vendredi 3 novembre 2023

Yann Corlouër, un architecte breton condamné en 1944


Jean-Gabriel Corlouër est né le 14 juillet 1901 à Brest. Il est connu sous le nom de Yann Corlouër. Il a exercé comme architecte à Paris de 1935 à 1937 ainsi qu'à Saint-Quay-Portrieux et à Saint-Brieuc de 1935 à 1942. 

Bureaux de Yann Corlouer à Saint-Quay, 78 boulevard du Maréchal Foch, agence immobilière de nos jours. Carte postale ancienne.

Célèbre pour ses maisons de style néo-normand que l'on retrouve à Saint-Quay et à Saint-Brieuc, cet architecte a fait des choix politiques, dans les années 40, qu'il convient de mettre à jour.

Maison Corlouër. Rue des fusains à Saint-Quay. Photo RF

En effet, ce nom se rattache à un engagement dans la collaboration : pendant l'Occupation, Yann Corlouër fait le choix du parti fasciste de Jacques Doriot, le P.P.F, dont il devient le chef sur le plan local. C'est un antisémite et anti-communiste notoire qui recevait des directives de la Gestapo où une fiche a été retrouvé à son nom avec l'indicatif SR 710 (archives de la Gestapo de Rennes).

Il fuit la Bretagne au moment de la Libération. Son comptable, M. Pottier, qui partage ses choix politiques, est jugé et fusillé en décembre 1944... 

Ci-dessous, l'intervention publique de Yann Corlouër en septembre 1942 au cinéma de Saint-Brieuc, relatée dans le journal Ouest-Eclair, ne laisse aucun doute quant à ses convictions.

23 septembre 1942 Ouest-Eclair
 

La condamnation à mort par contumace en mai 1945

Le 30 mai 1945, Ouest-France publie le compte-rendu des délibérations de la Cour de Justice de Saint-Brieuc. Les autorités ayant perdu sa trace, Yann Corlouër est condamné à mort par contumace le 29 mai 1945. Tous ses biens sont confisqués. A la lecture de l'article, les faits sont effectivement accablants.

 


Yann Corlouër essaie d'échapper aux autorités

L'universitaire Danièle Voldman évoque le travail de Daniel Le Couédic dont les recherches, aux archives du Conseil régional de Bretagne, ont permis de montrer la stratégie employée par Yann Corlouër pour continuer son  activité :
"Au moment de sa condamnation à l’indignité nationale en décembre 1944, il était engagé sous l’identité de Jean Ruffé (du nom de jeune fille de sa mère) dans la Légion étrangère. Son bataillon ayant rejoint la compagnie Rhin et Danube, il reçut la Croix de guerre avec citation et fut promu maréchal des logis. Une fois démobilisé, il s’installa en Tunisie et travailla pour des entreprises du B.T.P sous son nouveau nom. Il fut cependant contraint de révéler son identité lorsqu’il demanda une reconstitution de carrière en vue de sa retraite".


La deuxième condamnation en 1952

Le 24 janvier 1952, Ouest-France publie le compte-rendu du deuxième procès de Yann Corlouër. Retrouvé et arrêté le 30 octobre 1951 alors qu'il se cachait sous une fausse identité, il est interrogé et passe en procès à Paris. Un article du Télégramme, également paru en 1952, évoque les mêmes faits historiques et donne la parole aux Résistants de Saint-Quay  (article en entier ici )



Ouest-France
 


Le Télégramme 26 janvier 1952


Rien de cela ne doit être oublié lorsque l'on découvre le style des maisons Corlouër.

 

Voir aussi

Maisons né-bretonnes dans le quartier de Robien, ici

Abécédaire des architectes de Robien, ici

 

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Sources

Danièle Voldman, Directrice de recherche émérite au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, CNRS / Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Punir les architectes collaborateurs. Article en ligne en cliquant ici

Correspondances avec Eric Le Guyader, août 2023.

Ouest-France  30 mai 1945, 24 janvier 1952

Blog de Michel Jounent sur l'histoire de Saint-Quay, avec en particulier la reproduction des articles du Télégramme de 1952 sur le deuxième procès de Yann Corlouër, cliquer ici

Sur le blog de Michel Jounent, on trouve un autre article avec un commentaire de Luc Corlouër. 7 janvier 2012, ici




jeudi 2 novembre 2023

Le théâtre de l'Espérance, théâtre forain ambulant d'Aristide Audroin

La famille Audroin est l'une de ces familles d'industriels forains qui a la particularité d'avoir aussi exercé dans le domaine du Théâtre ambulant religieux, avant de se lancer dans le cinéma.

Aristide et Léonie Audroin. Photo Le Pays de Dinan


Avant d'explorer l'histoire du Théâtre de l'Espérance Audroin, voyons ce qu'était le théâtre entre le XVe et le XVIIIe siècle, plus particulièrement en Bretagne :  « Au XVe siècle, on ne connaissait d’autres productions dramatiques que les Mystères, les Moralités et les Sotties.
La représentation des mystères était exclusivement réservée aux membres de la confrérie de la Passion, qui se contentait de mettre en dialogue des scènes de l’Écriture ou des légendes empruntées aux Vies des saints…
La plus ancienne représentation qui ait été signalée à Rennes eut lieu le 25 mai 1430, jour de l’Ascension, en présence du duc de Bretagne Jean V.
»
(1)
Le vendredi saint de l’année 1492, on joua à Vitré une représentation du Mistère de la Passion Nostre-Seigneur Jhesu Crist.

(2) Version du XIVe siècle du Mistère de la Passion. Publication B.N.F, ici


Les acteurs pouvaient s’inspirer de textes contenus dans les recueils de cantiques imprimés, avec « des scènes naïves en vers boiteux et à rimes indépendantes » (1), comme celui édité à Dinan en 1795 et réimprimé à la moitié du 19e siècle. Au fil des siècles et des rééditions, de nombreux ouvrages ont vu leur titre se modifier pour faire évoluer le Mistère du Moyen-Age vers des formes plus contemporaines.

 

Le Théâtre de l'Espérance

Aristide Audroin (1857-1953) est né à Vitré le 12 avril 1857. Il est cordonnier de profession mais à la fête foraine de Dinan, où il se trouve alors pour effectuer son service militaire, il fait la rencontre d'une foraine, Léonie Hodemon. Elle possède un manège de chevaux de bois et une confiserie. Il l’épouse le 29 juin 1878 à Vitré et adopte le mode de vie des gens du voyage.

Aristide Audroin. Photo Généanet

Léonie Audroin (1953). Photo Généanet

Pendant quelques années, les Audroin sont sur la route et présentent leurs attractions sur les fêtes foraines. Mais Aristide Audroin est passionné par le théâtre. Il fonde Le Théâtre de l’Espérance qui se déplace dans toute la France avec la roulotte tirée par des chevaux. Aidés par leurs enfants, leurs décors et leurs costumes font merveille dans "Le mystère de la Nativité et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ", d'après les grands maîtres de l'art chrétien. 

Il est intéressant de voir, comme nous l'avons développé dans l'introduction de cet article, que les Audroin s'inscrivent directement dans la tradition des mystères, comme celui joué en 1492 à Vitré. Nous ne savons malheureusement pas à partir de quelle version travaillait la famille Audroin pour bâtir son spectacle.

Lors d'une représentation donnée en 1902, on apprend que les enfants sont âgés de 3 ans à 18 ans. La famille comptera jusqu'à 13 enfants ! Les jeunes acteurs prennent surtout des poses au milieu de décors constitués de tableaux peints.

C'est une grande fresque théâtrale qui s’inscrit dans les spectacles joués depuis le Moyen-Age. 

 

Ci-dessous, un article du Journal de Paimpol, du 18 mai 1902, invite le public à découvrir ce théâtre qui obtient un grand succès partout où il se produit. En 1907, il est de nouveau à Paimpol.

Audroin. 18 mai 1902. Journal de Paimpol

Mais le cinéma commence à attirer le public et les Audroin vont s’équiper à Paris pour présenter du cinéma ambulant. Comme lorsqu'ils faisaient du théâtre, les Audroin cherchent à véhiculer des valeurs et pas seulement à distraire. Pendant la guerre 14-18, ils vont avoir l'occasion de développer le patriotisme. L'article de Ouest-Eclair du 25 juillet 1915 ne laisse aucun doute sur l'engagement des Audroin qui, de plus, "se proposent de donner des séances gratuites pour les blessés".

Cinéma Audroin 24 juillet 1915 Ouest-Eclair

 

Aristide Audroin a reçu les Palmes académiques pour sa carrière dans le théâtre et le cinéma. Léonie Audroin a reçu deux Médailles d’Or du Président Poincaré pour l’éducation qu’elle donna à ses 13 enfants. A cette occasion, le 8 janvier 1923 dans La Dépêche de Brest, on pouvait lire une évocation de la vie de la famille Audroin avec quelques lignes sur le théâtre : "Puis ce fut le petit théâtre, que les dinannais envahissaient pour voir cette délicieuse famille si bien élevée, jouer la nativité, la Passion, Saint-Antoine. Chaque année, pendant une période, le petit Jésus vivant était tout neuf". L'allusion fait référence aux nombreux enfants de Mme Audroin dont, chaque année, le dernier né figurait en enfant Jésus.

Aristide Audroin est décédé le 17 décembre 1940, ce qui a fait l'objet d'un petit article dans Ouest-Eclair.

Aristide Audroin. 17 décembre 1940 Ouest-Eclair

Cet article ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire du Théâtre de l'Espérance de la famille Audroin et ne demande qu'à être complété en utilisant le formulaire de contact.

 

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Notes

(1) Le théâtre à Rennes, recherches d’histoire locale, notes et souvenirs. Lucien Decombe 1899.

(2) Illustration tirée d'une version très ancienne du XVe siècle : Mystère de la Passion, par Arnoul Greban, cliquer ici 

 

Sources

Article, La famille Audroin, des industriels forains en Bretagne, cliquer ici

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme. 

Généanet, Aristide Audroin (1847-1940), père, cliquer ici

Les Mystères dans le théâtre, article de Wikipedia, ici
 

 

mercredi 1 novembre 2023

2020-2023 L'histoire de Robien, au service de multiples partenaires à Saint-Brieuc


Ce blog et tous les éléments qu'il contient ont déjà été utilisés par de multiples partenaires comme un centre de ressources. 

 

La compagnie de Théâtre Jeanne Simone. Octobre 2020


Dans le cadre de la programmation de la Scène nationale La Passerelle, la compagnie Jeanne Simone a proposé son spectacle "Sensibles quartiers" dans le quartier de Robien en octobre 2020. La troupe est venue en résidence pendant plusieurs jours à Robien et elle y a construit son spectacle.

J'avais pris contact en amont avec la troupe dans le but de fournir quelques éléments sur l'histoire du quartier.  Des choses ont été utiles et la troupe les a utilisées à certains moments pour faire des références à ce qui se passait autrefois à Robien. L'approche de la troupe est surtout sensible (voir, écouter, sentir...) et poétique, mais l'aspect historique est également une dimension du spectacle.

J'ai eu l'occasion d'assister aux deux premières représentations de Sensibles Quartiers à Saint-Brieuc et de rencontrer quelques personnes de la troupe. Elles ont intégré, avec une incroyable réactivité, des remarques visant à préciser, enrichir ou rectifier des points d'histoire. Beaucoup de gens ont vu le quartier autrement, certains ont peut-être eu l'envie de le connaitre un peu plus...

Présentation de Sensibles quartiers ici

 

La compagnie Jeanne Simone devant la Résidence Carnot. Photo RF 2020


Un parcours dans Robien pendant le deuxième confinement. Novembre 2020


 

Cet article est paru le samedi 21 novembre 2020 dans Ouest-France. Avec toutes les ressources du blog, je n'ai pas eu de mal à proposer ce parcours, il y en aurait eu beaucoup d'autres possibles !

 

Découverte de l'histoire de Robien avec Ludovic Le Moignic, élu en charge du Patrimoine. Décembre 2020

En 2020, élu depuis quelques mois, Ludovic Le Moignic est en charge du Patrimoine culturel et architectural de la Ville de Saint-Brieuc. Il m’a semblé naturel de le rencontrer pour mieux nous connaître et faire le point sur ce qui se passait dans le quartier de Robien dans le domaine qui le concerne. Epidémie de Covid oblige, c’est en visio-conférence  que nous avons fait connaissance et Ludovic Le Moignic, qui n’est à Saint-Brieuc que depuis quelques années, m’a demandé de lui faire découvrir quelques aspects du quartier. J’ai préparé un circuit sur le passé rural de Robien et les débuts de la paroisse.

Quelques passionnés d’histoire ont été invités le lundi 2 décembre 2020 et deux ont pu se rendre disponibles : Yannick Gicquel, fervent défenseur du patrimoine briochin, habitant de la rue Jules Ferry et Jean-Christophe Balan, auteur d'une bande dessinée est à forte connotation historique.

Ludovic Le Moignic, Yannick Gicquel et Jean-Christophe Balan

Le circuit nous a amenés à observer les vieilles maisons campagnardes, les maisons d’octroi où les denrées agricoles étaient taxées, les traces de la présence des chevaux (anneaux, commerces), les restes des anciennes propriétés du manoir de Robien, le calvaire de la Croix-Perron et enfin l’église Sainte-Anne. Françoise Le Gall, bénévole de la paroisse, a eu l’amabilité de nous ouvrir ce très bel édifice.

Un après-midi très riche d’échanges, qui appelle d’autres rencontres avec cet élu ouvert au dialogue et lui-même passionné d’histoire. L’objectif à moyen terme pourrait être de penser une signalétique sur Robien pour en faire découvrir des aspects historiques significatifs.

Ce jour-là, faire de l'histoire c'était  échanger des informations sur le terrain, dialoguer et envisager l'avenir avec un élu de la Ville de Saint-Brieuc...

Le site complet de Jean-Christophe Balan, à découvrir ici



 

L'enquête d'utilité publique sur l'étang de Robien. Janvier 2021

Les différents articles parus dans le blog au sujet du ruisseau du Gouédic et de l'étang ont été utiles au commissaire enquêteur Cédric Thoraval qui a mentionné ce travail dans son rapport final.
"Nous avons lu avec attention les articles que vous avez publiés sur votre blog à ce sujet. Leur lecture en a été très instructive, notamment la partie relative à la construction de l'étang.

Je vous remercie pour ces informations historiques".
 
M. Thoraval a confirmé tout l'intérêt d'une telle recherche historique lors de notre échange du lundi 25 janvier à la Mairie et a rendu compte de cette démarche de partage d'informations dans le document final (voir l'extrait plus bas). 
 





Extrait du document final de l'enquête d'utilité publique. Mai 2021




Des échanges avec l'écrivain Christian Prigent.
Depuis le début de la mise en ligne d'articles sur l'histoire de Robien, l'écrivain Christian Prigent est attentif à ces publications qui lui rappellent les lieux de son enfance, rue de l'Ondine et dans les environs.
Pendant les différentes périodes de confinement, nous avons pu échanger par téléphone et par mail. Les plans que j'avais trouvés aux archives départementales, sur l'entrepôt des Postes rue de l'Ondine, ont particulièrement retenu son attention et une reproduction a été publiée en 2021 dans son ouvrage intitulé Chino au jardin et édité chez P.O.L.
 
 

L'année 2021 est celle du début de partenariat avec les archives municipales et de nombreuses visites du quartier...



Les archives départementales. 2020-2021

Le 14 juin 2021, vingt-cinq personnes des Archives départementales ont participé à une visite de découverte du quartier de Robien (partie Ouest). Le 6 septembre se déroulait la deuxième partie de la visite (partie Est).

Cette initiative vient de la volonté des personnels des archives de mieux connaitre leur environnement proche. L'idée était aussi de montrer comment la recherche historique sur le terrain s'appuie sur le fonds d'archives du département. Et réciproquement, comment les documents collectés aux archives sont mis en valeur, par exemple à travers des visites ou avec ce blog sur l'histoire de Robien.

6 septembre 2021. Boulevard Hoche

6 septembre 2021. Rue de Robien

6 septembre 2021. Rue de Robien devant les anciens établissements Flageul

En 2023, deux circuits ont été proposés dans le quartier de Robien en lien avec l'exposition "Les archives sortent du bois" des archives départementales (voir à la fin de l'article présenté ici)



Le Comité d'Animation de Robien 

Le C.A.R publie ou relaie régulièrement les articles sur l'histoire de Robien sur son Facebook...


 

Essentielle culture.

Un compte Facebook a été créé par les différents services culturels de la Ville au moment du premier confinement en 2020. Les articles du blog de l'histoire de Robien sont relayés et un public averti en prend connaissance... Des commentaires montrent l'intérêt porté à ces contenus et permettent parfois aussi de faire avancer la recherche.



 

Ouest-France

Le 24 mars 2021, le bar-hôtel "Le Tout va bien", rue Jules Ferry a malheureusement brûlé. Le rédacteur de l'article de Ouest-France a pu puiser dans l'article consacré à cet établissement sur le blog pour en raconter l'histoire.

Et il faut signaler que le lien a été mis dans la version numérique vers le blog et les sources ont été parfaitement mentionnées. Du vrai professionnalisme et de l'éthique !

 

En novembre 2023, Catherine Lemesle, journaliste à Ouest-France, s'est appuyée sur des éléments de l'article du blog de l'histoire de Robien pour  écrire un article posant la question : Pourquoi l’eau courante n’arrive à Saint-Brieuc qu’en 1910 ?

Article en ligne (3 novembre 2023) pour les abonnés à Ouest-France en cliquant ici

 

Le monde forain

Suite à  la publication d'une douzaine d'articles sur des familles du monde forain qui avaient fait les beaux jours des fêtes foraines dans le quartier de Robien, de nombreux échanges se sont développés par l'intermédiaire de deux Facebook : "Forains d'autrefois" et "Les fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs". Des articles comme par exemple celui sur la famille Hoffmann sont devenus des références dans le milieu forain. 

 

Un projet de deux étudiantes en licence Tourisme. Février 2022

Ségolène Misiak et Marie Gjasula-Masson sont étudiantes en Licence Professionnelle Tourisme et Patrimoines au campus Mazier de Saint-Brieuc. Elles travaillent sur un projet d’étude avec les archives de Saint-Brieuc et les TUB afin de valoriser le quartier de Robien. Une très bonne idée qui sera peut-être reprise par la suite...

Les deux étudiantes ont souhaité recueillir un avis sur leur dossier. Ayant choisi le trajet de la navette gratuite qui passe à Robien, une visite explicative sur le parcours a permis de préciser plusieurs points de l'histoire du quartier.


 

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dimanche 22 octobre 2023

Georges Mahuzier (1934-2014), chimiste et biologiste, universitaire, né à Saint-Brieuc


Georges Mahuzier est né à Saint-Brieuc en 1934. Il a vécu son enfance dans le quartier de Robien où son père a tenu une pharmacie de 1938 à 1945. Par la suite, il a effectué une brillante carrière comme professeur de chimie à la faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry, université Paris XI,  jusqu'en 2001 où il prit sa retraite. Il était membre de l'Académie nationale de pharmacie.

Acte de naissance Georges Mahuzier. 1915 Saint-Brieuc Vue 135. Archives départementales

 
Origines familiales à Saint-Brieuc

Le premier de la famille Mahuzier à s'implanter à Saint-Brieuc est Georges René Mahuzier (1877-1931). Né en Corrèze, il va se marier à Saint-Brieuc le 18 mai 1904 avec avec Marie Désury, une native de la ville. Georges Mahuzier exerce dans le domaine des finances publiques, comme son père qui était percepteur des contributions directes. Il mène une belle carrière dans les impôts et devient Receveur général des contributions directes à Rennes.

Georges René Mahuzier (1877-1931)


La pharmacie Mahuzier

Son fils, Yves Georges Mahuzier (1905-1945) est né le 30 juin 1905 à Saint-Brieuc. Yves Mahuzier se marie à Plestin-les-Grèves le 15 octobre 1932 avec Odette Cotrel. Le couple va avoir deux enfants, Georges et Josette.  
Yves Mahuzier ouvre une première officine à Saint-Brieuc, dès 1934 où dans le journal Ouest-Eclair on trouve la trace de "Danet et Mahuzier, pharmaciens". La pharmacie Danet se trouvait dans la rue Saint-Guillaume...

Puis en 1938, il ouvre sa pharmacie au 2 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien. Une première annonce indique cette adresse dans l’édition de Ouest-Eclair du 30 avril 1938. 

Pharmacie Mahuzier 28 août 1938 Ouest-Eclair


Quelques années plus tard, la pharmacie se déplace d’une centaine de mètres pour aller au numéro 41, à l’angle de la rue Jules Ferry et du boulevard Hoche. La famille Mahuzier composée de deux enfants, Georges et Josette, habite à proximité de l’officine, au 60 boulevard Hoche. Hélas, alors qu'il n'a que 40 ans,
Yves Mahuzier décède le jeudi 13 décembre 1945. La cérémonie se déroule à l'église de Robien et Yves Mahuzier est inhumé au cimetière Saint-Michel à St Brieuc. 

L'ancienne pharmacie Mahuzier au 41 rue Jules Ferry, photo prise en 1984.



Georges Mahuzier (1934-2014)
Orphelin de père, Georges entend poursuivre la tradition paternelle. Il passe d’abord ses deux bacs en 1951 et 1952 à Saint-Brieuc.

Résultats du bac à Saint-Brieuc 29 juin 1951 Ouest-France

Georges Mahuzier commence ses études de Pharmacie en 1953 à la Faculté à Rennes avant de préparer l’internat des Hôpitaux de Paris. Il est reçu en 1957 comme interne des hôpitaux de la Seine et travaille
à l’hôpital de Perray-Vaucluse sous la direction du Professeur Malangeau grâce auquel il acquit en 4 ans une formation complète de biologiste. 

Le professeur Malongeau
 

Interrompant sa carrière, il effectue 36 mois de service militaire en Algérie. 

A son retour en 1963 il est nommé sur concours, chef de laboratoire, à l’hôpital psychiatrique de Villejuif, il y restera jusqu’en 1970.

Hôpital psychiatrique de Villejuif


En 1971, il devient biologiste adjoint et en 1972 il succède au Professeur Malangeau en tant que Chef de service et effectue le reste de sa carrière à ce poste.
En parallèle, dès 1964, il s’engage dans une carrière universitaire de chimiste qui sera couronnée de succès. Il rédige différents ouvrages forts utiles pour les étudiants et les professionnels. Il est reconnu comme un spécialiste au niveau national du dosage des médicaments.

 
En 1972 il est nommé chargé de cours, puis Maître de conférence à l’université de Paris XI.
Agrégé à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Beyrouth,  il y enseigne la chimie de 1973 à 1975.
Revenu en France en 1975, il est nommé Maitre de Conférence agrégé à la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry qui est considérée comme la plus grande faculté de pharmacie en Europe. Il encadre les travaux de nombreux étudiants et favorise la coopération scientifique avec l’Espagne, le Vietnam.

Après une carrière exceptionnelle il prend sa retraite en 2001. Un de ses anciens élèves, en conclusion de l'hommage qu'il lui rend, le décrit ainsi : "De tout ce parcours se dégage une personnalité riche, attachante, ancré dans le réel au travers de ses fonctions de Biologiste, d’enseignant, de chercheur préoccupé du devenir de ses élèves".

 
Vie familiale

Sur le plan personnel, avec son épouse Catherine, Georges Mahuzier aura trois enfants Cerise et Bruyère, et Yves (1971-2005). La famille aimait se ressourcer sur l’Ile de Bréhat. C'est sur cette île des Côtes d'Armor qu'il décède accidentellement le 10 juillet 2014. Une annonce de son décès a été publiée le 27 septembre 2014 dans le journal Le Figaro.

Annonce Le Figaro

Son corps repose au cimetière Saint-Michel à Saint-Brieuc avec ses parents et son fils Yves.

Cimetière Saint-Michel à Saint-Brieuc.


Si vous avez des commentaires, des témoignages ou des documents sur la famille Mahuzier, merci d'utiliser le formulaire de contact.

 

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A lire sur ce blog pour prolonger

Les pharmacies du quartier de Robien, cliquer ici

 

Sources 

Généanet, fiche sur Mahuzier père né en 1877, cliquer ici

Généanet, fiche sur Georges Mahuzier, né en 1905, cliquer ici

Avis d'obsèques de Georges, universitaire, né en 1934, ici

Discours d'hommage à Georges Mahuzier, prononcé en 2016, cliquer ici 

Discours d'hommage au Professeur Malangeau par Georges Mahuzier, 2009, cliquer ici

Albert Mahuzier, explorateur, cousin de Georges, site cliquer ici

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...