mercredi 10 avril 2024

Un fabricant de Jeux à Robien, Ferdinand Poilane. Saint-Brieuc 1951-1954



1951. Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien. Photo parue sur un site de vente en ligne

 

Ferdinand Poilane est né le 25 juillet 1921 à Varennes-sur-Loire dans le Maine-et-Loire (49) et il est décédé le 10 janvier 1989 à Ploërmel dans le Morbihan.

Ferdinand Poilane est connu car il dépose un brevet le 15 décembre 1951 pour protéger la fabrication originale d’un nouveau type de baby-foot de son invention.

Ses ateliers sont installés dans le boulevard Hoche (près de l’église) et son adresse de bureau est celle du 8 de la rue Guébriant, dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc. L’originalité de M. Poilane est d’être un fabricant et pas un simple revendeur. Il assure la livraison et l’entretien des appareils.

1951. Détail de Babyfoot de fabrication Poilane, ateliers à Robien.


1951. Photo du babyfoot Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.



Les babyfoot Poilane ne sont pas loués mais « en vente avec de larges facilités de paiement ».

1951. Papier à en tête de F. Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.

 

La première annonce publicitaire de la société Poilane paraît cette même année 1951 dans Ouest-France. Elle s’adresse aux propriétaires et gérants de cafés, restaurants et hôtelqui souhaiteraient s’équiper d’un « football automatique ». 

Dans une autre publicité, l’inventeur parle de « football de table », on n'utilise pas encore le terme « baby-foot »


1952, 13 novembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.


Le modèle de M. Poilane est appelé « Olympic-Foot ». Les qualités mises en avant sont :

La sécurité (les tiges chromées télescopiques suppriment tout danger d’accident)

L’encombrement réduit

Sa robustesse

Son silence (l’appareil est doté d’amortisseurs spéciaux).

 

La photo de ce babyfoot Poilane correspond exactement au modèle présenté ci-dessous en 1952, on le voit en particulier à la forme des pieds.
Poilane 11 septembre 1952 Foire Expo

1952, 29 mars. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.




1953, 12 décembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.



En 1953, la maison Poilane organise un tournoi de babyfoot, « La coupe Olympic-Foot ».

La gamme des appareils proposés s’élargit  avec des « Billards-golf » et des « Ping-foot ».

Sur le plan technique, les billards (Select ou Olympic-Golf) sont livrés avec des pieds réglables et les tapis et bandes sont entièrement démontables. Cette innovation permet d’effectuer une remise en état en cas d’accroc.



1952, 12 octobre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.



M. Poilane devient dépositaire des appareils Stella et commercialise des jeux qui ne sont pas fabriqués à Saint-Brieuc.

Ils sont proposés à l’occasion de la Foire Saint-Michel, où la maison Poilane tient un stand à l’automne 53 avec le Kicker Catcher, un jeu de comptoir « qui fait fureur en Amérique ».


Le Kicker Catcher, jeu de comptoir.

En mai 1954, on apprend que les billards Poilane sont disponibles à Brest au Bar Navarin, 123 rue Jean Jaurès qui sert de dépôt. D'autre part, Jean Kerneur tient le rôle d'agent général pour la marque Poilane.

Poilane 17 mai 1954 Brest. Ouest-France


En septembre 1954, Ferdinand Poilane expérimente une nouvelle technique de vente à la Foire Saint-Michel de Saint-Brieuc avec le remboursement d’un appareil sur dix par tirage au sort ! La même proposition est faite au niveau des commandes.

Le résultat ne se fait pas attendre et par voie de presse, le 28 septembre, la maison Poilane dévoile le nom du gagnant : M. Guyomard, café-tabac à Chatelaudren qui se voit rembourser intégralement du montant  de son billard.

Maison Poilane 28 septembre 1954 Ouest-France

 

Est-ce un baroud d’honneur car après 1954, il n’y a plus de traces de l’entreprise Poilane.

Une autre demande de brevet est déposée par Ferdinand Poilane en octobre 1956 et l’autorisation est délivrée en 1958. 

Il s'agit d'un jouet du genre sarbacane qui permet en soufflant d'éjecter un projectile léger constitué d'un parachute !


1954, 16 septembre. Annonce dans Ouest-France. Entreprise Poilane, St Brieuc.




Les jeux Poilane aujourd'hui

 

Avec beaucoup de chance, on peut encore trouver un babyfoot Poilane.

Une annonce parue sur un site de vente en ligne présente ce babyfoot comme un objet rare, en parfait état. Les cendriers sont présents, la caisse est entièrement poncée et vernie, quelques parties sont peintes en noir.

 

Joueur. Fabrication Poilane St Brieuc

Cendrier de babyfoot. Fabrication Poilane St Brieuc


 
La restauration d'un billard Poilane
 
Ce babyfoot Poilane paru sur un site de vente en ligne n'est pas arrivé par miracle dans cet état. Il a été restauré avec patience et talent par Joël Corbineau, un passionné qui a acheté à bas prix cet objet du côté d'Arzal, une commune du Morbihan. "Le babyfoot était dans un état pitoyable, abandonné dans un garage.
Après plusieurs semaines de travail, il est  redevenu l'objet qu'il devait être à sa sortie d'atelier. Comme je n'avais plus de place, je l'ai revendu pour une somme modique, avant de le retrouver sur Internet", écrit-il.    
 

Heureusement, Joël Corbineau a conservé des photos des différentes phases de la "renaissance" de ce magnifique et authentique babyfoot Poilane. 

 

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

 

Babyfoot Poilane avant restauration. Photo Joël Corbineau

 
Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane avant la remise des barres et poignées. Photo Joël Corbineau

Babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau
Babyfoot Poilane, détail du cendrier. Photo Joël Corbineau
 
Restauration terminée d'un babyfoot Poilane. Photo Joël Corbineau

 
 
Un autre babyfoot Poilane en 2023
 
Ce babyfoot Poilane, certainement de 1952, est en cours de restauration. Si vous possédez des pièces d'occasion, merci de mettre un message avec le formulaire de contact pour être mis en relation avec les personnes qui s'occupent de cette restauration.
 
 
 
En cours de restauration en 2022-2023

En cours de restauration en 2022-2023
  
 
Un billard Poilane
 
La photo du billard Poilane ci-dessous nous a été envoyée par une habitante du quartier de Robien qui l'avait acheté dans les années 50 !




 
 
Le saviez-vous ?


La demande de brevet a fait l'objet d'un versement du Conseil des prud'homme de Saint-Brieuc relatif au brevets d'invention, marques et modèles déposés. Elle a été déposée, avec deux photographies du babyfoot Poilane, aux Archives départementales des Côtes-d'Armor sous la cote 135 W 48.

 

Photo du babyfoot Poilane. Archives départementales des Côtes-d'Armor.

 


Caractéristiques de l’appareil de jeu de football faisant l’objet du dépôt  

(d'après une lettre descriptive sur papier à en-tête de M. Poilane)

 

Cet appareil est construit en bois d’essences diverses, l’appareil s’ouvre par le milieu et il est fermé par une serrure, il fonctionne avec des barres rentrantes (télescopiques) chromées sur lesquelles sont fixés les joueurs en métal ou en bois (à la demande du client).
Les amortisseurs sont en bloc mousses sphériques.

Sur le fond de l’appareil, où circule la balle, est collé un tapis, soit en linoléum, soit en caoutchouc ou en bulgomme ou toute autre matière.

Au bout de chaque tube est fixé un embout en aluminium qui coulisse sur une tige d’acier.
Le nombre de joueurs est de 22 par appareil.
Les pieds de l’appareil sont démontables et fixés par des boulons.

L’appareil est muni intérieurement d’un système de couloirs sur lesquels descendent les balles, celles-ci sont bloquées par une trappe en bois ou en métal, cette trappe se déclenche par le fonctionnement d’un monnayer de marque et de modèle différents.

Cet appareil est présenté en bois teinté de un ou plusieurs tons, il peut être également laqué.

Fait à Saint-Brieuc le 15 décembre 1951

 

 

D'autres personnes portant le nom de Poilane à Robien

 

On ne possède pas de renseignement sur la famille de Ferdinand Poilane pouvant nous expliquer par exemple comment et pourquoi il était arrivé à Saint-Brieuc, quel était son parcours professionnel, s'il avait des compétences en menuiserie ou dans le commerce...


Sans que l'on puisse les rattacher à Ferdinand Poilane, on peut noter que d'autres personnes, portant ce nom, ont habité dans le quartier de Robien.

Ainsi, Philippe Poilane, son épouse Thérèse et leur fille Geneviève née en 1913 à Lamballe, habitaient en 1936 au 58 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien.  

Dans le détail Philippe Marie Poilane est né à Fégréac (44) le 8 mars 1878, marié à Vanves (92) le 30 octobre 1902 avec Thérèse Le Baillif. Il était employé de chemin de fer, tout d'abord à Dieppe avant 1900 puis à Lamballe. Il est décédé le 10 mai 1953 à Saint-Brieuc. 

Thérèse Rosalie Françoise Poilane, née Le Baillif, était l'épouse de Philippe Poilane. Le couple a habité Lamballe dans les années 1910 et au 58 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc dans les années 30.  Elle est décédée en 1949 à l'âge de 79 ans à Saint-Brieuc (annonce le 2 septembre 1949 dans Ouest-France).

Geneviève Poilane (Geneviève Julia Fanny), est née à Lamballe le 20 mai 1913, fille de Philippe et Thérèse, marié avec Armel Poilane, décédée le 13 mars 1976 à Bégard à l'âge de 62 ans (Acte numéro 29)
 

Armel Poilane (Armel Louis Jean Marie), né à Sempigny dans l'Oise (60) le 14 octobre 1912 (acte de naissance page 111), mariée avec Geneviève Poilane le 15 janvier 1937 à Saint-Brieuc, décédé le 2 décembre 1975 à Saint-Brieuc à l'âge de 63 ans.

Marie Désiré Joseph Poilane, née le 24 avril 1890 à Fégréac, mariée le 12 février 1912 à Lamballe avec Auguste Passiot. C’est la sœur de Philippe Marie Poilane, employé du chemin de fer.
Enfin, on a 6 personnes portant le nom de Poilane et décédées entre 1977 et 2022 dans le Morbihan, département où est décédé Ferdinand Poilane.



Le saviez-vous ?

Ferdinand Poilane était installé rue Guébriant depuis au moins 1950 comme l'atteste cette annonce du 22 avril 1950 où on découvre que M. Poilane s'occupait de l'assurance "Le Patrimoine".

Poilane 22 avril 1950 Ouest-France

Le saviez-vous ?

Ferdinand Poilane était un champion de pêche à la ligne. Son nom est mentionné le 8 septembre 1953 dans une démonstration au cours de la Foire exposition de Saint-Brieuc. M. Poilane est présenté comme le champion de pêche au coup. En juillet 54 pour la demi-finale régionale comptant pour le championnat de France de pêche au coup, M. Poilane finit 58e.
Au mois d’août 54 il remporte le concours de Chatelaudren. En septembre 1954 M. Poilane revient à Foire exposition et se classe premier de pêche à la truite et fait la plus grosse prise, 260 grammes. En 1955 à Dinan, M. Poilane termine 1er.

 

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à partager, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page. 

 

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Sources

 

Ouest-France, annonces du 11 août 1951, 29 mars 1952, 13 novembre 1952,  12 octobre 1953, 16 septembre 1954.

 

Correspondances en octobre 2022 avec Joël Corineau, auteur de la restauration du babyfoot Poilane.


Archives départementales des Côtes-d'Armor, dossier 135 W 48. 86.- Poilane Ferdinand. 8, rue Guébriant. Merci à Vincent Le Gall pour la transmission des documents des archives départementales, fermées pour causes de travaux au moment de cette recherche.
Notice : Appareil de jeu de football. Dépôt du 15 décembre 1951.

Deux photographies (9 x 14 cm) d'un appareil de jeu de football en deux exemplaires avec une lettre descriptive sur papier à en-tête

 

Le Télégramme, article du 9 juin 2010, à l’occasion d'une exposition appelée « Quoideneuf » aux Archives départementales des Côtes d’Armor, en 2010. L'exposition était consacrée aux brevets des inventeurs et évoquait à ce titre l’invention de Ferdinand Poilane.

 

Site de l’INPI (dépôt des brevets), jouet de type sarbacane, Ferdinand Poilane, brevet ici

 

Site, Le babyfoot français, cliquer ici

 

Ci-dessous, photo de la famille Louessard dans un café autour d'un babyfoot,à Mordelles vers 1950-1955, Musée de Bretagne, lien permanent vers la notice ici






Pierre Reux, atelier de tapissier, 91 rue Jules Ferry à St Brieuc.

 

Au nid douillet

 

Les débuts de Pierre Reux

Déjà dans les années 30, Pierre Reux possède un atelier de tapissier au 91 rue Jules Ferry dans le quartier de Robien. Son magasin de quatre mètres sur quatre donne sur la rue, au rez-de-chaussée de la maison. Un petit arrière magasin sans éclairage du dehors donne sur l’atelier auquel on accède par une porte.

En 1946, la famille Reux est alors composée de huit personnes, sa femme, sa belle-mère et ses cinq enfants, âgés respectivement de 15 ans, 12 ans, 7 ans, 4 ans et 4 mois.

Le 3 août 1946, M. Reux effectue une demande de permis de construire afin d’agrandir son atelier. Basé sur un plan très simple, l’atelier rendra bien service à la famille Reux. 

Permis de construire 2T59. Archives municipales

 

L’essor des affaires de Pierre Reux

L’affaire de Pierre Reux  peut se développer avec ce nouvel atelier et des publicités commencent à être publiées dans la presse locale (Ouest-France) et avec une annonce illustrée dans l’annuaire téléphonique des Côtes-du-Nord en 1948.

1948 annuaire des Côtes-du-Nord

 

Le travail de Pierre Reux est de fabriquer du neuf mais aussi d’assurer la réparation de sommiers, matelas, divans et sièges…

A la fin des années 40, un nom est trouvé : Au Nid douillet.

1948 annuaire des Côtes-du-Nord

P. Reux 23 décembre 1948 Ouest-France

P. Reux 8 avril 1954 Ouest-France

P. Reux 18 juin 1954 Ouest-France

En plus de la literie et de la tapisserie, l’entreprise propose une gamme de produits plus étendue : tapis, tissus d’ameublement, voilages, sièges modernes et de style, stores anti-solaires...

Déjà en 1955, l’entreprise Reux possède une double adresse avec celle du 12 rue de Gouédic. Puis dans les années 70, on retrouve une autre adresse rue Saint-François mais l'entreprise garde ses entrepôts dans le quartier de Robien.

Pierre Reux 1969

 

Annonce Ouest-France 1980


Un fauteuil et de table de chez Pierre Reux

Mme Boulaire a acheté ce fauteuil et cette table fabriqués par Pierre Reux dans son magasin de la rue de Gouédic en 1960. Des décennies plus tard, l'assise du fauteuil a souffert, il faut le reconnaitre. Par contre on peut en apprécier l'élégance...

Fauteuil Pierre Reux Saint-Brieuc. Photo RF décembre 2023

La table est indestructible et elle révèle des motifs en tournage sur bois dans la partie basse. 

Table Pierre Reux Saint-Brieuc. Photo RF décembre 2022




Les traces de l'affaire de Pierre Reux dans le quartier de Robien

Façade de l'ancien magasin Reux. Photo RF

Peinture murale. Photo RF

On ne sait pas avec exactitude quand Pierre Reux a cessé son activité de tapissier mais il reste encore des traces, qui sont en train de s'effacer, de la façade de l’entreprise de M. Reux au 91 de la rue Jules Ferry.


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Si vous avez des éléments pour compléter cet article  (photos, témoignages...) merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

 

Sources

Dossier de permis de construire 2T59. Archives municipales 

Annonces : 1948 annuaire des Côtes-du-Nord, 1948 annuaire des Côtes-du-Nord, 8 avril et 18 juin 1954 Ouest-France, 1969 Horizontal Bretagne, 1977 Le Griffon automne, 1980 annonce Ouest-France.
 

Rencontre avec Mme Boulaire à Ploufragan pour photographier son fauteuil et sa table des établissements Reux.


 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...