mardi 18 juin 2024

La maison Art Nouveau 11 rue de Robien à Saint-Brieuc. 1913

 

La période Art Nouveau, en architecture, s’appuie sur l’esthétique des lignes courbes. L'Art Nouveau, appelé aussi Modern style, se développe entre 1890 et 1914 mais son influence persiste bien après. En Bretagne la période Art Nouveau a été plus courte que dans d'autres régions de France.
L'art Nouveau est lié au style balnéaire pour certains éléments. Des architectes l'ont expérimenté dans l'Ouest parisien comme au Vésinet ou à Chatou.  
 
La ville de Saint-Brieuc est très peu marquée par ce style mais le quartier de Robien possède néanmoins une maison de 1913 tout à fait caractéristique de ce courant.
 

La maison Art Nouveau du 11 rue de Robien datée de 1913

Au 11 rue de Robien, face à la coopérative de produits biologiques "La Gambille", on trouve une très belle maison Art Nouveau avec des encadrements de portes et de fenêtres exceptionnels (autrefois c'était le 5 rue de Robien). 

Un article est consacré à cette maison dans l'ouvrage Le patrimoine des communes des Côtes d'Armor aux Éditions Flohic (page 1238). On y trouve une description précise, rédigée dans des termes techniques : 

"Au rez-de-chaussée, la baie du séjour est typique du modern style : tous les sommiers des baies ainsi que les clefs sont affirmés par des pierres blanches. Le pignon de l'avant corps est en charpente apparente...Les pans coupés des angles de l'avant-corps, inspirés des bases de cheminée du XVe siècle, adoucissent les arêtes."

De nos jours cette maison se retrouve très isolée sur le plan esthétique, coincée entre des édifices qui ne la mettent pas vraiment en valeur mais elle devait avoir fière allure au moment de sa construction !


11 rue de Robien, St Brieuc maison Art Nouveau. Photo RF


On ne sait ni qui en est l'architecte ni qui en est le premier propriétaire mais il pourrait s'agir d'un médecin.

Par contre, on sait que la maison Art Nouveau de la rue de Robien a été construite en 1913 et qu'elle présente des similitudes avec la Villa Jeannette de 1907, située 98 boulevard des Anglais à Nantes.

La conception la maison nantaise est celle des architectes Ferdinand Ménard (1873-1958) et Emile Le Bot (1889) qui viennent alors de s’associer pour construire des villas à La Baule.

Cette demeure à Nantes est inscrite au titre des Monuments historiques et labellisée « Patrimoine du XXe siècle ». Elle n’est pas sans rappeler des villas construites à Nancy à la même époque.

Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic, dans leur ouvrage Architectures en Bretagne précisent :

« La grande baie en feuille de nénuphar reprend celle de la Villa Jeannette, à Nantes, qui avait été largement reproduite dans les albums d’architecture de l’époque » 

 

Ci-dessous "Baie nénuphar" de Nantes à gauche et de Saint-Brieuc à droite

 


 Ci-dessous une autre "Baie nénuphar" à Nancy, Villa Les glycines, 5 rue des Brices
 
Image Google Earth. 2008

Ci-dessous une autre "Baie nénuphar" à Nancy, Maison Huot, 92 quai Claude Le Lorrain, 1903. Émile André architecte. Description complète ici

 

 
Mais plus généralement, on peut affirmer que c'est toute une partie de la maison de Robien qui est semblable à celle de Nantes.
 
 
Ci-dessous maison de Nantes à gauche et de Saint-Brieuc à droite



De même, la ressemblance est assez évidente avec la partie droite de la villa daté de 1913 Castel Jeannette, 56 avenue Wilson à Auray, conçue comme celle de Nantes par les architectes Ferdinand Ménard et Émile Le Bot.
 
Kastel Jeannette. Image Google Street

La Villa Ker-Roé conçue à Vannes vers 1905 (32 rue Albert 1er), présente également des similitudes. On ne connait pas son architecte...

Ker-Roé. Image Google Street

Villa Ker-Roé, Vannes, Photo RF, juin 2024

Villa Ker-Roé, Vannes. Photo RF juin 2024

Plus proche de nous encore, la villa du 9 rue de la mer à Plérin, située sur la route du phare du Légué n'est pas sans présenter des similitudes dans des motifs de boiseries et dans les arceaux en brique...

Villa 9 rue de la Mer à Plérin. Photo RF 2024

 

Ce que l'on sait de l'histoire de cette maison Art Nouveau de Robien

Cette maison a été achetée par M. Le Men dans les années 1970, et M. Le Men sait qu'auparavant c'était le docteur Moy (Adrien Moy, dont l'épouse est née Kermoal, président départemental de l'Ordre des médecins dans les Côtes-du-Nord dans les années 50). Le docteur Moy y vivait dans les années 60 et exerçait au rez-de-chaussée, dans la petite annexe à droite en regardant la maison. Cette annexe comprend une entrée, un cabinet de toilette sur la gauche et une salle de consultation qui donne sur le jardin.
Naissance 5 juillet 1967 Ouest-France


Saint-Brieuc 4 mai 1953 Ouest-France


A ce sujet des recherches dans le journal Ouest-Eclair font apparaitre qu'un certain docteur René Chappel avait son cabinet de consultation rue de Robien en 1933. Est-ce de lui dont il s'agit ?
On sait aussi qu'en 1931, la famille LeBesq y habitait (Jean LeBesq, né en 1894 à Saint-Nazaire et Marie, son épouse, née en 1898 à Vitré).

Travail de ferronnerie, maison 11 rue de Robien. Photo RF


 
11 rue de Robien, maison Art Nouveau. Détails de portes et fenêtres. Photo RF



  

L'intérieur de la maison
 
Il reste quelques éléments d'époque dans cette maison des années 1900, par exemple le carrelage avec un motif tressé. La cheminée semble avoir été modifiée plus tardivement. La "baie nénuphar" est intéressante à voir de l'intérieur ainsi que les motifs en fer forgé de la porte d'entrée. Les propriétaires ont essayé de conserver les éléments anciens tout en apportant le confort qu'on peut attendre de fenêtres à double vitrage comme dans la partie sous toiture.

Cheminée au rez-de-chaussée. Photo RF

Baie-nénuphar vue de l'intérieur. Photo RF

Porte d'entrée vue de l'intérieur. Photo RF

Ouverture sous toiture vue de l'intérieur. Photo RF


Carrelage de la cuisine. Photo RF


Lavabo de la salle de bain. Photo RF

Trappe se soulevant pour accéder à la cave afin de stocker le charbon.

 
La maison côté jardin
 
La maison possède encore de nos jours un beau jardin à l'arrière, d'environ 600 m2 qui, autrefois, était très arboré avec des fruitiers. On y trouvait aussi un grand chenil.
La véranda donnait de très bons raisins, parait-il. 
Un petit appentis réserve des surprises pour les amateurs de briques Le Dû !
 
La maison côté jardin. Photo RF

Ancienne vigne dans le jardin

L'appentis. Photo RF

Un mur entier de briques estampillées Le Dû. Photo RF



 
Une maison remarquée en Bretagne
 
Cette maison fait l'objet d'une description précise dans l'ouvrage de référence Le patrimoine des Communes des Côtes d'Armor publié en 1996 :

Maison 1910-1913

Granit et brique, rue de Robien.
La première partie de la rue de Robien est réalisée en 1892. L’éclectisme de cette maison est révolutionnaire à l’époque dans les courbes et la forme des ouvertures. Au rez-de-chaussée, la baie du séjour est typique du modern style : tous les sommiers des baies ainsi que les clefs sont affirmés par des pierres blanches. Le pignon de l’avant corps est en charpente apparente. Le balcon en bois rappelle les villas du bord de mer. Les pans coupés des angles de l’avant-corps, inspirés des bases de cheminée du XVe siècle, adoucissent les arêtes.

 

En 1998, une photo de cette maison figurait en première page d'un dossier du journal municipal Le Griffon (numéro 146) ayant pour titre "Saint-Brieuc, terre d'accueil des architectes".
 
Le Griffon 1998

La maison de Robien figure aussi dans une mosaïque de 6 villas Art Nouveau en Bretagne, et le détail de la baie en forme de nénuphar est l'objet d'une photo particulière dans l'ouvrage de référence de Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic, Architectures en Bretagne, paru en 2012.

Extrait de Architectures en Bretagne, Palantines
 
Il reste encore quelques mystères à éclaircir autour de l'origine de cette maison et de son architecte ; 
affaire à suivre...

La porte d'entrée du 11 rue de Robien, clef du mystère ? Photo RF

L'art nouveau à Saint-Brieuc

Une deuxième réalisation dans le style Art nouveau, 2 rue Renan à Saint-Brieuc, est l'oeuvre d’Édouard Ramonatxo.

 

Maison 2 rue Renan à St Brieuc. Photo RF 2021

L’architecte Edouard JeanJoseph Ramonatxo (1869-1933) est né à Saint-Brieuc le 24 juin 1869. Après des études aux Beaux-Arts à Paris, il devient l’architecte de la ville de Pontivy. Edouard Ramonatxo multiplie les constructions dans le Morbihan mais n’oublie pas sa ville natale : il va construire, vers 1910, une maison dans le style Art nouveau, pour une personne de sa famille, rue Renan, dans le quartier St Michel.

Le couronnement de la porte est remarquable, les deux baies du rez-de-chaussée sont surmontées d’un décor en arc de cercle, les ferronneries portent également la marque de l’art nouveau. 

Portail 2 rue Renan à St Brieuc. Photo RF 2021
 

Les briques sont utilisées comme éléments de décor pour souligner les ouvertures. L’alternance entre le orange de la brique et le vert de briques émaillées sont une marque d’originalité.

Les combles et les lucarnes restent dans un style traditionnel de l’époque.

La partie basse de la façade 2 rue Renan à St Brieuc. Photo RF 2021

Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic, dans leur ouvrage Architectures en Bretagne nous en disent plus sur les influences de cet architecte : "Édouard Ramonatxo séjourna assez longuement à Bucarest, où il collabora avec Paul Gottereau au projet et à la réalisation du Palais de la Caisse des dépôts et consignations et de la Caisse d’Épargne (1902) et construisit plusieurs hôtels particuliers. Il était lié à Ion Mincu, un des maîtres de l'architecture roumaine au tournant du siècle..."

La famille Ramonatxo avait une certaine notoriété à Saint-Brieuc au début du XXe siècle, on retrouve différents membres dans la presse locale :

1911. Joseph Ramonatxo, pâtissier à Saint-Brieuc, né en 1830 dans les Pyrénées, décédé le 24 octobre 1911 à l'âge de 72 ans.

1915. Edouard, Sergent au 71e Régiment d'infanterie, décède 1915 à l'âge de 22 ans (avis dans Ouest-Eclair le 3 février 1915).  

1919.Pierre Ramonatxo, ancien pâtissier-confiseur de la rue du Champ de Mars, propriétaire à Saint-Brieuc fait partie des jurés titulaires de la première session des assises des Côtes-du-Nord en 1909, il décède le 21 septembre 1919.

1922. Enfin, Ouest-Eclair en 1922 fait part de l'émotion de nombreuses personnes à l'annonce du décès de Mme Ramonatxo, née Lucas-Horeilhan, veuve de l'ancien pâtissier : "Elle appartient à une vieille et honorable famille de notre cité."

 

 

D'autres articles pour compléter

 

Les maisons Art Déco du quartier de Robien, cliquer ici

Abécédaire des architectes du quartier de Robien, cliquer ici


 

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Sources

Architectures en Bretagne. Philippe Bonnet-Daniel Le Couédic, éditions Palantines, page 41

Journal municipal de Saint-Brieuc. Le Griffon, 1998, numéro 146

Merci à Christophe Gauffeny et Sophie Riguel, documentaliste, pour leur accueil au C.A.U.E des Côtes d'Armor en novembre 2021, afin de compléter les recherches sur cette maison.

 

Recherches aux Archives municipales et départementales.

Renseignements fournis par M. Le Men, propriétaire de la maison du 11 rue de Robien (entretien téléphonique avril 2020) et par ses fils (visite de la maison en mars 2023).

Le patrimoine des communes des Côtes d'Armor. Éditions Flohic, article page 1238.


Villa Ker-Roé à Vannes, inventaire du Patrimoine culturel en Bretagne, cliquer ici

Fiche sur Edouard Ramonaxo, sur e-monumen.net en cliquant ici

La maison de la rue de Robien et celle de la rue Renan font l’objet d’une description précise dans l’ouvrage Le Patrimoine des Communes des Côtes-d’Armor. Éditions Flohic.

 

Site PSS-ARCHI.UE, page sur Saint-Brieuc listant tous les immeubles de la ville avec le nom des architectes, la date de construction, la hauteur etc. cliquer ici

Cadastre : merci à Mary Simon des services de l'urbanisme de la Ville de St Brieuc.
 

Ouest-Eclair 28 août 1933, article mentionnant le docteur Chappel "Un enfant renversé et blessé par une auto".

Le docteur Chappel est décédé à 32 ans, il était marié avec Mme Lahaye de St Brieuc.


lundi 17 juin 2024

Armor-Peinture, 28 rue Emile Zola à Saint-Brieuc. 1961


Origine de l'entreprise Armor-Peinture

Cette entreprise est née en 1961 de l’union de deux entreprises briochines, dont l'entreprise Hains, au moment de la réalisation des travaux de peinture du Lycée Fressinet qui se construisait à l'époque.
L'entreprise était domiciliée au 3 rue Waldeck-Rousseau dans les années 60 mais son siège se trouvait au 28 rue Émile Zola dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

L'entrée de Armor-Peinture 28 rue Émile Zola. Image Google street


Annonce 20 août 1966 Ouest-France

C'est Louis Morvan qui en a assuré la direction de l’origine jusqu’en 1972 où Henri Choron (voir son portrait en bas de page) a pris sa suite, après en avoir occupé depuis 1961 le poste de directeur-adjoint.
L'entreprise a connu un rapide développement.

Annonce. 30 mai 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Le Griffon numéro 26

1966. Remise de médailles.

Dans l'édition de Ouest-France du 26 décembre 1966 on apprend que M. Choron et M. Morvan, directeurs de la société Armor-Peinture, ont réuni le personnel pour un vin d’honneur autour de quatre employés qui sont alors récompensés :

René Hennique, 46 années dans la profession, médaille d’Or du travail 1966

Mathurin Le Duhault, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Georges Muset, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Théophile Le Flohic, 26 années dans la profession, médaille d’argent du travail.

Ci-dessous, les médaillés avec leurs épouses qui ont reçu un bouquet (Qui pourrait identifier ces personnes ?)


1972. Départ en retraite du directeur et remise de médailles.

Lors du départ en retraite de M. Morvan, le directeur, une remise de médailles d’honneur a  lieu et plusieurs personnes sont décorées : MM Charles Boga, Charles Boulain et Jean Camar (médailles de vermeil) ; MM Robert Hamon, Robert Gaudaire, Jean Le Menec et Henri Toupin (médailles d’argent).

En 1972, l’entreprise Armor-Peinture représente 145 salariés en Bretagne au sein du groupe national S.E.G.I.P

26 décembre 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Annonce Le Griffon 1978


1977. Médailles du travail

André Berthault, médaille d’argent du travail. 1977

André Corlay, médaille d’argent du travail. 1977

Maurice Pringent, médaille d’Or du travail. 1977

 

1979. Un mouvement de grève

En 1979, l’entreprise Armor-peinture emploie 115 salariés. Une très grande partie d’entre eux rentre en grève pour des revendications salariales : augmentation mensuelle et treizième mois. Pour le directeur M. Choron les revendications ne sont pas justifiées même si l’entreprise est en bonne santé. 

13 juin 1979 Ouest-France

La C.G.T conteste les chiffres avancés par le patron et argumente que certains ouvriers sont alignés sur les salaires les plus bas du bâtiment. Une semaine plus tard, le conflit s’enlise. La C.G.T dénonce l’embauche de personnels « prêtés gracieusement » par d’autres entreprises de peinture exerçant la même activité à Saint-Brieuc, Guingamp ou Dinan. Les chantiers sont ainsi poursuivis réduisant l’impact de la grève. Cette grève laissera des traces...
(D’après Ouest-France des 13, 20 et 23 juin 1979)

 
Le sport d'entreprise chez Armor-Peinture

Dans les années 70-80, une équipe de football d'Armor-Peinture est engagée en promotion de première division. On retrouve d’autres entreprises du secteur comme Chaffoteaux, Les Forges-et-Laminoirs, Mammouth, Olida…

En octobre 1979 : Unicopa bat Armor-Peinture 6 à 1
En 1982, en 16e de finale de l'Ouest Corporative à Loudéac : Armor-Peinture bat Olida 4 à 0

 

1980-2024. Un employé qui connaît le métier

En 1980, Pascal Josse est embauché comme stagiaire dans l'entreprise, puis de nouveau il réintègre Armor-Peinture en 1985 avant de partir à l'armée, et enfin en mars 1987. Il ne le sait pas encore mais en 2024, il figure encore dans le personnel et c'est le plus ancien chez Armor-Peinture, la première fois qu'il avait franchi la porte de l'entreprise, c'était il y a 44 ans ! il est sans discussion possible le plus ancien dans l'entreprise...(témoignage recueilli sur le forum Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc en avril 2024)


1980. Un accident du travail

En février 1980, Loïc Fleicher et Florent Clairenteau, deux ouvriers d’Armor-Peinture, sont blessés par une explosion de gaz alors qu’ils travaillaient dans les sous-sols de la BNP, place du Général-de-Gaulle à Saint-Brieuc.

Accident Armor-Peinture16 février 1980 Ouest-France
 

1983. Des innovations
Henri Choron, le PDG de l’entreprise, réunit des constructeurs et des architectes pour les entretenir de l’évolution des méthodes de traitement des façades. 

Armor-Peinture 8 mars 1983 Ouest-France
 

Jean-Louis Raymond, le directeur général, développe les questions relatives à l’imperméabilisation et à la protection contre le froid. En conclusion il a été rappelé que : « des solutions existent, les spécialistes d’Armor-Peinture ont des réponses, il suffit de les consulter » !


1985. L’entreprise communique sur la peinture publicitaire.

Armor-Peinture 8 octobre 1985 Ouest-France


Armor-Peinture13 décembre 1985 Ouest-France

1988. L'EuroFoot Cadets

En avril, Armor-Peinture sponsorise l’équipe du Standard de Liège durant l’EuroFoot Cadets qui se déroule à Saint-Brieuc du 5 au 8 avril 1988.


1988. Le chantier de la gare de Saint-Brieuc

Dans l’attente de l’arrivée des premiers TGV en gare de Saint-Brieuc, l’entreprise Armor-Peinture et La Celtique Industrielle mettent leurs efforts en commun pour rénover la gare et lui faire retrouver sa beauté de 1931 ! La technique employée, baptisée « Fluroc », ravale, renforce et assure la protection du bâtiment.

Armor-Peinture 9 septembre 1988 Ouest-France


1991. Les 30 ans d’Armor-Peinture
L’entreprise est dirigée par Jean-Louis Raymond en 1991 et emploie 140 salariés sur trois sites dont deux filiales à Rennes et Vannes.
Depuis 1989, la holding Armor-Management chapeaute une seconde société normande Techni-Peinture (ex Établissements Gagneux) qui compte 140 salariés entre Caen, Le Mans et Versailles.

Armor-Peinture 27 septembre 1991 Ouest-France
 

Un bouillonnant patron : Jean-Louis Raymond, PDG d’Armor-Peinture 

Jean-Louis Raymond 27 septembre 1991 Ouest-France

Jean-Louis Raymond a une formation d’ingénieur dans le BTP. Il devient ensuite conseiller en entreprise comme permanent de la fédération Nationale du Bâtiment.
Et comme il le dit : « J’en ai eu marre de dire comment faire : j’ai voulu réaliser moi-même ». Il reprend Armor-Peinture au début des années 80 et va y appliquer ses méthodes. Tout d’abord, les salariés travaillent par affinités, en cellules autonomes avec des moyens indépendants. Ensuite les salariés sont mobilisés car intéressés au développement de l’entreprise. Un tiers du capital est détenu par le personnel.
En 1989, Jean-Louis Raymond reçoit le prix de l’Aster 89 de la part de « L’association pour le progrès de la peinture » pour son sens de la « mobilisation des ressources humaines ».
Il envisage alors de créer un musée des métiers de la peinture. On le retrouve aussi à la tête de l’Agence de Développement Économique du pays briochin.

Dans les années 80-90, Jean-Louis Raymond est un personnage qui compte dans le milieu économique du secteur de Saint-Brieuc.
(D’après l’article de Christophe Violette de Ouest-France, 27 décembre 1991)

1993. Redressement judiciaire

Le bâtiment subit une grave crise en 1992. Le 2 février 1993, la société Armor-Peinture est mise en redressement judiciaire mais les emplois ne sont pas menacés. D'autre part, les trois sociétés normandes de Techni-Peinture (liées l’entreprise) sont en grosses difficultés et ont licencié. 

(Ci-dessous, le titre de Ouest-France du 3 février 1993)

Crise du bâtiment : un chef d'entreprise dans la tempête.
Armor peinture corrige le cap.

Le PDG d'Armor-Peinture 3 février 1993 Ouest-France

Armor-Peinture 4 février 1993 Ouest-France

1994. Changement de patron

En 1994, l’entreprise Armor-Peinture  est reprise par Jean-Yves Rousseau, l’ancien patron des établissements du même nom à Plélo. Sur le site de Saint-Brieuc, 108 salariés sur 114 sont repris. Dans les 6 salariés en moins, on compte 3 départs en retraite non remplacés et 3 personnes en congés de longue durée non réintégrées. Les unités de Rennes, Morlaix et Vannes sont supprimées et une trentaine de salariés sont licenciés.

Le nouveau patron hérite d’une société qui a toujours une très bonne réputation et dont les carnets de commandes sont pleins jusqu’en janvier 1995 avec les chantiers de l’IUT, la réhabilitation de la Croix Saint-Lambert, du centre Hélio-marin de Trestel…


L'évolution de l'entreprise

Après le départ de l’entreprise du quartier de Robien, l’entreprise s'installe dans de vastes locaux, en bordure de la voie express RN12 entre Saint-Brieuc et Guingamp.
En 2022, l'entreprise compte 80 salariés dont 3 conducteurs de travaux, un bureau d'étude composé de 2 personnes, 11 chefs de chantier, 9 chefs d'équipe, 50 compagnons, 1 chef d'atelier.


 
Henri Choron
Henri Choron à la fin de sa vie.
 
Depuis le début des années 60, Henri Choron a été à la tête de de l'entreprise Armor-Peinture, comme directeur adjoint avec M. Morvan puis directeur en 1972. C'était un homme d'engagement et aux fortes convictions comme le montre le contenu de cette demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance, remplie par l'intéressé en 1959 : étudiant au Lycée Le Braz jusqu'en 1942, il est réfractaire au Service du Travail Obligatoire (S.T.O) après avoir été appelé en juin 1942. Entré dans le maquis de Plésidy jusqu'à la Libération de Guingamp, engagé volontaire le 1er septembre 1944 au 2-71e Régiment d'Infanterie, combattant sur le front de Lorient puis avec les troupe d'occupation de l'Allemagne, démobilisé le 2 septembre 1946 et nommé caporal de réserve. 
Néanmoins, sa demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance ne va pas aboutir car il ne fournira pas les pièces justificatives exigées à cet effet.
Cela n'empêche pas Henri Choron d'avoir été décoré de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et d'être Chevalier national du Mérite Ancien maquis de Plésidy et de Coat-Mallouen. 
 

Dans la Résistance, après avoir été arrêté, il se serait échappé d'un train vers Lyon et serait rentré à pied en Bretagne. C'est ainsi que l'on racontait son histoire bien après-guerre dans la famille...  
Si on revient un peu en arrière, Henri Choron est né le 31 août 1922 à la Ville-Fréhour, Saint-Quay-Portrieux.
 
Etat-civil de Saint-Quay.

Son père Fernand Choron (article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici) est alors peintre-décorateur à Saint-Quay dans un premier temps, avant de s'installer à Saint-Brieuc rue Glais-Bizouin au début des années 30.
 
Annonce 9 janvier 1931 Ouest-Eclair

 
Jeu de l'oie des commerçants. 1931. Photo RF

1936 5 mars Ouest-Eclair

1936 16 mars Ouest-Eclair

Il se marie avec Yvonne Mazure.

Mariage Henri Choron et Yvonne Mazure

Homme engagé pendant la guerre 39-45 et, un peu plus tard, dans le courant du gaullisme social, Henri Choron se lance dans l'entreprise Armor-Peinture avec Louis Morvan. Leur but est de donner du travail aux ouvriers.
Après les grèves de l'année 1968, en juin 1979, Armor-Peinture est secoué par un long conflit social où les 115 salariés restent en grève pendant plusieurs semaines. Malgré les propositions d'augmentations de salaire de M. Choron, le conflit s'enlisera et la C.G.T continuera de réclamer un treizième mois en plus des augmentations. Le dialogue social n'est pas une chose facile et Henri Choron supporte mal cette "lutte des classes" exacerbée... (Édition du 23 juin 1979 Ouest-France)
Il continue de gravir les échelons dans le monde des entreprises et accède à d'importantes fonctions en juin 1981 où il est élu Président du Syndicat patronal du bâtiment et des Travaux publics des Côtes-du-Nord
Il a aussi été Président régional du Lions Club.
Yvonne Choron, Henri Choron et à droite sa soeur. Photo famille Choron-Hot

Yvonne Choron, son épouse née Mazure le 9 octobre 1922, va être très active mais plus discrète, occupant le poste de secrétaire de René Pléven, ancien ministre et Président du Conseil et un poste à la Préfecture.
La famille Choron habitait dans le boulevard Waldeck-Rousseau, dans une maison qui surplombe la vallée de Gouédic (actuel numéro 7).
Henri Choron aux U.S.A. Photo de famille


Après une vie bien remplie, Henri Choron décède en 2006, il avait 84 ans, et Yvonne en janvier 2017 à l'âge de 94 ans.
Avis dans Ouest-France 13 février 2006
 
A suivre : article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici
 
 
Témoignage de Nicole Quettier

"Mon père ainsi que mon oncle (qui est l’un des médaillés que je reconnais avec ma tante qui a un bouquet de fleurs sur la photo du 26 décembre 1966) ont fait toute leur carrière à Armor-Peinture anciennement l’entreprise Morvan. Ils sont restés dans l’entreprise quand M. Choron est arrivé et y ont travaillé jusqu'à sa mort pour mon père et sa retraite pour mon oncle. Mon oncle fait parti des médaillés sur la photo. Ils ont eu tous les deux une Médaille de vermeil. Ça me rappelle des souvenirs, mon papa a connu ma maman alors qu'il était sur un chantier au Val-André et mon oncle a connu ma tante (qui était la soeur de ma maman) alors qu'il travaillait sur le même chantier que mon papa. La plupart des noms cités me disent quelque chose, je les ai entendus à la maison quand j’étais petite". 
Témoignage recueilli sur le Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc" en avril 2024
 
Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...
 
 
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Sources

Recherches dans les archives de Ouest-France

Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales

A propos de la famille Choron : informations et portrait photographique fournis par Françoise Briand (avril 2024). D'autres informations ont été transmises par Anne-Marie Tatin, filleule d'Henri Choron (avril 2024).

Site Armor-Peinture, cliquer ici

Facebook Armor-Peinture, cliquer ici

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...