lundi 18 mars 2024

Histoire de l'Electro-Entreprise, 53 boulevard Carnot, quartier de Robien à Saint-Brieuc. 1947

 

La Société Electro-Entreprise était déjà installée, depuis 1946-1947, au 53 boulevard Carnot dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

C'était une entreprise générale d'équipement électrique et de travaux publics. 


Boulevard Carnot. Photo 1978 Archives municipales


Des chantiers menés avec l’Electro-Entreprise

Dans la presse locale, le premier chantier qui fait référence à la Société Electro-Entreprise est celui mené en 1952, depuis 1947, à la Gare de Plaintel. Il est alors question de la Société Electro-Entreprise de Paris qui a construit « plusieurs réseaux et plusieurs postes de distribution dans la région de Saint-Brieuc. »

Le début des années 50 est le moment où l’électrification dans le monde rural bat son plein. En 1951 on a construit, dans le département des Côtes-du-Nord, 700 kilomètres de lignes à basse et haute tension et une longueur au moins égale est installée en 1952.

 

Électrification rurale. 17 avril 1952 Ouest-France

 

Electro-Entreprise est aussi associée à un autre chantier, celui-ci est mené par Gaz de France au port du Légué en septembre 1952. Quatre cuves de cinquante mètres cubes sont venues par voie-ferrée et sont hissées par grues puis chargées sur camions-plateforme de la Société Electro-Entreprise. 

 

Electro-Entreprise 16 septembre 1952 Ouest-France


En avril 1953, à La Méaugon, M. Lazzeri, directeur de l’Electro-Entreprise, a conduit les travaux de construction du deuxième poste transformateur de la commune.


Ci-dessous sur la photo : "Le groupe des jeunes filles qui ont confectionné l’arc de triomphe du poste de Seigneaux à Plouvara, avec au milieu d’elles, M. Touzé, maire de la commune". Sur la banderole est écrit : Honneur aux ingénieurs et constructeurs.

 20 avril 1953 Ouest-France

En 1953, 150 postes en tout ont été inaugurés. M. Lazzeri assiste à différentes réceptions, comme en décembre où M. Rault, maire de Trégueux, remercie les ingénieurs et ouvriers pour ce beau cadeau de Noël apporté par « la fée électrique ».

Les années 50, c’est une époque où l’installation d’un transformateur électrique est un événement. Lors de la mise sous tension en décembre 1955, une foule nombreuse est rassemblée à Plouguenast. La doyenne de la commune, Mme veuve Morel, 92 ans est présente. Elle est accueillie par le Conseiller général, le Maire, les ingénieurs EDF, M. Lazzeri. 

 

Avant la mise sous tension. 22 décembre 1955 Ouest-France

 


Portrait d’Athos Lazzeri, le directeur de l’Electro-Entreprise.

Par les différents articles de Ouest-France, on apprend donc qu'en 1952 M. Athos Lazzeri est le directeur de l’Electro-Entreprise. Pourtant cette année-là, c’est un jeune homme de 27 ans.

En effet, Athos Lazzeri est né le 11 août 1924 à Granville dans la Manche. Dans différentes sources, on trouve son prénom orthographié de plusieurs manières : Attosse Amilcale ou Attosse Amilcal.

Il se marie avec Louise Nivet et aura un fils, Gilles, qui deviendra médecin. Après une longue carrière dans l'entreprise, notons qu’en 1977, M. Lazzeri obtient la Médaille d’Honneur du travail en argent, promotion du 14 juillet.

Le nom de M. Lazzeri est souvent mentionné dans la presse mais on ne trouve que deux photos où il apparait (voir ci-dessous).

 

M. Lazzeri à droite. 18 octobre 1961 Ouest-France

 
M. Lazzeri à droite, portant un chapeau. 18 octobre 1961 Ouest-France

La cérémonie avant l’inhumation de Athos Lazzeri a eu lieu en  l’église Notre-Dame de Cesson le vendredi 18 octobre 2013 après son décès le 15 octobre.

 

 

Vol au siège de l’Electro-Entreprise à Saint-Brieuc.

En février 1957, un fait divers fait parler de la Société Electro-Entreprise. Le 6 février Ouest-France dévoile l’affaire. M. Lazzeri s’aperçoit de la visite faite dans ses bureaux le 4 février par « d’audacieux inconnus ». Des tiroirs sont fracturés, des serrures forcées. Tout le salaire des ouvriers, soit 3 millions de francs aurait dû se trouver là « mais un contretemps fit que l’argent n’était pas au rendez-vous. Ce détail peut faire penser que les individus qui se sont introduits étaient au courant des habitudes de la maison…L’alerte a été chaude pour M. Lazzeri qui a pris la ferme décision de mettre à l’avenir tous ses fonds dans des coffres forts.» 


                      Tentative de cambriolage. 7 février 1957 Ouest-France
 


Le 7 février, la capture des auteurs de la tentative de cambriolage est annoncée dans la presse. L’instigateur a été employé dans l’entreprise, il est sans travail, âgé de 22 ans, ancien d’Indochine, habitant 15 rue Luzel, père de quatre enfants. Ses complices sont trois jeunes de 17, 19 et 21 ans à qui il a soufflé son projet.

Les quatre jeunes ont d’abord passé la soirée au cinéma Le Royal puis ils ont mis le plan à exécution.  Ils ont emprunté le chemin du Coucou, se sont introduits dans le chantier voisin de l’entreprise Rideau en escaladant un grillage, ont escaladé un mur et ont pénétré dans l’Electro-entreprise.

Le procès est jugé en correctionnelle où l’instigateur écopera de 10 mois fermes et de 6 mois pour les autres.

 

 

Des chantiers de l'Electro-entreprise

En mai 1958, la fin du chantier de l'électrification de Plouguenast, où l'Electro-Entreprise a pris une bonne part, donne lieu à des festivités que l'on peine à imaginer aujourd'hui tant nous trouvons banal de bénéficier de l'électricité ! 

Le poste électrique est décoré par les nouveaux abonnés. L'abbé Duhault, le curé-doyen de la commune, bénit le poste électrique. Un banquet, présidé par le général Morin, Conseiller général et Maire, rassemble 170 convives pour conclure cette journée.

30 mai 1958 Ouest-France

 
L'abbé Duhault, curé-doyen au centre. 30 mai 1958 Ouest-France

1967 Le Griffon numéro 8


En 1971, quatre pylônes supportant des projecteurs sont installés au stade Fred-Aubert. Ces pylônes sont réalisés par une société de Troyes et équipés par l’Electro-Entreprise. Cet équipement permettra d’organiser des rencontres en nocturne.

 

Pylônes. 22 octobre 1971 Ouest-France

 
Annonce 17 juin 1972. Ouest-France

 


La fusion, absorption dans la C.O.M.S.I.P. 1973

En 1972, l’Electro-Entreprise recrute  mais en 1973 l’entreprise fusionne avec « Le Bon-Information » et « Consip-Automation ».  Au-dessus de ces trois entreprises ayant fusionné, on a la C.O.M.S.I.P (Compagnie pour l’Outillage et le Matériel Spécialisé dans l’Industrie du Pétrole) qui a son siège à Rueil-Malmaison et emploie 4400 personnes en France. 

 

COMSIP. Annonce 3 novembre 1973

 

Mouvement de grève en 1975

La C.O.M.S.I.P garde les anciens locaux de l’Electro-Entreprise boulevard Carnot mais la nouvelle direction nationale menace de supprimer 31 postes sur 54 à Saint-Brieuc. Pourtant le travail ne manque pas. Les ouvriers font entendre leur mécontentement en se mettant en grève. Ils vont participer à l’occupation des locaux du siège social à Rueil-Malmaison et informent la population sur le marché de Saint-Brieuc en octobre 1975.

22 octobre 1975 Ouest-France

Les grévistes feront preuve d'imagination dans leur lutte : une cantine fonctionne dans les locaux de l'entreprise et pour alimenter la caisse d'entraide, des commissions ont été mises en place. L'une des équipes a été chargée de ramasser des châtaignes qui ont été vendues sur le marché.

Mais les ouvriers cesseront la grève au bout de plusieurs semaines pour assurer le remplissage du carnet de commandes et ainsi démontrer la nécessité de garder les emplois...

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France


 

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France

Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 29 octobre 1975 Ouest-France

La COMSIP passe à CGEE Alsthom

En 1978, la COMSIP publie toujours des annonces dans la revue municipale Le Griffon (voir ci-dessous).

 

Le Griffon printemps 1978

 

Mais en 1980, la société est rebaptisée CGEE Alsthom, le centre de Saint-Brieuc est attaché à l'agence de Lannion.

 

Les anciens locaux de l'Electro-entreprise

Le Syndicat Départemental d'Électricité (depuis 2014 Syndicat Départemental d’Énergie) a occupé dès les années 90 (et peut-être avant?) les anciens locaux de l'Electro-Entreprise au sein d'un ensemble appelé "Espace Carnot". 

Sur la gauche, bâtiment moderne avant la CPAM, boulevard Carnot


 Le saviez-vous ?

 

D'après André Bougeard, un ancien ouvrier, L'Electro-entreprise aurait pris la suite des anciens établissements Le Bon, situés au Légué, sans doute en 46 après loi de nationalisation du gaz et de l’électricité et nationalisation des usines Le Bon & Cie.

L’histoire de la Compagnie Le Bon commence en 1847 par la création de Le Bon & Cie, société de production  et de distribution du gaz d’éclairage et d’électricité.Cette société possédait des filiales comme celle de Saint-Brieuc, au Légué.

 "Construite en 1863, l’usine de production de gaz du Légué était destinée à l’éclairage de la Ville de Saint-Brieuc. Le gaz était produit par combustion de houille et de charbon jusqu’en 1959 avant la réalisation d’une nouvelle usine, sur le même site, en 1960, pour la production de gaz de ville à partir de fioul et de propane liquide. Elle était gérée par la compagnie Le Bon jusqu’à la nationalisation après la Seconde Guerre mondiale, pour passer dans le giron d’EDF-GDF. La production de gaz a cessé en 1979 et l'usine a fermé".(Thibault Grasland, 24 juin 2019. Ouest-France)




 Quelques portraits d'employés

 

Au hasard des cérémonies de départ en retraite où des remises de médailles du travail, on retrouve les noms d’anciens de l’Electro-Entreprise :

Jean Thomas, de Saint-Alban, 31 années au service de la Société d’Installation des lignes électriques aériennes, devenue plus tard la COMSIP. En retraite en 1977.

 

Jean Thomas 15 novembre 1977

 

Fernand Gonot, de Ploufragan, conducteur de travaux depuis 1947 à l’Electro-entreprise puis à la COMSIP, 33 ans de maison, en retraite en 1980.

F. Gonot. 6 octobre 1980

Robert Groseil, entre en juillet 1971 chez Electro-Entreprise en tant que dessinateur. Il réalise les plans de recollement en éclairage public et réseaux BT. Dans la Comsip, il devient responsable du suivi des activités du centre de Brest.

R. Groseil et son épouse 29-01-2007 Ouest-France

 

Jacques Vandorme, chef de centre à la COMSIP en 1977.

 

Georges Canoville, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977

 

René Moreau, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977

 

Daniel Robert, COMSIP, à titre posthume médaille d’honneur du travail 1977

 

 
Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...
 
 
 
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Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France

Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales

Site Généanet

Entretiens avec André Bougeard

 


La C.P.A.M (Caisse Primaire d'Assurances Maladie), boulevard Hoche, St Brieuc 1982

 

Après l’arrêt de la production des Forges-et-Laminoirs situées entre le boulevard Carnot et le boulevard Hoche, ces vastes terrains ont constitué pendant un temps une friche industrielle avant que la C.P.A.M s'installe.

 

Un projet avant celui de la C.P.A.M

Un projet de résidence a failli voir le jour avant celui de la C.P.A.M, des plans sont déposés dès le mois de février 1970 par l’architecte F. Gross Quélen, installé 2 rue Chateaubriand à Saint-Brieuc. Il s’agit d’un ensemble de 400 logements appelé « Résidence des Forges », avec 165 places de parking au sol et 400 en sous-sol. Une école maternelle est même prévue !

 

Projet de la Résidence des Forges. 1970. Archives départementales.

 

Projet de la Résidence des Forges. 1970. Archives départementales.

 


S’il s’était réalisé, ce projet aurait occupé tout l’espace entre la rue Paul Le Flem et le boulevard Vauban où se trouvent actuellement la C.P.A.M et la résidence Espace composée des trois bâtiments, de 21 mètres de haut, nommés Concorde, Comète et Mirage.

La réhabilitation de la friche industrielle des Forges-et-Laminoirs se fera en deux temps, tout d’abord la résidence Espace puis la C.P.A.M.

Le projet est confié à l'architecte André Hauvespre qui dépose un permis de construire le 12 octobre 1976 pour la parcelle 382. 

A l'automne 1981, les travaux sont en cours d'achèvement comme le montre la photo ci-dessous. Une nouvelle voirie reliant la rue François Menez au boulevard Carnot est réalisée par les services techniques de la Ville. 


Construction de la C.P.A.M. Le Griffon numéro 57. 1981

 

La C.P.A.M (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) au 106 boulevard Hoche.

Finalement début 1982, c’est donc la C.P.A.M (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) qui s’installe au 106 boulevard Hoche, entre le boulevard Carnot et le boulevard Hoche, sur une partie des Forges et Laminoirs. Les anciens du quartier se souviennent de l'immense cheminée en brique des forges qui surplombait le quartier de Robien à 36 mètres de haut. Le sommet de la tour de 8 étages de la C.P.A.M n’atteint pas cette hauteur.

En 1981, ce sont plus de quatre cent personnes qui viennent chaque jour travailler dans les bureaux de la C.P.A.M. Les places de parking ont été prévues en assez grand nombre pour les employés. 

 

C.P.A.M Photo aérienne. Archives municipales

 

Louis Cabon a suivi tout le projet de la C.P.A.M et il en est le premier directeur en 1981. C’est un natif du quartier de Robien, né en 1929 (décédé en septembre 2010). Il a été conseiller municipal de 1965 à 1977 sous la municipalité Le Foll, initiateur du Comité de la Croix d’Or de St Brieuc (lutte contre l’alcoolisme), premier président du comité de jumelage avec la ville d’Alsdorf.

 

Louis Cabon, photo Le Télégramme 2010

 

Le bâtiment de la C.P.A.M

L’architecture est caractéristique des années 80, donnant un aspect assez massif à ce type de bâtiment administratif surtout le long du boulevard Hoche.


Entrée de la C.P.A.M boulevard Hoche, St Brieuc. Photo RF


Le long du boulevard Carnot une ligne plus élégante est formée par une galerie en arc de cercle.

 

C.P.A.M Boulevard Carnot. Photo RF

 

C.P.A.M Boulevard Carnot

La question des emplois

Cette solution de faire venir la Sécurité Sociale s’inscrit dans la même logique que les transferts de l’Hôtel des Finances et des Archives départementales, des choix qui ont surtout une répercussion sur l’augmentation des emplois dans le tertiaire à Robien. C’est un grand changement par rapport à la vocation industrielle et commerciale qui avait prévalu à Robien depuis le début du XXe siècle.

L’installation de la Sécurité sociale n’a pas eu d’incidence sur l’emploi, le commerce ni le logement dans le quartier.

Ce sera le problème des opérations immobilières des années 80-90 dans le quartier de Robien : beaucoup de constructions mais très peu d’emplois créés sur place.

C’est ce qui est mis en évidence par M. Chalas, un urbaniste, et ses collègues qui ont planché sur un projet de revitalisation du quartier de Robien (P.A.C.T-A.R.I.M). M. Chalas s’exprime ainsi dans un article de Ouest-France du 26 juin 1985 intitulé « L’opération Sécu : à éviter » : « Il convient avant tout d’éviter la construction d’un ensemble comme celui de la Sécurité sociale, boulevard Carnot. Non seulement une telle réalisation ne s’intègre pas au quartier d’un point de vue architectural, au contraire des établissements industriels comme les Forges-et-Laminoirs, par exemple, mais elle n’a rien apporté au point de vue animation. Comme il s’agissait d’un simple transfert, il n’y a pas eu de créations d’emplois. Quant aux employés existants, ils disposaient déjà pratiquement tous de logements, ce qui n’a entrainé aucune répercussion sur la construction dans le quartier. »

On peut néanmoins supposer que la présence de tous ces emplois tertiaires génère une certaine activité occasionnelle dans des commerces et services à proximité (garages, restaurants...). 

  

Anecdote

Il est question de la C.P.A.M  dans l'édition de Ouest-France du 22 mars 2024 mais pour une manifestation de médecin libéraux. Le bâtiment, bien identifiable, sert de toile de fond à cette photo.

 

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Sources

Projet de la Résidence des Forges. 1970. Archives départementales.

Le Griffon numéro 57. 1981

Article de Ouest-France du 26 juin 1985

Louis Cabon, directeur C.P.A.M. Le Télégramme 17 septembre 2010. 

 

 

vendredi 1 mars 2024

L'histoire de la famille Lucas, commerçants, 60 rue Jules Ferry, quartier de Robien à Saint-Brieuc. 1934-1999

Erwan Lucas a grandi 60 rue Jules Ferry. Sa mère a tenu Robien-Presse entre 1970 et 1976. La maison a été construite par ses grands-parents paternels au début des années 1930 et son père y a vécu plus de 60 ans. Sur plusieurs générations, la famille Lucas a exercé dans le commerce à Robien.
Après des échanges par courrier électronique, Erwan a bien voulu replonger dans ses souvenirs, voici son témoignage recueilli le 14 décembre 2023. 



Le bistrot Lucas

« Mes grands-parents, Marc et Marie (dite Marie-Anne) Lucas, sont partis de Corlay en 1919 pour reprendre un café à Paris, Porte de la Chapelle. Ils sont revenus au début des années 1930 à Corlay, après être passés au Mans et à Rennes. Ils avait mis de l'argent de côté et ont acheté une parcelle de terre à Robien, à mi-chemin entre la "Petite Vitesse" (gare des marchandises, côté Robien) et l'usine Sambre-et-Meuse.

Ils ont fait construire la maison du
60 rue Jules Ferry en 1934-35 par "je ne sais plus qui"... J'avais récupéré le plan quand on a vidé le dernier étage où résidait encore mon père en 1999. J'ai malheureusement perdu ce plan dans un déménagement dans les années 2000.
Il me reste juste les devis de branchement du gaz et de l'électricité auprès de la Compagnie Lebon aux dates des 11 et 20 décembre 1935.

Ci-dessous, recensement de 1936, au 62 bis de la rue Jules Ferry, on trouve Marc Lucas, né en 1890 à Saint-Igeaux ; Marie Lucas, son épouse, née en 1898 à Hillion ; et Léon Lucas, le fils, né à Paris en 1924. Marie Lucas était née à Hillion au Château des Aubiers, où ses parents étaient respectivement jardinier et cuisinière (originaires du Faouët, dans le Morbihan).

Recensement 1936. 62 bis rue Jules Ferry. Vue 250. Archives départementales

"La maison du 60 rue Jules Ferry est assez impressionnante à l'intérieur. Le rez-de-chaussée était au départ un café tenu par mes grands-parents, avec un appartement en rez-de-chaussée derrière. Mes grands-parents ont arrêté de tenir le café dès la fin des années 1930 (ma grand-mère était malade). Par la suite, ce sont les Carré qui ont loué les murs comme épicerie jusqu'à la fin des années 1960".

D'après des recherches plus précises, au 60 rue Jules Ferry, il y a eu de 1945 à 1948 l'épicerie Morvan, de 1948 à 1957 l'épicerie de M. Prosper Jouannigot. En 1957 seraient arrivés M et Mme Gaston Carré.

Le 60 rue Jules Ferry, après transformation du rez-de-Chaussée. Photo RF 2024


Les trois maisons Lucas

"Mes grands-parents avaient aussi construit le 62 rue Jules Ferry, c’est la maison faisant angle avec la rue Jean Giraudoux, ouverte après. Ils habitaient au 1er étage de cette maison où j'ai passé ma 1ère année (je suis né en 1964). 

A gauche, le 62 rue Jules Ferry à l'angle de la rue Giraudoux. Photo RF

"Mes parents ont construit en 1964/1965 le 4 rue Jean Giraudoux, voisin du 62 rue Jules Ferry sur une parcelle héritée par mon père. J'ai habité cette maison de 1965 à début 1970. Elle a été occupée après nous par la famille Guillemaud. Eric Guillemaud, un des enfants, est connu à Saint-Brieuc comme speaker du Stade Briochin." (Il est aussi connu comme animateur de la traditionnelle Foire-Exposition et autres manifestations commerciales des Côtes d'Armor, une carrière commencée en 1986 à Radio contact, une radio-libre de cette époque.)

Maison au milieu, le 4 rue Giraudoux et à droite, le 62 rue Jules Ferry. Photo RF


"Mon grand-père avait vécu la guerre de 14-18. Il avait remarqué que les seules maisons qui restaient debout dans les bombardements étaient celles avec une armature en béton. La maison du 60 rue Jules Ferry a donc eu droit, en plus de murs de pierre de taille de 60 cm, à des poutres en béton depuis les fondations jusqu'au 3ème étage. Ce qui est rare pour ce type de maison.

Vers 1948-1949, les grands-parents Lucas, encadrant leur fils. Photo prise dans l'escalier du 62 rue Jules Ferry.


Les 1er et 2ème étages de la maison comprenaient chacun deux appartements de rapport. Le 3ème étage un appartement. Derrière, il y a un grand jardin, avec une buanderie/lavoir et une cave en béton par appartement. Chaque appartement avait les wc sur le palier, et les chambres avaient une cheminée. La disposition intérieure de la maison a été profondément modifiée à partir de 1970.

Ma mère travaillait au Cadastre. Elle s'appelait Monique Le Nabasque de son nom de jeune fille. Elle a eu 3 enfants et a pris sa retraite après ma naissance. Mon père s'appelait Léon Marcel mais utilisait le second prénom, Marcel, dans la vie  courante ; il travaillait à la Sécurité Sociale".

Vente de terrain. Annonce 5 juin 1958 Ouest-France


La librairie-papeterie-journaux. 1970-1995
"En 1970, après avoir revendu le 4 rue Jean Giraudoux et le 62 rue Jules Ferry, on est venus habiter au 60. Ma mère a repris le magasin des Carré en le transformant en librairie-papeterie-journaux (et bonbon et BD !). J'ai passé mon enfance de 6 à 12 ans dans ce magasin, où je peux dire que j'ai appris à lire".

Ci-dessous, l'annonce de cette ouverture est parue le 8 avril 1970 dans Ouest-France. 


Ci-dessous, en 2008, on voyait encore que le rez-de-chaussée de la maison abritait un pas-de-porte. Après avoir été un café puis une épicerie, à partir de 1995 s'est installé un cabinet d'assurances. Puis des travaux ont été effectués pour récupérer le local commercial et en faire un appartement, ce qui est le cas de nombreux endroits dans Robien.

En 2008, 60 rue Jules Ferry. Photo Google-Street

En 2024, 60 rue Jules Ferry. Photo RF

"Je vais vous dire un vrai souvenir. Le matin, vers 6h, ma mère était livrée en journaux. Une pile posée par le livreur sur la marche du magasin. Les ouvriers de Sambre-et-Meuse qui descendaient de la gare passaient devait le magasin avant son ouverture. Il prenaient un quotidien et laissaient les pièces de monnaie sur la marche. Ma mère les ramassait quand elle ouvrait le magasin à 8h00. Toute une époque. On ne verrait plus ça aujourd'hui".

Ci-dessous, photo prise dans le magasin du 60 rue Jules Ferry. On voit le titre des journaux : "Le Premier Ministre Pierre Messmer a démissionné", la photo date donc de 1974. Le visage de la propriétaire a été flouté...

1974. Dans le magasin Robien-Presse. Photo famille Lucas.


"Ma mère a vendu le fonds aux Benoit en 1976. Ils y sont restés deux ou trois ans. Après, il y a eu Mlle Mazières, qui a tenu le magasin de 1979 à 1993 (sous réserve). Il y a eu ensuite une dame qui est resté peu de temps 2 ans environ mais j'ai oublié son nom, puis le cabinet d'assurance à partir de 1995 (?).

Mon père a passé la fin de sa vie au dernier étage du 60 rue Jules Ferry. Il ne lui restait plus que cet appartement, plus les murs du magasin du rez-de-chaussée, qui a été vendu à l'assureur, si j'ai bonne mémoire. Il y a vécu de fin 1935 à 1999, moins deux années à l'armée en 1946-1948 et deux années à Langueux en 1979-1981, ça fait 60 ans".


Souvenirs, souvenirs

"Je me souviens bien de la scierie Corouge, qui donnait dans le fond de notre jardin, du garage et combustibles Morin". Erwan Lucas.

 "J'ai habité au 4 rue Jean Giraudoux justement, de 1982 au moment de ma naissance jusqu'à 1998, avec mon frère Sébastien Rodriguez et ma sœur Laurence Le Moulec. Je me souviens bien de Robien-Presse, de la cour derrière et du toit des caves en béton derrière qui me servait de terrain de jeu". Benjamin Rodriguez

Ci-dessous, voici une vue de l'arrière de la maison et du terrain où la famille Corouge stockait du bois. C'est l'état en février 2024 au moment où les travaux commencent sur le site de l'ancien garage Morin qui doit être transformé en résidence et maisons particulières.


Souvenirs, souvenirs

Voici une photo datant de 1972-1973 prise devant le 60 rue Jules Ferry, avec Erwan Lucas et son frère, Laurent Rioche (fils du peintre, sa mère tenait une droguerie, on voit l'enseigne) et Vincent Longin, fils des grainetiers (angle rue Jean Jaurès et Condorcet, avant Rowland). 

Rioche. 4 octobre 1969 Annonce Ouest-France

On voit derrière l'immeuble du 79 (?) rue Jules Ferry en construction. Il a succédé à l'entrepôt Kerfant (ancêtre de Promodès, livraison des épiceries). L'immeuble se trouve en face de la station service Morin (démolie en 2024). Un peu à l'arrière plan, sur le même côté, c'est la maison de la famille Méheust.

Personnages floutés.1973, devant le 60 rue Jules Ferry à Robien. Photo famille Lucas
 

Souvenirs, souvenirs

"Au début des années 60, le jeudi, pour le goûter, j'allais avec Mona Lucas (née en 1956) chez sa grand-mère qui habitait au rez-de-chaussée de cette maison qui fait l'angle de la rue Giraudoux. Elle nous faisait des poires pochées, et quelquefois elle arrosait avec une  petite bouteille de l'eau bénite autour de la maison par dessus le mur". 

Nicole Gressier

 

Généalogie

Dans le recensement de l'année 1901 à Saint-Igeaux, on trouve Lucas Marc, fils de Lucas Alain et de Marie-Louise Le Meaux. Il a dix ans. C'est lui qui tiendra le bistrot au 60 de la rue Jules Ferry dans les années 30.


Le 62 rue Jules Ferry après transformation

La maison du 62 rue Jules Ferry, qui possède aussi une entrée rue Giraudoux a été transformée avec beaucoup de goût par Mme Gérard, Jeanine Gendrot (ancienne présidente du Comité de Quartier) quand elle l'a habitée (C'est cette maison qui est en vente en 2023-2024).

L'escalier carrelé refait par Mme Gérard elle même ! Photo RF Février 2024

 

Redistribution des pièces au 1er étage. Photo RF Février 2024



Premier étage, cuisine ouverte. Photo RF Février 2024

Premier étage. Photo RF Février 2024


Si vous avez d'autres renseignements, témoignages ou documents, sur l'histoire de la famille Lucas (café, épicerie, librairie), merci d'utiliser le formulaire de contact. 

Un article de Richard Fortat, publié le 30 janvier 2024

D'autres histoire de Robien en accédant au sommaire du blog en cliquant ICI


Sources

Témoignage d'Erwan Lucas, décembre 2023 et correspondances en janvier et février 2024.

Recherches dans les archives de Ouest-Eclair et de Ouest-France (Portrait d'Eric Guillemaud, 2 avril 2016). 

Recensement Saint-Igeaux, famille Lucas, image 8, cliquer ici

Recensement 1936. 62 bis rue Jules Ferry. Vue 250. Archives départementales.

Blog de l'histoire de Robien : le commerce en 1948, en 1955, en 1980...

 


L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...