est en train de finaliser les deux statues de Saint-Brieuc dont l'une sera offerte au Général de Gaulle.

Roland Tostivint. 2 septembre 1960 Ouest-France

Roland Tostivint par André Coupé
Quinze années plus tard, un autre article de Ouest-France évoque la proximité de deux artistes : Roland Tostivint et André de Kerpezdron, un autre protestant. On y apprend que l'Académie de peinture du C.O.B, 14 rue Saint-Benoit, créée en 1993, est complétée depuis 1995 par le cours de décoration sur céramique de Roland Tostivint. Ce dernier remarque : "En fait nous sommes complémentaires. Quand les élèves d'André ont acquis les bases, je tente de les aider à s'exprimer de manière créative." Cette complémentarité s'est également illustrée par la décoration de la salle des Pas-perdus du C.O.B. La fresque et les tableaux d'inspiration bretonne de Roland Tostivint côtoient les motifs décoratifs et les reproductions de la rue Saint-Gilles ou du port du Légué de André de Kerpezdron.
Roland Tostivint à gauche avec André de Kerpezdron. 16 septembre 1996 Ouest-France
Dans les personnes du milieu artistique qu'il côtoyait, on peut aussi citer Joël Babey, un céramiste de Plouha qui a beaucoup appris sur son métier quand Roland était à Binic ;  Étienne Huck, potier-céramiste, qu'il retrouvait à son atelier au port du Légué au moins une fois par moi ; et dans ses dernières années, Christine Cocar, qui fabriquait des vitraux, rue du Maréchal Foch à Saint-Brieuc...
4 saints bretons en faïence. R. Tostivint

Une personnalité toujours présente dans les mémoires
Roland Tostivint décède en 2008 à l'âge de 75 ans. Le journal Le Télégramme s'en fait l'écho en dressant son portrait : "Il était une figure briochine et sa fine silhouette couronnée de longs cheveux blancs ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville, qu'il arpentait à pied, descendu de son appartement de la Tour d'Armor."
Denis Muller, un passionné d'art breton, collectionne ses oeuvres et honore ainsi sa mémoire : " Roland Tostivint fut l'artiste costarmoricain le plus puissant du XXe siècle, au moins  à l'égal de ses pères Mathurin Méheut (qu'il a rencontré à plusieurs reprises de 52 à 58) et R-Y Creston... Mais Roland Tostivint était non seulement un très grand céramiste, peintre, illustrateur, décorateur, architecte pour les  bâtiments de France, musicien, cavalier etc, mais il a également co-creé le Musée d'Art populaire de Binic.
Affiche R. Tostivint. Photo J.L Muller
Roland Tostivint avait cinq filles, dix-sept petits enfants et deux arrière-petit-fils.
Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc. Pour la trouver, prenez l'allée qui borde le mur du cimetière du côté sud. Dirigez-vous vers les deux grands arbres, à gauche du plus penché vous trouverez la plaque, ornée d'une croix celtique, qui rappelle la mémoire de Roland Tostivint... 

Et une rue Roland Tostivint à Saint-Brieuc ? Ce serait une belle idée qui a déjà été suggérée à la municipalité... Affaire à suivre !

Plaque Roland Tostivint. Photo Richard Fortat


Si vous avez d'autres éléments à communiquer sur la famille Tostivint, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite, en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre.
Nous souhaitons en particulier pouvoir présenter quelques photos de René Tostivint... 
 
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Livre illustré par Roland Tostivint

Sources

Archives du temple de St Brieuc : registre des membres, registre des baptêmes.
 
Merci à Kristian Morvan pour l'autorisation de publier la photo de Roland Tostivint en vielleux et allez visiter le compte Facebook de Musik e Breizh, en cliquant ici
 
Nombreuses archives de Ouest-France
 
Article et photo dans Le Télégramme, 17 juillet 2001, cliquer ici
 
Site Oran-mémoire, les plaques en céramique de Bartholomé Jorba à Oran, cliquer ici 
 
Correspondance en septembre 2022 avec Denis Muller.
 
 
D'autres productions de Roland Tostivint
 
Affiches touristiques 
1962. Document famille Tostivint. Photo RF
 
Le Goelo. Affiche famille Tostivint. Photo RF


Saint-Brieuc. Affiche famille Tostivint. Photo RF

Affiches d'expositions
 
1979 Musée de Binic.


Dessins et aquarelles
 Famille Tostivint. Photo RF


La tuilerie St Michel l'Observatoire en Haute-Provence




Terre


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La cité ouvrière impasse Béziers-Lafosse à Robien. 1939

 
La cité ouvrière de l'impasse Sergent Béziers-Lafosse, dans le quartier Robien à Saint-Brieuc, est conçue par l’architecte Jean Fauny, en 1939. 
C'est un ensemble de 10 logements pour les ouvriers de l'usine des Forges-et-Laminoirs.

Les premières maisons sur le côté gauche dans l'impasse Béziers-Lafosse. Photo RF

Cette petite cité répond aux besoins des Forges-et-Laminoirs  qui cherche à loger ses ouvriers et leur famille dans un lieu proche de l’entreprise. C’est ce qui avait été fait de la même manière et à la même époque déjà par les Forges-et-Laminoirs (situés à l’emplacement actuel de la sécurité Sociale). Ce qui était appelé le Jardin Vaucouleur (du nom du propriétaire de l’usine) comportait des maisons pour les contremaîtres et des maisons d’ouvriers. 
 
Jean Fauny dépose un permis de construire le 11 décembre 1939. 
 
Archives municipales

 
Les maisons ouvrières du « lotissement » de la rue Sergent Béziers-Lafosse étaient au nombre de dix. On a deux rangées, une de quatre, une de cinq, séparées par une allée au milieu. Les maisons sont disposées en épi et se font face. Une autre maison est construite le long de la rue Béziers-Lafosse.
 
Archives municipales

 
Devant la maison, chaque propriétaire dispose d'un petit jardin pour faire un potager (voir photo ci-dessous).
 
Vue aérienne, photo 1962. Musée de Bretagne

Vue aérienne en 2020


Ces maisons ne sont constituées que d’un rez-de-chaussée, trois pièces dont une chambre, une cuisine et coin pour manger et un point d’eau. La superficie ne dépasse pas les 30 mètres carrés. Le chauffage est constitué d’un poêle à charbon dont le conduit d’évacuation est extérieur. La toiture est en tuile. Les huit maisons disposent d’un petit jardin.

On remarque le conduit d’évacuation à l'extérieur.


Plan. Archives municipales



 

 
La cité de nos jours

Il reste neuf maisons, une a disparu au bout de l’impasse.
Toutes les maisons sont aujourd’hui modifiées par rapport au plan d’origine : petite véranda, garages, petite pièce supplémentaire, mur de clôture surélevé, bardage ou pose de plaques isolantes sur les pignons…

Véranda ajoutée par rapport au plan d'origine. Photo RF



Ajout d'une  petite pièce supplémentaire et d'une clôture. Photo RF

 
La maison qui n'est pas en épi est peu reconnaissable avec les autres car elle est bardée de bois

Un poteau électrique d’origine, en métal sur un support de béton, a longtemps été conservé mais la rouille le menaçait et il a été remplacé en 2023.

 



L’Association régionale des Cités-jardins d’Île-de-France a effectué un recensement national des cités-jardins de France.
L'association a défini une cité-jardin comme un lieu disposant des caractéristiques suivantes :
• Cités de type patronale/ouvrière
• Prioritairement réalisées durant l’entre-deux-guerres
• Tous types d’échelles
• Avec ou sans équipements 

C'est à ce titre que la cité de l'impasse Béziers-Lafosse peut être considérée comme une cité-jardin.



Articles à lire sur le même sujet

 
 
 
 
 

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Sources

Archives municipales, permis de construire, dossier 1T53 (1082)

La cité ouvrière rue Sergent Béziers-Lafosse a été remarqué dans l’inventaire XXe siècle (page 34 AVAP St Brieuc, document Pdf en ligne)

Les rues de St Brieuc. J.B Illio 1947. 

Observations sur le terrain...


 

 

Histoire du boulevard Paul Doumer à Saint-Brieuc


L'origine du boulevard Paul Doumer. 1932

Le nom de "boulevard Paul Doumer" est issu d'une délibération du Conseil municipal du 22 juillet 1932. L'émotion était alors très présente puisque le Président de la République Paul Doumer venait tout juste d'être assassiné le 6 mai 1932 à Paris.

Localisation du boulevard Paul Doumer. Plan de 1935


Un boulevard en mauvais état !

Dans un article de Ouest-France de 1998, Julia Lavanant raconte le premier goudronnage du boulevard en 1956...

En 1956, la voie se dessinait en nids de poule. « J'ai toujours entendu dire par mon mari qui avait traîné ses guêtres par là quand il était petit, que ce quartier avait été construit sur le mâchefer des Forges et Laminoirs. Les maisons de la fin du boulevard étaient d'ailleurs habitées par des ouvriers de cette usine. » La réalisation proprement dite du boulevard a également marqué la mémoire de Julia. « Mon petit dernier s'est joint aux cantonniers. Il travaillait les pieds nus et revenait maculé de goudron. » 

Julia Lavanant et sa chienne "Gamine". Photo Ouest-France

Le boulevard Doumer dans les années 60

Sur cette vue aérienne du boulevard Paul Doumer (sur la droite de l'image) en 1965, on peut remarquer l'absence totale de constructions en vis à vis du côté de Brézillet. De même, le camping n'existe pas encore, il n'y a qu'une ferme.

Photo 1965. Musée de Bretagne


Le boulevard Paul Doumer pouvait se révéler dangereux en cas de vitesse excessive au volant d'une Simca 1300, comme le montre cet article de Ouest-France daté du 25 juin 1968 !


La vie dans le boulevard Doumer il y a plus de 20 ans.

En 1998, Ouest-France a publié un long reportage sur la vie dans le boulevard Paul Doumer. De nombreux habitants sont interrogés et ces témoignages nous font revivre l'ambiance d'un Robien d'autrefois ! Les photos aériennes présentées ci-dessus permettent de mieux comprendre les récits des habitants.

Voici l'intégralité du texte de cet article du 16 avril 1998.


Le Boulevard Paul-Doumer cache une cité

Situé à la périphérie sud du quartier de Robien, le boulevard Paul-Doumer n'est guère passager. Seuls l'empruntent les automobilistes en provenance de Brézillet qui souhaitent rejoindre la rue de Trégueux, et les habitants de la cité des Cheminots des rues adjacentes. Une cité bien camouflée, qui ne se laisse deviner que par ces cinq maisons en façade sur le boulevard Paul-Doumer. 

"Peu de gens savent que dans les rues Denis-Papin, Louis-Hélary et Anne-de-Bretagne qui forment un carré, existent quinze autres maisonnettes SNCF, identiques aux nôtres », explique Julia Lavanant, la doyenne de ces retraités des cheminots. Les résidents de ce carré de maisons de pierre, isolés du reste de la ville par une circulation complexe de sens unique, vivent à un rythme tranquille. « Ici, nous avons tous les avantages de la ville et ceux de la campagne. Tout le monde va au centre à pied et on profite de Brézillet pour les promenades". Un seul regret chez les personnes âgées. « Avant, nous avions le choix entre cinq épiceries au carrefour de la Croix-Perron, juste en haut du boulevard. Aujourd'hui pour faire les courses du quotidien, il faut aller à pied jusqu'en ville. Cela commence à faire loin pour moi », souligne Henriette Fuhrmann qui avoue une fatigue bien légitime à 83 ans.

Les habitants du boulevard Paul Doumer en 1998. Photo Ouest-France

 

Un quartier idéal pour les enfants

Lorsque Isabelle et Alain Jouanny ont racheté cette grande maison des années trente près du carrefour de Brézillet, ils n'avaient pas encore leurs deux bout'choux, Erwann et Maëva. Aujourd'hui, l'aîné a sept ans et profite avec joie des aménagements de Brézillet. Les terrains de football, les poneys du centre équestre, l'aire de jeux « avec le toboggan », la piscine et le mini-golf... 

Le parc de Brézillet n'a plus de secret pour Erwann et Maëva, 3 ans, les enfants Jouanny. « Dès qu'il fait beau, nous y allons le soir, pendant les vacances scolaires et le mercredi bien sûr », explique Isabelle, leur maman. A chaque match de basket disputé dans la salle Steredenn, les concerts de klaxon annoncent la victoire ou la défaite (c'est selon) de l'équipe locale. « Nous nous disons souvent avec mon mari que nous n'en profitons pas suffisamment. Mais ici nous sommes vraiment au coeur de tout. Nous avons en plus la chance de ne pas avoir de vis-à-vis et nous n'en aurons jamais. » 

Un peu seuls parfois, les soirs de semaine, Erwann et Maëva retrouvent les copains du mercredi, « Les petits-enfants de nos voisins. Nous avons fait connaissance. C'est un quartier où l'on se parle facilement entre voisins. » Le biais des enfants facilite d'autant plus le contact.

Photo ci-dessous : Isabelle Jouanny et ses enfants, Erwann et Maëva, ne regrettent pas leur grande maison perchée au bord du parc de Brézillet. 

Isabelle Jouanny. Photo Ouest-France 1995

 

Yves et Yvette au coeur de Robien

Les habitants du boulevard Paul-Doumer se retrouvent au sein de leur comité de quartier, celui de Robien. Yves et Yvette Simon le fréquentent depuis 20 ans et voient d'un bon œil la réhabilitation des anciennes maisons. « Il était temps que Robien rajeunisse. On commençait tous à tourner en rond, ici entre personnes âgées », sourit Yves qui n'en est pas vraiment une, surtout d'esprit. Avec Yvette, il ne loupe aucune réunion du comité de quartier de Robien et postule naturellement à quelques activités proposées par son dynamique bureau. 

Yves et Yvette sont arrivés il y a vingt ans, sur un boulevard déjà vieillissant. Aujourd'hui à droite comme à gauche, ils regardent les jeunes couples aménager. « Ils arrangent bien les maisons et on voit enfin à nouveau des gamins jouer dehors. » Quand Cédric, 9 ans et demi, et son petit frère Kévin, 6 ans et demi, deux de leurs petit-fils viennent leur rendre une visite, ils profitent désormais d'une compagnie du même âge.

Yves et Yvette Simon et deux de leurs petit-fils, Cédric et Kévin. Photo Ouest-France


Les doyennes des Forges

Henriette Fuhrmann et Françoise Ras représentent la dernière génération du second volet ouvrier du boulevard Paul-Doumer : le monde des Forges et Laminoirs. Leurs maris y ont passé leur carrière professionnelle contre une petite maison de fonction. 

Henriette et Françoise sont deux voisines que la profession commune de leurs maris, ouvriers aux Forges et Laminoirs (sur le boulevard Carnot, puis dans la zone des Châtelets), a rapprochées. L'une est arrivée en 1939. Henriette s'en souvient comme si c'était hier. « Ah, les vaches de monsieur Le Rigoleur, le petit ruisseau qui leur servait de frontière et le lavoir dans le fond de la vallée. C'était vraiment la campagne ! »

Comme les époux Ras, Henriette et son mari avaient opté pour les petites maisons que leur proposaient les Forges et Laminoirs. « C'était pourtant l'époque où les jeunes couples construisaient à n'en plus finir. Les Ras ont fait le même choix que nous il y a quarante ans. Aujourd'hui, nous sommes les deux seules survivantes. Les autres maisonnettes ont bien été vendues un couple de fois chacune. » Aucun regret chez ces deux voisines. « C'est un quartier très calme qui nous convient bien. La jeunesse rachète et rénove. En face nous avons la verdure et le camping. Il nous manque plus que la santé pour en profiter », sourit Henriette.

Henriette Fuhrmann et Françoise Ras, les deux voisines et doyennes des Forges et Laminoirs. Photo Ouest-France 1998

 

                  Le saviez-vous ?

A la fin des années 40, bien avant que le centre équestre soit installé au dessus du camping, on trouvait  le stade hippique dans le vallon du Gouédic en contre-bas du boulevard Paul Doumer. "Les Amis de l'Arbre" y avaient fait une plantation symbolique. La Société Hippique Urbaine y organisait des concours (annonce du 7 juin 1947 dans Ouest-France). 


Souvenirs

"Boulevard Paul Doumer, il y avait vers 1955 une décharge. Les jeunes du quartier faisaient de la luge avec des façades de chauffe eau de l’usine Chaffoteaux. La décharge allait presque jusqu'à la rivière." Claude Le Sayec

 

Souvenirs

Le 29 juillet 1939, M. Ciret a déposé un permis de construire pour une maison conçue par l'architecte M. Lesaux, au 21 boulevard Paul Doumer.

Permis de construire 2T52 Archives municipales


Souvenirs

Le 7 décembre 1953, Ouest-France a fait le portrait de Jules Le Floch dont les parents résidaient toujours au 25 boulevard Paul Doumer. Ce pilote d'aviation avait combattu pendant la guerre d'Indochine et il est décédé accidentellement aux États-Unis le 6 novembre 1953. Sa disparition a suscité une forte émotion à cette époque.



Pour prolonger cet article, à lire sur ce blog : La cité des cheminots, cliquer ici

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Sources
Articles de Ouest-France : 7 décembre 1953, 16 avril 1998...

Les rues de Saint-Brieuc. J.B Illio

Plan de 1935. Référence 5 Fi 188. Archives municipales

 

 


L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...