jeudi 2 novembre 2023

Le théâtre de l'Espérance, théâtre forain ambulant d'Aristide Audroin

La famille Audroin est l'une de ces familles d'industriels forains qui a la particularité d'avoir aussi exercé dans le domaine du Théâtre ambulant religieux, avant de se lancer dans le cinéma.

Aristide et Léonie Audroin. Photo Le Pays de Dinan


Avant d'explorer l'histoire du Théâtre de l'Espérance Audroin, voyons ce qu'était le théâtre entre le XVe et le XVIIIe siècle, plus particulièrement en Bretagne :  « Au XVe siècle, on ne connaissait d’autres productions dramatiques que les Mystères, les Moralités et les Sotties.
La représentation des mystères était exclusivement réservée aux membres de la confrérie de la Passion, qui se contentait de mettre en dialogue des scènes de l’Écriture ou des légendes empruntées aux Vies des saints…
La plus ancienne représentation qui ait été signalée à Rennes eut lieu le 25 mai 1430, jour de l’Ascension, en présence du duc de Bretagne Jean V.
»
(1)
Le vendredi saint de l’année 1492, on joua à Vitré une représentation du Mistère de la Passion Nostre-Seigneur Jhesu Crist.

(2) Version du XIVe siècle du Mistère de la Passion. Publication B.N.F, ici


Les acteurs pouvaient s’inspirer de textes contenus dans les recueils de cantiques imprimés, avec « des scènes naïves en vers boiteux et à rimes indépendantes » (1), comme celui édité à Dinan en 1795 et réimprimé à la moitié du 19e siècle. Au fil des siècles et des rééditions, de nombreux ouvrages ont vu leur titre se modifier pour faire évoluer le Mistère du Moyen-Age vers des formes plus contemporaines.

 

Le Théâtre de l'Espérance

Aristide Audroin (1857-1953) est né à Vitré le 12 avril 1857. Il est cordonnier de profession mais à la fête foraine de Dinan, où il se trouve alors pour effectuer son service militaire, il fait la rencontre d'une foraine, Léonie Hodemon. Elle possède un manège de chevaux de bois et une confiserie. Il l’épouse le 29 juin 1878 à Vitré et adopte le mode de vie des gens du voyage.

Aristide Audroin. Photo Généanet

Léonie Audroin (1953). Photo Généanet

Pendant quelques années, les Audroin sont sur la route et présentent leurs attractions sur les fêtes foraines. Mais Aristide Audroin est passionné par le théâtre. Il fonde Le Théâtre de l’Espérance qui se déplace dans toute la France avec la roulotte tirée par des chevaux. Aidés par leurs enfants, leurs décors et leurs costumes font merveille dans "Le mystère de la Nativité et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ", d'après les grands maîtres de l'art chrétien. 

Il est intéressant de voir, comme nous l'avons développé dans l'introduction de cet article, que les Audroin s'inscrivent directement dans la tradition des mystères, comme celui joué en 1492 à Vitré. Nous ne savons malheureusement pas à partir de quelle version travaillait la famille Audroin pour bâtir son spectacle.

Lors d'une représentation donnée en 1902, on apprend que les enfants sont âgés de 3 ans à 18 ans. La famille comptera jusqu'à 13 enfants ! Les jeunes acteurs prennent surtout des poses au milieu de décors constitués de tableaux peints.

C'est une grande fresque théâtrale qui s’inscrit dans les spectacles joués depuis le Moyen-Age. 

 

Ci-dessous, un article du Journal de Paimpol, du 18 mai 1902, invite le public à découvrir ce théâtre qui obtient un grand succès partout où il se produit. En 1907, il est de nouveau à Paimpol.

Audroin. 18 mai 1902. Journal de Paimpol

Mais le cinéma commence à attirer le public et les Audroin vont s’équiper à Paris pour présenter du cinéma ambulant. Comme lorsqu'ils faisaient du théâtre, les Audroin cherchent à véhiculer des valeurs et pas seulement à distraire. Pendant la guerre 14-18, ils vont avoir l'occasion de développer le patriotisme. L'article de Ouest-Eclair du 25 juillet 1915 ne laisse aucun doute sur l'engagement des Audroin qui, de plus, "se proposent de donner des séances gratuites pour les blessés".

Cinéma Audroin 24 juillet 1915 Ouest-Eclair

 

Aristide Audroin a reçu les Palmes académiques pour sa carrière dans le théâtre et le cinéma. Léonie Audroin a reçu deux Médailles d’Or du Président Poincaré pour l’éducation qu’elle donna à ses 13 enfants. A cette occasion, le 8 janvier 1923 dans La Dépêche de Brest, on pouvait lire une évocation de la vie de la famille Audroin avec quelques lignes sur le théâtre : "Puis ce fut le petit théâtre, que les dinannais envahissaient pour voir cette délicieuse famille si bien élevée, jouer la nativité, la Passion, Saint-Antoine. Chaque année, pendant une période, le petit Jésus vivant était tout neuf". L'allusion fait référence aux nombreux enfants de Mme Audroin dont, chaque année, le dernier né figurait en enfant Jésus.

Aristide Audroin est décédé le 17 décembre 1940, ce qui a fait l'objet d'un petit article dans Ouest-Eclair.

Aristide Audroin. 17 décembre 1940 Ouest-Eclair

Cet article ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire du Théâtre de l'Espérance de la famille Audroin et ne demande qu'à être complété en utilisant le formulaire de contact.

 

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Notes

(1) Le théâtre à Rennes, recherches d’histoire locale, notes et souvenirs. Lucien Decombe 1899.

(2) Illustration tirée d'une version très ancienne du XVe siècle : Mystère de la Passion, par Arnoul Greban, cliquer ici 

 

Sources

Article, La famille Audroin, des industriels forains en Bretagne, cliquer ici

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme. 

Généanet, Aristide Audroin (1847-1940), père, cliquer ici

Les Mystères dans le théâtre, article de Wikipedia, ici
 

 

mercredi 1 novembre 2023

2020-2023 L'histoire de Robien, au service de multiples partenaires à Saint-Brieuc


Ce blog et tous les éléments qu'il contient ont déjà été utilisés par de multiples partenaires comme un centre de ressources. 

 

La compagnie de Théâtre Jeanne Simone. Octobre 2020


Dans le cadre de la programmation de la Scène nationale La Passerelle, la compagnie Jeanne Simone a proposé son spectacle "Sensibles quartiers" dans le quartier de Robien en octobre 2020. La troupe est venue en résidence pendant plusieurs jours à Robien et elle y a construit son spectacle.

J'avais pris contact en amont avec la troupe dans le but de fournir quelques éléments sur l'histoire du quartier.  Des choses ont été utiles et la troupe les a utilisées à certains moments pour faire des références à ce qui se passait autrefois à Robien. L'approche de la troupe est surtout sensible (voir, écouter, sentir...) et poétique, mais l'aspect historique est également une dimension du spectacle.

J'ai eu l'occasion d'assister aux deux premières représentations de Sensibles Quartiers à Saint-Brieuc et de rencontrer quelques personnes de la troupe. Elles ont intégré, avec une incroyable réactivité, des remarques visant à préciser, enrichir ou rectifier des points d'histoire. Beaucoup de gens ont vu le quartier autrement, certains ont peut-être eu l'envie de le connaitre un peu plus...

Présentation de Sensibles quartiers ici

 

La compagnie Jeanne Simone devant la Résidence Carnot. Photo RF 2020


Un parcours dans Robien pendant le deuxième confinement. Novembre 2020


 

Cet article est paru le samedi 21 novembre 2020 dans Ouest-France. Avec toutes les ressources du blog, je n'ai pas eu de mal à proposer ce parcours, il y en aurait eu beaucoup d'autres possibles !

 

Découverte de l'histoire de Robien avec Ludovic Le Moignic, élu en charge du Patrimoine. Décembre 2020

En 2020, élu depuis quelques mois, Ludovic Le Moignic est en charge du Patrimoine culturel et architectural de la Ville de Saint-Brieuc. Il m’a semblé naturel de le rencontrer pour mieux nous connaître et faire le point sur ce qui se passait dans le quartier de Robien dans le domaine qui le concerne. Epidémie de Covid oblige, c’est en visio-conférence  que nous avons fait connaissance et Ludovic Le Moignic, qui n’est à Saint-Brieuc que depuis quelques années, m’a demandé de lui faire découvrir quelques aspects du quartier. J’ai préparé un circuit sur le passé rural de Robien et les débuts de la paroisse.

Quelques passionnés d’histoire ont été invités le lundi 2 décembre 2020 et deux ont pu se rendre disponibles : Yannick Gicquel, fervent défenseur du patrimoine briochin, habitant de la rue Jules Ferry et Jean-Christophe Balan, auteur d'une bande dessinée est à forte connotation historique.

Ludovic Le Moignic, Yannick Gicquel et Jean-Christophe Balan

Le circuit nous a amenés à observer les vieilles maisons campagnardes, les maisons d’octroi où les denrées agricoles étaient taxées, les traces de la présence des chevaux (anneaux, commerces), les restes des anciennes propriétés du manoir de Robien, le calvaire de la Croix-Perron et enfin l’église Sainte-Anne. Françoise Le Gall, bénévole de la paroisse, a eu l’amabilité de nous ouvrir ce très bel édifice.

Un après-midi très riche d’échanges, qui appelle d’autres rencontres avec cet élu ouvert au dialogue et lui-même passionné d’histoire. L’objectif à moyen terme pourrait être de penser une signalétique sur Robien pour en faire découvrir des aspects historiques significatifs.

Ce jour-là, faire de l'histoire c'était  échanger des informations sur le terrain, dialoguer et envisager l'avenir avec un élu de la Ville de Saint-Brieuc...

Le site complet de Jean-Christophe Balan, à découvrir ici



 

L'enquête d'utilité publique sur l'étang de Robien. Janvier 2021

Les différents articles parus dans le blog au sujet du ruisseau du Gouédic et de l'étang ont été utiles au commissaire enquêteur Cédric Thoraval qui a mentionné ce travail dans son rapport final.
"Nous avons lu avec attention les articles que vous avez publiés sur votre blog à ce sujet. Leur lecture en a été très instructive, notamment la partie relative à la construction de l'étang.

Je vous remercie pour ces informations historiques".
 
M. Thoraval a confirmé tout l'intérêt d'une telle recherche historique lors de notre échange du lundi 25 janvier à la Mairie et a rendu compte de cette démarche de partage d'informations dans le document final (voir l'extrait plus bas). 
 





Extrait du document final de l'enquête d'utilité publique. Mai 2021




Des échanges avec l'écrivain Christian Prigent.
Depuis le début de la mise en ligne d'articles sur l'histoire de Robien, l'écrivain Christian Prigent est attentif à ces publications qui lui rappellent les lieux de son enfance, rue de l'Ondine et dans les environs.
Pendant les différentes périodes de confinement, nous avons pu échanger par téléphone et par mail. Les plans que j'avais trouvés aux archives départementales, sur l'entrepôt des Postes rue de l'Ondine, ont particulièrement retenu son attention et une reproduction a été publiée en 2021 dans son ouvrage intitulé Chino au jardin et édité chez P.O.L.
 
 

L'année 2021 est celle du début de partenariat avec les archives municipales et de nombreuses visites du quartier...



Les archives départementales. 2020-2021

Le 14 juin 2021, vingt-cinq personnes des Archives départementales ont participé à une visite de découverte du quartier de Robien (partie Ouest). Le 6 septembre se déroulait la deuxième partie de la visite (partie Est).

Cette initiative vient de la volonté des personnels des archives de mieux connaitre leur environnement proche. L'idée était aussi de montrer comment la recherche historique sur le terrain s'appuie sur le fonds d'archives du département. Et réciproquement, comment les documents collectés aux archives sont mis en valeur, par exemple à travers des visites ou avec ce blog sur l'histoire de Robien.

6 septembre 2021. Boulevard Hoche

6 septembre 2021. Rue de Robien

6 septembre 2021. Rue de Robien devant les anciens établissements Flageul

En 2023, deux circuits ont été proposés dans le quartier de Robien en lien avec l'exposition "Les archives sortent du bois" des archives départementales (voir à la fin de l'article présenté ici)



Le Comité d'Animation de Robien 

Le C.A.R publie ou relaie régulièrement les articles sur l'histoire de Robien sur son Facebook...


 

Essentielle culture.

Un compte Facebook a été créé par les différents services culturels de la Ville au moment du premier confinement en 2020. Les articles du blog de l'histoire de Robien sont relayés et un public averti en prend connaissance... Des commentaires montrent l'intérêt porté à ces contenus et permettent parfois aussi de faire avancer la recherche.



 

Ouest-France

Le 24 mars 2021, le bar-hôtel "Le Tout va bien", rue Jules Ferry a malheureusement brûlé. Le rédacteur de l'article de Ouest-France a pu puiser dans l'article consacré à cet établissement sur le blog pour en raconter l'histoire.

Et il faut signaler que le lien a été mis dans la version numérique vers le blog et les sources ont été parfaitement mentionnées. Du vrai professionnalisme et de l'éthique !

 

En novembre 2023, Catherine Lemesle, journaliste à Ouest-France, s'est appuyée sur des éléments de l'article du blog de l'histoire de Robien pour  écrire un article posant la question : Pourquoi l’eau courante n’arrive à Saint-Brieuc qu’en 1910 ?

Article en ligne (3 novembre 2023) pour les abonnés à Ouest-France en cliquant ici

 

Le monde forain

Suite à  la publication d'une douzaine d'articles sur des familles du monde forain qui avaient fait les beaux jours des fêtes foraines dans le quartier de Robien, de nombreux échanges se sont développés par l'intermédiaire de deux Facebook : "Forains d'autrefois" et "Les fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs". Des articles comme par exemple celui sur la famille Hoffmann sont devenus des références dans le milieu forain. 

 

Un projet de deux étudiantes en licence Tourisme. Février 2022

Ségolène Misiak et Marie Gjasula-Masson sont étudiantes en Licence Professionnelle Tourisme et Patrimoines au campus Mazier de Saint-Brieuc. Elles travaillent sur un projet d’étude avec les archives de Saint-Brieuc et les TUB afin de valoriser le quartier de Robien. Une très bonne idée qui sera peut-être reprise par la suite...

Les deux étudiantes ont souhaité recueillir un avis sur leur dossier. Ayant choisi le trajet de la navette gratuite qui passe à Robien, une visite explicative sur le parcours a permis de préciser plusieurs points de l'histoire du quartier.


 

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Histoire de l'alimentation en eau dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc 1896-1967

 

Avant 1894, Saint-Brieuc n’était alimentée en eau potable que par des sources dans les environs ou en ville. Onze puits publics et quatre cents puits privés fournissaient le reste.
L’eau courante n’arriva qu’en 1909 après les captages effectués à Plaintel avec la station de pompage de l’usine du Château-Bily. La prise d’eau du barrage de Saint-Barthélémy permit ensuite de répondre à l’accroissement des besoins.

1928. Installation de canalisations à Saint-Brieuc. Archives municipales 6Fi871


L'eau dans le quartier de Robien

Les puits ont longtemps permis d’avoir accès à l’eau potable à Robien. Pour l'arrosage, le lavage du linge ou l’eau nécessaire aux animaux, l'utilisation de l'eau du ruisseau du Gouédic, passant au sud et à l'est du quartier, s'est révélé une bonne solution.

 

Ci-dessous, ce plan daté de la fin du XXe siècle démontre la présence, encore très nombreuse à cette époque récente, de puits dans le quartier de Robien. Et tous ne sont pas répertoriés...


 

Quelques exemples de puits à Robien

Puits remonté, rue Jules Ferry

 

Puits en train d'être rebouché 2023, rue abbé Garnier (ancienne forge Callenec)

 

L'ensemble des maisons formant le Pré-Tizon bénéficiait d'un puits qui a d'ailleurs été comblé dans une période récente. Stéphane Le Roux, qui a habité au numéro 12, se souvient : "Ce puits du Pré-Tizon était bien de plus d’un mètre de diamètre, avec une margelle tout près du sol. Il était déjà bouché dans les années 70".

                                                       
Sur le plan ci-dessous de 1912, le puits est figuré par un petit cercle. 




La municipalité prend les choses en main

1896, registre du conseil municipal

 

A l'approche du XXe siècle, les différentes équipes municipales vont prendre en charge ce dossier de l'eau pour les particuliers et pour les entreprises du quartier. Mais ce long travail ne se fera pas en un jour et aura tendance à s'étaler dans le temps à cause des aléas de l'histoire (guerre 14-18, crise économique de 1929, guerre 39-45...). Voici quelques exemples de cette conquête de l'alimentation en eau à domicile à Robien :

Un premier dossier passe en conseil municipal en août 1896. Il s’agit de la demande de concession d’eau présentée par M. Yves Le Moal, négociant boulevard Carnot, pour les besoins de son usine. « Pour satisfaire à cette demande, la Ville serait obligée d’établir dans l’avenue de Robien, une canalisation en fonte de 65 mètres de longueur qui serait branchée sur la conduite d’eau du boulevard Carnot. » M. Le Moal s’engage à payer la moitié des frais et un abonnement annuel. Le conseil donne satisfaction à M. Le Moal.


Le 10 juin 1898, le conseil acte l’établissement d’une borne-fontaine rue de Robien.

En février 1901, dans une pétition, plusieurs habitants du Pré-Tizon demandent que la partie de l’impasse Cordière comprise entre la voie ferrée et le boulevard Cordière, soit empierrée, éclairée et pourvue d’un service d’eau.
L’empierrement de cette voie urbaine est terminé rapidement tandis que l’installation du bec de gaz sera ajourné jusqu’au moment où le Conseil municipal aura décidé de donner suite à toutes les demandes de pose de nouvelles lanternes qui lui sont adressées. pour le reste, la réponse qui suit ne plaira sans doute pas aux habitants :
"Quant au service d'eau, la borne fontaine placée dans le boulevard Carnot, au bout de l’impasse Cordière, étant située à moins de 60 mètres du milieu de cette rue, les habitants de ce quartier sont aussi bien desservis que ceux du centre de la Ville, il n’y a donc pas nécessité d’installer la conduite d’eau qu’ils demandent, à moins toutefois que trois d’entre eux soient prêts à contracter un abonnement d’eau, ce qui n’est pas à la veille de se faire". (Compte-rendu du Conseil, février 1901. Lot 1898-1902, 1D35 Archives municipales)

Borne-fontaine ancienne

 
Le 26 septembre 1902, le Conseil examine la pétition des habitants du chemin des Régats (rue Cuverville de nos jours) qui demandent l’installation de l’eau et du gaz dans la partie de l’ancien chemin du Carpont situé entre le pont du Chemin de fer et le Pré-Chesnay. Le conseil municipal attend que, dans ce secteur, au moins trois personnes contractent un abonnement à l’eau avant de faire des travaux. (Lot 1898-1902, 1D36 Archives municipales)

Le 27 décembre 1905, la prise d’une conduite d’eau est posée dans la rue Guébriant.

En 1906, la Ville pose une conduite d’eau avec installation d’une borne-fontaine, route de Quintin, à la jonction de la rue de Robien (5 janvier 1906 Ouest-Eclair).
 

Dans Ouest-Eclair du 11 février 1906, on apprend qu’une conduite d’eau doit être posée sous la voie nouvellement ouverte entre la rue de Robien et le carrefour de la Croix-Perron.

Le 11 décembre 1906, c'est une nouvelle pose d’une conduite d’eau rue Luzel

Dans son édition du 21 mars 1910, le journal Ouest-Eclair fait état des problème d'écoulement des eaux dans le quartier de Robien. Sous le titre "Question de salubrité", le journal rapporte qu'on lui signale "l'état des ruisseaux qui bordent les maisons nouvellement construites dans le quartier de Robien. L'écoulement des eaux ménagères ne peut se faire parce que les trottoirs ne sont pas établis, aussi, l'eau reste-t-elle stagnante au devant de chaque maison, formant des mares qui ne manqueront pas de devenir pestilentielles aux premières chaleurs."
 

En janvier 1914, "une pétition est adressée au conseil municipal par les habitants de Robien qui demandent l’établissement d’un égout dans leur quartier". L’affaire est renvoyée à la commission. (7 juillet 1914 Ouest-Eclair)

1914 Ouest-Eclair


Le 24 juillet 1914, c'est la pose d’une conduite d’eau boulevard Hoche.

En mars 1924, le Conseil examine  la question de l’installation d’une bouche de lavage, utilisable aussi en cas d’incendie, au niveau des habitations de M. Laguitton, dans le boulevard Carnot, proches de la rue Jules Ferry. L’eau permettrait de laver les caniveaux, celle-ci se déversant dans la bouche d’égout située à l’angle du boulevard et de la rue de Robien. La proposition est adoptée (28 mars 1924 Conseil municipal 1D55).

1924, registre du conseil municipal


Après-guerre, d'autres travaux sont entrepris : alors qu'une délibération avait été prise le 31 janvier 1952, sans effet, il faut attendre le mois de mai 1954 pour que le conseil municipal décide d’étendre l’adduction d’eau à différentes parties du quartier de Robien qui étaient encore mal desservies (Ouest-France 14 mai 1954).



1960 Ouest-France Saint-Brieuc

En 1960, le service des eaux réalise une extension du réseau d’eau avec 134 mètres de canalisations dans le boulevard Vauban.
Le 11 juillet 1967, est prise une décision municipale concernant une première tranche d’assainissement des eaux allant du pont de Brézillet au Pont Chapet.

 



La débrouillardise des habitants

Sur le tertre Marie-Dondaine, les quinze familles qui vivent dans des baraques en bois depuis les années 30 jusqu'aux années 90 n’ont jamais eu l’eau courante. Les habitants du Tertre recueillaient l’eau de pluie pour leurs besoins quotidiens. Sinon, les gens allaient chercher l’eau dans un puits près du Carpont et dans la rue du Pré-Chesnay. 

Le 20 août 1938, la question de l’accès à l’eau, pour les familles vivant sur le Tertre Marie-Dondaine, est posée par un courrier de lecteur dans le journal Ouest-Eclair.  Ce « locataire du coin » comme il se désigne n’hésite pas à revendiquer ce droit, « la chose la plus nécessaire pour les besoins du ménage », car écrit-il «Près de 200 personnes s’alimentent chaque jour dans un puits placé près du pont du Carpont et qui est d’ailleurs appelé à disparaître. Dans ce puits, on y trouve de vieilles « godasses » et des débris de toutes sortes. » L’appel lancé aux responsables est simple : « Nous voudrions voir nos élus du quartier s’intéresser tant soit peu à l’hygiène de ces déshérités pour leur faire obtenir une borne fontaine comme ceux du Coucou. »
Et de conclure : « Espérant que cette question sera un jour prise en considération, les habitants du Tertre Marie-Dondaine osent espérer avoir le droit de boire de l’eau, même propre… »

Mais cet appel ne sera pas entendu tout de suite et les années d'Occupation n'arrangeront pas la situation. Dans les  années 60, la vie était encore difficile mais les habitants du Tertre avaient fini par avoir un point d’eau potable
à disposition. Ce robinet, installé par la municipalité, était accessible à tous.
 

A noter que, dans ce secteur, le Chemin du Coucou ne bénéficiait toujours pas des égouts, ni de l'eau potable dans les années 50. Des maisons avaient un réservoir, récepteur des eaux de pluie, au rez-de-chaussée qui servait de cave, avec le lavoir attenant. Il y avait l'eau potable, à la pompe, rue du Pré-Chesnay.



L’eau nécessaire aux entreprises

En 1928, M. Epivent fonde "L'aciérie électrique de Saint-Brieuc" au croisement des rues Jules Ferry et Emile Zola. Il fait construire de nouveaux bâtiments en 1929 et 1930 juste à côté de sa minoterie. L’usine bénéficie du système déjà mis en place pour la minoterie qui puisait l’eau dans l’étang de Robien, acheminée dans de grandes buses en briques, pour le traitement de ses pièces et le refroidissement des fours. Plus tard, Sambre-et-Meuse reprendra cette entreprise et la développera, en continuant d'utiliser l'eau de l'étang.

Les Forges-et-Laminoirs qui ont aussi de grands besoins en eau ont un contrat spécifique avec la Ville.

Enfin, l'histoire de l'eau à Robien, c'est aussi celle de la fontaine des Eaux minérales de la vallée de Gouédic ainsi que celle des lavoirs (cliquer ici)...

 

Le saviez-vous ?

Près du lavoir Saint-Jouan, non loin de l’École normale des garçons, existait une fontaine dont l'eau pure faisait la joie des habitants du quartier. Chaque jour, on y allait avec des bouteilles, des pots, des petits seaux pour recueillir cette précieuse boisson qui, disait-on, était très saine et très recherchée.

L'eau de la Fontaine Saint-Jouan. Ouest-France du 3 octobre 1946

 

 

Si vous avez des témoignages et d'autres renseignements sur ce sujet, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

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Sources

Recherches dans les archives de Ouest-Eclair et Ouest-France

Dossier des délibérations du conseil municipal, archives municipales.

Catherine Lemesle, journaliste à Ouest-France, s'est appuyée sur des éléments de l'article du blog de l'histoire de Robien pour  écrire un article posant la question : Pourquoi l’eau courante n’arrive à Saint-Brieuc qu’en 1910 ?

Article en ligne (3 novembre 2023) pour les abonnés à Ouest-France en cliquant ici

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...