vendredi 25 novembre 2022

L’histoire de la rue Ferdinand Buisson dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc

  

 

En 1931, Emmanuel et Lucie Chuberre ont vécu la naissance de la rue Ferdinand Buisson dans le quartier de Robien.

Emmanuel Chuberre était opérateur, successivement  dans  les cinémas Le Familia, Le Royal, Les Promenades. 

 

Lucie et Emmanuel Chuberre le jour de leurs noces de Palissandre en 1992


 
En 1945, M. Chuberre a travaillé pendant un temps chez lui comme artisan bobineur.
 
En 1958, le couple ouvrira un magasin de télé-radio, rue de la gare. 
 
Annonce dans Ouest-France 5 mai 1961


11 janvier 1960 Ouest-France

 

Laissons la parole à ces deux habitants des premiers jours de la rue Ferdinand Buisson et de cette partie du quartier de Robien :

« Lorsque nous sommes arrivés sur le quartier en 1931, il n’y avait que des champs avec des pommiers, pas de chemins bien tracés. Notre maison a été l’une des premières construites dans la rue.
Puis très vite, des terrains ont été achetés et des constructions sont apparues.
A cette époque, en été, les habitants se réunissaient dehors et partaient en promenade visiter les maisons en construction ; une dizaine de personnes, parfois davantage…
Le quartier a pris peu à peu ses formes actuelles : les habitants ont appris à se connaître et on peut dire qu’il y régnait une ambiance de village. Les commerces, nombreux, étaient un lieu de rencontre privilégié, créant ainsi un dynamisme important entre les habitants.

Puis l’arrivée de la télévision a tout bouleversé : les gens sont restés plus renfermés chez eux, les mentalités ont changé. »

 

Pourtant cette télévision posée sur le rebord de leur fenêtre attirait au début les habitants émerveillés devant cette image venant de si loin. Ils se souviennent que le jour du mariage de la reine d’Angleterre, leur salle à manger était pleine de monde…

 

La maison de la famille Chuberre, rue Ferdinand Buisson

 

La même maison de nos jours.

 

 

Une rue du lotissement Weill

 

La rue Ferdinand Buisson, et celles autour, se situent dans le cadre du Lotissement Weill, dont le projet est présenté au Conseil municipal en 1927. C’est le véritable commencement de l’urbanisation du cœur de Robien. Il est constitué par un immense quadrilatère, bordé au sud par le ruisseau du Gouédic, à l’ouest par la rue Jean Jaurès, à l’est par la rue Anne de Bretagne, et traversé en son milieu par la rue du Pont Chapet. L’ensemble est morcelé en 188 lots.

Le 19 février 1927, le Conseil municipal se saisit de la demande Monsieur Jules Weill qui projette donc de faire un lotissement de 7 hectares à Robien. Le Conseil fait quelques remarques :  

 

« Il y a lieu de ménager une place dans la partie basse de l’ancienne avenue de Robien, les arbres étant conservés… La rue de Robien prolongée ira jusqu’à la rue Jules Ferry…

La rue partant du square devra se raccorder à la rue Jules Ferry. Lorsque la Ville aura installé un collecteur d’eau, le lotisseur devra installer à ses frais des égouts dans toutes les voies du lotissement ».


La question des égouts posant problème, le Conseil remet à plus tard la décision d’imposer cette contrainte  à M. Weill.
La suite se passe le 19 mars 1927 et un accord est trouvé selon lequel le lotisseur prendra l’engagement de construire des égouts dans les voies du lotissement, si la Ville construit un collecteur dans les trois ou quatre ans.


Le temps que les travaux soient finis, le nom de la rue Ferdinand Buisson est donné officiellement par une délibération du Conseil municipal du 22 juillet 1932. Ferdinand Buisson est à cette époque une personnalité très connue et appréciée de tous les défenseurs de l'enseignement public. Il conçut les programmes qui suivirent les lois de Jules Ferry. Et d'ailleurs, la rue Ferry n'est pas loin, comme la rue Jean Macé, fondateur de la Ligue de l'enseignement. 

 

Ferdinand Buisson. Photo du site de l'Assemblée Nationale.

 

Beaucoup d’autres rues proches sont également nommées en 1932 dans le cadre de l’extension du quartier de Robien : Rue Anne de Bretagne, Rue Jeanne d’Arc, rue Denis Papin, Rue Aristide Briand, Rue Condorcet, Boulevard Paul Doumer, Rue Louis Hélary, Rue Jean Jaurès, Rue de la Paix, Rue Denis Papin, Rue Albert Thomas, Rue Emile Zola.

 

Le plan ci-dessous daté de 1935 montre bien par exemple que, dans les rues Aristide Briand ou Ferdinand Buisson, tous les terrains ne sont pas construits...

 

Plan 1935, densité de la population. Archives municipales 5Fi188

 

 

Vue aérienne de la rue Ferdinand Buisson et de ses alentours. Image Google

 

 

 

Les premiers habitants de la rue Ferdinand Buisson 

 

Dans le recensement de 1936, on trouve la liste des premiers habitants de la rue Ferdinand Buisson :

 

Côté impair

Au 3, famille Mathurin Jamet

Au 5, famille Morin, veuve Marie

Au 7, famille François Hamon

Au 9, famille Emmanuel Chuberre (né en 1904 à Noyal), Lucie son épouse (née en 1907 à Yffendic), Madeleine (née en 1928 à St Brieuc) et Jeanine (née en 1934 à St Brieuc)

Au 11, familles Yves Jégo, Arsène Léauté, Francis Bérel

Au 13, famille Louis Le Pape

Au 15, famille Eugène Gabriel

 

Côté pair

Au 4, famille Jean Guillerm

Au 8, famille François Le Tressoler

Au 10, famille François Gouézigou

Au 12, famille Lucien Minec 

 

 

M et Mme Chuberre ont fait l'objet d'articles à plusieurs reprises 

 

Noces d'Or de M et Mme Chuberre, 14 février 1977 Ouest-France

 

 

Noces de Diamant Chuberre, 60 ans de mariage. Ouest-France 16 février 1987

 

 

Noces de Palissandre, 65 ans de mariage. Article Ouest-France 17 février 1992



 

 
 
Des curiosités de la rue Ferdinand Buisson 


 


En flânant, vous trouverez de jolis exemples d'Art déco comme au numéro 6

 

 

 Le saviez-vous ?

 

La rue Ferdinand Buisson fait 170 mètres de long !

 


 

 Paroles d'habitants


 

"En cas de panne de télé, on appelait Monsieur Chuberre. Je me rappelle très bien ; et le soir on regardait "la Piste aux étoiles" réjouis ! "

Guylaine Quéméner


 

 

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Si vous avez des commentaires ou des renseignements sur l'histoire de la rue Ferdinand Buisson et de la famille Chuberre, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

Lucie et Emmanuel Chuberre

 
Mariage. Lucie et Emmanuel Chuberre

 


 
 
 
A retrouver sur ce blog
 
L'histoire du cinéma à St Brieuc (avec M. Chuberre), cliquer ici
 
 
 
Sources

 

Délibérations du Conseil municipal. Le 19 février 1927, 19 mars 1927 (vue 257), 22 juillet 1932. Documents en ligne sur le site des Archives municipales

 

Journal du Comité d’Animation de Robien. Archives. Mars 1991

 

Articles de Ouest-France, 14 février 1977, 16 février 1987, 17 février 1992

 

Plan 1935, densité de la population. Archives municipales 5Fi188 

 

Recensement de 1936, Vues 154-155. Archives départementales

 

 

 

Rue Ferdinand Buisson

 

 

 

samedi 19 novembre 2022

L'histoire du Foyer L'igloo, 9 rue de Robien à Saint-Brieuc

 

Un premier article de Josiane Guéguen dans l'édition de Ouest-France du 12 janvier 1994 présente le projet de construction de quarante logements et de salles pour le centre de formation. De très larges extraits sont reproduis ci-dessous : 

 

Au centre, la façade de l'Igloo. Projet de l'architecte Bruno Coycault


En janvier 1994, le foyer de l'Igloo dépose un dossier d'extension devant le comité régional de l'organisation sanitaire et sociale (CROSS). Le lieu choisi pour cet agrandissement est la rue de Robien où un bâtiment de 40 logements, ainsi que de nouveaux locaux pour le centre de formation du foyer, sont prévus.

C'est en face du magasin Assaut, à l'époque (Magasin La Gambille plus tard) sur un espace de 2 350 m2 occupé aujourd'hui par un petit immeuble et par les hangars désaffectés des anciens établissements Brossette, que cette extension de l'Igloo est prévue. Un immeuble de quatre étages sera construit dans l'alignement de l'immeuble voisin. Y seront aménagés 40 logements (type T 1 ou T 1 bis) pour jeunes, jeunes couples ou jeunes femmes seules avec enfant, et des équipements collectifs tels que cafeteria, salle d'études, bibliothèque, etc. Un porche donnera sur la cour arrière où un bâtiment, adossé à la salle de Robien, accueillera sur deux niveaux les salles du centre de formation de l'Igloo. L'addition : 14,5 millions de francs, tout compris. 


Un premier Igloo en 1947 à Saint-Brieuc

Il est bien loin le petit bâtiment où le foyer de l'Igloo a vu le jour en 1947. 

Première extension dans les années 1970 avec la construction d'un bâtiment rue Waldeck-Rousseau. Puis, en 1990, réhabilitation et restructuration de cet immeuble et des ajouts successifs, qui avaient permis de faire face aux besoins exprimés, tant en accueil, qu'en restauration ou en formation, les trois secteurs d'activité de l'Igloo, « entreprise sociale au service des jeunes et de la cité », comme aime à le qualifier Michel Guernion, son directeur. Mais cela est loin de suffire, constate-t-il : « Chaque semaine, nous recevons plusieurs demandes de jeunes qui souhaitent être hébergés chez nous et que nous ne pouvons satisfaire. De plus, nous ne pouvons plus du tout assumer d'accueil d'urgence. » Une étude globale sur le logement des jeunes, réalisée en 1989 sur la ville, faisait état d'un besoin de 400 places en foyers de jeunes travailleurs. A ce moment-là, il en existait environ 250. « Mais l'étude avait mal pris en compte la présence étudiante sur la ville qui a pour effet de rendre encore plus tendue la recherche pour les jeunes de notre public (travailleurs ou stagiaires). Et depuis, il y a eu la fermeture de Paul-Bert. » 

Le chantier pourrait démarrer à la fin du premier semestre 1994. Pour une ouverture un an plus tard.

En projet, une entreprise d'insertion

Depuis 15 à 18 mois, l'association du foyer l'Igloo réfléchit à la possibilité de créer une entreprise d'insertion pour prolonger le travail mené depuis plusieurs années auprès de ses stagiaires.

« Le stage remet sur pied mais il faut quelquefois plus de temps à certaines personnes pour acquérir ou retrouver un savoir-faire et un savoir-être », explique Michel Guernion. D'où le désir de créer une entreprise d'insertion. « A condition qu'elle soit économiquement viable, que ce soit une entreprise à part entière. » Le créneau choisi : les matériaux composites (l'un des formateurs de l'Igloo est passionné et compétent dans le domaine).



Décembre 1994


En décembre 1994, titre choc dans Ouest-France !

 

Michel Guernion sur le chantier : "Ouverture prévue fin juin 1995"




1995


"L'Igloo : une année charnière", titre Ouest-France dans un article du 4 juin 1995, extraits :

"Ouverture du restaurant universitaire, baisse des crédits formation, ces événements auront des répercussions sur le fonctionnement du foyer l'Igloo en 1995...

Le changement important dans la vie de l'Igloo, c'est l'ouverture d'un nouveau bâtiment, rue de Robien. Rendue nécessaire par la saturation du foyer rue Waldeck-Rousseau, cette extension devrait ouvrir le 1er juillet prochain. Elle compte 42 appartements, principalement des studios.

Partenaires de l'Igloo et élus ont participé à l'assemblée générale du foyer (photo ci-dessous).



 

En 1995, les jeunes ont leur nouveau Igloo et ils peuvent compter sur un lieu de vie avec cafétéria, buanderie, bibliothèque, salle de musculation, salle de jeux avec ping-pong, billard, amphithéâtre pouvant accueillir des animations et conférences... L'inauguration officielle a eu lieu en octobre mais le foyer était déjà ouvert depuis deux mois. (Article de Ouest-France, 28 octobre 1995)

Michel Guernion et Raymond Foudrinier, président de l'association




Les cinquante ans de l'Igloo

Depuis le premier foyer de jeunes filles en 1947 jusqu'au foyer de jeunes travailleurs (FJT) d'aujourd'hui, cinquante ans d'histoire ont été écrits. L'Igloo fête cet anniversaire le samedi 15 novembre 1997. 

Rappel des dates importantes.

1947 : création d'un foyer de jeunes filles par la Congrégation des saints coeurs de Jésus et Marie, lié à un cours de sténotypie, était déjà installé au 56 boulevard Waldeck-Rousseau. 

1970 : l'association Igloo est créée. C'est l'époque de la construction du grand bâtiment qui donne sur le boulevard. 

1980-1981 : une autre maison est achetée à côté

1991-1992 : tout le foyer est réhabilité et s'étend. 

1994-1995 : installation rue de Robien avec 40 logements et un centre de formation pour permettre aux jeunes de voir plus clair en leur avenir. »

En 1997, l'Igloo affiche un chiffre d'affaires de huit millions de franc par an, emploie 26 salariés et a accueilli 430 jeunes en 1996.


Pour ses 50 ans l'Igloo ne souhaite pas se contenter d'une fête.  La journée du samedi 15 novembre commence par une célébration eucharistique présidée par Monseigneur Fruchaud à la cathédrale de Saint-Brieuc. 

A 10 h 15 au Club 6 le Père Henri Madelin anime une conférence intitulée "Du travail de chacun vers l'activité de tous. Peut-on vivre et travailler autrement ?". Ce jésuite est rédacteur en chef de la revue Etudes. 

Tout l'après-midi est consacrée à des ateliers sur des thèmes aussi variés que le logement, la santé, la formation ou citoyenneté et spiritualité. 

A 17 h, au CMB rue Voltaire, Jean-Claude Dumoulin, directeur de l'Union des FJT anime une autre conférence. Enfin, une soirée dansante clôture cette journée.

 "Nous essayons d'être une entreprise sociale au service des jeunes et de la cité".

Michel Guernion, directeur de l'Igloo

Ouest-France du 18 octobre 1997



 Les locaux de l'Igloo

Façade de l'Igloo, rue de Robien

Vue arrière du bâtiment

Vue arrière du bâtiment. Photo site de l'URHAJ




L'Igloo en 2011



Un taux d'occupation de 88 %. C'est le chiffre à retenir de l'assemblée générale de l'Igloo en ce mois de juin 2011. Sur ses trois sites (Waldeck-Rousseau, Robien et celui de Lamballe), davantage de repas ont été servis.
« Le principe d'une restauration sociale comme la nôtre est de vendre plus de repas aux personnes extérieures qu'à nos résidents, car le prix n'est pas le même. Ce n'est pas le cas et on va tenter d'améliorer ce point », rappelle la présidente Évelyne Bot. Mais la trésorerie reste fragile et l'État reverse 50 % de moins en 2010, un désengagement qui n'est pas nouveau.  Afin de rétablir l'équilibre, trois personnes ont été licenciées. La structure tourne désormais avec 23 salariés.
Faute de pouvoir rénover les bâtiments de Waldeck-Rousseau, ils vont être vendus à la SA Les Foyers.
 

Évelyne Bot cède sa place de présidente en 2012 après neuf années de bons et loyaux services.

L'association gère trois foyers de jeunes travailleurs, dont deux à Saint-Brieuc (boulevard Waldeck-Rousseau et rue de Robien) et un à Lamballe. Elle est propriétaire des deux premiers et locataire du troisième.


L'Igloo en chiffres (2011)

26 salariés
26 salariés travaillent à l'association, dont cinq au centre de formation.
450 jeunes accueillis chaque année.
1,5 million d'euros de budget.

(Informations de Ouest-France du 16 juin 2011)

Photo ci-dessous, la présidente Évelyne Bot, à gauche ; le secrétaire Gérard Bourgeon  le trésorier Gérard Thys et la directrice de l'Igloo, Stéphanie Bethelot.

Les responsables de l'Igloo. 16 juin 2011. Photo Ouest-France


 

L'Igloo à Robien continue de proposer aux jeunes des chambres et des studios équipés de connexions Internet, un parking, un local pour les deux roues, une cuisine collective ou une kitchenette dans les studios et T2 et offrant des espaces de vie.

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à partager à propos de l'Igloo, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.  


 

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Sources

Site de l'Igloo, cliquer ici 

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France 

Article du blog de l'histoire de Robien, Bruno Coycault, architecte ayant conçu l'Igloo, cliquer ici

 



vendredi 18 novembre 2022

Abbé Yves Le Prévost (1927-2022), vicaire de la paroisse de Robien à Saint-Brieuc de 1953 à 1964

 

L'abbé Le Prévost à droite. Photo Le Télégramme 2003



L'abbé Yves Le Prévost est né à St Brieuc en 1927. Il est le fils du colonel Henri Théophile Jean Le Prévost, né en 1896, originaire de Saint-Quay-Portrieux, engagé volontaire en 1914, instructeur à l'école militaire de Saint-Maixent, promu commandant en 1938, il dirigera le 3e bataillon du 71e Régiment d'Infanterie, détaché à Dinan.

Sa mère Mme Marie-Thérèse Le Prévost est née Bolloc'h, originaire de Saint-Brieuc, son père est professeur de mathématiques au Lycée Le Braz et sa mère est commerçante de chaussure rue Saint-Guillaume. Mme Le Prévost exercera des fonctions de conseillère municipale à Dinan. 

La famille Le Prévost est composée de quatre enfants : Michel, Monique, Yves et Joël. 

Yves Le Prévost sera très marqué par le destin de son frère aîné Michel, jeune Résistant et Scout de France, exécuté en 1944 par les Allemands dans la côte de Sainte-Anne de Quévert, au moment de la Libération de Dinan.

Sur le plan religieux, Yves Le Prévost est le neveu du chanoine Jean Bolloc'h de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan, de 1945 au moment de son retour de captivité jusqu'en décembre 1959. L'abbé Bolloc'h sera directeur du grand séminaire à Saint-Brieuc.

Évoquant l'éducation donnée par ses parents, Yves Le Prévost parlait d'un "climat familial très naturellement imprégné des valeurs de l’Évangile. On n'a pas conscience de l'air que l'on respire et nous fait vivre... valeurs de droiture, d'attention aux autres et de service gratuit. La fameuse B.A du scoutisme : bonne action quotidienne au service des autres...". (Propos extraits d'un article du Pays de Dinan, année 2010)

Yves Le Prévost fait le séminaire, il est étudiant à Rome pendant sa dernière année  Il est ordonné prêtre le dimanche 20 avril 1952 dans l'église Saint-Sauveur de Dinan et le jeune prêtre chante sa première messe, une semaine plus tard, à Saint-Quay le dimanche 27 avril 1952.

 

Abbé Yves Le Prévost. 21 avril 1952 Ouest-France

L'abbé Yves Le Prévost est nommé vicaire de la paroisse Sainte-Anne de Robien en août 1953, ce jeune et dynamique vicaire y restera jusqu'en 1964.

Il est décédé dans la nuit du 15 au 16 novembre 2022 à la maison de retraite du Cèdre, à Saint-Brieuc. 

La cérémonie d'obsèques s'est déroulée le lundi 21 novembre à l'église Saint-Yves, sous la présidence de l'évêque Monseigneur Moutel et en présence d'une foule nombreuse. Un ancien principal du Lycée Saint-Charles, où l'abbé Le Prévost avait été professeur, a rappelé le soucis de l'abbé de trouver sans cesse des solutions aux problèmes posés et le soucis d'écoute des jeunes. Concernant le quartier de Robien, un responsable de La Vaillante a évoqué le travail mené par l'abbé Prévost à Robien, un bâtisseur et un "bâtisseur d'humanité"...

Lundi 21 novembre 2022, obsèques de l'abbé Yves Le Prévost. Photo RF

 

L'abbé Le Prévost à Robien


L’abbé Le Prévost restera jusqu’en 1964 à Robien et il aura marqué de son empreinte la vie de la paroisse à une époque où elle était en pleine expansion. Il a été la personne qu’il fallait pour être en phase avec la population de ce quartier. Beaucoup reconnaissent qu’il savait fédérer et entraîner les gens dans ses projets. 

 

Les colonies de vacances

Par exemple, l'abbé Le Prévost a été le fer de lance, dès 1961, des colonies de vacances qui se déroulaient à Fouesnant, dans le Finistère. Les locaux sont ceux de l’école des Frères et les jeunes vivent sous des grandes tentes, achetées dans des surplus de l’armée américaine, qui forment un camp pour les garçons et un autre pour les filles. Pendant des années, les filles, encadrées par la directrice de l’école Sainte Bernadette et son équipe d’animatrices, iront à Fouesnant en juillet. Les garçons suivaient au mois d’août, encadrés par les curés, dont l'abbé Le Prévost, et des animateurs.

Cette initiative a pu se poursuivre dans le temps avec l'engagement de nombreux bénévoles attachés à cette colonie de vacances propre au quartier de Robien.

Bien des années après, dans un article de Ouest-France du 27 mai 2011, le directeur de la colonie, André Martin, n'oublie pas de rendre hommage au travail réalisé par le vicaire de Robien : « A l'initiative du directeur du patro de l'époque, l'abbé Yves Le Prévost, un terrain a été acheté à Fouesnant et un site d'accueil construit ».

 

Le départ de la colo de Robien. 16 juillet 1959 Ouest-France

 

 

La salle de la Vaillante de Robien

L’abbé Le Prévost lance ce projet d'une salle pour la Vaillante car les activités sportives se déroule en plein air. Une structure métallique est édifiée par des professionnels et l’abbé, aidé de paroissiens, remplit d’agglos l’espace entre les poutrelles. Quand on ne sait pas où est l’abbé, on est presque sûr de le trouver sur son échafaudage !

 

La salle de La Vaillante en 1971. Photo Ouest-France

 

L’abbé Le Prévost, arrivé en 1953, n’a pas fait que monter des murs, il a aussi mis beaucoup d’énergie pour la réussite et le développement de cette association. L’abbé Le Prévost se souvient que « après la classe, les gamins se retrouvaient au terrain de jeu et improvisaient des tournois. La salle était ouverte jour et nuit ». 

Quelques dates à retenir sur les étapes de construction :

1955 : réalisation d’une salle de gymnastique et de ping-pong.

1959 : construction de la salle omnisports et équipement de cette salle.

 

A droite l'abbé Le Prévost avec les jeunes coureurs de La Vaillante.17 janvier 1955

 

 

Le cinéma l'Armor-Robien

 

En 1954, l'activité cinéma du patronage de Robien prend le nom de « Ciné-Vaillante ».

En septembre 1954, les collégiens en vacances puis les autres membres actifs du Patronage de la Vaillante de Robien travaillent à la réfection de la salle de patronage. Les travaux sont terminés mi octobre.

Le 11 octobre 1955 Ouest-France fait le point sur le patronage et titre « D’importants travaux sont en cours à la Vaillante de Robien. Les membres et les amis du « patro » construisent un gymnase et agrandissent la salle de spectacle. » L’article se poursuit ainsi : « Le sympathique patro de Robien est devenu un chantier actif où maçons, menuisiers (et bientôt les peintres) travaillent de concert et dans la meilleure harmonie.


Déjà au début de l’hiver, sous l’impulsion de M. Joseph Rault, président de "La Vaillante, et de M. l’abbé Le Prévost, le jeune et dynamique directeur du patronage, ce Comité avait décidé avec l’autorisation bienveillante de M. l’abbé Lemordant, recteur de la paroisse, la création d’une salle de cinéma".

 

A gauche l'abbé Lemordan, à droite l'abbé Le Prévost. Ouest-France 18 janvier 1956

Ainsi le Cinéma-Armor Robien vit le jour...

L'Armor-Robien, cette vraie salle de cinéma, est achevée en 1956. Elle est plus grande et plus confortable, avec un équipement digne de ce nom, capable de proposer des films avec un son et une image de qualité. 

L'abbé Le Prévost est pour beaucoup dans cette réalisation. 

Armor-Robien 6 octobre 1961 Ouest-France

 

 

Les postes occupés par l'abbé Le Prévost de 1964 à 2003.

 

L'abbé Le Prévost rejoint ensuite en 1964 la paroisse Saint-Michel de Saint-Brieuc, avant d'être nommé à l'école Saint-Charles en 1967, dont il fut pendant 23 ans sous-directeur, responsable de la vie scolaire et de l'animation pastorale. 

En 1990, il deviendra vicaire de la paroisse de Pléneuf-Saint-Alban-Planguenoual avant de poursuivre en 2003 son ministère pastoral à Quintin « où j'ai déjà répondu à l'appel de diverses activités, notamment en accompagnant la catéchèse des confirmands, et le mouvement chrétien des retraités », confie-t-il. Il aidera aussi dans sa tâche, l'abbé Jean Le Biannic, curé de la paroisse. (Ouest-France, 7 octobre 2003)

 

L'abbé Le Prévost à droite. Photo Ouest-France 2003

Départ de Quintin d'Yves Le Prévost. Le 6 septembre 2006 Ouest-France

Après son départ de Quintin en 2006, l'infatigable abbé Le Prévost est nommé à la paroisse Notre-Dame-de-l'Espérance à Saint-Brieuc.


Paroles de paroissien

 

"Yves Le Prévost était particulièrement apprécié des jeunes. Il rayonnait dans la paroisse, sur son scooter, développant "la Vaillante", qui, avec le  COB, était la meilleure équipe de basket-ball de Saint-Brieuc. Le dimanche, il n'hésitait pas à monter dans la tribune de l'église pour sermonner se  sportifs, un peu agités pendant la messe.

Il n'avait pas son pareil pour participer à la préparation des kermesses.  Ce fut un grand vicaire !

Si Yves le Prévost était repérable par son scooter, Alexis Collin, plus modestement, l'était par son solex ! Les deux seraient  aujourd'hui "tendance".

                    Témoignage de Jean-François Garnier, juin 2022


A droite l'abbé Le Prévost. 17 janvier 1955


Paroles d'un "drôle de paroissien" 

Témoignage de Claude Corack

« Un abbé nouvellement nommé dans le diocèse de Robien a pris contact avec les enfants du tertre Marie Dondaine. Je veux citer Yves le Prévost qui par la suite est devenu prêtre enseignant au lycée Saint Charles de Saint-Brieuc. Cet abbé m'a redonné la foi. Tout d'abord, il nous a dit simplement qu'il avait besoin de nous et que fréquenter l'église le dimanche était plus facile pour les fils de bourgeois mais que les autres brebis pouvaient prier autrement. Son projet a alors été bien expliqué. Il souhaitait bâtir une salle de patronage à usage multiple dont un cinéma paroissial. 

Pour appuyer ses arguments, il nous a dit que participer à son action était prier et que cela valait la messe aux yeux du seigneur. 

La bande de gamins du tertre Marie-Dondaine est allée alors creuser les fondations de cette salle. L'abbé retroussait aussi ses manches et sans soutane brouettait les délivres que l'on enlevait à la pioche. Les fondations faites, des entreprises ont participé ensuite au montage des murs. C'était de mémoire dans les années 1950, en 1954 certainement. Le cinéma a enchanté les gens de Robien… »

 

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Sources

Entretiens téléphoniques avec l’abbé Le Prévost (93 ans) en avril 2020.


Archives de Ouest-France

Article et photo du Télégramme 7 octobre 2003

Entretien avec Jean-Pierre et Yolande Corouge qui ont fourni des renseignements sur l’histoire des colonies de vacances. 

Site du diocèse de Saint-Brieuc-Tréguier

Le Pays de Dinan année 2010, où un très bel article de Jacques Lair est consacré à Michel Le Prévost, frère de l'abbé Le Prévost. Merci à Loïc-René Vilbert de l'avoir signalé et à Daniel Duros pour la photo de la stèle ci-dessous (à voir presque en haut la côte Sainte-Anne qui monte vers Quévert, sur le côté gauche) .

 

Michel Le Prévost 1924-1944

 

Nécrologie Yves Le Prévost. Ouest-France 18 novembre 2022

 

 

D'autres articles à consulter sur la paroisse Sainte-Anne de Robien à Saint-Brieuc (cliquer sur la ligne)


Mais aussi :
L'histoire de l'abbé Garnier, cliquer ici
L'histoire de l'abbé François Couëspel du Mesnil, cliquer ici
Jean-Yves Calvez, prêtre, philosophe et écrivain, cliquer ici

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...