mercredi 24 avril 2024

Les jardins ouvriers dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

 


Cette photo aérienne montre la subsistance de jardins ouvriers dans le quartier de Robien en 1978, dans un environnement très urbain, entre le boulevard Carnot et la rue François Ménez.

 

Le début des jardins ouvriers 

Le 21 janvier 1941, le Préfet des Côtes-du-Nord envoie un courrier à la mairie de Saint-Brieuc au sujet des jardins ouvriers. Il s'agit d'un résumé de la loi du 25 novembre 1940 relative au développement de ces jardins ouvriers et de l'octroi de subventions de la part de l’État.

Courrier 1941

"L'objet de cette loi étant de faciliter le ravitaillement des familles ouvrières en légumes en encourageant la création de nouveaux jardins ouvriers, pouvant seuls donner lieu à l'octroi de la subvention de 150 francs prévue".

Les jardins ouvriers concernés sont ceux qui sont "affectés à la culture intensive des légumes d’au moins 200 mètres carrés, qui auront été mis en exploitation dans une ville de plus de 2000 habitants".

Autre restriction, les  subventions seront accordées uniquement à des exploitants de jardins ouvriers tenant leur jardin d’une fédération ou d’une association reconnue et agréée par le Ministère de l’Agriculture.

Peu de temps après, cette circulaire est relayée par un article de Ouest-Eclair le 24 février 1941. On y retrouve les consignes du gouvernement de Vichy dans ce domaine, avec en titre : « Le ministre de l’agriculture a l’intention de faire procéder à une large distribution de jardins potagers. »

 

24 février 1941 Ouest-Eclair

Si le terme de "jardin ouvrier" est inventé en 1896 par l'abbé Lemire, c'est la crise de 1929 qui  donne un nouveau souffle à ce mouvement et, dans cette filiation, la période de l'Occupation entraîne un regain d'activités dans cette branche. On va voir se multiplier et s’organiser les jardins ouvriers un peu partout en France.

De nombreux habitants du quartier de Robien profitent déjà de cette occupation depuis que le quartier se développe dans les années 20 et 30. Ils n'ont pas attendu le gouvernement de Vichy pour cela... La société d'Horticulture s'est, de son côté, constituée en 1937.

Dans le secteur au sud des Forges-et-Laminoirs (rue de l’Ondine, en particulier), les jardins ouvriers font le bonheur des travailleurs des usines du quartier qui peuvent ainsi fournir leur famille en légumes. Les employés des chemins de fer et de l'usine Sambre-et-Meuse font de même.

 

Un concours dans les années 1940

Dès 1940, un concours est organisé pour classer les meilleurs jardins ouvriers de la ville de Saint-Brieuc.

Le journal Ouest-Eclair titre : Le magnifique essor des jardins ouvriers.

Dans un discours truffé de références à l’idéologie du Maréchal Pétain, de sa France laborieuse attachée au terroir, le journaliste de Ouest-Eclair parvient à son but : « claironner à toute notre région bretonne le magnifique effort des ouvriers briochins » !

« Nous avons, à diverses reprises, signalé l’émulation qui existe entre les jardiniers amateurs qui, profitant des dispositions de la loi du 5 décembre 1940, ont créé de toutes pièces des jardins là où le passant ne voyait que des terres encombrées d’immondices, et des terrains incultes où, selon l’expression consacrée « la main de l’homme n’avait jamais mis le pied ».

Ces travaux ont porté les fruits et les membres du jury du concours des jardins ouvriers ont marché de surprise en surprise… 

On pouvait craindre que les jardiniers novices ne soient vite découragés par un travail particulièrement ingrat. La ténacité bretonne a eu raison des difficultés sans nombre et c’est chose infiniment réconfortante pour les promoteurs de ce mouvement pour ceux qui aussi ont foi dans les destinées de notre race de voir, tout autour de notre ville, cette éclosion de jardins nouveaux.
Pour tous les jeunes qui seraient tentés de se laisser glisser sur la pente savonneuse de la vie facile, une telle œuvre constitue un exemple magnifique.

De grand cœur nous félicitons les ouvriers de la première heure, ceux qui jetèrent les bases de cette société en plein essor et nous saluons aussi, non sans respect, ceux qui, après les durs labeurs quotidiens, ont fait revivre un peu de terre de France ajoutant une pierre à l’édifice immense qui sera la patrie de demain ».

Les membres du jury se regroupent pour aller visiter différents lotissements de 9h à 19h et établir le palmarès des jardins. Cette délégation est notamment composée de M. Kérel, directeur de l’Office agricole départemental, M. Perrin, secrétaire général de la Société d’Horticulture ; Etiemble et de Hautefeuille, délégués de la section ouvrière ; Jean Nicolas, président de la Société d’Horticulture.

Le quartier de Robien est  très bien fourni en jardins puisque qu’on en dénombre 79. Il faut y ajouter les jardins des ouvriers de Sambre-et-Meuse, comptabilisés à part. Le journaliste note : « L’ensemble des 79 terrains de Robien fut particulièrement remarqué et M. Kérel constata avec une joie non dissimulée, qu’on chercherait vainement dans ce vaste espace l’ombre d’une mauvaise herbe ou la trace d’un doryphore. »

 

Les jardins visités dans les différents quartiers

Dans les années 40, les habitants de Robien bénéficient de la proximité du magasin de Louis Cornillet, un homme originaire de Langueux qui connait bien la terre et qui a été décoré de l'ordre du Mérite agricole. Il est installé 31 rue Condorcet.

Louis Cornillet. 1942 Facture 3L144 Archives municipales



Les débuts de la Société d’Horticulture 

On l'a lu précédemment, c'est Jean Nicolas, instituteur, qui fonde la Société d’Horticulture des Côtes-d’Armor. 

 

Jean Nicolas Ouest-France 1959

Jean Nicolas sait, dès le début, s’entourer de dévoués propagandistes : MM Rateau, Tocqué, Daumont, Commandant Martin, Dujardin. Il y a peu de femmes aux responsabilités, à part Mme Le Goff, directrice de l'Ecole ménagère et secrétaire de la société avant 1957 et remplacée alors par M. Guillermot.

Jean Nicolas reste président jusqu’en 1953 puis à la fin des années 50, le professeur Guyomard (en 1957) et M. Cyprien Rault (en 59), professeur d'agriculture à l’École Normale, prennent le relai au niveau de la présidence de l’association. Les services municipaux de Saint-Brieuc sont étroitement associés au travail de l’association.

Ci-dessous, le bureau de l'association  en janvier 1957: M. Daumont, trésorier ; M. Guyomard, président ; M. Victor Rault, maire de Saint-Brieuc ; M. Martin, membre du Conseil d'administration et M. Le Naour, vice-président.

14 janvier 1957 Ouest-France

11 février 1957 Ouest-France

Comme le dit à sa manière M. Guillermo, instituteur en retraite et secrétaire de l’association : « La Société d’Horticulture des Côtes-d’Armor et des Jardins ouvriers groupe toutes les personnes désireuses de développer le jardinage, pour un rendement en fleurs, ce qui fait honneur à la Ville, et en potager, pour servir le budget familial. » (22 janvier 1959 Ouest-France)

M. Guillermo en 1959

En 1957, la Société d’Horticulture des Côtes-d’Armor et des Jardins ouvriers fête son vingtième anniversaire le 14 avril avec un conférencier venant de Rennes, une tombola, une projection cinématographique et un banquet. 

En octobre 57 se tient la grand exposition d'automne dans la salle de Robien avec quatre sections : fleurs et plantes, fruits, légumes et agriculture. Trente participants sont répartis en trois catégories : amateurs, professionnels et commerçants. 

Cette exposition remporte "un magnifique succès", comme le titre Ouest-France, avec plus de 2 500 visiteurs.

Allocution de M. Guyomard.Exposition à Robien. 21 octobre 1957 Ouest-France


L'intérieur de l'exposition à Robien. 21 octobre 1957 Ouest-France

L'exposition de 1960. 18 octobre 1960 Ouest-France

En 1957, la société possédait 231 jardins mais en octobre 1959, la Société d’Horticulture et l’association des Jardins Ouvriers s’inquiètent de la réduction constante du nombre de terrains mis à la disposition de la Ville pour leurs activités. A Brézillet, une soixantaine de terrains ont été repris, au Plateau central (Balzac) également et l’architecte urbaniste n’a pas réservé d’emplacements pour les jardins ouvriers dans le plan de la Ville pour les projets à venir.

Il ne reste plus qu’une cinquantaine de terrains possibles à répartir entre les adhérents.

 

Ci-dessous, la photo montre M. Lorinquer, le doyen des jardiniers ouvriers, entouré de M. Rault, président de la société ; de M. Georges Tessier, adjoint au maire ; M. Martin, vice-président ; M. Guillermo, secrétaire et M. Laforge. 

12 octobre 1959 Ouest-France

Le bureau, présidé par M. Rault, au milieu,12 octobre 1959

16 janvier 1961 Ouest-France

  

Les jardins ouvriers à Robien

On trouve divers témoignages sur l'importance des jardins ouvriers de Robien.

Par exemple, Julia Lavanant, habitante de la cité des cheminots depuis 1936 raconte que la vie sur le boulevard Paul-Doumer a toujours été la campagne à la ville : « Lorsque nous avons débarqué dans la cité, tous les cheminots possédaient leur petite parcelle de jardins ouvriers. Elles se suivaient le long du ruisseau et ont été remplacées au milieu des années soixante-dix par le camping. » (Ouest-France 16 avril 1998)

En février 1955, on peut d'ailleurs noter que tous ces jardins furent inondés sous l'effet de la fonte des neiges et de pluies très violentes.

 

Inondation des jardins dans le bas du boulevard Paul Doumer. 25 février 1955.

 

Le Tertre Marie-Dondaine, entre la rue Luzel et la rue du Pré-Chesnay était constitué de baraques en bois et toutes possédaient un jardin (ci-dessous, cultures de pommes de terre jusqu'au ras de la cabane).

La famille Corack sur le Tertre Marie-Dondaine

Années 50. Vue aérienne du tertre avec ses baraques et ses jardins ouvriers.


Autre secteur important, la rue Cuverville qui surplombe la ligne de chemin de fer. Au début du XXème  siècle, de belles demeures vont être construites sur le côté gauche, côté impair, en descendant la rue. Ces maisons bordent la rue mais disposent en général de jardins de bonne taille sur l’arrière. Plusieurs maraichers y cultivent toutes sortes de légumes.

Notons que le concours des Jardins ouvriers récompense chaque année les meilleurs jardiniers. Dans le secteur de Robien, M. Lorinquer est quasiment hors compétition puisqu'il remporte le prix tous les ans.

Le 7 mars 1957 dans Ouest-France, Jules Lorinquer est interrogé avec trois autres de ses collègues jardiniers, Joseph Le Tinnier, habitant rue Colbert ; Francis Guérin, paveur à la Ville, demeurant rue Théodule Ribot et Armand Robin, 27 ans demeurant boulevard Pasteur, un jeune originaire de Laniscat qui n'a pas hésité à défricher une parcelle de terrain qu'on lui avait confiée.  



 
Jules Lorinquer, Joseph Le Tinnier, Francis Guérin et Armand Robin


Jules Lorinquer en 1957

Jules Lorinquer est âgé de 83 lorsqu'il est interrogé par Ouest-France en 1957. C'est un ancien cheminot demeurant boulevard Paul Doumer, un excellent jardinier qui remporte le prix tous les ans. Ses amis viennent régulièrement le consulter pour toutes les questions qui concernent le jardin :

"Ce n'est pas une fatigue pour moi, dit-il, c'est un agréable passe-temps. Voyez mon jardin à Brézillet. Il était inondé les semaines dernières mais il n'y a pas de mal. L'ail n'a pas souffert. D'ailleurs celui qui sème ici fin février rattrape le temps perdu.

Le retraité poursuit : Voilà la satisfaction du bon jardinier : voir tout pousser d'un jour à l'autre. A Saint-Brieuc, on peut toujours s'en tirer quand de fortes gelées ne viennent pas tout gâcher".

Jules Lorinquer, né en 1873, vivra jusqu'à 88 ans dans sa maison du boulevard Paul Doumer et il sera enterré à Maël-Carhaix en septembre 1961. En juillet 1961, on lui avait encore décerné le deuxième prix du concours des jardins ouvriers pour le secteur de Robien !

26 juillet 1961, Lorinquer en bas à gauche.

Dans une période plus récente, François et Marie Tardivel, habitant le Chemin des Eaux minérales depuis 1958, ont été régulièrement distingués par le jury des maisons fleuries mais ils entretenaient aussi un remarquable jardin potager, sur un terrain en pente.

Marie et François Tardivel. Chemin des Eaux minérales. 4 juin 1999 Ouest-France
 

 

Les jardins de Robien dans la littérature

L'écrivain Christian Prigent a souvent mis en scène les jardins ouvriers de Robien, son ouvrage Chino au Jardin en est le plus bel exemple.




Dans Chino au Jardin, Christian Prigent évoque le jardin familial de la rue de l’Ondine :

« J’ai vu mon père le dos tourné vers le poulailler faire ses dévotions en douce au dieu caché mais non perdu de son enfance. J’ai vu le jardin arborer pour moi ses réussites en fruits et légumes parfaits. J’ai vu mon père de face le béret de travers au bout du sillon souffler une minute […] Le jardin ne me revient que s’il émane de la sueur sensible de mon père ».

Dans un autre passage, c’est la fin des jardins ouvriers dont il est question : 

« Salut ici aux jardins massacrés !  […] Tous furent arrachés aux draps de talus, haies, barrières et palissades où ils paressaient. Tous furent dévêtus de leurs chemises de noisetiers, de framboisiers, de pois de senteurs, de fanes de carottes et d’herbes folles. Alors surgit la horde des bulldozers et des pelleteuses. Tout fut éventré, excavé, retourné, écrabouillé, plat. Tout fut loti. »

 

Chino au Jardin. Lectures, juillet 2022


La société des jardins ouvriers dans les années 60

En 1960, comme chaque année, La Société d’Horticulture des Côtes-d’Armor et des Jardins ouvriers tient son assemblée générale sous la présidence de Cyprien Rault, son président.

11 janvier 1960 Ouest-France


Le concours constitue un moment fort de la vie de l'association et les jardiniers se prêtent volontiers à montrer le fruit de leurs efforts.

26 juin 1960 Ouest-France

 

Dans les années 60, la Société d’Horticulture des Côtes-d’Armor et des Jardins ouvriers continue de proposer de l'aide pour les jardiniers de manière pratique mais aussi par le biais de conférences (ci-dessous, la culture des asperges par M. Rault). 

8 novembre 1960 Ouest-France



Le saviez-vous ?

Le quartier de Robien porte la trace de ces jardins ouvriers avec en 2010 la construction de la résidence Les jardins de l'Ondine au 2 rue Sergent Béziers de la Fosse.

 

Le saviez-vous ?

De nos jours les pratiques se renouvellent dans le jardinage à Robien avec en particulier le jardin partagé place Octave Brilleaud. Notons aussi la présence de l'association Vert le Jardin.

Le jardin partagé de Robien. Photo RF

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Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite.

 

Sources

Archives de Ouest-Eclair et de Ouest-France

Archives municipales, 345 W, dossier 53, circulaire préfectorale 1941 et autres dossiers sur les différents jardins ouvriers de la ville de Saint-Brieuc (Ville Guyomard, Ville Oger, Croix Saint-Lambert…

Entretiens avec Christian Prigent

Chino au Jardin, Christian Prigent, éditions P.O.L 2021

Historique des jardins ouvriers, cliquer ici

Les jardins familiaux de St Brieuc, contact :  jarfambriochins@gmail.com

 


Le nouveau conseil d’administration des Jardins Familiaux réuni le jeudi 14 avril 2022. Le président Yves Flageul (2e à gauche) est entouré (de gauche à droite) par Ghislaine Morin, trésorière adjointe ; Henri Philippe, secrétaire ; Armand Allouard, assesseur ; Jacky Rio, trésorier ; Jacques Bestory, assesseur ; Jean Glairan, vice-président. Photo Ouest-France 2022

 

mercredi 10 avril 2024

Un fabricant de Jeux à Robien, Ferdinand Poilane. Saint-Brieuc 1951-1954



1951. Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien. Photo parue sur un site de vente en ligne

 

Ferdinand Poilane est né le 25 juillet 1921 à Varennes-sur-Loire dans le Maine-et-Loire (49) et il est décédé le 10 janvier 1989 à Ploërmel dans le Morbihan.

Ferdinand Poilane est connu car il dépose un brevet le 15 décembre 1951 pour protéger la fabrication originale d’un nouveau type de baby-foot de son invention.

Ses ateliers sont installés dans le boulevard Hoche (près de l’église) et son adresse de bureau est celle du 8 de la rue Guébriant, dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. L’originalité de M. Poilane est d’être un fabricant et pas un simple revendeur. Il assure la livraison et l’entretien des appareils.

1951. Détail de Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien.


1951. Photo du babyfoot Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.



Les babyfoot Poilane ne sont pas loués mais « en vente avec de larges facilités de paiement ».

1951. Papier à en tête de F. Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.

 

La première annonce publicitaire de la société Poilane paraît cette même année 1951 dans Ouest-France. Elle s’adresse aux propriétaires et gérants de cafés, restaurants et hôtelqui souhaiteraient s’équiper d’un « football automatique ». 

Dans une autre publicité, l’inventeur parle de « football de table », on n'utilise pas encore le terme « baby-foot »


1952, 13 novembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.


Le modèle de M. Poilane est appelé « Olympic-Foot ». Les qualités mises en avant sont :

La sécurité (les tiges chromées télescopiques suppriment tout danger d’accident)

L’encombrement réduit

Sa robustesse

Son silence (l’appareil est doté d’amortisseurs spéciaux).

 

La photo de ce babyfoot Poilane correspond exactement au modèle présenté ci-dessous en 1952, on le voit en particulier à la forme des pieds.
Poilane 11 septembre 1952 Foire Expo

1952, 29 mars. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.




1953, 12 décembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.



En 1953, la maison Poilane organise un tournoi de babyfoot, « La coupe Olympic-Foot ».

La gamme des appareils proposés s’élargit  avec des « Billards-golf » et des « Ping-foot ».

Sur le plan technique, les billards (Select ou Olympic-Golf) sont livrés avec des pieds réglables et les tapis et bandes sont entièrement démontables. Cette innovation permet d’effectuer une remise en état en cas d’accroc.



1952, 12 octobre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.



M. Poilane devient dépositaire des appareils Stella et commercialise des jeux qui ne sont pas fabriqués à Saint-Brieuc.

Ils sont proposés à l’occasion de la Foire Saint-Michel, où la maison Poilane tient un stand à l’automne 53 avec le Kicker Catcher, un jeu de comptoir « qui fait fureur en Amérique ».


Le Kicker Catcher, jeu de comptoir.

En mai 1954, on apprend que les billards Poilane sont disponibles à Brest au Bar Navarin, 123 rue Jean Jaurès qui sert de dépôt. D'autre part, Jean Kerneur tient le rôle d'agent général pour la marque Poilane.

Poilane 17 mai 1954 Brest. Ouest-France


En septembre 1954, Ferdinand Poilane expérimente une nouvelle technique de vente à la Foire Saint-Michel de Saint-Brieuc avec le remboursement d’un appareil sur dix par tirage au sort ! La même proposition est faite au niveau des commandes.

Le résultat ne se fait pas attendre et par voie de presse, le 28 septembre, la maison Poilane dévoile le nom du gagnant : M. Guyomard, café-tabac à Chatelaudren qui se voit rembourser intégralement du montant  de son billard.

Maison Poilane 28 septembre 1954 Ouest-France

 

Est-ce un baroud d’honneur car après 1954, il n’y a plus de traces de l’entreprise Poilane.

Une autre demande de brevet est déposée par Ferdinand Poilane en octobre 1956 et l’autorisation est délivrée en 1958. 

Il s'agit d'un jouet du genre sarbacane qui permet en soufflant d'éjecter un projectile léger constitué d'un parachute !


1954, 16 septembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.




Les jeux Poilane aujourd'hui

 

Avec beaucoup de chance, on peut encore trouver un babyfoot Poilane.

Une annonce parue sur un site de vente en ligne présente ce babyfoot comme un objet rare, en parfait état. Les cendriers sont présents, la caisse est entièrement poncée et vernie, quelques parties sont peintes en noir.

 

Joueur. Fabrication Poilane St Brieuc

Cendrier de babyfoot. Fabrication Poilane St Brieuc


 
La restauration d'un billard Poilane
 
Ce babyfoot Poilane paru sur un site de vente en ligne n'est pas arrivé par miracle dans cet état. Il a été restauré avec patience et talent par Joël Corbineau, un passionné qui a acheté à bas prix cet objet du côté d'Arzal, une commune du Morbihan. "Le babyfoot était dans un état pitoyable, abandonné dans un garage.
Après plusieurs semaines de travail, il est  redevenu l'objet qu'il devait être à sa sortie d'atelier. Comme je n'avais plus de place, je l'ai revendu pour une somme modique, avant de le retrouver sur Internet", écrit-il.    
 

Heureusement, Joël Corbineau a conservé des photos des différentes phases de la "renaissance" de ce magnifique et authentique babyfoot Poilane. 

 

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

 

Babyfoot Poilane avant restauration. Photo Joël Corbineau

 
Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane avant la remise des barres et poignées. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau
Babyfoot Poilane, détail du cendrier. Photo Joël Corbineau
 
Restauration terminée d'un babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

 
 
Un autre babyfoot Poilane en 2023
 
Ce babyfoot Poilane, certainement de 1952, est en cours de restauration. Si vous possédez des pièces d'occasion, merci de mettre un message avec le formulaire de contact pour être mis en relation avec les personnes qui s'occupent de cette restauration.
 
 
 
En cours de restauration en 2022-2023

En cours de restauration en 2022-2023
  
 
Un billard Poilane
 
La photo du billard Poilane ci-dessous nous a été envoyée par une habitante du quartier de Robien qui l'avait acheté dans les années 50 !




 
 
Le saviez-vous ?


La demande de brevet a fait l'objet d'un versement du Conseil des prud'homme de Saint-Brieuc relatif au brevets d'invention, marques et modèles déposés. Elle a été déposée, avec deux photographies du babyfoot Poilane, aux Archives départementales des Côtes-d'Armor sous la cote 135 W 48.

 

Photo du babyfoot Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.

 


Caractéristiques de l’appareil de jeu de football faisant l’objet du dépôt  

(d'après une lettre descriptive sur papier à en-tête de M. Poilane)

 

Cet appareil est construit en bois d’essences diverses, l’appareil s’ouvre par le milieu et il est fermé par une serrure, il fonctionne avec des barres rentrantes (télescopiques) chromées sur lesquelles sont fixés les joueurs en métal ou en bois (à la demande du client).
Les amortisseurs sont en bloc mousses sphériques.

Sur le fond de l’appareil, où circule la balle, est collé un tapis, soit en linoléum, soit en caoutchouc ou en bulgomme ou toute autre matière.

Au bout de chaque tube est fixé un embout en aluminium qui coulisse sur une tige d’acier.
Le nombre de joueurs est de 22 par appareil.
Les pieds de l’appareil sont démontables et fixés par des boulons.

L’appareil est muni intérieurement d’un système de couloirs sur lesquels descendent les balles, celles-ci sont bloquées par une trappe en bois ou en métal, cette trappe se déclenche par le fonctionnement d’un monnayer de marque et de modèle différents.

Cet appareil est présenté en bois teinté de un ou plusieurs tons, il peut être également laqué.

Fait à Saint-Brieuc le 15 décembre 1951

 

 

D'autres personnes portant le nom de Poilane à Robien

 

On ne possède pas de renseignement sur la famille de Ferdinand Poilane pouvant nous expliquer par exemple comment et pourquoi il était arrivé à Saint-Brieuc, quel était son parcours professionnel, s'il avait des compétences en menuiserie ou dans le commerce...


Sans que l'on puisse les rattacher à Ferdinand Poilane, on peut noter que d'autres personnes, portant ce nom, ont habité dans le quartier de Robien.

Ainsi, Philippe Poilane, son épouse Thérèse et leur fille Geneviève née en 1913 à Lamballe, habitaient en 1936 au 58 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien.  

Dans le détail Philippe Marie Poilane est né à Fégréac (44) le 8 mars 1878, marié à Vanves (92) le 30 octobre 1902 avec Thérèse Le Baillif. Il était employé de chemin de fer, tout d'abord à Dieppe avant 1900 puis à Lamballe. Il est décédé le 10 mai 1953 à Saint-Brieuc. 

Thérèse Rosalie Françoise Poilane, née Le Baillif, était l'épouse de Philippe Poilane. Le couple a habité Lamballe dans les années 1910 et au 58 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc dans les années 30.  Elle est décédée en 1949 à l'âge de 79 ans à Saint-Brieuc (annonce le 2 septembre 1949 dans Ouest-France).

Geneviève Poilane (Geneviève Julia Fanny), est née à Lamballe le 20 mai 1913, fille de Philippe et Thérèse, marié avec Armel Poilane, décédée le 13 mars 1976 à Bégard à l'âge de 62 ans (Acte numéro 29)
 

Armel Poilane (Armel Louis Jean Marie), né à Sempigny dans l'Oise (60) le 14 octobre 1912 (acte de naissance page 111), mariée avec Geneviève Poilane le 15 janvier 1937 à Saint-Brieuc, décédé le 2 décembre 1975 à Saint-Brieuc à l'âge de 63 ans.

Marie Désiré Joseph Poilane, née le 24 avril 1890 à Fégréac, mariée le 12 février 1912 à Lamballe avec Auguste Passiot. C’est la sœur de Philippe Marie Poilane, employé du chemin de fer.
Enfin, on a 6 personnes portant le nom de Poilane et décédées entre 1977 et 2022 dans le Morbihan, département où est décédé Ferdinand Poilane.



Le saviez-vous ?

Ferdinand Poilane était installé rue Guébriant depuis au moins 1950 comme l'atteste cette annonce du 22 avril 1950 où on découvre que M. Poilane s'occupait de l'assurance "Le Patrimoine".

Poilane 22 avril 1950 Ouest-France

Le saviez-vous ?

Ferdinand Poilane était un champion de pêche à la ligne. Son nom est mentionné le 8 septembre 1953 dans une démonstration au cours de la Foire exposition de Saint-Brieuc. M. Poilane est présenté comme le champion de pêche au coup. En juillet 54 pour la demi-finale régionale comptant pour le championnat de France de pêche au coup, M. Poilane finit 58e.
Au mois d’août 54 il remporte le concours de Chatelaudren. En septembre 1954 M. Poilane revient à Foire exposition et se classe premier de pêche à la truite et fait la plus grosse prise, 260 grammes. En 1955 à Dinan, M. Poilane termine 1er.

 

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à partager, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page. 

 

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Sources

 

Ouest-France, annonces du 11 août 1951, 29 mars 1952, 13 novembre 1952,  12 octobre 1953, 16 septembre 1954.

 

Correspondances en octobre 2022 avec Joël Corineau, auteur de la restauration du babyfoot Poilane.


Archives départementales des Côtes-d'Armor, dossier 135 W 48. 86.- Poilane Ferdinand. 8, rue Guébriant. Merci à Vincent Le Gall pour la transmission des documents des archives départementales, fermées pour causes de travaux au moment de cette recherche.
Notice : Appareil de jeu de football. Dépôt du 15 décembre 1951.

Deux photographies (9 x 14 cm) d'un appareil de jeu de football en deux exemplaires avec une lettre descriptive sur papier à en-tête

 

Le Télégramme, article du 9 juin 2010, à l’occasion d'une exposition appelée « Quoideneuf » aux Archives départementales des Côtes d’Armor, en 2010. L'exposition était consacrée aux brevets des inventeurs et évoquait à ce titre l’invention de Ferdinand Poilane.

 

Site de l’INPI (dépôt des brevets), jouet de type sarbacane, Ferdinand Poilane, brevet ici

 

Site, Le babyfoot français, cliquer ici

 

Ci-dessous, photo de la famille Louessard dans un café autour d'un babyfoot,à Mordelles vers 1950-1955, Musée de Bretagne, lien permanent vers la notice ici






L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...