Sur la plaque, on peut lire : Rue Eugène Lemoine (né en 1920 à Saint-Brieuc-mort en déportation en 1945) Président fédéral de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne
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Plaque de la rue Eugène Lemoine. Photo RF
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Qui était Eugène Lemoine ?
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Eugène Lemoine. Photo diocèse St Brieuc
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Eugène Lemoine est né le 6 janvier 1920 à Saint-Brieuc, fils de Léon Lemoine
et de Marie Din.
Eugène est un ancien élève
de l'école Saint-Charles à Saint-Brieuc.
Il travaille comme menuisier rue du Port à Saint-Brieuc (22) et rejoint la Jeunesse Ouvrière Chrétienne
(J.O.C.) dès 1934. Il y prend des responsabilités et en 1942, il devient dirigeant
fédéral des Côtes-du-Nord de la J.O.C.
C'est un dirigeant exigeant, ainsi va-t-il déclarer le 7 février 1943 lors d'une journée de formation de responsables d'équipe : "Mes camarades, je vous demande de bien vous souvenir que vous êtes ici, non pas comme de quelconques figurants de réunions publiques mais bien en tant qu'authentiques représentants des jeunes ouvriers de nos territoires. Il est d'une importance capitale que les consignes données soient exécutées fidèlement et dans les délais demandés.
La J.O.C n'est pas un mouvement de petits garçons, et je vous le dit tout net, le Comité Fédéral n'est pas disposé à laisser péricliter les sections , du fait de dirigeants paresseux ou insouciants"
Eugène Lemoine fait
équipe avec Armand Vallée, l’aumônier fondateur de la C.F.T.C du diocèse, qui sera
arrêté, interné à Fresnes et mourra en mars 45 à Mauthausen.
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Eugène Lemoine en Allemagne
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Le
15 mars 1943, Eugène Lemoine part de Saint-Brieuc pour le Service du Travail
Obligatoire (S.T.O) et il est envoyé à Wittenberg en Allemagne. Il a choisi de
partir avec ses camarades de la J.O.C pour les soutenir, alors qu’il n‘y était
pas obligé étant soutien de famille depuis le décès de son père. Il travaille dans une petite usine pour l'aviation mais son but est
surtout que ses camarades conservent leur
foi chrétienne. Pour cela il organise des moments clandestins de prière.
« C’était lui qui nous soudait », raconte L.
Le Gall, membre de son groupe en Allemagne. Il effectuait aussi de fréquents
déplacements le dimanche pour garder des liens avec les groupes catholiques des
autres régions : Halle, Leipzig, Dresde…
Il
est arrêté une première fois le 18 septembre 1943 par la Gestapo, emprisonné
puis relâché. Le 3 décembre 1943, les autorités nazies décident d'interdire
l'action catholique de France et donc la J.O.C. Il est arrêté le 30 septembre
1944 à l'usine, emmené au siège de la Gestapo mais n'est pas interrogé. Il est
incarcéré à la prison de Wittenberg (Allemagne) puis transféré dans une autre
prison.
On
le libère le 25 octobre 1944 mais c’est pour lui tendre un piège car il a aidé
un prisonnier à se cacher. La Gestapo suit Eugène Lemoine qui, à peine libéré,
apporte du ravitaillement à son camarade Normand. Eugène Lemoine est arrêté le
12 ou le 13 novembre 1944, ramené à la prison de Halle en Allemagne et déporté le 20 ou le 21 novembre 1944 au camp
disciplinaire de Zöschen à Leuna (Allemagne). Son acte de décès est dressé le 4
avril 1946 par le Ministère des Anciens Combattants (dossier n°?, registre
n°ECD2, acte n°205). Il fait partie des 50 "martyrs de l'apostolat"
en Allemagne nazie.
Eugène Lemoine dans la mémoire
collective
Un
dossier de béatification individuelle est à l'étude au Vatican.
Une
plaque commémorative honore sa mémoire sur la tombe familiale du cimetière de
l'ouest à Saint-Brieuc (22)
Un
livre a été écrit sur son histoire Eugène
Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Editions François-Xavier de
Guibert.
Un
nom de rue lui a été donné dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.
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Eugène Lemoine
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Pierre
de Couëssin parle d'Eugène Lemoine
Un
article de Ouest-France du 31 octobre 2013 écrit par Marie-Claudine Chaupitre qui a interrogé
Pierre
de Couëssin au moment de la sortie de son livre.
Ce Briochin vous est peut-être inconnu.
Pourtant Eugène Lemoine (1920-1945), très actif militant de la Jeunesse
ouvrière chrétienne (Joc), fit preuve d'un grand courage et mourut de son
engagement, alors qu'il était enrôlé au Service du travail obligatoire (STO),
au camp de Zöschen, en Allemagne, en 1945. C'est cette foi inébranlable et cet
héroïsme que le diocèse de Saint-Brieuc veut faire reconnaître en demandant à
Rome sa béatification.
Le père Pierre de Couëssin connaît bien le
jeune martyr. L'actuel recteur du sanctuaire Notre-Dame de Toute Aide à
Querrien, qui fut lui-même aumônier national de la J.O.C, a été chargé dès 1988
par Mgr Kervennic, évêque de l'époque, de préparer le dossier d'Eugène Lemoine
en vue de sa béatification. Pendant des années il a collecté des informations,
rencontré des proches. Il en a rédigé un livre « Eugène Lemoine, Jociste mort à
Zöschen ».
« Il a
donné sa vie pour sa foi »
Quant au dossier de béatification, il attend
au Vatican parmi d'autres : « Le
Rennais Marcel Callo a été béatifié, explique le père de Couëssin. 51 autres jeunes martyrs attendent à leur
tour cette béatification. Le dossier n'avance pas aussi vite que nous le
souhaiterions. Je souhaiterais que mon Église, que j'aime, honore ses anonymes
et mette en valeur cet homme. »
Pourtant, à ses yeux, le jeune menuisier de
Saint-Brieuc « a donné sa vie pour sa foi ». Tout jeune militant jociste
au côté de l'abbé Vallée, Eugène Lemoine ne recule pas devant le STO qui envoie
200 jeunes Briochins vers l'Allemagne le 15 mars 1943. Soutien de famille
depuis le décès de son père, il aurait pu demander une dérogation. Il préfère
soutenir ses camarades en Allemagne.
Sur place, il écrit un journal de bord où il
témoigne de sa foi profonde. Ses camarades ont aussi parlé pour lui. Comme
Joseph Letournel : « En Allemagne, on se donnait rendez-vous en forêt.
Eugène Lemoine animait la prière puis on repartait en petits groupes pour ne
pas attirer l'attention. Il est mort pour sa foi au Christ. Son apostolat lui a
valu son arrestation et sa mort. »
Les Nazis jugent suspects et rebelles ces
jeunes qui refusent d'enlever leurs insignes de la JOC. Eugène est arrêté à
deux reprises. La deuxième arrestation lui sera fatale. Eugène Lemoine est mort
à 25 ans, « dans une infirmerie,
un endroit effroyable qu'ils appelaient « reviers », raconte Pierre de
Couëssin. D'autres jeunes qui l'ont
croisé ont témoigné qu'il était à bout de souffle. » Dysenterie.
Absence de soins. Agonie solitaire. D'après les archives allemandes, Eugène
Lemoine est mort le 8 février 1945.
Extrait de son journal personnel. 1943 (dans le livre Eugène
Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin).
Après la lecture de "Quand les sirènes se taisent", un livre de Maxence Van der Meersch, le 11 septembre 1943, Eugène Lemoine note dans son journal personnel :
"C'est ainsi que l'humanité monte vers son destin. Égoïste, bornée, cruelle, elle reste capable encore de rédemption puisque des êtres, en elle, savent souffrir pour un idéal, aimer la femme et l'enfant jusqu'à l'oubli d'eux-mêmes et vaincre au fond de leur cœur la haine pour faire le bien, sans espoir de récompense..."
Si
vous avez des commentaires ou des renseignements sur Eugène Lemoine,
merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page
Merci à Léon Le Mée, ancien président du Comité d'Animation de Robien de 1995 à 1997, membre actif de la
paroisse de Robien dans les années 90 et après.
Sources
La biographie d'Eugène Lemoine dans cet article est directement inspirée de la fiche qui lui est consacrée sur le site MémorialGenWeb. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici
D'autres renseignements viennent de la fiche établie sur le site Les Amis de la Fondation de la Résistance. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici
Article de Ouest-France
du 31 octobre 2013
Pour retrouver la liste complète des 50 martyrs de la résistance spirituelle (laïcs, séminaristes et prêtres), cliquer ici
Eugène
Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Éditions François-Xavier de
Guibert. Les paroles d'Eugène Lemoine du 7 février 1943 sont extraites des pages 28 et 29 de ce livre.
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