La Société Electro-Entreprise était déjà installée, depuis 1946-1947, au 53 boulevard Carnot dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.
C'était une entreprise générale d'équipement électrique et de travaux publics.
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Boulevard Carnot. Photo 1978 Archives municipales
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Des chantiers menés
avec l’Electro-Entreprise
Dans la presse locale, le premier chantier qui fait référence à la Société
Electro-Entreprise est celui mené en 1952, depuis 1947, à la Gare de Plaintel. Il est alors question de la Société Electro-Entreprise de Paris qui a
construit « plusieurs réseaux et plusieurs postes de distribution dans la
région de Saint-Brieuc. »
Le début des années 50 est le moment où l’électrification
dans le monde rural bat son plein. En 1951 on a construit, dans le département des Côtes-du-Nord, 700 kilomètres de
lignes à basse et haute tension et une longueur au moins égale est installée en
1952.
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Électrification rurale. 17 avril 1952 Ouest-France
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Electro-Entreprise est aussi associée à un autre chantier,
celui-ci est mené par Gaz de France au port du Légué en septembre 1952. Quatre
cuves de cinquante mètres cubes sont venues par voie-ferrée et sont hissées par
grues puis chargées sur camions-plateforme de la Société Electro-Entreprise.
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Electro-Entreprise 16 septembre 1952 Ouest-France
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En avril 1953, à La Méaugon, M. Lazzeri, directeur de
l’Electro-Entreprise, a conduit les travaux de construction du deuxième poste
transformateur de la commune.
Ci-dessous sur la photo : "Le groupe des jeunes filles qui ont confectionné l’arc de
triomphe du poste de Seigneaux à Plouvara, avec au milieu d’elles, M. Touzé,
maire de la commune". Sur la banderole est écrit : Honneur aux ingénieurs
et constructeurs.
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20 avril 1953 Ouest-France
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En 1953, 150 postes en tout ont été inaugurés. M. Lazzeri
assiste à différentes réceptions, comme en décembre où M. Rault, maire de
Trégueux, remercie les ingénieurs et ouvriers pour ce beau cadeau de Noël
apporté par « la fée électrique ».
Les années 50, c’est une époque où l’installation d’un
transformateur électrique est un événement. Lors de la mise sous tension en
décembre 1955, une foule nombreuse est rassemblée à Plouguenast. La doyenne de
la commune, Mme veuve Morel, 92 ans est présente. Elle est accueillie par le
Conseiller général, le Maire, les ingénieurs EDF, M. Lazzeri.
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Avant la mise sous tension. 22 décembre 1955 Ouest-France
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Portrait d’Athos
Lazzeri, le directeur de l’Electro-Entreprise.
Par les différents articles de Ouest-France, on apprend donc
qu'en 1952 M. Athos Lazzeri est le directeur de
l’Electro-Entreprise. Pourtant cette année-là, c’est un jeune homme de 27 ans.
En effet, Athos Lazzeri est né le 11 août 1924 à Granville dans la
Manche. Dans différentes sources, on trouve son prénom orthographié de plusieurs manières :
Attosse Amilcale ou Attosse Amilcal.
Il se marie avec Louise Nivet et aura un fils, Gilles, qui
deviendra médecin. Après une longue carrière dans l'entreprise, notons qu’en
1977, M. Lazzeri obtient la Médaille d’Honneur du travail en argent, promotion
du 14 juillet.
Le nom de M. Lazzeri est souvent mentionné dans la presse mais on ne trouve que deux photos où il apparait (voir ci-dessous).
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M. Lazzeri à droite. 18 octobre 1961 Ouest-France
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M. Lazzeri à droite, portant un chapeau. 18 octobre 1961 Ouest-France
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La cérémonie avant l’inhumation de Athos Lazzeri a eu lieu en
l’église Notre-Dame de Cesson le vendredi 18 octobre 2013 après son
décès le 15 octobre.
Vol au siège de
l’Electro-Entreprise à Saint-Brieuc.
En février 1957, un fait divers fait parler de la Société
Electro-Entreprise. Le 6 février Ouest-France
dévoile l’affaire. M. Lazzeri s’aperçoit de la visite faite dans ses bureaux le
4 février par « d’audacieux inconnus ». Des tiroirs sont fracturés,
des serrures forcées. Tout le salaire des ouvriers, soit 3 millions de francs
aurait dû se trouver là « mais un contretemps fit que l’argent
n’était pas au rendez-vous. Ce détail peut faire penser que les individus qui
se sont introduits étaient au courant des habitudes de la maison…L’alerte
a été chaude pour M. Lazzeri qui a pris la ferme décision de mettre à l’avenir
tous ses fonds dans des coffres forts.»
Tentative de cambriolage. 7 février 1957 Ouest-France
Le 7 février, la capture des auteurs de la tentative de
cambriolage est annoncée dans la presse. L’instigateur a été employé dans
l’entreprise, il est sans travail, âgé de 22 ans, ancien d’Indochine, habitant 15
rue Luzel, père de quatre enfants. Ses complices sont trois jeunes de 17, 19 et
21 ans à qui il a soufflé son projet.
Les quatre jeunes ont d’abord passé la soirée au cinéma Le
Royal puis ils ont mis le plan à exécution.
Ils ont emprunté le chemin du Coucou, se sont introduits dans le
chantier voisin de l’entreprise Rideau en escaladant un grillage, ont escaladé
un mur et ont pénétré dans l’Electro-entreprise.
Le procès est jugé en correctionnelle où l’instigateur
écopera de 10 mois fermes et de 6 mois pour les autres.
Des chantiers de l'Electro-entreprise
En mai 1958, la fin du chantier de l'électrification de Plouguenast, où l'Electro-Entreprise a pris une bonne part, donne lieu à des festivités que l'on peine à imaginer aujourd'hui tant nous trouvons banal de bénéficier de l'électricité !
Le poste électrique est décoré par les nouveaux abonnés. L'abbé Duhault, le curé-doyen de la commune, bénit le poste électrique. Un banquet, présidé par le général Morin, Conseiller général et Maire, rassemble 170 convives pour conclure cette journée.
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30 mai 1958 Ouest-France
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L'abbé Duhault, curé-doyen au centre. 30 mai 1958 Ouest-France
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1967 Le Griffon numéro 8
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En 1971, quatre pylônes supportant des projecteurs sont
installés au stade Fred-Aubert. Ces pylônes sont réalisés par une société de
Troyes et équipés par l’Electro-Entreprise. Cet équipement permettra
d’organiser des rencontres en nocturne.
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Pylônes. 22 octobre 1971 Ouest-France
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Annonce 17 juin 1972. Ouest-France
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La fusion, absorption dans la
C.O.M.S.I.P. 1973
En 1972, l’Electro-Entreprise recrute mais en 1973
l’entreprise fusionne avec « Le Bon-Information » et
« Consip-Automation ».
Au-dessus de ces trois entreprises ayant fusionné, on a la C.O.M.S.I.P
(Compagnie pour l’Outillage et le Matériel Spécialisé dans l’Industrie du
Pétrole) qui a son siège à Rueil-Malmaison et emploie 4400 personnes en France.
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COMSIP. Annonce 3 novembre 1973
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Mouvement de grève en 1975
La C.O.M.S.I.P garde les anciens locaux de
l’Electro-Entreprise boulevard Carnot mais la nouvelle direction nationale
menace de supprimer 31 postes sur 54 à Saint-Brieuc. Pourtant le travail ne
manque pas. Les ouvriers font entendre leur mécontentement en se mettant en
grève. Ils vont participer à l’occupation des locaux du siège social à
Rueil-Malmaison et informent la population sur le marché de Saint-Brieuc en
octobre 1975.
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22 octobre 1975 Ouest-France
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Les grévistes feront preuve d'imagination dans leur lutte : une cantine fonctionne dans les locaux de l'entreprise et pour alimenter la caisse d'entraide, des commissions ont été mises en place. L'une des équipes a été chargée de ramasser des châtaignes qui ont été vendues sur le marché.
Mais les ouvriers cesseront la grève au bout de plusieurs semaines pour assurer le remplissage du carnet de commandes et ainsi démontrer la nécessité de garder les emplois...
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Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France
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Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 23 octobre 1975 Ouest-France
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Grève à la COMSIP à Saint-Brieuc. 29 octobre 1975 Ouest-France |
La COMSIP passe à CGEE Alsthom
En 1978, la COMSIP publie toujours des annonces dans la revue municipale Le Griffon (voir ci-dessous).
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Le Griffon printemps 1978 |
Mais en 1980, la société est rebaptisée CGEE Alsthom, le centre de Saint-Brieuc est attaché à l'agence de Lannion.
Les anciens locaux de l'Electro-entreprise
Le Syndicat Départemental d'Électricité (depuis 2014 Syndicat Départemental d’Énergie) a occupé dès les années 90 (et peut-être avant?) les anciens locaux de l'Electro-Entreprise au sein d'un ensemble appelé "Espace Carnot".
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Sur la gauche, bâtiment moderne avant la CPAM, boulevard Carnot
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Le saviez-vous ?
D'après André Bougeard, un ancien ouvrier, L'Electro-entreprise aurait pris la suite des anciens établissements Le Bon, situés au Légué, sans doute en 46 après loi de
nationalisation du gaz et de l’électricité et nationalisation des usines Le Bon
& Cie.
L’histoire de la
Compagnie Le Bon commence en 1847 par la création de Le Bon & Cie, société de
production et de distribution du gaz
d’éclairage et d’électricité.Cette société possédait des filiales comme celle de Saint-Brieuc, au Légué.
"Construite en 1863, l’usine de production de gaz du Légué était destinée
à l’éclairage de la Ville de Saint-Brieuc. Le gaz était produit par
combustion de houille et de charbon jusqu’en 1959 avant la réalisation
d’une nouvelle usine, sur le même site, en 1960, pour la production de
gaz de ville à partir de fioul et de propane liquide. Elle était gérée
par la compagnie Le Bon jusqu’à la nationalisation après la Seconde
Guerre mondiale, pour passer dans le giron d’EDF-GDF. La production de
gaz a cessé en 1979 et l'usine a fermé".(Thibault Grasland, 24 juin 2019. Ouest-France)
Quelques portraits d'employés
Au hasard des cérémonies de départ en retraite où des
remises de médailles du travail, on retrouve les noms d’anciens de
l’Electro-Entreprise :
Jean Thomas, de Saint-Alban, 31 années au service de la
Société d’Installation des lignes électriques aériennes, devenue plus tard la
COMSIP. En retraite en 1977.
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Jean Thomas 15 novembre 1977
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Fernand Gonot, de Ploufragan, conducteur de travaux depuis
1947 à l’Electro-entreprise puis à la COMSIP, 33 ans de maison, en retraite en
1980.
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F. Gonot. 6 octobre 1980
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Robert Groseil, entre en juillet 1971 chez
Electro-Entreprise en tant que dessinateur. Il réalise les plans de recollement
en éclairage public et réseaux BT. Dans la Comsip, il devient responsable du
suivi des activités du centre de Brest.
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R. Groseil et son épouse 29-01-2007 Ouest-France
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Jacques Vandorme, chef de centre à la COMSIP en 1977.
Georges Canoville, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977
René Moreau, COMSIP, médaille d’argent du travail 1977
Daniel Robert, COMSIP, à titre posthume médaille d’honneur
du travail 1977
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Sources
Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France
Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales
Site Généanet
Entretiens avec André Bougeard