![]() |
Rue Eugène Lemoine à St Brieuc. Photo RF 2020 |
La
rue Eugène Lemoine est une petite voie perpendiculaire à la rue Luzel dans le
quartier de Robien à Saint-Brieuc, desservant 17 logements dans le cadre d'un
ensemble de logements sociaux, dont l'accès se situe au niveau des numéros 43
et 45. Le projet a été mené par Terre et Baie Habitat. On peut l'emprunter pour rejoindre à pied le bas du tertre Marie-Dondaine.
![]() |
Résidence Eugène Lemoine. Photo RF 2020 |
La dénomination "Rue Eugène Lemoine" est issue d’une délibération du Conseil municipal en date du 26 octobre 2010.
![]() |
Dossier du Conseil municipal de Saint-Brieuc. Document Léon Le Mée. |
![]() |
Plaque de la rue Eugène Lemoine. Photo RF |
Qui était Eugène Lemoine ?
![]() |
Eugène Lemoine. Photo diocèse St Brieuc |
Eugène Lemoine est né le 6 janvier 1920 à Saint-Brieuc, fils de Léon Lemoine
et de Marie Din.
Eugène est un ancien élève
de l'école Saint-Charles à Saint-Brieuc. Il travaille comme menuisier rue du Port à Saint-Brieuc (22) et rejoint la Jeunesse Ouvrière Chrétienne
(J.O.C.) dès 1934. Il y prend des responsabilités et en 1942, il devient dirigeant
fédéral des Côtes-du-Nord de la J.O.C.
C'est un dirigeant exigeant, ainsi va-t-il déclarer le 7 février 1943 lors d'une journée de formation de responsables d'équipe : "Mes camarades, je vous demande de bien vous souvenir que vous êtes ici, non pas comme de quelconques figurants de réunions publiques mais bien en tant qu'authentiques représentants des jeunes ouvriers de nos territoires. Il est d'une importance capitale que les consignes données soient exécutées fidèlement et dans les délais demandés. La J.O.C n'est pas un mouvement de petits garçons, et je vous le dit tout net, le Comité Fédéral n'est pas disposé à laisser péricliter les sections , du fait de dirigeants paresseux ou insouciants"Eugène Lemoine, photo restaurée
Eugène Lemoine fait
équipe avec Armand Vallée, l’aumônier fondateur de la C.F.T.C du diocèse, qui sera
arrêté, interné à Fresnes et mourra en mars 45 à Mauthausen.
![]() |
Eugène Lemoine en Allemagne |
![]() |
Eugène Lemoine, photo restaurée |
On le libère le 25 octobre 1944 mais c’est pour lui tendre un piège car il a aidé un prisonnier à se cacher. La Gestapo suit Eugène Lemoine qui, à peine libéré, apporte du ravitaillement à son camarade Normand. Eugène Lemoine est arrêté le 12 ou le 13 novembre 1944, ramené à la prison de Halle en Allemagne et déporté le 20 ou le 21 novembre 1944 au camp disciplinaire de Zöschen à Leuna (Allemagne).
![]() |
Document de la base de données Arolsen, première ligne Eugène Lemoine |
Son acte de décès est dressé le 4
avril 1946 par le Ministère des Anciens Combattants (dossier n°?, registre
n°ECD2, acte n°205). Il fait partie des 50 "martyrs de l'apostolat"
en Allemagne nazie.
Eugène Lemoine dans la mémoire collective
Un
dossier de béatification individuelle était à l'étude au Vatican depuis quelques années. Sa béatification est prévue à Notre-Dame de Paris, le samedi 13 décembre 2025 avec 49 autres martyrs, victimes du nazisme.
Une plaque commémorative honore sa mémoire sur la tombe familiale du cimetière de l'ouest à Saint-Brieuc (22)
Un livre a été écrit sur son histoire Eugène Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Editions François-Xavier de Guibert.
Un nom de rue lui a été donné dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.
![]() |
Eugène Lemoine |
Un article de Ouest-France du 31 octobre 2013 écrit par Marie-Claudine Chaupitre qui a interrogé Pierre de Couëssin au moment de la sortie de son livre.
Ce Briochin vous est peut-être inconnu. Pourtant Eugène Lemoine (1920-1945), très actif militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc), fit preuve d'un grand courage et mourut de son engagement, alors qu'il était enrôlé au Service du travail obligatoire (STO), au camp de Zöschen, en Allemagne, en 1945. C'est cette foi inébranlable et cet héroïsme que le diocèse de Saint-Brieuc veut faire reconnaître en demandant à Rome sa béatification. Le père Pierre de Couëssin connaît bien le jeune martyr. L'actuel recteur du sanctuaire Notre-Dame de Toute Aide à Querrien, qui fut lui-même aumônier national de la J.O.C, a été chargé dès 1988 par Mgr Kervennic, évêque de l'époque, de préparer le dossier d'Eugène Lemoine en vue de sa béatification. Pendant des années il a collecté des informations, rencontré des proches. Il en a rédigé un livre « Eugène Lemoine, Jociste mort à Zöschen ».
« Il a donné sa vie pour sa foi »
Quant au dossier de béatification, il attend au Vatican parmi d'autres : « Le Rennais Marcel Callo a été béatifié, explique le père de Couëssin. 51 autres jeunes martyrs attendent à leur tour cette béatification. Le dossier n'avance pas aussi vite que nous le souhaiterions. Je souhaiterais que mon Église, que j'aime, honore ses anonymes et mette en valeur cet homme. » Pourtant, à ses yeux, le jeune menuisier de Saint-Brieuc « a donné sa vie pour sa foi ». Tout jeune militant jociste au côté de l'abbé Vallée, Eugène Lemoine ne recule pas devant le STO qui envoie 200 jeunes Briochins vers l'Allemagne le 15 mars 1943. Soutien de famille depuis le décès de son père, il aurait pu demander une dérogation. Il préfère soutenir ses camarades en Allemagne.
Sur place, il écrit un journal de bord où il témoigne de sa foi profonde. Ses camarades ont aussi parlé pour lui. Comme Joseph Letournel : « En Allemagne, on se donnait rendez-vous en forêt. Eugène Lemoine animait la prière puis on repartait en petits groupes pour ne pas attirer l'attention. Il est mort pour sa foi au Christ. Son apostolat lui a valu son arrestation et sa mort. »
Les Nazis jugent suspects et rebelles ces jeunes qui refusent d'enlever leurs insignes de la JOC. Eugène est arrêté à deux reprises. La deuxième arrestation lui sera fatale. Eugène Lemoine est mort à 25 ans, « dans une infirmerie, un endroit effroyable qu'ils appelaient « reviers », raconte Pierre de Couëssin. D'autres jeunes qui l'ont croisé ont témoigné qu'il était à bout de souffle. » Dysenterie. Absence de soins. Agonie solitaire. D'après les archives allemandes, Eugène Lemoine est mort le 8 février 1945.
Extrait de son journal personnel. 1943 (dans le livre Eugène Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin). Après la lecture de "Quand les sirènes se taisent", un livre de Maxence Van der Meersch, le 11 septembre 1943, Eugène Lemoine note dans son journal personnel : "C'est ainsi que l'humanité monte vers son destin. Égoïste, bornée, cruelle, elle reste capable encore de rédemption puisque des êtres, en elle, savent souffrir pour un idéal, aimer la femme et l'enfant jusqu'à l'oubli d'eux-mêmes et vaincre au fond de leur cœur la haine pour faire le bien, sans espoir de récompense..."
Si
vous avez des commentaires ou des renseignements sur Eugène Lemoine,
merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre...
Sources
La biographie d'Eugène Lemoine dans cet article est directement inspirée de la fiche qui lui est consacrée sur le site MémorialGenWeb. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici
D'autres renseignements viennent de la fiche établie sur le site Les Amis de la Fondation de la Résistance. Pour retrouver cette fiche, cliquer ici
Base de données Arolsen, fiche ici
Article de Ouest-France
du 31 octobre 2013
Renseignements fournis par Léon Le Mée, ancien président du Comité d'Animation de Robien de 1995 à 1997, membre actif de la paroisse de Robien dans les années 90 et après.
Pour retrouver la liste complète des 50 martyrs de la résistance spirituelle (laïcs, séminaristes et prêtres), cliquer ici
Eugène
Lemoine 1920-1945, par Pierre de Couëssin. Éditions François-Xavier de
Guibert. Les paroles d'Eugène Lemoine du 7 février 1943 sont extraites des pages 28 et 29 de ce livre.
Autre article à lire
Les associations religieuses de la paroisse de Robien (dont la J.O.C), cliquer ici
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire